Publié le 3 Juin 2023

Merci Barbara!  Désolé pour ceux qui ne sont pas sur facebook. Des vidéos seront sans doute visionnables demain sur youtube... Il s'agit de la  projection du clip "regrets" en entame du concert de Mylène Farmer au  Stade de Lille devant 40 000 (?) spectateurs...  Ca secoue...

La voix du Nord en a fait un article:

Nevermore: comment Mylène Farmer a rendu hommage à Jean-Louis Murat sur scène

Samedi soir, Mylène Farmer a lancé à Lille sa spectaculaire tournée « Nevermore » au stade Pierre-Mauroy. Dix jours après la mort de Jean-Louis Murat, elle ne pouvait pas passer sous silence cette disparition alors qu’elle a partagé avec lui un duo emblématique des années 90.

En 1989, Jean-Louis Murat sort son troisième album Cheyenne Autumn, sur lequel se trouve son premier titre qui marche en radio : Si je devais manquer de toi. Ses chansons arrivent aux oreilles de Mylène Farmer qui voit en lui son double poétique. « J’aime l’auteur, j’aime l’interprète. (…) J’ai souhaité lui envoyer un mot pour lui dire que j’aimais ce qu’il faisait, mais j’ai du mal à le faire. Je le formulerai d’une autre façon un autre jour  » déclare-t-elle en interview. Ils s’écrivent, se rencontrent… Et Mylène Farmer invite Murat dans son univers, avec la chanson Regrets. Un duo sombre, très beau, où un couple s’appelle au-delà de la mort. La voix très haute de Farmer et celle grave et lancinante de Murat se marient parfaitement. La chanson sort en 1991, sur l’album L’Autre, qui s’écoulera à 1,8 million d’exemplaires. Regrets, que Les Inrocks qualifie à l’époque de « collaboration douteuse », est un tube.  Jean-Louis Murat est mort, à 71 ans, il y a dix jours. Mylène Farmer ne pouvait pas ne pas rendre hommage à cet artiste et à cette chanson partagée. Pour autant elle n’intègre pas Regrets dans la setlist de la tournée Nevermore. Elle aurait pu pourtant profiter de la présence d’AaRON pour revisiter le duo, qu’elle n’a mis dans son tour de chant qu’une seule fois sur scène (seule, lors du Mylenium Tour). Aucun hommage n’est intégré au spectacle. C’est avant le début du show que ça se passe. Alors que le public du stade Pierre-Mauroy patiente et qu’il est déjà 21h10, l’écran géant sur scène, sur lequel était jusqu’alors écrit « Nevermore » en lettres rouges, s’allume. Dès la première image, les fans comprennent : en guise d’hommage, Mylène Farmer a décidé de diffuser le clip. Applaudissements, émotion… Le public écoute, chante et redécouvre ce clip en noir et blanc, réalisé par Laurent Boutonnat et tourné dans le cimetière juif de Salgótarjáni de Budapest.

 

 

Jean-Louis Murat est mort, à 71 ans, il y a dix jours. Mylène Farmer ne pouvait pas ne pas rendre hommage à cet artiste et à cette chanson partagée. Pour autant elle n’intègre pas Regrets dans la setlist de la tournée Nevermore. Elle aurait pu pourtant profiter de la présence d’AaRON pour revisiter le duo, qu’elle n’a mis dans son tour de chant qu’une seule fois sur scène (seule, lors du Mylenium Tour). Aucun hommage n’est intégré au spectacle. C’est avant le début du show que ça se passe. Alors que le public du stade Pierre-Mauroy patiente et qu’il est déjà 21h10, l’écran géant sur scène, sur lequel était jusqu’alors écrit « Nevermore » en lettres rouges, s’allume. Dès la première image, les fans comprennent : en guise d’hommage, Mylène Farmer a décidé de diffuser le clip. Applaudissements, émotion… Le public écoute, chante et redécouvre ce clip en noir et blanc, réalisé par Laurent Boutonnat et tourné dans le cimetière juif de Salgótarjáni de Budapest.

 

Et pendant ce temps-là à la BOUCHE D'air,  salle Paul fort, où Jlmurat avait ses habitudes, Florent Marchet, Belin, Albin de la Simone, Clarika, Ignatus chantaient aussi... Fort alamo

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 3 Juin 2023

bonjour, déjà 9 jours dans notre monde sans Jean-Louis...  9 déjà. Pourtant, il semble partout dans ce que je vois... même si les hebdo parus en fin de semaine sont un peu décevants (on se contentera de Paris -Match, Nlle Obs, Télérama, Charlie, on verra ça un de ces jours, rien dans le point, l'express, Marianne...). 

Merci encore pour votre aide, les commentaires sur le blog, tout ça! et Ps: des textes et hommages ont encore été rajoutés ici).

