Publié le 15 Février 2016

Il y a quelques jours nous vous annoncions la nouvelle colloboration de Jean-Louis Murat avec un jeune artiste: Eryk. e.   Peu enclin à utiliser le téléphone qui m'aurait permis de réaliser son interview, j'ai demandé à M. de prendre la main.  Il a fait mine de rechigner bien-sûr... avant d'effectuer avec le talent qu'on lui connait, un travail fantastique en quelques jours.  Un mois avant la sortie du disque  "Seize", voici donc la toute première interview  d'Eryk e (désolé de la publier un quinze...).  

Eryk E, opus 1
Toubib or not toubib a musician...

 

Eryk E publiera dans le courant du mois de mars un premier album intitulé Seize, collection de chansons à l'écriture sobre et soignée, construites autour d'un piano d'allure classique. À l'instar de celui (opposé) d'une sophistication plus ou moins alambiquée, le choix de la simplicité a ses avantages et ses inconvénients. Côté risques, celui de verser dans – ou pire : de ne jamais réussir à quitter – le banal, le mièvre, le quelconque. En un mot, de donner dans la chanson "bof". Quand les choses se passent mieux, une forme d'épure peut au contraire mener vers l'intemporel et l'universel – le jamais-démodé, parce qu'en-dehors des modes. Fort heureusement, il existe entre ces deux extrêmes un vaste espace où chacun peut chercher à nicher ses aspirations esthétiques.
L'album d'Eryk E, dans sa simplicité apparente, offre d'ores et déjà à l'oreille quelques attraits de toutes natures. Un bouquet de mélodies qui ne demandent qu'à être fredonnées, des approches originales dans le traitement de certains sujets, une tessiture vocale feutrée en harmonie avec la production, une seconde voix étonnante qui déterritorialise les morceaux, des contrastes subtils (entre texte et mélodie ou à l'intérieur d'un même texte), l'ombre d'un Murat qui plane avec ses tourments essentiels ("qu'est-ce qu'être heureux ?", "quel est ce jeu ?", "que fais-tu mon cœur?"), une bal(l)ade parisienne belle à se jeter dans la Seine, des nuances dans la noirceur (ici désespérée, là élégiaque, ailleurs vénéneuse ou plus simplement tragique), la délicatesse d'un harmonica qui surgit quand on ne l'attend pas, etc. Autant de pistes stimulantes, de tâtonnements prometteurs, d'épiphanies gracieuses... Si l'année (20)15 nous avait enjoints – groggy et chancelants – à scander "Je suis Charlie", l'album
16 nous inspirera plutôt un paisible "Je suis Charmé". Par les temps qui courent, ne boudons pas notre plaisir...
Retour à présent sur le parcours musical de ce nouveau-venu âgé de quarante-sept ans. En seize points, afin d'être raccord.

1. Paralysée d'un côté (grévistes par milliers, pénuries multiples), en totale ébullition de l'autre (barricades, négociations au sommet). Telle apparaît la France en ce samedi de printemps. Nombreux sont celles et ceux qui ont eu la sensation de naître – symboliquement, existentiellement – en Mai 68.  Même dans le domaine plus circonscrit de la chanson, certains y ont fait leurs tout premiers pas : Renaud écrit "Crève salope" dans la Sorbonne occupée, Clerc et Manset publient leurs premiers 45 tours – tandis que les manifestants détournent "Paris s'éveille" et essuient leurs yeux rougis en écoutant "Rain and Tears"… Eryk Eisenberg, lui, est réellement né en mai 68, le samedi 25. Il lui faudra néanmoins attendre quelques années pour goûter aux joies des défilés et des AG sans fin.

2. Une date de naissance fait-elle un destin ? Sans doute pas. Il n'empêche que du côté de Cagnes-sur-Mer, un esprit de fronde postsoixanthuitarde semble régner certains soirs, le tout jeune Eryk ayant déjà compris qu'aux alentours de 20h00, il y a nettement mieux à faire qu'aller dormir… S'ensuit un concours de ruses et de stratagèmes entre le gamin et des parents plutôt compréhensifs, jusqu'au jour où le père, guitariste amateur, trouve un moyen efficace pour que son fils accepte de se coucher : le bercer avec du Brel et du Brassens. Une stratégie dont s'amusera, bien plus tard, celui qui fait désormais profession d'endormir les autres : "C'est finalement un grand paradoxe, car leurs textes puissants incitent au contraire à l'éveil, à l'agitation intérieure, à l'effervescence, aux réflexions profondes, à la révolution !"

3. D'auditeur à acteur, le pas est vite franchi, selon un parcours somme toute classique. Formation au piano à partir de dix ans (Bach et Rachmaninov restent parmi ses compositeurs préférés), clavier dans plusieurs groupes de rock, apprentissage en solo de la guitare. "La musique, ça a été vraiment très, très intense dans ma vie, émotionnellement parlant, à partir du moment où j'ai commencé." Dès le début (11-12 ans), il essaye de composer des petits airs. Un peu plus tard, stimulé par la créativité de ses amis du groupe de rock symphonique Psychose, avec lequel il joue parfois, il créé ses premières chansons et s'inscrit à la Sacem, alors qu'il est à peine majeur (il y dépose entre autres "Si tu savais"). "Je me faisais plaisir avant tout, j'avais un petit 4 pistes, je faisais mes petites maquettes, c'était chouette." Pilou, guitariste et batteur de Psychose, se souvient d'un garçon "adorable, avec de très bons textes".

4. Eryk grandit dans la région niçoise, mais entretient dès cette époque des liens étroits avec l'Auvergne, où il vit aujourd'hui. "Ma grand-mère maternelle était originaire d'Égliseneuve-d'Entraigues, mes parents avaient racheté une maison en 75 dans ce village et j'ai passé toutes les vacances de mon enfance là-haut." Il y fait d'ailleurs monter ses potes de Psychose pour un concert dans la salle des fêtes. Mais c'est en Indonésie, lors d'une nuit d'insomnie (tiens, donc…), qu'il écrira à l'âge de quarante-cinq ans un texte inspiré par le souvenir du cimetière de ce bourg du sud-Puy-de-Dôme, où reposent quelques uns de ses aïeux. Ce sera l'une des premières chansons de l'album à venir.

Eryk, avec un débardeur à l'effigie de Renaud, dans la maison familiale d'Égliseneuve.

5. Attiré par la médecine ainsi que par le métier de vétérinaire, Eryk pousse pourtant un cran plus loin sa passion, en s'inscrivant en Fac de musique. Il suit des cours d'harmonisation et de composition, s'essaye au jazz et à la musique expérimentale, enseigne lui-même le piano… Son objectif est alors de devenir professeur, tout en écrivant des chansons à côté, avec l'espoir – qui sait – de réussir à en vivre. Mais l'engagement dans les manifestations étudiantes de fin 86 perturbe quelque peu son année : "On a passé 3-4 mois à occuper la Fac de lettres de Nice, ce qui est une de mes plus grandes expériences politiques et humaines. J'ai des souvenirs émus de mes nuits passées dans la salle des profs qu'on occupait, à dormir sur mon perfecto et j'ai adoré. J'ai vécu cette année-là comme un 68 bis" Tandis que les périodes d'ébullition politique suscitent parfois une inclination romantique pour la marginalité, Eryk garde la tête sur les épaules et – lucidité ou manque d'audace ? – voit se profiler une carrière d'enseignant plutôt terne, avec des fantômes de chansons et des frustrations plein ses tiroirs… Il rétropédale et choisit la médecine, qu'il ira étudier à Paris, avec sa compagne.

6. L'implantation en plein Quartier latin le confronte avec la mythologie du lieu. Son goût pour la chanson rive gauche, la littérature, le jazz, Ferré, Hugo, Paris, etc. trouve naturellement à s'y épanouir. Ce coup de foudre (il dit être tombé "éperdument amoureux" du Quartier latin) se cristallise autour d'un nom : Vian. Boris, d'une part, dont le poème "Je voudrais pas crever", entendu un jour à la radio, interprété par Pierre Brasseur, le bouleverse : "J'ai vraiment flashé sur ce texte qui m'habite et qui me poursuit depuis." Alain, d'autre part, dont la rencontre, dans sa petite boutique du numéro 8 de la rue Grégoire de Tours, le marque profondément. Quelque temps plus tard, il mettra en musique le poème de Vian et l'enregistrera sur cassette, sans pouvoir – hélas – le faire écouter au frère du chanteur, entre-temps décédé. C'est également dans ces années qu'il écrit deux quatrains sur la guerre de 14, inspiré par les récits de son père et par un morceau de Le Forestier qu'il adore, "Les lettres". Il ignore qu'il vient de donner naissance à l'embryon de "Seize", la chanson qui fournit son titre à son disque. Ne se doute pas non plus qu'il lui faudra attendre 2015 pour réussir, après avoir remanié le poème original, à y associer une musique.

7. Il faut dire que les études de médecine exigent une grosse implication, d'autant qu'il s'interdit d'échouer, par loyauté envers sa famille qui le soutient financièrement. Il se concentre donc sur ce cursus et laisse de côté la composition. Sans regrets. "La médecine m'a littéralement passionné et je suis extrêmement heureux d'avoir fait ce choix a posteriori, parce que c'est un domaine dans lequel je me suis beaucoup, beaucoup investi – et je continue à le faire." S'il ne compose plus, il trouve toutefois le temps de jouer, s'adaptant parfaitement à l'esprit carabin tel qu'on l'imagine… mais en restant exigeant quant à l'écriture : "J'étais le pianiste officiel de la chorale de chansons paillardes de la Salpêtrière. C'était excellent, parce qu'il y avait des mecs qui étaient férus de chansons paillardes, avec des textes fantastiques. J'allais répéter dans la salle de garde de la Salpêtrière qui s'appelait la Charcoterie, du nom de Charcot, une petite salle de garde dans laquelle il y avait des fresques extraordinaires..." Cette bande de garçons-charcotiers aura même droit aux honneurs d'une émission de Laure Adler, sur France Culture : "La salle de garde, chapelle païenne" (en novembre 1994).

