Vous êtes nombreux à franchir la porte de ce blog pour la première fois cette semaine (près de 600 visiteurs hier), j'espère que vous allez vous installer un peu. Faîtes comme chez vous, mais surtout prenez le temps de lire mes interviews... avec F. Hardy, J. Cherhal, des amis de Jean-Louis Murat, Erik Arnaud... http://www.surjeanlouismurat.com/categorie-11422242.html
- Merci à ceux qui me l'ont signalé (on a raison de se lever tôt le dimanche matin)
C'était dans le 7/9 du week-end ce dimanche, dans "criticulture".... Critique très positive de Sylvain Bourmeau.
- Et bien sûr, Didier VARROD... forcement... qui a mis à l'honneur Murat dans sa chronique de ce matin (25/03... du coup, j'ai mis mon réveil quelques minutes plus tôt) à réécouter via le lien ci-dessous (dans la matinée)... . Et il a beaucoup aimé les harmonies, le travail sur la voix...
"Si le soleil tarde à venir, on peut compter sur le chanteur auvergnat pour illuminer le printemps
Bonne nouvelle, le nouveau Murat est un grand cru. Si le prolifique Auvergnat a l’art de perdre ceux qui tentent encore de le suivre, son Toboggan (sortie lundi 25 mars) glisse tout seul. Enregistré presque entièrement en solitaire à la maison (seul son batteur et la chanteuse Robi, présentée récemment dans cette rubrique, apparaissent sur un titre), ce énième album (quelque chose comme le 18e , le premier chez le label indépendant Pias, après avoir été viré d’Universal) met la voix très en avant, une voix étrangement immuable, qui n’a guère changé depuis 25 ans et le formidable Cheyenne Autumn avec lequel il semble renouer ici. Celui qui, sur scène et sur quelques disques antérieurs, se faisait rocker agité, bluesman habité, a débranché sa guitare, chiens et vaches assurent l’ambiance sonore. Comme à l’accoutumée, la langue est riche, précise, joueuse, le ton mélancolique, sentimental, grandiloquent. Commencé « dans les ténèbres » , selon ses propres mots, ce Toboggan débouche sur un ciel lumineux, un jour radieux… Merci Jean-Louis. (O.Br.)
le 22/03/2013 à 05:00Textes : Thierry Boillot et Olivier Brégeard"
- Et Médioni positif mais sans excès... Il n'avait pas aimé GRAND LIEVRE, mais revient à des meilleurs dispositions... La critique de l'album sera dans le numéro de cette semaine:
"Un disque à écouter dans la pénombre. Ou en plein soleil
es chants des plaines et des loups hantent le dernier album de Jean-Louis Murat, Toboggan, un disque épris, comme les précédents, de grands espaces - également musicaux. Depuis plus de trois décennies et deux ans après son dernier CD, Grand Lièvre, le chanteur poursuit ainsi sa longue histoire de la marche du temps, des hommes et de la terre, avec des points d'insistance et de rupture.
Murat chante à l'oreille, d'une belle voix grave pleine de densité, des contes remplis de symboles cachés sous des tapis d'émotions. Glissent au fil des textes les secrets égrenés à la guitare de Il neige. La vie des âmes avec ce Chat noir, morceau composé à la façon d'une comptine folklorique. Ou le tranchant glacé de l'épée de Agnus Dei Babe. L'artiste murmurant dialogue avec lui-même - il double sa propre voix - et insuffle à ces mélopées chaloupées des hululements de loups, bruits de la campagne ou sons de synthés. Ce nouveau voyage au pays morne de Murat enveloppe avec sa douceur, ses stridences, sa lucidité cruelle. Un disque à écouter dans la pénombre. Ou en plein soleil".
Vous êtes nombreux à franchir la porte de ce blog pour la première fois cette semaine (près de 600 visiteurs hier), j'espère que vous allez vous installer un peu. Faîtes comme chez vous, mais surtout prenez le temps de lire mes interviews... avec F. Hardy, J. Cherhal, des amis de Jean-Louis Murat, Erik Arnaud...http://www.surjeanlouismurat.com/categorie-11422242.html
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L'article d'hier soir vous présentait la critique de Gérard LEFORT, longue critique s'il en est (Lefort fait illimité), mais l'interview menée par Bayon n'est pas en ligne... Il fallait donc acheter l'édition ce jour.
Bayon/ Murat, l'histoire est longue (il suffit de taper Bayon dans la zone RECHERCHE dans la colonne à droite ci-contre), et j'étais impatient de la découvrir... Et c'est une petite déception... Bayon aime dévoiler ses petits secrets, et là, pas d'information déterminante, juste la posture du Docteur es sciences en études muratiennes (je suis jaloux?). C'est sans doute lié au fait qu'il s'agit d'une interview à distance... J'aime bien néanmoins l'expression en accroche : "l'album du bourgeonnement gelé", le titre, lui, renvoit à une préoccupation de Murat depuis "Grand lièvre" semble-t-il...
LE LIEN EN PLUS:
Une petite chronique dans le TELEGRAMME du 25 MARS, l'album noté 3 étoiles, excellent.
oraisons. Sous le signe des enfants, des animaux et de l’ailleurs, le dix-neuvième disque du chanteur de charme amer de «Si je devais manquer de toi» harmonise.