Je renonce à éditorialiser les articles prochains, ou à chercher à y mettre un peu d'ordre, car le temps me manque. Il faut que j'accorde la priorité à la préparation de notre rencontre du 23/24 juin à Clermont-Ferrand. Peut-être que c'est la première d'une longue série, le Fotomat m'a déjà proposé de ritualiser... à cette date symbolique déjà chargée de souvenirs (week-end dolos, koloko).  Il reste encore quelques pass deux jours... 

J'en profite pour vous dire que le camarade Michel KARTON rejoint la soirée tribute (à la place d'ARCWEST).  L'auvergnat est un vrai fan de Murat: il disait ceci à Pierre ANDRIEU: "Voilà un mec qui a réussi dans l'adversité : Murat au début ; c'était pas évident à écouter, les thèmes étaient un peu difficiles ! Il se fout de son image : il s'est fait connaître avec Si je devais manquer de toi mais il n'a pas refait indéfiniment la même chanson, comme Goldman par exemple ! J'aime bien son cheminement, je suis assez inconditionnel : j'ai tout ce qu'il a sorti ! Sur la tournée Mustango, il a osé surprendre en réinterprétant ses chansons avec des machines : il prend des risques. Ce n'est pas parce qu'il est d'ici mais il faut reconnaître qu'il sait écrire et qu'il a un univers ! C'est le seul d'ici à avoir réussi !". C'est à ce jour la seule modification au programme du week-end.

Par contre, le musicien dijonnais Michael DeFleur qui s'illustre notamment dans deux combos (rock et un cover band des Stones) avait prévu depuis plusieurs semaines de proposer un  programme OFF : celui-ci qui a assisté à 5 concerts de la dernière tournée chantera du Murat au caveau du Puy de la lune (petit lieu jazz et chanson de Clermont) de 16 à 17h, et c'est gratuit, le samedi 24. (1,8 km du Fotomat à pied, ou ligne A jusqu'au jardin lecoq).  Petite info: Nous devrions pouvoir vous proposer un peu de restauration au Fotomat. 

Un petit mot de Michael DeFleur :

Haiku pour Jean-Louis

"Remonter le fleuve Amour
Atteindre le Coeur
Nous priver du Poète."
Michael DeFleur

PS: Ayant eu la joie de suivre la dernière tournée,
voici quelques retours sur La Grande Boucle 2022-2023 :

Etapes "de route" :

AUXERRE (89) Le Silex vendredi 7 octobre 2022
Où jean-louis brille à la guitare
Vainqueur d'etape : JL MURAT MAILLOT JAUNE
DIJON (21) La Vapeur jeudi 27 octobre 2022
Ou jean-louis est en voix
Vainqueur d'etape : JL MURAT MAILLOT JAUNE

Etape "contre la montre" :
MONTLUCON (03) L'Embarcadere samedi 3 decembre 2022
Où jean-louis dépasse le mur du son
Vainqueur d'etape : JL MURAT MAILLOT VERT

Etape "de montagne" :
MEYMAC (19) Le Soubise cinema vendredi 3 fevrier 2023
Où jean-louis nous fait voir du pays
Vainqueur d'etape : JL MURAT MAILLOT BLANC A POIS ROUGES

Etape "arrivée du Tour" :
ROYAT (63) L'Avan.C vendredi 31 mars 2023
Où jean-louis salue le public (et sa mere) sur les Champs Elysées
Vainqueur du Tour : JL MURAT MAILLOT JAUNE.
(Criterium post-Tour : TULLE (19) Des Lendemains Qui Chantent vendredi 19 mai 2023)

 

Sur ce, partons sur un peu sur Europe 1:

 

On a commencé à parler de l'émission Libre Antenne sur Europe 1 ici avec la jolie intervention de Oomiaq (Régis Pulisciano, musicien du Mustango-tour). Cela a décidé en direct Y. MOIX de faire une émission spéciale le lendemain.   Depuis, on a beaucoup échangé avec Régis, et à part Muragostang, il faut aussi le créditer de la rencontre Murat/Camille, via une reprise réalisée ensemble... et même peut-être celle avec Fred (un soir à Benicassim, rencontre  avec As Dragon par sa connexion).  Il est très ami avec le frère de cette dernière également (Simon Dalmais).

Le lendemain, dimanche,   Régis me contacte à 17h30:  Il me demande de l'aider à trouver des invités et fournir des mp3 pour le soir même... J'arrive à mobiliser Marie-Jeanne Serero, Franck Loriou, et Stéphane Prin (ingé son sur Dolorés jusqu'à Moscou/1829...) et appelle au secours  l'archiviste en chef Five pour la musique (Oomiaq n'a plus le morceau de Washington que lui même avait mis en ligne jadis)... Hélas, Stéphane Prin ne sera pas appelé... et Régis et moi, pas en ligne pour aider Marie-Jeanne à répondre aux questions de MOIX dans la première partie qui est un peu flottante. Marie-Jeanne peut avoir un discours sensible et émouvant sur des brèves rencontres avec Jean-Louis Murat, mais ne le connaît pas en détail.

