En premier lieu, j'expie: J'ai fauté, j'ai oublié ma litanie, mon crédo, ma confiture... En pleine promo, j'ai lâché l'affaire, et vous ai lâchement abandonné. Et bien, je l'ai très bien vécu. Alors vous avez intérêt à être gentil avec moi... En plus, après 8 ans d'ordi portable sur les genoux devant la télé (oui, ça explique un peu la qualité de ma production), mon cou commence à mal supporter la position. Et Murat, lui aussi, il a intérêt à reprendre la route, vers des salles de concert, parce que ça ne suffit pas du tout de se masturber les manettes en studio. Il peut reprendre le manche ou se faire aider par des machines, peu importe: on veut du plaisir...
Euh,.. bon, j'écris sous état grippal, un peu fiévreux.. donc, j'ai des excuses. Si, j'en ai.
1) Et en plus, sachez que j'ai mal à la tête... D'autant plus après avoir travaillé sur les chiffres de vente de Travaux sur la n89. Addition, soustraction, et tableaux excel avec des classements qui n'étaient pas présentés de manière identique et avec ce qui m'apparait comme des incohérences, j'ai frisé le burn out... et puis autant vous dire, que ça ne met pas en joie non plus.
En effet, même les fans ont déserté. La première semaine, l'album est rentré au 56 e rang (physique et download) ou 73e (avec le streaming) pour un total de vente de 1860 ventes (dont 156 téléchargements et 80 vente streaming). Morituri avait été vendu à 2455 (18e). Auparavant, seul Tristan avait fait une entrée plus timide à la 24e place.
En 2e semaine, 762 ventes et 49 download (162e ou 115e pour le classement vente album physique).
En 3e semaine (8/12 au 14/12), 542 ventes physiques (164e)...
L'absence de promo télé, le peu de radio sont préjudiciables à la petite vie de cet album... Je pense aussi que beaucoup n'ont pas osé aller plus loin que leurs premières impressions en ne procédant pas à l'achat.... alors que c'est un album qui se découvre après plusieurs écoutes.
Petit réconfort... enfin, gros: INDOCHINE est toujours au top avec le dernier album, qui contient une chanson de Murat. 12 000 albums encore vendus (début de décembre) alors que l'album est sorti en septembre! (Daho lui a vendu 16 000 disques en première semaine avec Blitz).
2) Le camarade Baptiste Vignol, hyperactif depuis quelques temps (je n'ai même pas réussi à vous parler de toute son actualité livresque: là, il vient de sortir son "Barbara" ) a quand même réussi à nous écrire sa petite chronique sur TRAVAUX SUR LA N89. Et l'amateur de chansons françaises a apprécié...
Un peu plus loin dans le blog, une interview intéressante de Gérard Davoust à propos de Renaud.
3) Matt Low vient de terminer son marathon d'une chanson par semaine... ET il termine pour la 21e avec une nouvelle mise en musique de Murat:
C'est quoi c'type Qui va sur l'Avenue ? Est ce bien moi Qui monte (hue!) une rosse ? On dit Bijou Rue de Paris Que je monte une rosse
C'est quoi c'kid Qui va sur l'Avenue ? Est ce bien moi Qui monte (hue!) une rosse ? On dit Bijou Rue de Paris Que je monte une rosse
Monter une rosse
C'est quoi c'type Qui va sur l'Avenue ? Est ce bien moi Qui monte (hue!) une rosse ? On dit Bijou Rue de Paris Que je monte une rosse
Monter une rosse
Quel idiot C'est le roi Pour l'été Qui s'en va A St Cloud
Quel idiot C'est la reine Qui s'en va Pour l'été A St Cloud
Et on n'oublie pas non plus , messieurs dames, la version excellente de "comment fait-tu ça" (signé aussi Murat) en duo avec Alain Bonnefont et une voix qui me parait de plus en plus grave...
... Ah, mon Dieu, qu'on perd vite le fil... Déjà 10 jours que je n'ai rien publié... J'avais pourtant quelques actus sous le coude.
Enfin, soit... Voilà donc une interview passionnante... certes, où l'on s'amusera du retournement de veste de cow-boy au profit d'un sweet à paillettes... en terme de référence musicale mais ce n'est pas la première fois... Je préfère en tout cas ça au discours "je n'écoute rien, que des vieux disques, et dans ma voiture"... La réponse sur Denis est intéressante car elle élargit nos connaissances sur leur relation, la remarque sur Marie Audigier est plutôt rigolote (et fera une phrase supplémentaire sur un article : "murat est-il meilleur quand il est malheureux?")... et enfin, Murat nous ouvre une nouvelle perspective de lecture en parlant de 1789 pour parler de "travaux sur la n89". Je note aussi que j'avais bien vu la référence à CORDES... qui est le château de Cordes où a été enregistré en partie Cheyenne autumn. Là, encore, Murat indique qu'il a semé des petits cailloux nombreux dans le disque... Ne le décevez pas: essayez de les retrouver... (cf la voix de Freud... pour penser à Matthieu)
À la sortie de Morituri (2016), ton précédent album, tu avais laissé planer le doute sur ton avenir discographique et te revoilà déjà avec Travaux sur la N89, seulement dix-huit mois après…
Ça m’a pourtant paru infiniment long. Dix-huit mois, c’est le temps de faire deux bébés… Je ne suis pas non plus un esclave. Ce n’est pas parce que l’on qualifie mon album de “merde” que je vais m’arrêter pour autant. Ma discothèque est d’ailleurs remplie d’albums qualifiés ainsi à leur sortie ! Dans la musique, les gens sont quand même un peu tordus. Quand on descend l’un de mes disques, j’ai de grandes chances qu’il soit réévalué avec le temps. Ce n’est donc pas une appréciation critique négative qui me fait quoi que ce soit.