Le nouvel album de Jean-Louis Murat est un bon compagnon pour qui déménage, sous son crâne et sous son toit. D’autant que, coïncidence merveilleuse qui fait écho : «Il neige depuis des jours.»
Transhumer sur place et voyager autour de sa chambre. Ranger, déranger, réveiller les fantômes. Tous les courriers d’amour que l’on tremble de relire ou que l’on craint d’avoir écrit, tous ces livres qu’on ne lira jamais ou qu’on rougit d’avoir lus.
Toutes ces photographies qui nous montrent jeunes, bientôt vieux et las, un jour morts. Bibelots vaudous et talismans, nimbés par les moutons de poussière, congelés par la crasse. Alors, débarras, bon débarras, à la casse sans se retourner. Ou bien, plus joli cœur, en dépôt clando sur le banc public des amoureux de l’avenue, où le passant anonyme et sans soucis fera son tri et son choix, sa pelote, distinguera autrement, donnera une nouvelle vie, à ce fatras…
Tobbogan fait cet effet : une extrême familiarité, Murat en éternel retour, fatigué et fatiguant, las et lassant (nu dans la neige les nerfs à vif, ce genre), suggérant lui même, «over and over», qu’il est temps d’en finir, de s’en débarrasser. Or, halte là, pas si simple, pas si vite, pas de ça Lisette (ou Jeannette, Suzette, Catherinette, comme il vous plaira, filles dans un pré pour fils de roi).
Lavande. En boucle, matin et soir, pendant quinze jours, comme pour suivre la prescription d’une ordonnance de valétudinaire. Piano et sano, une médecine douce et naturelle pour une santé retrouvée. Par imprégnation, Toboggan nous soulage par son mal et fait du bien, guérisseur. Primo, primordiale et donc à forte dose, sa voix de traîne-savates, plutôt de chaussons fatigués, qui se traîne en effet comme chez les Vieux de Brel, «du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit». Mais aussi comme «chez eux», une voix qui sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d’antan, une voix qui entend des voix. Voix de traîne comme ciel de traîne, temps changeant et instable qui fait suite au passage d’une perturbation.
Voix intérieure d’abord, la sienne. Murat chante en duo avec Jean-Louis, comme on se parle à soi-même. Effet canon garanti. Mais pas que. La bande à part de la bande-son est un inframonde où percent la griffe et la dent. Tel Jeanne de France, Murat du Qaire, prince mendiant, chevalier errant, troubadour en guenilles, se tient sur les froids plateaux d’Auvergne au pied des volcans brûlants faussement éteints, au col venté de la Croix-Morand, tandis qu’autour de lui, chef de ballet d’une ronde de nuit dont il organise le sabbat, bruissent et crissent l’aboiement du chien, le bêlement des moutons, le miaulement du petit chat, bruits de bêtes provisoirement domestiques, à portée de hurlements, entre chien et loup… du Gévaudan. Ce qui fait frissonner.
Et la musique, et les paroles. Là aussi Murat a une langueur d’avance. Toboggan peut être entendu comme une seule chanson dont la durée infinie subjugue le temps compté qu’on y passe (perd ?), bande de Moebius infiniment réversible, à l’image de l’Ange baudelairien.
Roulette russe.«Le chat noir pris dans le vent/ Passe son âme passe son âme/ Le chat noir pris dans le vent/Passe sa vie en cabriolant.» Pirouette cacahuète, Murat, tout autant aux marches du palais qu’à la claire fontaine, retrouve la geste des comptines légendaires. Qui pourrait être entonnées dans une abbaye médiévale quand leur religiosité infuse affleure (Dieu, Agnus Dei), mais à vrai dire et heureusement, mysticisme à deux balles dans le barillet d’une roulette russe : «Dégage, laisse-moi mourir», dit-il peu après. On y croit à moitié, on craint la pose. N’était Robinson. Moins lourd de référence à Crusoe (ou alors façon Coetzee) que léger comme la plume au vent. «Ami qui vas perdre le Nord/N’oublie jamais ton azimut/Nord-Ouest dit la boussole/Ne va pas nous faire la culbute.»
De quoi s’agit-il ? C’est grave. De qui parle t-on ? De lui, on en a peur, de nous, puisqu’il tutoie, on en tremble. Qu’au finale, une voix censément d’enfant évoque plutôt le grognement d’un succube n’est pas fait pour rassurer. T’en va pas comme ça. «Apprends à trouver le chemin…»
Toute cette neige, toute cette peine, tant de mélancolie. Toboggan est un conte rond. Celui de la treizième fée qui, folle de colère de n’avoir pas été invitée au banquet des douze plus belles, plonge la ville et le royaume dans un sommeil de mille ans. Encerclant de surcroît le territoire endormi d’un entrelacs d’épineux congelés. Mais on sait d’expérience que ce n’est pas si difficile, bien équipé, de pénétrer la forêt de broussaille, d’écarter les branches givrées, de secouer la glace, pour aller déposer un baiser sur les lèvres bleuies de la sleeping beauty, et de la réveiller : «Belle, reviens sur la gaze légère/Jus de cerise aux lèvres/ Ma reine hostile/Veni, veni.»Toboggan conjure le mauvais sort.
