2023 apres

Publié le 27 Octobre 2023

J'ai fait l'article précédent très vite fait sans prendre le temps de recherche. Il s'agissait de vous parler d'un concert hommage ce vendredi 27/10 au Café du Palais à Lons Le Saunier.  JLR (merci) me signale des vidéos du projet (même si ce soir il y aura un bassiste en plus).

Comme l'année dernière où j'ai raté d'un jour le concert à Dijon, je suis passé à Lons hier... 

Il y a des enfants un peu turbulents lors de cette captation. Sur le Mont Sans Souci, ça nous rappellera presque Jean-Louis en train de babiller... 

https://www.facebook.com/Sacreblues.harp

Voilà pour ceux qui avait projeté les sources de La Loue, les reculées, et de s'avaler du Mont-Dore d'OR... 

LE LIEN EN PLUS

 

L'archiviste en chef Five-R a modifié le nom d'affichage de sa chaine Dailymotion en "Passion Murat". C'est l'adresse à connaître pour se replonger dans des archives. https://www.dailymotion.com/five-r

Mais il a mis en ligne sur youtube une belle séquence live, l'émission Pollen de 94 avec Foulquier avec un excellent son:

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 25 Octobre 2023

Bonjour 

Je n' en sais pas plus... Mais je vous partage ceci.

Le lien en plus

"De fait, son album La Symphonie des éclairs provoque un éblouissement rare, du même ordre – et ce rapprochement n'engage que l'autrice de ces lignes – que jadis Cheyenne Autumn de Jean-Louis Murat. L'impression de pénétrer dans un univers à nul autre pareil, d'emprunter un passage secret vers des sentiments nouveaux..."

https://www.marieclaire.fr/zaho-de-sagazan-interview-la-symphonie-des-eclairs,1461715.asp

Le lien en plus

Je vous ai parlé du livre de F. Lardreau. libération aussi: 

https://www.liberation.fr/forums/trente-deux-personnalites-par-les-monts-emerveilles-20230911_ZNMPUZOLRBAZHBPUAANYNDE24E/

Le lien en plus 

On a déjà croisé Sinaïve ici. Il cite encore Murat: 

https://www.popnews.com/2023/09/11/sinaive-il-fallait-creer-son-propre-modele/

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 10 Octobre 2023

bonjour,

Je crois que j'ai fait la bise à Stéphane Reynaud l'autre jour à Orcival. Je ne me voyais pas me rapprocher de certains, mais Stéphane, je voulais aller lui témoigner de ma sympathie. Il a toujours été très gentil avec moi, sa timidité est touchante, et il y a notre fraternité montagnarde:  En été 2008, je descendais des Cornettes de bise, montagne du Chablais, dans un sentier alternatif, sous un couvert de végétations, et humide..  voilà que dans une partie bien raide, portant un gros sac à dos en bon papa, surgit un batteur en plein effort... et sa famille. Tout le monde est bien surpris qu'un fan le débusque là! La rencontre est furtive, l'endroit ne se prêtait pas à plus... mais c'était rigolo.

Je ne suis pas le seul qui l'apprécie tant l'article du Dauphiné Libéré paru dimanche a fait plaisir aux fans sur les réseaux sociaux.  J'arrive donc un peu tard, et je vais donc tenter d'apporter mon petit plus.

En attendant, voici donc l'article récent:  https://www.ledauphine.com/culture-loisirs/2023/10/07/l-ex-batteur-de-jean-louis-murat-stephane-reynaud-garde-le-tempo?fbclid=IwAR152S_psgWnnAfW1wpQMWTc08_Z5rnNG2OflATobsN46_41-ygA7slZ6nU

 

« Jean-Louis Murat était l’artiste avec un grand A » : son ex-batteur, Stéphane Reynaud, garde le tempo   Pascal Arvin-Bérod - 07 oct. 2023 
Après avoir accompagné durant 20 ans Jean-Louis Murat, le batteur Stéphane Reynaud est de retour dans le Chablais. S’il parle volontiers de ses souvenirs et son admiration pour le musicien auvergnat, aujourd’hui il participe à des projets et donne des cours de batterie avec son fils.
Après avoir accompagné durant 20 ans Jean-Louis Murat, le batteur Stéphane Reynaud est de retour dans le Chablais. S’il parle volontiers de ses souvenirs et son admiration pour le musicien auvergnat, aujourd’hui il participe à des projets et donne des cours de batterie avec son fils.
Dans cet “atelier du rythme” où il transmet son art avec passion, vingt ans de complicité avec Jean-Louis Murat continuent d’inspirer le batteur Stéphane Reynaud.
Caisses et fûts, pédales et cymbales comme s’il en pleuvait, garnissent cet “atelier du rythme”, aménagé au rez-de-chaussée du domicile de Stéphane Reynaud. La pièce idéale pour un cours de musique. De ceux que dispense le batteur thononais, associé à son fils Léonard dans Guitar drum lab, une petite structure via laquelle père et fils forment à la musique en groupe.
« Une façon, aussi, de m’ancrer », ajoute Stéphane Reynaud. Le Chablais n’a jamais cessé d’être son port d’attache, entre deux enregistrements ou deux tournées aux côtés de Jean-Louis Murat. Deux décennies de fidélité à l’auteur-compositeur-interprète, brutalement disparu le 25 mai dernier. De quoi charrier un flot de souvenirs.
À commencer par Lilith , double album qui fête ses vingt ans. Stéphane Reynaud n’a pas oublié. « Fred Jimenez, un ami bassiste qui jouait avec Jean-Louis, m’appelle pour me dire que ce dernier recherche un batteur. Je dis ok, on me donne rendez-vous au studio. Je n’ai même pas passé d’audition. Nous avons enregistré à Paris puis nous sommes partis en tournée dans la foulée. »
Entre le Chablaisien et l’Auvergnat, le courant passe d’emblée. Une passion commune pour la soul et le rhythm’n’blues des années 50 et 60 a servi d’accélérateur. « Jean-Louis était fin connaisseur. Il s’intéressait aussi au jazz et à la musique classique » souligne, toujours admiratif, le batteur.
Autre dénominateur commun, leur aversion partagée pour un « milieu parisien branché » que ces deux provinciaux attachés à leurs terres ont côtoyé. « J’ai bien essayé de m’installer à Paris mais… je ne suis pas un citadin », reconnaît Stéphane Reynaud. Et d’évoquer le souvenir de la ferme de Jean-Louis Murat, où celui-ci aimait à recevoir ses musiciens.
Au fil d’albums enchaînés à un rythme soutenu, le batteur a appris à composer avec le versant médiatique de son métier. « La télé embellit tellement les choses. Les journalistes à la recherche du buzz chauffaient Jean-Louis. Arrivait toujours ce point de rupture, qui pouvait le faire passer pour quelqu’un de détestable. » La scène est un autre jardin dans lequel chanteur et batteur se sont épanouis. « Grand fan de cyclisme ou de Formule 1, Jean-Louis y voyait une dimension sportive. J’aime cette idée. »
Un rythme soutenu que le Covid a brisé. « Je n’ai pas repris de tournée depuis le deuxième confinement, un peu lassé aussi, il faut dire, d’être souvent sur la route », confie Stéphane Reynaud.
Son activité, quelque peu recentrée géographiquement, se partage désormais entre plusieurs projets, dont celui du trio du pianiste Pascal Wintz. Et, naturellement, dans cet “atelier du rythme” où il déploie une notion qui lui est chère, celle de transmission.
Une pièce emplie de musique, de passion et aussi d’un grand absent, à jamais présent. Jean-Louis Murat, salue avec émotion son batteur, était « l’artiste avec un grand A, avec ce que cela peut comporter d’excès, dans l’exagération comme la gentillesse. »
Bio express : itinéraire d'un batteur
Classique, jazz, rock… On écoute de tout chez les Reynaud. Stéphane, le cadet, découvre la batterie à 11 ans. Il essaye d’autres instruments mais sa décision est prise tandis qu’il accompagne, dans la cave de ses parents, le groupe de son frère. « Une révélation. » Dans les bacs du disquaire Jacques Favrat, il fouine, découvre, s’emballe. Après deux ans de solfège, il opte pour un apprentissage empirique. Puis c’est le temps des groupes de bal, et celui du conservatoire d’Oyonnax, aux côtés d’un professeur féru de jazz. À 16 ans, il tourne en première partie des Inmates. « 16 ans, c’était un peu jeune mais on se crée un réseau. » Avec les Bordelais de Kid Pharaon, il enregistre outre-Manche. De retour dans son fief, alors qu’il dispense ses premiers cours de batterie, l’aventure Murat est sur le point de le happer.
Murat à "Taratata", Johnny à Genève
Outre Murat, Stéphane Reynaud a accompagné en tournée le Suédois Peter von Poehl, avec lequel il a – de même qu’avec Murat- enregistré “Taratata”.
Au sein de son groupe Daddy-O, il a accompagné Johnny Hallyday. « C’était à Genève. Nous avons joué du rock’n’roll des années 50. J’ai été scié ce soir-là par sa voix. »
Beau souvenir également que le tandem Murat-Reynaud, seul sur scène en 2013, lors de la tournée Toboggan.
Autre tandem, celui formé avec son fils Léonard. Leurs cours sont ouverts à tous.