Comme le titre de l’album le suggère, tu es parti sur un nouveau chantier, en remisant les guitares au placard…
Je n’ai effectivement pas apporté une seule guitare en studio. Depuis Robert Fripp et Sonic Youth, la guitare a craché tout ce qu’elle pouvait cracher. Alors, à quoi bon ?
Pourtant, la plupart de ta discographie est nourrie par la guitare.
C’était ma période d’esclavage. Sur Babel (2014), j’avais essayé de sortir du Middle West pour m’ancrer à La Bourboule. Fini le folkeux hors sol, place au chanteur AOC. Comme je le disais récemment à mes amis de Clara, mon premier groupe, nous avons commencé la musique à la fin des années 70 avec des machines : Minimoog et boîtes à rythmes lambda. Je me souviens que sur nos affiches de concert, nous avions écrit “rock européen”. Avec Travaux sur la N89, je suis content qu’il n’y ait plus rien de Californie, des Rocheuses, de l’Iowa ou du Tennessee. J’ai liquidé mon rapport de vassalité trop élevé à la musique américaine.
Pour ce disque, tu as retrouvé Denis Clavaizolle dans son studio de Cournon-d'Auvergne.
Je suis arrivé chez lui les mains dans les poches – ça l’a rendu dingue. Je n’avais rien de rien, même pas le début d’une maquette. Nous n’avons donc fait que des expériences sonores. J’essayais, par exemple, des boîtes à rythmes d’après leur couleur… C’était très très fun. Au bout de cinquante-et-un jours de studio, Denis m’a foutu à la porte. Il en avait marre, et je suis parti en courant.
Comment se sont passées vos retrouvailles ?
Avec Denis, nous sommes arrivés à la conclusion que nous étions parfaitement complémentaires et redoutablement efficaces au travail. Pourtant, on ne s’entend pas du tout. Nous ne sommes d’accord sur rien et nous ne serons jamais amis. Alors, on a fait un deal à la Jagger/Richards, en évitant tous les sujets qui fâchent et en restant uniquement concentrés sur le travail. Comme j’exagère tout le temps, Denis me supporte jusqu’à ce qu’il finisse par exploser. En studio, il y a une tension permanente entre nous.
Encore une fois, tu cartographies ta région natale en chansons.
Ce qui me plaisait dans le titre de l’album, c’est que je suis un républicain façon 1789. Autrement dit, l’idée de nation définie en 1789 reste en travaux – Travaux sur la N89 est d’ailleurs le premier titre qu’on ait terminé. Je ne peux pas m’empêcher de faire l’intello à trois balles, en revenant aux sources de la chanson. Car ça fait près de quarante ans que les chanteurs de 1981 nous font chier. Jean-Jacques Goldman et Francis Cabrel sont encore et toujours les plus diffusés sur les ondes françaises. 1981 est l’envers absolu de 1789. J’aime bien remettre un élément de la société française dans la chanson. Tout est en chantier, ce qui tombe bien puisqu’il y a encore des travaux sur la nationale 89. L’État laisse tomber l’ancienne RN89, qui est totalement démantibulée, désarticulée, donnée à Pierre, Paul ou Jacques. Selon moi, ce démembrement est symptomatique des agitations de la société française et de la perte du fait national esquissé en 1789. Je ne porte aucun jugement, je constate simplement. Depuis toujours, je me sens un enfant de 1789. Il suffit de réécouter certains morceaux de Cheyenne Autumn (1989) : “Deux siècles d'or/N'ont pu tuer/Ce chant heureux/De la jeunesse”.
La constance, c’est bien l’un des traits de ta personnalité.
Il y a effectivement des constantes en moi, qui rythment ma discographie (Sourire.) Ma fascination américaine, c’est Cheyenne Autumn, en référence au film le plus antiaméricain qui soit et où l’on voit l’obstination du petit homme blanc dégénéré à tuer les Indiens, en l’occurrence les Cheyennes.
C’est aussi l’automne de Tarkovski. Pour moi, John Ford et Andreï Tarkovski, c’est pareil. Il y a d’un côté le Far West extérieur, et de l’autre, le Far West intérieur. En faisant découvrir Le Miroir (1975) de Tarkovski à mes enfants, je me suis rendu compte que toute l’imagerie des clips relayés sur MTV depuis quinze ans singeait Tarkovski. J’avais déjà surpris Midlake, avec un culot insensé, s’approprier les images d’Andreï Roublev (1966) pendant leurs concerts. Autant dire que c’est terminé avec Midlake, un groupe que je vénérais pourtant. Pour finir de répondre à ta question, si Cheyenne Autumn était mon disque anniversaire de 1789, Travaux sur la N89 célèbre l’anniversaire de 1917.
Entre ces deux albums, il y a notamment eu Dolorès (1996), où l’on n’entendait plus la guitare.
J’ai enregistré beaucoup de disques et de chansons sur les souffrances insensées que m’ont fait supporter les filles. Avec mon cœur d’artichaut, j’ai souffert de l’amour des femmes. Aujourd’hui, je m’en fous : je suis entouré de filles entre 6 et 17 ans. Je suis un père et un grand-père à plein temps. Ça me paraît insensé d’avoir fait un disque comme Dolorès. Il n’y a pas de quoi se fouetter autant pour quelques paires de fesses. J’ai extraordinairement souffert à cause de ma manageuse, Marie Audigier. Je me demande si elle ne le faisait pas exprès pour me faire cracher des chansons. (Sourire.)
En écho à ta chanson Fort Alamo qui ouvrait Dolorès, il y a d’ailleurs un morceau qui s’intitule Alamo. Ma chanson préférée du nouvel album. Avec ce disque, j’étais tenté de composer des musiques de dessins animés à la Tex Avery, croisées avec l’univers du Beta Band. J’ai toujours été dingue de leur premier LP (ndlr. The Beta Band, 1999). Voilà un disque absolument indispensable. Dans l’esprit, je n’ai jamais varié de la démarche du Beta Band. En concert, c’était le rêve – ils se refilaient les instruments et on ne savait jamais à quoi s’attendre. De toute façon, Travaux sur la N89 est bourré de références – le morceau Cordes fait écho au lieu d’enregistrement de Cheyenne Autumn, et ainsi de suite.