Préface: Vous êtes nombreux à franchir la porte de ce blog pour la première fois cette semaine (près de 600 visiteurs hier), j'espère que vous allez vous installer un peu. Faîtes comme chez vous, mais surtout prenez le temps de lire mes interviews... avec F. Hardy, J. Cherhal, des amis de Jean-Louis Murat, Erik Arnaud...http://www.surjeanlouismurat.com/categorie-11422242.html
Jolie petite salle que cette Maison de la Musique de Meylan… une petite tribune bien pentue pour offrir une bonne visibilité, et une fosse d’une quinzaine de mètres… Bien que de jolies photos d’artistes décorent les murs (le public s’attarde volontiers sur le visage de Daniel Darc), ça manque néanmoins d’un peu de charme (pas d’espace bar… ). Quand j’arrive vers 20 heures, la tribune est déjà bien remplie… et il y a, malgré quelques craintes de ma part, une belle assistance au total (d’ailleurs, Murat fera une remarque au cours de la soirée indiquant qu’ils avaient l’habitude de chanter devant 100 personnes et que c’était gentil d’être venu [aussi nombreux])…
Pas de première partie prévue, et j’avoue que ça ne me déplait pas, un peu fatigué je suis… Et je constate donc que je me suis mépris hier en voyant des photos de Marseille… Il m’avait semblé voir un orgue, une guitare acoustique… Il ne s’agissait que de l’installation pour la première partie de ce soir-là ! Point de piano, de guitare acoustique, que j’espérais tant pour coller aux ambiances de TOBOGGAN et offrir une plus grande variété d’ambiance. On ne va pas changer Murat… Il aime trop sa guitare électrique, et c’est pour ça que j’ai un peu souri quand je suis tombé sur le titre de l’article de « sud-ouest »ce matin.
Jean-Louis et Stéphane arrivent par la salle et montent l’escalier pour la scène… et effectivement, ça surprend un peu : Murat en costume noir, et cravate… et poids de forme… et qui nous parle d’entrée : Une petite blague sur le costume pour dire que la tournée est sponsorisée par Renoma mais qu’ils ne désespèrent pas d’ avoir le soutien de Lejaby pour la suite… J’aurai du mal à entendre les autres remarques de jean-louis dans la soirée (je me suis mis devant), mais les rires sont nourris…
Et ça débute avec un « over and over » concluant. « quand la dernière chose au monde… », j’aime bien ce passage à la voix… Le morceau est ponctué de jolis ponts électriques, à la Murat et le morceau s’étire sur 7 minutes… Après recherche, je pense qu’il chevauche une guitare DOBRO.. ou ce qui y ressemble (avec une rosace en métal). Les spécialistes pourront peut-être nous dire si le son de la guitare qui fait objet de débat est lié à ce choix de guitare (à résonateur).
Il changera régulièrement au cours du concert avec une guitare du même type, plus petite et ronde, dont il va adapter un peu le son assez souvent… Il va s’en excuser un peu d’ailleurs, en indiquant que ça faisait un peu grand prix de f1 (changement de pneumatiques) car il s’agissait de début de tournée et d’essai.
Le deuxième titre est « belle », chantée quelque fois déjà lors de la tournée précédente et qui ne me plaisait que moyennement, et j’ai été un peu surpris de la voir figurée sur Toboggan… Enfin, soit, on ne va pas voir débarquer Helene Segara et Fiori, c’est déjà ça. Murat chante bien, mais rien pour souffler sur la braise suscitée par « over and over », d’autant que le titre est un peu étiré.
Murat plaisante encore… notamment sur Marseille (« c’est Chicago », « on a eu Gaudin »... je vous passe les détails, pas envie que ma maison ait un incendie accidentelle) et annonce que l’album sort lundi et a l’amabilité de nous indiquer ce qui va suivre… notamment des inédits (« ceux qui ne connaissent pas seront paumés »)…
Et ça démarre fort, fort, guitare puis batterie à fond (a-t-on déjà vu taper Stéphane aussi fort ?)… Qu’est-ce ? un inédit… « l’eau de la rivière ». Beaucoup de rythmique (un vrai « boogie »). 4 minutes intenses… "mon coeur fait boum boum".
On continue ensuite sur le même rythme : Murat se laisse aller à improviser quelques secondes à un hommage à Ten years after… « et maintenant, un hommage à Jerry Garcia.. »… mais il enchaine sur sa chanson… et c’est Lindeberg Buziness… Après le Koloko de l’année dernière, c’est une demie surprise, mais c’est plutôt sympa. Ce n’est pas le choix le plus facile pour le public, qui est en droit de ne pas connaitre. –si, si, ils ont le droit, quand même. D’autant que la version est explosive… même si elle se termine par un espèce de « poumpoumpidou » rigolo…. mais Murat obtient la plus belle ovation jusqu’à là… (j'ai enlevé 50 kg de points de suspension à la relecture, mais c'est un compte-rendu en direct live, en suspension bon sang).
On continue dans la série, avec « le cycliste espagnol ". Yes ! Toujours la guitare en avant, morceau bien resserrée (je trouve ça moins bien sans points de suspension).