 

Petite prise de note avec l'aide de  FLORENCE :

Ca commence avec JLM chantant  "Memory Divine" écrite pour  Françoise Hardy, je n'avais pas un bon souvenir de cette prestation, mais ce n'est pas si catastrophique. Marie-Jeanne évoque Murat de façon très sensible: « Je trouvais qu’il était juste », « Il avait envie de rêver et de nous faire rêver », il avait « un humour qui pouvait être cruel, mais avec un cœur tellement tendre… ». "L'almanach amoureux", dont elle a fait les arrangements, est diffusé, suivi de quelques questions sur leur façon de travailler ensemble. « On parlait composition avec lui… et parfum ». Elle évoque aussi son« rapport au temps et au mouvement »... On peut regretter que la question suivante soit plus générale et n'aille pas plus avant dans les secrets de l'atelier des artistes. Marie-Jeanne conclut néanmoins joliment en disant : « Ce qu’il m’a appris, c’est sa délicatesse ». Elle retient « sa fluidité dans le travail », « son sens de l’amitié », « une forme d’élégance », définit sa façon de chanter en disant : « Il se rapproche de l’oreille de l’auditeur et il nous parle au cœur. C’est très doux »

 

Franck LORIOU intervient ensuite (il avait déjà parlé sur France Inter), et j'ai trouvé ça plutôt intéressant:

https://www.europe1.fr/emissions/libre-antenne-week-end/frank-loriou-photographe-des-pochettes-dalbums-de-jean-louis-murat-4185685

Il parle des fans qui doivent être  zélés pour suivre tout ce qu'il fait... mais pas aussi nombreux qu'il le méritait. Il est ensuite question de leur travail commun sur les 7 pochettes: "une approche assez poétique des choses, il me racontait des histoires, et ensuite, lui laissait proposer, sauf sur la dernière, où c'est Jean-Louis qui avait eu l'idée de se costumer en général d'empire. Il parle de leurs rencontres là-haut, "avec tout un protocole : regarder le tour de France, manger de la charcuterie, parler de tout et de rien, et à un moment, on faisait des photos, mais on avait installé quelque chose d'intime. Il était un des hommes les plus cultivés que je connaisse, intelligent,  et donc drôle, il aimait tous les arts, s'intéressait à tous, était très curieux et ne vivait pas dans le passé". Il est aussi question de la critique. MOIX fait une remarque plutôt juste sur sa retenue, qui lui permet d'être intemporel,  parle de raffinement [mais c'est aussi sa capacité à être "dégueulasse" qui est forte (comme nous le disait la Féline].  Ca se termine par une remarque assez juste de Moix encore: "30 albums c'est vertigineux, les fans doivent m'envier, il a tout à découvrir".

Avant le passage sur les ondes d'un certain Pierre, il y a une jolie archive avec Nikos A... Puis, il est demandé à Pierre de parler des débuts de Murat, de ses concerts, Moix improvise sur le peuple après "suicidez-vous.." et il est donc abordé sa série sur  les gilets jaunes, et les titres restant à découvrir, les artistes dont il est une référence, le wokisme, le cinéma...

https://www.europe1.fr/emissions/libre-antenne-week-end/pierre-fan-de-jean-louis-murat-le-suit-depuis-de-nombreuses-annees-4185686

Dans le podcast sur le lien ci-dessous , il manque un bout de l'émission (Oomiaq est un peu mis à l'honneur, et ça fait plaisir pour lui, quelques propos de Régis et la diffusion d'une version live inédite de  Washington.... Le certain Pierre qui a fini par m'agacer y citait Grégoire Bouillier, l'auteur en lice pour le Prix France Inter (il avait été dit sur FIP qu'il était un grand fan de  Muragostang)...  MOIX déclare être rentré dans l'oeuvre  de Murat grâce à ce titre, "je m'en veux de ne pas m'être intéressé", "il y a un génie".  "vous m'avez donné envie de rentrer dans son oeuvre"

https://www.europe1.fr/emissions/libre-antenne-week-end/regis-a-eu-loccasion-de-travailler-avec-le-chanteur-jean-louis-murat-4185687

Je vois que le bout manquant (mais pas la chanson Washington) est disponible dans la version complète de l'émission :  ici à 1h06'58.  Je vois que le vendredi, il avait été question de phlébite (liée aux avions).