 

En 2011, un article du même genre, où il était aussi question de sa collection de vieilles batteries:  à lire ici

 

Au Koloko 2011 (concert pour ClermAuvergne), je capte la section rythmique que la France et la Suisse de la musique envie à Murat... et dont certains profiteront tout de même (au fil des années, on a parlé à l'occasion: Marc Aymon, L'autre Philippe).

des nouvelles de Stéphane Reynaud... et  des souvenirs avec Stéphane Reynauddes nouvelles de Stéphane Reynaud... et  des souvenirs avec Stéphane Reynaud
des nouvelles de Stéphane Reynaud... et  des souvenirs avec Stéphane Reynaud

- Stéphane Reynaud dans les MANIACS de Genève... qui ont bien bourlingué (notamment aux cotés des Thugs, et des Needles de Fred Jimenez) et réalisé plusieurs albums.  Article ici et une page wikipédia (en allemand), et une chaine youtube

En 2009:

https://www.discogs.com/fr/artist/509098-St%C3%A9phane-Reynaud  (il n'a pas participé au très intéressant disque "égyptien" du groupe... Petit clin d'oeil à un projet non abouti de Murat).

Ensuite, Stéphane jouera notamment avec les KID PHARAONS (pas de rapport avec l'Egypte cette fois). Il portait déjà le gilet mais on le voit faire quelques mouvements chorégraphiques de baguette que l'on n'a peut-être pas vu en accompagnant de Murat!):

 

 

 

 

- Saut dans le temps:  à l'occasion de LILITH  (Batteur magazine N°162)

 

 

 

On termine par la tournée toboggan évoquée dans le premier article, Stéphane et Murat en duo...

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres, #2023 après

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Publié le 6 Octobre 2023

bonjour,

Je vous propose de découvrir mon petit travail de la semaine... qui est un très très vieux projet (dès la sortie du disque?). J'ai décidé de m'y mettre enfin  lors d'une montée à Paris pour le concert du Trianon en 2022. Mon matériel étant décevant, je l'ai à nouveau mis de côté... Mais le magnifique enregistrement live de la chanson (sorti de console, merci au talentueux Théophane Bertuit) lors du Week-End Murat, yes sir!,  m'a incité à m'y remettre.  Magnifique interprétation et que dire de la guitare du fameux Fred "Lézard".

Voici donc mon petit clip sur "les lieux" d'Eryk e. , texte de Jean-Louis Murat. (je vous invite à le regarder sur un écran pas trop petit). 

 

 

Voici le live que je vous remets pour écouter le propos préalable d'Eryk e, qui était très ému.

 

Dans la chanson, dite inédite, AMEN OTIS (face B de "par mégarde", dont le titre fait aussi référence à OTIS Redding: on l'entend en introduction chanter son "amen" ):   on retrouvait déjà cette rue des Pyrénées et cet amour déçu en juillet...      Est-ce que le fait d'en avoir fait deux chansons prouve qu'il y a là une histoire vraie? Mystère...  Il n'existe pas en tout cas à Paris de Rue Bondy depuis 1944 (c'est la rue René Boulanger, je vous en parlais dans un article "playlist juillettiste"-mais ne cherchez plus la boutique de produits auvergnats Bergheaud à OTHIS, c'est fermé).

 

AMEN OTIS

 

ralentissez le pas
pour le pire, pour le meilleur
gardez les yeux sur moi
pour le pire, pour le meilleur

amen, amen

j'habitais rue Bondy
vous rue des Pyrénées
quand soudain vers minuit
ce lundi vingt-deux juillet

vous veniez
à l'affection, à la douceur
j'aimais me dévouer
à la religion du bonheur

je vis loin de Paris
et vous où je ne sais
pensez-vous vers minuit
à nous les vingt-deux juillet

quand vous veniez
à l'affection, à la douceur
j'aimais me dévouer
à la religion du bonheur

amen, amen

La version du disque:

 

LIENS EN PLUS DES HABITUES

Habitués du blog:

- Bertrand Dicale qui doit lutter pour ne pas placer du Murat dans chaque chronique... mais pour parler du Pape, il n'y avait pas pléthore de choix.   "le pape musulman":

https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/ces-chansons-qui-font-l-actu/le-pape-plus-souvent-drole-que-severe_6051467.html

 

- Olivier Adam a sorti son livre annuel... On n'y retrouve pas Murat a priori cette fois (utilisez la zone recherche du blog pour retrouver les différents articles)... mais il en parle en interview quand on l'interroge sur l'artisanat, "j'adore Jean-Louis Murat"... et de parler "des chansons qui puent la chaise". c'est un peu avant 8 minutes.... avant la diffusion d'un extrait de  "chanter est ma façon d'errer" (que cite encore ADAM ensuite).

https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/invite-rtl-olivier-adam-ecrire-c-est-revenir-au-monde-et-le-toucher-sans-mettre-de-gants-7900298476

 

LE LIEN EN PLUS QUI ARRIVE DE DIABLE VAUVERT

Emission sur France Culture sur Ferré/Baudelaire... et Murat est convoqué avec Morgane Imbeaud:

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/tour-de-chant/leo-ferre-et-les-poetes-2-charles-baudelaire-9805626

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 2 Octobre 2023

Après la petite ou grande (je n'ai pas décidé encore) déception du Magic spécial, j'ai découvert avec plaisir les 10 pages consacrées à Jean-Louis Murat dans HEXAGONE numéro 29.