Et Murat annonce un titre du nouvel album. Stéphane joue du fouet… et Murat plaisante : "c’est l’art de monter la mayonnaise »… et improvise presque une chanson sur le début de la recette… mais un petit réglage de guitare gâche un peu cette intro… C’est « j’ai tué parce que j’ai ennuyé ». Gros et long solo de guitare très réussie, avant que la confession ne reprenne. Près de 8 minutes, avec une belle interprétation enfiévrée.
Je n’ai pas encore parlé des vidéos… Intéressant et mieux qu’un light-show au rabais, mais rien de phénoménal (après avoir vu Ez3kiel extented et ses véritables films d’animation, faut dire… ), mais cela nous réserve de jolis ambiances. Le ruisseau scintillant sur Over and over, notamment, ou l’enrouleur (arrivée d’un tire-fesse) filmé en noir et blanc qui m’évoque comme un puits de pétrole, une petite balade en voiture sur des routes enneigées ou encore ce plan fixe sur des herbes mouvantes dans une rivière. J’avais lu quelque part que Murat gérerait ces vidéos lui-même, mais ce n’est pas le cas. Murat voulait faire classe…et c’est vrai que l’ensemble est réussi. A Macon, je me mettrai plus loin pour avoir une autre vision.
Murat passe en solo. Plus d’images derrière lui. Juste son ombre d'un côté, et une espèce de lune de l'autre… pour « le chat ». On passe donc à une partie plus calme. Très jolie ballade (même si on est dans une composition 100% muratienne), et parties sifflées très belles, presque des petits miaulements sur la fin.
Longue intro toute douce, au son presque acoustique… Murat finit par parler : « une nouvelle chanson »… et va jusqu’à nous en donner une voie de lecture… « passer le pont Mirabeau » ou « mirabeau ». Inédit encore. Très beau.
On retrouve la guitare saturée, et la batterie… Pas de pitié pour le cheval ! yes… joué très fort, très saturé. J’aurais bien aimé « qu’est-ce que ça veut dire »… mais ce morceau plein d’énergie est intéressant dans la set-liste… Là, encore, gros solo…
La suite est presque enchainée… longue intro, guitare bourdonnante… « Il neige » (Toboggan), avec sur les écrans, les flocons sur de Douharesse qui tombent la nuit, et deux étranges stalactites de glace… C’est une très belle chanson, la guitare électrique renforce le côté crépusculaire… Murat nous livre une magnifique interprétation… Près de 8 minutes !
Murat présente les techniciens… « ils en savent plus sur moi que ma mère »… Changement de guitare… « ah, mais c’est pas la bonne »… Plaisanteries… Et quatrième inédit,enfin semi… Murat s’amuse dans l’intro à voix basse devant Stéphane à chanter en yaourt… Murat en grande forme et heureux d’être là… On ne l’avait pas vu aussi diserte depuis un bail. Et c’est « tout dépend du sniper »… 2009… mis en ligne sur le site officiel et qui a déjà été joué me semble-t-il (à vérifier).
Retour en solo… Encore une plaisanterie suite à un léger problème de guitare (« feraient mieux de nous payer des guitares plutôt que des costumes)…« L’amour n’est pas querelle », ballade minimaliste, là, encore, ornementé de sifflement de Murat (le père siffleur) de toute beauté. Pas besoin d’harmonica, ni des petits cris dont il abusait parfois il y a quelques années. Sobriété efficacité. Quelques bravos fusent… et la guitare lourde reprend ses droits, de nouveau, une longue intro en guise de présentation d’un.. oui… encore un inédit : « Michigan ». J’ai beaucoup apprécié… « qu’allais-tu faire au Michigan ? »… Energie rock et vraie sensibilité qui passe dans le texte et son interprétation. Encore une chanson sur une disparition ? … Et le public salue l’ouvrage de 8 minutes chaleureusement. C’est d’ailleurs le rappel…
Murat fait saluer les techniciens… et nous fait le coup de « sa tournée d’ adieu », « on se reverra au paradis »… Et nous livre encore une chanson gaie… GINETTE RAMADE. Très longue intro très réussie… et c’est le premier plantage au niveau texte de la soirée (ou deuxième ?)… Il se reprend, puis lâche un peu l’affaire… et finit en voix libre… en se consacrant à la guitare. Sympathique.
On termine sur plus calme… et une chanson de Toboggan… Extraordinaire Voodoo… Murat chante parfaitement. Morceau là encore largement étiré sur plus de 6 minutes… Le public applaudit… mais Murat file vite en coulisse et la lumière se rallume… C’est terminé en une petite minute.
Une heure quarante-cinq de concert… Plutôt une excellente durée… même si on aurait pu espérer en début de tournée, deux titres de plus, d’autant que « agnus del babe » figurait sur la set-liste au pied de Murat. Le set devrait se resserrer une fois rodée (intros moins longues, changement de guitare…).
Alors, alors… On va revoir ça mercredi, et mon esprit sera libéré de la déception liée au fait que Murat n’a toujours pas décidé de s’offrir une petite respiration acoustique (piano ou guitare) ou de sortir quelques machines pour reproduire un peu les orchestrations de l’album. Certes, les morceaux en solo sont des petites ruptures, mais on peut se lasser de la guitare électrique omniprésente… surtout que certains se plaignent du son* de la guitare (à Marseille et à Grenoble, la critique revient).
