2023 apres

Publié le 20 Octobre 2024

 

bonsoir,

Ah, revoilà Dominique A sur le blog! Ça faisait longtemps, lui qui nous a permis de l'alimenter souvent (et sans que je parle de ses albums...).

Voici une nouvelle reprise. Il n'est pas indiqué où ce show case avait lieu, mais en tout cas, ça nous amène à la Bourboule ("Au mont  Sans-Souci"). Sa "muratisation" (indiqué aux Inrocks en 2020) a l'air d'aller mieux malgré tout car il a décidé de faire du recyclage pour son dernier disque ("quelques lumières" qui revisite d'anciens titres).

Édit: C'était un showcase le samedi 19 octobre chez Gibert Disc Paris 

NB:  C'est avec cette même chanson que la  route du rock à St-Malo où Murat avait ses habitudes qu'un hommage lui a été rendu là-bas. C'est Pierre Andrieu qui nous l'indique : https://www.concertandco.com/critique/concert-la-route-du-rock-slowdive-kae-tempest-the-kills/fort-de-saint-pere-saint-malo/55240.htm   "Signalons également un touchant hommage à Jean-Louis Murat, grand fan du festival et auteur de prestations remarquées ici-même, avec la diffusion dans les enceintes de son titre le plus connu, "Au Mont sans-Souci", en version live lors de la tournée Mustango. Un très émouvant extrait du live Muragostang."

 

Pour en revenir à A,  précédemment il y avait eu ça.... (et oui, je sais il en manque un bout... il faudrait que j'en occupe!)

Ou (entre autres choses) encore ça : en 2018 (livre C. Gassian)

 

 

NB:  C'est avec cette même chanson que la  route du rock à St-Malo où Murat avait ses habitudes qu'un hommage lui a été rendu là-bas. C'est Pierre Andrieu qui nous l'indique : https://www.concertandco.com/critique/concert-la-route-du-rock-slowdive-kae-tempest-the-kills/fort-de-saint-pere-saint-malo/55240.htm   Signalons également un touchant hommage à Jean-Louis Murat, grand fan du festival et auteur de prestations remarquées ici-même, avec la diffusion dans les enceintes de son titre le plus connu, "Au Mont sans-Souci", en version live lors de la tournée Mustango. Un très émouvant extrait du live Muragostang.

 

 - Encore un dimanche soir qui ne sera pas le grand soir  : UNIVERSAL rachète PIAS (après avoir acquis 49% de la société il y a déjà quelques temps - ça m'avait échappé).  La plus grande (?) des Maisons indépendantes qui dispose du catalogue "Jean-Louis Murat" (acheté en partie à Universal me semble-t-il) intègre donc la word compagnie... et l'oeuvre muratienne retourne ainsi dans la maison "Emi-Virgin-Labels..." de ses débuts.  Ce n'est pas pour autant la fin de Pias qui devrait poursuivre ses activités... Notamment dans l'immédiat, la sortie en cd du "parfum d'acacias au jardin".

 

LE LIEN EN PLUS IL NE NOUS RESTE PLUS QU'A CHANTER

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 10 Octobre 2024

vendredi 15 novembre 2024

20h30

Hommage à Jean-Louis Murat

Avec Grégoire Bouillier, Jeanne Cherhal, Morgane Imbeaud, Florent Marchet, JP Nataf & Éric Reinhardt

Festival Paris en toutes lettres 2024

https://maisondelapoesieparis.com/programme/hommage-a-jean-louis-murat/

édit: après avoir fait cet article en me brossant les dents, d'où l'absence de saillies drolatiques, de commentaires spirituels, je suis allé vaquer à mes occupations secondaires... Mais prenantes... Non sans avoir prévu un billet pour cet événement. Il se trouve que lien ci-dessus a disparu ensuite. Le site ne fait plus apparaître l'événement... Mais il n'y a pas eu de message aux titulaires de billets... Rappelons que c'est un petit lieu qui réunit moins de 200 personnes. Donc, wait and see !  Notons également que les soirées sont souvent filmées.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 9 Octobre 2024

bonjour,

Je crois qu'il est temps à nouveau, oh, temps à nouveau.... oui, bienvenue sur SURJEANLOUISAUBERT.COM ! Oui, il a de l'actu lui...

-Euh... non... merci! On va en rester à Murat si vous voulez bien.

Bon, ok, alors reprenons... temps à nouveau de reprendre le clavier car me voilà avec quelques actualités dont il faut bien causer, et d'autres dont j'ai envie de causer.

 

1) Je ne me suis pas précipité pour en parler, ça me replongeait juste dans le passé je crois :  Mylène Farmer vient de donner ces jours-ci ses concerts du 30 juin et 1 juillet 2023! Cause ils avaient été annulés en raison d'émeutes. Et le show a donc commencé, comme les autres, par la diffusion du clip de Regrets, en hommage à Jean-Louis. Le Parisien a cette sentence : "On ne change pas un show millimètre qui gagne. À 20h40, il débute toujours avec un bel hommage à Jean-Louis Murat et le clip de leur duo « Regrets »"...  C'est donc du win/win... Passons...

Bon, en y réfléchissant un peu, je me dis qu'il y avait peut-être de quoi être ému... Paris, le Stade de France, 240 000 spectateurs, plus de 600 000 spectateurs, les mois qui passent... et c'est peut-être pour ça que je n'ai pas regardé.

C'était donc le 27/28 septembre et le 1/10.

 

 

 

Cela a fait l'objet de mentions dans la presse.  "Entre l'hommage émouvant rendu à Jean-Louis Murat" (nostalgie.fr, purepeople et Femina), "Hommage bouleversant à Jean-Louis Murat" (gala), "un hommage à Jean-Louis Murat décédé en mai 2023, avec qui elle avait sorti Regrets en 1991 sur une musique de son producteur historique, Laurent Boutonnat" (les inrocks), "Dans un premier temps, l’interprète de Libertine a tenu à rendre hommage à son ami disparu en mai 2023, Jean-Louis Murat. L’occasion pour elle de diffuser le clip de Regrets, leur inoubliable duo sorti en 1997" (officielles.fr).   Et encore : "En 1991, Mylène Farmer donnait la réplique à Jean-Louis Murat dans une chanson restée célèbre, Regrets. Aujourd'hui, plus d'un an après la disparition de celui-ci, elle lui rend un bel hommage en diffusant le clip du titre en préambule de son show" (le figaro),  "L'écran diffuse le clip en noir et blanc de Regrets (1997), que Mylène Farmer avait enregistré avec feu Jean-Louis Murat, décédé en mai 2023 (Télérama)

Mylene.net :  Diffusion du clip Regrets en hommage à Jean-Louis Murat.
Un hommage diffusé avant chaque concert durant plus d'une année.
On "n'oublie pas". Avant même que ne débute le spectacle, Mylène a rallumé une étoile.

 

2)  De Jean-Louis Murat, il en sera vraiment question sur France 3 Auvergne, le 27 novembre avec la diffusion d'un documentaire filmé à l'occasion de la soirée "Te garder près de nous". On vous l'avait annoncé.  Une première date avait été indiquée et finalement changée, et on attend encore l'heure de diffusion. Mais on en reparle très très très vite.... en inter-ViOUS et MURAT-.

Richard Beaune en est le présentateur. Et il y aura du Jérome Caillon dedans.