Comme de bien entendu, c'est Nicolas Brulebois qui s'y colle. En grand admirateur mais capable d'avoir un regard critique, il livre une analyse plutôt juste, mais toujours personnelle et subjective, et il rend très bien hommage à la spécificité de l'oeuvre de Jean-Louis Murat, dans la chanson française, par sa résolution à ne rien céder au texte sur la musique, à l'inspiration, notamment sexuelle, sa prolixité, son rejet de la chanson réaliste... L'article est poursuivi par un choix de 10 chansons "en forme d'itinéraire bis", une occasion d'évoquer là encore pas mal de choses (ses chansons sociales, ses collaborations...).

Nicolas qui a apprécié le disque aura aime Murat y fait référence deux fois dans le texte, et heureux hasard, on retrouve 3 chanteurs du projet dans les chroniques de ce numéro: Nicolas Paugam, Gontard et Fred Bobin. Il sera certainement question du nouveau disque d'Alain Klingler dans le prochain...

On retrouvera en couverture Lynda Lemay, qui fait l'objet d'un dossier qui rappellera les grandes heures de Chorus.

Aidez la presse musicale en achetant le numéro:    https://hexagone.me/boutique/

Bon, si on doit faire une petite remarque, c'est au moins la 3e fois qu'Hexagone fait plusieurs pages sur JLM, et toujours avec des illustrations (une question de coût, les photos utilisées sont généralement celles faites par le rédacteur en chef), et celle de la photo ci-dessus n'illustre pas si bien le propos en en restant un peu à la caricature. Dommage.

 

LE LIEN EN PLUS

Dans le grand atelier diffusé sur france inter ce week-end, était invitée Marie-Hélène Lafon dont on a justement parlé dans l'article précédent. 

Vincent Josse réconcilié avec Murat a choisi de lui faire écouter "si je devais manquer de toi", on entend subrepticement avant la chanson  l'auteure du Cantal dire son admiration pour le chanteur (un peu avant la 40e minute). Les propos qu'elle tient juste avant sur Cézanne et le "côté pas fini" m'évoque Jean-Louis Murat ("son flou artistique" dit Brulebois dans l'article d'Hexagone avec l'opposition avec Voulzy, Cabrel).

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-atelier/le-grand-atelier-du-dimanche-01-octobre-2023-6117479

Après la chanson, Vincent Josse propose à Lafon d'improviser une suite à la phrase "si je devais manquer de toi", et elle avoue alors être incapable de faire des chansons, elle a essayé sans succès.  Le lien est par contre direct avec Murat ensuite quand elle indique qu'en cours, elle aimerait ne faire que de la lecture à voix haute... Murat aurait aimé, lui qui adorait partager ses coups de coeur à son entourage et à ses musiciens.

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 23 Septembre 2023

Vient de sortir chez Glenat (Hommes et Montagnes), le recueil des portraits réalisés par Fabrice Lardreau dans la revue La Montagne et Alpinisme (essentiellement), le magazine du Club Alpin Français.  Ca se nomme Leurs montagnes, 32 personnalités racontent

Et l'entretien de Jean-Louis Murat de décembre 2013 y est reproduit sur 6 pages.... avec une mention dans l'avant-propos: "J'ai ainsi appris avec tristesse la disparition de trois personnalités marquantes: Axel Kahn, Michel Butor et Jean-Louis Murat. Ces hommes m'ont beaucoup appris [...] Du troisième, j'ai en tête "le col de la Croix-Morand", chanson magique et envoûtante, véritable hymne à la montagne: pour ce monde oublié, de royaume enneigé,  j'éprouve un sentiment profond"*.

L'article original est en ligne sur le blog. Allez le lire et revenez, j'ai des choses à vous dire!

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Pour bouder notre plaisir, on pourra toujours regretter, comme toujours avec ce genre d'ouvrages de compilations (je pense à la Française Pop de Conte/Berberian dont j'avais parlé)  que l'auteur ne remette pas en perspective ou actualise les informations sur les personnalités interviewées. Il faut donc prendre cela comme des archives de presse, et bien prendre note de la date de parution (de 2013 à 2022)... et  pour Murat, se résoudre sur la thématique "montagne", à ce qu'il ne soit pas question de Babel par exemple...  ou que l'erreur classique à l'époque de situer sa naissance à  La Bourboule ne soit pas corrigée.

Je m'interroge aussi sur la phrase "à 17 ans, il se marie et devient père", comme si la décision de se marier n'était pas liée au fait de devenir père. Fabrice indique ensuite que c'est après le divorce, que Jean-Louis commence à vadrouiller... C'est effectivement ce qui a été rapporté souvent, mais c'est en famille que Jean-Louis a débarqué à Paris chez son oncle journaliste Edmond.   Sa cousine marquée par ce souvenir d'enfance me l'a rapporté.

Le tout reste quand même très intéressant, même si l'article, ai-je l'impression, laisse assez peu la parole à Murat par rapport à d'autres interviewés (il a été peu prolixe lors de l'entretien?). On trouvera donc évoqué sa passion pour Messner (Matthieu regrettait de nous quitter sans en avoir fait un article), le plus médiatique et contesté René Desmaison (dont il raconte qu'il le suivait de conférence en conférence, Desmaison était un grand nom des "Conférence du monde"), des personnages comme "Marie Paradis la première femme à avoir gravi le Mont-Blanc en 1808", la période où la moitié des livres qu'il achetait était consacrée à la montagne, l'Himalaya. 

 

* tant pis pour  le sous-texte érotique (que le Muratien à l'esprit mal placé recherchera vainement dans les 32 témoignages).