* Le Meylan -son est sa nouvelle de turc préféré... faut dire... euh... bon, je suis fatigué, désolé.
C’est en tout cas un joli set… Les Morceaux de Toboggan boostés par l’électricité franchissent bien le cap, j’ai bien aimé le choix des anciennes chansons (même si en lieu et place de Lindeberg j’aurais aimé redécouvrir un autre titre)… et surtout, on a 3 très bons titres totalement inédits + le sniper… Et Murat fait l’impasse sur ses tubes: rien pour accrocher le chaland invité, et c’est courageux, donc assez exigeant (sans parler bien-sûr de la formation en duo). En écoutant Toboggan, aujourd’hui, je me disais que Voodou ordinaire est un titre idéal pour faire chanter le public (bam-bala…). Ca fait partie des petites facilités qui permettent de rendre les gens heureux d’être venu…Mais soit, l’important était de voir et de constater la bonne humeur de Murat durant tout le concert, et de réentendre quelques paroles entre les chansons (sans que cela soit au détriment de sa concentration). Gros bémol de la soirée : la placidité du public… même si ce n'est pas révélateur de son opinion.
Comme c’est désormais l’habitude, Jean-Louis a fait une séance de dédicaces, restant assez longuement et discutant un peu avec chacun. Il nous confirme le Koloko le 22/06, et il faudra que ce soit un succès....
Merci de votre attention, sachez que rien ne vaut les émotions de la musique en vrai et non compressée et cela pour le prix de moins de 5 paquets de clopes.
L'interview est très intéressante, mais encore une fois, on n'insistera pas sur le titre... parce que sinon, j'aurai l'impression de me réveiller avec le besoin de me pommader le popo... après ma soirée d'hier.. sérieusement électrifiée et notamment ponctué d'un petit hommage improvisé à Ten years after... Mais vous comprendrez en lisant que ce n'est qu'un mot...
JL Murat: "Le rock sert à enculer le peuple en musique"
"...Épris des contrastes et pourfendeur de la langue de bois,Jean-Louis Bergeaud, alias Murat, est un artiste d’une intégrité rare, un héraut en quête d’absolu, aux colères homériques".
Là, encore, on avait déjà croisé la plume de Stéphane Jonathan précédemment. Il publie sur son blog l'interview intégrale qui fera ou a fait l'objet j'espère d'un article dans son journal.
Où on y apprend les raisons de sa forme physique actuelle (poids de forme?), et que Jojo en prend pour son grade (on s'étonne?), et où on évoque Robert Wyatt, Lennon, Camus, Mélenchon (trouvez l'intrus) et on verra que les chansons "instinctives et légères" de Toboggan révèlent son "inconstance et le goût de la destruction [...]. Comme il n’y a pas de chansons d’amour, de textes sur les rapports humains, je me suis rendu compte combien tout ce disque parle de mon rapport au nihilisme, et de combien je suis finalement le produit de mon époque. Je casse, je brûle, j’explose…" ("le nihilisme que je passe mon temps à dénoncer dans pratiquement toutes mes chansons").
- Dans l'huma, Une chronique positive et une interview intéressante... où Murat/Bergheaud dit en avoir terminé avec la télé! Une décision que j'aurais tendance à approuver... si ça ne ferme pas la porte à des prestations live....
Il semble que l'argument de vente autour de l'album soit le duo MURAT/Bergheaud...
- Et un petit encart dans le NOUVEL-OBS de la semaine... et il fait particulièrement plaisir... car Grand lièvre et les écarts de Murat avait suscité un "EN BAISSE"... Le talent de Murat réconcilie tout le monde...
"une formidable sensation de simplicité"... L'album de la sagesse?
Il est encore tôt pour avoir beaucoup de retours sur le concert d'hier... mais j'ouvre quand même un article pour laisser aux éventuelles sudistes présents hier dans cette magnifique salle de l'espace Julien de s'exprimer... J'ai aperçu quelques photos de l'installation scénique, et des instruments utilisables, et c'est vraiment prometteur... Murat entouré d'images de l'auvergne... ah, vivement ce soir.
Voici quelques commentaires laissées sur FB (je compléterai dans la journée). Pour l'instant, c'est tout bon, mise à part une critique sur le son de la guitare quand elle est forte (critique souvent exprimée... mais je pense que c'est voulu)
Christine: Hier soir JLM en concert : nouveau spectacle nouveau Murat ( costume cravate, svelte, la classe quoi!!) que ses nouvelles chansons et jeu de lumières et d'images. Sympa super bonne soirée......
Stéphane: C'était ... Je ne trouve pas les mots... Quel artiste ! Elégant, affuté, généreux! Je ne sais quoi écrire. Je sors à peine du concert et ressens de la nostalgie immédiate. Merci infiniment Jean-louis
Stéphane: J y etais aussi... un tres tres grand moment... qu elle artiste formidable..et quel musicien....enfin c est passe beaucoup trop vite.....merci mr murat...
N'hésitez pas à laisser des commentaires dans la zone réservée à cet effet!