Petit clin d'oeil avec l'interview  dans le JT de R. Beaune cette semaine de Michel Bussi ... qui exprime que pour lui, l'Auvergne, c'est l'eau qui coule... et  pour nous, c'est aussi Murat (à relire /elisee-reclus-jeanlouismurat-eau-source-riviere-theme).  L'auteur à succès ( et très sympathique) nous annonce également que le Sancy sera de nouveau à l'honneur dans un téléfilm: l'adaptation de son roman qui se déroule en Auvergne a été tourné par TF1 (je croyais en avoir parlé sur le blog pour sa faute de goût de choisir un titre de chanson de JJ Gargamelle sur un livre se déroulant dans le Sancy, mais je ne retrouve pas, c'est peut-être que ça ne m'avait pas enthousiasmé à la lecture... ).  C'était un message de touttouttoutsurlesancy.com

 

3)  J'avais un rendez-vous... Rendez-vous avec vous... Bienvenue sur suralainchamfort.com....    Euh, non? Non plus? Pourtant, je suis vraiment très admirateur d'Alain... et j'espère le revoir.... mais passons... Le rendez-vous, il sera avec les photos de Carole Epinette. Au  Café Caumartin, 13 rue Caumartin 75009 Paris.

La photographe qui a eu plusieurs sessions chez Jean-Louis Murat y expose ses photos rock (de live) du 5 octobre au 3 janvier 2025. Et au moins une photo de Jean-Louis Murat y est visible....

Pas celle-ci...

4)  surerikarnaud.com

C'est un rendez-vous que je ne peux pas honorer, mais le très rare ERIK ARNAUD sera de concert à Paris lors d'un festival organisé par nos amis muratiens de Sunburnsout! Le 16/10 festival Outsiders (avec les amis Gontard, M. Malon et  Pauline Drand également).

Et on ne peut pas enlever à Benjamin Berton qu'il nous vend bien son événement ! (prends en de la graine, le minus Pierrot)... Faut dire qu'il a des solides arguments, comme de parler de "AURA AIME MURAT"... mais surtout il peut être fier d'avoir réussi à lui faire accepter cette invitation (même si il semble qu'il a de nouvelles chansons!). Ce n'est pas donné à tout le monde!

https://www.sunburnsout.com/pourquoi-le-concert-d-erik-arnaud-le-16-octobre-est-un-evenement-independant-national/

Le Ouh-Ouh le plus casse-gueule de la chanson française? (N'est-ce pas Messieurs Beaupain et Lo?)

 

DEUX LIENS EN PLUS ERIK ARNAUD

Deux interviews sur le blog:

http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-erik-arnaud-2e-partie-57674350.html

http://www.surjeanlouismurat.com/2017/02/inter-vious-et-murat-erik-arnaud-matthieu-malon-et-orso-jesenska.html

C'est tout pour aujourd'hui. A bientôt (si  mon envie de faire surlaparesse.com me quitte)!

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 18 Septembre 2024

Revenons-en à l'ordinaire de l'actualité... en 5 points et quelques sous-parties.

 

1) INDOCHINE (suite)

Voici un bout de pochette qui indique la dédicace à Jean-Louis Murat sur le dernier album.

 

Ils ont par ailleurs indiqué sur RTL (après la trentième minute) qu'ils n'étaient pas responsable du titre généré par IA qui aurait été fait par des fans, mais je les trouve  un peu mal à l'aise devant Flavie Flament (qui clame son amour pour Jean-Louis, "mon idole absolue").  J'ai un peu pensé au clip "Comme un cow-boy à l'âme fresh" qui a été mis sur un compte bidon, pour éviter sans doute des problèmes de droits sur les images. 

J'ai un peu constaté dans les commentaires autour d'Indochine qu'un certain nombre de personnes leur en voulaient de faire trop de politique dans leur disque et d'avoir refusé de jouer à Perpignan. Cela a contribué à me les rendre sympathique... Et cela me permet de rappeler l'engagement de Jean-Louis Murat en faveur du Sous-marin, salle rock de Vitrolles fermée par B. Megret.

 

2) Une étape

  On n'a pas eu énormément d'infos sur les questions posées par la "succession" de Jean-Louis Murat, si ce n'est la volonté de Yann Bergheaud de jouer pleinement son rôle d'ayant-droit (avec les autres enfants). Mais voici un élément qui indique que cela est en train d'avancer, même si c'est un peu triste... moi qui utilisais le terme "Scarlett" pour parler de la petite entreprise muratienne, et de ses quelques acteurs...  Donc, voilà : Scarlett s'est fini, au moins pour la partie éditions... La société créée avec Marie Audigier, puis gérée par Laure, a vendu son fond de commerce à une maison d'édition "indépendante", Premier music Group (qui fait néanmoins partie d'un groupe international : Wise).

Cela m'a fait penser à l'article suivant de 2010 où je m'étais risqué à faire de l'économie, et à l'un de mes premiers articles qui indiquait que Jean-Louis Murat ne touchait pas ses droits d'auteur  aux Etats-Unis... comme JJ Gargamelle et Jojo V.  Ça nous rajeunit pas...

Pendant ce temps-là, dans la nouvelle et belle maison de Laure, on n'oublie pas Jean-Louis... Voici la 3e version live de Jeanne Cherhal sur "La maladie d'amour" (après celle at-home  il y a plus de 10 ans et celle donnée en mai dernier à la Coopé).

 

3) Petit tour au Québec

  Karkwa étaient en France pour quelque dates... et Louis-Jean Cormier s'est rebaptisé "Jean-Louis Murat" au moment de se présenter (à Paris, comme à Orléans).

merci à Antonin pour l'info. Et hop, on en profite pour partager son montage des différentes vidéos sur sa prestation du week-end Murat, yes sir en juin dernier:

 

 

 

4)  On reste sur le thème "Murat - influence" :

- Toujours au Québec avec un article sur le duo  Gustafson’s : "Il y a quelque chose de très « français » dans cet album, que ce soit dans la manière de chanter d’Adrien Bletton, qui rappelle un peu Jean-Louis Murat, une référence au cinéaste Gaspar Noé ou l’ambiance qui évoque parfois un vieux film de Claude Lelouch" (Vos étincelles).

Et avec deux noms déjà croisés :  

- les alsaciens de SINAIVE qui avaient repris "Perce-neige". Gonzai en fait "les dignes héritiers de Phil Spector, de Jean-Louis Murat et de Neu!" et Les Inrocks les décrivent "s'inspirant d'un mélange entre le son de Broadcast et The Telescopes, avec une touche à la Jean-Louis Murat".

- La Suissesse Mila (découvert ici avec une reprise de "L'au delà"). Un article de La Tribune de Genève nous permet de lire le nom de JLM :  "Aujourd’hui, la playlist Spotify de Milla confirme que les Beatles ne font plus la loi. Presque exclusivement de la chanson française, Jean-Louis Murat, Alain Souchon, Yves Duteil (!), Delpech et Cabrel..."

 

5) Collaboration avec l'animal et les animaux

Vous avez lu l'article précédent signé Florence?  Ce n'est pas trop tard... Je fais le lien (avec aussi son article sur les animaux) avec l'univers d'un artiste qui a croisé la route de Jean-Louis en réalisant le clip "French lynx" Jean-François Spricigo, "grand nom de la photographie contemporaine"... qui célèbre le vivant.