 

En lisant les autres articles (sans doute à faire petit à petit car le procédé est un peu répétitif, avec une partie biographie systématique), les amateurs de montagne seront amenés à réfléchir à leurs propres sentiments et émotions. Les mots d'Axel Kahn et Boris Cyrulnik  qui racontent comment ils ont pu être saisis par l'émotion à certains endroits, "parfaits", cette rencontre avec le sentiment de "bonheur",  de fréquenter la beauté sont par exemple très beaux. Cela m'évoque fortement les propos de  Murat dans l'émission "A la dérive" (radio nova).  On retrouve avec Belinda Cannone ce même moment de conscience:  "cette totale fusion avec le décor dans lequel on évolue" (Fabrice Lardreau cite Romain Rolland qui a nommé cet instant "sentiment océanique"), et Belinda de raconter les 3 endroits où elle a ressenti cela: "on est en continuité avec tout ce qui nous entoure, les rochers, la montagne, les rivières. Je suis athée, mais cette expérience se rapproche pour moi de la mystique...".  Murat toujours: "maintenant que je suis un grand garçon, et je me rends compte de ça, cette ombre, cette température,  cette couleur, tout, c'est comme si j'étais à l'intérieur de moi. Je pourrais mourir ici, par exemple, je serais entouré ce qui est essentiel" ("à la dérive").  Valentine Goby parle elle "d'expérience radicale d'émerveillement". 

Rapidement, je me suis interrogé en lisant ces pages : mais cette fascination, elle vient aussi de  la peur de la montagne, personne n'en parle... et justement, l'article de Belinda Cannone fait le lien ensuite: "la montagne est le plus à même de procurer ce genre d'expérience [mystique] car de tous les paysages naturels, elle est la seule à susciter ce qu'Edmund Burke appelait le sublime: une beauté tellement énorme qu'elle n'est pas entièrement distincte de l'effroi. En cheminant sur un sentier, un gravissant une paroi, nous gardons en mémoire cette vieille expérience humaine d'un univers qui, jusqu'à ce que les premiers touristes l'apprivoisent,  a longtemps fait peur"  (NDLR: c'est pour ça que je n'aime pas les traileurs dont la pratique pour moi méprise la montagne). Ceci dit, j'imagine que la contemplation de la mer, de l'océan, peut tout autant susciter ce même sentiment.

 

Michel Butor me parle aussi avec la fascination pour la montagne qu'il observait tous les jours et dont il s'inspira pour 35 vues du mont Sadia le soir l'hiver et neuf autres vues du mont Sadia, ou avec la façon dont il parle de ce bout de montagne pourtant un peu banal (1400 mètres) mais qui est son chez lui (massif des Voirons, près de Genève) et dont il n'est jamais "blasé".  Heureux les hommes et Murat qui ont pu connaître ce sentiment? Point d'interrogation car Murat, dans l'émission nommée plus haut, après avoir exprimé un coup de foudre pour Douharesse, et aussi  ce sentiment d'être à l'intérieur de soi,  terminait par : "c'est l'enfer d'être de quelque part, vraiment dans mon for intérieur, je ne me sens pas du tout d'ici". Les contradictions toujours.

 

Les pages sur Luc Bronner donnent envie de lire son livre la montagne blessée sur Chaudun, un village abandonnée du Champsaur. Elles m'ont également ramené à l'univers muratien des chroniques paysannes même si Luc Bronner en journaliste est  libéré de tout regard nostalgique. Il faut dire qu'il évoque par exemple les enfants illégitimes de la ville qu'on laissait en nourrice aux paysans et qui pour beaucoup décédaient assez vite... Les habitants de ce village finirent par vendre leur terre devenue stérile à l'Etat... et partir aux Amériques. (Ps: mince, Samuel, ami géographe de Jean-Louis, celui -là même qui lui a fait lire E. Reclus,  me l'avait déjà recommandé! Il faut que je m'y mette. -c'est acheté!-).

Envie de lire suscitée aussi pour  8 montagnes et Sans jamais atteindre le sommet de Paolo Cognetti, qui est allé vérifier au Tibet dans un long périple s'il existait un seul et unique "peuple des montagnes"...  ce qu'il semble finalement réfuter... On est bien d'accord, entre les Auvergnats et les alpins (plus ou moins tous des Suisses pour Murat), la comparaison est vite faite!  Ah, mince, jusqu'à là, j'étais sérieux...  Claudie Hunzinger, vosgienne, quant à elle, quand on lui demande sa nationalité, dit "je suis de la montagne". 

On retrouve chez les nombreux auteurs interviewés  la relation entre l'écriture, la création et la marche. Par exemple, Céline Minard explique avoir "besoin de marcher pour écrire, de sentir le rythme s'installer, mais aussi la fatigue, libératoire".  Pour Murat, l'exercice physique, distinct de la contemplation,  était nécessaire, mais il ne l'a pas relié me semble-t-il directement à l'écriture (l'artisan travaille dans son atelier).  La fatigue, elle était peut-être plus un échappatoire pour se perdre de vue ou du moins se canaliser. 

Un des grands intérêts du livre est de se dresser une très longue liste de lecture pour aller plus loin : outre les livres des interviewés,  chacun y va de sa référence, des classiques:   Hugo (Le voyage aux alpes), Rousseau, les grands récits de voyage (David-Neel...) en passant par Thoreau, Frison-Roche à des auteurs moins connus : Le mont Analogue de René Daumail, Steve Roger, Ascension de L. Hohl (les choix de Céline Minard) pour n'en citer que quelques uns.

Dans la liste des héros de la montagne cités, elle aussi très fournie (Maurice Baquet par exemple), je retiens le récit impressionnant de Nicolas Philibert sur les films avec Christophe Profit  qui ont marqué ma génération (quelle tension de se retrouver dans une falaise à filmer un homme non assuré avec 700 mètres de vide et qui parfois se retrouve en échec dans un passage et doit faire marche arrière!) 

Au rayon "auvergnat",   Céline Coulon figure dans le livre, et elle évoque le Sancy, sans le relier à Murat, mais la référence est faite par l'auteur : "elle a une affection particulière pour le col de la Croix-Moirand, passage vers ce lieu magique, célébré par Jean-Louis Murat   : «il n'y a quasiment rien là-haut, sauf une auberge toujours où on vient déguster des omelettes qui sont délicieuses. Ca fait partie des endroits mythiques pour moi»".

On retrouvera surtout Marie-Hélène Lafon, l'auteur "du Cantal", fille de paysans, "les derniers indiens" disaient-ils (F. Lardeau  dit :"elle explique avoir grandi dans cette litanie de la fin du monde paysan" ce qui lui a donné ce besoin de transmission: «j'ai eu le sentiment que ce pays lui aussi allait disparaître, s'effondrer que les montagnes allaient littéralement s'écrouler [...], il fallait par conséquent saisir ce monde »).  Elle évoque aussi le sentiment d'insularité (lien avec Vialatte), avec cet isolement : "cet univers austère, au climat rude, dont on dit qu'il ne connaît que deux saisons, l'hiver et le  15 août" et   le regard des gens de la plaine sur les " gabatchs"  ("des gens moins civilisés, un peu braques"),  et notamment l'"humiliation sociale" ressentie aux journées de  ski au Lioran devant les citadins qui se moquent.  Inutile pour vous, chers lecteurs fidèles, d'illustrer le lien évident avec Murat dans tous ses propos...   La fin de l'article en donne encore un supplémentaire :  "l'aspect rugueux des montagnes, son austérité, entretiennent des liens profonds avec la discipline de l'étude et de l'écriture" dit F. Lardreau pour résumer les propos de M.H. Lafon.