Et une pensée pour Bashung... Murat était dans cette salle le soir de sa mort me semble-t-il.
EDIT : MALIKA (merci!)
Hier soir ...le temps était clément ,nous voila donc à l'assaut de la capitale des bouches du rhone pour assister à l'unique concert de notre vénéré jean louis ....(le seul visiblement restrictions budgétaires semblerait il )..... Apres plus s'une heure d'attente dans la salle de l'espace julien,qui est toujours aussi splendide je dois dire (peut etre à part les fauteuils qui me rappellent un peu mes années de primaire ...mais bon passons ),nous voila devant l'installation scénique qui semble fort prometteuse (orgue , banjo ,batterie ,guitares ,basses .....accordéon ) ,les rumeurs venant de jean louis meme expliquant que les concerts se feraient à deux :guitare batterie ,sembleraient elles infondées ??? l'espoir secret de revoir denis clavaizolle au synthé monte ...... un groupe extraordinaire venant de grenoble :BLEU fait en fait la première partie , mais aucune déception puisque les trois compères ont été largement à la hauteur de l'enjeu !! le public marseillais était conquis et augurait d'une bonne soirée ..... (je vous conseille leur album un petit bijou , ainsi que leur site :bleu sur la toile ) .Mais revenons à notre grand liévre ..... qui a décidé de faire ce soir du toboggan ,puisque l'ensemble ou presque des titres seront des inédits ... Le coupe murat -reynaud , annoncé ,entouré de trois écrans ,arrive sur scéne.... Et la je dois dire que j'ai été stupéfaite .... un murat filiforme d'allure dandy en costume noir cintré ,cravate négligemment défaite ,à la hollande ( un peu sur le coté gauche )avec une belle coupe de cheveux (bref une impression de retrouver le murat du duo regrets ).... stephane allait de paire mais sans la cravate (petit veston mauve ).... Mais l'essentiel n'etait pas dans l'esthétisme quoique ...... au fur et a mesure du concert ,qui s'est avéré trés épuré avec des solos guitares sur des morceaux inédits ,qui ne feront visiblement pas partie du prochain album ,les écrans voyaient défiler des videos faites par jean louis , de poils de pinceaux effeuillant la peinture et la toile , de riviere qui coulait , de tableau de bord de voiture qui roulait la nuit sur des routes de montagne enneigée , de photos de ses peintures dans les jolies teintes de rouge , de roulements de montées mécaniques probablement de la bourboule ..... L'ambiance a été presque dans le recueillement sur certains morceaux qui sont d'une beauté touchante ....et on l'espère seront sur l'album ... Jean louis a peu expliqué ce qui serait ou ne serait pas sur toboggan " alors le pont mirabeau ,trop triste ne sera pas sur l'album .... celle la , trop gaie ,non plus .... mais aprés on va vous jouer ...... quelques titres passés en revue ,qui seront sur l'album notamment la derniére d'une beauté exceptionnelle ,qui m'a fait l'effet d'un accueille moi paysage :voodooooo ..... et la dernière du récital ! Nous avons eu droit à "ginette ramade " "le champion espagnol " et "sans pitié pour le cheval " .... Deux belles surprises ( je me réjouis qu'il reprenne ,depuis le concert de la coopérative de Mai ,des titres de Murat 82 -84 ) .... cette fois ci ce fut lindberg business .... et surtout une belle réorchestration ,trés électrique de tout dépend du sniper .... Les morceaux entendus en exclusivité sur son site :"over and over"qui a ouvert le concert ," je tue parce que je m'ennuie"tres électrique également , le fabuleux "il neige " en solo (frissons garantis ) et l'irréel "agnus dei babe " qui marquera les esprits .... Nous avions hier soir un murat assez détendu , mais sans trop de palabres non plus , le minimum syndical coté parlotte mais c'est notre jean louis , le public est habitué , pas de blagues sur sa timidité ce soir là .... le public lui était tout acquis et je dois dire que ce concert était plus que magique puisque c'est bien la première fois que je découvre un nouvel album en avant première live ..... Petite séance de dédicace à la fin .... "merci .. merci beaucoup ... quelques sourires brefs .... " En conclusion car je me suis un peu étalée .... un trés beau concert qui marquera les esprits et les coeurs .... de beaux souvenirs d'un Murat attachant en dandy réveur ,mélancolique , toujours adepte de la perfection musicale (qui peut se targuer d'arriver à un tel degré de perfection )...Un gros merci à stephane reynaud dont la batterie fine et délicate fait partie entière de l'univers muratien ...
EDIT 2 PATRICE:
Très beau concert ,dans un espace Julien quasi plein,vidéos douces accompagnatrices et un Jean louis en pleine forme( Stéphane et lui en costumes "chics" :amusant!) La voix de Murat se " chauffant"après les deux premières chansons et Jean Louis alternant musiques plus "électriques"(comme à son habitude en concert)et nouvelles chansons comme BELLE ou AMOUR N EST PAS QUERELLE sobres ,douces qui ont charmé la salle .Le public a apprécié ,vu les ovations finales faites aux deux "compères"... Vivement l'écoute de Toboggan pour retrouver cette finesse qui semble le maître mot de ce disque...Voici les 14 chansons que nous avons écoutées ce soir là(chronologie pas sûre vers le milieu!!):Over and over,Belle,Sans pitié pour le cheval,Il neige,Pont Mirabeau,le chat noir,Amour n'est pas querelle, Lindberg business,le champion espagnol,Je tue parce que je m' ennuyais,Agnus dei babe,Tout dépend du sniper,Ginette Ramade,Extraordinaire voodoo.Salut aux chanceux "muratiens" des futurs concerts!Un gros merci à Pierrot pour tout... Patrice
Devais-je enlever la dernière phrase? Peut-être.. mais je vous la laisse en guise d'exemple!