8. C'est peu de temps après qu'il s'installe à Clermont-Ferrand pour y faire sa spécialisation. Dans l'optique d'un voyage aux États-Unis pour aller présenter sa thèse, il s'inscrit à un cours d'anglais. Mais dès la séance d'évaluation initiale, il s'aperçoit que son professeur est aussi passionné que lui par Brassens. Ce saxophoniste de l'Oklahoma, Mark Delafleur, devient alors pendant trois ans son partenaire au sein La Mauvaise herbe, duo qui adapte le répertoire de Brassens dans des versions décalées et jazzy. Ensemble, ils donnent une cinquantaine de concerts, dont le plus marquant reste sans doute celui du 31 décembre 1998, où le tandem réveillonne en chanson à… Washington D.C. Même si ce n'est probablement pas à cette occasion qu'Eryk accomplit le plus de progrès en langues... "Au début de la soirée, nous étions seuls à comprendre les textes en français des chansons. Mais vers le milieu du concert, les fûts de chênes californiens aidant, nous avons nous-même commencé à avoir quelques difficultés..."

Présentation de La Mauvaise herbe, lors de son passage à La Baie des Singes, en 2000.

9. Après le départ de son acolyte (qui lui envoie parfois des cartes postales), la décennie suivante est plus calme pour le jeune médecin sur le plan musical. Loin de se tourner les pouces, il travaille à la publication d'un ouvrage de synthèse en anesthésie régionale échoguidée, domaine dans lequel il passe aujourd'hui, selon ses confrères, pour "un leader d'opinion reconnu et respecté". Mais côté musique, son activité se raréfie, à l'exception des chansons parodiques qu'il propose lors de congrès d'anesthésistes, dont il devient au fil des ans la coqueluche. Il y détourne joliment son cher Brel ("Ne le pique pas") ou raconte les mésaventures d'un brave anesthésiste, victime d'un chirurgien odieux ("Laisse béton"). Bien qu'il révèle lors de ces prestations une plume habile, une ironie plaisante et une certaine aisance sur scène, la perspective de publier un album paraît à présent bien loin.

10. Deux rencontres professionnelles vont changer la donne. La première est liée à son désir d'élargir ses compétences d'anesthésiste en s'intéressant à l'hypnose. Nous sommes au début des années 2010 : "J'ai fait une formation d'hypnose qui a duré à peu près un an et durant cette formation, j'ai rouvert certains domaines de mon esprit. Très rapidement, je me suis rendu compte que je changeais moi-même, que je n'appréhendais plus les événements et les relations interhumaines de la même manière. Ça m'a permis de modifier ma façon d'être, je pense, et c'est extrêmement instructif et positif dans plein de domaines – notamment le domaine créatif. J'ai recommencé à pouvoir écrire quelques musiques, mais sans avoir beaucoup de contraintes. Y avait pas de cahier des charges, je laissais les choses se faire et, finalement, rien n'aboutissait vraiment, mais je sentais que j'avais une capacité à écrire plus qu'auparavant." Le compositeur Eisenberg vient d'entrer en salle de réveil...

Eryk Eisenberg, de la clinique (ici en compagnie d'un patient)...

11. La deuxième rencontre, qui a lieu dans les mêmes années, est avec l'un de ses patients, un certain Jean-Louis Bergheaud, plus connu sous le nom de Murat. "J'aimais beaucoup ce qu'il faisait, mais je ne connaissais pas grand-chose de lui. Des chansons qu'on entendait à la radio essentiellement… c'est-à-dire pas grand-chose et pas forcément les plus intéressantes" Il semble qu'humainement, le courant passe bien entre le médecin-anesthésiste et l'auteur de "J'ai pas sommeil". "Je suis extrêmement curieux de tout ce qu'il a pu faire, vivre… Ce n'est pas de la curiosité mal placée, mais c'est passionnant de voir quelqu'un qui a une telle expérience de la musique, une telle expérience de la littérature – c'est un boulimique de lecture, quelqu'un qui a une culture immense, qui connaît énormément de choses… À chaque fois qu'on se voit, moi en tous cas, j'en tire un bonheur intense, parce que c'est passionnant de l'entendre, puis de sentir des choses... Il est plein d'émotions, c'est un homme qui est à fleur de peau… Après on interprète ça – c'est de la psychologie à la petite semaine –, cette carapace qu'il a – est-ce que c'est vraiment une carapace, j'en sais rien – si c'est pour se protéger de son émotivité ou pas, j'en sais rien, mais ça pourrait l'être... En tous cas, moi, j'adore cet homme, parce qu'il me passionne."

12. Le médecin et le musicien deviennent amis, si bien que le premier présente au second certaines de ses tentatives d'écriture – son poème de 1988 sur la Grande Guerre et son adaptation de Vian. "Je trouvais que cette musique était celle qui était la plus aboutie et, sur un plan littéraire, ce texte sur la guerre de 14 était celui qui était le plus abouti. Donc, finalement, je lui ai montré ce que je considérais de mieux de ce que j'avais fait." Murat le complimente, puis le pousse à persévérer, au point de lui suggérer de concevoir un album. Le Dr Eisenberg se montre très sceptique et doit en outre terminer la deuxième édition de son livre. Un travail "compliqué, douloureux, fastidieux". JLM lui laisse le temps, puis revient à la charge. En septembre 2014, le médecin-mélomane accepte le challenge et commence à composer quelques thèmes et à les harmoniser. Les textes lui posent plus de difficultés, il envoie donc trois musiques seules à Murat. "Une semaine après, je reçois un mail, trois textes. Ouah ! Je lis ça, je me dis : 'Mais c'est pas possible…' J'étais vraiment dans un autre monde…" Murat se mue alors en directeur artistique, incite son protégé à garder la même dynamique de création, balaye ses doutes, lui prescrit la fameuse règle des 3T (Tempo-Tonalité-Tructure, déjà en vigueur à ses débuts…) et, comme il l'a fait avec d'autres (cf. le témoignage récent de Matt Low), l'invite plus que jamais à lâcher prise, à ne pas se brider, à laisser s'exprimer ses émotions... Eisenberg accepte de le suivre : "Je suis parti aveuglément dans une relation de confiance avec lui et c'était génial. J'ai vécu – enfin, je continue, parce que nos relations sont toujours du même ordre – et je vis un rêve éveillé."

13. La majorité des dix chansons de l’album sont écrites par Eryk entre décembre 2014 et juin 2015, avec pour fidèle partenaire son premier instrument, le piano. Si ses capacités techniques sont réelles, lui chez qui l’un de ses professeurs détectait un potentiel de concertiste, il se sent limité comme compositeur. Le travail sur ses nouvelles chansons constitue donc aussi pour lui une auto-formation accélérée : "Auparavant, en tant qu'instrumentiste, j'avais tendance, en composant, à retomber un petit peu toujours sur les mêmes suites d'accords, sur des intervalles assez reproductibles et je m’enfermais systématiquement dans une sorte de grille qui ressemblait trop à celle que j'avais faite juste avant. À la lumière un peu de ce qu'on peut voir dans le système d'écriture automatique ou dans les écritures des cadavres exquis, j'ai commencé à essayer de trouver un début de thème et ne pas m'inscrire dans sa suite logique, essayer simplement d'entendre avant de jouer, d'entendre mentalement ce que pourrait donner cette suite d'accords, ce thème-là, avant d'essayer de le jouer. Parce que je me rendais compte que j'étais prisonnier de mes doigts et pas de mon esprit. Donc, finalement, j'ai laissé mon esprit guider mes doigts et pas mes doigts guider mon esprit. Étant un musicien tout à fait moyen dans le domaine de la composition, j'ai découvert cette technique, alors qu'elle aurait peut-être dû être à la base. Elle a émergé avec ma propre expérience."

... à la scène, guitare bien en main.

14. Quoique Murat lui ait répété que les chansons étaient la priorité et que le travail sur les arrangements viendrait plus tard, Eisenberg reste tout de même soucieux de ne pas s’enfermer dans un schéma piano-voix trop restrictif. Il souhaite que ses morceaux soient habités par une "tension", difficile à obtenir avec un simple clavier. Les orchestrations et le travail en studio participeront donc de cette recherche. Murat place quelques accords de guitare ici ou là, Denis Clavaizolle apporte claviers et bruitages, Julien Quinet pose sa trompette aux endroits opportuns, Stéphane Mikaelian donne une touche jazzy au morceau final... Mais deux musiciens occupent une place particulière dans ce processus : Gaëlle Cotte et Guillaume Bongiraud. Désireux d’associer les sonorités du violoncelle à son piano, Eisenberg sollicite le jeune membre du Delano Orchestra, dont il connaît et admire le travail. Bongiraud lui envoie en retour ses parties de violoncelle composées à partir des maquettes, notamment ces trois pistes de cordes superposées sur "Les lieux", qui donnent encore "la chair de poule" au médecin quand il en parle. La chanteuse Gaëlle Cotte, elle, est une copine depuis plus de dix ans. Il adore sa voix, son enthousiasme et la laisse donc improviser à sa guise.  À l’écoute de l’album, on se dit que ce sont probablement ses interventions qui éloignent le plus les chansons de leur cocon  originel et contribuent à cette "tension" recherchée par le compositeur.

15. Quand on interroge celui qui est donc devenu Eryk E sur ses projets à court terme autour de Seize, il reste relativement vague. Démarcher des labels, se produire sur scène... Mais il ne veut pas se précipiter. Il suffit pourtant de creuser un peu pour comprendre que sa motivation est grande : "Je continue à écrire parce que j'ai le secret espoir d'en enregistrer un deuxième, je pense, en septembre prochain. Je trouve que c'est un bon rythme, je vais me calquer sur celui de Jean-Louis. Ouais, si je peux en faire un par an, ça me plairait bien." En l’entendant, un doute nous effleure soudain. Ce quasi quinqua aux faux airs de hipster (dégarni), avec qui nous discutons agréablement depuis plus d’une heure, serait-il, sans que nous n’y ayons pris garde, un illuminé ? Un inconscient ? Un doux dingue ? Non, juste un scientifique qui a fait sienne cette phrase de Brel (placée en exergue de son livre) : "On est un accident biologique qui fait ce qu’il peut." Et s’explique en ces termes : "Biologiquement parlant, je crois que c'est inscrit en moi. Après j'en fais ce que je peux – c'est bien, c'est pas bien, ça plaît, ça plaît pas, c'est un autre problème. Mais en tous cas, je ne peux pas faire autrement qu'essayer de faire quelque chose avec la musique. Donc si j'arrive à trouver le moyen de le faire – c'est surtout les moyens financiers, parce que ça coûte un peu, quand même, de faire un disque en autoproduction –, si cet aspect-là est envisageable, eh bien j'ai vraiment la volonté, parce je me suis donné beaucoup, beaucoup de plaisir à le faire et je crois que c'est en train de devenir quelque chose d'indispensable à mon équilibre."