Ses sujets de prédilection sont la nature et les animaux. Selon le photographe, ils "ont participé à [le] réconcilier" avec l’humain. "Les animaux ont particulièrement participé à m’apaiser face à ce que je percevais comme des injustices, l’évidence de leur présence et leur ancrage spontané m’ont donné accès à une respiration plus sereine" (France info avec une vidéo pour voir les oeuvres)

Exposition Toujours l’aurore – Palais synodal, 135 rue des Déportés et de la Résistance à Sens Jusqu’au 30 septembre – Tous les jours de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h30 – Entrée gratuite  

 

 

THE LIEN INTER EN PLUS UN RIEN RÉCURENT


Récurrent car on a déjà parlé de la mention de Jean-Louis Murat dans des billets de Tanguy Pastureau... dans lesquels Murat est convoqué pour incarner le spleen absolu. La preuve, cette fois, c'est pour parler de notre premier ministre.

"Lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, il a été cassant, c’était un octogone verbal, j’ai cru que le petit allait fondre en larmes. J’ai failli ouvrir une cagnotte en ligne, « Des sous pour Gabou », pour qu’Attal puisse acheter une palette de Xanax, parce que c’est ce qu’il faut quand tu croises Barnier. Sur son visage, on lit l’état de la France, ce mec est l’antithèse de David Guetta. Vous le foutez à Ibiza, il mixe tout l’album Mustango de Jean-Louis Murat avec Les Roses blanches de Berthe Sylva, et les clubbers chialent".

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/tanguy-pastureau-maltraite-l-info/tanguy-pastureau-maltraite-l-info-du-lundi-09-septembre-2024-7098288

Bon, comme le pensait Jean-Louis, l'important, c'est de faire parler de soi...

 

Je fais comme France 2, je rallonge mon journal... Mais on se retrouve néanmoins très vite... 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 13 Septembre 2024

 Au printemps dernier, en haut de la Puy de la vache, nous avions pour mission de parler de l'ancrage de Jean-Louis Murat avec une journaliste. De cette cogitation est née l'envie chez Florence d'aller plus loin. Son amour pour l'Auvergne est plus ancien que celui pour Murat, mais les deux sont désormais intimement liés. On le devinera aisément à la lecture de ce texte, qui nous permettra de patienter en attendant la thèse universitaire promise sur le sujet.

                                                                               Photo : V. Jeetoo

Jean-Louis Murat en sa contrée

            D’une œuvre aussi ancrée dans un territoire, il est tentant de faire un but de visite, de promenade. Monter à la roche Vendeix, regarder couler la Dordogne, saluer la Dent de la rancune, passer le Col de la Croix-Morand, découvrir la Tuilière et la Sanadoire depuis le puy de l’Ouire, et désormais déposer un bouquet de fleurs des champs sur un portail fermé à Douharesse…

                                                                  Puy de l’aiguillier

    A les écouter chantés, ces lieux nous semblaient familiers, et pourtant, alors que leurs formes s’offrent au regard, on les découvre. Ils étaient un nom, un horizon, un espace ouvert : on avait fait le reste. Pas d’image précise, de tableau à mettre en regard avec la réalité, comme on en trouverait sur les chemins d’Etretat ou de Saint-Rémy de Provence. On en avait rêvé comme on rêve sur une carte. Ils se dévoilent, tout neufs. Mais on les reconnaît. Les lumières, le climat. La façon dont ils sont habités, par les hommes et les bêtes. Le rapport à cette terre, ce ciel grand ouvert, ou enserré dans le brouillard et les nuages.

            Et si, comme le dit Julien Gracq, « tout grand paysage est une invitation à le posséder par la marche », très vite le parcours balisé devient flânerie, au gré des chemins de traverse, des perspectives qui s’ouvrent à chaque virage, derrière chaque col, après chaque sommet. Alors arrive la joie de découvrir par hasard d’autres lieux-dits, hameaux, sources dont le nom résonne, d’avoir mis sans le savoir ses pas sur des chemins familiers. De faire connaissance avec un paysage déjà tant de fois arpenté en imagination.

            « L’Auvergne, je m’en fous complètement !» avait pourtant lancé Murat, jamais avare de paradoxes et de provocations, et fatigué sans doute de lire les éternelles périphrases l’enfermant dans cette spécificité du chanteur régional. « Le barde auvergnat », « le troubadour arverne »… Nous voilà sur un terrain déjà largement labouré. Au-delà du relevé patient des lieux qui émaillent les chansons, de leur cartographie minutieuse, reste toutefois à essayer d’examiner comment dans cette petite forme de la chanson, Murat dessine tout un monde, comment il rend à ce point sensible son territoire familier, et ce qu’il y a en effet d’injuste ou paresseux à le réduire à l’artiste du terroir, « le chanteur AOC » souriait-il.

Les travaux et les jours

            Le paysage auvergnat chez Murat, c’est d’abord celui du quotidien, un territoire façonné par ceux qui y vivent, y travaillent, y aiment. Leurs gestes et leurs préoccupations le dessinent, au rythme du temps et des saisons : dans les chansons de Murat, « il fait grand beau partout on fane », « d’estive rentrent les troupeaux », on soigne le veau dans l’étable, il faut couper les genêts, on s’inquiète du bois pour l’hiver ou du manque d’eau… On va pêcher dans le ruisseau des grands moulins, dormir dans la bruyère, fêter la Saint-Jean, ou regarder le taureau bander. « L’almanach amoureux » égrène de dicton en dicton l’année des paysans, avertit, enjoint, s’exclame : « mieux vaut chien enragé que chaud soleil en janvier », « Si tu veux bien moissonner, voilà l’heure de semer », « Nom de Dieu déjà septembre, fainéants peuvent s’aller pendre »… Cet almanach amoureux, Murat le file dans bien d’autres chansons, où l’amour se vit lui aussi dans la succession des saisons : dans « Sévices amoureux » par exemple : « L’hiver vient contrarier nos jeux Dès novembre et décembre tu retrouves tes collants bleus… L’automne passe la main, mets au chaud le bout de tes seins… Vive le printemps prochain ces jupes libèreront tes reins », ou encore « J’ai fréquenté la beauté », « tout un mois de juillet », et « tout un mois de janvier, Nuit et jour il neigeait autour ». Dans « Pluie d’automne », il promène sa mélancolie « en forêt... peine vaine, bois mort et genêts », dans le souvenir de l’amour passé « jachère brûlée, terre fière, nature de juillet ». L’hiver donne lieu dans plusieurs chansons à des peintures mélancoliques ou inquiètes. « L’Ouire est blanc il a neigé… tous les skieurs sont enchantés… Mais peu me chaut » chante Murat. La sagesse populaire de l’almanach amoureux a beau signaler que « An de neige sera toujours un an de bien », cet hiver interminable est, Murat l’a dit en interview, un des inconvénients « d’être né quelque part, entre Tuilière et Sanadoire ». « Il neige », répète inexorablement la chanson éponyme, qui peint un cadre familier recouvert peu à peu d’un manteau uniforme, comme soumis à une divinité cruelle, enterrant toute vie et refermant tout horizon. Tableau en blanc, noir et rouge, la chanson isole des silhouettes et des ombres inquiétantes, « chasseur accroupi dans la neige, gorge de loup dans la ténèbre », et fait pressentir la violence qui couve dans ce grand ennui de l’hiver : « il n’y a place que pour le silence, au couteau sur ta chair blanche ». Alors, le printemps même devient une perspective fragile et incertaine. « Dis Valentin, est-ce que le printemps revient » s’inquiète « L’almanach amoureux ». Même souhait dans « Le chat noir » : « Que l’espoir laisse au printemps, chanter la grive passer le givre, Que l’espoir laisse au printemps passer la neige en tourbillonnant ».