Une interface un peu différente, et quelques nouveautés, bien pratique pour moi ! Je vous laisse les découvrir en cliquant partout.
Merci à Laurent de m'y faire une place et de soutenir SURJEANLOUISMURAT (très gentil la petite référence aux Inter-ViOUS ET MURAT). Il est indiqué que grâce à ce blog, ils ont pu "souffler un peu"... mais attention, je ne sais pas combien je pourrai tenir encore!!
Jean-Louis Murat, « ni artiste torturé ni nostalgique » mais toujours sans concessions. photo franck loriou
Le chanteur au franc parler Jean-Louis Murat revient sur le devant de la scène avec un nouvel album, « Toboggan », qu’il présentera pour la première fois au public, ce vendredi soir à l’Espace Julien.
Double actualité pour Jean-Louis Murat. « Ange déchu » (?) de la chanson française, au talent pourtant intact, l’artiste sortira ainsi lundi une nouvelle galette, Toboggan, que ses fans marseillais pourront découvrir dès ce soir à l’Espace Julien, lors du festival Avec le temps. Le chanteur ayant choisi Marseille pour lancer sa tournée.
Il paraît que Jean-Louis Murat ne fait jamais de concession... Pourquoi en faire ? Pour être dans l’air du temps ? Je fais seulement ce que j’ai à faire ! Par exemple, je ne permet pas aux maisons de disques d’écouter mes titres. Alors ça peut heurter. D’ailleurs Universal m’a viré et j’ai changé de label. Il faut croire que les grosses boites ne sont pas habituées à l’originalité… Heureusement, des petites structures comme Pias assurent la relève et font confiance aux créateurs.
Votre nouvel album se nomme « Toboggan ». L’idée de quelque chose qui glisse ? Effectivement. Je pense que l’on est tous en train de glisser vers l’inconnu. Impossible de savoir ce qui se trouve en bas… Il ne faut pas se faire avoir. La solution passe, à mon sens, par un rapport personnel. Il faut s’affirmer et ne pas agir comme des moutons.
Quel regard portez-vous sur les années 80 et le début des années 90, lorsque vos chansons ont marqué les esprits ? C’était la belle vie. L’argent était là et permettait de faire des disques. Il y avait aussi un équilibre dans le business. Tout le monde y trouvait son compte. Si j’arrivais avec mes petites chansons de l’époque aujourd’hui, je pense que je finirai à Pôle emploi…
« Toboggan » ne contient que dix titres, un concept auquel vous êtes particulièrement attaché. Pourquoi ? Je pense que la durée qui était celle des vinyles, 35-40 minutes, se prête bien à un album, après on en a un peu marre d’entendre toujours le même chanteur. D’ailleurs, les vinyles sont de nouveau à la mode et ce n’est pas un hasard. Le rapport à l’objet est différent et le changement de support a modifié la musique dans le mauvais sens. Le CD l’a digitalisé et Internet a permis le triomphe de cette forme digitale.
Cela a en effet changé l’approche de nombre de consommateurs... Tenez, lorsque je compose, je fais toujours un premier jet, très rapide, mais craignant toujours le piège, je reviens ensuite sur chaque titre. A la fin, j’ai toujours une quarantaine de morceaux dans lesquels je pioche ceux que je préfère. Il m’arrivait souvent de donner à des fans certains inédits mais ils faisaient des disques avec et les revendaient. Alors j’ai arrêté. Avec Internet, c’est pire : beaucoup sont devenus des goinfres, de véritables prédateurs à l’affût du moindre truc qui traîne. Ils écoutent puis passent à autre chose sans réfléchir.
Comment définissez-vous la couleur de « Toboggan » ? Je n’aime pas trop parler de mes chansons. J’ai des scrupules vis à vis de ça… J’espère en tout cas que c’est un disque personnel. Après, je laisse les gens écouter et interpréter chaque titre. Mais à mon avis, c’est un album sérieux. Je ne suis pas trop dans le divertissement (rires).
Vous définissez-vous comme un artiste torturé ? Romantique ? Torturé ? Non ça voudrait dire que je suis victime d’un tortionnaire et je ne me laisserai pas faire. Romantique, certainement mais c’est dû à la langue française qui l’est par nature.
