Publié le 16 Juillet 2025

J'avais pris mon billet pour Neil Young (malgré une succession de tubes, j'ai eu du mal à m’enfiévrer -comme Benzine ou Paris-Match-, vous n'aurez pas de compte-rendu, au contraire de 2013 et de 2016), mais le blog de Pierrot était quand même présent à La BOurboule le 14/07: 

 

 
La lumière du soir baigne encore le Puy Gros et la Banne d'Ordanches, on commence à se réunir sur la place où se tient le marché, entre l'église et les Thermes. Sur le kiosque, 17 affiches des 17 tournées de Jean-Louis. Emotion en arrivant : Fifi est là, enroulant un câble, et Jocelyne comme naguère à son stand - j'entends qu'il faut s'adresser à elle pour acheter l'affiche de la soirée - souriante.
 
L'activité se concentre pour l'instant autour de la buvette. Une rangée de tee-shirt noirs et jaunes siglés Institut,, l'uniforme de la soirée, autour de Yann Bergheaud. Même Rose, la petite-fille de Martial, a le sien. Armelle lui a préféré celui du Virage Murat, le premier événement de la journée. Martial justement raconte, rayonnant et espiègle : les démarches, les autorisations, la rencontre avec les journalistes dans le nord pour annoncer l'événement, le nom de Murat peint sur la route au col de la Croix-Morand à 4 h du matin, et enfin le déploiement du tifo. Bien joué : Murat aura bien été vu et mentionné dans les divers compte-rendus l'étape du jour, avec référence à la chanson, parfois même le titre de l'album.

 

Le groupe Jean-Louis Murat Expérience (Alexia, Michel, Georges, Antonin, Christophe) est monté sur scène, Antonin ouvre le concert avec "La Louve". Il doit être un peu intimidant de jouer dans ce lieu, devant une partie de la famille, des proches et tous les fidèles. Patrick Ducher et sa compagne le rappellent avec leur carte qui remporte encore un grand succès : nous sommes bien au coeur du territoire muratien, la Dordogne chante à nos pieds, les thermes de Choussy et le Mont Sans souci sont à quelques centaines de mètres, la banne veille au-dessus de nous... Les chansons sur scène vont bruisser de tous ces noms et échos. Mais l'assistance, plutôt nombreuse, est enthousiaste, et bientôt le rythme est pris. Le groupe est complice et énergique, Michèl, Antonin et Christophe alternent au chant, Antonin et Christophe se relaient à la guitare et au clavier. Belle diversité des titres piochés dans divers albums, tubes, morceaux plus confidentiels, et "zéniths muratiens", comme dit Antonin : le "Jaguar" est superbe de fougue, "Le mont Sans souci" très émouvant avec Antonin à l'harmonica. Devant la scène, des enfants sautent et se trémoussent, un couple danse. Derrière, on est attentif, on fredonne les paroles, les plus novices redécouvrent la beauté des chansons, "ça donne envie de réécouter Murat". On reprend en choeur "Foule romaine", "Le Mont Sans-Souci", "L'Au-delà", ou "Le cri du papillon" pour un beau final.
 
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule
Virage Murat et concert de la bourboule

Merci F et Bruno pour la vidéo ci-dessous: 

Une autre vidéo ici (au cas où).

Bien joué à Martial pour l'opération. 

 

Voici une autre vidéo par Patrick:

Beaucoup de médias s'y sont intéressés:

 

- LE PARISIEN  photo mais je n'ai pas accès à l'article en ce moment.

 

- Photo sur le site de la Montagne  et l'annonce

- France Bleu

Un hommage s'organise ce lundi sur la route de la 10e étape du Tour de France 2025 dans le Puy-de-Dôme, pas pour un champion cycliste, mais pour une figure de la chanson française disparue il y a deux ans. Un virage dédié à Jean-Louis Murat s'installe dans le col de la Croix-Morand.

Alors que le chanteur auvergnat Jean-Louis Murat est mort il y a un peu plus deux ans, ses fans se sont mobilisés cette année pour lui rendre hommage sur la route du Tour de France lors de l'étape entre Ennezat et le Mont-Dore ce lundi. Comme Antonin et sa sœur qui étaient déjà dans le coin en 2023 pour peindre le nom de l'auteur compositeur interprète sur les routes de la Grande boucle. "C'est vrai qu'il n'avait pas forcément une notoriété à la hauteur de son talent, et on essaye de réparer un peu cette injustice" explique-t-il. 

Mais cette année, l'hommage est beaucoup plus important, une bâche géante avec une photo de Jean-Louis Murat va être installée au col de la Croix-Morand, et les fans vont se rassembler dans l'ascension. Une initiative de Martial Decoster, il vit à Dunkerque mais a mobilisé beaucoup de monde à travers la France pour organiser ce "virage Murat" sur la 10e étape. "J'avais vraiment été choqué qu'il y ait aucun hommage il y a deux ans, quand il a disparu alors que le Tour passait à 300 mètres à vol d'oiseau de sa maison. Donc je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais de rattraper le coup".

"C'était vraiment un passionné de vélo depuis son enfance"

Un hommage lors d'une épreuve sportive que l'artiste adorait, c'était la meilleure chose à faire pour Martial Decoster, "c'était vraiment un passionné de vélo depuis son enfance et donc, cette année, on a vraiment voulu lui rendre hommage. Comme l'étape traverse vraiment 'son' pays, c'est à dire là où il vivait, passe à côté de beaucoup de lieux qu'il a chanté dans ses chansons", à l'image du "Col de la Croix-Morand" un de ses titres les plus connus. "On a décidé de faire un un 'virage Jean-Louis Murat' parce que c'est ce qui se fait sur le Tour de France quand on veut rendre hommage à quelqu'un" conclut Martial.

- Radio Totem par Jean-Charles Virlogeux, habitué du week-end Murat. 

NB: pour encore écouter du Murat encore,  Matt Low aux vinzelles à Volvic,  dimanche 15h30

 

 

LE DECES EN PLUS

Ce  14 juillet restera aussi comme celui du décès de Thierry Ardisson. Grâce à l'arditube, les passages télé de Jean-Louis Murat dans ses émissions sont célèbres. On en a parlé dans  l'article précédent. Dès la première rencontre, les fiches d'Ardisson étaient bien travaillées... notamment quand il glissait que Jean-Louis avait été aidé par  " des gens de RMC, Bassin, Farran..." (remettant en cause un peu le parcours du jeune chanteur maudit). On en parlait en point 4 là : 

https://www.surjeanlouismurat.com/2019/11/reedition-mockba-version-inedite-et-l-actu-de-la-semaine.html

C'est assez curieuse qu'une chose qui était disponible depuis 30 ans nous ait échappé... mais c'était le cas: Ardisson évoque l'aide que lui aurait apporté lors de sa première venue à Paris (avant Clara) des "gens de RMC, Bassi (?), Farran (?), toute la bande", ce qui suscite un "ouais" du jeune Jean-Louis... et Ardisson enchaîne.

Ardisson étant généralement bien informé, c'est intéressant... mais en fait, après avoir identifié plusieurs noms possibles, donc un Claude Ferran et le journaliste post 81 Michel Bassi qui ont effectivement travaillé sur RMC, je me suis rendu compte qu'Ardisson avait sans doute commis un lapsus entre RMC et RTL...  J'ai alors trouvé le nom de DOMINIQUE FARRAN, présentateur rock de la radio, et tenté de le contacter via facebook... Quelques jours plus tard, et c'était cette semaine, on apprenait sa mort... 

Ce "fils de" (créateur de RTL) et père de (dernier manager de Johnny)  avait été envoyé par papa s'occuper de Radio Avoriaz et il aurait pu rencontrer Jean-Louis là-bas puisqu'il y était moniteur de ski.  Si tout cela est vrai, et la chronologie exacte, on peut s'interroger sur l'histoire officielle  (quelques temps plus tard l'envoi de la cassette par un ami à  JB HEBEY). En effet, celui-ci était déjà membre de cette bande de RTL...  Dominique commençant à l'antenne de RTL dans l'émission d'Hebey.  On perd une opportunité de savoir si Clara a bel et bien joué à RTL, Hebey n'ayant pas apporté de réponses claires... Toutes mes condoléances à ses proches.

 

 

Allez, au hasard, une des interviews, où Jean-Louis affirme : "moi, les pétards, jamais"...  Même si quelques années, il lui parlait de sa consommation de "codéine (On parlera un des ces jours de celle, sans doute moins dangereuse,  d'hepatoum mais bien révélateur de ses angoisses). 

Je n'ai jamais jamais regardé "salut les terriens", les repas chez lui,  mais j'aimais beaucoup les émissions précédentes, dont j'étais oh combien nostalgique devant les invités insipides de Léa Salamé. 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 8 Juillet 2025

bonjour,

Même si je vous invite toujours à lire l'article précédent, la formidable interview de Grégoire Bouillier (selon les mots de Christophe Basterra), il faut bien quand même que je le "recouvre" car les liens s'accumulent depuis bientôt un mois. Alors, on y va:

Dernière minute : en attendant le 14/7, Matt Low joue son spectacle "Douharesse" au Parc fenestre, à la Bourboule, à 15 heures aujourd'hui (8/07). 

 

1)   Stéphane Reynaud était interviewé sur la RTS suisse avec son fils, lui aussi batteur. Il  commence à parler de jean-Louis vers les 11 minutes (puis à 20 minutes). "un cœur énorme", "une passion fantastique pour la musique", "il pouvait être extrême, vivant".  Stéphane raconte que la venue de son fils Léonard à Musique en stock à Cluses (concert de Murat en 2007) a été assez décisif dans le choix professionnel de celui-ci.  C'est assez beau et émouvant de les écouter tous les deux, quand on se rappelle ce qu'ils ont traversé.  Stéphane parle aussi de Lilith (23 chansons en 4 jours), de l'improvisation sur scène ("il fallait des antennes, être concentré, il y avait une dimension sportive"). Un peu plus tard, il parle de ses débuts de rockeur, très tôt (à 14/15 ans), et des premières parties des Inmates, puis avec le groupe Maniacs dont on a déjà parlé (et dont on entend un titre). 

 

2) Archive ARDISSON:

 

 

3)  Pour les midinettes (suite):  l'agence Gettyimages a mis en ligne des nouvelles photos de Jean-Louis. Il s'agit de la session dans un cimetière avec  Frederic Garcia  (photographe mondain mais très discret) de 1989, dont j'avais montré 3 tirages en 2024 au fotomat. 

https://www.gettyimages.fr/search/2/image?sort=mostpopular&phrase=jean%20louis%20murat%20garcia&license=rf%2Crm

Actu du 21 juin à nos jours en 7 points!

 

4)  Le concert d'INDOCHINE à Paris fait ressortir le nom de Jean-Louis Murat, du fait de la projection de sa photo pendant la chanson "Annabelle lee".  Sirkis en parle à partir de 9 minutes 20 dans Quotidien du 2/07.
 

