Concert pour Clermauvergne, 2e partie : "passion publique", 17 juin 2012
Publié le 23 Juin 2012
Studio PIeroXAR
(producteur de l'Ours SCHREK l'auvergnat
in association avec
Pieramount Motion Pictures,
(producteur de Le Parrain d'Orcival)
et le Studio Miramurax,
(producteur de the patient auvergnat, Shakespeare in oh, my love, Retour à Cold Montagne, Kill BILLy, Gangs in C-F.)
PRESENTENT
Dans "Un concert sur-PRENANT the count-rendu faïneuiille ", LA (première partie du concert)
nos héros avaient remporté une première bataille haletante contre les forces de l'ennui et les ennemis de l'art (la clef du chant de Murat n'est pas le bon goût). Le scénariste, habilement (euh), y amenait les conditions d'une suite....
La voici donc sur vos écrans...
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Mais pour n'écarter aucun spectateur, notamment ceux qui n'auraient pas suivi les 352245 épisodes du pop-opéra ayant inspirés cette saga napoléo-sancyenne, nous nous voyons dans l'obligation de nous soumettre à la mode du PREQUELLE:
Générique en long Travelling arrière:
Le lièvre a du mal à remonter le cours ordinaire, mais pris dans son élan, dépasse 1829, puis, part au-delà du moyen-âge courtois... et s'emballe: passé même l'ère cabalistique de Lilith, dépassé le Népal, traversé la pluie, et les saisons, même le Miroir, dans une "chevauchée fantastique".... et tel Laurence, aux mêmes yeux bleus, reparcourir le long désert... jusqu'en 1984.
Nous voici donc à PASSIONS PRIVEES...
On en parlait via les mots de CLAUDE DEJACQUES là :
"A l'arraché, en mettant la gomme, je décroche un budget de 33T, ficelé total, musiciens inclus, des gars à lui; ceux des galères où Jean-Louis rame entre Clermont et Ussel*. C'est à RIOM que je retrouve l'équipe en répétition avant de plonger enfin au studio [...] Dès la sortie, la boite semble baisser les bras et le juridique cherche déjà l'issue de sortie du contrat".
Dejacques conclue ainsi "Il y a des artistes aux ailes déployées qui renient leur chrysalide, cet état transitoire où se conjuguent déjà les éléments de leur envol. Ils se veulent révélés en plein vol plutôt qu'en train de déplier leurs ailes encore flétries au soleil"... *Ussel?
Alors, oui, ce fut une surprise énorme (j'en ai fait mon joke de la première partie de Compte-rendu) d'entendre Jean-Louis annoncer l'interprétation de "PASSIONS PRIVEES" (tiré à 1000 à 2000 exemplaires selon les sources, Olivier Nuc coupant sans doute a poire en deux en disant 1500 dans sa conférence chantée)...
Surprise? Car Murat aurait-il rejeter ce disque? Sa mauvaise humeur face à la sortie de la compile "MURAT 82-84" par EMI pouvait peut-être le faire penser... mais en l'occurrence, il n'avait pas apprécié qu'EMI qui a lui rendu son contrat, cherche par la suite à se faire de l'argent sur son dos, avec un objet, qui plus est, mal fait (photo, faute)...
Dans une interview de Chorus en 1993, il indique : "En 82, j'ai enregistré un album de six titres, qui reste mon préféré, et en 84, Passions privées, tiré à mille exemplaires seulement, n'est quasiment pas sorti dans le commerce" (mince, je n'avais pas trouvé cette phrase lors de 'interview de Michel Zacha, ça aurait atténué ses regrets!!)...
Murat reprend pourtant "Johnny frenchman" dans "MURAT LIVE" (près de 10 ans plus tard, aux côtés de l'autre grand ancien : "suicidez-vous le peuple est mort"). Beaucoup ne doivent connaitre de "Passions privées" que ce titre du coup.
D'autres évocations dans des interviews:
"-Avec un vers comme "J'aimerais trouver la mort en voiture de sport", tu ne négliges pas ce que les autres pourraient ressentir ?
Non, ça ne dérange personne, ça. Les gens qui m'entourent me connaissent suffisamment. C'est de l'eau de rose en comparaison de "Passions privées" ou de "Suicidez-vous le peuple est mort", où il y a bien pire". (les inrocks 89)
Murat a expliqué qu'il ne pouvait pas chanter certains titres qui le replongeraient dans certains états émotionnels... Ce "pire" indiquerait donc que Murat n'a guère envie de regouter aux "états d'âme" de cette époque des galères... comme il ne goûte guère à se replonger dans "Dolores" (cf l'interview récente sur TV5,).