16. Ce vendredi 12 février 2016, Eryk joue pour la première fois ses chansons en public, dans un lieu éphémère ouvert le temps du Festival International du Court Métrage de Clermont. Dans une ambiance sonore et visuelle peu propice à l’écoute attentive de la musique (euphémisme), il joue la sienne, assis derrière un beau piano Pleyel des années 50. À ses  côtés, on retrouve Gaëlle Cotte, Guillaume Bongiraud, ainsi que le guitariste Frédéric Leclair et un ami qui se joint à eux pour quelques chœurs. Ce dernier n’est d’ailleurs pas le seul, puisque Eryk, souriant et sans trac excessif apparent, réussit avec l'aide de Gaëlle à associer quelques spectateurs aux chœurs du titre "Seize", rejoué en clôture d'un set particulièrement chaleureux. Puis il s'en retourne dans le public, recevoir les premières réactions de ses proches, avant d'assister avec plaisir aux passages d’autres clavieristes un Babx brillant, un Cascadeur lyrique et une Morgane Imbeaud vaillante et touchante, lorsqu’elle se met au piano pour trois titres, vers 1h00 du matin, tout juste descendue de son train... Que le nouveau venu Eryk E qui les précédait sur la scène soit parvenu, pour sa première apparition en public, à ne pas faire tache au milieu d’un tel plateau, est déjà de très bon augure pour la suite...

Eisenberg s'est fait une devise de la phrase de Brel mentionnée plus haut. Mais un autre propos du même auteur, qu'il citait voici quelques années, nous paraît tout aussi important : "Brel a dit en 1973 lors de sa 'Radioscopie' avec Jacques Chancel sur France Inter : 'Je crois qu’un artiste, c’est quelqu’un qui a mal aux autres...' Je ne suis pas plus artiste que beaucoup d’entre nous, mais oui, c’est vrai que j’ai le douloureux sentiment que cette phrase me raconte un peu." Cette modestie qu'affiche le néo-chanteur n'est pas la moindre de ses qualités. Quand tant de projets souffrent d'une boursouflure et d'un décalage entre leur contenu et tout ce qui l'entoure, l'humilité et le sens de la mesure de sa démarche sont à mettre à son crédit. De sa créativité future, des progrès qu'il saura accomplir, de sa motivation profonde (il a déjà en projet, dans un coin de sa tête, d'adapter des poètes qui lui sont chers) et de sa capacité à se coltiner avec ce "mal aux autres", source d'inspiration incontournable de tous ceux qu'il admire, dépendra la possibilité pour lui d'accéder à de plus hautes ambitions, à tous les niveaux. Pour l'heure, laissons le profiter de ce nouveau départ dans sa vie en lui souhaitant bonne chance. Et que Dieu se charge des taureaux...

**********

Un grand merci à Eryk Eisenberg pour sa disponibilité et sa confiance. Les deux chansons extraites de son album actuellement disponibles sont à écouter ICI. On pourra suivre son actualité sur sa page Facebook.

Nos chaleureux remerciements vont également à Pierre André, dit Pilou (auteur de la photo prise à Égliseneuve-d'Entraigues), Lionel Rousset de La Baie des Singes, Thibault de L'Hacienda et Fabrice Borie du Transfo.

 

LE LIEN EN PLUS

Lui aussi porte un prénom à l'orthographe particulière (comme le disait Yves Simon à propos de Juliet Berto), lui aussi a croisé la route de Jean-Louis Murat, lui aussi écrit des chansons, lui aussi a publié un livre... et il s'apprête à en sortir un nouveau (en attendant son prochain album, attendu pour cette année). Vous aurez reconnu (ou pas) Silvain Vanot qui signe Johnny Cash, I walk the line, chez Le mot et le reste. Le livre est annoncé en librairie pour le 19 mars. D'ici là, on peut toujours réécouter l'une de ses dernières créations, la très belle "Lucie", filmée il y a tout juste un an à Clermont...

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Rédigé par M

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 11 Février 2016

... Ça distille, ... ça tease, ça disperse... Est-ce que ça va continuer ainsi jusqu'en avril? Pfffuu, mais nous, on avait trouvé pleins de trucs pour vous occuper!! Quelle idée d'avoir choisi de faire un blog sur Murat alors que j'aurais pu choisir... de traiter de l'actualité de... Terrence Malick, Arnaud Fleurent-Didier ou Jean-Jacques Goldman...

Enfin, soit... Il vient d'être partagé sur facebook, le texte de la chanson titre de l'album à paraitre MORITURI. Personnellement, je trouve l'initiative un peu dommage... mais vous êtes libres de ne pas lire afin de garder la surprise...

Le texte semble être passé sous les coups de ciseaux (Murat a expliqué qu'il laissait filer sa plume sur de nombreux couplets, pour n'en conserver finalement que les plus intéressants),.. mais il faut se rappeler qu'il s'agit d'un duo... Morgane doit sans doute chanter les parties en rouge. L'auteur se confronte aux événements 2015, mais il s'agit plus d'un contexte... Ce tradilala, cet amour vacillant et ses quais ensanglantés aiguisent en tout cas notre curiosité!

... Morituri, le texte dévoilé

LE LIEN EN PLUS

... manquera pour cause de préparation de repas et de menaces de divorce... et j'n'ai pas envie de me retrouver sur un quai... et je ne connais pas de Cathy qui pourrait m'aider.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu babel

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Publié le 9 Février 2016

Pias et Scarlett ont communiqué comme promis hier sur la set-liste (cf article précédent)... mais avec des annonces supplémentaires:

- Outre les musiciens de la tournée, Chris, Gaël et le fidèle Stéphane, on retrouvera encore Morgane Imbeaud sur l'album (3 chansons, dont un duo sur la chanson titre).

- Sur la page officielle facebook de JL Murat on apprend également que nous aurons une édition vinyle avec une chanson bonus: UN HOMME OU BIEN. Serait-ce une chanson sur la Suisse ou bien? Petite innovation : le vinyle ne contiendra non pas un code de téléchargement comme parfois, mais un CD!

Et encore des infos sur Morituri

LE LIEN EN PLUS:

 

L'ami Bertrand Louis qui nous a si bien chanté Murat il y a un an lance sa campagne de financement participative... pour un projet encore une fois très muratien (après son excellent Muray) : chanter du BAUDELAIRE!! Et oui, il ose... et il offrira un univers bien différent:  

Pour son sixième album, Bertrand Louis se propose de mettre en musique une quinzaine de poèmes de Charles Baudelaire, extraits du recueil « Les Fleurs du Mal »

Tout le monde connaît Baudelaire et sait par cœur un ou deux vers qui ouvrent ses poèmes les plus célèbres, et après ? Pas grand' chose...

Le but de ce disque est donc de remettre un peu d'essence dans son éternité, et d'en proposer un portrait moderne, mais également plus proche de la réalité. Charles Baudelaire est un oxymore, écartelé entre la débauche et le travail, l'antiquité et la modernité, la fleur et le Mal, la victime et le bourreau. L'album se propose de rendre cette opposition en confrontant la harpe (la lyre antique)  et un groupe de rock (Basse batterie et guitare électrique). En replongeant dans l'univers post-punk (Joy Division, Bauhaus, Cure, Nick Cave...), la musique rendra compte de l'élégance vampirique du personnage ; quant à la voix, tout en distanciation voluptueuse, elle exprimera son dandysme. Baudelaire a déjà été mis en musique de nombreuses fois, notamment par Léo Ferré et le but de cet album est d'en proposer une approche différente, moins « lyrique ».
 
Comme Lisa Portelli, Thibault Derien ou Andoni Iturrioz, participez!

http://www.microcultures.fr/fr/project/view/bertrand-louis-sur-des-textes-de-charles-baudelaire

3 maquettes en écoute... qui démontre comment Bertrand s'y est pris pour punkiser Baudelaire, assez loin de ce que proposait Ferré.

 

Son "inter-ViOUS ET MURAT- à lire.

Prochain concert à La Scène Du Canal Jemmapes
JEUDI 17 MARS à 20H ( + Hildebrandt)
116 quai de Jemmapes / 75 010 Paris

 

 

LE 2e LIEN EN PLUS AMICAL

L'Héautontimorouménos  figurera sur le disque de Bertrand. Morgane l'a chanté avec Jean-Louis... mais pour l'instant, elle reprend l'anglais avec son autre groupe:

UN ORAGE, avec un EP tout chaud (sortie le 5/02) qui s'appelle "un orage"

https://unorage.lnk.to/epunorage

 

 

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 7 Février 2016

Les chansons de MORITURI

L'information a été donnée depuis vendredi sur un blog dont l'auteur est le digne héritier d'Albert Londres et de Denis Robert, un talent qui peut se passer de publicité, parole de "hater".

L'indiscrétion était malgré tout juste, et accélérera la publication officielle de l'information. Voici donc les titres des chansons de MORITURI à paraitre le 15/04 chez Pias. Et le moins que l'on puisse dire est qu'ils font très muratiens...

French lynx
Frankie
Tarn et Garonne
La pharmacienne d’Yvetot
Le chant du coucou
Interroge la jument
Tous mourus
La chanson du cavalier
Nuit sur l’Himalaya
Morituri
Le cafard

Plus que le petit saut par l'Himalaya qui nous renvoit vers le Mustang et le Tibet, l'excursion au sud de la Dordogne (Tarn et Garonne) peut apparaitre surprenante... tout comme le détour par la Normandie, souvent parcourue en tournée: "la pharmacienne d'Yvetot" deviendra-t-elle aussi célèbre que la caissière de chez Shopi?).