Pour conclure, dernier petit clin d’œil (double, voire triple) à Murat,  avec Matthieu Ricard qui cite Cartier-Bresson : " «je ne prends pas de photos, je suis pris par la photo ». Moi, je suis pris par les paysages".

 

 

 

 

LE LIEN EN PLUS

Ouest France, 17/09/23

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 4 Septembre 2023

Voilà un moment que j'étais à la recherche d'un document inédit, avec l'aide de notre correspondante parisienne mais il s'avère que l'on ne suivait  pas la bonne piste. Jean-Louis Murat a parlé en interview d'un texte psychanalysant qu'il aurait écrit sur Hitchcock. Pour moi, il s'agissait d'un texte de jeunesse quand il s'essayait au journalisme (dans les inrocks en 2000:  A mon arrivée à Paris, j'ai regardé dans l'annuaire les cinéastes qui y étaient. Il y avait Claude Sautet, je l'ai appelé, je suis tombé sur lui directement, on s'est vus, on parlait cinéma. J'ai écrit des papiers dans des revues de cinéma amateur). . ll parlait d'un travail fait pour une personne qui a travaillé ensuite pour Canal+ (j'ai ainsi questionné Philippe Dana, Dionnet...).

Et voilà qu'en naviguant sur un tout autre sujet, je tombe sur un article.... où figure ce texte signé Jean-Louis Murat à propos de VERTIGO... en 1990.   Il figurait déjà sur le net depuis 2022. Je ne comprends pas tout et la mise en page interroge, mais on y croise Géronimo, Cohen et Neil Young... et Saul Bass (le graphiste de l'affiche du film)... et Freud... souvenir d'enfance et propos sur l'amour... Des bribes de toute une vie. Allo, Mme Cinéma?

- Tu te fous de moi, Paulo?  Une journée entière à monopoliser les ordinateurs et les bibliothécaires, d’abord serviables et diligents, puis amusés du rempart de vieux papiers construit sur la plus grande table en un temps record, un peu inquiets de voir leurs gros cartons tanguer à 2 m de hauteur, consternés de me découvrir à la fermeture à croupetons sur leur moquette, de gros et précieux volumes étalés à même les allées…  Et pendant ce temps, Paulo au téléphone :  Toujours rien ? Tu as regardé la base de données ? Oui, tu n’y es que depuis 30 mn, et alors ?   Et    Tu en es où ? J’ai regardé la base de données, je te jure il y a des trucs. Et  Ca avance ? Tu déjeunes ? Encore ? Tu comptes y retourner ? Parce que bientôt ça ne sera plus la peine, ça ferme tôt, hein, j’ai regardé les horaires, Et encore Ah, en fait, je dois te dire, ce que j’ai trouvé sur la base de données c’est à la Cinémathèque de Toulouse… Bon alors ?? OK, ne t’énerve pas. Laisse tomber Hitchcock. Tu peux chercher sur Mademoiselle Personne ? Sorti quand ? Euh, jamais. Pourquoi ?   Et maintenant, tu viens me dire que  ce texte était déjà sur les internets? T'as de la chance que le blog concurrent ne recrute plus!! Je te le dis!  Bon, je t'écris un truc vite fait:

 

-  C’est très émouvant de découvrir ce si beau texte, surtout après l’avoir laborieusement cherché et surtout sur un des plus grands films de tous les temps ! et de se dire qu’on n’a sans doute pas fini de découvrir des pépites et de continuer à s’émerveiller.

C’est bien du Jean-Louis Murat, à la fois aigu, poétique et buissonnier

Qui admiratif se promène dans les images et les motifs du film, des films d’Hitchcock

Qui malicieusement interroge ses obsessions dans un jeu sur la langue – traductions et jeux de mots - et les associations d’idées (le texte psychanalysant !)

Et, d’une obsession l’autre, retrouve dans ce vertige face au femmes, au temps et sa profondeur ce qui l’habite et l’anime, qu’il a chanté sa vie durant.

 

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Vertigo ; maladie des chevaux, qui se manifeste

par le désordre des mouvements,

Mais aussi ?

le nom d’une couleur

d’une ariane brune

le nom d’un empereur

d’un poète albanais

d’une maladie d’amour

du parfum des jonquilles

d’une Jaguar…..

 

Si le vertige donne des « sueurs froides »,

c’est donc La Peur ?

«  La peur , c’est l’attente de la peur »

… le vertige , toujours …

_________

-enfant , quand l’un de nous avait le vertige, nous chantions

«  oooh , il a la tige verte. » .

disait-on « oooh green cock  » au petit Alfred ?

En - a- t’il été affecté ?

n’a-t’il mis en film depuis  que ses passages à vide ?

l’Anglais est-il le moins terrien des humains ?

tous les Anglais sont-ils des marins ?

vide et emptiness ont-ils

La peur du vide est-elle naturelle ?

celui qui n’a pas peur du vide est-il un homme mort ?

pour l’Anglais, l’hypocrisie est-elle un art de vivre ?

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*1. Quand on a le vertige , on ne se penche pas sur les femmes.

*2.Quand on a le vertige , on ne se penche pas sur le passé.

*3.Quand on a le vertige , on ne se penche pas sur les films d’Hitchcock.
 

une fausse blonde, brune

Une fausse brune , blonde

ne saurait me tromper

mourir d’amour

c’est mourir de ne pas être aimé

ne pas être aimé c’est ne pas savoir aimer

vertige ?

non

 

 

2. le séquoia se nourrit de la terre

la peur se nourrit d’elle même

Neil Young se souvient de son amour

Pour une jeune Indienne

du temps de Montezuma

… couché sur l’herbe rase du Montana

Leonard Cohen écoute

les derniers échos

de la cavalcade

des guerriers des faits de Geronimo

Quand on a peur de regarder derrière soi

on a peur de regarder en bas

le passé dérange ceux qui n’en ont pas

vertige ?

non


 

3. «  l’ attente de la peur est une folie »

un couple sans enfant

des lunettes

lui même

Freud

des mathématiques

des baisers

Saul Bass

des oiseaux

des communistes

des blondes

des désirs cachés

un échafaudage

le piège…

la trappe…

les chutes…

… toujours le vertige, et Hitchcock est heureux.

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Au début du texte, si Vertigo est effectivement une maladie dont sont atteints les chevaux et une voiture Jaguar, il semble que Jean-Louis laisse vaguer son inspiration sur ce nom, comme pris dans l'effet du même nom (procédé technique -travelling inversé- que crée le réalisateur sur ce film) ou les tourbillons du générique :   pas de trace sur le net d'empereur, de poète albanais, et d'ariane brune (sans majuscule?)... alors que "le parfum des jonquilles", "la maladie d'amour" nous renvoient clairement à l'univers muratien.  La suite se poursuit à cheval : par "BRIBES abattues".

