Daniel DARC/JL MURAT... si loin, si proche
Publié le 1 Mars 2013

La nouvelle de la mort de Daniel Darc ne quitte pas mon esprit depuis hier... J'aurai donc éternellement le regret de ne me pas m'être secoué pour aller le voir sur scène...
Daniel Darc, c'était d'abord ce maxi orangé "cherchez le garçon"... le must (avec Plastic Bertrand et One step behond) pour les boums des frères et soeurs dans lequel je m'incrustais à 8/9 ans. J'ai suivi via les clips l'histoire de TAXI GIRL (PARIS, Aussi belle qu'une balle)... puis une fois devenu grand, j'ai commencé ma première collection avec eux... sans que je m'investisse plus que ça dans la carrière solo de Darc, même si j'ai beaucoup aimé son dernier album. J'aimais beaucoup lire ses interviews, où il se montrait sincère et ne cachait rien de ses difficultés. C'était un personnage passionnant : son parcours de miraculé (de la drogue, d'une chute chez lui, de divers maladies, de la prison... ), sa conversion au protestantisme qui pourtant ne lui avait pas offert la paix, son goût pour la littérature, sa timidité maladive dont il se rassurait en la qualifiant de "phobie sociale".
Au delà de Lescop, c'était une véritable influence pour les chanteurs et chanteuses que nous aimons ici. "cherchez le garçon" est ainsi classé 87e dans "le top 100 des chansons que l'on devrait tous connaitre par coeur" (Vignol, Ed. Carpentier, cité par Bazbaz, V. Leuillot, Loanne, A. Varlet), Marie MOOR cite elle dans son top ten "la seule fille sur terre", Bruno Maman "la taille de mon âme", Lescop et A. Baupain "Rouge rose", Doriand et Joseph d'Anvers "aussi belle qu'une balle", Louis-Ronan Choisy "le feu follet", et Buzy "crève coeur".
Dominique A a dit:
"Ce qui reste dans la chanson, ce sont les bons interprètes ; les bons chanteurs, on s'en fout ! Daniel Darc, par exemple, est un interprète sublime alors qu'il est un chanteur exécrable. Mais il est dans une telle justesse de ton qu'il en devient bouleversant".
Cali lui rend hommage sur FB: "Ce soir bel ange, tu t'es envolé. Tu reposes désormais aux côtés d'Elvis, de Johnny Cash et de James Dean. Je te serre fort bel ange. Tu me manques.
Sois sanctifié".
Sois sanctifié".
Difficile de faire la transition pour évoquer Murat... car leur parcours ne se croise guère.
Seul un site ose une comparaison:
"Ses deux premiers albums : « Murat » (1982) et « Passion Privée » (1984) sont pourtant des échecs commerciaux. Très marquée par la New Wave de groupes comme Taxi Girl, il y mise sur un rock synthétique un poil stéréotypé et de toute façon gâché par une production avare. Des chansons comme « Johnny Frenchman », variation sur le mépris du paysan pour l'artiste, démontrent malgré tout l'originalité de son talent". http://musique.ados.fr/Jean-Louis-Murat.html
Murat n'était pas un "jeune gens moderne", lui aime les Rolling Stones... même si sa pique contre Jimmy Page chez Guillaume Durand montre des vieux restes punk...
Je n'ai trouvé qu'un propos de Murat sur Darc suite à une question de Pierre DERENSY (2004 dans Rock'n France):
"Daniel Darc serait plus enclin à endosser le costume ?
- Mais non ! ou alors le maire de paris est subversif. Je pense que c'est une sorte de nostalgie de la défonce. Ce ne sont que des types qui ont mal lu Burrough. On n'a jamais vu la lumière au bout d'un shoot d'héroïne. Je ne suis pas plus fasciné par la dope que par le ricard. C'est un peu de la pose ces trucs là. La posture n'a qu'une syllabe pour basculer dans l'imposture".