Pour ce nouvel album, tu cites parmi les inspirations Mykki Blanco, Frank Ocean ou encore Kendrick Lamar…
Kendrick Lamar chante aussi bien qu’il rappe et inversement. C’est le Usain Bolt du hip hop. (Rires.) Mais à Clermont-Ferrand, ils ne sont pas très détendus du gilet. Même les musiciens les plus jeunes sont déjà vieux dans leurs têtes, ils ne jurent que par le folk. Alors, quand je leur fais écouter Mykki Blanco, ils partent en courant… J’adore les disques des mecs qui ont des problèmes d’identification sexuelle, comme Mykki Blanco ou Frank Ocean. Musicalement, ça apporte quelque chose de supérieur. Par rapport au penchant extrêmement machiste du rock, j’ai toujours eu un faible pour les chanteurs ambivalents. Je pense, par exemple, à Howard Devoto du groupe Magazine. Dans une soirée privée, je l’avais vu interpréter des chansons d’amour pour des mecs, c’était sensationnel.
Sans parler d’Antony Hegarty…
Je le vénère ! Mon Panthéon serait finalement constitué de types qui ne sont ni à poil ni à plume. Dans la musique, quand il y a cette souffrance-là comme chez Mykki Blanco, ça atteint des grands moments et ça disqualifie tous les groupes sévèrement burnés. Artistiquement, le flou de l’identité sexuelle fait tout. Ça a d’ailleurs fait arrêter Rimbaud. On peut d’ailleurs ainsi dévider toute l’histoire de l’art.
À l’écoute de Travaux sur la N89, on songe aussi à David Sylvian par moments…
Je n’ai pourtant jamais été friand de ses sonorités, ni même de sa collaboration avec Ryuichi Sakamoto. David Sylvian ne m’a jamais vraiment touché. Sans parler de son côté “Je suis tellement bon que je n’écrirais jamais de tube”.
Pour finir, on n’a aucune chance de te voir remonter sur scène.
Je ne tourne plus, non. Ça fait partie de ce nouveau monde – Macron a coupé les crédits, on ne peut plus chauffer les salles, les instruments sonnent faux. Le fiasco financier de mes tournées devant 100, 150 personnes, c’est terminé. Ce qui me manque, en revanche, c’est la vie en communauté. J’adorais quand nous partions sur la route comme dans un cirque. On dort dans le même hôtel, on discute, on débriefe jusqu’à 4 heures du matin – une vraie équipe de foot. À défaut de faire des concerts, j’aimerais beaucoup reprendre la vie itinérante. Je connais tellement de petits villages et des gens formidables. J’ai quand même tourné pendant trente ans. C’est la dimension du job que je préfère.
- Ce week-end, dans l'Humanité Dimanche (L'huma aime Murat, et ose même un "vive le Maréchal"... enfin, un "vive Murat".
- Dans le courrier de l'Ouest, on apprécie aussi:... et Oui, Jean-Louis, tu as raison,c'est bien de la chronique angevine que voilà...
LE TEASER EN PLUS
On finit cet article (la suite arrive demain ou ce soir!) avec un dernier teaser mis en ligne il y a quelques jours... L'occasion de se pencher sur la signification du terme teaser: message publicitaire aguichant. C'est vrai que les coups de pelle, moi, ça m'a toujours fait de l'effet.
On retrouve une 2e interview sur les ondes des radios publiques, sur France Info ce jour (3 minutes) après la petite séquence en fin de journal de 8 heures (le plus écouté de France je crois). Un Murat sur le mode "destruction"... mais qui ne renonce pas : "le prochain album? Je pense que je vais faire faire une compilation de cercueils avec des corps pourrissants de chanson à l'intérieur, va savoir...". Oups...
Autant le dire tout de suite, cet album s'écoute d'une traite, sans interruption et sans idée préconçue. Car au cœur de ces Travaux sur la N89 réside la déconstruction totale, de tout ce que l'on croit savoir de Jean-Louis Murat avant tout, avec un problème de taille au moment d'expliquer ce disque : "Quand tu es artiste, tu passes ton temps à expliquer ce que tu as essayé de faire, ce qui fait que tu te tires dans le pied continuellement".
Etonnant, oui, fascinant aussi, œuvre déstabilisante de liberté totale dans laquelle la voix de Morgane Imbeaud, notamment chanteuse de Cocoon, revient tout le temps. Il n'y a pas de refrain, de couplets auxquels se raccrocher, et c'est bien cela que voulait l'artiste auvergnat, qui s'est fixé une règle : "Dès qu'apparaissait l'ombre d'une chanson, c'était guillotine direct !"
Et ce dégoût de la chanson française s'accompagne chez Jean-Louis Murat d'un intérêt pour Kendrick Lamar ou Frank Ocean, artistes américains passés maîtres dans l'assemblage aléatoire des pièces d'un morceau. Pour Murat, c'est "une tout autre façon d'envisager la narration de ce qui se passe autour de soi". Et c'est bien quand il nous bouscule que Jean-Louis Murat est le meilleur, lui qui est déjà au travail sur un prochain album.
Jean-Louis Murat : "C'est un disque strictement capricieux, comme un sale gamin"
- Enfin, la revue de presse d'Europe 1 parle de l'interview de Murat dans le Figaro (article précédent)... La journaliste sait faire plaisir à son Pat Cohen...
Enfin, cette affirmation de Jean-Louis Murat dans Le Figaro : "Bob Dylan et Neil Young ne sont plus les chefs".