Le bestiaire muratien va en tout cas s'enrichir: le Lynx et Le chant du coucou qui rappelle "et moi de m'encourir", une comptine autrefois livrée par Murat (cd rom Libération).

Cavalier et jument annoncent quant à eux de nouveaux passages équins : après sans pitié pour le cheval, tout dépend du sniper, cavalier seul, aux plus beaux chevaux ou Pauline à cheval. La surprise serait peut-être finalement de ne voir que LE CAFARD comme titre rescapé des inédits livrés lors de la tournée dernière. A part ça, on ne peut rien en dire... si ce n'est qu'on devine peut-être les titres plus inspirés par l'année 2015...

LE LIEN EN PLUS

Une chronique du nouvel EP d'Antonin Lasseur, "spleen et idéal".

http://www.muzzart.fr/lezine/chronik/antonin-lasseur-spleen-etamp-ideal.html

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 5 Février 2016

Je vous avais promis cette surprise lors d’un précédent article… Et voici enfin l’instant de vous la dévoiler.

 

Après Rose, Matt Low et Morgane Imbeaud (pour parler des toutes récentes collaborations), Jean-Louis Murat vient de participer à un autre projet, assez particulier.

Il s’agit du premier disque d’un musicien ERYK  E. exerçant dans le civil le métier de… médecin anesthésiste (auteur d’un livre de référence dans le domaine),  médecin pas malgré lui… mais musicien depuis toujours, auteur, compositeur et interprète (après le bac, il s’était même consacré un temps à la musique avant finalement de reprendre ses études).

 

Un jour, dans l’été 2010, il a croisé la vie d’un certain Bergheaud. Ils sont devenus amis…

 

« Il y a 3 ans environ que Jean-Louis lui-même, après que je lui ai fait écouter 2 ou 3 trucs à la maison, m'a un jour dit "il faut que tu enregistres un album, et moi je peux t'aider si tu en as envie". Comme j'étais en pleine rédaction de la seconde édition de mon livre, je n'ai pas pu me consacrer tout de suite au projet musical qui pourtant est devenu pour moi un objectif fondamental. Une fois le livre sorti en septembre 2014, Jean-Louis m'a dit "maintenant tu n'as plus de prétexte!", et alors je me suis pleinement investi dans l'écriture ».

 

En août/septembre 2015, ils se sont retrouvés dans le studio de… Denis Clavaizolle, qui a pris les manettes, fait quelques claviers. Guillaume Bongiraud, Julien Quinet des Delano Orchestra sont venus… A la section rythmique : Stéphane – la Fourme- Mikaelian, ranchero, et Clément Peyronnet, multi-instrumentiste et musicien pro, a pris la contrebasse. Une choriste à la voix surprenante intervient également sur quelques titres : Gaëlle Cotte.

 

Quant à Jean-Louis Murat, il a offert sa guitare… et 3 textes inédits écrits sur des musiques dont Eryk E. n’avait pas encore les paroles : des textes courts mais pas banals, dont JEUNE FACE, évoquant le Ferré de «20 ans» et d’ «avec le temps» , et LES LIEUX, surprenante –pour Murat- évocation parisienne (rue des blanc-manteaux, place des abesses) : « Sans toi, tous ces lieux sont à désespérer »… et quelques-uns verseront sans doute une larme sur ce titre, tant Jean-Louis s’est mis au diapason de la musique déchirante et dépouillée…

En effet, double effet surprise : même si l’une des rares images d’Eryk sur le net le montre à l’harmonica et que l’appréciation que m’a donnée Jean-Louis de la session était « on s’est bien amusé »… on est loin d’une ambiance blues rock auquel je m’étais attendu. C’est une musique essentiellement piano, qui évoquera Barbara et Sheller, «un projet ambitieux et risqué où l’on ressent fortement l’influence de la musique classique » m’a dit le patron de label Bertrand Betsch auquel j’ai fait écouter le disque.

 

L’album « Seize » (de 10 chansons) sortira en téléchargement numérique (amazon, deezer, Itunes...) à la mi-mars... peut-être le 16... 2016,  Et nous aurons l'occasion bien sûr d'y revenir!

 

En première mondiale, le 12 Février, Eryk E. jouera pour la première fois ses chansons (accompagné de plusieurs musiciens dont Guillaume Bongiraud), en première partie d'un joli nom de la pop française (c'est secret), à l’occasion du Festival du Court Métrage, dans l’espace éphémère L'EMBASSY, 39 rue des Chaussetiers à Clermont-Ferrand. Le lendemain, on retrouvera dans le même lieu... Barbara Carlotti (là, je vous le dévoile!).

 

A liker : sa page facebook ERYK E. https://www.facebook.com/Eryke-661722910636414/

 

J’ai l’honneur de vous présenter la magnifique pochette signée Esther Decluset  (qui n’est pas sans rappeler en plus ensoleillée celle du « Cours ordinaire des choses »). On retrouve le nom d'Esther sur le site jlmurat.com : elle en a fait le design!

ERYK E., nouveau coup de coeur-coup de pouce de Murat

Et j'oubliais, voici en écoute deux titres... dont  "Les lieux ", texte de Jean-Louis Bergheaud.

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #le goût de qui vous savez

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Publié le 2 Février 2016

Ah, je suis toujours le dernier prévenu...

Jean-Louis Murat était présent hier sur scène à la coopé, avec Matt Low et Morgane Imbeaud. Au programme, une petite prestation de 3 chansons: Je dois te laisser seul de Morgane / Blow de Matt Low / Si je devais manquer de toi de... je ne sais plus qui.

C'est une photo sur la page de Matt Low qui nous apprend la nouvelle.

On nous dit que c'était à l'occasion du départ de JOELLE... Il s'agit sans doute de la directrice du restaurant d'insertion qui gérait notamment le catering réputé de la coopé. Un article de LA MONTAGNE nous annonçait sa retraite:

http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/puy-de-dome/clermont-ferrand/2015/12/18/joelle-bourasseau-directrice-du-restaurant-dinsertion-six-trois-prend-de-longues-vacances_11710680.html

Pot de départ à la coopé

J'en profite pour partager quelques infos sur les deux petits jeunes:

- On peut réécouter la prestation de Matt dans la fameuse émission du PETIT LAIT MUSICAL avec un live avec des inédits. Matt y confirme les 15 titres écrits par Jean-Louis et que l'aventure ne fait que continuer.

- Quant à Morgane: elle était dans froggy's delight: session live à voir ici (notamment un cover : skyfall" de la "Jean-Louis Bond's girl

http://www.froggydelight.com/froggydelight.php?utm_content=buffereb058&utm_medium=social&utm_source=facebook.com&utm_campaign=buffer

A lire aussi l'interview par Sy!

- Quant à ROSE, malgré quelques concerts complets, elle a émis un coup de gueule le 30/01 sur fb:

"Je vous (re)présente le dernier clip, du dernier Single de mon dernier album. Parce qu'il le restera sûrement, le dernier. Parce qu'aujourd'hui la qualité (oui, j'ai le droit de penser que ça m'arrive de faire des chansons de qualité) l'émotion, l'authenticité, l'efficacité (et oui encore, je trouve ce titre "efficace" en terme de "single radio"), le travail, ne sont plus "bankable". Parce que la plupart des médias en ont décidé ainsi. Parce qu'on n'est pas à l'abri de disparaître au milieu de ce marasme. Parce qu'il va falloir trouver d'autres manières d'exister que de vendre des disques et de passer à la télé. Bonne "dernière écoute". Ne cherchez pas à l'entendre à la radio ou à la télé, comme moi, vous serez déçus.
Tendres baisers samedicales, en attendant tout de même un miracle.
A partager donc. Parce que vous, c'est pas pareil, je vous aime".

(Elle m'avait dit oui pour une interview... mais n'a jamais répondu à la première question, l'existence ne passe pas par des petits blogs!).

  • PS: On reparle très vite de la prochaine collaboration de Jean-Louis Murat!
  • 2 PS: Du coup, pensez à vous abonner au blog (case newsletter à droite!)

NB: On a bien sûr fêté l'anniversaire de Jean-Louis Murat cette semaine, mais je ne le souhaite pas comme d'habitude, mais le coeur y est.

dans la Montagne, édition spéciale pour les 10 ans de la coopé.

dans la Montagne, édition spéciale pour les 10 ans de la coopé.

Pot de départ à la coopé

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 31 Janvier 2016

On a su cette semaine la date officielle de sortie de MORITURI. Ça sera à la mi-avril (le 15), car à la mi-avril, tu raviras l'audiophile, comme le dit le fameux proverbe. D'ailleurs, hier était diffusé sur internet, deux photos de la fin de la mastérisation aux studios "LA SOURCE", à Courbe-voie (c'est bien vu comme nom de ville pour du mastering).

Sur la photo, des gens de PIAS, Marie, de la Source Mastering... et le chanteur.

"Toujours and grand moment avec l'incomparable Jean-Louis Murat! Et quel album! Party time with the team from [PIAS] France France]"

Le présent et le passé au présent en 4 photos
Le présent et le passé au présent en 4 photos

Voici donc pour le présent passé de trois jours qui annonce un futur à 2 mois et demi. Passons au présent qui nous renverra à 35 ou 36 ans en arrière.

M. nous parlait des graffs à Clermont dans un article récent: "au commencement était un graff", et avait retrouvé l'emplacement de celui qui avait sans doute inspiré le premier single de Jean-Louis Murat... Or cette semaine, cette inscription est réapparue, au même endroit. On ne peut pas évoquer le hasard, mais nous nions toute responsabilité!

Cela a effacé rapidement.

2016
2016

2016

Le présent et le passé au présent en 4 photos

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 23 Janvier 2016

Caché sur le site officiel de Manset, que l'on visite peu puisqu'il ne s'y passe normalement rien, un fan vient d'y découvrir des vidéos tout-à-fait exceptionnelles... et non répertoriées sur youtube.. d'où un nombre de visionnage ridicule pour le moment.