Certains en font même un article: 

https://www.programme-television.org/news/tv/sequences-tele/nicola-sirkis-explique-pourquoi-des-images-de-personnes-decedees-sont-affichees-lors-des-concerts-d-indochine-4742609

Et Nicola Sirkis de conclure : "Il y a des gens qui reconnaissent leurs proches. Et puis, à un moment donné, on demande, c'est un petit peu métaphysique, d'applaudir très fort pour ceux qui ont disparu (…)On a mélangé quelques personnalités qui nous ont suivis comme Badinter, comme Jean-Louis Murat, etc, qui sont au milieu de tout ça. Mais je trouvais que c'était un peu logique que la personne lambda soit aussi représentée comme ça. C'est un moment incroyable dans ce concert".  

 

5)  Au week-end Murat, dans l'expo "discographie alternative",  un cd single de Thierry Stremler était visible, avec la chanson écrite (pour le texte) par Jean-Louis Murat. On peut lire une longue interview de lui à propos de la grande Françoise (H.) avec lequel il a travaillé sur 8 chansons. On y retrouve le nom de JLM: 

Elle était vraiment une femme libre, qui disait ce qu’elle voulait. Et puis elle avait pris cette habitude-là, vers ses 18-20 ans, après le succès, d’être toujours très cash, comme ça. Elle était comme elle était, mais je pense que les journalistes aiment bien les gens qui sont comme ça. Les Jean-Louis Murat, etc, des gens qui ne font pas dans la langue de bois. Qui parfois disent du mal des autres – ce que ne faisait pas Françoise Hardy. Mais voilà, par son côté très cash, elle faisait un peu peur...

 

6)  Pendant que nous faisions la fête à Clermont, L'Equipe célébrait eux les 70 ans de Michel Platini, avec le top 5 des meilleurs chansons qui lui sont consacrées. Edition du 21 juin:

4. Achille à Mexico de Jean-Louis Murat (1998)

Issue d'une mythique compilation concoctée par Libération (Amour Foot), dans laquelle figurait d'ailleurs un autre hommage à Platini (Numéro 10 de Charlélie Couture et Tom Novembre), cette lente divagation évoque la blessure au talon de Platini pendant le Mondial 1986. S'y ajoutent des commentaires issus des retransmissions de matches de la compétition, mais aussi des références au Hamlet de Shakespeare (« Le Royaume du Danemark est pourri ») et une confession de Murat (« Non, je ne crois plus à ma vie d'artiste »).


 

7) Allez, au détour d'une petite interview sur le Figaro, on apprend que Vincent Delerm aime malgré tout Jean-Louis Murat: 

Même si son intention n’est pas de « cracher dans la soupe », précise-t-il, Vincent Delerm ne voue pas un culte à cette distinction et préfère la relativiser. « Beaucoup de chanteurs que j’adore n’ont pas reçu de Victoire », tient-il à rappeler, citant notamment Jean-Louis Murat.

J'ai pensé immédiatement à un article de Matthieu de 2012, suite à une interview dans Chorus, où Delerm disait ne plus aimer JL Murat! Dans son fameux article pour masochiste, Matthieu citait Vincent: "tirer sur tout ce qui bouge, c'est un truc que l'on peut se permettre quand on fait des choses parfaites, ce qui n'est pas son cas."

 

LE LIEN EN PLUS 

https://www.lepoint.fr/societe/laurent-kupferman-la-republique-c-etait-lui-03-07-2025-2593614_23.php#11

Stéphane Nivet, historien lyonnais :  "Surtout, Laurent Kupferman avait la République joyeuse, loin des discours parfois pontifiants et des incantations stériles. Sa République était belle et vivante, comme celle de Béranger chantée par Jean-Louis Murat : « À jamais proscrivons l'ennui […] Chez nous l'ennui ne pourra naître : le plaisir suit la liberté. »

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 27 Juin 2025

                                                                                                                                                 ©Martin Colombet

 

Je connaissais la passion de Grégoire Bouillier pour Muragostang, mais il a fallu sa présence à la Maison de la poésie (la soirée est née d’une discussion entre Olivier Adam, Olivier Chaudenson et lui-même) pour me décider à en savoir plus (et aussi que mes yeux tombent sur son livre Le Syndrome de l’Orangerie dans une librairie quelques jours avant l’événement). Expérience étonnante que de voir cette bouille débouler sur la scène en ouverture de la soirée, et d’entendre ce flow, le même qui s’échappait des pages que je lisais quelques instants auparavant dans le TGV ! Son discours muratien tout à fait réussi, où se nouaient déjà des liens avec son œuvre, a conquis l’assistance. Une petite dédicace plus tard, j’apprenais que Grégoire était un lecteur des blogs muratiens, et le principe d’une interview était accepté. Avec le sérieux, le professionnalisme et l’exigence de certains membres de l’équipe (je n’ai pas dit maniaquerie), il fallait se préparer… et nous étions face à une montagne : les 1800 pages du Dossier M, son masterpiece, Charlot déprime, Rapport sur moi, Le cœur ne cède pas (912 pages), L’Invité mystère… Paulo a réparti le travail équitablement : à lui Le syndrome de l’orangerie (432 pages - passionnantes quand on s'interroge sur ce qu'est un artiste, une œuvre, les questions d'intentions et d'inspiration), à Penny Florence le reste. C’est elle la professionnelle après tout. Très vite, d’ailleurs, elle a été aspirée par cette œuvre foisonnante, conquise (et aussi régulièrement interloquée, agacée, on dialogue avec de tels livres) par la folie douce de Grégoire, sa liberté, sa fantaisie et son humour, ses jeux avec le lecteur et avec la littérature. Dans son enquête sur un fait divers ou sur un tableau, sa tentative d’épuisement d’une immense histoire d’amour, sa participation à une manifestation des Gilets jaunes, son travail d’introspection ou ses analyses d’une réjouissante intelligence, il questionne toujours la littérature, son pouvoir, ses cadres et ses formes qu’il parcourt et se plaît à faire éclater. Ne vous laissez pas intimider par l’épaisseur des volumes, allez-y voir ! Comme il le répète souvent, il n’y a pas de gros livres, il n’y a que des lecteurs pressés. La lecture est addictive, parole de lecteurs, qui ont même transmis le virus à leurs proches. Et dans la perspective muratienne, vous verrez : que d’affinités et de points de rencontre (on vous laisse encore en découvrir au fil des livres -Tarkovski, la figure de Zorro et Don Diego de la Vega et Alceste et Philinte -le reason why-... )!

                                                                                                                                               in situ  (@surjeanlouismurat)

D'abord petit mode d'emploi:  nos petites discussions off me paraissaient si intéressantes, parfois amusantes, que nous avons choisi de les insérer (avec l'accord et relecture de Grégoire).  L'interview sort donc un peu de la forme habituelle, rendant aussi hommage à la liberté de fond et de forme des ouvrages de  celui-ci. Ces off/in apparaissent d'une autre couleur. Enfin, les nombreuses références/allusions aux œuvres de Grégoire sont explicitées par des morceaux choisis en fin d'article.

 

Donc, ça a débuté ainsi :

19/12/24 -  Bonjour Grégoire,

Il nous a fallu un peu de temps pour nous préparer...Plonger dans votre œuvre.. Et tenter de nouer les liens entre tous ces M.… La vôtre (du Dossier M), Monet, M aussi comme Musique dites-vous et Murat (qui a eu sa M. aussi - prière pour M-)  et le nôtre de M/Matthieu que nous a évoqué votre Le Coeur ne cède pas...

On avait hésité à vous proposer de vous voir à Paris ce début décembre, mais je trouvais intéressant de correspondre par écrit avec un écrivain. Si vous en êtes d'accord, nous procéderons question par question de manière à être spontané et voir où vous allez nous emmener. Nous n'avons pas de contraintes de bouclage, et vous pouvez répondre à vos heures perdues. J'espère que cela vous convient.

G. Bouillier:  Hello Pierrot,  Bien reçu ton mail ! (oui, je te tutoie...). Tu préfères donc qu'on fasse ça par mail.  Pas sûr que cela m'arrange (j'ai plein de trucs à faire...), mais bon. Il faut tout de même qu'on se mette d'accord sur un certain nombre de questions, faute de quoi on peut encore y être en 2030 🙂. Disons 10 questions ? Ça te va comme ça ? Je t'enverrai ma première réponse dès que possible.

 

1 - Le principe de l' "Inter-ViOUS et Murat" est de tisser des liens avec Murat, mais vous avez écrit : "Je m'intéresse plus à la musique qu'aux musiciens”. Est-ce que c'est une explication au fait que vous ayez été un muratien discret?  (Les discrètes évocations de Murat dans Le dossier M vous auraient déjà permis de rentrer dans le cercle... Même intime). 

G. Bouillier: Depuis toujours, je fais une différence entre vouloir écrire des livres ou vouloir devenir écrivain. Je n’ai jamais voulu devenir écrivain. Certainement pas ! Car il s’agit d’une posture sociale. Alors que la littérature, c’est au-delà de la société. Cela concerne l’être humain, la liberté, les sentiments, l’infini... Et cela vaut évidemment pour la musique, la peinture, tous les arts. C’est pour ça que je m’intéresse plus à la musique qu’aux musiciens. Ou plutôt, c’est la musique qui, parfois, me fait m’intéresser à un musicien et non l’inverse ! C’est façon de prolonger le mystère. D’augmenter le goût. Plus j’en sais sur une pomme, plus j’aime en manger. Ce que je préfère chez Murat, c’est donc sa musique. Cela fait-il de moi un muratien discret ? Je ne sais pas. Aimer (le mot est faible) Hot Rats (de Frank Zappa), Big Fun (de Miles Davis), les Variations Goldberg par Glenn Gould ou Muragostang (de Murat, donc), c’est finalement super intime. Pour vivre heureux vivons caché, non ?

 

2 - Cette première question était inspirée de l'histoire d’Éric Reinhardt... Vous n'avez pas cherché à rencontrer Jean-Louis Murat (avec lequel, comme on le verra, on peut trouver des nombreux liens avec vous, biographiques notamment)?  L'avez-vous vu en concert, vous qui justement aimez particulièrement Muragostang, la captation d'un concert qui se voulait chaque soir différent ? (on fera le lien avec Santana ou le jazz).

G. Bouillier:  Cela fait longtemps que je ne vais plus voir de concerts. A 65 ans : ce n’est plus vraiment de mon âge. Alors que j’ai vu tous les concerts de Zappa entre 1971 et 1978, lorsqu’il venait à Paris. Sauf exception choisie (New York Dolls, Kid Creole, Iggy Pop…). Murat, c'était prévu, j'avais très envie, mais cela ne s'est pas fait. Mais tu as raison (oui, je te tutoie...) : j'affectionne particulièrement les live, où le temps se dilate davantage qu'en studio. Je préfère Muragostang à Mustango. Quant à rencontrer JLM, bon, il aurait fallu qu'on se croise, qu'on boive des coups ensemble, que ce soit imprévu... Il est rare qu'une rencontre ait lieu lorsqu'elle est préméditée.