 

En consultant le lendemain, le groupe fb de l'émission (18000 mb), je découvre qu'elle a une vraie communauté... et certains messages font plaisir notamment Anne qui remercie l'émission et dit "je ne connaissais pas et j'ai eu un coup de coeur".  Bon, ça valait le coup... et c'est la seule émission consacrée à Murat  depuis une semaine à ma connaissance.

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Pour rester sur EUROPE 1,  Taddéi a rediffusé ce vendredi 2/06, une interview datant de 2009.  Il reprend la parole avec une certaine émotion, "il va me manquer".  Il avait déjà diffusé la même interview le 27/05. J'ai un peu scruté le reste de l'antenne, je n'ai rien vu d'autres.

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J'ai enfin trouvé un petit moment consacré à Jean-Louis dans l'émission Musique! diffusé le week-end par Stéphanie Loire.  C'était le 28/05. Les louanges sont nombreuses, mais où a-t-elle pioché que Sheller l'avait découvert à 17 ans... Mystère.

Dans la nuit, deux diffusions du Col de la croix morand (le 26), fort Alamo le 27, mais rien entendu dans les journaux du midi;  le soir du 25, ils préfèrent consacrer du temps aux tacos... et le décès fait l'objet d'une brève en musique:

Le journal du dimanche matin (28) diffuse le Mont Sans souci.

 

TROP DE LIENS EN PLUS POUR FAIRE UN LIEN EN PLUS

Et j'ai piscine (et c'est vrai...), et... je découvre un mail dans ma boite qui m'empêche de penser à autre chose... Il vous est aussi adressé...  A très vite

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 2 Juin 2023

bonjour,

J'ai besoin de souffler. Voici pour ce soir... enfin.... finalement, c'est ce matin...  la mise à jour du site officiel avec la "bio discographique" signée par Franck Vergeade. Définitive... ou pas... mais en tout cas authentique.   On verra si cet article figure dans les Inrocks de la semaine. 

- Petite brève en passant: Jean-Louis est numéro 2 des ventes, pour la première semaine, alors qu' il était difficile de trouver le Best of dans le week-end, Pias n'avait naturellement pas prévu... Un disquaire a signalé sur fb des nombreuses ventes sur les autres disques, avec des trentenaires, quarantenaires, qui viennent de le découvrir...- 

Jean-Louis Murat
1952 – 2023

Crédit :  Julien Mignot

 

Du 45 tours mythique Suicidez-vous le peuple est mort (1981) au premier Best of (2023) de sa carrière, paru au lendemain de sa disparition brutale à l’âge de 71 ans, Jean-Louis Murat aura bâti, quatre décennies durant, une œuvre à la fois singulière, copieuse et incomparable dans l’Hexagone. Mémorables et inspirés, définitifs et surprenants, variés et complémentaires, ses enregistrements forment une discographie imposante et pléthorique dont voici les principales têtes de chapitres, entre vingt et un albums officiels et une quinzaine de projets parallèles (concerts, adaptations littéraires, bandes originales de films, DVD).

Né à Chamalières (Puy-de-Dôme) le 28 janvier 1952, Jean-Louis Bergheaud débute sa carrière de musicien puis chanteur dans Clara, un groupe d’obédience rock à la Dogs formé en 1977 avec trois musiciens locaux recrutés sur petite annonce, dont le guitariste Alain Bonnefont. Après quelques concerts remarqués, Clara joue à Paris dans un studio de RTL et tape dans l’oreille de William Sheller – une petite consécration, mais l’expérience tourne court. En 1980, Jean-Louis signe chez Pathé Marconi/EMI et devient Murat, un pseudonyme choisi d’après le nom du village grand-parental (Murat-le-Quaire) et du roi de Naples au XIXe siècle (Joachim Murat, évoqué dans Je me souviens). En 1981, paraît le premier 45 tours de Jean-Louis Murat, Suicidez-vous le peuple est mort. Sous couvert d’une pochette en noir et blanc signée Jean-Baptiste Mondino, ce titre minimal et synthétique révèle déjà la langue bien pendue de son auteur, inspiré par l’arrivée prochaine de Mitterrand au pouvoir. Hors format (six minutes) et mal compris (interdit d’antenne sur Europe 1), le single fait flop, mais deviendra culte. L’année suivante, il publie un mini-album éponyme, Murat (1982), mixé par Dominique Blanc-Francard. Dans la chanson qui porte son pseudo, l’Auvergnat esquisse un autoportrait en creux : “Murat/C’est l’âme d’un cinéma/Où la caissière se bat/Personne n’entrera”. 1984 sonne l’heure du premier album, Passions privées, encore mixé par DBF et illustré par une photo de Bettina Rheims. En dix plages, le style Murat se fait jour : voix caressante, écriture soignée, mélodies entêtantes, arrangements sophistiqués (on l’entend, comme chez Clara, jouer du saxophone). Certains morceaux (Petite beauté, Pourquoi n’as-tu pas dit je t’aime, L’Étrangère, La Louve) portent en germe le futur Cheyenne Autumn. Sans oublier le tubesque Johnny Frenchman, qui sera souvent interprété en concert. Le disque, seulement écoulé à un millier d’exemplaires, lui vaut une rupture de contrat chez EMI, mais une chronique dans Télérama témoigne d’un certain intérêt critique. Murat part en tournée estivale avec Charlélie Couture. Avant un silence discographique imposé de trois ans.