Eh oui, on s’en doutait mais la phrase faisant le titre même de l’article, c’est la preuve qu’il faut le dire, qu’il faut en prendre conscience. "Écouter Dylan à notre époque, c’est comme écouter un Te Deum, raconte Murat. Avant de faire ce nouvel album, j’avais l’impression d’être un homme de Neandertal, je n’étais plus en adéquation avec les pulsions de l’époque, je me sentais en décalage, et puis, petit à petit, je me suis découvert un amour pour Frank Ocean et Kendrick Lamar".
Si ces noms ne vous disent rien, c’est qu’il est grand temps de faire une mise à jour musicale. Par exemple en allant lire cet article passionnant sur le site d’information Les Jours : "Les rappeurs, nouveaux yéyé du streaming". "C’est une semaine de novembre comme les autres, écrit Sophian Fanen : dans le top 10 de la musique en France, 7 albums sont des albums de rap.
En vrac, il y a Niska, Orelsan, Soprano, Ninho ou encore les frangins Big Flo & Oli. Seul Michel Sardou résiste comme un vieux menhir au fond du jardin. Et ça n’est pas nouveau, c’est comme ça depuis juillet 2016, depuis que les écoutes en streaming sont comptabilisés dans les ventes". Pour qui ne le sait pas encore, le rap est le nouveau rock, et le téléphone portable le nouveau transistor.
Alors, comment se mettre à la page ? Retour à Jean-Louis Murat dans le Figaro : "j’ai compris en lisant Jacques Derrida : on démonte tout, on nettoie et on rebâtit un truc. On n’a pas le choix, soit on se barre en disant "ça ne m’intéresse pas", soit on se laisse prendre par le monde qui penche et qui vacille". Lui a choisi la deuxième option. Une interview qui parle de musique donc, mais aussi de l’époque, de l’accélération du temps et qui invite chacun, avec une note résolument optimiste, à une grande mise à jour.
1) Y parle d'abord, le Jean-Louis, à M. Olivier NUC... Et il s'amuse peut-être à le taquiner en taclant Neil Young (c'est déjà arrivé)... et même Bob Dylan (c'est peut-être un cas unique)... Et en tout cas, il garde le sens de la formule.
Jean Louis Murat : « Bob Dylan ou Neil Young ne sont plus les chefs »
INTERVIEW Le chanteur revient avec « Travaux sur la N89 », un album pour lequel il a mis en chantier sa méthode de travail. Occasion d’égratigner quelques idoles.
OLIVIER NUC
« On ne va pas passer notre temps à geindre. Si je n’avais pas fait ce disque, j’aurais arrêté la musique », explique Jean-Louis Murat. JEAN-LOUIS MURAT/PIAS En quarante ans de carrière, Jean-Louis Murat a eu plusieurs occasions de se réinventer. Mais il ne l’avait jamais fait aussi radicalement que sur son excellent nouvel album qui divise déjà ses admirateurs. LE FIGARO. - Quel a été le déclencheur de cet album ? Jean-Louis MURAT. - Je suis entré en studio les mains dans les poches, sans rien. Pas un mot, pas une mélodie. C’était intéressant. J’avais contacté mon collaborateur Denis Clavaizolle pour lui proposer de travailler deux ou trois jours. Le premier jour, on avait la chanson titre. Très vite, je n’arrivais plus à m’arrêter. Nous aurions fait un triple album si Denis ne m’avait pas stoppé. Il y avait au moins 120 pistes par titre. Le principe était que chaque ligne mélodique soit accompagnée de deux lignes de substitution afin que j’ai le choix au moment du mixage. Et les textes ont été écrits à la toute fin. Sur ce disque, tout a été fait scrupuleusement à l’envers. En avez-vous tiré un plaisir particulier ? C’est un des disques pendant la conception duquel je me suis senti le mieux. Avant, j’avais enchaîné une quinzaine d’albums enregistrés en une semaine. Là, on a passé 52 jours à faire des prises. Je n’avais pas pris autant de temps sur un disque depuis Cheyenne Autumn. La manière dont on fait de la musique aujourd’hui n’a rien à voir avec les méthodes des années 1980-90. Je me suis rendu compte de l’accélération du temps. Jamais des humains n’en ont vécu une aussi forte. On est obligé de tout revoir, ce qui est une chance. Certains s’en plaignent, moi je trouve ça sensass en termes de créativité. On ne va pas passer notre temps à geindre. Si je n’avais pas fait ce disque, j’aurais arrêté la musique. Vous aviez le sentiment d’être arrivé au bout de quelque chose ? Je n’étais plus en adéquation avec la pulsion de l’époque. Tous mes derniers disques sont complètement absurdes en termes de conception. C’est en faisant Morituri que je l’ai réalisé. L’attentat du Bataclan a suscité ça chez moi. Je me suis dit : « Ce n’est plus possible. On ne peut plus monter des scènes comme ça, faire de la musique comme au siècle dernier. » J’avais décidé de vendre toutes mes guitares. J’ai fait un sevrage volontaire d’à peu près une année pendant laquelle je n’ai pas écrit une chanson ni touché un instrument. C’est le bricolage (électricité, plâtre, peinture, menuiserie) qui a compensé. C’est la première fois que vous avez ressenti cela ? Avant cette pause, j’avais l’impression d’être un homme de Néandertal, je me sentais en décalage. J’ai longtemps donné le change en allant travailler à Nashville ou à New York, mais j’en ai eu assez de ce comportement de parfait vassal de la musique américaine. Aujourd’hui, Bob Dylan ou Neil Young ne sont plus les chefs. Je me suis découvert un amour sans fin pour Frank Ocean ou Kendrick Lamar. J’en ai eu ras le bol du côté Lagarde et Michard de Dylan. Quelle a été la conséquence de ce ras-le-bol ? J’ai débouché sur un territoire vierge qui m’a fait bousculer l’ordre habituel des choses et aborder le processus à l’envers. Il me fallait ne pas avoir d’idée, ne pas être sentimental ni romantique. Revenir à quelque chose d’instinctif. Je sauverais quelques intros des Stones, dernier endroit dans notre culture où il y a encore Éros et Dionysos. Moi qui ai toujours été très grand fan d’Oasis, j’ai été sidéré par le disque de Liam Gallagher, qui est resté bloqué aux années Tony Blair. En lisant un peu Derrida, j’ai adopté ce processus de déconstruction : on démonte tout, on nettoie tout et on rebâtit un truc. Comment est revenu votre appétit de musique ? C’est l’écoute à haute dose de nouveaux artistes qui m’a redonné envie. Kendrick Lamar en particulier. J’ai commencé un petit ouvrage intitulé Kendrick et moi. À 14 ans, ma vie a changé avec la découverte d’Otis Redding. Aujourd’hui, ma vie redémarre grâce à Kendrick Lamar. Il est mon sauveur : il est intègre, intelligent, sensuel, il a tout compris. Il est admirable. Vous avez l’impression d’assister à la fin d’un monde ? On ressent cela en lisant Vernon Subutex, de Virginie Despentes. La disparition d’un monde est souvent un phénomène très rapide. Écouter Dylan ou Neil Young à notre époque, c’est comme écouter un Te Deum. Hors de question quand on a des enfants à élever. Comme me le disent les miens, je pète le feu. On n’a pas le choix : soit on se laisse prendre par le monde qui penche et qui vacille, soit on se barre en disant « ça ne m’intéresse pas ». Je suis très content d’avoir fait ce disque-là. Lamar et le bricolage m’ont ramené à la musique. ■ SUR LE SITE DU FIGARO
(merci à Cao)
2) Murat était également ce lundi en fin du journal de 8 heures sur France inter. Une ou deux phrases d'interview, avec l'info donnée par le journaliste... que c'est les amis de Murat qui l'auraient incité à sortir le disque.