Florence D, tu complètes, je n'ai qu'un souvenir vague du film?

-  On pourrait multiplier les illustrations pour ce texte plein de références:

Sur le  séquoia, contemporain de la découverte de l'Amérique, et même de la bataille d'Hastings:

Saisissantes stries de l’arbre, vertigineuse profondeur du temps. Et le mystère de cette femme qui dit venir de si loin.  Superposition des époques, plongée dans le passé, comme Neil Young se souvenant de Moctezuma dans Cortes The killer et Cohen écrivant sur le sort funeste des « First nations » ("Kateri Tekakwitha" dans Beautiful loosers).  

 

- Alors que le personnage  est pris de vertige stérile et de peur  à leur contemplation,  pour les artistes, c'est un tourbillon vers l'inspiration et les souvenirs... comme ceux du parc fenestre (qui n'ont que 200 ans) ? 

Certes... peut-être. Encore quelques échantillons, pour le plaisir?

- « Lui-même": 

Même dans un huis-clos sur un bateau (Lifeboat)

 

- "Freud": 

et Dali (La Maison du Docteur Edwardes).

 

- "Des baisers"…

On doit à Hitchcock le plus long de l’histoire du cinéma (Les Enchaînés)

 

 - "Des blondes"… Et des britanniques

Grace Kelly (dans Fenêtre sur cour)

Hitchcock dans ses entretiens avec François Truffaut :

« Qu’est-ce qui me dicte le choix d’actrices blondes et sophistiquées ? Nous cherchons des femmes du monde, de vraies dames qui deviendront des putains dans la chambre à coucher. (…) Je crois que les femmes les plus intéressantes sexuellement parlant sont les femmes britanniques. (…) Une fille anglaise avec son air d’institutrice est capable de monter dans un taxi avec vous et à votre grande surprise de vous arracher votre braguette »

- oui, Blonde/brune... Murat a toujours choisi (Une fausse brune, blonde ne saurait me tromper")

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Merci Florence!   NB: Vertigo est disponible en VOD entre 3 et 4 euros.

[ Murat journaliste: POUR RAPPEL /  Pour LIBERATION / pour Chanson]

 

Le texte est tiré d'un article signé Pierre Gaffié, réalisateur-journaliste et ancien chroniqueur cinéma de Nulle Part Ailleurs... qui en profite pour nous raconter son Murat...

Jean-Louis Murat : souvenirs et vertiges.

Il y a trois décennies, Jean-Louis Murat avait accepté d'écrire un texte sur "Vertigo" d'Alfred Hitchcock dans le cadre d'un livre que j'écrivais. En pleine promotion de "Cheyenne Autumn", il avait réagi avec une gentillesse incroyable au jeune provincial pressé que j'étais aussi. Il m'a envoyé ses deux textes (l'autre sur "Taxi driver") tapés à la machine dans une enveloppe kraft que j'ai encore. Le texte est plus bas... Quand je l'ai rencontré, je lui ai dit à quel point "Cheyenne autumn" était beau. Il avait fait un petit geste des épaules que je n'ai jamais oublié... C'était très sphynx et très humble à la fois. Comme s'il était déjà passé à autre chose...

 

1989 : "L'ange déchu" est un choc un coup de balai dans mes oreilles. Je n'en croyais pas mes sens. La chanson a habité mon esprit des mois et des mois. A l'époque, je présentais le cinéma sur "Nulle part ailleurs" (C+), ce qui avait quelques avantages induits, notamment l'amitié de Pascal Aznar, qui travaillait chez "Virgin", la boîte de Murat (qui s'y sentait d'ailleurs en boîte). J'ai reçu le CD du "Manteau de pluie du singe" par coursier et c'était comme une livraison de pain béni.

Je suis frappé par "Cours dire aux hommes faibles" et son rythme trépidant, qui s'accélère, alors que justement on parle de faiblesse. Quel oxymore ! "Col de la Croix-Morand" évidemment. J'y suis allé plusieurs fois dans ce col, à ce col, seul et accompagné. En 2016, ma compagne ne voulait pas monter au sommet : trop haut, trop chaud. Elle m'a conseillé d'y aller tout seul, que je lui raconterais, etc... J'ai grimpé au sommet de la montagne qui surplombe le col. Puis, en jetant un oeil distrait sur le contrebas, je vois un petit chien, le nôtre, qui monte à grandes enjambées. Cebeau Wwesty était en train de montrer le chemin à ma compagne, lui disant : "Viens, on va retrouver Pierre !" Nous nous sommes retrouvés à 3 en haut... Je crois à ces signes telluriques. Le chien s'appelait "Pégase", un nom cité par Murat dans "Fort Alamo".

La première fois que j'ai entendu parler de Murat, c'était dans un entretien de William Sheller. J'ai tendu l'oreille. Je trouvais "Si je devais manquer de toi", joli, inhabituel mais pas envoûtant au point de... Jean-Louis est venu la chanter sur le plateau de "La vie à plein temps" (France 3) à Toulouse. Ce jour là, pur hasard, je faisais une chronique cinéma en direct. Murat chantait juste après et j'ai eu l'impression de passer devant la caméra en quittant le plateau. Je me sentais con et embarrassant. Heureusement, en régie, le réalisateur ne dit qu'il n'a rien vu. J'avais donc frôlé Murat sans le masquer. Anecdote...

"Cheyenne autumn", quel album ! Depuis, je me suis dit (sans preuves) qu'il s'agissait sans doutes de chansons que Murat avait en stock depuis plusieurs années, et qui avaient été "embellies" par les synthés, boîtes à rythmes, bref l'emballage "Virgin" (et je dis ça comme un compliment). La preuve, il a peu chanté les chansons de cet album par la suite, y compris les plus belles ("Amours débutants", "Te garder près de moi", "Le garçon qu maudit les filles", "Le troupeau"...

C'est en écoutant ces chansons que je suis allé à Clermont-Ferrand pour la première fois. Mon grand-père m'en parlait souvent, lui qui négociait du bois depuis Brive-La-Gaillarde. En serpentant dans la ville, je pensais à "Ma nuit chez Maud" et à Murat, ce chanteur pas à la mode...

J'ai été déçu par "Vénus" qui bégayait selon moi. Trop vite. Je me souviens aussi d'une discussion avec le cinéaste Laurent Larivière (qui ne portait pas ce nom à l'époque) et qui me disait "Non, Pierre, c'est l'album de la maturité !". C'est bizarre les goûts...