                                                             Chaudefour

Tous mourus

            Âpre vie dans ces montagnes, et ce paysage est celui d’un mode de vie qui peu à peu s’efface. Certes, vaille que vaille continue à survivre un rapport ancestral au lieu, au temps, à la terre : à Chamablanc, indifférents à l’avion qui les survole, s’accomplissent encore les gestes anciens, « Cuire la rhubarbe pour le petit, qui a toussé toute la nuit », « soigner le veau de l’enragée ». « Nous avons d’un courage constant maintenu notre vie d’avant » chante Murat dans « Entre Tuilière et Sanadoire ». Pourtant le constat parcourt nombre de chansons : chaque jour amène un suicide (« Tous mourus »), « il faut vendre la terre, il faut vendre les prés », « c’est la fin du village », « méconnus les rires d’enfants (...) dans ce pays qui n’est plus qu’un mouroir ». Cette désaffection se lit dans le paysage, lorsque « faudrait nous couper les genêts » qui gagnent sur les champs et les prés, ou que ne restent que « les ronces », puisque les vieux s’endorment, on n’arpente plus la montagne. Les chansons se font alors lieu de mémoire, où se conserve cette « vie d’avant ». Le film En plein air, tourné dans la chapelle de Roche Charles, s’ouvre sur des phrases en patois, la voix de la grand-mère de Murat. Il explique : « Elle raconte une journée type de sa jeunesse : le fenaison, etc. Ces derniers temps, je remplis des cassettes entières avec ces souvenirs. Avec elle, c’est toute une époque de la paysannerie qui disparaîtra ». Soucieux de conserver des traces de ce temps et de cette langue qui s’effacent, Murat a également enregistré « Le pastrassou dien sa tsabano » (Le berger dans sa cabane »), sur un texte de Joseph Canteloube. Dans Babel, il donne à un des sommets de l’album un titre en patois, « Mujade Ribe », et fait entendre le parler et les préoccupations des paysans de Chamablanc : « Martin vient nous aider demain, Il sera tôt si le temps nous tient... Y a si peu d’heures à ramasser ».

“Le pays premier”

            « Dans le pays où je suis né » scande cette chanson. En effet ce territoire est celui de son enfance, les « pays premiers » dit Marie-Hélène Lafon, avec lesquels elle entretient « un rapport nourrissant, charnel, vital ». Dans une passionnante interview croisée avec Jean-Loup Trassard, Murat affirme de son côté : « Le paysage de l'enfance se décalque à l'intérieur, sur l'âme. ». Il qualifie la vallée du Vendeix, où il a vécu petit, de « berceau », et rappelle – il le dit dans « Montagne » - que sa famille était appelée Bercail. Ses souvenirs irriguent ses chansons, la plupart du temps sous forme d’allusions ou d’images, « Le Mont Sans Souci » étant une des rares exceptions qui le voit céder à la tentation du récit. Murat évoque dans au moins  deux chansons le Ciné-Vox de la Bourboule, ou parle dans « Fort Alamo » de « La Belle Ozo », un des poneys qui transportait les enfants des touristes. Les « clarines bleues » de « Chagrin violette » le renvoient à l’enfant malheureux qui s’enivrait de leur chant. Le temps se retourne, les chagrins resurgissent, et avec eux des voix du passé : le petit garçon qui vivait auprès des vaches, qui demande « Dois-je donner aux bêtes » et réclame « Garde-moi la peau du lait », mais aussi des phrases en patois dans « Mujade ribe » et « Le voleur de rhubarbe ».

            Arpenter les lieux, c’est donc remonter le temps, plonger dans les souvenirs. « Le voleur de rhubarbe » déroule, entre Lusclade, la Compissade, le Rocher de l’Aigle et la Fontaine salée les rêveries du « petit Bertzo ». Devant la Dordogne, comme au cours de la promenade avec Aurélie Sfez pour l’émission A la dérive, son « cœur étonné revit ses étés au Vendeix ». L’image de la maison d’enfance dans Babel amène avec avec elle le souvenir du « sang noir », la « viande crue », déjà présents dans « Perce-Neige » et « Accueille-moi paysage ». Les interviews de Murat sont également riches de souvenirs et de réflexions sur le lien entre paysage et mémoire. Dans sa conversation avec Jean-Loup Trassard, elles découlent d’un mot : « Vous ne trouvez pas aussi que le mot de remembrement est drôlement vicieux ? Il y a la remembrance, le "remember" anglais, le souvenir. Donc, la racine de remembrement est le souvenir, alors que le mot dit le contraire. Comme vous le dites, le souvenir et l'émotion passent beaucoup par la reconnaissance intime d'un paysage. Dès l'instant où on y touche, on bouleverse nos souvenirs. »

Epaisseur du temps

Le passé qui persiste, souterrain et têtu, c’est aussi celui des  contes et légendes. Les lieux dans les chansons de Murat sont souvent traversés de récits ou empreints de spiritualité. En 2008, au cours d’une conversation avec les lecteurs de Télérama, il parlait de sa « foi rurale, campagnarde, primaire » : « Je crois en Dieu un peu comme je crois en les cerisiers, les fourmis ou les bêtes à bon Dieu, pas toi ? (rires) ». Jean Théfaine raconte comment, au cours d’une de leurs rencontres, il l’a vu ramasser une croix en granit, de celles qui jalonnent les chemins et les carrefours de sa région, pour la mettre près de sa maison. Lui qui disait admirer chez Bob Dylan sa quête spirituelle, qui affirmait sur FR3 en 1993 : « Je maintiens que la vraie chanson a une vocation de prière », il a chanté la vierge d’Orcival, investi la chapelle de Roche Charles pour l’album En plein air, et revient dans son œuvre vers des pôles qui semblent l’aimanter. Dans « Col de la Croix-Morand », devenue emblématique, il évoque ce point de passage battu par les intempéries, balayé par les tempêtes de neige, et particulièrement dangereux puisqu’« à la Croix-Morand il faut un homme tous les ans » dit le dicton. Il représente un lieu de solitude et de dénuement extrêmes, auquel il s’identifie dans la mort même : « Quand à bride abattue les giboulées se ruent, Je cherche ton nom. Oh je meurs mais je sais que tous les éperviers sur mon âme veilleront… Dans mon âme et mon sang col de la Croix-Morand je te garderai ». 23 ans plus tard, il y consacre une autre chanson dans Babel. Sous son autre nom de « Col de Diane » (Dyane dit la carte) il devient alors le théâtre d’une quête érotique et mystique désabusée : « au col apercevoir la dame », « en forme noire embrasser Diane », « Au pont de la mort trouver son âme »…. « faut pas y compter ». Passant par le col, si on va de Pessade à Courbanges, on descend vers un autre lieu hanté : le lac Chambon, dominé par la Dent du Marais ou Saut de la pucelle. La légende dit que, pour échapper à la poursuite d’un seigneur, une jeune fille a sauté du rocher. Arrivée au bas saine et sauve, elle est allée se vanter du miracle, et a sauté à nouveau – chute mortelle, cette-fois ci, Dieu l’ayant récompensée pour sa foi et sa vertu mais punie pour son orgueil. Le souvenir de ce saut hante le marcheur de « La petite idée derrière la tête », et « Noyade au Chambon » dans Babel en reprend les motifs : elle raconte comment une jeune fille saute dans le lac pour échapper à un jeune Allemand qui voulait lui faire violence. Cette chanson semble d’ailleurs exemplaire de l’épaisseur du temps chez Murat : dans un disque où il arpente son territoire familier, et convoque son passé, il raconte un fait divers qu’il situe pendant la guerre (quand « Le maquis tenait Bozat, tenait le château des Croizat »), et qui semble une réécriture de la légende. La forme même de la chanson, rythme et orchestrations, l’associent à un conte ou une ritournelle populaire.