On retrouve l'univers photographique de Manset dans le premier clip, parfois avec des clichés, mais le plus souvent avec de la vidéo, sans doute tourné par GM lui-même, et on a soudain l'impression de voir les photos qu'il publie depuis 40 ans, s'animer. Le plus surprenant est de découvrir Manset lui-même, parfois de face, à différents âges.

Le deuxième est un peu moins réussi du fait de certains effets à mon avis, mais on y découvre toujours Gérard lui-même...

Ces clips sont censés assurer la promotion du dernier disque compil sorti récemment, et qui contient un inédit, et deux versions alternatives de chansons, plus des titres des albums plus récents de Manset. Un bel objet.

Manset en clips...

Il est annoncé en 2016 un nouvel album, "iconoclaste"... ainsi qu'une réédition complète (si.. encore).

PS: Les rédacteurs du blog ne sont pas en vacances, on bosse!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres

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Publié le 11 Janvier 2016

 

Il y avait de quoi avoir les foies pour ma première interview en bugne à bugne: mon invitée du jour, en plus d'être une chanteuse parisienne, que l'on a qualifiée d'underground -elle définit elle-même le projet comme de la "pop protéiforme"-, est 1- une charmante femme, 2- philosophe, auteur et... 3- journaliste: après Philomag, elle signe désormais des articles pour LIBERATION (je n'ai pas eu le temps de lui parler de Mr. Qu'entends-tu de moi-Bayon). Qui plus est, la rencontre se déroulait en backstage du festival Les Belles journées (Bourgoin-Jallieu) en septembre dernier, à 15 mètres derrière de la scène... une heure après son propre set, alors que les Baden Baden finissaient le leur. J'étais un peu étourdi par le champagne, la musique, et le bruit de la pluie comme celui de mon coeur tout aussi battant... Et ce fut malgré tout une rencontre très sympathique et plaisante, comme l’annonçaient les quelques mails échangés en amont.

LA FELINE, alias Agnès Gayraud, m'a conquis avec son dernier disque "Adieu l'enfance". Je vous ai déjà parlé d'elle ici. Elle a accepté avec bon coeur de se plier aux principes de l'Inter-ViOUS ET MURAT, les questions rituelles comme cette recherche de dénominateurs communs entre elle et J.L. Bergheaud... Il faut dire que LA FELINE a choisi dans le texte de présentation (sur son site et pour les concerts) de voir son nom associé à celui de Murat: "Elle évoque Brigitte Fontaine ou Jean-Louis Murat pour l’écriture, Jeannette ou Julee Cruise pour la naïveté sensuelle, Deux ou les Young Marble Giants pour le goût des sons synthétiques minimaux".

Elle est en tournée en ce mois de janvier, pour quelques dates via la Souterraine, et notamment dans le 6-3 (au Baraka à Clermont et à Issoire). Les dates sont à retrouver ci-dessous. 

 

photo: Loïc H. Rechi

photo: Loïc H. Rechi

J'ai proposé ce matin à Agnès de nous parler de David Bowie dont on vient d'apprendre le décès (en attendant son article demain pour Libé):

La mort de David Bowie, c'est une tristesse infinie. Il a compté pour moi dès l'enfance – ma grande sœur avait un grand poster de lui dans sa chambre, elle était fan au dernier degré – « I'm an aligator, I'm à papa-mama coming for you », ces mots de « Moonage Dream » faisaient mon ravissement quand j'étais petite. Et puis ado, la période berlinoise, quelle fascination. Et l'adulte ne peut qu'être touchée, et admirative, de cette voix qui a faibli sans que l'ambition esthétique de Bowie ait été diminuée d'un iota avec ce dernier album qui subjugue tout le monde. J'imagine qu'il faut s'attendre à ce que nous perdions beaucoup de ces génies émergés dans les années soixante dans les quelques années qui viennent. On se demande que va devenir la pop maintenant que tous ceux qui ont fait son plus grand âge de gloire disparaissent. Autre chose sans doute. Mais David Bowie restera, je le crois, quand même : c'est l'avantage de la musique enregistrée, elle conserve la voix des morts, ils continuent de nous parler.

 

- Alors, vous sortez de scène,comment cela s’est passé ce soir, avec ces circonstances météo un peu difficiles ?

La Féline : C'est un peu décevant cette pluie torrentielle, pour un festival en plein air, forcément! Tu es embêté pour les gens sous la flotte. Mais je me suis dit qu’on allait essayer de donner le plus de chaleur possible, en compensation! Je devrais me dire cela à chaque fois, remarque, même quand il ne pleut pas. Mais je pense que le concert s’est bien passé, on était heureux de jouer, on était contents d’être là comme on dit… Je trouve l'expression un peu cliché mais mais je n'en ai pas d'autre!

- Et puis si tu aimes l’univers de Jacques Demy, tu peux trouver un certain charme à la soirée… avec tous ses parapluies….

La Féline : Ah ah, moui, je m’en serai passée…

- Le principe de ce festival « indé pop », ça te parle ? c’est quoi l’indépendance ?

La Féline : L’indépendance, ça a d'abord un sens économique aujourd’hui en France. C’est le fait que l’industrie a pris un coup dans l’aile, et qu’il y a moins de confiance, en général donc beaucoup de gens voués à se développer tous seuls et qui pourtant sont intéressants ; mais parce qu'ils font des choses qui ne peuvent pas séduire immédiatement un très large public, soit parce qu'elles sont plus exigeantes, soit parce qu'elles sont un peu bizarres ou imparfaites aussi... Moi c'est ce que je préfère, l'exigence, la bizzarerie, l'imperfection, mais ce n'est pas ce qui fait du like massif sur Facebook ou sur YouTube. Du coup, l'indépendance, c'est une position de faiblesse, de faiblesse économique parce qu’on n’est pas invités sur tous les festivals ni sur Europe 1, parce qu'on revient moins dans les suggestions de vidéos YouTube. Mais la force de l'indépendance, à un certain moment, c'est de revendiquer cette position de faiblesse, comme une position, non pas subie mais conquérante. Ce moment où tu regardes le top des charts sans envie et où tu es fier de faire autre chose. Même si ce n’est pas ce qui se vend le plus, c’est un certain idéal, l'idéal d’une musique qui est à la recherche d’une certaine beauté plus ou moins fragile. Moi, c’est comme ça que je le vois en tout cas, le moment où on retourne la nécessité en vertu.

- Justement, pour parler d’indépendance et d’exigence, est-ce que la Féline passe en radio ?

La Féline : Je sais que France inter a pas mal passé deux ou trois titres. France Culture m'invite souvent aussi. Didier Varrod, ça fait quelques années qu’il connaît et soutient : ça compte bien sûr, des tas d'autres groupes n’ont pas cette chance. Beaucoup de radios indépendantes aussi (Radio Campus, Autre chose plus FM, Radio Pulsar à Poitiers, on a été énormément soutenu par l'antenne bordelaise de Radio Nova), et puis, un peu partout à travers le monde, CISM au Quebec, je suis même passée à la télé nationale brésilienne, du coup, je crois que la deuxième nationalité de mes fans sur Facebook après français, c'est brésilien! FIP aussi passe un peu toutes les chansons d'Adieu l’enfance, qui n'ont été diffusées nulle part ailleurs : « Le Parfait Etat », « La Ligne d’Horizon », « Zone ». J’aime beaucoup cette souplesse, pourquoi toujours passer le même morceau ? C'est beaucoup plus souple qu'un titre matraqué en rotation. Le matraquage est une vieille technique de l'industrie culturelle : plus tu écoutes une chanson, plus elle a des chances de te plaire, du moins de te rester dans la tête, et c'est le plaisir de la reconnaissance qui te fait penser ensuite que tu l'aimes bien, même si elle te hérissait au départ. C'est très peu musical au fond comme logique : on est dans des zones réflexes de la psycho-acoustique!

- Bon alors, on peut dire « merci Didier Varrod ! » (comme on l’a écrit souvent ici… même s’il est contesté par ailleurs)…

La Féline : Oui, mais moi, je ne lui dois que du bien… alors je ne vais pas le critiquer!

- On va passer aux questions rituelles :

Ton histoire avec Murat ?

La Féline : J’imagine que ma découverte de Murat, c’était avec « Regrets », c'était la variété de l’époque, c’était connu, et j’aimais beaucoup, parce qu’il y a a ce côté ce romantisme noir, qu'on retrouve chez Mylène Farmer. Le Murat que j’aime aujourd’hui est plus «crasseux », c’est celui de Cheyenne Autumn, de « La fin du parcours » dont je te parlais, de quelques titres comme ça, la reprise de Tony Joe White [NDLR: Bobbie Gentry en fait], du Moujik et sa femme. Donc des disques que j’ai découverts plus tardivement, après 20 ans.

Ce que j’aime en tous cas chez Murat, c’est sa façon de chanter et c’est marrant parce qu’on m’a dit que sur certaines chansons, ça faisait penser à une façon de chanter de Murat.Je pense qu’il y a un côté plus doux chez la Féline, mais ça me va, je suis flattée. A mon sens, c’est le seul en France qui arrive à faire un genre de Léonard Cohen en français. C’est-à-dire une forme de folk assez masculin, peut-être un peu à la limite de la misogynie parfois, à la limite de la mauvaise foi  – c'est pas désagréable dans le rock le mauvais esprit – sans être donneur de leçons. Y a un côté mauvaise langue au seuil de l'existence, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez Léonard Cohen : cette façon d’avoir une vision du monde à la fois très désabusée et un peu ironique, sexualisée aussi, mais presque métaphysique. Ce n’est pas du cynisme, c’est au fond très poétique tout en étant très près de choses concrètes qui peuvent être un peu sales, ou un peu sexuelles ou de relations humaines pas très nettes. En fait, j’aime beaucoup ce côté pas net chez JLM. Quand il dit « je vis dans la crasse, je suis dégueulasse et alors ? », sacrée punchline, non? (rires) Et je trouve que le français sonne de manière un peu inhabituelle, parce qu’il a cette élégance littéraire, en fait, c’est ça : ce n’est pas les Béruriers noirs, on sent cette culture littéraire et en même temps ce côté crasseux, et ça c’est rare.

