Encore une interview "franco": TV5 MONDE...
Publié le 16 Juin 2012
BOn, je prépare mes petites affaires pour Koloko... mais un petit regard sur l'actu tout de même!
Une interview sur TV5.fr... avec de l'écrit... et un bout de vidéo... de petites et minuscules 22 minutes!! menées par une journaliste doloresien-muratien... En fond sonore, j'entends des bruits de casseroles... à moins qu'il s'agisse d'un concert... Pas le temps de tout regarder... mais il semble que Jean-Louis prend la chose sérieusement... même s'il semble que l'on retrouve ses grands thèmes récents... On le voit râler un peu sur les "erzats" musicaux... comme s'il n'était pas capable de trouver des talents dans les groupes locaux (et je sais bien qu'il en trouve... Le CD de NOEL de la Coopé en projet dont il devait être le directeur artistique le montrera j'espère)
Je rappelle qu'on aura peut-être du MURAT sur RFI ce soir.
http://www.rfi.fr/emission/20120616-1-speciale-francofolies-montreal
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Une rencontre avec Jean-Louis Murat aux Francofolies de Montréal
J’ai eu devant moi quelqu’un de charmant, un brin désenchanté et blasé, soit, mais intègre et sincère, aux opinons tranchées, claires et sans appel, qui ne joue absolument aucun jeu de séduction pour plaire à la journaliste, comme le font parfois des artistes ou des politiciens.
Il est ce qu’il est, c’est à prendre ou à laisser et ça ne changera rien à sa vie. Ce fut donc une rencontre intense et... passionnante ! Il faut dire que l’homme m’intriguait depuis longtemps, je connais bien son œuvre, que j’apprécie depuis toujours. Mais qui est celui derrière cette voix au velours sans pareil, ces chansons d’amour aux paroles si poétiques, ces mélodies uniques et si caractéristiques, ce rock sensuel ?
L’homme aux chagrins d’amour… qui s’ennuie facilement
C’est lorsque je lui ai fait remarquer que selon moi, l’album DOLORÈS (1996) était SON album, qu’il m’a précisé que ce disque avait été écrit et composé à cause d’un chagrin d’amour.
Et que finalement il était peut-être en état perpétuel de chagrin d’amour, ce qui pourrait expliquer d’ailleurs pourquoi il est un artiste si prolifique (une vingtaine d’albums depuis le début des années 80). « J'ai l'habitude de travailler je crois, je m'ennuie très facilement, au bout de 5 minutes je m'ennuie, alors je travaille c'est vraiment là que je m'ennuie le moins quand je travaille... »
Son dernier album, GRAND LIÈVRE, vient à peine de paraître qu’il me confie avoir déjà terminé le prochain, il reste juste à l’enregistrer. Où ? Il ne sait pas encore. Il nous a d’ailleurs chanté deux nouvelles chansons durant son spectacle du 8 juin au Club Soda de Montréal, peut-être qu’elles s’y retrouveront.
L’artiste qui ne veut pas l’être… et qui n’écoute pas de musique
Artiste… le mot est à prendre avec des pincettes quand on s’entretient avec Jean-Louis Murat. D’abord, il refuse de se qualifier d’artiste, il le reconnaît du bout des lèvres, parce que, me dit-il, faut bien écrire quelque chose sur ses papiers d’identité. Il ne les aime pas, les artistes, et a tendance à les dénigrer, ce sont des délinquants, des bandits selon lui qui ont juste canalisé leur délinquance dans la chanson et la musique.