- Je pense que Jean-Louis vous aurait sans doute invité à un concert si vous lui aviez transmis le livre ou parlé de lui à l'occasion du Dossier M (vous faites 4 références à lui dans le livre tout de même). Vous avez vu que sur les réseaux sociaux, Laure Desbruères avait écrit qu'elle aurait aimé discuter avec Jean-Louis du Syndrome de l'orangerie ? J'ai supposé hier que le « dossier Sophie Calle » n'était peut-être étranger à l'envie/le besoin de rester à l'extérieur de ce cercle (L. Masson a fait collaborer Murat - via deux extraits de chanson - au projet "Prenez soin de vous")... J'insiste un peu là-dessus (c'est lié à mon côté fan sans doute) parce que, finalement, à la Maison de la poésie, vous étiez le seul à ne pas avoir rencontré JL, et vous avez donné l'impression d'en être le plus proche.

G. Bouillier:  Cela m'aurait bien plu qu'il lise Le Dossier M, que le livre lui plaise, qu'on entame une petite camaraderie…  Olivier Nuc m'a dit qu'il pouvait embarquer un ami pour des discussions jusqu'à plus d'heure ; cela m'aurait bien plu.

Bref.

Tu as raison : les diners respounchous, où j’ai pu croiser le gratin de la culture, ont laissé des traces... Je pensais que discuter avec des artistes serait passionnant, vivant, intense – pas du tout ! Ce fut tout le contraire. Une vraie déception... Mais j'ignorais (il est vrai que je n'ai pas épluché tous les participant(e)s au projet de S. C.) que L. Masson avait embarqué Murat dans cette piteuse (et cependant flamboyante) exposition artistique consistant à dézinguer un pauvre type dont le seul tort avait été de plaquer Sophie. Et j’ignorais que Murat y avait répondu favorablement, donc. Comme quoi, on fait tous des erreurs...🙂

Où trouver des gens avec qui le temps devient un tout petit peu intense et personnel ?

Je cherche encore...

Mais bon, cela vient aussi de moi, je suppose.

Rebref.

C'est gentil de me dire qu'à la Maison de la poésie, tu as eu l'impression que j'étais le plus proche de JLM. Sans doute un effet de la distance, justement.

Mais c'est parce que j'aime vraiment sa musique, j'aime le gars (du moins le peu que j’en sais). Il me touche à un endroit qui est inconditionnel chez moi. Ce n'est pas tous les jours qu'on aime de façon intérieure (j'insiste) un artiste. Je veux dire : où on se reconnait soi-même, là où on ignorait pourtant qu'on était. Je ne sais pas si je suis clair... Sachant qu’il n’y a pas que Murat. J’aime pareillement Zappa, Miles Davis, même Véronique Sanson… Cela en dit peut-être davantage sur moi que sur eux.

Rererebref.

Tu persistes à me vouvoisser. C'est pour l'article ? En tout cas, je te tutoie. Et vu que j'ai un peu de temps, je me prends au jeu, comme tu peux voir...

 

3 - Reprenons : Dans les éléments biographiques communs, on trouve les errances de jeunesse, le caractère autodidacte, la peinture, la confrontation au suicide, la sexualité - mais arrêtons-nous au divorce : voyez-vous aussi chez Murat l’enfant de divorcés, comme vous le voyez chez Kurt Cobain et Nirvana ? Vous parlez dans Le Dossier M de leur façon de mêler, dans un même morceau, le désir mélodique et la rage qui conduit à son saccage, et vous dites y reconnaître ce qu'il y a de "psychotique" en vous, et plus largement, les sentiments de toute une génération d'enfants de divorcés, écartelés entre leurs contradictions liées la guerre que se mènent leurs parents. Plus largement, ces liens ont-ils pu jouer dans votre attachement à Murat ?

G. Bouillier:  Je me suis rendu compte que la plupart des artistes que j'aime sont des autodidactes. Ce n'est sûrement pas un hasard. Les autodidactes, ils savent leurs immenses lacunes, ils savent qu'ils marchent sur du sable, ce qui fait qu'ils souffrent d'un défaut de légitimité qui les rend fragiles et, de ce fait, les oblige à donner tout le temps le meilleur d'eux-mêmes. Rien de moins paresseux qu'un autodidacte ! D'un autre côté, les autodidactes savent qu'ils ne doivent rien à personne. Ils ont suivi leur voix intérieure et ils ont inventé leur façon de faire envers et contre tout, faisant les choses à leur idée. C'est important de faire les choses à son idée ! Donc il y a de l’orgueil aussi. C'est important aussi l'orgueil. C'est un autre mot pour se sentir libre. Personne ne peut vous la faire à l'intimidation. En fait, c'est très social cette histoire. Les autodidactes, en général, ils ne viennent pas des couches aisées de la société. Ils savent donc le fossé qui les sépare non seulement de leur milieu d'origine qu’ils ont quitté, mais aussi du milieu de la culture qu’ils ont intégré et qui est largement celui des classes dominantes. Je comprends que JLM ait pu déplorer que les paysans du coin n'en avaient rien à foutre de sa musique... Et je comprends aussi son dédain pour les artistes installés qui, eux, sont des paresseux qui méprisent le public car ils vivent la musique comme une rente. Tout ça, ce sont des rapports de classes. Et impossible d'y échapper. Il faut relire Martin Eden, de Jack London. Il a tout dit des immenses espoirs et des terribles désillusions de réussir dans un monde bourgeois qui n’est pas le sien.

 J'ignorais que les parents de Murat avaient divorcé. Il avait quel âge ? En tout cas, Nirvana est arrivé au moment où, dans les années 1990, sociologiquement, les enfants de parents divorcés sont devenus une génération à part entière, et la première du genre. Et je crois, en effet, que cela s'entend dans leur musique. Dans ses carnets, Cobain raconte que, quand il était gosse, il avait écrit sur un mur de sa chambre : "Je hais maman, je hais papa, papa hait maman, maman hait papa, ça me rend tellement triste." C'est à ce moment-là qu'il a vrillé, c'est-à-dire qu'il est devenu Kurt Cobain : un être en miette, balloté de droite et gauche, sans domicile fixe, dont la musique prend en charge toute cette détresse, ce pourquoi elle a touché au cœur cette nouvelle jeunesse que leurs père et mère avait psychiquement écartelée. Sauf que lui a réussi à faire entendre dans sa musique, au sein d'un même morceau, et la douleur et la rage, comme une réconciliation impossible entre maman (les Beatles ?) et papa (le punk ?). Je connais très bien cet écartèlement de l'enfant, dont l'unité a été mise en pièce. Je ne suis pas surpris que Murat fasse partie du club. Lui aussi oscille sans cesse entre papa rock et maman folk, à la recherche d'une synthèse idéalisée, sauf qu’il est trop tard. Ce n’est pas seulement musical, c’est existentiel aussi. C’est même à ça qu’on reconnait les vrais artistes : ils sont psychiquement dans leur art et non seulement esthétiquement. Chez Murat, il me semble toutefois que la rage a, musicalement, pris la forme d'une infinie nostalgie, d'une tristesse impardonnable. Juste après Nirvana, il y a eu le spleen Portishead, n’est-ce pas ?… Et je ne parle de la dualité entre le docteur Jean-Louis (le musicien tout en vulnérabilité) et mister Murat (l’homme public cognant sur tout ce qui bouge). En tout cas, les parents de Neil Young ont divorcé lorsqu’il avait 14 ans... Tout se tient !

                             

- Murat avait 14 ans au divorce des parents.

 -G. Bouillier: Divorce à 14 ans, donc. Et mariage à 17. Assez fou quand on y songe...

 

4 - Murat et toi construisez une œuvre à partir de l'intime, avec un impératif vital (une pratique quotidienne de l'écriture, les œuvres, les carnets), avec un questionnement de soi (on entend la voix de Freud dans “Aimer n’est pas querelle”, chanson dans laquelle il dialogue avec lui-même…), et on peut retrouver certains mécanismes communs comme la série/la répétition, le zoom/face caméra. Par contre, là où Murat va écrire une chanson ou un album, tu peux écrire 1000 pages si elles sont nécessaires pour aller au bout de ta recherche. Le dépressif Murat condense et métaphorise : ce lâcher-prise te fait-il du bien, toi qui te dis plutôt névrosé ? 

G. Bouillier:  Qui n’est pas névrosé ? (rires !) Qui dit né dit né-vrosé, non ? C’est le propre de l’être humain et mettre en scène ses névroses, c’est juste établir un rapport de franchise avec qui on est et ce qu’on fait. Les gens dangereux sont ceux qui sont agis par leurs névroses mais qui ne veulent surtout pas le savoir. Murat, il parle à hauteur d’homme. D’intériorité à intériorité. Entre force et faiblesse. Dans une espèce de nudité aux antipodes de ceux qui tissent des rapports marchands avec autrui. C’est pour ça qu’il me touche. Je n’en ai rien à fiche de la Dordogne, je vis à Paris depuis que j’ai l’âge de 2 ans, ma campagne, c’est la ville, c’est le ciel barré par les immeubles, ce sont les rues, les cafés, le métro, les voitures et les caniveaux, les néons la nuit ; mais quand Murat chante « Dordogne, ma femme Joconde, mon unique au monde », je comprends tout. Je sais ce qu’il veut dire. Je le ressens au plus profond de moi. Sa Dordogne devient universelle précisément parce qu’elle exprime chez lui quelque chose d’absolument intime. C’est tout le paradoxe. Maintenant, gare au malentendu. On m’a beaucoup rangé dans l’autofiction, mais c’est une bêtise. On croit que je parle de moi dans mes livres mais, au vrai, je pars de moi. Je pars de moi pour aller vers les autres, vers la littérature, vers je ne sais quoi qui n’a pas de nom et que l’écrire me permet justement de découvrir. Ce n’est pas moi le sujet. Je m’en fous de mézigue. Je ne me pose pas la question de savoir qui je suis, d’où je viens, etc. : je suis ce que je fais (et ce que je refuse de faire, qui est tout aussi important !). Moi, je ne suis que le point de départ, l’émetteur. La question de savoir d’où on parle est cruciale car elle permet de faire le tri dans qui dit quoi exactement. Et ce qui me plait chez Murat, c’est que j’entends d’où il parle. Là-dessus, il ne triche pas. Ce n’est pas narcissique, c’est juste qu’il part de lui, de ses expériences et de ses émotions, de ce qu’il connait et de ce qu’il ignore, ce qui s’appelle la générosité. Le cadeau que nous offre Murat avec ses chansons, il ne l’achète pas dans un magasin, il le fabrique de ses mains. Qui peut-dire d’où chante Julien Doré? Alors que Véronique Sanson, par exemple dans « Le Maudit » ou « Vancouver », je sais d’où elle chante. Cela s’entend. J’aimerais d’ailleurs savoir ce que Murat pensait de Sanson, s’il en pensait quelque chose… Je pense à ça parce que, dans le concert donné à La Maison de la poésie pour l’anniversaire de la mort de Murat, Jeanne Cherhal a un phrasé percussif au piano très Véronique Sanson. Bref.