Magie des noms

            Habité, hanté, parcouru de récits et de souvenirs, ce paysage paraît donc extrêmement sensible, et même charnel à l’auditeur. Et pourtant, on peinerait à trouver de réelles descriptions dans les chansons. Il semble que Murat pourrait souscrire à cette phrase de Philippe Jaccottet dans Les Semaisons : « Je ne veux pas dresser le cadastre de ces contrées, ni rédiger leurs annales : le plus souvent ces entreprises les dénaturent, nous les rendent étrangères ; sous prétexte d’en fixer les contours, d’en embrasser la totalité, on les prive du mouvement et de la vie ; oubliant de faire une place à ce qui, en elle, se dérobe, nous les laissons tout entières s’échapper ». La vue d’ensemble du pays de Murat, on la saisit vraiment sur la carte qui accompagnait la sortie de Babel : au centre, la Bourboule et le Mont-Dore, tout autour des puys et massifs grossièrement griffonnés, des traits et flèches comme pour marquer les chemins ou les points d’arrivée et, principal élément structurant, deux épais traits bleus pour le Vendeix et de la Dordogne.

       Dans ses chansons, pas plus soucieux de topographie ou de peintures précises, Murat procède plutôt par notations ponctuelles, et joue sur les changements de point de vue et de perspectives. Il dessine de vastes espaces, des lignes générales, la terre, le ciel, les horizons : « la prairie », « mille hectares de forêt », « les foins, les genêts », « les champs, les forêts », « les monts », « la large plaine »… Dans ces étendues, il isole des éléments, points de repère, traits saillants, ou silhouettes, ouvrant parfois, de façon métonymique, à tout un espace : « le rocher », « nos roches » « le château », « le cerisier », l’« abreuvoir », « les cornes des bœufs », « un troupeau, un enfant », « cavalier sous la pluie »... Avec la justesse de celui qui le connaît intimement, il dit aussi son paysage par ceux qui le peuplent, animaux et végétaux : narcisses, myosotis, reine-des-prés, camélias, jean-le-blanc, chardonneret, faucon cendré, milan noir, ferrandaises, renards ou mouflons. Finesse du regard de celui qui peut appeler tous les oiseaux par leur prénom, mais aussi belle confiance en la magie de la langue et la puissance d’évocation de ces noms (la reine-des-prés, tout de même !) Et que dire des noms de lieux, constamment présents, Courbanges, Les Longes, Chamablanc, la Dent de la rancune, l’Ouire, l’Aiguillier, Lusclade, le Crest, qui à eux seuls ouvrent tout un monde ? Nommer : faire entrer avec lui, de plain pied, dans son univers familier. Ouvrir grand l’espace de la rêverie. Tout un monde en germe dans cette petite forme de la chanson, qui se déploie dans l’imagination de celui qui écoute.

« Le printemps me sert de lieu » 1

          Faire imaginer, faire sentir : Murat rend aussi sensible le paysage par les sensations qu’il procure, parfois dans une dimension synesthésique, quand il parle du « chant des clarines bleues », la nuit. Un vers, une notation, et voilà posé un climat - y compris au sens météorologique du terme - quand le lieu est d’abord une présence physique : dans la « pluie du matin », le « printemps pluvieux et chaud », le « vent chaud » venu d’Espagne, la nuit qui « nous tient en ciel d’orage »... avec la fièvre qui saisit quand embaument « les senteurs de juillet », le « parfum d’acacia au jardin » ou l’odeur de la femme aimée au verger… les mains trempées dans l’eau à Fonsalade par un mois de mai brûlant, le « ventre nu sur le gazon », la saveur du « lait au goût de réglisse et d’airelle » ou la première framboise à savourer… ou à écouter le « grand silence de printemps », la « drôle de chanson » du coucou en haut d’un hêtre. Parfois d’ailleurs on l’entend, cet univers familier, chants d’oiseaux, clarines, aboiements de chien dans Toboggan, Mockba, Le Manteau de pluie. Morceaux atmosphériques, où la musique, les arrangements, le chant murmuré nous immergent dans des espaces singuliers. « Le lait des narcisses » nous entraîne même sur des pas qui crissent sur un chemin, alors que coule goutte à goutte l’eau de ce que j’ai toujours imaginé comme la neige qui fond au soleil.  Et surtout, Murat porte une attention constante à la lumière, à la qualité de l’air : « pleine lune au mois de mai », « dernière étoile s’enfuyant vers le Fohet », « gorge de loup dans la ténèbre », « les soirs illuminés entre les cornes des bœufs ». Le « ciel rougeoyant en soirée », le soleil qui « se lève ensanglanté », « la pénombre de juillet », « l’ombre épaisse de la tour », « la nuit des forêts ». Le brouillard qui « déjà (...) noie les grands moulins », les Combrailles qui s’embrasent au loin, ou la lumière (sans doute surnaturelle, celle-là) qui s’est posée sur une fille dans « Mujade ribe »...

 « Apprends à trouver le chemin »

            Poète du monde sensible plus que topographe, Murat n’en peint pas moins des espaces orientés, parcourus de lignes de forces, le cours des ruisseaux ou les pas du marcheur. Sans cesse le paysage est saisi dans le mouvement de celui qui l'arpente : il s’agit de partir dans la direction du Crest, prendre par Lusclade, marcher de Courbanges à Pessade, suivre le chemin des poneys, aller au Servières se rafraîchir, fréquenter la beauté par les champs les forêts, marcher dans la montagne en ce joli mois de mai, y courir et siffler le renard, apprendre à savoir s’orienter... Les lignes directrices sont également dessinées par les ruisseaux et rivières, omniprésents : d’abord le Vendeix et la Dordogne, lieux de rêveries de l’enfant, de méditations de l’adulte, mais encore le Chavanon, le ruisseau des grands moulins, le Sioulot… Les cours d’eau matérialisent aussi les forces souterraines qui traversent le territoire : la Dordogne de la chanson éponyme gronde au sein des profondeurs de la terre d’être « crachée sur terre », « du fond de l’enfer » ; des sources jaillit une eau « salée », ou avec laquelle on soigne les enfants malades aux thermes de Choussy; elle sort brûlante de la « Faille » gardée par « la fée des eaux ». Le vent court lui aussi sur les plaines et le long des vallées, comme « le vent d’ecir sur la Limagne » dans « Les hérons »; dans « Mujade ribe », « en souffle d’homme sur la Dordogne qu’il remonte en courant », il annonce l’orage qui déjà « gronde au Chavanon ». Murat dit la violence, le feu qui peut traverser son pays, lui qui évoque souvent l’orage (et disait aimer sortir sous le déchaînement des éclairs). Il rappelle même les puissances géologiques qui l’ont façonné, lorsqu’il parle de « l’empreinte du glacier » dans « Le voleur de rhubarbe ». Prenant à rebours la métaphore convenue attachée à la source et au ruisseau, il qualifie de « vieux » le cours d’eau qui « part en chantant » dans « Le jour se lève sur Chamablanc ». [NDLR : sur le thème de l'eau]

Au dedans de moi

La Dordogne : « Fureur muette au cœur de mon être ». La puissance de cette terre fait écho à une violence intérieure, le paysage est le reflet de celui qui s’y mire, et Murat reprend toute la tradition poétique du paysage état d’âme – à moins que ce ne soit l’inverse. Quelques exemples, mais on pourrait les multiplier : il compare son âme triste à la jachère dans « Perce-neige », peint dans «Démariés » le paysage glacial et inquiétant des adieux : « Jeune fille s’en va dans sa pluie de flocons bleus / Vers le dernier ravin où s’aventurent les loups ». Il souhaite dans « Je voudrais me perdre de vue » « pouvoir regagner la prairie avant la tombée de la nuit », se demande dans « La tige d’or » « Qui a fait ce fond de ravin dans ma verdure ? » ; ou encore, marchant de Douharesse au Guéry, de l’aube au couchant, il se retourne sur sa vie dans « Le chant du coucou ». Après une course vive, qui le voit fouler « d’un pas moderne le chiendent et le mouron », insulter le coucou chanteur, il finit par se « baigner nu, dans l’eau noire des regrets ».