Autre citation ci-dessous intéressante que je résumerai par "Sincérité des émotions... et ambition artistique":
"Fais-tu un complexe vis-à-vis des Anglo-Saxons ?
-Dans Johnny Frenchman, sur Passions privées, je dis "Attends que la crinière pousse au lionceau", je parlais pour moi. Cette chanson était au départ une lettre ouverte à Costello, car j'avais lu une interview où il nous traitait de minables. C'était à l'époque des Pale Fountains : d'un seul coup, je sentais quelque chose de neuf, que je pourrais aller dans cette direction. Je voyais les Anglais comme des voyageurs modernes, avec une langue invincible mais je leur disais "Attends que la crinière pousse au lionceau", je sentais qu'il faudrait du temps. Ça peut s'apprendre, il faut avoir des connaissances en art poétique, aimer la grammaire, le vocabulaire, écouter beaucoup de musique, trouver son rythme à soi, ne pas se précipiter. J'avais conscience de partir de très loin. Un peu comme le retard de la renaissance française sur la renaissance italienne.
On pourrait penser qu'en vingt ans, le tour de ce genre musical a été fait. On peut soit baisser les bras, soit penser que le genre musical est acquis et que les territoires sont maintenant personnels, intérieurs. Et c'est encourageant, on peut croire que c'est un progrès de civilisation. Plutôt que de juger si le type est bon explorateur, s'il fait du nouveau, il s'agit de savoir s'il fait du vrai. Ici, on est assez fort pour l'exploration intérieure, pour avancer dans sa forêt vierge. On est plus introverti, on a plus le sens du sacrifice. A part quelques exceptions, des gens comme Lennon, eux ont assez peu le sens de la culpabilité. Dans cette espèce de far-west intérieur, on peut être les champions". (les inrocks 91)
dans la Montagne en 84
On ne peut donc pas parler de rejet de "Passions privées" par Murat... juste je pense du peu de goût pour se plonger dans le passé, préférer piocher des inédits plutôt que regarder en arrière... Et c'est bien pour cela que les fans hard-core ont immédiatement compris à l'annonce de cette réinterprétation qu'on allait vivre une soirée unique. Pour le reste du public, c'était plus délicat... notamment pour ceux qui réclamaient "le cri du papillon"... Cela peut expliquer le manque d'enthousiasme qui s'est installé globalement au cours de cette deuxième partie de concert... alors que cela avait gentiment chauffé précédemment.
Etait-ce pour autant un concert exigeant? Non, on n'a pas à se plonger dans un "ami amour amant" en solo... Juste effectivement pour l'assistance à "découvrir des airs et des textes nouveaux", délivrés guitare, basse, batterie... sans les ornements "sucrés" de Slim mais avec l'intervention des percussions et de l'harmonica des MIKAELIAN...
Mais soit...... j'avoue... Je ne sais plus comment retomber sur les pieds de mon compte-rendu, avec tous ces préalables.... J'aurais dû faire un plan en deux parties, deux-sous parties... Première partie : passions, Deuxième: privées... un truc comme ça, bien dialectique.... Allez, on recommence tout :
Il faisait beau ce soir-là.... et patati patata...et, ah, oui.... je reprends le fil!
Après l'annonce des résultats des bénéfices de la soirée pour l'association "Clermauvergne" de plus de 8000 euros (la plus grosse somme jamais atteinte pour un Kokolo?)... et un petit entracte, nous étions prêts à entendre "Passions privées":
Jean-Louis gratte un peu sa guitare...puis s'arrête... "On va vous le jouer dans l'ordre". Les assoiffés rejoignent la salle précipitamment... Sur scène, Christophe Pie et Alain Bonnefont semble très concentré et tendu.. Je suis un peu au fond de la salle pour avoir le meilleur son possible... au détriment de percevoir tout ce qui se passe sur scène (ainsi, JL qui perd son médiator.... l'épisode m'a totalement échappée).
Longue intro... plutôt basse, batterie... "LINDEBERG Business"... On retrouve la voix de Murat dans les aigues.. effet accentué par le refrain en s... On a droit à un bon solo, ponctué de "ooh", "oouh", de Jean-Louis. Bonne entrée en matière... mais mélodie un peu binaire. Ce n'est pas ma chanson préférée. Sur disque, elle est orchestrée avec beaucoup de synthés (Georges RODI) et une guitare à la ligne claire... qu'on ne retrouve pas... Il faut rappeler que Murat n'avait pas une totale confiance en son jeu de guitare à l'époque, Jérôme Pietri est crédité à ses côtés sur le disque. Le morceau est très largement étiré par rapport au disque (de deux minutes). Le texte est peu compréhensible... Murattextes fait semble-t-il une erreur : Matthieu me l'a signalé en discutant cette semaine.... Il faut entendre "tupamaro payera" ( au lieu de "To Pamaro vira"...), ce qui permet d'apporter l'éclairage d'une luciole dans l'obscurité de ce texte (je n'ai pas l'album vinyle encore, dans lequel les textes sont reproduits collés ensemble à la suite... comme le racontait Anne-Marie Paquotte, dans cet article qui fut si important pour Murat, que j'avais reproduit dans cet article consacré à quelques archives).