Si vous êtes gentil, je mettrai ça en ligne ce soir...
LE LIEN EN PLUS
Je ne sais pas si vous le connaissez, mais un petit coup de chapeau à ce blog qui a fêté ses 8 ans hier, beaucoup de copier/coller mais quand même un peu de recherche et d'analyse, des interviews et des archives inédites, et tout cela dans une bonne humeur...
J'avais oublié que j'avais cette photo datant de 2016 (vers le Chavanon).
Comme s'il en neigeait, et pourtant, les chroniques sur la N89 sont peu salées, on ne l'assaisonne pas! Du bon écho donc... Et de mon côté, l'automne était tout près de la fin, mes enfants, j'aimais de plus en plus… ce travaux (c'est sûr)... même si je préfère la Comtesse à Marquise. (comprenne qui pourra).
[...] On sait que Jean Louis aime se lancer des défis, mais je suis persuadé que personne n'aurait pensé qu'il se mettrait au vocoder. Il cherche, il expérimente, accompagné par ses copains de toujours (Alain Bonnefont & Denis Clavaizolle) ou plus récents (Matt Low, Morgane Imbeaud ou Sonia Hizzir), et nous offre là un album résolument électro. Oui, vous avez bien lu. Loin du power trio minimal qu'il affectionne tant ou des incursions avec Delano Orchestra (dont fait partie Matt Low d'ailleurs), l'album a vraiment de quoi suprendre. Autant "Chansons de Sade" qui clôt l'album aurait presque sa place sur Cheyenne Autumn avec une douce saveur nostalgique, autant les titres qui précèdent sont on-ne-peut-plus actuels.
& le pire, c'est que ça marche plutôt bien. On est tout de suite dans le bain avec "Les Pensées de Pascal", sorte de trip-hop boiteux, jouissif, sur lequel le natif de Chamalière pose son flow mélancolique, un délice expérimental, du jamais vu. C'est assez fabuleux ce mélange presque anachronique, ses moments de sifflements couplés avec ces beats plutôt lourds ("Cordes"), tout le disque s'échine à faire différent. Mélant rythmique tribale & vocoder à outrance ("Coltrane"), il ose tout. Le mec n'a rien à prouver, il fait ce qu'il veut, et le fait drôlement bien (preuve avec le génial "Quel Est Le Problème Moïse"). C'est certes déconcertant, on est loin des chansons cartes postales auxquelles il nous avait habitué, (et encore, on en retrouve quelques bribes à diverses endroits), mais nous propose à la place des électro-comptines ("Le Chat", "Garçon") voire du quasi électroclash avec le court "O Sole Mio".
Jean Louis Murat s'amuse, sort des sentiers battus de sa campagne qu'il a parcouru de long en large pour ce nouveau disque, qui est une vraie réussite, il faut bien le dire. Immédiat, surprenant évidemment, et terriblement bon aussi. Surtout.
Il y a donc de superbes moments en effet, d’agaçantes et frustrantes ruptures qui conduisent à revenir à ces passages. Métaphore du zapping perpétuel de nos sociétés ? Finalement c’est une forme de boucle qui se construit : et si écouter l’album en mode repeat était la solution ? Dans les paroles certains mots nous rappellent bien l’univers habituel de JLM : « Coltrane », « Travaux sur la N89 » ( et son superbe piano d’intro, si brève l’intro…) ou encore « La vie me va ». Qui connaît Murat en concert ne sera pas surpris de voir le chamboulement car enfin, il a toujours cassé les codes et envoyé valser la bienséance de concerts formatés se ressemblant au risque de l’effroi du spectateur-auditeur venu entendre les tubes radios : Muragostang en est le meilleur exemple, mais pas l’unique. La tournée en duo guitare batterie, superbe réussite, témoigne, elle aussi, d’une capacité hors norme à tout bouleverser. Paradoxalement, cet album si peu évident à écouter nous invite à la réécoute et agit par strate. Des lignes de basses, des nappes, des moments aériens, d’autres bien plus terriens, nous ramènent à l’évidence du talent mélodique de l’auteur. Et nous invite à dire « Encore ! »
4) Pour sortir du net, voici l'article de Rolling Stone (paresseux):
LE LIEN EN PLUS
- J'étais déjà tombé sur ce site qui me parait être à disposition des attachés de presse net... rien d'intéressant, mais histoire d'être complet:
1) Pas des masses de choses à se mettre sous la dent en terme de promo... Mais l'album en tout cas suscite de longs débats! Comme d'habitude!! C'est forcé vu la diversité des muratiens, mais cette fois, c'est assez tranché : "disque immense" contre "horreur intégral"!! Certains annoncent qu'ils n’achèteront pas le disque... alors qu'il nécessite à coup sûr des nombreuses écoutes pour s'y introduire... mais d'autres s’enthousiasment ("Cordes" est un des moments de musique francophone les plus saisissants de ces quinze dernières années dit Laurent, c'est effectivement ma préférée pour l'instant).