Réduire Darc à la dope, c'est bien réducteur... Mais Matthieu qui dialoguait avec Murat sur la "posture et l'imposture" un soir à Lyon appréciera la citation. On n'en tirera pas plus que cela des conclusions... Voici une citation de Darc sur ses influences littéraires:
"Comme quand Flaubert disait : « Mon rêve, c'est d'écrire un livre sur rien. »A la formation de Taxi Girl, j'étais inspiré par Guy Debord, mais plus encore par William Burroughs et le cut-up, toute cette façon d'écrire. Le beat, quoi ! D'ailleurs je me considère avant tout comme un beat. Kerouac, Burroughs, Ginsberg, cette liberté que l'on n'a jamais retrouvée ailleurs... Moi, je n'ai jamais voulu travailler. Je me dois d'être un parasite de la société, c'est le devoir de tout artiste, je crois. Je n'ai pas à mendier, j'ai jamais été intermittent. Je fais ce que je veux, quand je veux. Si je n'avais pas été chanteur, j'aurais été braqueur".
http://www.telerama.fr/musique/la-vie-en-musique-de-daniel-darc,80733.php?xtatc=INT-41
http://www.telerama.fr/musique/la-vie-en-musique-de-daniel-darc,80733.php?xtatc=INT-41
Murat lui se veut un travailleur, un artisan... C'est le paysan contre l'habitant de M.E.R.D.E.... même si Murat a évoqué des épisodes SDF... où ils se sont peut-être croisés. D'ailleurs, Murat aussi est un survivant:
"Tu as toujours vécu avec la mort en ligne de mire ?
Pour moi, la course contre la mort a commencé quand j'avais 26 ans. Sur un lit d'hôpital, après avoir lamentablement loupé un suicide qui, cette fois, devait être définitif. J'avais fait ça en écoutant Tim Buckley, je voulais quitter cette vallée de larmes avec cette cassette à donf qui n'arrêtait pas de tourner. Je me suis senti partir, j'étais très content, apaisé. Quand je suis revenu à la conscience, je me suis dit "Putain, que t'es con." Comme je m'étais raté, j'ai senti que je n'avais pas d'autre choix que de me mettre dans la course et commencer à fond. La première chose que j'ai faite, c'est d'aller brûler un cierge. C'était pourtant pas dans mes habitudes. J'avais vu la mort de tellement près. J'ai mis longtemps à repenser que j'étais vivant. J'étais dans le fossé, j'ai commencé à remonter, comme un coureur cycliste. J'ai acheté une guitare, passé une petite annonce et monté un groupe". Darc cite Tim Buckley comme une référence au départ de Taxi Girl...
Du côté de DARC, ce que j'ai trouvé comme citations ne nous aidera guère:
"Sur cette tournée, chaque fois que tu présentes Denis Clavaizolle, tu envoies une petite pique à Jean-Louis Murat "Il l’a supporté pendant 14 ans, applaudissez-le"…
Je dit ça de la même façon que si Denis Clavaizolle arrive à sortir de notre collaboration vivant, il sera très méritant aussi ! Je pense qu’on est des casse couilles, je ne me fous pas de la gueule de Murat quand je dis ça. Murat, je ne le connais pas, je connais un peu son travail. A mon avis, il doit être pénible, comme moi je dois être pénible, incroyablement pénible. Donc, c’est pas un truc méchant que je fais contre Murat, pas du tout…
Je dit ça de la même façon que si Denis Clavaizolle arrive à sortir de notre collaboration vivant, il sera très méritant aussi ! Je pense qu’on est des casse couilles, je ne me fous pas de la gueule de Murat quand je dis ça. Murat, je ne le connais pas, je connais un peu son travail. A mon avis, il doit être pénible, comme moi je dois être pénible, incroyablement pénible. Donc, c’est pas un truc méchant que je fais contre Murat, pas du tout…
Je crois que tu n’avais pas aimé ses propos peu amènes et provoc à l’encontre d’Etienne Daho…