                                    "L'Indien"  -   photo: V. Jeetoo

Mais lorsque les courbes et les reliefs dessinent des visages et des corps, le paysage s’anime et palpite de désir. Véronique Jeetoo raconte que Murat appelait « L’Indien » le profil de la Sanadoire vu depuis Douharesse ; Roger, son ami d’enfance lui montrait depuis le col de la Croix-Morand l’horizon du Guéry comme un corps de femme. Car ces montagnes, ces vallées sont avant tout féminines, et Murat les peint avec une extrême sensualité. On y fait l’amour, sous un séquoia au parc Fenestre, au Mont sans souci, ou « nu parmi les genêts ». Elles sont parcourues d’eaux courantes, sources, ruisseaux et rivières, élément féminin chez Murat comme chez Elisée Reclus qu’il admire. Comme le Rhône et la Saône se mêlent s’étreignent les amants, « ventre contre ventre » dans « Pluie d’automne ». Et c’est au cœur du chemin creux que Murat trouve la fontaine dans « Au dedans de moi » : « Au-dedans de moi ta rivière, Au-dedans de moi ta liqueur, Au-dedans de moi ta fontaine, Au-dedans de moi tes merveilles, Par le chemin creux ta fontaine ». Sexuelles aussi, les fleurs. Murat parle de « se cueillir en narcisse », évoque dans « Colin-maillard » le désir impatient de voir « le grand lys au fond de la vallée », veut « sucer la fleur secrète ». La femme aimée est « reine des bois, des ronces et des genêts », le contentement de la lady est « anémone du soir », ou « rond comme un pommier ». Encore une fois, le jeu avec les noms opère aussi ce  déplacement, parfois avec malice, lorsque Murat chante « Montboudif lui dit plus trop », ou qu’il indique avec un aplomb imperturbable au réalisateur de son clip : « Col de la Croix-Morand ? Col de l’utérus ! » Le Mont-sans-souci, centre équestre sur les hauteurs de la Bourboule où il situe ses amours avec une jolie infirmière, est aussi (d’abord ?) le sexe féminin.

 Au-delà encore de cette projection, il montre un paysage qui le façonne, et avec lequel il finit par se confondre. La Dordogne est « source de (s)a vie » ; il se dit montagne dans Vénus: « Oh ! Vois, j'ai dans les yeux le bleu de l'eau des montagnes, dans ma voix l'accent des gens de montagne ». C’est l’espace de son « âme », mot qui revient de façon obsessionnelle dans « Col de la Croix-Morand ». De cet accord entre l’âme et le paysage, il passe par la suite à une véritable fusion. Dans « Parfum d’acacia au jardin », le mort n’est plus sous la garde des oiseaux, mais emporté avec eux : « j’ai su que mon tombeau serait une hirondelle ». Et dans Babel, l’âme n’est plus cette entité vague, ce mot employé de façon un peu convenue, elle a un lieu, est un lieu : « Le siège de l’âme c’est la forêt, sans les larmes, sans pitié… Le siège de l’âme c’est la forêt, le brouillard, les genêts ». Dès « L’ange déchu », il demandait : « Fais de mon âme une branche, de mon corps un talus » Comme le notait Agnès Gayraud au Fotomat, c’est dans la nature, le paysage que semble finalement se trouver toute transcendance. Le mourant appelle d’ailleurs à s’y fondre : « Accueille-moi paysage, accueille mon vœu, Fais-de moi paysage un nuage aux cieux ».

Rêveries géographiques

Dans cette façon singulière de présenter son paysage, elliptique et précise, rêveuse et puissamment évocatrice, dans son appel constant à l’imagination et la rêverie, Murat compose une œuvre solidement ancrée dans un territoire, et qui simultanément s’ouvre à tous les horizons et les imaginaires, du présent vers le passé, d’ici vers l’ailleurs. Grand voyageur, il reconnaît loin de chez lui des paysages amis, qu’il comprend intimement. Dans Taormina se mêlent et parfois se confondent les paysages siciliens et auvergnats, tous hantés par la mélancolie et l’omniprésence de la mort, à l’ombre des volcans. « Caillou » ouvre l’album : « Tout ce qui mène au tombeau ici bas devient beau, fait la mélancolie des gens de mon pays », et « Taormina » répond en écho : « A Taormina, je mesure ma peine ». Les vastes plaines, les horizons lointains s’élargissent aux deux pôles entre lesquels naviguent son œuvre et ses sources d’inspiration, l’ouest américain et l’est des moujiks. Murat, grand amateur de westerns, donne à un de ses premiers albums le titre d’un film de John Ford, et les grands espaces américains parcourent toute sa discographie, du « Troupeau » à « Géronimo », avec un déplacement notable des cow-boys vers les Indiens auxquels il s’identifie. Dans Cheyenne Autumn, on entend aussi la voix d'Andreï Tarkovski; les grandes étendues, ce sont aussi celles des steppes, pour celui qui se rêve en moujik, ou de l’immense forêt de la taïga chantée dans Le cours ordinaire des choses : dans l’hiver interminable, la neige qui tombe sans cesse, s’élève la plainte du « monde d’en bas », pour implorer le retour de la lumière. Les espaces se chevauchent régulièrement, lorsqu’il voit par exemple « une mêlée d’Indiens » au milieu des narcisses et jasmins dans « La Chanson du cavalier », et l’Histoire s’invite bien souvent au détour des chemins. Dans « Michigan » se mêlent ainsi les massacres des Indiens et l’épopée napoléonienne : « je vois nos os mêlés à la prairie », « est-ce que je vois l’armée de Napoléon ? ». Ouverture enfin, choc fécond, ses références et modèles. « La plus haute tour » de « La chanson du cavalier » convoque Rimbaud, dans la « noire Sibérie » de « La surnage dans les tourbillons d’un steamer » surgit un vers de Louise Labé, « La fille du capitaine » rend hommage à Pouchkine… Même Babel, son « disque AOC » disait-il, est né d’un ailleurs géographique et temporel, la lecture à ses enfants de L’Île au trésor de Stevenson. Enfin c’est sur une musique anglo-saxonne qu’il chante ses territoires intimes : « John Lee Hooker à la sauce Cropper résume à merveille toute l’inspiration de Murat, tantôt funky, tantôt blues », écrit Antoine Couder dans Foule romaine. « Un folk avec des échardes, boueux » nous disait joliment Agnès Gayraud lors de sa conférence au Fotomat. Et en effet, la langue de Murat est volontiers rugueuse, elle saute joyeusement du très littéraire au très trivial, ce qui l’éloigne là encore de la littérature régionaliste telle que la définit Hélène Lafon : « le roman de terroir joue à l’évidence sur la corde nostalgique ; on y subit des épreuves, on les affronte, et on est finalement consolé, caressé, le tout dans une langue bien écrite, pas trop ébouriffée. ». La nostalgie est certes loin d’être étrangère à Murat, elle revient à longueur d’interviews, mais c’est plutôt de la mélancolie qu’expriment ses chansons, avec la conscience aiguë du caractère éphémère de toute chose. Et il me semble bien le retrouver dans ce travail au corps-à-corps que  raconte Marie-Hélène Lafon : « je ne pouvais pas manger de ce pain-là ; il y avait trop d’âpreté première, native et définitive, à étreindre, à affronter, mâchouiller, ruminer... »

 

Puisque les noms donnent un tel élan à l’imaginaire, comment Murat a-t-il rêvé les siens ? Bergheaud-Murat, son âme de berger, enraciné dans son pays d’enfance, son bercail... Murat-Bergeaud, qui se rêve en maréchal d’Empire, et par la magie de cette racine bergh étend les siennes jusque vers le grand nord et la Sibérie...Voilà qui excède décidément toute clôture géographique et temporelle !      