[Cordes? ça vous dit quelque chose? Est-ce le château de Cordes bâti à Orcival? On trouve le mot avec et sans accent... notamment dans le livret de Cheyenne autumn... "enregistré à Cordes/Picherande/Paris/Clermont"]
Je me suis permis de piocher certains commentaires sur fb:
Clément Chevrier, bassiste de Matt Low, par exemple, écrit:
Avec Jean-Louis Murat, ça dure depuis 1999. Matt m'avait filé des bruits de couloirs, disque fou, qui ne ressemble à rien. En liberté, on s'en doutait, c'est le bonhomme. Première écoute, l'oreille n'a le temps de se poser nulle part, pourquoi pas. Deuxième écoute, on se frustre, décidément, on envisage un geste à la Residents, un Commercial Album et son abandon de la durée, pourquoi pas. Puis on digère, on laisse reposer, on réécoute à l'instant avec l'envie de replonger qui a doucement monté et la claque s'ouvre, arrive, enveloppe. Disque immense. Des noms ? Au-delà de Christophe, tutoyer Wyatt, distribuer les mélodies tel Don Cherry, (dé)composer avec Aphex Twin ou Mykki Blanco. Mais on ne fait qu'effleurer. C'est la tarte à la crème, "multiplier les écoutes pour entrer dedans" sauf que cet album n'a aucun équivalent et qu'il faut bien l'admettre, il le supporte et le mérite.
Du côté des avis négatifs, Yann, qui a signé l'excellente discographie parue dans Crossroads est sévère... Je publie tel quel:
Moi, mon problème, c'est que justement ce n'est pas "plutôt bien fait". Vouloir sortir des sentiers battus (et en l’occurrence du blues rock pépère des dix / quinze dernières années), je suis pour. Mais c'est quoi ces sons dégueulasses ? T'as l'impression qu'il retrouve le son de la fin des années 80 (Cheyenne Autumn et Le Manteau de Pluie) mais produit en numérique sur Pro Tools (une version des années 90). Le résultat est d'une laideur incommensurable, comme la présence de Morgane I., chanteuse à peine digne d'intégrer un cover band de Liane Foly, et que JLM semble vouloir prendre pour la nouvelle Jennifer Charles. Et puis il n'y a juste pas de chanson. Bref, une horreur intégrale. (Ce commentaire est l'occasion pour Rémi Boiteux qui a signé la chronique des Inrocks de réaffirmer l'opinion contraire: "Nous avons rarement été aussi peu d'accord! C'est un si beau bordel!", Rémi qui n'en mourra pas ainsi, écrivait d'ailleurs que les chansons sont "magnifiées par les renforts (Morgane Imbeaud en tête sur plusieurs titres)". [Pour ma part, concernant la voix féminine, je reste sur la même position exprimée plusieurs fois: si j'ai du mal avec son inspiration sur les chœurs non-verbales, quand il s'agit de mêler sa voix à celle de Jean-Louis Murat, je trouve toujours cela plutôt réussie).
Du côté des Inrocks, on aime toujours (JD Beauvallet y compris). Un autre article a été publié signé Jacques Simonian sous le titre "les 5 albums à écouter cette semaine":
"Avec ce nouveau disque, Jean-Louis Murat, plusieurs décennies de carrière au compteur, adopte une posture sonore bien inhabituelle par rapport à son blues-folk de routine. L’album commence avec Les pensées de Pascal, un titre qui emprunte quelques codes à la musique électronique. La suite est du même acabit, tout aussi expérimentale, et s’amuse même à s’aventurer sur un terrain plus hip-hop pour le titre La Vie Me Va. Également, Jean-Louis Murat invite en renfort la chanteuse Morgane Imbeaud sur plusieurs titres (La Vie Me Va ; Garçon), ou encore le producteur Denis Clavaizolle. Comme point de repère au milieu de ses Travaux sur la N89, on peut toujours s’accrocher à la verve poétique du chanteur, dont la langue française ne semble avoir aucun secret pour lui. “J’aime pas les travaux / J’aime pas le travail ” affirme-t-il sur la chanson titre de l’album ; pour notre part, on est sous le charme de ses Travaux et de son travail".
On compte quand même quelques modérés:
JF Jacq, qui vient de publier une nouvelle biographie sur Ian Dury (chez Ring):
Fan invétéré de Murat, me concernant il me faudra du temps irréversible que je m'accorde avant de tenter de rentrer de plain-pied dans ces travaux, pour le moins déroutants. Je fonctionne donc au compte-goutte quant à son écoute. Ainsi je n'ai pas encore été jusqu'au bout de l'album. Suis-je le seul à devoir en passer par m'accorder ce temps ?
Fred Signac, l'auteur de la chanson "En attendant Bergheaud":
Fan comme toi Jean-François de Murat,j'ai écouté d'une traite l'album à deux reprises.J'ai eu du mal à écouter jusqu'au bout.Ce disque est plutôt un exercice de style,pour ma part raté, qu'un album ("son meilleur album"depuis "Mustango" comme j'ai pu le lire), avec prise de risque.Ce n'est pas l'arrangement électro qui signifie réussite ou prise de risque.Je trouvais "Charles et Léo" absolument fantastique et beaucoup plus aventureux,casse-gueule, chanter les poètes aujourd'hui,que cet album. Néanmoins Murat est un homme libre, il le prouve encore,respect pour le bonhomme et son oeuvre.
