Jean-Louis Murat dans "l'heure bleue" (France inter)
Publié le 19 Mai 2019
Allez, retour sur l'émission de Laure Adler... Je fais un petit compte-rendu avec quelques petits commentaires, rien de folichon, mais je tiens à faire un peu de retranscription pour qu'on puisse retrouver ses propos les plus importants et que les moteurs de recherche puissent aller dénicher tout ça...
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Bonsoir, désolé, je n'ai pas fait d'article pour l'annoncer... c'était le 16 mai, 20h06, 20h07..
Un 2e rendez-vous avec Laure Adler... Mince, le premier était sur france culture et déjà il y a 5 ans!! Le souvenir en était si vif que ça en est surprenant! Et Matthieu était encore là pour me rappeler que cette autre Laure était Clermontoise... Outre les qualités d'intervieweuse de Laure Adler, l'age en rapport, et les connexions intellectuelles, c'est un peu ce qui faisait le charme du moment. Murat s'était même dit réticent d'accepter cette première invitation par peur de "trop en dire"....
http://www.surjeanlouismurat.com/2014/12/jean-louis-murat-laure-adler-confidences-sur-france-culture.html (l'émission est encore écoutable)
et on retrouve Matthieu : http://www.surjeanlouismurat.com/2014/12/et-dieu-dans-tout-ca.html ("citant Laure Adler dans l'introduction).
On était donc en droit d'être impatient et curieux d'entendre cette heure bleue!
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Ça commence bien avec "la maladie d'amour"... et direct sans blabla introductif et question sur la météo, "la grand mère et ses dons de sorcellerie"... qui oblige Murat à un long silence avant de commencer à répondre... Et de raconter une anecdote : sa grand -mère lui racontait qu'elle avait porté "en rentrant des veillés", le diable dans la peau d'un chat noir (!) dans son panier, le chat noir s'en allant ensuite en disant "merci tu m'as bien porté"(il le dit en patois), ou encore lui se rappelant que le chef des pompiers lui demandant de faire des prières pour arrêter un incendie, ou encore que petite elle avait été poursuivie par des loups, mais qu'ils ne lui avaient rien fait.
Ce point d'attaque servira à discuter de l'ancrage muratien... dans cette ruralité de croyances et de racontars, "un monde disparu", "on pouvait croire à ce qui nous dépasse"... comme au temps d'Ulysse... "j'ai eu la chance de côtoyer des gens d'un autre temps".
A la question "vos rêves d'enfants vous poursuivent-ils?", il répond un peu "par procuration", par rapport à ses parents, grands-parents, fermiers, gens de peu, et lui même en tant que premier de la famille, à avoir le bac... "je me sens revanchard".
"vous croyez toujours aux brigands"? Murat parle d'Aimerigot, et de sa mythologie personnelle (des héros populaires comme Cartouche, et même le diable, des résistants aux autorités. "MURAT" indique regretter de ne pas avoir choisi comme il en avait eu l'idée le nom d'Aimerigot Marchès .
Plus d'infos sur ce héros de jeunesse (toujours avec Matthieu) http://www.surjeanlouismurat.com/article-pseudo-histoire-66491413.html
A propos du pourquoi de "Murat", petite erreur de Laure qui dit qu'il est né à la Bourboule... ce qui est une légende urbaine... Il lui explique le pourquoi du Murat ( - le Quaire): les origines familiales tout ça et les ruines du chateau de Murat la Rabbe... descendant des maures, "et ça me plaisait beaucoup").
Laure rebondit du coup sur l'Auvergne, terre d'accueil depuis toujours, et de l'interroger sur sa chanson sur le drame des migrants dans le dernier album (?).
Jean-Louis explique que l'album devait s'appeler :"quitter son pays sans espoir de retour". C'était l'idée, "il reste des bribes", et à lui d'expliquer que pour lui, cela renvoit à l'image moderne du poète, de Rimbaud, "des gens qui n'ont pas vraiment leur place dans ce monde". De là, peut-être pour ne pas qu'on lui rétorque son ancrage territorial, Murat indique que cette errance est aussi intérieure, grâce aux différents Jean-Louis en lui (il évoque il me semble "10 000 Jean-Louis d'or" du dvd parfum). Errance dans le temps et l'espace, et Jean-Louis de dire "je me sens sur-investis d'une responsabilité par rapport à tous les ancêtres pour défendre je ne sais quoi, peut-être une certaine idée du diable, du ciel, des nuages de la pluie, des rapports avec les animaux, sinon autant mourir".
Laure essaye de synthétiser ce propos un peu dense : "vous vous vivez comme un colporteur d'histoires anciennes, qui ne se transmettent plus, pour vous chanter, c'est une manière de transmettre un univers sensible?"
Murat confirme, mais insiste encore sur "l'errance", et de rappeler la chanson "Chanter est ma façon d'errer" avec un "cinéma intérieur" qui ne s’arrête jamais...
Laure parle d'"interroge la jument" pour parler des images qui surgissent à l'écoute de ses chansons. Est-ce voulu?
'J'écris à l'aveugle, j'ai donc un cinéma intérieur", des images qui lui viennent, 'pas vraiment une écriture automatique', mais des "débris qui font des chansons"...
Laure lance un autre sujet: L'insuccès du début... mais Jean-Louis est moins inspiré, ne souhaitant pas rebacher l'épisode de"suicidez-vous".