- Merci, et ton album préféré de Murat ?

La Féline : Ah, ça sera quand même Cheyenn Autumn… Sans doute pour l’équilibre parfait entre quelque chose d’assez pop et cette crasse littéraire, mais aussi peut-être parce que je connais moins les disques récents, mon choix est donc biaisé!

- Toi aussi, tu penses qu’il a sorti trop d’albums, tu as arrêté de suivre ?

La Féline : Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il a sorti trop de disques. De fait, il y a une certaine prolixité, mais qui fait partie du personnage et qui est intéressante aussi : ce n’est pas quelqu’un qui sacralise ce qu’il fait, c’est quelqu’un qui fait de la musique, et il en fait sans s’arrêter, et effectivement, j’ai peut-être moins été attentive à ces derniers disques, j’ai plus cristallisé sur certains disques mais ça parle plus de ma façon d'écouter que de sa façon de produire.

- Et tes trois chansons préférées, ça serait ?

La Féline : Mmm, je dirais « Fort Alamo », « La fin du parcours », « Les Hérons »…

- L’as-tu vu en concert ? Quels sentiments, souvenirs ou anecdotes ?

La Féline : Non, jamais vu Murat en concert. J'aime le lire en interview par contre, revoir des séquences télévisées où il fait son dandy d'Auvergne, hyper séducteur et brusque, il me fait toujours marrer. Son franc-parler, sa mauvaise foi, c'est drôle, et rare, et parfois juste aussi.

- Tu perds ta carte de fan alors.. désolé (rires)

Inter-ViOUS ET MURAT- n°19: LA FELINE

- Tu disais tout-à-l'heure qu’on t’avait fait la remarque que ton chant faisait penser à Murat sur un titre, y a-t-il dans ton répertoire un titre inspiré par Murat ou du moins qui te l’évoque ?

La Féline : On me l’a dit à propos de « La Ligne d’horizon », où vraiment le chant paraissait proche, et aussi sur « T’emporter », mais c’est le Murat des débuts je pense, presque new wave.

- Alors, au départ, j’avais prévu une interview par mails, et j’avais prévu une petite torture je dois dire : Baptiste Vignol pour son livre « le top 100 des chansons que l’on devrait tous connaitre par cœur » a demandé à 276 artistes et quelques spécialistes, plus ou moins qualifiés (moi), la question suivante :« pouvez-vous me confier la liste de vos 10 chansons préférées, celles qui vous accompagnent, que vous auriez aimé écrire, enregistrer, peu importe vos critères ? » et je trouvais amusant de vous la poser à mon tour puisque Aline, Robi et Valérie Leulliot, tous présents hier, y ont répondu. Alors, Baptiste proposait d’y consacrer un quart d’heure, c’est peut-être difficile là…

La Féline : Ah, je vais essayer ! Alors… Je mettrais… allons… « Eternelle » de Brigitte Fontaine, je mettrais « Le beau bizarre » de Christophe, (hésitations)... « L’innocence » de Nino Ferrer, « Avant l’enfer » de Dominique A, « Epaule Tattoo »… non ! « Heures indoues » de Daho. J’en ai combien là ? [on n’a pas compté]... « Les gauloises bleues » d’Yves Simon, « La question » de Françoise Hardy… Tout ça c’est un peu vieillot faudrait que je mette des choses plus récentes… Mais ils font partie de mes classiques disons.

- Bon, en fait dans le livre, on voit un peu ceux qui ont voulu faire un clin d’œil à des copains, d’autres qui ont cherché aussi à affirmer quelque chose : Romain Guerret avec des choses assez variété, ou Goldman qui choisit une chanson de GOLD…

La Féline : Y’a un morceau d'Adamo que j’adore aussi : « La nuit ». Je crois que j’en ai 10!

- Pour sortir du français, tiens, j’ai vu que tu adorais « Porque te vas »,c’est un titre que j’apprécie beaucoup aussi.

La Féline : Ah, oui, Jeannette! On ne connaît pratiquement que ça d'elle, mais elle a fait d'autres disques. Je me rappelle avoir entendu une chanson sur son père, assez émouvante. Mais « Porque te vas », c'est vraiment un idéal pop ; l’espagnol est une langue tellement pop, complétement sous-développée en France, on devrait chanter en espagnol parfois aussi! Puisqu’on chante en anglais.

- Mais tu es germanophone, non (pour travailler sur Adorno) ?

La Féline : Un peu, je parle surtout le Adorno! (rires). Par ma mère qui est d'origine andalouse, je suis surtout hispanophone. D’ailleurs, dans le disque que tu viens de prendre, il y a une chanson en espagnol : « Pirópos ».

 

- Aux jeux des petits dénominateurs communs entre toi et Murat, j’ai fait une petite liste : le Japon, Anne Sylvestre…

La Féline : Anne Sylvestre... J’aurais dû mettre parmi mes chansons classiques « Les gens qui doutent ». Et « Sous quelle étoile suis-je né » tiens, ou « Michael » de Michel Polnareff.

- Il y a aussi Baudelaire, Louise Labé, la carte du tendre que vous adorez…

La Féline : Ah, ça ne m’étonne pas que tu me dises que l’on retrouve ça chez Murat. Je ne connais que quelques poèmes de Louise Labé, j'avais un beau volume de ses textes, je dois l'avoir encore quelque part. Ça fait partie de ces livres que tu ouvres une fois, où tu tombes sur un texte qui te bouleverse tellement que tu ne réouvres jamais le livre tout en décidant de le chérir à vie. Il y a ce poème sur les tourments de l'amour extrêmement direct et sensoriel, avec ce vers qui m'est resté « j'ai chaud extrême en endurant froidure »... Et la carte de tendre,  oui, aussi! J'ai un faible pour les cartographies de l'esprit en général, de Freud à Abby Warburg, il y a quelque chose de primitif et de civilisé dans ce geste auquel je crois beaucoup. Comme une intuition un peu naïve, un peu enfantine, mais qui touche bel et bien quelque chose de la vérité. Il l'évoque où Murat la carte du tendre?

- Il la survolait en parachute dans un de ses clips,c’est une référence ancienne du type de celles qu’il adore. Vous aimez par contre les Smiths, la ville et la nuit… ce qui n'est pas le cas de Murat sans doute...

La Féline : … Morrissey, Johnny Marr, bien sûr. Mon adolescence a été bercée par The Queen is dead. « I know it's over » et « Some girls are biger than others », ça forge ton âme d'adolescent(e).

- Le Japon, tu l’aimes surtout pour la Bd (Murat lui ce n’est pas son truc non plus)

La Féline : Oui, j’aime le manga, je dois avoir des goûts plus pop que Jean-Louis… Ozamu Tezuka pour moi, c'est un auteur aussi important que Céline ou Gombrowicz.

- Un autre point commun, ça serait vos origines modestes…

La Féline : Oui… enfin, pas par mon père, mais j’ai été élevée par ma mère, qui était ouvrière, d'origine espagnole, mais elle a toujours beaucoup lu et m'a transmis, sans pour autant être musicienne, une grande sensibilité à la musique.

 

- Alors, justement, ton album s'intitule Adieu l'enfance, un thème cher à Murat qui aime évoquer son enfance, mais lui semble ne pas lui avoir dit adieu, tant dans son œuvre que dans son discours médiatique, en restant dans son pays, en contant le monde paysan… [le set d’H BURNS débute]

La Féline : Oui, mais quand je dis « adieu l’enfance », ça ne veut pas dire que je veuille renoncer à l’enfance, ou à tout ce qui m'en reste, ça voulait simplement dire que, dans cette chanson, je voulais aller au bout du sentiment de tristesse qui me restait de l’enfance. L'enfant, c’est le stade ultime chez Nietzsche, bien sûr que personne ici ne veut renoncer à l'enfant en soi! Mais l’idée de l’album, c’était d'aller au bout d’une émotion, sans faire la dialecticienne justement... parce que l’enfance éternelle, c’est aussi l’enfer, non?

 

 

- Murat aime la philosophie. Dernièrement, il a parlé avec passion de Gunther Anders…Je ne sais pas si tu le connais ?

La Féline : Oui, un peu, il y a ce texte important sur « l’obsolescence de l’homme », c'est un grand critique de la culture allemande du 20e siècle... Mais quand tu connais Adorno, c’est mieux… (Rires) Non, j’exagère… En fait, je ne connais pas beaucoup.

-En tout cas pour Murat, ça a été un coup de foudre, et il fonctionne un peu ainsi :quand il a ce « coup de foudre » pour un auteur, delire l’intégralité de son œuvre (Nietzche par le passé)…Est-ce qu’Adorno sur lequel tu travailles a été aussi « un choc » pour toi ?

La Féline : En tout cas, c’est un auteur sur lequel je travaille depuis maintenant près de dix ans, et je ne m'en lasse pas vraiment. J'ai commencé par son texte le plus métaphysique et le plus difficile Dialectique négative, puis son esthétique, puis sa sociologie qui est un peu empesée de freudo-marxisme, pleine d’exagérations, mais qui, dans sa radicalité, reste assez puissante. En ce moment, je réfléchis sur la pop en rapport avec ses écrits sur la musique légère, c'est passionnant. C'est à la fois un vieux ringard insupportable et en même temps, un genre de mauvais esprit rafraîchissant si je puis dire. Je n'en parlerais pas en terme de coup de foudre… c'est plutôt devenu un genre de compagnon intellectuel démoniaque qui me fait avancer dans la pensée.

 

- Donc sur Adorno, comme un bon cancre que je suis, je suis allé voir la page wikipédia et je suis tombé sur la phrase « Il cherche à comprendre comment certaines structures mentales conduisent à la formation de cette personnalité autoritaire, qui contient potentiellement le germe du fascisme »)… et j’ai pensé de suite à la chanson « Chant Soviet » de Babel sur le fascisme qui sommeille en chacun en nous… Murat aurait-il lu Adorno ?