"Dolorès" m'a frappé, comme un uppercut. Ce train bleu, ces allers-retours sentimentaux, ces "à quoi tu rêves", cette réinvention rythmique. Et surtout, j'étais bouche bée devant la crudité de "Fort Alamo" : "Tes gestes d'orfèvre, ta vie de femelle, je te jures que je m'en fous... De ma vie vulgaire dans l'armée de l'air, je garde l'amour, c'est tout... Si dans tes bontés internationales, je ne vaux plus le coup". Tellement de double sens, que c'est érotique, je trouve, une séparation quand on y pense. Je trouvais que c'était plus fort que Bashung, car sans humour et jeu de mot qui sauve. Murat y allait franco. Je me souviens qu'à la même époque Kubrick disait à son scénariste de "Eyes wide shut" (Frédéric Raphael) : "Surtout, pas de bons mots dans les dialogues !" Ça me plait cette rugosité. L'humour vient trop souvent rendre démagogique les coeurs blessés, je trouve.

"Mustango", c'est le cross-over. L'imaginaire américain rendu prégnant par les musiciens de "là-bas". J'ai toujours été fasciné par le petit roulement de batterie au début de "Jim". Pour moi, c'était comme si Murat appuyait sur la touche "extra ball" d'un flipper et relançait la partie, sa partie. Quelques années plus tard, Murat était chez Drucker, invité par Patrick Sébastien. A la fin de "Au mont sans-soucis" (pour moi l'équivalent moderne du "Fidèle" de Charles Trénet), Sébastien, briviste, a dit à Murat le clermontois : "C'est chouette que tu aies fait les chants d'enfants toi-même à la fin !". Ça m'a rendu Sébastien terriblement sympathique.

"Le moujik et sa femme", c'est la preuve qu'il faut savoir nommer une oeuvre. Quel beau disque. "Foule romaine", quelle ode à la sensualité, on se croirait au milieu des cigales, alors qu'il n'y en a probablement pas à Rome. "Moujik"... Oui, il faut nommer un disque, car quelques mots le colore alors que tant de chanteurs donnent des titres passe-partout et passe-plat.

Un jour à Colombes, j'ai pu revoir Murat, backstage. Il y avait des fruits et des sucreries dans des coupelles, ça m'a surpris. Il était non pas discret, mais désinvolte. Je crois que c'est sa manière de ne pas se prendre au sérieux ou peut-être de se dire que la vraie vie est ailleurs que dans les bavardages du quotidien. Quel dommage qu'il y ait succombé dans les médias. C'est quand même une énigme ce comportement médiatique, c'est presque comme Céline en littérature...

 

Pendant le concert à "L'avant-scène" de Colombes, un couple (vers le 5ème rang s'est levé et est parti, discrètement. Il n'y avait pas mort d'homme. Il devait être surpris de ne pas voir le Murat de "Regrets". C'était l'opposé à vrai dire : JLM déstructurait toutes ses chansons à la guitare et il a fallu du temps au public pour reconnaître "Jim". Ça aussi, c'est l'apport de Murat : la dialectique, la contradiction, entre ses albums studios et leurs rendu "live". Qui d'autre que lui l'a fait autant.

Quelques mois avant j'avais réalisé une fiction dans laquelle on entendait "Le verrou", cette magnifique chanson de Julien Clerc (peut-être sa plus belle) dont Murat avait écrit le texte. Pendant des années j'ai relancé" Murat pour savoir s'il avait vu le film, s'il l'aimait. Jamais de réponse. Là, on touche du doigt le fosssé. Quel regret. Mon souhait était de faire un clip pour lui. En 2023? j'y croyais encore...

La photo noir et blanc dans la pochette de "Babel", ambiance film policier à la Robert Siodmak me captive. Que se passe t-il vraiment sur cette photo ? Dites-le moi...

 
Murat, c'est une carte de géographie chantée : la lune est rousse à Cabourg, la Dordogne mijote les sentiments, le mendiant est à Rio, on va voir sa fiancée dans le Tarn-et-Garonne...
Dans un entretien, JLM avait n jour répondu : "Je serai toujours le mec qui fait des salles de 100 places et pas de 200 !". C'était incroyablement froid, et triste de façon grinçante. Cela aurait été vraiment intéressant qu'il fasse des Zeniths, pas pour la foule, mais pour le décalage. Il aurait dû mettre de l'eau dans son vin peut-être (pas sûr) mais le nectar aurait pu être délicieux

Quelle ironie : c'est son riff dans "Mashpotétisées" (où deux présidents de la république et Johnny sont attaqués) qui, repris dans une pub pour "La banque postale" qui aura été peut-être sa musique la plus lucrative. La vie est une farce...

"Grand lièvre" me semble supérieur à "Morituri". Il y a une fougue insouciante tellement pleine, tellement accueillante. Peut-être que Murat est plus fort question bestiaire (le lièvre) que question abstraction (je parle du titre)

 
La dernière fois que je suis allé en Auvergne, c'était après le premier confinement. J'avais trouvé un four à pain reconverti en maisonnette et il n'y avait aucun avis sur le site de location. Et les photos étaient bizarre : ce four à pain était diablement lumineux. Quand je suis passé près de la Bourboule, j'ai monté le CD dans la voiture : "Hold-up" le duo avec Morgane Imbaud, que je chantais à tue-tête...

En arrivant dans le "four à pain" (une merveille de maisonnette en pierre), le propriétaire m'a montré ses vaches, qui allaient dormir pendant 6 jours juste au-dessous du gîte. La nuit, certaines regardaient la pleine-lune. Regardez la pochette intérieure de "Innamorato"...

 
Merci Jean-Louis Murat...
Pierre Gaffie, 25 Mai 2023
 
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ET voilà que je me rends compte qu'on avait déjà croisé Pierre ici mais il y a bien longtemps, au tout début du blog... il avait publié le texte de Jean-Louis Murat sur TAXI DRIVER... dont je n'ai pas gardé l'intégralité!  C'était .  Pierre Gaffié devrait remettre en ligne ce texte prochainement... et deuxième surprise, le texte était déjà en ligne dans un précédent article... 
 
La Jaguar: 
Un texte inédit de Jean-Louis Murat sur VERTIGO d'HitchcockUn texte inédit de Jean-Louis Murat sur VERTIGO d'Hitchcock

 

 

LE GRAND RETOUR DU LIEN EN PLUS VERS LE PASSE ET L'INFINI AU DELA

Je l'avais partagé à l'époque, mais Murat qui nous parle de 1969, c'est une très belle archive

https://www.facebook.com/biscuitproduction/videos/2334873450085037/

 

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Rédigé par Pierrot et Florence

Publié dans #2023 après, #cinéma

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Publié le 30 Août 2023

Après avoir imaginé ce petit montage pour accompagner Coco Macé lors du premier Week-end Murat, yes sir! (cf ci dessous), j'ai décidé de vous en proposer une version sur la chanson originale. Elle est plus longue et j'ai donc ajouté quelques photos supplémentaires.

Comme toujours quand je fais un petit travail sur une chanson, elle devient tout-à-fait particulière à mon coeur, mais celle-ci, particulièrement.