Sur la pratique de l’écriture, je ne suis pas du tout graphomane. C’est seulement lorsque je me lance dans l’écriture d’un livre que mon quotidien devient le livre que j’écris et que le livre que j’écris devient mon quotidien. Rien d’autre n’existe à ce moment-là, quinze heures par jour, sept jours sur sept. Ce qui est une euphorie sans nom, assez proche de l’hystérie ! Mais j’ai alors le sentiment que mon existence sur Terre se trouve enfin justifiée. C’est existentiel, avant d’être littéraire. C’est comme tomber amoureux, mais pour de vrai, pour la vie… (rires) Rien à voir avec un flirt ou un coup d’un soir. À ce moment-là, j’entre dans un espace-temps qui n’a plus rien à voir avec l’espace et avec le temps de la vie ordinaire. Je continue de payer mes factures de gaz et de râler contre la malfaisance de l’époque, mais cela n’a plus aucune espèce d’importance car j’ai mieux à faire. J’ai à vivre ma « vraie vie ». Celle dont Proust dit qu’elle est « absolument vécue » et je vis cette intensité de l’écriture à fond, car écrire est pour moi une façon de voyager le plus loin possible, de lâcher prise, comme tu dis, d’exister enfin, tout simplement. Mon modèle, c’est Ulysse et son Odyssée qui dure dix ans. Tout s’improvise dans le temps de l’écriture. Mon rythme, c’est l’épopée. Tout ça pour dire que je suis incapable d’écrire des chansons. Dans cet exercice, il y a un côté « 5 minutes douche comprise » qui ne me convient pas (rires). J’ai essayé une fois : Stephan Eicher voulait s’émanciper de l’univers de Djian et, via Sophie Calle, le hasard a fait qu’il m’a demandé quelques chansons. Comme il est très gentil, il s’est excusé, en tant que Suisse allemand, de ne rien comprendre à mes textes, ils étaient trop compliqués pour lui, il n’était pas Bashung... Il avait raison. Mes textes étaient des exercices de style, des jeux sur les mots, des facilités langagières. L’émotion était factice. C’est là où Murat m’impressionne ! J’aurais adoré le voir travailler, écrire, composer. Le travail, on n’en parle jamais. On ne le montre jamais alors que c’est le plus intéressant. Ce qui m’intrigue, c’est que Murat a pu dire qu’il aurait aimé être écrivain, qu’il avait un livre en projet… Je ne sais pas ce qui l’en empêchait. Sinon le format qui, dans le cas d’un livre ou d’une chanson, impose justement des modalités techniques et psychiques, dans lesquelles on se retrouve ou pas. Puisque tu ne me poses pas la question (🙂), je me souviens d’une chanson que j’avais écrite qui s’appelait « Nitouche ma sainte ». Je pensais à M à ce moment-là… Ça disait des trucs comme : « Si toi aussi tu nages la brasse indienne / colportes des tonnes de sel / effrayes les chouettes / la nuit le jour / sans demander ton reste / sans demander ma main / C'est bien la peine c'est pas la joie / Si toi aussi tu prends l’argent comptant / la monnaie des singes / caresses la frange des forêts / l’orée des mouches / le jour la nuit / sans lâcher un soupir / sans fâcher mes ballons / C'est bien la peine c'est pas la joie », etc. Pfff. Tu vois le genre…

G. Bouillier:  Bon, tu m'obliges à bosser avec tes questions qui en contiennent plusieurs à chaque fois ! (c'est pas du jeu car on avait dit 10 questions...). Tu fais plus simple avec les prochaines ?

- Ahhh? Ça s'est vu? ....

-G. Bouillier: Filou, va !

- Pour répondre à ton interrogation sur V. Sanson, voici  l'avis du jeune Bergheaud en 78  Il a écrit beaucoup plus tard une chanson pour son fiston Stills.

G. Bouillier:  Génial son article sur Sanson ! Un vrai article de musicien sur une musicienne.  "Elle traite les syllabes comme des notes" : voilà une clé !  Rigolo qu'il dise qu'elle "cède à une tendance actuelle de la chanson autobiographique intimiste et introspective". CQFD dans son cas, non ?... Merci en tout cas d'éclairer si bien ma lanterne.  J'ai croisé avant-hier J. Cherhal et elle sort un nouveau disque. Je lui avais dit pour son jeu au piano très VS et elle m'a confirmé son amour pour elle. (j'adore cette histoire où VS a révélé qu'elle avait cherché à engager un tueur à gages pour assassiner Stills tellement elle n'en pouvait plus qu'il la batte et la terrorise. Cela ne coûtait pas très cher, a-t-elle dit en rigolant. Mais elle a renoncé, non pour des raisons morales, mais parce que, dixit, avec la chance qu'elle a, elle se serait fait toper à tous les coups.

© Bertrand Gaudillere   ©Carole Epinette

 

5 - Sur la forme, on peut aussi évoquer dans ce qui vous rapproche, toi et JL Murat, les tentatives de sortir du cadre, des formes (tu apprécies Travaux sur la N89 ?), l'improvisation (en musique, peinture), la difficulté avec la promo, comme le fait de ne pas avoir peur de sortir du bon goût, de dégueulasser l'ouvrage ("saboter les fins de ses chansons" par exemple as-tu dit), parfois par l'expression d'une pure fantaisie (tes textes sont ponctués d'humour). Murat est néanmoins resté dans un système et un marché du disque, dans lequel il se sentait peut-être un peu prisonnier. Avec la littérature, la liberté est beaucoup plus grande, même si les lecteurs ou les libraires veulent te brimer sur la longueur des livres?  

G. Bouillier:  Murat, il n’a pas beaucoup d’humour, non ? La mélancolie est rarement drôle et la joie que dispense sa musique, elle ne rigole pas vraiment. C’est sûr que je suis bien plus fantaisiste que lui ! C’est peut-être lié au format des chansons : on ne peut pas faire exister plusieurs registres en si peu de temps. Quand j’écris, l’humour vient en contrepoint. Il faut l’installer, ce qui prend du temps. Pour moi, l’humour n’est pas cette soi-disant politesse du désespoir, non, c’est une preuve de vitalité. C’est la joie qui s’oppose aux pulsions de mort. Chez Murat, je pense que la vitalité, elle n’est pas dans ses textes mais dans sa musique. Maintenant, sur la prise de risque artistique, d’aller sans cesse voir ailleurs si on y est, ça me parle énormément. Je n’avais pas vraiment accroché à Travaux sur la N89 (rien de plus conservateur qu’un fan !), mais j’avais aimé que Murat veuille se frotter à l’électro. L’idée, c’est bien sûr de se réinventer en permanence. D’ailleurs, il n’y a pas un seul Murat. À la Maison de la poésie, on a pu entendre son côté variété ("Regrets"), son côté pop ("Papillon"), son côté rock ("Nu dans la crevasse"), son côté intimiste dépressif ("Le cafard"), son côté country-folk ("Le troupeau"), son côté engagé ("Gilet#4"), etc. Sortir du cadre : c’est juste une nécessité. Un principe de survie. Je suis allé voir l’expo Rothko et ça me trouble beaucoup qu’après avoir trouvé sa formule picturale, Rothko ait peint pendant 40 ans, jusqu’à la fin de sa vie, le même tableau, en faisant juste varier les couleurs. Cela me fascine ; mais très peu pour moi ! Je ne sais pas si j’aimerais trouver ma formule, mais ce n’est pas le cas, donc l’aventure continue. Cette insatisfaction, je la retrouve chez Murat. Comme une façon de broyer le mors qui nous scie la bouche et le cœur. Une intranquillité qui, pour être fatale, est aussi un moteur. Chez lui, cela confine à l’autodestruction lorsqu’il sabote en live la fin de ses chansons. Cela m’émeut humainement à chaque fois, alors que c’est musicalement assez nul… Cela étant, je ne sais pas jusqu’où Murat est resté prisonnier du marché du disque, mais il se peut qu’il y ait moins de pression dans l’édition. Peut-être parce que, du moins en France, la littérature jouit (pour combien de temps encore ?) d’une espèce de prestige que n’a pas la chanson. Je ne sais pas. Je sais seulement que l’internet, les Spotify et autres Deezer, etc. ont, en plus d’éparpiller façon puzzle l’écoute de la musique, changé économiquement la donne et je connais pas mal de musiciens qui rament… Pour ma part, je pensais que les 2000 pages du Dossier M (sans oublier le site internet !) serait trop gros, trop déjanté, trop tout - hé bien non. Il faut dire que mon éditrice chez Flammarion, Alix Penent, est une véritable éditrice. C’est-à-dire qu’elle considère que son boulot n’est pas de faire en sorte que les livres soient commercialement compatibles mais, au contraire, de faire en sorte que le marché accepte des livres tels que les miens. Pour cela, elle met en place des stratégies pour que le livre existe et qu’il ait le maximum de chances d’être lu, même par les journalistes...

 

6 -  Dans Un rêve de Charlot, tu chroniques comme Murat l'épisode Gilets jaunes (avec la même idée d'aller y voir). On y trouve un discours de ta part sur la marchandisation de la culture, la fin de l'intelligence, la disparition de la mémoire, l'absence d'artistes engagés, très convergents avec certains propos de Murat, mais tu ne fais pas référence à la chronique muratienne. Cela t'avait-il échappé à l'époque ? (Murat a regretté le peu d’écho que cela avait suscité). 

G. Bouillier:  Ce qui m’avait frappé au moment des gilets jaunes, surtout au début du mouvement, lorsqu’il s’agissait d’une révolte spontanée, épidermique et venant de très loin, c’est le silence des élites artistiques. Okay, ce n’était pas une surprise si on songe à leur fuite rocambolesque dans leurs super maisons de campagne lors de l’épidémie de Covid (quelle farce !). N’empêche, j’ai eu honte de faire partie de ce silence. Cela a été une sensation très physique, très sanguine. Je préfère largement avoir des problèmes avec mon environnement qu’avec ma conscience. Donc, je suis allé voir le bordel sur les Champs-Élysées, histoire de me faire ma propre idée et de raconter ce qui s’y passait. Comme disait l’autre, c’est l’émeute qui fait le peuple et non l’inverse. D’où ce petit livre, qui n’est pas le meilleur de ce que j’ai écrit, mais il a le mérite d’exister. On peut rigoler mais, pour moi, si l’art a une fonction sociale, c’est celle de défendre l’individu, quel que soit son sexe, sa religion, sa position sociale, etc. Ce peut être moi ou n’importe qui. Ma compagne m’a dit un jour qu’en lisant Bukowski, elle s’était sentie défendue. J’aimerais qu’on puisse dire la même chose de mes livres. C’est cela qui est politique. Tous mes livres prennent la défense d’individus et c’est aussi ce que je ressens quand j’écoute Murat. Je me sens défendu en tant qu’être humain. Concernant sa chronique musicale des Gilets jaunes, je l’ai découverte bien plus tard. Elle m’avait totalement échappé à l’époque. J’imagine qu’on n’en a pas beaucoup parlé à ce moment-là et faut-il s’en étonner ! Pas plus qu’on a parlé de mon Charlot déprime  (qui est l’anagramme de « l’Arc de triomphe »)... Bon, on aura au moins été deux à ce moment-là. Youpi ! (rires) J’ai aimé que JP Nataf et Jeanne Cherhal aient fait le choix de chanter Gilet#4 à la Maison de la poésie. Si j’avais entendu cette chanson quand j’écrivais mon petit Charlot, j’aurais peut-être fait signe à JLM, je lui aurais peut-être envoyé mon bouquin. En tout cas, j’aurais sûrement mis ce passage en exergue : « Dis donc c’est toi / Qui m’as dit loser / Toi le puceau / Au moins je connais / Le plaisir à perdre / Pauvre idiot ».