Je me classerais dans cette catégorie pour le moment, mais le constat est toujours le même: Un survol de ce disque est impossible, il faut se familiariser avec ce foisonnement de sons et de ruptures. Même si dès la première écoute, on reconnaissait immédiatement le son muratien (c'est pourquoi on n'est pas pour moi dans une vraie surprise, ou une révolution totale -je viens de lire que quelqu'un trouvait ça "soft au bout du compte"), c'est à la 4e écoute que j'ai commencé à percevoir, peut-être un fil, ou du moins des chansons, et à prendre du plaisir. L'esprit peut mémoriser quelques bribes, plutôt musicales... alors qu'on aimerait aussi retrouver quelques fulgurances muratiennes, du style: " Vivre en gastéropode, en gentiane, en Poulidor ", ou l'ensemble du texte du "jaguar". Cet album est né d'une crise si ce n'est "vocationnelle", au moins d'inspiration... La démarche d'improvisation permettait d'y pallier... et, j'en suis assez persuadé, de retrouver aussi l'envie de "nous parler" à terme. D'ailleurs, il a annoncé lui-même qu'il a déjà enregistré des nouveaux titres.
Comment continuer à intriguer quand, comme Jean-Louis Murat, on sort un nouvel album au minimum tous les trois ans, depuis près de 30 ans? Dix-huit mois après Morituri, le bougon magnifique répond par la provoc. Aussi ridicule que génial, Travaux sur la N89 (du nom de l'axe reliant Lyon à Bordeaux en passant par son Auvergne chérie) porte bien son nom. On peut y voir un clin d'oeil à l'Autobahn de Kraftwerk. Ou simplement y lire une mise en garde: ceci n'est pas vraiment un album, c'est un chantier. Une route en déviation, chahutée, fracassée, avec des fragments de jazz, d'autotune, des boîtes à rythmes déclassées et des mélodies concassées. Extravagant, boiteux, Travaux tient de l'itinéraire bis, dont il faut accepter les détours pour profiter des paysages inédits.
Le point 3 qui devient un LE LIEN EN PLUS
Parce que bon, ça tient de l'écume...
Alors, je jetais en replay un œil sur "la nouvelle star", afin de savoir qui prendrait la digne succession de Steeve Estatoff, Cerrada ou Emji... Et je n'avais pas fini de me demander ce que pouvait bien faire dans la vie la dame (Nathalie Noennec) un peu coquine assiste aux côtés de Biolay... qu'elle a énoncé le nom de "Jean-Louis Murat", pour dire qu'elle avait travaillé à ses côtés...
J'apprends ensuite qu'elle a crée la polémique il y a peu en tâtant le kilt d'un participant (ça ne pouvait pas mieux tomber dans l'actualité je dirais "sexiste", CSA saisi et tout le toutim)... La polémique s'est semble-t-il vite arrêtée car... aucune ancienne victime d'harcèlement de Nathalie ne s'est fait connaitre... Oui, aucun média n'a reçu le témoignage d'un jeune chanteur aux yeux clairs, qui aurait été coincé dans un couloir de Virgin dans les années 80... Aucun?? Que neni, je suis là pour rappeler les faits, car harcèlement, il y a eu à coups de : "Fais comme Daho!!", "Etienne le fait bien", ou "Fais comme Julien...".
Et oui, il semble que cela pourrait être bien cette Nathalie,avec d'autres, qui chez Virgin avait effectivement la charge de "marketer" ce produit auvergnat... qui refusait (parfois) de faire comme tout le monde.
"Avant j’étais dans la maison mère de Virgin, comme Daho. Donc j’étais coincé entre Renaud, Julien Clerc, Etienne Daho et tous ça. Et durant mais deux ou trois premières années chez Virgin j’ai vécu l’enfer, parce que la phrase que j’ai entendue le plus souvent c’était : « Etienne le fait bien ». Par exemple on me disait : on pourrait faire une bouffe avec la programmation d’NRJ, je disais vous êtes surs, ça me fait vraiment chier, et on me répondait mais enfin « Etienne le fait bien ». On me disait : on pourrait aller voir le mec de la chance aux chansons, « Etienne le fait bien ». A la fin j’en avait marre je disais Etienne je l’emmerde, il voulait toujours me faire faire ce que Etienne avait fait. Alors petit a petit dans les interviews j’ai commencé a dire Etienne Daho, il me fait chier, parce qu’il dit amen a des truc que je ne ferais jamais. Après on voudrait que je les fasse en me disant : « Pourquoi tu crois que tu es mieux qu’Etienne Daho ? Tu peux bien faire les trucs que fait Etienne. Etienne le fait bien » "
Trêve de plaisanterie: Pas certain qu'il en ait tenu rigueur à Nathalie (comme il est resté ami avec Alain Artaud). Celle-ci sur son profil linkedin résume son parcours en maisons de disque sous l'appelation "DA Image" (durant 14 ans chez Virgin, puis Emi) , mais sans citer Murat cette fois, mais Biolay, Daho. Souchon et Air.
Voici Nathalie entourée de la fine équipe crémeuse de la grande époque de Virgin...Dont Alain Artaud (interviouvé et Murat ici), Zelnik, Thonon et Nataf.
Dans les nouveautés de cet album, il y a notamment le visuel (au revoir et à bientôt à Frank Loriou, et adieu à M / M). C'est cet angle que Libération a choisi de traiter... Et on voit le rôle et l'influence de Madame B., même si Monsieur B. a semble-t-il choisi au final. Celle-ci ne fait pas l'unanimité, mais elle va bien à l'album. On peut regretter l'absence d'un véritable livret, mais la taille des textes (on n'est plus sur un album du musicien que du poète?), il ne s'imposait pas.