En 1987, Jean-Louis Murat signe chez Virgin, le label français le plus en vogue de l’époque, et sort le 45 tours Si je devais manquer de toi, imparable ritournelle électronique au parfum de saudade. Pour la première fois, le succès est au rendez-vous : 60 000 singles vendus. Et l’accueil médiatique au diapason. C’est Libération qui, sous la plume de Bayon, lui tresse les plus beaux lauriers sur une double page parue en février 1988 : “Profil rock de Bashung reprenant Chasseur d’ivoire (avec un soupçon d’accent Cabrel) ou de Manset chantant Bijou bijou”. Jean-Louis enchaîne avec un autre simple, Le Garçon qui maudit les filles, à la mélodie et au refrain instantanés. Annoncé par un troisième extrait, L’Ange déchu, Cheyenne Autumn paraît au printemps 1989. Posant devant l’objectif de Jean loup-Sieff, Murat se joue de l’analogie avec l’anniversaire de 1789 (Déjà deux siècles… 89…) et cite John Ford et Andreï Tarkovski (dont on entend la voix dans le titre Cheyenne Autumn) parmi ses cinéastes majeurs. Pour ce deuxième LP produit avec Christophe Dupouy, Jean-Louis a privilégié les nappes de clavier et une boîte à rythmes, ce qui confère à l’ensemble cette ambiance vaporeuse et quasi amniotique. Disque d’or l’année de sa sortie (100 000 copies), Cheyenne Autumn va marquer durablement la chanson française et influencer nombre d’artistes à travers des ballades spleenétiques qui font le grand pont entre Leonard Cohen et Léo Ferré, Robert Wyatt et The Pale Fountains, Jean Ferrat et Antônio Carlos Jobim. Dans le paysage musical d’ici, il y a véritablement un avant et un après-Cheyenne Autumn.

1991 est un autre tournant dans la carrière de Jean-Louis Murat. Propulsé au Top 50 pour son duo inattendu avec Mylène Farmer, Regrets, il publie à l’automne Le Manteau de pluie, un troisième album qui creuse le sillon de Cheyenne Autumn avec un casting comprenant, entre autres, Neil Conti, le batteur de Prefab Sprout. Avec les singles Col de la Croix-Morand (les références géographiques à l’Arverne sont un fil rouge de son répertoire) et Sentiment nouveau, Murat poursuit son escalade sur les cimes du succès (150 000 ventes pour Le Manteau de pluie, première couverture nationale dans Les Inrockuptibles). Pourtant, le disque est d’une mélancolie tenace (Le Lien défait), d’une beauté minérale (L’Éphémère) et d’une sexualité revendiquée (Le Parcours de la peine, Gorge profonde). Musicalement, derrière la production de la paire Murat/Dupouy, on entend des accointances avec les plages planantes de David Sylvian et autres pièces atmosphériques de Talk Talk. Il y livre aussi une adaptation en français d’un vieux titre de Michael Franks (Down In Brazil, rebaptisé Le Mendiant à Rio). De la même manière, pour un tribute en hommage à Leonard Cohen (I’m Your Fan, édité par Les Inrockuptibles), il propose sa version proverbiale d’Avalanche. En fin d’année, le quotidien Libération offre à ses lecteurs un CD hors commerce de cinq inédits de Murat, inspirés par le monde paysan (Le Berger de Chamablanc, Terres de France, Dordogne) et enregistrés dans la chapelle romane de Notre-Dame de Roche-Charles (Puy-de-Dôme). Immense disque sans batterie et au souffle rare, Murat en plein air est l’un des trésors les mieux cachés de sa discographie.