           

                    G. Bouillier: 16/02/25  Hello Pierre,

                      Juste te dire que je pense toujours à toi, mais je n'ai pas trouvé le temps de répondre aux questions 7 & 8.   Mais ça va venir...

 

7 - Tu as cité Rothko, à propos de la dernière exposition parisienne, et je tombe sur un article à ce sujet intitulé "un marais sans nymphéas" !!.... Non, ce n'est pas une question cachée, juste un petit clin d'œil pour lancer le thème de l'eau. Dans Le Syndrome de l'orangerie, c'est un thème important, elle y est morbide, dormante, mais c'était déjà présent dans d'autres livres (Laurence / l'eau rance, le Rêve de Charlot qui se déroule partiellement dans un univers liquide, la rencontre avec M. racontée dans les carnets avec l'image de l'eau vive..)  Chez Murat le montagnard, la res-source poétique, l'eau (le grand O comme dirait Pascal Torrin) est aussi centrale mais elle y est généralement vive et féminine (à quelques exceptions près : - "Dans quel marigot allez-vous nous jeter", "Nous venions fouiller la nuit la vase des marais", "l'étang noir de nos songes", Ophélie - dont il est question dans le livre). 

Ne trouverait-on pas dans ce motif de l'eau un point commun avec Murat, une fascination commune peut-être ? Est-ce que c'est une récurrence qui te frappe en l'écoutant, qui te parle ?

 

G. Bouillier:  L’eau, oui. Il y a les eaux vives, les eaux mortes… Je peux aller à la campagne ou à la montagne, mais c’est à la mer que je me sens le mieux. Quand j’arrive en Bretagne, c’est immédiat : mes cellules vibrionnent, je me sens vivifié, plein d’iode, c’est comme s’il y avait des endorphines dans l’air. En Bretagne, la lumière est d’une franchise totale. Je regrette de ne pas mieux connaitre la montagne car les rares fois où j’y suis allé, la beauté m’a saisi. Mais bon, la mer, l’océan, ce sentiment de l’infini à perte de vue… Rien qui bouche la vue ! Sur un bateau, on sent que la mer est totalement indifférente au sort des êtres humains. C’est une expérience assez ontologique. L’été, je vais dans une toute petite ile en Grèce et, bon, j’aime bien nager mais je m’ennuie vite. Je n’aime pas les efforts solitaires, courir, tout ça. Je sais que Murat adorait le vélo mais très peu pour moi. Se faire mal dans les côtes : pffff ! Alors que je peux jouer au foot ou au badminton pendant des heures. Ce que j’aime dans le sport, c’est le jeu, l’émulation collective, le match contre un adversaire et non contre soi-même. Alors que je suis seul quand j’écris et j’adore ça. Tout le contraire de Murat qui joue de la musique à plusieurs et fait du sport en solitaire… Pour en revenir à l’eau, j’ai trouvé un truc génial pour ne pas m’ennuyer : je nage avec des écouteurs de nage. Et le bonheur ultime, c’est de nager en écoutant Muragostang. C’est absolument euphorisant. J’ai alors l’impression de devenir parfaitement liquide. Je pourrais nager jusqu’aux côtes anglaises… En revanche, les étangs, les mares, les trous d’eau, je n’aime pas du tout. Je trouve ça dégueulasse. Cela me fait peur. J’imagine tout de suite des monstres. Une eau qui ne donne pas envie de se baigner : beurk ! Il m’est arrivé de me baigner dans des lacs et c’était comme affronter l’obscurité. La densité de l’eau est trop bizarre. Elle ne porte pas du tout. On dirait qu’elle veut vous entrainer par le fond... C’est Monet qui avait un truc avec les eaux dormantes, les eaux stagnantes, Ophélie, les âmes mortes... Lamartine disait que « l’eau est la matière du désespoir » et, en ce sens, Monet était romantique. Comme Murat, à sa manière.

 

8 - Le terme de vitalité t'est cher, et tu nous as dit comme pour toi, Murat est la vitalité même, mais dans le livre, j'ai été frappé par ta description de Monet en Charon (le passeur des enfers), qui m'a immédiatement évoqué les mots de Bayon à l'enterrement de JL Murat, le décrivant comme un aède (ça nous ramènerait à Homère... mais non, pas de question cachée... fini), qui lui aussi descend pour nous en enfer.  Voici comment j'avais restitué son propos :

Il dit qu'il est celui qui descend, "ramasse l'esprit", et fait les allers-retours entre les deux mondes, il relie Murat à Nerval (citant "El desdichado" : "Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron / Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée / Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée."), Baudelaire ("c'est la mort qui console hélas et qui fait vivre"), cite encore un vers de Poe. C'est la charge du poète de parler de la mort, "il la prend sur son dos"... Il évoque ensuite les vierges noires qui sont importantes en Auvergne, bien que dans la basilique d'Orcival elle ne soit pas ainsi, souvenir d'une discussion avec Jean-Louis, et dans la tradition, c'est Isis. Il indique qu'on ne trouve pas de référence à l'Egypte* dans l'œuvre de Murat* (il cite alors l'Abyssinie, l'empire du nord, Taormina)  mais que finalement, à Douharesse, entre les roches, on est dans une sorte de vallée des rois, où tel un Alceste, il a voulu  "chercher sur la terre un endroit écarté / où d'être homme d'honneur on ait la liberté", il a construit, creusé une nécropole pharaonique, il cite sa chanson "ma demeure, c'est le feu".  Et à travers les mots que maîtrisaient si bien Jean-Louis, avec la thématique du sacré qui traversait aussi son œuvre, s'accomplissait un miracle. Même si Jean-Louis pouvait "être cruel envers lui-même, comme avec les autres, beaucoup avec les autres", il avait fait don de soi, et nous aidait à être épargné :"Toute cette mort paradoxalement traversée par ses mots devient consolation". Murat a accompli "sa mission qui n'est pas donnée à tout le monde", il a transformé la mort en quelque chose d'autre... "la perpétuation".

Alors quand pour tout le monde, Monet est le symbole de la féérie, tu l'associes à la mort, et pour Murat, dont toutes les chansons parlent de mort selon Bayon, tu l'associes toi à la vie ?

 

G. Bouillier:  Je ne connaissais pas le texte de Bayon. Il est très beau. Il est surtout très juste lorsqu’il relie Murat à Nerval et Baudelaire. Murat, il n’arrête pas de parler de la mort du point de vue de la vie et de la vie du point de vue de la mort. C’est cela qui me touche le plus chez lui. Il est des deux rives. Celui qui fait passer les âmes. Et il est aussi d’hier et de maintenant, du passé le plus mythique et du quotidien le plus trivial. Il n’arrête pas de faire des allers-retours dans le temps, à travers les limbes de ses émotions, comme un fantôme qui aurait un corps. Dans Nu dans la crevasse, toute la première partie de la chanson est dans la veine de la poésie symboliste et, tout à coup, la chanson ramène à la vie quotidienne, avec des phrases très terre-à-terre du style « si Marlène Passe / Dites-lui que son homme traîne à Chamonix » ou, « l’autre jour à la Poste / J’avais une mine atroce ». Quand j’entends ça, je jubile. Je suis transporté. Je suis à la fois aux anges et sur terre. C’est tout simplement magnifique. Il y a un art de l’évasion, de l’élévation chez Murat. Ses chansons ne cessent de prendre leur élan pour nous emmener au plus haut des cieux et, en même temps, elles n’oublient jamais la matérialité des choses. C’est comme si elles n’étaient jamais dupes de leur beauté. Qu’elles s’en méfiaient et refusaient de se prendre au jeu de la poésie avec un grand P. Et c’est en cela qu’elles deviennent réellement Poésie ! C’est ce va-et-vient entre le rêve et la réalité, sans choisir ni renoncer à l’un comme à l’autre qui, pour moi, est le grand art de Murat. Ce qui le rend absolument unique. Ce n’est pas donné à tout le monde d’être à la fois mort et vivant. C’est quantique, finalement. Murat, c’est le chat de Schrödinger (rires).

 

9 - Une  petite dernière question : as-tu commencé à travailler à un prochain livre? 

G. Bouillier:   Pour répondre à ta dernière ( !) question : non, rien en vue, je vis le désœuvrement, je le vis à fond ! C'est la période pendant laquelle je recharge mes batteries (mon inconscient). Preuve que celui-ci a beaucoup donné dans Le Syndrome (ceux qui enchaînent tout de suite (comme JLM !), je me dis que, finalement, ils ne doivent pas donner tant que ça pour repartir tout de suite, ils ne sont pas allés au bout...)

Bref.

Des bises.

À bientôt.

Grégoire 

 

Interview réalisée par mails du 19/12/2024 au 18/05/2025 (relecture).

Un grand merci, Grégoire ! Amitiés

Cette interview, comme précisée dans l'introduction, ne serait pas ce qu'elle est sans le travail de Florence D., notamment sur les notes. 

NOTES

 

1 (Les discrètes évocations de Murat dans Le dossier M vous auraient déjà permis de rentrer dans le cercle... Même intime)

·    Murat apparaît en effet à plusieurs reprises dans Le Dossier M.

“Bang Bang” fait partie de la longue liste des morceaux préférés de Grégoire : « Me rappelle de M comme musique. C’est-à-dire que je me rappelle qu’elle était ma Lonely Woman, ma Favorite Thing et mon A Love supreme. (…une page plus loin…) mon Bang Bang (He shot me down now / I hit the ground) et mon Bang Bang (Tous vos désirs me dominent / Tous vos rires tous vos enchantements / Chaque geste / Même inutile / Mêle au désir un affolement)

(…)

Car ce ne sont pas juste mes morceaux préférés. Tous ensemble, ils racontent une histoire, ils dessinent une constellation, ils expriment des choix, ils témoignent d’un désir, d’une aspiration, d’une approbation, de refus aussi (souligné) et on croit penser à tout, mais on oublie ses play-lists préférées. On croit qu’elles accompagnent notre existence (pour faire la fête, quand on est triste, etc.) mais c’est notre existence qui les accompagne. C’est nous le bruit de fond de la musique. Notre être est d’abord musical et ma collection de CD et de vinyles : elle est mon lien immatériel avec l’univers, mon lien le plus chaleureux et le plus historique. Elle constitue mon message au monde, à l’image du Voyager Golden Record que la NASA embarqua à bord des deux sondes Voyager qui, en 1977, furent envoyées à travers l’espace, avec l’espoir que des extraterrestres les repèrent et reçoivent le message dont elles étaient porteuses -  sauf que ce “disque d’or de l’humanité” contient une majorité de musique allemande, ce qui n’est pas mon cas. Les extraterrestres n’écouteront jamais mes playlists et ce dont elles sont porteuses. Tant pis pour eux.