Vous débutez une nouvelle tournée. A quoi peut-on s’attendre en live ? Ce disque, je l’ai fait chez moi, en Auvergne seulement en compagnie d’un ingé-son. De la même façon, en live je ne serai accompagné que d’un batteur. Par contre, pour la première fois j’utiliserai des images que j’ai moi-même captées. Elles seront diffusées sur trois écrans qui nous entourent et un pédalier me permettra de choisir à ma guise l’ambiance visuelle que je veux donner à chaque titre. Il ne faudra pas chercher à donner un sens à cette démarche mais à se laisser porter…
Et au niveau musical ? Je pense qu’il y aura forcément la totalité de Toboggan, et la majorité de mon album précédent, Le Grand Lièvre. Il n’y aura pas d’anciennes chansons, vous savez la nostalgie, c’est pas trop mon truc.
Peu de dates par contre… Ce n’est pas de mon ressort, 35 dates étaient prévues, puis 25 et maintenant 15… Je crains que ne se pointe une énorme crise des tournées… Beaucoup de salles voient leurs subventions sucrées et il est de plus en plus dur de se produire en concert.
PROPOS RECUEILLIS PAR CEDRIC COPPOLA
L'album sera en écoute intégrale sur DEEZER dès ce week-end pour les abonnés...
Comme prévu ce matin, la dépêche AFP a comblé le vide ce matin... Le point, l'express...etc... L'agence de presse a fourni également un article plus conséquent... A lire en suivant le lien:
"MURAT HORS DE LUI. Jean-Louis Murat publie lundi son premier album pour le label indépendant Pias, un disque empli d'une "violence contenue", qu'il a appelé "Toboggan" comme une métaphore de "l'affaissement moral".
"Je trouve qu'il y a une faillite morale, une infériorité morale dans laquelle on s'enfonce. Je suis toujours resté avec cette idée en faisant le disque."
"J'aimerais bien aller à New York pendant trois mois pour produire un album canon, parce que c'est en passant les frontières, en côtoyant beaucoup de gens qu'on s'améliore. Mais il faudrait que je braque une banque."
La production même de l'album -le 19e du chanteur- évoque cette idée de glissade. Débutant avec le feutré et lumineux "Il neige", il s'achève sur "J'ai tué parce que je m'ennuyais", dans lequel Murat se glisse dans la peau d'un psychopathe.
Grande colère "Je suis parti d'un état méditatif pour parvenir à un état de grande colère", confie le musicien de 61 ans. "Je ne sais pas comment font les gens pour ne pas être davantage hors d'eux. Moi, je suis souvent hors de moi", dit-il, évoquant la jeune Roumaine et son bébé mendiant sous la neige qu'il a croisés en sortant de la gare ou "l'insuffisance morale" des gouvernants.
Renversement des valeurs De nombreux titres de l'album parlent "de religiosité, de culpabilité, d'un renversement des valeurs" dans lequel, dit-il, "on trouve des excuses aux coupables et on cherche des noises à l'innocence".
Faillite morale "Je trouve qu'il y a une faillite morale, une infériorité morale dans laquelle on s'enfonce. Je suis toujours resté avec cette idée en faisant le disque", explique le chanteur.
Enfants et jouets Si les mots sont sombres, la musique est souvent apaisante. Par le rythme et l'écriture, plusieurs chansons évoquent les berceuses de l'enfance, comme "Amour n'est pas querelle", "Belle" ou "Le Chat Noir". Jean-Louis Murat a d'ailleurs fait chanter ses propres enfants et utilisé leurs jouets pour une "apocalypse", sur "Robinson" où il s'adresse directement à eux: "Apprends à t'orienter de nuit/Apprends à t'orienter de jour", leur conseille-t-il. "J'ai des enfants qui, bien que ce soit interdit, ne peuvent s'empêcher avec leur mère d'écouter des chansons de papa. Après, ils me demandent ce que j'ai voulu dire, donc j'ai essayé d'avoir des chansons qui pouvaient leur plaire", raconte-t-il. "Je n'ai jamais mené ça à son terme, mais je trouve qu'écrire des chansons pour les enfants est une des choses les plus intéressantes. Il y a quelque chose d'intemporel dans les chansons pour enfants, qui abordent d'ailleurs des sujets graves: la guerre, les jeunes filles promises...", dit-il.
Economie de moyens Bruissant de cris d'animaux, centré autour d'instruments acoustiques, "Toboggan" a été enregistré à la maison. Une économie de moyens née davantage d'une nécessité que d'une envie, reconnaît Jean-Louis Murat. Malgré de bonnes critiques, ses derniers albums ne lui ont pas permis de renouer avec le succès. Le musicien a changé de tourneur et quitté la major du disque Universal. "J'aimerais bien aller à New York pendant trois mois pour produire un album canon, parce que c'est en passant les frontières, en côtoyant beaucoup de gens qu'on s'améliore. Mais il faudrait que je braque une banque", dit le musicien, à qui son franc-parler vaut bon nombre de détracteurs dans le milieu musical. "Je fais un disque avec l'argent qu'on me donne et je dépense jusqu'au dernier centime. Et je pense qu'on est 99% dans ce cas-là. Les artistes sont obligés de bricoler leurs paroles, de faire leur musique, leurs arrangements, d'enregistrer chez eux et d'un seul coup l'ambition baisse, baisse, baisse", déplore-t-il. "Je trouve ça dommage et fâcheux, mais ça ne m'empêchera pas de faire des disques. Ca ne touche pas la motivation première de faire au mieux ce qu'on sait faire, de faire le maximum avec ce qu'on a", assure-t-il.