"Petite beauté"... Du Murat pur sucre. Mélodie simple ("fadeur curieuse" selon Bayon)... ponctuée par la basse... avec la voix qui peut se faire trainante. Le morceau pourrait passer pour une composition récente. Petit pont presque reggae? La version est assez fidèle au disque, même si la guitare me semblait acoustique en 84.
Murat: "Ca ne nous rajeunit pas, parce qu'on répétait comme ça tous les 3 y'a... On a fait quelques petites répètes et c'est revenu tout de suite... On est assez content de vous présenter ça...et ça sera une expérience unique"... Une phrase sans cynisme et ironie... J'y détecte peut-être un peu d'émotion...
Murat a un pupitre devant lui... mais sans papier visiblement... Il connait les textes par coeur. J'en suis un peu surpris. Bel effort ou professionnalisme..
Intro tout-à-fait proche du "cri du papillon"... mais cela reste down tempo.... C'est "Johnny Frenchman".... (et ce n'est pas dans l'ordre de l'album... je m'en rends compte maintenant). Sur Murat Live, la version était très country, peu dans l'émotion. Sur disque, une gimmick de guitare très funky... et une orchestration 80's... que j'aime bien. Jean-Louis reste peut-être plus fidèle à celle-ci. Le refrain est assez efficace... et Jean-Louis Murat se lâche bien... là, encore, un gros solo, violent, qui nous amène tout-à-fait ailleurs, avant de revenir sur le refrain en douceur, et un dernier redécollage... pour conclure? Non, de nouveau, un dernier couplet. Lancinant... Johnny, Johnny... Ah, le meilleur moment de la 2e partie pour le moment... Très très réussie! On connaissait deux versions très orchestrées... et le passage à "l'état brut" montre qu'on a effectivement à faire à une excellente compo de Murat (là, encore, indiquée comme telle par Bayon en 88).
Arrive sur scène Pascal Mikaelian... crédité sur le disque à l'harmonica, vibraphone et choeurs.
C'est pour "la louve"... mais je ne la tête guère (même si j'aime le Rhum). L'harmonica est certes plutôt sympa... L'interprétation de Jean-Louis permet quand même de sauver l'ensemble... Là, encore, pas ma chanson préférée. Un rien monotone. Basse lourde, rythme que je n'aime pas... Le morceau le plus faible de la soirée?
Très longue intro... avec une guitare qui vient s'immiscer de plus en plus fort... A ce moment-là, encore, je me dis que ça pourrait partir sur "le cri du papillon". C'est "USCHI"... et Jean-Louis fait jouer sa guitare... Pour Bayon, le titre était "parfait" sur disque (avec son orchestration originale, avec écho, percu, pont orientalisant), et ce soir, tout électrique, ça l'est également : dans Lilith, le titre se serait bien glissé.
Deuxième intervention (en gros) : remerciements des musiciens, "on était un groupe auvergnat bien avant que les (vannes aux groupes chantant en anglais?) soient là. Alain était au bahut, Christophe était en cavale... du collège... et on ne sait jamais perdu de vue.. On a fait Clara durant 3/4 ans", "On a enregistré à Riom, Riome Le beau [ce qui suscite l'agacement d'une Riomoise à côté de moi]... Ca fait une paye... vous étiez pas né je crois...". Puis, il appelle les frère Mikaelian : "bon, c'est pareil, c'était des gamins, on sentait déjà qu'ils allaient mal tournés". "on va tenter un truc pas évident, jazz rock un peu : Passions Privées".
Stéphane Mikaelian, ranchero, s'installe au djembé (c'est un certain SOUKA qui est crédité sur le disque). Le rythme donné est plutôt sympa... On a là une ambiance vraiment originale pour du Murat (et on se prend à rêver de l'album africain qu'il pourrait enfin faire). En réécoutant le titre sur le disque, je découvre sa belle orchestration (avec saxo)... "reste nue sous ta jupe en ce début juillet"... Jean-Louis Murat s'amuse cette fois plus avec sa voix... Christophe Pie assure les choeurs : "une femme, une femme". Excellent. Le public apprécie. Une jolie femme brune devant moi danse.