 

Plus loin, Grégoire Bouillier rêve d’amour courtois et convoque les troubadours du Moyen-Âge chers à Murat… et Murat lui-même.

« Je voulais la réciprocité des désirs ! L’amour courtois, au sens le plus médiéval du terme. C’est-à-dire que je voulais qu’à « la guerre des sexes elle mette fin en m’accordant sa chair et son anneau », comme le chantait au XIème siècle un poète du fin’amor (Guillaume d’Aquitaine). Je voulais follement qu’elle m’aime et l’amour ne se force pas. Je voulais qu’elle soit ma femelle au jardin d’acacia et qu’elle soit en même temps ma dame de cœur et, par-dessus tout, je ne voulais pas qu’elle dise non en me laissant le soin d’entendre oui, comme si elle s’en remettait à moi de ses propres désirs et refusait d’y prendre la moindre part, refusait toute responsabilité et s’arrangeait pour se disculper de ce qui pouvait arriver, préférant à la vérité qui était la sienne le confort que je la lui extorque et pas de ça avec moi ! Pas elle ! »

 

On retrouve Jean-Louis Murat dans le livre 2 où, M perdue, il multiplie les aventures, et s’attaque au cliché de la misère sexuelle de notre époque.

« Les femmes n’ont jamais été aussi avenantes, aussi sexuellement autonomes que de nos jours. Ce n’était pas le cas il y a cinquante ans, où les jeunes gens et spécialement les jeunes filles étaient entretenus dans une ignorance des choses du sexe confinant à la terreur. A la superstition. Je ne dis pas que chacun rigole tous les jours et s’envoie en l’air comme on claque des doigts ; mais personne n’a rigolé tous les jours, que je sache. L’homme est un animal frustré par définition. Ne serait-ce que parce qu’il lui est interdit de baiser sa mère (ou son père, ou ses enfants). Même au glorieux temps de la décadence de Rome, nombreux devaient être ceux et celles qui se les mordaient sévère. En attendant, jamais je n’avais « vu autant de colombines à minuit / de femmes au monde incertain / faire autant fi des lois de l’hymen / jamais autant vu le paradis avec dames / de nomades à bigoudis / autant de chamades finalement / de femmes nous trouver si sots ». Comme chante joliment l’autre (Jean-Louis Murat) et je suis bien d’accord.

 

L’une des conquêtes de Grégoire glisse subrepticement des petits cailloux dans la poche des garçons qui lui plaisent.

« C’était sa façon de créer des situations imaginaires. De fabriquer du trouble. De s’inventer des histoires. De tisser des liens hors des sentiers épuisés de la séduction, afin de susciter quelque chose dans la réalité, d’où il pouvait peut-être sortir un miracle. Pourquoi ne pas s’en remettre à un caillou, quand rien ne marche véritablement entre les êtres ? Quand les relations humaines sont triviales et sans mystère ? Un fois le garçon (ou la fille) parti sans savoir qu’il emportait avec lui son secret subrepticement glissé dans sa poche, elle se demandait combien de temps le petit caillou allait rester enfoui sans que personne ne le remarque. Combien de temps avant qu’il soit découvert ? Que deviendrait-il alors ? Et s’il restait indéfiniment dans la poche  de la veste ou du manteau, que ce soit dans une penderie ou parce qu’un trou au fond de la poche l’aurait fait glisser dans la doublure ? Si, pour toute la vie, il avait trouvé son destinataire ? Si elle ne s’était pas trompée ? L’idée lui plaisait infiniment. Il faisait sa joie, tout intérieure. C’était comme dans la chanson : « Je voulais te dire / Ne pleure pas Caillou / Je t’aime ».

 

Enfin, vous souvenez-vous de cette métaphore du vin à la maison de la poésie (voir ci-dessous)? Elle était déjà présente dans Le Dossier M, pour parler d’une rencontre amoureuse comme une révélation…

“M.

La lettre M.

M comme quoi ? 

Comme le vin qui fait découvrir le vin. 

Je ne peux pas mieux dire.

Un jour, on boit un vin qui fait découvrir le vin.

On avait déjà bu du vin; on en appréciait certains et moins d’autres; on n’avait rien bu.

On le découvre ce jour-là. 

Ce jour-là, un vin nous fait découvrir le vin et c’est inoubliable. C’est une révélation pour la vie. On se rappelle de ce vin toute sa vie; On garde son goût intact. Il devient notre goût. Son nom et son millésime sont maintenant les nôtres. C’est une expérience fondamentale à notre niveau individuel des choses. Ce vin nous a ouvert les portes d’un monde que nous ne soupçonnions pas. Il nous a ouvert les portes d’un paradis sur terre. Ce vin n’est pas seulement du vin : il est le vin qui fait découvrir le vin. Il est l’éternité allée, avec sa robe, sa longueur en bouche, ses arômes, ses notes, son corps, son âme. Il est désormais notre étalon. Notre barre la plus haute. Un secret nous a été révélé et nous mourrons en emportant avec nous la saveur de ce vin qui nous fit découvrir le vin. Ou ne mourrons jamais.

(...)

Un jour, on lit un livre qui fait découvrir la littérature. On entend une musique qui fait découvrir la musique. On voit un tableau qui fait découvrir la peinture. On assiste à une corrida qui fait découvrir la corrida. On aime un être qui nous fait découvrir l’amour et, dans mon cas, ce fut M.

J’avais aimé auparavant; mais c’était auparavant. je n’avais rien vu de l’amour. Je n’imaginais même pas. Je parlais sans savoir.

D’où vient ce vin qui nous fait découvrir le vin ?

Pourquoi celui-ci et pas un autre ?

Qu’a-t-il d’unique ? 

Qu’exige-t-il de nous ? 

M comme - quoi ?”

 

5. (Sur la forme, on peut aussi évoquer dans ce qui vous rapproche, les tentatives de sortir du cadre, des formes (tu apprécies Travaux sur la N89 ?), l'improvisation (en musique, peinture), la difficulté avec la promo…)

Dans Le Dossier M se manifeste en effet la plus grande liberté. Il s’ouvre d’ailleurs par une épigraphe de John Coltrane : 

“Je pars d’un point et je vais jusqu’au bout”

(la lecture des épigraphes au début de chaque chapitre est d’ailleurs un des nombreux plaisirs que réserve le livre !)

Pour dire cette histoire, il faut inventer un genre littéraire. Le dossier : 

“Signifiant ici genre littéraire à part entière, au même titre que le roman, le conte ou l’essai. Car s’il nous manque une case, il nous faut l’inventer de toute pièce. Pas le choix. Qui marche dans les pas qui ne sont pas les siens ne va jamais bien loin. Il ne trace pas son chemin. Le Dossier M, donc.”

Le livre est aussi complété par des pièces mises à disposition sur un site.

“Il s’agit de ne plus me sentir à l’étroit. De repousser les murs, de ne plus être contraint par l'objet livre. de faire ce que j’ai à faire, comme je dois le faire, comme j’en ai envie.”

“Et qui sait, ai-je pensé dans mon lit. Voilà qui pourrait relancer la littérature. Voilà qu’elle pourrait profiter d’Internet au lieu d’en pâtir, ai-je souri dans le noir. D’autres pourraient d’ailleurs reprendre l’idée. L’améliorer. C’était peut-être le début de quelque chose.

En attendant, je ne veux pas écrire comme on prend le TGV : en filant tout droit, comme on dit “filer droit”; en traversant les paysages sans les voir, sans y aller voir, sans possibilité d’ouvrir la fenêtre, comme si tout ne faisait que défiler, saisi par la vitesse, l’auteur dans son fauteuil, sur des rails, dans une ambiance climatisée, jamais ivre.

Littérature de TGV.

Comme disait l’autre (Angus MacLise, batteur du Velvet Underground) : "Je refuse qu’on me dise à quel moment commencer et quand arrêter". Raison pour laquelle il quitta le Velvet juste après un concert où le groupe avait été payé pour jouer un temps que d’autres avaient défini à l’avance, selon des impératifs qui n’étaient pas les siens et qui n’avaient même rien à voir avec la musique.”

 La difficulté avec la promotion est longuement formulée dans le livre 2.

 « Dans les premiers temps, la curiosité l’emportait. Monter sur une estrade ? Parler dans le micro ? Passer à la télé ? Cela ne se refusait pas. C’était comme passer l’épreuve de je ne sais quel feu. Comment allais-je me débrouiller ? Parviendrais-je à supporter la pression ? Croirais-je que j’étais devenu quelqu’un parce que je passais à la télé ? Il s’agissait de me connaître moi-même. Il faut se voir dans certaines situations pour en avoir le cœur net.

J’ai vu. Je ne me suis pas senti devenir quelqu’un d’important ou de spécial. D’un côté, cela m’a rassuré sur mon compte ; d’un autre côté, je n’ai pas dépareillé. Je me suis comporté comme si la télé n’était pas le temple du pouvoir, avec tout ce que cela implique. Une fois l’émission terminée, j’étais plutôt amer. Soulagé aussi. Je transpirais sous les bras, mais je m’étais bien gardé de le dire à l’antenne.

Si je m’étais vu à la télé en même temps que j’y passais, je sais que j’aurais fait la grimace. Je me serais tiré la langue. J’aurais jugé ma complaisance avec la plus extrême sévérité et, ne voyant rien d’autre qu’un pitre de plus, je me serais envoyé mentalement des tartes à la crème en pleine poire.

Que faire ?

Faire du scandale ? Mais le scandale profite au spectacle. Il le renforce. La séquence finit par alimenter le zapping et les réseaux soi-disant sociaux.

Rester calme et posé ? Mais personne ne vous écoute, vous passez totalement inaperçu, vous êtes complètement balayé.

Chercher à développer un propos ? Mais vous êtes tout de suite ennuyeux, pontifiant et, de toute manière, il n’y a pas le temps.

Tout est prévu, tout est verrouillé. Les dés sont pipés au départ et à l’arrivée.

Vous êtes forcé de parler dans la langue de l’ennemi. »

 

 

6. (On y trouve un discours de ta part sur la marchandisation de la culture, la fin de l'intelligence, la disparition de la mémoire, l'absence d'artistes engagés, très convergents avec certains propos de Murat.)

Dans Charlot déprime, Grégoire Bouillier se rend à une manifestation des gilets jaunes à Paris. A l'origine de cette décision, son petit diable intérieur qui s’agite alors que depuis trois semaines les manifestations s’enchaînent.