Changement de décor et de couleur en 1993 pour Vénus, où Jean-Louis Murat n’apparaît plus sur la pochette, laissant place à une orchidée en floraison. Fini le crooner synthétique, place au ménestrel guitariste, comme sur les ballades étirées La Fin du parcours, La Momie mentalement et Montagne. Entre pop songs limpides (Tout est dit, Le Monde caressant, Par mégarde) et chanson politique (Rouge est mon sommeil, à l’adresse de Salman Rushdie), Vénus maintient brillamment l’équilibre. Sur sa lancée, le chanteur décide enfin de (re)partir en tournée, dont il ressortira l’enregistrement public Murat Live (1995). À noter que la version limitée du disque inclut la bande originale du film (jamais sorti à ce jour) Mademoiselle personne, réalisé par Pascale Bailly, où il joue notamment aux côtés d’Élodie Bouchez (les rares images figurent dans le clip du Monde caressant). Changement de ton, encore une fois, en 1996 pour le cinquième Murat, fruit de six mois de séances au studio Davout (Paris) dont il déplorera, à maintes reprises, son élaboration fastidieuse. Et pourtant, Dolorès est un authentique chef-d’œuvre, voire même pour certains le sommet intouchable de sa discographie. Album de rupture amoureuse et artistique, Dolorès s’inscrit dans le son de l’époque au mitan des années 90. Le trip hop de Bristol et le sampler sont à la mode ; Jean-Louis envisage d’abord de collaborer avec l’insigne producteur Nellee Hooper (Soul II Soul, Massive Attack, Björk), avant d’y renoncer et de s’appuyer sur ses acolytes Denis Clavaizolle et Christophe Dupouy. Brillants de bout en en bout, ces douze morceaux forment un bloc qui s’écoute d’une seule traite, où Jean-Louis courbe l’échine (Fort Alamo), chante le désamour (Le Train bleu) et l’amour retrouvé (Aimer) comme personne. “Rien n’est important, j’écris des chansons comme on purgerait des vipères”, confesse-t-il au détour de Perce-neige.

Direction New York et Tucson (Arizona) en 1999 pour Mustango, le premier disque américain du songwriter français, qui s’est entouré de Calexico (le contrebassiste Joey Burns, le batteur John Convertino) et d’Elysian Fields (la chanteuse Jennifer Charles, le guitariste Oren Bloedow), ainsi que du guitariste courtisé Marc Ribot. Cela faisait longtemps que l’idée lui trottait dans la tête – Murat ne manquant jamais une occasion de tacler l’étroitesse de la chanson française. Avec cet album transatlantique, ouvert à tous les genres (des chœurs gospel de Nu dans la crevasse à la country folk pneumatique du single Jim), le Berger de Chamablanc touche au but. Et sillonne à nouveau les salles de concert avec trois musiciens, dont les fidèles Alain Bonnefont et Denis Clavaizolle (le live Muragostang, 2000). Au tournant des années 2000 et son passage chez Labels, la division indépendante de Virgin, Jean-Louis Murat compte publier (au moins) un disque par an, une cadence infernale comme disent les suiveurs du Tour de France qu’il affectionne tant (cf. Le Champion espagnol sur Grand lièvre). En 2001, avec Madame Deshoulières, il s’offre un pas de côté avec la complicité d’Isabelle Huppert en interprétant les textes libertins de cette poétesse du XVIIe siècle sur de la musique baroque. Ce disque symbolise les retrouvailles entre le chanteur et l’actrice, qui partageaient avec Béatrice Dalle l’affiche du film La Vengeance d’une femme (1990) de Jacques Doillon.

Pour son septième album, Murat souhaite prolonger l’expérience américaine, cette fois du côté de Memphis, mais doit y renoncer après les attentats du 11 septembre. Il se rabat donc sur une formule en trio, privilégiant la spontanéité à la sophistication. D’abord envisagé comme un nom de groupe improbable et porté par quelques singles à l’entrain immédiat (L’Amour qui passe, L’Au-delà, Foule romaine), Le Moujik et sa femme (2002) séduit par son évidence mélodique, sa souplesse rythmique et sa simplicité organique. Amoureux et faussement insouciant, Murat chante d’une voix aussi limpide que familière. L’année d’après, il triple la mise avec Lilith (2003), son premier triple vinyle. Écrit à la va-vite (de son propre aveu), enregistré en quatre jours, JLM marque les esprits avec vingt-trois chansons qui oscillent entre envolée électrique (Les Jours du jaguar) et accalmie acoustique (Emotion), single basique (Le Cri du papillon, avec Camille parmi les choristes) et escapade cuivrée (Le Mou du chat). En 2004, il s’accorde une pause récréative avec la complicité de son bassiste attitré Fred Jimenez, qui a composé les douze titres, et de la chanteuse new-yorkaise Jennifer Charles. En clin d’œil à Leonard Cohen (Bird On The Wire), A Bird On A Poire est un disque pop et coloré qui fait battre la chamade (Le Temps qu’il ferait) et du pied (Mashpotétisés). Décidément infatigable, Murat enchaîne la même année avec la parution du DVD Parfum d’acacia au jardin, qui comprend treize chansons inédites filmées par Don Kent au studio Guillaume Tell (Suresnes).