"Une dernière chanson typiquement clermontoise qui parle de la rue Montlosier..."... Une petite vanne à Pascal Mikaelan... Et ça termine très fort: vraiment la musique la plus prenante (air assez tubesque)... Et l'harmonica est très chouette (dès l'intro où il est au premier plan)... "encore une journée d'ennui"... Le texte est très court, et Murat scande certaines phrases... accentuant ainsi le propos... Très joli final... manque juste un gros solo de guitare fightant avec l'harmonica...
Applaudissements sages pour une prestation autour de "passions privées" de 40 minutes environ... J'avais compris qu'ils jouaient l'album en intégralité mais il manque finalement 3 titres à l'appel : "Pourquoi n'as-tu pas dis je t'aime?", "cargo de dieu", "l'étrangère"... Dommage de l'absence de "pourquoi n'as-tu..." qui est l'autre "tube" du disque à mon avis...
La lumière se rallume un court instant... mais le public continue de réclamer un rappel... et Jean-Louis revient rapidement... Ah, chouette... Il appelle : "Slim, Stéphane, vous êtes dans les parages?"... Murat commence à gratouiller... pour émettre le célèbre accord de conclusion... puis part sur une impro autour... Stéphane et Slim finissent par arriver... et on retombe sur les pattes du jaguar loin d'être ajourné... L'intro aura donc durée près de 3 minutes... en étant parfaitement "maitrisée" (on ne sent pas l'improvisation)... Ce n'est pas totalement débridé et sauvage, ni très ralenti, mais sur le ton juste... Jean-Louis finit en imitant le coq, le loup... 8 minutes trop courtes.
Cela se termine donc ainsi, et on est ravi de se diriger vers le bar et de pouvoir débriefer avec tous les fans de France et de Navarre... même si ça se clairseme très rapidement... Une petite fête privée semble organisée à l'étage... nous privant de discuter avec les musiciens, ou Rancheros présents (même si j'alpague tout de même Christophe Pie, avec lequel on parle de la tournée en première partie de Charlèlie Couture à la suite de l'album Passions privées, de la basse de droitier d'Alain... alors qu'il est gaucher... puis Stéphane M. qui nous évoque rapidement les conditions d'exercice du métier de Ranchero.. qui ne sont pas faciles).Quand le bar ferme, là aussi rapidement, certaines réclament de pouvoir remettre leur gros paquet cadeau, apparemment pleins de bonnes choses)... Jean-Louis arrive quelques instants plus tard... et discute un bon quart d'heure avec la dizaine de personnes présentes.
Même si les versions jouées par Murat sont toujours différentes, même si on a souvent des inédits, découvrir ou redécouvrir autant de titres étaient exceptionnelles... et ces titres ont largement démontrés qu'il méritait de figurer dans la discographie (même si le succès ne viendra que 3/4 ans plus tard). Constat aussi que Jean-Louis n'a rien perdu de sa voix et de sa capacité d'interprétation...bien au contraire.
Je me dis ainsi que peut-être Jean-Louis aurait peut-être intérêt à regarder plus attentivement ce passé... C'est devenu effectivement une mode, parfois un concept marketing (le succès récent de Gérard Lenorman...).. et des mauvaises langues pourraient dire que Jean-Louis Murat a copié sur Dominique A qui reprend "la fossette" en ce moment, mais ce n'est pas non plus totalement nouveau : les Sparks ont il y a quelques années chantés tous leurs albums (un par soir), Kraftwerk également il me semble.... Et je ne crierai pas au loup vendu aux Marchés si Murat faisait un "Manteau de pluie 2012"(avec un nettoyage de synthés)... ou misait sur un best of qui manque, je pense, pour conquérir quelques curieux et... faire tapis et relancer de 10... albums avec le succès revenu...
MERCI JEAN-LOUIS MURAT! POUR LES POMPIERS DE CLERMAUVERGNE, et pour les MONGOLES, et POUR NOUS...
- PROCHAINS CONCERTS:
* 30 Juin, NAMUR, concert gratuit... Où il démontra sa capacité à tenir en haleine une assistance de plus d'un millier de personnes, comme à Cluses il y a quelques années.
* 26 juillet aux Sables en VENDEE, avec Thomas FERSEN
Merci Armelle pour la photo, Merci Matthieu pour les quelques éléments donnés,
Je ne sais plus où j'ai récupéré les autres archives : alors, merci à tous les archivistes et aux grands anciens...
Allez, ouste, publication... ça ira bien comme ça...