Jean-Louis explique que ça lui a permis de s'ancrer dans la réalité, de "vivre dans l'adversité" et pas dans "la gaudriole", ne pas être emporté dans l'artificiel du showbizz et admettant de toute façon que parler de suicide était bien sûr un acte de provocation "'j'l'ai donc bien cherché"
Petite pique/clin d'oeil au passage "je vous vois arriver dans les bagages de Mitterrand, et je dis vite suicidez-vous..." (elle a participé à partir de 81 à "droit de réponse" et devient conseillère à la culture du président... mais en 1989).
Question sur ses petits jobs:
bar à travello où il se faisait pincer les fesses dit-il ("agressé tous les soirs"), tous les coins chauds, sexy, Avoriaz, St-trop... pour prendre un maximum de pognons... et d'évoquer la période avant sida...
Et Laure pose la question qui tue: "ETES VOUS VRAIMENT UN HOMME?"... question que Laure lui avait déjà posé en 2014!!!... et la réponse est assez conforme à ce qui suit (on est même assez frappé par les ressemblance... comme quoi, contrairement au dicton et ce que j'en dis parfois, souvent femme Murat ne varie pas!):
Excellente question dit-il. "Faut être un peu gonzesse". "Ça m'a toujours plu de savoir faire ce que savent faire les filles"... et que cela fait partie de "comment dire sans passer pour un idiot, de ma puissance sexuel"... (Laure l'aide en parlant de son eros), et Murat de raconter qu'il aime porter les fringues de la fille dont il tombe amoureux... et de citer Kundera. S'en suit à un petit dialogue puisque Murat se met à interroger Laure...et finit par lui demander: "vous étiez à Jeanne d'arc?" (lycée de Clermont). Et Murat de raconter qu'il était fasciné par ce qui se passait là bas.
Murat évoque qu'il suivait une brune de l'école de Laure: "peut-être c'était vous... faut que je lui en parle"... IL faisait le mur pour la suivre jusqu'à chez elle... Après lui avoir demandé à quoi il ressemblait à l'époque, laure indique "ah oui, je vous reconnais"... Petite séquence amusante... L'interview de 2014 évoquait aussi cela.
Petite pause avec un magnéto de Louis Aragon, permettant d'interroger JLM sur ses muses:
il semble un peu hésiter, en soupirant...mais finalement indique qu'il écrit actuellement un album à quelqu'un et qu'il écrit toujours en pensant à quelqu'un, et finalement qu'"il est esclave du fait féminin", et qu'à chaque fois qu'il finit une chanson, il attend de savoir ce qu'une femme en pensera.
Laure le lance sur ses duos... mais Jean-Louis dit qu'il ne trouve plus, comme pour Camille ou Isabelle H., celle qui fera "la paire"avec lui... (Jean-Louis oublie ses duos récents et Morgane ou son appel du pied récent à Adèle...), et d'ajouter "Si sexuellement ça ne va pas, on ne peut pas chanter ensemble, je fonctionne un peu comme ça".... "ça ne vous choque pas ça? lui dit-il?"
Pause musicale.
- La musique: J'écoute tout le temps de la musique...( même si il a parfois dit qu'il l'écoutait surtout dans la voiture)
Laure l'interroge sur la façon de concevoir les chansons et Jean-Louis indique que cela peut changer, et notamment que sur l'album en cours, il fait d'abord la musique et qu'il va écrire les textes après. Par le passé, il a pu aussi chercher des ambiances, et d'y coller des chansons... et Murat de préciser que les possibilités sont très nombreuses... "moi, je reste près des vaches!" termine-t-il par un pied de nez... mais pas tant que ça... il parle ensuite des grognements des animaux..
- Laure le questionne ensuite sur son oeuvre qui est aussi une chronique familiale / une chronique de nos jours, comme un Béranger.
Murat indique qu'il est collectionneur d'objets et partitions de Béranger et confirme les propos de Laure.
- Petite séquence surprise et cadeau : Anne Sylvestre, enregistrée, vient parler à Jean-Louis pour lui dire qu'elle a été touchée par ses propos sur elle, lui explique la chanson "le mur pour pleurer".... et interroge Jean-Louis : "avez-vous trouvé votre mur pour pleurer"?
JLM se dit "très touché".. et raconte qu'il n'a pas osé aller lui parler quand il en a eu l'occasion. A la question, il répond:
- "oui, j'y pense... la poitrine de la fille que j'aime actuellement".
Laure lui indique qu'il ne parle plus d'arrêter, qu'il semble à nouveau en pleine inspiration... et Murat confirme (même si dans l'interview des Inrocks il évoquait la fin...) car c'est l'époque de "crise, et de stress"qui l'inspire, "l'actualité qui l'a obligé à revoir ce qu'il pensait", "c'est le moment où jamais de s'exprimer".
... et la transition est faite pour l'écoute de la chanson :
Gilets jaunes#3...
Là, Murat répète ce qu'il a dit aux inrocks... "faut quand même se battre...même si la messe est dite"
Et on termine par "autant en faire quelque chose"... qui est tronqué... comme l'émission, du fait de la campagne européenne... dommage.
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ET bien, encore un excellent moment... On est assez frappé comme Murat semble combatif, et dans la création... En 2014, il était parfois plus grand-père et père... En cette année, même si la "transmission" est toujours d'actualité, il s'affirme plus que jamais "amoureux".