En 2005, Jean-Louis Murat apparaît étrangement les yeux bandés sur la pochette de Mockba/Moscou. Caché mais hésitant, il opte pour plusieurs directions, ayant déjà à l’esprit de mettre en musique les textes de Pierre-Jean de Béranger, le plus grand chansonnier du XIXe siècle auquel il consacrera un disque entier (1829, 2005). Au final, Mockba rassemble des morceaux imaginés pour un mini-album (Les Faubourgs de Moscou), trois adaptations de Béranger et des ballades arrangées par Dickon Hinchliffe (Tindersticks). Ces deux références parues en 2005 sont les ultimes pour la maison EMI et ses labels affiliés. Désormais en licence chez V2, Murat choisit un titre sicilien pour son dixième album (hors projet annexe ou bande-son), illustré par l’atelier M/M (Paris) avec lequel il entame une collaboration graphique. Dédié à l’ancien bassiste de Clara et perpétuant le jeu en triumvirat, l’étincelant Taormina (2006) renferme des chansons d’inspiration blues, où la mort environnante rôde et où les envolées électriques sont rares (mémorable Accueille-moi paysage). Observateur de son Auvergne natale, il chante L’Heure du berger ou Le Chemin des poneys. Avant d’entreprendre un ambitieux projet musico-littéraire autour des poèmes des Fleurs du mal de Baudelaire autrefois mis en musique par Léo Ferré. Logiquement titré Charles et Léo (2007), Murat se retrouve pour la première fois simple interprète, parfois secondé par la voix de Morgane Imbeaud (Cocoon). Jamais mieux servi que par soi-même, Jean-Louis joue tous les instruments sur Tristan (2008), suivant le fil d’Ariane de l’amour entre Tristan et Yseult. Un disque en solitaire à la fois intimiste (L’Amour en fuite) et limpide (Les Voyageurs perdus), magnifié par son aisance vocale.

Dix ans après sa première expérience américaine (Mustango, 1999), Murat remet le couvert, cette fois à Nashville (Tennessee). Enregistré avec des musiciens au CV prestigieux (Roy Orbinson, Al Green, Dusty Springfield), Le Cours ordinaire des choses (2009) est aussi une façon pour son auteur d’échapper à une réalité française qui lui pèse indéniablement. Parfaitement à son aise, l’Auvergnat brûle d’un feu ardent, comme sur les singles Comme un incendie et Comme un cowboy à l’âme fresh. “Chanter est ma façon d’errer”, comme il le dit lui-même. Accompagnant la version limitée de l’album qui paraît via V2/Universal, un documentaire réalisé par Laetitia Masson donne à voir les dessous de l’enregistrement en cinémascope dans les contrées de la country. Retour en France, et plus précisément à Saint-Rémy-de-Provence, pour Grand lièvre (2011), où le trio habituel est épaulé par le pianiste et organiste Slim Batteux (Percy Sledge, Ray Charles, Michel Jonasz) pour dix chansons contemplatives en mode folk laid-back et ralenti. Il y est question de ses terres natales (Haut Averne), d’exode rural (Vendre les prés) et de son hypocondrie légendaire (Je voudrais me perdre de vue). 2013 est un nouveau départ pour Jean-Louis Murat, qui tourne définitivement le dos aux majors et rejoint le label indépendant [PIAS]. Avec la régularité d’un album annuel, cet artisan de la chanson française continue son rythme discographique effréné qui lui sied tant. À l’image d’une pochette le montrant sur un vélo, Toboggan (2013) est le disque du recentrage : pas de musiciens ou presque (son ami Christophe Pie à la batterie sur le single Over And Over), un enregistrement à la maison pour des haïkus apaisés (Amour n’est pas querelle), des comptines acoustiques (Belle), des confidences introspectives (Extraordinaire voodoo). Rien n’augure du grand œuvre qui illumine l’automne 2014. Comme Dylan, son modèle transatlantique, Murat aime dire, faire tout et son contraire.

Enregistré avec le groupe clermontois américanophile The Delano Orchestra, Babel est un triple 33 tours de haute volée, qui faillit s’intituler La Bourboule pour situer l’inspiration géographique et lexicale (Chamablanc, Sancy, col de Diane, Chambon…). En vingt morceaux à la fois légers (La Chèvre alpestre, Camping à la ferme) et profonds (J’ai fréquenté la beauté, Frelons d’Asie), le “môme éternel” s’amuse comme jamais avec ses coéquipiers, lui rappelant le plaisir du jeu collectif, comme à l’époque de Clara. Comment rebondir après un quinzième album en forme de millésime qui a fait l’unanimité, même de la part des critiques les plus réfractaires à son stakhanovisme ? En empruntant évidemment une nouvelle direction artistique. Murat embauche ainsi deux musiciens de jazz – le claviériste Gaël Rakotondrabe et le bassiste américain Christopher James Thomas. Marquées dans leur propos par les attentats de janvier 2015, les chansons sont enregistrées dans une capitale meurtrie par la soirée tragique du 13 novembre sur les terrasses et au Bataclan. Par la force des choses, Morituri (mot latin signifiant “ceux qui vont mourir”) reflète par instants cette France endeuillée de 2015, renfermant même des textes tristement visionnaires (Interroge la jument). Et Le Cafard final ne peut être que partagé par l’auditeur. Prenant, encore une fois, les médias comme son public à rebours, Murat revient en 2017 avec un album électronique pensé comme un seul bloc, fait de collages sonores et de bruitages animaliers. Expérimental mais mélodique, libre mais construit, Travaux sur la N89 est un fascinant dédale entre Scott Walker et Robert Wyatt, Oneohtrix Point Never et Matthew Herbert. Les plus attentifs remarquent l’analogie thématique entre Cheyenn Autumn (1989), inspiré par la Révolution française de 1789, et Travaux sur la N89 (2017), qui célèbre l’anniversaire de la Révolution russe de 1917.