Ouais, bien sûr que je n’ai pas aimé… C’est pitoyable ce genre de choses, c’est pour ça que je n’ai pas envie de m’enfermer là-dedans. Je te le dis, franchement, j’aime bien ce qu’il fait et je pense que c’est un mec bien, cela dit quand il critique d’autres mecs comme Daho, je ne vois pas l’intérêt… Même si je n’écoute pas tout ce que fait Etienne, c’est un mec incroyablement honnête par rapport à son travail, par rapport à d’où il vient ; il a toujours renvoyé l’ascenseur, il a toujours été honnête, il a toujours été bien avec les gens (avec moi le premier)… et incroyablement gentil avec Dani. Etienne, c’est un mec très bien, après, est-ce qu’on écoute ses disques ou pas, ça nous regarde, nous. Moi, un mec qui se fout de la gueule d’Etienne, c’est comme s’il se foutait de ma gueule… Est-ce que c’est très intéressant de faire de la provoc aujourd’hui, vu ce qu’on fait comme musique ? On n’a pas inventé Search & destroy en 1973 ! De notre côté, on fait ce qu’on peut, encore une fois, moi je préfère te dire du bien des gens que j’aime en France et m’arrêter là plutôt que de dire du mal d’autres dont je ne te dirai pas de mal puisque je n’en ai rien à foutre, ça les regarde…
Ouais, bien sûr que je n’ai pas aimé… C’est pitoyable ce genre de choses, c’est pour ça que je n’ai pas envie de m’enfermer là-dedans. Je te le dis, franchement, j’aime bien ce qu’il fait et je pense que c’est un mec bien, cela dit quand il critique d’autres mecs comme Daho, je ne vois pas l’intérêt… Même si je n’écoute pas tout ce que fait Etienne, c’est un mec incroyablement honnête par rapport à son travail, par rapport à d’où il vient ; il a toujours renvoyé l’ascenseur, il a toujours été honnête, il a toujours été bien avec les gens (avec moi le premier)… et incroyablement gentil avec Dani. Etienne, c’est un mec très bien, après, est-ce qu’on écoute ses disques ou pas, ça nous regarde, nous. Moi, un mec qui se fout de la gueule d’Etienne, c’est comme s’il se foutait de ma gueule… Est-ce que c’est très intéressant de faire de la provoc aujourd’hui, vu ce qu’on fait comme musique ? On n’a pas inventé Search & destroy en 1973 ! De notre côté, on fait ce qu’on peut, encore une fois, moi je préfère te dire du bien des gens que j’aime en France et m’arrêter là plutôt que de dire du mal d’autres dont je ne te dirai pas de mal puisque je n’en ai rien à foutre, ça les regarde…
Je ne te demande pas ça…
Oui mais tu comprends, on est peu en France à faire un truc de qualité (je m’inclus dedans, peut-être à tort) et c’est ça qui m’intéresse. Si peux faire découvrir le dernier Bashung par exemple à des gens qui ne connaissent pas , je suis vachement content et je préfère ça que dégommer d’autres mecs qui font de la merde, je m’en fous de ça !
Oui mais tu comprends, on est peu en France à faire un truc de qualité (je m’inclus dedans, peut-être à tort) et c’est ça qui m’intéresse. Si peux faire découvrir le dernier Bashung par exemple à des gens qui ne connaissent pas , je suis vachement content et je préfère ça que dégommer d’autres mecs qui font de la merde, je m’en fous de ça !
C’est vraiment méchant, ça, Daniel ! (rires)
Que Jean-Louis Murat est… (il cherche – Ndlr) Le jour où il aura arrêté de croire que c’est rock’n’roll de dire du mal de tout, il sera « gentil » aussi… Tout le monde est gentil, en France ! Franchement ! J’aime bien Berry, qui fait notre première partie ! J’aime bien Keren Ann, j’aime bien cette meuf… J’aime bien Miossec… J’aime bien Azyl, aussi !"
http://www.myspace.com/leshommesdupresident/blog/446566026 2008
Que Jean-Louis Murat est… (il cherche – Ndlr) Le jour où il aura arrêté de croire que c’est rock’n’roll de dire du mal de tout, il sera « gentil » aussi… Tout le monde est gentil, en France ! Franchement ! J’aime bien Berry, qui fait notre première partie ! J’aime bien Keren Ann, j’aime bien cette meuf… J’aime bien Miossec… J’aime bien Azyl, aussi !"
http://www.myspace.com/leshommesdupresident/blog/446566026 2008
Daho qui a aidé et produit Darc quand il était au fond du trou... Mais Murat s'est expliqué depuis sur ses petites attaques sur Daho...