                                                                                                       

1- « Le printemps me sert de lieu »: cité par Martin de la Soudière dans son ouvrage Arpenter le paysage

                                                         photo : F.Loriou

Merci à Didier Le Bras  et  Pierrot, au site Muratextes, à Patrick Ducher et Florence Couté pour leurs précieuses transcriptions d’interviews, Jean-Louis Murat, le ramasseur de myrtilles, à Agnès Gayraud, pour sa conférence au Fotomat le 22 juin, à Arpenter le paysage de Martin de la Soudière, au Pays d’en haut, de Marie-Hélène Lafon et Fabrice Lardreau.

                                                                                                   Florence D.              

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Un grand merci à toi, Florence!  Merci pour ce "corpus" que tu constitues.

Pour aller plus loin:

Les cartes muratiennes (les lieux cités par Jean-Louis Murat)

 

Les articles de Florence déjà parus:

- Les mots de l'eau (Elisée Reclus)

- Les "mots" des animaux

- Les mots de la mort

- Inspiration VS NAIPAUL.

- Compte-rendu "Rencontre Jean-Louis Murat à la médiathèque de Rosny"

 

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Rédigé par Florence

Publié dans #divers- liens-autres, #2023 après

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Publié le 6 Septembre 2024

Après la mauvaise blague/hommage  de mai dernier, et la prestation de Nikola Sirkis à la soirée "te garder près de moi",  voilà la grande sortie du disque d'INDOCHINE (avec un gros show - concert privé- ce soir sur TMC). 

Et on apprend que l'album est dédié à Jean-Louis Murat (et à Erwin Olaf, photographe).  Même si Nikola a chanté "j'ai fréquenté la beauté" à la coopé, on ignore si le titre du disque est là pour faire une référence direct à Jean-Louis,  "Babel Babel"  est en tout cas une chanson sur Zelenski. On peut rappeler que Babel est une référence assez commune (même si Gabriel Yacoub, lui que Murat appréciait, s'était un peu plaint du "plagiat"de Murat . Faut-il rappeler que Murat faisait lui référence à St-Babel même si "tour de Babel" se prêtait bien à cette immersion sur les hauts plateaux?)

 

Il y a la mention de Jean-Louis Murat dans l'article web du Parisien  (réservé abonnés) ce jour, celle-ci ne figure pas sur l'édition papier !

 

Plusieurs titres évoquent la mort, le deuil. Dans « Annabelle Lee » vous dites : « C'est l'année des parents qui s'en vont ». Ce sont vos parents ?

N.S.Ça reste du domaine de la vie privée. Mais oui, on devient orphelin... L'éternité que nous offrait le rock n'existe plus. On perd des parents, des amis. Cet album est dédié à Jean-Louis Murat (qui a écrit une chanson pour Indochine) à Erwin Olaf (photographe qui a réalisé la pochette du précédent album du groupe). La vie avance. Et, je ne l'accepte pas.

Vous avez peur de la mort ?

N.S. Non. Quoique... Ça me fait chier. On vit dans une sorte d'intemporalité avec Indochine. À 65 ans, faire du rock, c'est complètement fou, mais il faut rester les pieds sur terre. Et parfois, c'est assez violent.

Pour rappel:

Karma Girls, texte de Murat, a été entendu par 477 999 spectateurs sur leur dernière tournée

http://www.surjeanlouismurat.com/indochine-sirkis-karmagirls-murat-2022

Ca me fait penser que je n'avais pas partagé les prestations de la soirée du 25 mai:   Sur celle-ci (et ils en existent plusieurs captations), on dépasse un petit peu -légèrement- le nombre de vues des autres covers... 

LE LIEN EN PLUS

On a déjà parlé de ce tribute et de ce dernier concert. La presse locale et le public se sont mobilisés: 

Le Progrès (Lyon)
Edition du Jura
Actu | lons et région, dimanche 1 septembre 2024 249 mots, p. LCHJ18

Ruffey-sur-Seille

Un concert dédié à Jean-Louis Murat a fait salle comble

 

La salle de concert de l’association de La Grange a affiché complet ce jeudi 29 août pour le concert de Bertrand Plé, accompagné à l’harmonica par Nathan Cambruzzi, en hommage à l’artiste Jean-Louis Murat, décédé en 2023. Beaucoup d’émotion dans la salle et sur scène car Bertrand, qui vit actuellement à Lyon, est un enfant du pays. Plus exactement de Bletterans, où sa famille réside. Beaucoup de personnes dans le public le connaissaient.

Bertrand (voix et guitare) a étudié à Lyon la trompette, le jazz, les musiques actuelles, l’histoire de la musique et la musicologie, l’harmonie et la composition. Il écrit ses propres musiques, mais à Ruffey-sur-Seille, c’est le répertoire de Jean-Louis Murat qui a été à l’honneur avec des textes poétiques où la personnalité peu consensuelle et au grand cœur de Jean-Louis Murat a été révélée, avec douceur et classe, par les deux artistes. Ces derniers ont échangé, à l’issue de leur prestation, avec le public enthousiaste et les bénévoles de l’association.

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #week-end Murat

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Publié le 5 Septembre 2024

On en avait eu vent suite à une indiscrétion "off"... mais cette fois, l'indiscrétion est publique: Grégoire Bouillier, écrivain, vend la mèche avec France Inter. 

Il y aura une soirée Jean-Louis Murat à la maison de la poésie à Paris en novembre. Ne cherchez pas: ce n'est pas encore annoncé officiellement. 

On avait déjà parlé de Grégoire Bouillet ici (ou )et même, sur les ondes de Europe1, pour impressionner M. Moix. En effet, il avait déjà parlé de Murat sur FIP (dans le cadre d'une émission jazz) et toujours de "muragostang". 

 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-20e-heure/la-20eme-heure-du-mercredi-04-septembre-2024-7395449

 

Actualité :
Grégoire Bouillier participera en novembre à une soirée en hommage à Jean-Louis Murat, donnée à la Maison de la poésie à Paris.

Choix musicaux de l’invité :
Grégoire Bouillier attire notre oreille sur le titre "Washington" de Jean-Louis Murat, dans l’album live Muragostang (2000).

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 1 Septembre 2024

promo de 2004

 

 

 

Après le vinyle - et oui, faut pas faire en même temps pour faire marcher le commerce-, voilà qu'il est tombé en prévente sur les sites marchands   le CD PARFUM D'ACACIA AU JARDIN!

FNAC    18 octobre 2024    19,99 euros

Pour la première fois en double CD
« Parfum d’acacia au jardin », filmé dans les conditions du direct et en une seule prise par Don Kent est sorti uniquement en DVD en 2004 . Le voici enfin disponible pour la première fois en double CD.
Simplicité et retour aux bases, en compagnie de son groupe déjà présent sur Lilith : Fred Jimenez / Stéphane Reynaud, sa désormais section rythmique fidèle. Son vieux complice Christophe Pie en appoint guitare/clavier, et Camille en contrepoint féminin.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 19 Juin 2024

bonjour,

Je prends le temps de vous donner quelques nouvelles! Je suis à fond sur les préparations du Week-end... mais on commence à y voir à peu près clair.