Ce disque est, en réalité, le premier volume d’un triptyque, dont le second paraît sous le titre d’Il Francese (2018). Marqué par le deuil de son batteur historique, Christophe Pie (Rendre l’âme, Je me souviens), et confirmant l’inclinaison transalpine de son auteur (le live de la tournée s’intitulera Innamorato, 2019), cet album grandiose voit Murat explorer encore le terrain électronique (Achtung, Ciné Vox), lui qui vante en interview les productions de Frank Ocean, Mykki Blanco ou Kendrick Lamar. À peine le temps de souffler que Jean-Louis Murat est déjà reparti vers d’autres horizons, en l’occurrence son amour pour Earth, Wind & Fire, pour un vingtième album qui groove comme rarement dans sa discographie, à l’image de la pochette d’un rouge disco de Baby Love (2020). Qui, malheureusement, paraît quelques jours avant le confinement historique dans l’Hexagone. Parallèlement au vaste travail de rééditions de son catalogue chez PIAS, l’insatiable songwriter change une dernière fois de label, Cinq7, qui édite La Vraie vie de Buck John (2021), inspiré par le nom d’un cow-boy de bande dessinée qui a bercé sa jeunesse. Une manière pour lui de poursuivre sa vocation romanesque vers l’Amérique qui l’a toujours fasciné. Murat ou le coup d’état discographique permanent.

Franck Vergeade

 

 

PS: J'ai un petit point d'interrogation sur : "Clara joue à Paris dans un studio de RTL et tape dans l’oreille de William Sheller". José Pereira de Plexiglas (voir dans les hommages) nous a raconté la venue de Sheller à la Bourboule. C'est Jean-Louis Murat qui a approché Sheller après une émission de radio.  JB. Hebey -oublié à juste titre  de l'histoire puisque sa société SUMO avait fait signé un contrat "pourri" à Jean-Louis Murat?) lui ne se rappelle pas de ce dit concert à la RTL. Peut-être que Marie précisera tout ça un de ses jours.   

Ensuite, et surtout, dommage de ne pas citer Zacha pour le LP MURAT, dont les crédits n'ont jamais été à jour sur le site officiel et ce dernier m'a confirmé que Blanc-Francard n'a pas participé (sur le vinyle seuls Zacha et Wagner sont indiqués) :  

Je te confirme bien que c'est bien moi qui l'ait réalisé. Qu'il a été enregistré au Studio de Flexanville par Vincent Chambraud.     Pour les crédits,  il y avait Bernard Paganotti à la basse et Georges Rodi qui a pu venir plus tard,  et ça, c'était du gâteau !  Je ne suis pas sûr du batteur mais ce devait être Jean Paul Prat celui d'Elisabeth Wiener dont je venais de produire l'album "Sauver sa Peau" dans ce même studio. Je l'ai mixé au studio 2 Pathé Marconi avec Claude Wagner.  Dominique Blanc-Francard n'est pas intervenu sur cet album référencé: 2C 030-72642 Z 198  (interview de 2012).

La mention du "Murat en plein air" ne mentionne pas qu'il s'agit avant tout d'un film (la fameuse VHS), puis les éditions disques... mais c'est vrai que le cd libé est une rareté. 

Edit: Je savais qu'il fallait que je relise attentivement le texte de FV... mais je ne l'ai pas fait...  Et Rémi m'indique qu'il y a bien sûr une autre erreur : "vieux titre de Michael Franks (Down In Brazil, rebaptisé Le Mendiant à Rio"... Il s'agit en fait de ANTONIO'S SONG.

Edit2 : Les images de "mlle personne" sont aussi dans le clip "Saint-Ex".

Je ne me rappelle pas de cette belle reprise, avec une voix bien agréable, alors voici (faisons vivre la musique de Jean-Louis Murat!):

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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