On peut tout de même signaler la qualité graphique des albums de Murat à travers les âges... même si j'ai peut-être un faible pour les visuels plus personnalisés (notamment le décrié Mockka ou le Cours Ordinaire des Choses).
Il fallait un visuel de rupture pour un album radical. Rachel Cazadamont, qui a contribué à créer l’esthétique de la French Touch, a cassé les codes habituels de Jean-Louis Murat.
La ligne graphique «J’ai d’abord proposé de travailler à partir de photos découpées, qui se seraient inscrites à leur manière dans la continuité de l’esthétique des disques de Murat, mais on m’a répondu que ce n’était pas du tout ce qu’on attendait de moi. Il souhaitait une proposition "graphique et radicale". Je me suis alors retrouvée entièrement dans mon élément. C’était drôle de voir revenir les problématiques que nous avions connu dans les années 90 avec les artistes techno, qui ne voulaient pas apparaître sur les pochettes, mais cette fois pour un chanteur dont le travail a, au contraire, toujours été très incarné et qui ne connaissait pas forcément cette culture électronique.»
La commande «Normalement, je travaille en relation avec l’artiste, qui me fait écouter son album avant que je ne commence à réfléchir au visuel. Cette fois, rien ne s’est passé comme d’habitude. Je n’ai pas pu entendre un seul morceau et je n’ai jamais rencontré Jean-Louis Murat. C’est sa manager, qui est aussi sa femme, qui m’a fait une forme de commande en utilisant des mots comme rupture, collage, coupure, cassure, montage…» Les panneaux stylisés «A cause du titre, j’ai vite pensé à des éléments routiers, au code de la circulation, d’abord avec des images de marquage au sol. Puis, cet été, sur la route des vacances en Auvergne [la région de Murat, ndlr] - une pure coïncidence - j’ai eu cette vision des panneaux, avec leurs formes, leurs couleurs, que j’ai synthétisées au maximum. La pochette a été réalisée très rapidement. J’ai envoyé cette proposition, ainsi que deux autres plus sombres et psychédéliques. La réponse a été immédiate : "Jean-Louis veut celle-là."»
Les titres coupés «La N89 est une route qui traverse l’Auvergne en passant par Clermont-Ferrand. Il semble qu’elle soit toujours en travaux et empoisonne la vie de la région. J’ai coupé les lettres et les mots en songeant aux termes utilisés pour me parler de l’album. Quand enfin j’ai pu l’écouter, bien après que la pochette a été finalisée, j’ai retrouvé cette sensation de mash-up ou de cut up musical, qui me semble aussi être présente dans ce visuel.»
Murat va vers son risque. Et son pari est réussi. Travaux sur la N89 est son meilleur album depuis Mustango. Ça nous change drôlement de "Camping à la ferme"...
Murat adapte le free jazz à la chanson française. Rien que ça.
On va quand même le dire : Le dernier album de Jean-Louis Murat "travaux sur la N89" (Pias) sort ce jour.
Et a y est: j'ai écouté "Travaux sur la N89" comme quelques autres fans (à mon compteur, un peu plus de 200 auditeurs au moment de la plus forte affluence sur le facebook live: une action sans grande ampleur mais vraiment amicale pour les fans). A la première écoute, et à la lumière de ce que j'en avais appris, je ne suis pas vraiment surpris et désarçonné... mais pas pour autant déçu. Il y a bien sûr des sonorités un peu nouvelles ou qui rappellent Dolorès et Muragostang, mais aussi qui rappellent les prestations live, et improvisées, de Jean-Louis, souvent foutraques, parfois délirantes. Du coup, pourrons-nous comparer ces expérimentations à celles d'un Manset Grande époque (y'a une route, 2870, animal...)? Les prochaines écoutes nous le diront.
Autre réflexion -peut-être hasardeuse-: les photos promotionnelles nous montrent un visage de Murat cagoulé et camouflé... Après Morituri, et sa thématique, je ne peux pas n’empêcher de faire un parallèle. Il nous parlait du terrorisme dans un cadre formel classique; là, il passe à un certain "terrorisme" musical... Evacuer toute idée de sérieux et détruire toute idée de chanson dès qu'elle apparaît (tu vois le dégoût profond du genre !) écrivait-il dans sa dernière interview (cf article précédent du blog - NB: Je m'étonnais de la rapidité de retranscription de Pierre Andrieu pour cette interview... En fait, Murat a répondu au questionnaire par mail! )
En attendant, L'écho républicain a apprécié, et invite certains chanteurs français "bien installés dans leurs habitudes" à prendre exemple... Oulalala, et bien, on serait mal: Julien Clerc qui composerait à la guitare? Cabrel avec David Guetta? Calogero qui arrêterait la démagogie? Céline Dion qui partirait 6 mois dans un monastère boudhiste pour faire un "graceland" tibétain? euh... redevenons sérieux (d'autant qu'on n'est pas tant que ça dans une "révolution"... enfin.. un tour complet sur soi-même peut-être...):
Travaux sur la RN89, le nouvel album studio de Jean-Louis Murat sort vendredi 24 novembre. Il est de ceux qui provoquent quelque chose... Du Murat, évidemment, mais au-delà.
Un Murat qui retrouverait le temps où il se baladait DAT - support d'enregistrement et de lecture numérique sur bande magnétique 3,81 mm conçu par Sony à la fin des années 1980, dixit Wiki - en main pour saisir sons et bruits "naturels".
Enfin.., plus que le temps, il retrouverait la démarche originelle puisqu'il s'agit-là d'un opus en phase avec son temps, peut-être même un poil en en avance.
JLM a consacré de nombreuses sessions à la création de cet opus chez son ami Denis Clavaizolle à Cournon (Puy-de-Dôme), il (dé)livre, une manière d'ovni.
LE PETIT SUISSE EN PLUS
Un petit marronnier de la presse culturelle:"poésie et chanson"... qui évoque Ferré/Murat.