“T’es écrivain oui ou non ? qu’il m’a jeté au visage. Car ils sont où, les écrivains ? qu’il s’est mis à fulminer dans tout l’appartement. Eux qui se passionnent tellement pour les individus, décrivent si bien leurs drames, tentent follement de réparer le réel, biopiquent à tout-va, auto-fictionnent à cent à l’heure… Ils sont où ? Ils sont morts ? Ils ont peur ? Ca ne les intéresse pas ? Pourquoi ? Ils sont du côté de la domination ? C’est donc vrai ? Serait-ce possible alors ? Ils ont des doutes ? mais j’en ai moi aussi ! N’empêche ! Aucune solidarité envers des Français qui ont osé répudier dans les urnes un néofascisme partout à la hausse et qui en sont si mal récompensés, d’où leur jaune cocu ? Ces messieurs-dames préfèrent s’offusquer à la télé de la montée des populismes plutôt que de soutenir le populo dans la rue, comme si ce n’était pas lié ? Ils n’ont pas le sentiment que le marché les nie aussi ? Les appauvrit financièrement et intellectuellement ? Réduit les œuvres de l’esprit à des produits interchangeables tous les six mois et la critique à un simple contrôle qualité ? Tu veux que je te dise (il pointe à cet instant un index accusateur vers moi), ces gens dans la rue, ils font le boulot à ta place, alors qu’ils en ont moins les moyens que toi (et je ne parle pas seulement d’argent). Ils prennent des risques - financiers, mais aussi physiques, psychologiques et juridiques - tandis que toi ? Muet tu restes ? Bien au chaud et à l’abri ? Le regard perdu sur la ligne bleue de la création ? Soucieux de vanter le meilleur des êtres confrontés à la dureté de la vie pourvu que cela reste de la littérature ? Merde alors ! Il n’est pas possible que le courage de s’élever contre l’ordre économique vienne uniquement de ceux qui en souffrent. Il n’est pas tolérable que le sentiment de sa propre dignité et de la dignité envers autrui vienne uniquement de ceux qui sont les plus méprisés. Ce n’est juste pas possible. Ce serait une honte intellectuelle de trop. Ces gens, ils se dressent contre ceux qui nient leur existence, mais aussi contre le primat de l’économie sur toutes les activités humaines - celles artistiques comprises - et l’incroyable censure qu’elle exerce sur les corps, sur les imaginaires, sur la vie des individus, sur leurs sentiments, sur leur psyché et leurs relations aux autres.”

 

Un rêve de Charlot, qui suit Charlot déprime, reprend le propos. C’est ici tout le cynisme d’un dirigeant qui s’exprime.

“Parce que nous portons des costumes-cravates, vous pensez que nous sommes des gens responsables, raisonnables, hypercultivés et soucieux d’idées supérieures. Mais nous sommes des punks, monsieur Charlot ! Nous avons détruit la culture en la réduisant à un marché; nous avons aboli la mémoire à force d’images et de paroles; nous avons annihilé a conscience en infantilisant tout le monde; nous avons remplacé l'intelligence par la morale; nous avons sapé la dignité humaine avec les people; nous avons anéanti le sens des mots grâce à la communication; nous avons même rendu les causes inutiles aux effets. En un mot comme en cent, nous avons tout APPAUVRI : les gens, la planète, les relations humaines, les idées, les plaisirs, l’usage du monde… Parce que cet appauvrissement est la condition de notre enrichissement. Ce que nous appelons “restructurer”. Ah ah ah.”

 

Que faire ? Y aller voir. C’est la décision qui ouvre Charlot déprime.

“Ecrire consiste à sortir, ce coup-ci. A aller dehors voir ce qu’il en est réellement. Si j’y suis ou pas. Constater de visu la teneur du récit qui, depuis trois semaines (et ce n’est apparemment qu’un début), fait effraction dans l’ordre fictif des choses. Ne pas être écrivain juste en pensée. Pas seulement sur la page. Aller sur le terrain. Raconter et non m’exprimer. Raconter ! Seule façon de me faire ma propre idée. De ne pas rester dans le flou, le vague, le confort des images télévisées. Le spectacle de l’émeute. Les commentaires patentés. Mes idées toutes faites aussi. Ma tendance à intellectualiser et à déplorer ensuite que la réalité contredise mes illusions. Seule façon d’apporter mon soutien, pour ce que cela vaut (pas cher assurément, mais pas moins que celui d’une majorité de Français, d’après les sondages). Ou plutôt, préciser la nature de mon soutien. Me le préciser à moi-même. Le confronter à ce qui se passe. A ce qui est. Il y a des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer avec son époque. Même si je sais, pour l’éprouver dans mes fibres, la répugnance qu’il y a à rallier la foule quand on pense depuis le début que son salut passe par la solitude du travail. Sans parler de détestation de porter un uniforme, fût-il un gilet jaune. Et puis, à bientôt soixante ans, ce n’est pas très raisonnable (...)”

7. (Dans Le syndrome de l'orangerie, l’eau est un thème important, elle y est morbide, dormante, mais c' était déjà présent dans d'autres livres (Laurence / l'eau rance, le rêve de Charlot qui se déroule partiellement dans un univers liquide, la rencontre avec M. racontée dans les carnets avec l'image de l'eau vive..)) 

Dans L’Invité mystère, le narrateur raconte sa rencontre avec Laurence... où il retrouve le récit fait par ses parents des circonstances de son infection par des staphylocoques dorés, contractée lorsqu’il était enfant, et qui lui a fait perdre le goût.

“La vérité, c’est que je n’ai conservé aucun souvenir de mes staphylocoques dorés. Ou plutôt, je n’ai d'autres souvenirs que ceux que fabriquèrent mes parents en évoquant très souvent ce haut fait de mon enfance comme l’une des grandes peurs de leur vie. Leur version n’a jamais varié. A savoir qu’on les attrape en buvant de l’eau croupie et que j’avais dû les contracter en léchant la vitre du train qu’il fallait prendre, chaque dimanche soir, pour revenir de chez mes grands-parents. “Tu portais toujours tout à ta bouche”, affirme ma mère.

Quelque vingt-cinq ans plus tard je rencontrai une jeune fille dans un train qui me ramenait de Berlin; elle dormait, rencognée contre la vitre du compartiment; lorsque je passai dans le couloir, elle ouvrit les yeux et ce fut comme si elle m’amalgamait à son rêve : l’instant d’après, elle était derrière moi, s’accrochait à chacun de mes gestes et m’aimait pour les sept années à venir d’un amour virulent qui me prit à la gorge dès qu’elle me sauta au cou. Elle s’appelait Laurence, faute peut-être que “l’eau croupie” soit un prénom. Souffrait aussi d’une maladie de peau.

Lorsque je réalisai que cette rencontre reconstituait dans les moindres détails ce que mes parents m’avaient dit sur la manière dont j’avais attrapé des staphylocoques dorés, j’éclatai de rire. Et cessai aussitôt de désespérer d’un amour qui m’était apparu jusque-là invincible et funeste. Le choc amoureux qu’avait constitué notre rencontre était en réalité un choc toxique.”

Une partie du Rêve de Charlot se déroule aussi dans un univers liquide (et à la Eyes Wide shut) : 

"Un couloir. Au sol un épais tapis rouge. Des appliques en acier chromé, fixées au mur, diffusent une lumière trouble et ouatée. Entre elles, des zones d’ombre, comme de brusques baisses de tension, de fugitives plongées stroboscopiques dans l’abîme. J’avance avec la sensation de marcher sur l’eau. J’arrive dans une grande pièce, sorte d’immense rotonde aux murs dorés et mouvants, ou bien liquides, je ne sais pas, une sensation d’équivoque en tout cas. Seuls ou par petits groupes, des hommes se tiennent debout, un verre de cognac ou un cigare à la main. Des femmes sont assises sur de grands canapés couleur fauve, la plupart dans des postures étudiées et buvant une coupe de champagne. Tous les invités portent un luxueux masque vénitien ou de commedia dell’arte, parfois assorti de grandes plumes, de dentelle noire, d’un tricorne. Certains hommes ont, comme moi, un gilet jaune passé sur leur habit. On les remarque d’autant mieux que les autres, bien lus nombreux, sont vêtus de grandes toges à capuche, le plus souvent noires, à la façon de maléfiques Pénitents. Les femmes, elles, sont toutes habillées de manière sophistiquée, avec des robes longues largement échancrées devant ou dans le dos, même celles dont la silhouette trahit un âge plus ou moins avancé. Personne ne parle ni ne bouge, ou très lentement. On dirait des automates attendant qu’on actionne le mécanisme qui les animera. Ou des algues dans un aquarium."

L’eau vive est, elle, multiple et amoureuse. Dans Le Dossier M, Grégoire reprend une réflexion notée dans ses carnets après sa rencontre avec M. 

“Je te rencontre et il n’y a pas besoin d’explication. Liquide, l’eau ne s’explique pas. Elle n’en a pas besoin. Il lui suffit de s’écouler, fraîche et vive, par mille petits ruisseaux dévalant les montagnes, depuis les cimes enneigées jusqu’aux fleuves et enfin l’océan, avant de s’évaporer quelque part au large, de monter au ciel et, au sein des nuées, de cristalliser, de se ressourcer elle-même, d’enfler et de se gorger de nouveau, jusqu’à ce qu’entraînée par son poids et l’attraction terrestre, elle retombe sous forme de flocons et enneige les mêmes cimes et ainsi de suite. (...) Depuis toi, tous mes états d’esprit sont ceux de l’eau : à la fois liquide et gazeux et solide. Je suis son cycle tout en un. (...) Je voudrais que la volonté considérable que tu mets à me résister, tu la mettes considérablement à m’approuver.”

8. (Le terme de vitalité t'est cher, et tu nous as dit comme pour toi, Murat est la vitalité même, mais dans le livre, j'ai été frappé par ta description de Monet en Charon (le passeur des enfers), qui m'a immédiatement évoqué les mots de Bayon à l'enterrement de JL Murat, le décrivant comme un aède (ça nous ramènerait à Homère... mais non, pas de question cachée... fini), qui lui aussi descend pour nous en enfer.) 

Dans Rapport sur moi, après une rupture amoureuse et quelques mois d'errance pendant lesquels il se laisse guider par des voix qui lui parlent, Grégoire Bouillier découvre L'Odyssée : un "miracle", lu "en une seule nuit transfigurée".

"Jamais auparavant je n'avais connu semblable expérience avec un livre, et par la suite non plus. C'était comme si j'offrais mon visage au soleil. Chaque vers semblait écrit à mon intention et s'infusait en moi, s'écoulant par mes yeux et mes oreilles. J'étais la lecture même. 

Ou plutôt, c'était L'Odyssée qui me déchiffrait. Car tout s'éclairait soudain à sa lumière. D'inouîes coïncidences surgissaient entre ce que je lisais et ce que je vivais, les frontières étaient abolies et je pouvais voir entre les lignes par où moi-même j'étais passé. En filigrane des aventures d'Ulysse se révélaient les miennes, non pas identiques, mais reprises. Charybde et Scylla, les boeufs du Soleil, le cyclope... J'avais à ma manière vécu tout cela. Je pouvais citer les lieux et les dates. Renouer les fils. Les voix que j'entendais n'étaient pas celles des morts qui accaparent Ulysse descendu aux enfers ? A moi aussi les âmes des héros avaient cherché à raconter leur histoire. j'étais donc descendu en enfer ? Alors L'Odyssée était l'oracle qui m'enseignait mon avenir... Il me fallait parfois poser le livre pour reprendre ma respiration."