Il reste encore quelques places  : billetterie (pass 2 jours et le vendredi : 3 sets concoctés rien que pour nous! Avec la participation exceptionnelle  du très rare Bertrand Louis, multiples coups de coeur de l'académie charles cros, et de l'encore plus rare "Mlle Personne"!).

 

Infos pratiques:

Les portes ouvrent à 19 heures les deux soirs. Le fotomat propose des petits encas (pizza...)... et des nombreuses bières et du vin naturel...

Pensez à votre carte d'adhérent obligatoire pour accéder à la salle pour ceux qui étaient là l'année dernière, pour les autres, adhésion obligatoire à l'association à prix libre (Le Fotomat fonctionne sans subvention, et est un lieu d'expression pour toutes les cultures et expressions, notamment depuis quelques temps, pour la communauté LGBT+).

Nombreux stands : dédicace de Pierre Andrieu ("les jours du jaguar", du livret de la conférence de l'année dernière (par Pascal Torrin - si vous ne l'avez pas réservé, il sera disponible pour 5 euros-,  Stand des Volcans (vendredi et/ou samedi) pour acheter des vinyles, et les livres,   Des CD singles et/ou promos le vendredi, et  aussi, le recueil d'interviews proposé par P. DUCHER!       Si vous avez réservé des affiches auprès de moi, je ferai la distribution en fin de soirée (MERCI DE PENSER A AVOIR DE LA MONNAIE!).  Et puis bien-sûr, vous trouverez les CD des artistes, notamment le dernier album des Dory4 paru cette année, ou les productions de Soleil Brun, ou l'Autre Philippe... entre autres!  Merci de soutenir la musique vivante!

 

N'arrivez pas trop tard pour profiter de l'exposition, et de la scène ouverte (avec Pierre-Emmanuel qui pourrait se promener avec sa guitare, et Vivien au piano). Et soyez en forme! Les soirées vont se terminer tard, avec "mlle personne" en "cinéma de minuit" le vendredi... et un concert de plus de 30 titres le samedi!

  Voici les affiches qu'on a vu apparaitre sur les réseaux sociaux cette semaine:

Le "all stars Mikaelian's band" clôturera la soirée:

Et voici les replays de la semaine:

LES ATTABLES REPLAY  sur radio campus clermont. J'ai causé et TRISTAN SAVOIE également! IL révèle ses choix de reprise!

C'était lundi, et le jour suivant, c'est Pierre Andrieu qui a causé de son livre et de la soirée:

On sort en Auvergne  sur France BLEU

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #week-end Murat, #2023 après

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Publié le 10 Juin 2024

 

Ah, obligé éplucher toute l'émission de Nagui du jour.... et rien, rien... Le site indique pourtant que NINE D'URSO, actrice du dernier Assayas  avait choisi d'écouter Jean-Louis Murat "je vous attendais".  Je ne mentionne pas qu'elle est la fille d'Inès De La Fressange (ou presque), car elle a suivi un beau parcours "républicain" :  après avoir abandonné les bancs de Normale-Sup (Théâtre), elle s'est formée à  l'école nationale de théâtre de Lille et enchaîne, à trente ans, les rôles (bientôt en George Sand sur F2). Qu'à cela ne tienne, hop, hop, je tente de la trouver sur les réseaux sociaux... et 5 minutes après, voici sa réponse (c'est bien les réseaux sociaux parfois!).

-  Pourquoi ce choix de Jean-Louis Murat?

Nine d'Urso:

J’ai découvert JL Murat en 2015, quand j’étais à l’Ecole Normale Supérieure. C’est mon coloc de l’époque qui m’a fait découvrir l’album Madame Deshoulières et nous avons passé des soirées magnifiques à l’écouter. Je sortais d’un cursus très lourd en classe prépa, où le travail d’exégèse très approfondi peut parfois avoir le travers de blesser la magie incompréhensible de la littérature. Murat m’a prouvé qu’on pouvait s’emparer d’une œuvre poétique complexe, parfois obscure, et aller la gratouiller jusqu’au fond sans jamais la dénaturer. Le choix de Huppert est brillant, elle joue fantastiquement toujours en ayant l’air de penser à autre chose, ce qui rend ses mots encore plus percutants. L’assemblage musical est instruit mais jamais frimeur, comme un cocon pour le texte, il lui rend hommage et le fait vibrer encore plus fort, c’est majestueux.

Merci, Nine!  Ravi de compter une jeune muratienne de plus!

 

Petite pierre supplémentaire : Sur ce site,  Nine raconte une expérience de montagne:

 « Lors du premier mois de la troisième année, on devait partir un mois en voyage, en totale déconnection, sans téléphone, sans ordinateur. J’ai décidé de suivre des bergers dans les Pyrénées pour expliquer les transhumances, explique-t-elle. Je n’ai pas eu de mal à respecter les consignes car il n’y avait pas de réseau, pas d’eau, pas d’électricité, juste deux messieurs, trois chiens et 2 400 brebis. Ça a été l’expérience la plus folle, la plus joyeuse, la plus éprouvante de ma vie. En revenant, j’ai préparé une mini-pièce de 20 minutes intitulée Oh Rambonette ! Avec en sous-titre « Toutes les brebis s’appellent Francis ». Ces gens, que je retourne d’ailleurs voir, m’ont appris le rapport au corps, au silence, à la conversation, à la persévérance… »

Et oui, elle est "montagne" comme les au-au-tres!

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-bande-originale/la-bande-originale-du-lundi-10-juin-2024-1171535

On répare la faute de Nagui:
 

 

 

- Vraie mention cette fois sur les chaînes de Radio France : Eric Reinhardt

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/musique-emoi/eric-reinhardt-ecrivain-webern-berg-saariaho-feldman-ecrivent-les-musiques-de-mes-etats-interieurs-3782961

A 52 minutes, la maladie d'amour,  suivie de quelques propos (la rencontre autour de  Cendrillon, "frère d'arme" etc), et cette phrase:

"Un artiste aussi entier, ample puissant, idéaliste un artiste du paysage,  de l'amour, avec une telle voracité de vie et en même temps, sans cesse, comme moi, guetter par la mélancolie, la tentation de la disparition, cette mélancolie de JL me consolant, la puissance consolatrice de Jean-Louis Murat est phénoménale".

"Tous mes livres ont été écrits depuis en l'écoutant, et de savoir qu'il n'y aura plus de nouvel album de JLM, me donne le sentiment d'être orphelin"

 

LE LIEN EN PLUS

Quelques extraits d'interviews sélectionnés par SEGUIER, l'éditeur de F. Vergeade :

https://www.editions-seguier.fr/inactuel/jean-louis-murat/

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Nota bene :  Week-end Murat, yes sir!  Merci de me signaler si vous avez acheté des billets, mais que vous vous pourrez pas vous rendre à l'événement le vendredi ou le samedi (afin de faire bénéficier de ses places à d'autres). Il reste quelques pass et des billets pour le vendredi!

https://www.helloasso.com/associations/banana-split/evenements/week-end-murat-yes-sir

et pensez à vous faire beau, samedi, une Dolo talentueuse, pourra vous prendre en photo!

 

ET j'ai oublié dans l'article précédent de vous partager cette vidéo:

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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