Edit 12/12/13: Darc parle de Murat dans Pollen : http://chansonfrancaise.hautetfort.com/archive/2013/12/10/daniel-darc-sur-le-rock-francais-1989-5241070.html En indiquant qu'il serait heureux si on parlait de Murat, Bashung et Manset en angleterre, plutôt que des Negresses vertes...
Pour l'anecdote, on indiquera que Murat et Darc ont fait disques communs par deux fois:
- Le disque "comme un seul homme", pour le don d'organes
- et une autre compilation "la bande à jojo" où Darc reprend les champs Elysées http://www.deezer.com/fr/album/6068365
On remarquera aussi un duo avec Morgane Imbeaud également chez DARC, mais c'est une autre collaboration qu'il faut mettre en avant, une collaboration avec une personne dont Murat revendique l'amitié:
"Parle-nous de la présence de Robert Wyatt sur Amours suprêmes…
Il fait des respirations sur Ça ne sert à rien et pose sa voix superaiguë comme à la fin de Sea Song dans Rock Bottom. Il a un souffle circulaire comme les joueurs de didgeridoo (instrument à vent utilisé par les aborigènes – ndlr), il voulait me l’apprendre. Il peut tenir en apnée pendant vingt minutes. Pour moi, c’est impossible. Je l’ai rencontré grâce à Steve Nieve. Comme il était en promo à Paris, il a accepté de venir. C’est quelqu’un d’incroyablement gentil et timide. Il venait d’arrêter de boire, ce qui m’a bien fait marrer, à son âge… Maintenant il ne boit que de la tisane et de nous deux, franchement, c’était lui le môme".
Murat et Wyatt se sont recontrés pour une interview croisée avec TELERAMA en 1997:
"JEAN-LOUIS MURAT : Vous savez, je n'ai pas l'habitude de faire des interviews. Mais pour moi, vous êtes quelqu'un de très important. C'est vous qui m'avez donné l'envie de devenir chanteur, d'écrire des chansons...ROBERT WYATT : Je suis très touché. J'ai lu des interviews de vous et j'y ai retrouvé des émotions que je partage. Par exemple, quand vous parlez des animaux, vous dites qu'il faut les observer longtemps, essayer de se mettre à leur place pour les connaître et les respecter. Justement, il y a une chanson, Alien, dans mon disque, qui tente d'exprimer cela... "
http://www.lesinrocks.com/2013/02/28/musique/daniel-darc-entretien-11367889/
http://www.lesinrocks.com/1999/07/14/musique/taxi-girl-garcons-de-joie-11229582/
Bayon évoque Wyatt dans l'interview paru dans Libé le 25/03 et Murat le cite comme une inspiration pour son album Toboggan.
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VOICI UNE petite Sélection d'articles à lire à propos de DANIEL DARC:
http://www.lesinrocks.com/2013/02/28/musique/daniel-darc-entretien-11367889/
http://www.lesinrocks.com/1999/07/14/musique/taxi-girl-garcons-de-joie-11229582/
Une version live hallucinante... avec Olive, autre cramé... mort à 50 ans.
PS : Je l'ai déjà indiqué plusieurs fois, mais c'est Mirwais qui doit produire le prochain film de L.MASSON. De là, à ce que Madonna produise le prochain murat, il n'y a qu'un pas.
Les jours sont bien trop longs:
ET pour finir une chanson d'adieu... en l'occurrence de Darc à Mirwais... Et oui, Darc est déjà parti plusieurs fois...