Voici la version du talentueux COCO MACE... qui a su y intégrer un joli crescendo musical, alors que la version Murat est plus monocorde. Bon, je suis tout aussi fan... Je ne peux pas m'empêcher de la réécouter à chaque fois.

 

J'en profite pour vous renvoyer sur quelques vidéos de ma chaine qui ont été moins vues...

Ainsi, la version d'Elvinh avec Lucie de Belfour (et Karton) de BANG BANG, c'est vraiment une version que je garde en tête après chaque écoute: le timbre d'Elvinh, les coeurs de Lucie, le piano de Michel... vraiment tout le charme des longs morceaux épiques de JL.

Je ne republie pas toutes les chansons de cette soirée, vous savez où les trouver, pas non plus le succès des 3 derniers mois ("chacun sa façon", 2000 vues)

 

Tiens, par contre du ALINE,   c'est d'actualité: Donald Pierre a annoncé cette semaine qu'ils pourraient reprendre du service.

Sur la chaine, deux titres live d'ALine:  la vie électrique et je bois et puis je danse

 

tiens, j'ai envie de réécouter aussi ce moment doux avec ce cher Alain Klingler et Lionel Damei (et Christophe):

Dans les petits trésors - ça me rappelle d'un coup les beaux cadeaux que je recevais de la haute maison-, cette version de COLTRANE alternative, vraiment magnifique, et plus organique que la version studio.

Dans les cadeaux, il y avait eu la reprise d'ALCALINE, représentative du talent de Jean-Louis pour cette exercice. Une autre version a été diffusée chez Lenoir ensuite (vous avez été peu nombreux à l'entendre mais le son n'est pas terrible).

Ah, tiens, DOMINIQUE SONIC... souvenir des Belles journées... un autre disparu... à 55 ans en 2020, un très bon moment:

 

 

- Ah, je n'a pas réécouté ça depuis plus de 10 ans... Des amateurs qui proposent ROYAL CADET a capela:

- Pas revu depuis longtemps aussi ce petit montage pour l'anniversaire de "le garçon qui maudit les filles" (j'avais dans l'idée de le faire pour chaque anniversaire... mais je n'aurais fait que les 30 ans de Suicidez-vous  et ceci)

Allez, on termine par une vidéo du 7/7/7 à Cluses... Je dois essayer de  télécharger l'ensemble du concert en meilleur qualité depuis  12 ans, mais j'y pense et puis j'oublie...  Murat devant 1000, 1500 personnes, c'était chouette...

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 28 Août 2023

Thomas Guienne, étudiant chercheur à l'université de Clermont, stagiaire à RCF  Puy-De-Dôme, m'a contacté en juin pour participer à une émission sur Jean-Louis Murat dans le cadre d'émissions qu'il préparait pour l'été. Voici ce qu'il m'en disait:  "Elles consistent en la présentation du paysage musical auvergnat avec un objectif aussi historique, il s'agit donc de parler de personnalités ayant impacté la région (Jean-Louis Murat, Alain Chanone, les Wazoos), ou bien d'événements marquants (le concert de Johnny à Pradelles en 1991, l'unique concert de Metallica à Clermont-Ferrand en 1987), mais aussi de présenter des festivals (Europavox, Aurillac en scène, Jazz en tête par exemple).  J'ai répondu à ses questions une fois le Week-end Murat, yes sir! passé.   J'ai raté la diffusion en direct... mais j'ai enfin trouvé le podcast.

Après deux titres, Thomas fait une petite bio, avec quelques petites erreurs  et approximations ("A 7ans, il se consacre déjà à la musique", "Paris où il étudie le journalisme"....).   Après "Foule romaine",  c'est mon intervention où je réponds à des questions  sur l'Auvergne,  ses engagements, ses "clashs médiatiques" (j'ai pu préparer un peu les réponses). Thomas a fait un peu de montage et je pense qu'il a réduit un peu. Il  me propose pour finir l'exercice de mes chansons préférées... ce que je déteste...  Après "le Mont Sans Souci", Thomas fait un petit topo sur l'engagement de Jean-Louis avec l'association Clermauvergne et ses concerts Koloko... et ça se termine sur "si je devais manquer de toi".

 

 

Merci à RCF qui a soutenu le CD aura aime Murat également... Voici aussi un extrait du journal du 26 mai avec une petite intervention:

Le temps passe et c'est toujours difficile. Je me dis  qu'on n'aura plus de nouvelles.... que des archives, de la poussière. C'est un peu pour ça que j'ai un peu du mal à traiter des articles parus depuis... Notamment, quand on lit ci-dessous...

 

2) Après le texte plus biographique qui figure sur le site officiel jlmurat.com, F. Vergeade a proposé en effet un autre article plus intime et sensible dans le traditionnel numéro d'été "spécial sexe" des inrocks,.

Emission sur RCF AUVERGNE et les Inrocks (numéro de l'été)
Emission sur RCF AUVERGNE et les Inrocks (numéro de l'été)
Emission sur RCF AUVERGNE et les Inrocks (numéro de l'été)
Emission sur RCF AUVERGNE et les Inrocks (numéro de l'été)

 

LE LIEN EN PLUS

Je ne fais pas ma pute à clics avec un titre d'article "un nouveau disque en 2023" qui reprendrait la mention de cette information figurant sur le site PURECHARTS (en toute fin)., Ca serait comme si j'annonçais la signature de M'Bappé au club "Dômes Sancy Foot" parce que j'ai entendu Roger et Gérard en parler au bar de l'hôtel Roche.  Le site a repris des informations datant d'avant mai... tels que les événements auraient dû se passer... 

Contrairement à ce que je disais à RCF le 26 mai, le nouvel album n'était pas terminé, il y avait encore une session prévue (je l'ai appris ensuite). Est-ce que cette première session suffira pour faire un album ? On ne le sait pas, même si j'ose l'espérer puisque l'enregistrement se faisait dans des conditions proches du live, tous les instruments ensemble...  Il pourrait y avoir avant des premières archives peut-être. 2024?   

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 27 Août 2023

J'avais préparé deux petits articles à publier pendant mes vacances... et j'ai même pas trouvé l'énergie et l'envie de le faire.... Bon, en voilà un...

Voici un hommage dans la revue AUVERNHA, le mag 100% Auvergnat (autour de quatre thématiques qui fait la part belle aux femmes et aux hommes qui font battre le cœur de l’Auvergne : outdoor, terre et saveurs, art de vivre et art et Culture).  https://lesauvergnats.com/

C'est court, mais très joli... et c'est signé par M. Gilles Dupuy, amateur connu de Jean-Louis. 

Hommage dans Auverhna
Hommage dans Auverhna

LE PETIT MOT EN PLUS D'UN AMI

Dans le rock and folk du mois, une interview de Franck ANNESE (So foot, So Ciety etc...):

Hommage dans Auverhna

On retrouvera ici l'interview dans So foot de 2005.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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