La Féline : Ça n'est pas impossible, non? En tous cas oui, dans les travaux d'Adorno, il y a cet enjeu là, qui résonne pas mal avec le durcissement identitaire que nous vivons aujourd'hui en France : se demander comment quelque chose comme le nazisme a pu arriver, comment l’Amérique des années 40 n'est pas en reste sur ce qu'Adorno appelle le caractère autoritaire, cette tendance sociale à la soumission aux normes, aussi arbitraires soient-elles, et au désir de punir ceux qui ne s'y soumettent pas. Ça prend parfois un tour exagéré dans la critique du monde démocratique pseudo-libéral dont parle Adorno : quand tu lis La Dialectique de la Raison, c'est presque 1984 de Geroge Orwell, c’est une sorte de dystopie philosophique, sauf que ce n’est pas de la fiction. En tout cas, il y a vraiment chez lui cette volonté de chercher dans les individus les germes qui peuvent à un moment les rendre inhumains et de faire que la philosophie nous préserve de ça, autant que possible, sans non plus s'imaginer que la philosophie a réponse à tout.

- Et toi, est-ce que la philosophie pourrait t’inspirer un titre ?

La Féline : J’ai tendance à séparer… Pour moi la philosophie, c’est un savoir, il y a des auteurs, des thèses, des livres, j’en ai lus certains, mais ça reste une position d’autorité, ou du moins de réflexivité, qui demande du temps, des médiations, ça ne marche pas vraiment avec l'instantanéité des chansons. Alors que quand je fais de la musique, je n’ai pas d’autorité à avoir sur les gens, ni de distance réflexive à mettre en scène, je veux les émouvoir, je ne veux pas leur dire « tu devrais savoir ça » ou même je ne veux pas leur dire « comprenez-moi d’abord après on verra », c’est à moi d’aller vers eux. C’est un donc un chemin tout à fait différent. Il y a quelque chose d’assez viril dans la philosophie pour moi et au contraire, chez moi, l’expérience de la musique est assez féminine (je ne dis pas ça pour genrer les choses spécialement, c'est plutôt une question de pôles, et je me permets tout à fait de circuler entre les deux). Je pense que je cherche une sorte de fusion avec les gens par la musique, pas vraiment la discussion, ni l’autorité doctorale que peut avoir la philosophie…Voilà. C'est marrant parce que je suis en train d’adapter un morceau de Robert Wyatt, « Alliance », qui est un morceau très politique, très donneur de leçons, et j’essaye d’en faire une version française crédible à mes yeux, or, pour ça, il faut que j’aie un discours politique, philosopho-politique et voir comment je suis capable de le chanter. C'est extrêmement difficile! Mais ça rejoint un autre problème qui est le tabou du politique dans la chanson française « de bon goût ». Comme les cinéastes de la Nouvelle Vague qui ne voulaient pas montrer les ouvriers ni les immigrés dans les années 60 – et il y en avait pourtant ! – , la pop issue de Gainsbourg est plus à l'aise dans le détachement que dans l'engagement. Certes, l'engagement dans la chanson française a parfois de bien gros sabots qu'on n'a pas envie de porter... Mais le pur détachement ne me satisfait pas non plus... Il faut trouver autre chose!

- Alors, on va garder Wyatt pour la prochaine interview… parce que Murat l’aime beaucoup, il l’a interviewé pour Télérama, et il aurait gardé le contact. Je reviens au parallèle philo/musique : quand tu enseignes, être sur l’estrade devant des étudiants, ou sur une scène, est-ce que c'est comparable?

La Féline : Ça fait un certain temps que je n’enseigne pas, ou ponctuellement, pour pouvoir faire de la musique, mais oui, il y a une part de show dans les deux cas, c’est sûr. Mais il y a une nette différence entre enseigner les théories des autres et chanter sa chanson. Quand tu chantes ta chanson vraiment, t'es à poil. Alors que parler de Hegel, ça va... Bon, oui, c’est compliqué Hegel, mais, mais si tu fais un cours sur Hegel tu ressens une légitimité incomparable à celle que tu peux ressentir en chantant ta petite chanson. Toi, tu penses que Hegel, c'est génial, fascinant, essentiel. Alors que ta chanson, est-ce que c’est génial ? Est-ce que c’est important? Est-ce que c’est intéressant ? Est-ce justifié que tu montes sur scène et que les gens t’écoutent sous la pluie durant 45 minutes ? Ça, c’est plus difficile.

 

Inter-ViOUS ET MURAT- n°19: LA FELINE

- Comme il est dit dans la chanson de JLM « Murat c’est un héros de cinéma », comme La Féline. Murat allant lui jusqu’à insérer du Ford ou du Tarkovski dans ses titres ou faire un peu l’acteur.Tu es très cinéphile? Partages-tu quelques goûts communs avec Murat ?

La Féline : Ah, oui Tarkovski, Solaris... Ou Ford, La prisonnière du désert, etc. Difficile là aussi de ne pas s'accorder à dire que c'est génial. Mais là aussi la question, c'est qu'est-ce que tu en fais, à l'échelle de ta musique. Pour moi, La Féline de Tourneur a pratiquement constitué une charte esthétique au départ, avec cette idée de quelque chose de mystérieux, qui ne se donne pas tout-à-fait et qui est en même temps relié à des pulsions humaines fondamentales. Le cinéma permet ça, le noir et blanc, une sorte de sobriété absolue pour décrire un volcan. C'est pourquoi c'est pratiquement mon art favori… Non : la musique est plus forte au sens où elle m'émeut davantage, me travaille plus, mais, en terme fantasmatique, le cinéma est au centre.

- Dans le livret de ton album, tu as mis un texte, un récit, qui est une sorte de porte d'entrée à l'esprit des onze chansons. Je n’aime pas forcement ça dans l'idée, Manset avait fait une fois collé à l’album un texte sur chaque chanson et c’était assez catastrophique…

La Féline : Ah oui, Manset, j’aurais dû mettre une de ses chansons dans ma sélection, j’adore).

- On est deux ! Je suis très fan… Pour en revenir à ma question, est-ce que tu ne penses pas qu’il y a une dictature du storytelling pour sortir un album ? Je parle souvent de Burgalat qui disait qu’il avait un album prêt, mais qu’il ne pouvait pas le sortir, parce qu’il n’a rien à en dire. Murat lui est assez fort pour trouver quelque chose, puis dire, oui, c’est pour les journalistes…

La Féline : Oui, il y a une contrainte qui est clairement journalistique, parce qu’il faut «pitcher », il y a cette nécessité de « pitcher », les gens n’ont pas le temps d’écouter les disques. Et pour pouvoir exister en France aujourd’hui, il faut forcement vouloir incarner quelque chose de plus que de la musique. Bon, cela a toujours été un peu le cas, en rock, ce n’est pas nouveau, mais il y a cette part de communication de soi dans laquelle certains musiciens peuvent être très mauvais alors qu’ils sont des génies dans leur art, et c’est révoltant qu'ils restent dans l'ombre.

Pour le texte de l'album « Combinaison absente », j'avais cette histoire, et j’avais cette photo, et il y avait ce côté science-fiction, un côté émouvant, et puis j’ai quand même l’habitude d’écrire des petits textes sur mon blog, et c’est un disque assez littéraire, alors, après tout, je me suis dit : cela fait une entrée et en même temps, c’est un texte autonome, on peut le lire sans écouter le disque. Je n’adhère pas du tout au storytelling comme une contrainte pour sortir un disque, de pitcher comme ça, c’est une sorte de peopleisation du métier de musicien, mais sur ce disque, j’avais l’impression d’un chemin, d’un chemin parcouru pour arriver à ces chansons et il me semblait que pour que le gens soient touchés par elles, il fallait que je leur indique ça.

- Oui, surtout que tu as peut-être mis un peu de temps pour te trouver, folk, électro..

Oui, mais il est possible que j’y revienne d’ailleurs. La petite part eighties des synthés, les boîtes à rythme, c’est la musique de l’enfant que j’étais, c’est la musique que j’aimais entendre à la radio, la musique qui passait. Pour autant, ce n’est pas du tout un disque revivaliste, « Le Parfait état » qui clôt le disque, c’est assez folk, « La ligne d’horizon » pareil, « Dans le doute » il y a une ligne de basse,mais au fond,ce n’est pas un disque de new-wave, ou de revival 80's, ce sont les gens qui n'écoutent pas attentivement qui disent ça. Ce sont des chansons, avant tout, jouées avec les moyens du bord du moment, un synthés JX3P et une boîte à rythme.

Après, oui, j’ai mis quand même du temps, j’ai travaillé avec d’autres musiciens qui étaient très doués, j’étais un peu dans l’attente de leur avis, et au bout d’un moment, eux-mêmes m’ont dit « vas-y arrange tes chansons seule et c’est là qu’une vérité va émerger». Et ça a eu lieu et Xavier Thiry a réalisé le disque avec moi mais en étant totalement à l’écoute. Donc, oui, du temps à se trouver, mais ce n’est jamais fini je pense. Je passe mon temps à chercher, je passe mon temps à trouver. Il n’y a pas un moment où tu arrives à un truc « voilà, c’est super, c’est moi », parce que tu changes, t’interprètes les choses. D’ailleurs, quand j’ai commencé, j’avais une chanson un peufolk qui s’appelait « Mystery train », qui a eu pas mal de succès parce qu’elle est assez immédiate, et un jour en concert, je l’ai chantée, et je n’y croyais pas du tout, j'ai cessé de la chanter. Je la rechanterai peut-être. Peut-être qu’un jour, je ressentirai la même chose avec « Adieu l’enfance », je n’y croirais plus, et il faudra faire autre chose.

- Pour la voix, tu prends des risques, avec un certain lyrisme, et je me demandais tout à l’heure en t’entendant si tu avais pris des cours de chant classique ?

La Féline : Non, par contre, j’ai toujours chanté, enfant… Mais je n’ai jamais pris de cours.

 

- Sur « Rêve de verre » ( que tu chantais tout à l'heure sur scène à capella), on penseà Camille et aussi du fait des « risques » que tu prendssur la voix (notamment sur « Zone »), est-ce une artiste que tu apprécies ?