Quand je lui fais remarquer que les artistes québécois soutiennent à bras le corps les étudiants qui dénoncent l’augmentation de leurs frais de scolarité, il me réplique avec un brin de cynisme :
« Les artistes c'est d'abord opportuniste dès qu'ils voient un mouvement social la hantise de l'artiste c'est de ne pas être dans le coup, c'est ça que je n'aime pas beaucoup chez les artistes il faudrait toujours qu'ils soient dans le coup, ça, c'est l'artiste, l'artiste francophone... c'est Nietzche qui disait c'est pas pour rien que les Français ils ont l'emblème du coq parce que le cop c'est l'animal qui tous les matins veut nous faire croire que c'est son chant qui fait se lever le soleil... les artistes ils ont un peu de ça, de faire croire que c'est leur chant qui fait se lever le soleil alors qu'on a envie de leur dire même si tu ne chantes pas le soleil va se lever quand même tu sais… Alors y'a un empressement des artistes et du milieu artistique à sauter là-dessus comme si le ressort d'une révolte - il faut que ça change il faut que ça change c'est insupportable - alors que je pense que la vie artistique, beaucoup notamment par la chanson, est beaucoup un agent réactionnaire de maintenir l'ordre comme par exemple la chanson québécoise c'est une chanson de maintien de l'ordre ... ça ne revendique rien du tout ... ça chante l'ordre établi... avec un côté réactionnaire c’est-à-dire un p'tit côté de c'était mieux avant… Je ne pense pas que les expressions artistiques depuis longtemps maintenant disons depuis un siècle je ne pense pas que le changement passe par l'art... j'pense qu'il passe plus par la technique que par l'art. »
Saviez-vous d’ailleurs que Jean-Louis Murat n’écoute pas de musique ? Sauf, à l’occasion, de la musique classique. Quand je m’en étonne, il me réplique : est-ce qu’un peintre passe son temps dans les galeries d’art et le chef cuisinier dans une cuisine ? Il me souligne qu’il n’éprouve pas le besoin d’écouter de la musique et qu’en fait, ce qu’il ne supporte plus, c’est cette espèce de nostalgie qui habite trop souvent la musique, « une musique de référence » comme il la qualifie… qui reprend les styles qu’il y avait dans les années 60, 70, etc. Comme si la musique, dit-il, avait peur de l’avenir.
Ne touchez pas à SON Auvergne
L’homme n’aime pas les villes, juste la campagne, en particulier SA campagne, il est né et vit dans un coin reculé de l’Auvergne, une région qu’il adore et qu’il craint de voir livrer en pâture au tourisme de masse et à cette industrie touristique qui dénature tout selon lui. Il me donne l’exemple des marmottes auvergnates qu’il a fallu protéger parce que les touristes les nourrissaient de barres chocolatées et de cacahuètes ce qui les rendait malades.
Il ne cache pas son mépris pour le touriste qui ne respecte pas les paysages et la culture de ce qu’il est en train de visiter. On sent que c’est une cause chez lui qui lui tient particulièrement à cœur, protéger ce coin de France encore sauvage, SON coin de pays qu’il ne quittera pas, même si la France, et surtout la société française, elles…
Nul n’est prophète en son pays
La France et la société française, Jean-Louis Murat ne semble pas les porter dans son cœur, il me confie d’ailleurs que sa carrière se porte beaucoup mieux au Québec, en Suisse et en Belgique, où il sent plus respecté, où il sent plus de déférence, qu’en France. Quand je lui demande pourquoi, comment il explique ce phénomène, il m’explique qu’il trouve la société française fausse et hypocrite, à double face, dans laquelle il ne se sent pas l’aise. Malgré tout, ce n’est pas cela qui le fera quitter ce « quelque part » où il vit et dans lequel il se plait.
L’entretien doit se terminer, le temps passe trop vite, je pose une dernière question à regret, j’en aurais eu encore tellement d’autres… Une autre fois peut-être ? Je laisse le plaisir, à ceux qui le veulent, d’écouter l’entrevue ci-jointe dans son intégralité.
« La langue française ? Pour moi, c'est l'essentiel »
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Et quelques photos des concerts du club soda!
http://www.dkfoto.ca/p345709232/slideshow
Enfin, un petit groupe auvergnat qui a été aidé par FRED JIMENEZ