La Féline : Oui, c’est quelqu’un que je respecte, avec cette audace qu’elle a de miser uniquement sur sa voix. Il y a aussi un certain idéal de l’autonomie du chanteur qui est quelque chose de rare dans la pop. Le chanteur, habituellement, n’est jamais autonome, il est perdu sans son groupe. La variété, qui vénère les chanteurs, c'est aussi beaucoup un art de l'orchestration.

Concernant « Rêve de verre », l’inspiration est un peu plus mystique, médiévale, elle est un peu gothique je dirais, pour employer le bon terme, au sens où c’est une espèce d’innocence mais qui parle de la mort ou de la désillusion, donc quelque chose de très pur qui évoque en même temps la décomposition. Pour moi, il y a cette tension-là.Ce n’est pas juste un jeu vocal.La mélodie, je l’ai enregistrée dans une église, avec un dictaphone. J’ai eu une éducation religieuse, enfant, je reste émue par les chapelles vides, la résonance des lieux de culte.

- Dernier nom sur lequel je voulais t’entendre, c’est Christine and the Queens. Ton côté électro peut l’évoquer, mais c’est aussi par rapport à ses ventes de disques qui ont atteint un niveau phénoménal, on voit de temps en temps les classements et c’est toujours surprenant et déprimant…

La Féline : C’est très bien pour elle, la seule chose qui est regrettable en France c’est qu’on a l’impression que les gens n’achètent qu’un disque par an. Il y a d’autres choses tout aussi valables!

- Alors, on parlait d’indépendance tout à l’heure, peux-tu nous parler de ton label ? J’ai vu qu’il s’agit de celui de Nicolas Comment (fan comme nous de Manset)

La Féline : C’est le label de Marc Collin, qui est une personne très intéressante, très cultivée musicalement et qui est le seul, quand je lui ai présenté le disque, qui était complètement preneur. Alors que jusqu’ici, je n’avais eu soit que des très indés qui ne trouvaient pas ça assez indé, soit des majors qui trouvaient ça trop bizarre. Et lui, il s’est contenté de dire «c’est super ». Voilà, c’est un petit label, il n’y a pas eu énormément de moyens mais le disque a touché plus de gens que ce que j’avais fait jusqu’ici. Et j'ai conservé mon indépendance, Marc ne m’a rien imposé. J’ai fait la pochette que je voulais, le texte que je voulais. Il m’a complétement fait confiance.

- Et Manset, alors ? On peut y revenir…

La Féline : Comme Murat, Manset a aussi ce truc crasseux et mystique à la fois, une part de romantisme mais version réactionnaire disons, avec lequel humainement je pense que j’aurais un peu de mal, mais qui artistiquement, est souvent saisissant. Il peut frôler le ridicule parfois avec son côté côté mégalomaniaque, « Royaume de Siam », « Je suis dieu»… De « Animal on est mal » à « Comme un légo », il y a des dizaines de chansons géniales. C’est vraiment quelqu’un que j’admire beaucoup pour la radicalité de son parti pris, de sa vision du monde, avec cette petite part d’exotisme bizarre, de pessimisme profond. On le compare parfois à Cabrel, mais il y a un fossé énorme, ne serait-ce que pour ce pessimisme absolu, et la vision qu'a Manset de la production, ce n’est pas du tout le même parti-pris… Avec Mondkopf, on a fait une reprise de « Comme un guerrier », on en a fait une première version et on en fait une autre là, pour trouver l'équilibre qu'on cherche. Je ne sais pas si ça plaira à Gérard (rires), mais bon! J’adore ce morceau et justement ça m’intéressait, moi qui vient d’un truc très doux, La Féline, de me risquer à cette chanson qui est à la fois très virile, mais aussi très universelle.

- Alors tes projets à venir ?

La Féline : Déjà, cette collaboration avec Mondkopf, ça va être beaucoup moins «chanson » disons, plus axée sur la texture des sons, plus dense, plus bruitiste aussi. Et puis un nouvel album qui se prépare. J’ai écrit une série de chansons et je pense qu’on va être rejoint pas un batteur sur scène. J’ai envie, après l'album Adieu l’enfance de retrouver un son un peu plus acoustique.

- Tu parlais d’écriture, tu as un blog… et selon l’expression de Murat, est-ce que tu aurais suffisamment de suite dans les idées pour écrire un roman ?

La Féline : Non, clairement, pas un roman. L'écriture d'un roman implique un souffle long. Je vis avec un romancier et je vois bien cet élan qu’il faut. Je suis moi, à la fois comme lecteur et comme auteur, beaucoup plus adepte de la forme brève, et d’ailleurs, la chanson en est une. Dans le blog, j'écris sur mes amis musiciens, ou pour Libé, des chroniques où j'essaie de faire d'analyser ce que j'écoute, plutôt que de dire j'aime ou j'aime pas. La forme longue, à laquelle je me confronte en ce moment, c’est plutôt une forme théorique, une forme philosophique sur l’esthétique de la pop. Mais c'est encore différent.

 

Interview réalisée le 12 septembre 2015 dans le parc des Lilattes à Bourgoin-Jallieu. 40 minutes de discussion. Relecture par A.Gayraud de janvier 2016.  www.surjeanlouismurat.com

 

La deuxième édition du Festival "les Belles journées" aura lieu le 9 et 10 septembre 2016!

 

Les prochains concerts de LA FELINE:

- 14/01,TOULOUSE, Connexion Live, Fête Souterraine w/ Eddy Crampes et Cliché
- 15/01, MONTAUBAN, Nukind Coffee House, Fête Souterraine
- 16/01, CLERMONT, Le Baraka, Fête Souterraine
- 17/01, LE CHAMBON S/ LIGNON, La Gargouille,  Sérénade et lectures souterraines
- 19/01, VALENCE, MISTRAL PALACE
- 21/01, LAVAL, 6PAR4, w/ Bertrand Belin
- 29/01, ISSOIRE, Salle Claude Nougaro

On retrouvera LA FELINE le 15 mars au Tambour à Rennes, et une première partie en solo d'Arman Meliès à l'Ubu le 18 mars.

une phrase en audio de l'interview:

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 9 Janvier 2016

Dominique A-nouvel épisode sur "les amours débutants"

Les scénaristes de notre feuilleton au long cours "Dés/amicalement vôtre" qui raconte les relations entre Murat et Dominique A s'étaient endormis en 2016. Après le savoureux épisode de la préface du nantais du livre "coups de tête, celui-ci m'avait promis d'arrêter la série, un peu lassé d'animer l'histoire sans retours.

France inter proposait hier une émission spéciale sur le livre "LA FRANCAISE POP" (dont on a parlé déjà deux fois), un "livre inter" et on évite donc de titiller les deux auteurs. Mais ne boudons pas notre plaisir puisque ce fut l'occasion de réunir un plateau comme on l'aime. En père tutélaire, Dominique A a débuté la soirée... avec 3 reprises. Après un titre d'Yves Simon -dont le directeur artistique était Claude Dejacques-, voici "LES AMOURS DEBUTANTS".

http://www.franceinter.fr/emission-partons-en-live-speciale-pop-francaise-dominique-a-jeanne-cherhalvincent-delerm-florent-mar

J'ai mis sur youtube:

Il ne sera pas évoqué Murat pour autant. Tant pis. (Dans l'intégralité de la soirée en vidéo dispo sur youtube, son rôle fondateur est évoqué à la 47e,  - merci TPE).

 

Le reste des prestations live sont vraiment à écouter... et que des amis, notamment:

Armelle Pioline: en interview ici.

Bastien Lallemant

Albin de la Simone (chronique ici) avec un titre inédit et "mes épaules".

Jeanne Cherhal (inter-ViOUS ET MURAT n°3) en piano solo ("hommes perdus" et "Finistère")

Florent Marchet avec "Courchevel" et son grand classique  (c'est souligné ainsi par Conte ensuite)  "le terrain de sport" (piano + violoncelle). Florent annonce que "Frère animal 2" sortira en octobre chez PIAS, le héros y intégrera un mouvement d'extrême-droite...

Orwell

Et pour finir 3 titres de Vincent Delerm.

 

 

Dominique A-nouvel épisode sur "les amours débutants"

LES LIENS EN PLUS QUI SE BOUSCULENT ET LE TEMPS QUI ME MANQUE

 

Allez, quand même... j'en choisis un parce que c'est urgent:

 

Mathis qui nous avait lui aussi offert une reprise de Murat et avec lequel on avait discuté, en compagnie d'Antonin Lasseur (on en reparlera bientôt), sort son nouvel album, enregistré avec des musiciens français de renom... Il sera en concert au transbordeur le jeudi 21 janvier. 

http://www.transbordeur.fr/agenda-saison-2015-2016/mathis-jeu-21-jan-2016/

Mathis revient avec "Ombres et visages", nouvel album à paraître le 21 janvier, jour du concert.

Après "Centre ville", paru fin 2013, et les 1ères parties des BB Brunes, de Daran, de Nilda Fernandez ou encore de Laurent Lamarca, ce nouveau projet s'inscrit dans la continuité :
relations humaines et  affectives, volonté de résister ou joies du partage avec autrui, autant de thèmes abordés, comme une recherche des valeurs fondatrices de l'existence.

Ce nouveau projet est également né du désir de travailler en collaboration avec des artistes réputés. A la batterie, Christophe Deschamps (Goldman, Souchon, Calogero), aux guitares Philippe Almosnino (Wampas, Biolay) et Yan Péchin (Bashung), aux claviers Jean-Max Méry (Phoenix, -M-), notamment.
Enregistré aux studio de l'Hacienda, à Mikrokosm et à History, et mixé par Marc Guéroult, ce nouvel album marque le point de départ d'une nouvelle aventure scénique pour Mathis.

"Fondamentalement, je suis un citadin. Le bruit des villes, son agitation, ses lumières, ses variations construisent le murmure incessant qui rythme ma musique. De ces tensions naissent des chansons volontaires qui évoquent les relations urbaines : l'incommunicabilité, l'isolement, dans ces grands ensembles où tout se mélange et se disperse à la fois. C'est aussi la possibilité de se réunir, de partager, de ne plus subir mais plutôt d'assumer, de trouver sa place, son identité. C'est dans cette thématique que s'enracinent mes préoccupations. Autour de ces ombres, de ces visages"

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres

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