 

Bibliographie

Rapport sur moi, éditions Allia, 2002. Prix de Flore 2002.

L'Invité mystère, Allia, 2004

Cap Canaveral, Allia, 2008

Le Dossier M, Flammarion, 2017. Prix décembre 2017

Le Dossier M, Livre 2, Flammarion, 2018

Le Dossier M, édition augmentée ( !), 4 volumes chez J’ai lu

Charlot déprime suivi de Un rêve de Charlot, Flammarion, 2019

Le Cœur ne cède pas, Flammarion, 2022. Prix André Malraux 2022, choix Goncourt de la Pologne 2022, prix Balzac 2023

Le Syndrome de l'Orangerie, Flammarion, 2024

 

 

- L'interview de Grégoire à la maison de la poésie en début de soirée: (mon compte-rendu ici : " Et finalement Grégoire Bouillier et Eric Reinhardt s'agitent en gogo danseurs sur "Le cri du papillon" au deuxième rappel" )
 

 

Pour aller plus loin:

"Ecrire, c'est de l'ébénisterie" 

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Rédigé par Pierrot et Florence

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT, #bibliographie

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Publié le 25 Juin 2025

Y'a des lundis plus durs que d'autres... et des mardis aussi!

 

Je fais vite fait un petit compte-rendu non exhaustif de ce beau week-end : 

Vendredi :  Matt Low et Yann Clavaizolle qui jouent Douharesse pour la première fois à Clermont,  répétitions studieuses jusque dans les loges,  écoute religieuse et rappel enthousiaste du public (Matt Low ne veut pas partir et ajoute deux titres).  

La rencontre avec Carole Epinette, vraiment sympathique et humble, très intimidée d'adresser quelques mots à l'assistance. Merci à elle de l'avoir fait. Son exposition a été extrêmement appréciée. Je pense que je vais longtemps garder en mémoire l'arrivée de nos deux Suisses qui, valises à la main et guitares sur le dos, se plongent immédiatement dans la contemplation des photos, en silence...  

Jérôme Caillon, le ranchero, et ses nouvelles chansons, parfois jouées pour la première fois, la classe... avec sa guitare baryton (8 cordes), permettant un jeu sur les graves/basses. 

Et Erik Arnaud  qui me fait des cadeaux, "rien que pour moi" : "Golden Homme" et "Nous sommes"...  tout en livrant des nouvelles chansons et des versions revisitées des anciennes !  Il s'est privé de l'anniversaire d'un très cher ami célèbre qui franchissait pourtant une barre symbolique (On en profite pour lui souhaiter un bon anniversaire). 

On a pris une heure de retard ! Mais au cœur de la nuit, se retrouver à Sanary, sur grand écran, avec un son excellent, c'est... quelque chose, même pour moi qui suis plutôt "power trio". Et je me rends compte que ce film live est vraiment exceptionnel, par ses effets de réalisation, notamment sur "Nous nous aimions tant" (JLM chante "il faut se séparer" et on le voit se découper, s'évaporer). "Je me donne" est la réponse parfaite à tous ceux qui se sont plaint des yeux fermés du chanteur sur scène (ralentis  magnifiques, lent travelling sur le visage du chanteur dont on ne peut que constater qu'il vit ce qu'il chante).

Mes petites surprises ont laissé un peu sans voix le public, mais, après coup, je vois qu'elles ont été appréciées : il s'agissait des  maquettes des chansons de Mustango (merci Régis !), passionnants documents (textes non finalisés ou en yaourt), et une chanson inédite du groupe PLEXIGLAS (avec Christophe Pie)  dont le texte a été co-écrit  par Jean-Louis autour de 1978 ! Merci à Jean-Pierre d'avoir reconstitué avec l'IA la chanson (éponyme du groupe) avec la mélodie, les arrangements et le texte originaux. Une vraie curiosité, et j'aime vraiment ce rock, que j'ai relié... peut-être que certains ont compris... non... personne je pense... aux photos exposées, celles de Carole Epinette, et celle de Franck Courtès (encore une surprise, en tirage original), qui ont photographié Jean-Louis derrière une vitre ("qu'on m'arrache le coeur, qu'on me mette à la place un morceau de plexiglas"... bon, j'avoue ce n'est pas du grand Bergheaud!). C'était il y a 26 ans pour Franck, après que Jean-Louis lui a fait écouter ces mêmes maquettes que nous avons découvertes au week-end... (oui, c'est du travail mais il y a des joies quand même, notamment ces petits plaisirs solitaires que je suis seul à comprendre, auxquels j'ajoute : traverser  le couloir Matthieu Guillaumond, choisir une photo pour une vidéo où  Matthieu apparaît dans le public, ou faire du mauvais esprit en insistant sur les ventes des chansons pour Indochine dans l'exposition "Discographie alternative" qui était  également proposée : les disques avec des chansons écrites pour d'autres, les featuring, compilations avec un inédit ou des reprises... Ah, j'avais une révélation étonnante à ce sujet mais je n'ai pas eu le temps de la placer...).   

 Il est 2h15 du matin quand cette première soirée se termine.

 

Samedi après-midi, je découvre ce qui va se tramer avec les balances, et ça m'assure qu'on va passer une excellente soirée. Je galère juste avec mes présentations et j'oublie une ou deux consignes sur les projections, il y aura un peu d'improvisation cette année encore. Heureusement, les changements de plateau se font avec efficacité et rapidité, parfois à l'écoute des dernières maquettes, dont un "Mont sans souci" en yaourt brésilien.

Mon enthousiasme est un peu douché vers 20 heures quand je constate qu'aucune file d'attente ne se crée à l'entrée... mais on en reparle plus tard. 

La conférence de YANN GIRAUD n'est pas celle que j'imaginais, mais l'objectif est rempli : explorer une thématique différente des précédentes. Et Yann réussit à apporter une vision originale du parcours de JL Murat !  Alors qu'il ne fallait pas dire qu'il est professeur d'économie, c'est autour d'un concept économique et sociologique qu'il va construire son exposé, tissant un lien, lui aussi assez iconoclaste, avec Steve Albini, et la musique indé américaine.  Je tease : nous la publierons peut-être ici.  Les quelques traits d'humour sont parfaits. 

Et on lance la soirée musicale avec une chanson de Nicolas Driot  "Ensemble", qu'il interprète, débranché, dans une écoute impressionnante. Pour moi, elle résume bien tout ce qu'on me dit de ce que représente le week-end Murat : "nous marcherons ensemble, nous sécherons nos larmes" (alors que sont projetées des photos des dernières éditions et de la soirée "Te garder près de nous").  La chanson est sur son disque La cartographie du coeur. C'est aussi symbolique : j'en profite pour réaffirmer que nous sommes également là pour aimer les artistes vivants. Poser des plaques commémoratives, je laisse ça aux autres. 

Je commençais à rédiger un compte-rendu mais le temps me manque, vous découvrirez les vidéos prochainement avec le son de Théophane... la magie en moins, la magie  d'être là dans la chaleur d'une communauté, dans cette salle matricielle, où l'artiste se présente sans barrière ni piédestal. On peut aimer un peu moins certaines prestations du soir en fonction de ses goûts, mais c'est sans doute la soirée la plus admirable, avec une belle variété de styles. Antonin Lasseur (Soleil Brun), Yann Giraud, les Aymar en groupe, nous rappellent de belles façon le Murat électrique,  Eric Arnaud le bascule dans un style indé, à la Dominique A,  Jérôme Caillon vers le blues, le folk et la country (en nous offrant un titre des Rancheros en bonus, après "L'examen de minuit" et "Bang bang").  Cédric Barré qui n'est pas monté sur scène depuis dix ans nous scotche tout en nous faisant rire. Les Dory 4 apportent toute leur bonne humeur, leur énergie et leur fraîcheur. Sur leur "Lien défait" défilent des images du Manteau de pluie, notamment la maison où l'album a été travaillé, et un petit clin d'oeil hommage au site Le Lien défait. 

Un des objectifs de la soirée est également rempli : avoir plus de voix féminines. En plus de Sonia Beaumont, on découvre Lili Em seule avec sa guitare, on entend pour la première fois "Regrets" (c'est autorisé, c'est dans le Best of de JLM) et elle remplace aussi Jenny Charles sur "Bang bang" avec les Aymar. On retrouve Koum  sur "Si je devais manquer de toi" comme à la Coopé, et la version du soir n'a rien à envier à la précédente. Juste avant, elle était seule au piano pour un titre qui a surpris car peu connu : "Je ne saurais dire ce qui me plaît", et dans l'assistance on sait très bien désormais à quel point elle nous plaît ! Si on en reste aux surprises, il y a aussi Antonin qui choisit la belle chanson "Rivière" (inédit live période Mustango, et je me fais un petit kiff personnel avec les images projetées d'un coin que j'adore près de chez moi) et "Avallon" pour rendre hommage à Christophe Pie (chanson coécrite avec Jérôme Caillon). La soirée touche à sa fin, avec nos deux amis suisses, Milla et Marc Aymon, Marc exubérant et Milla plus en retenue. Eux aussi choisissent de débrancher la guitare, et c'est une belle claque. Après notamment "Le train bleu", "Sentiment nouveau", nous avons droit à "Courbes", le single de l'an dernier que j'aime beaucoup de Milla. Marc Aymon interprète un poème d'Aragon, je crois que je l'avais également choisi pour vous annoncer sa participation. Je suis ravi d'avoir réussi mon coup avec cette invitation, un peu compliquée à gérer mais le public est conquis, si bien que j'ose faire un petit selfie  avec eux devant le public, en brandissant le point de la victoire! 

La soirée n'est pas terminé : on a rebranché la guitare pour finir avec Pierre Andrieu et Alexandra Issartel de Shezlöng...  Pauvre Pierre qui a stressé pendant des heures ! (Il n'a pas été le seul à être impressionné. Même le pro Nicolas, le plus expérimenté Cédric n'en menaient pas large.) Mais avec Alexandra, ils avaient choisi  "Les jours du jaguar" : on était donc obligés de finir sur ce titre ! Et ça a été très chouette, notamment l'intro, avec la guimbarde, et des feulements impressionnants d'Alexandra, qui donnaient l'impression qu'elle peut facilement capturer tous les coqs qui passent. Un petit regret : la projection d'un jaguar traversant une rivière se terminait par un "merci pour cette belle traversée de deux jours", et une belle photo de Jean-Louis signée Carole Epinette, mais les spectateurs ne l'auront pas vu. Il y aura un dernier rappel, pour se quitter en chantant "Foule romaine" (mais c'est un peu timide). Là encore, on a dépassé la barre d'une heure du matin. Beaucoup restent encore un peu, pour profiter encore et partir en douceur. Je pense enfin à manger, gateau aux myrtilles en dégustant une gentiane somme toute bien méritée. 

Je peux sans mal dire que la soirée a été merveilleuse, au vu des retours qui me sont faits après la soirée, puis sur les réseaux sociaux, tant par les artistes que les spectateurs. 

 

UN TRES GRAND MERCI aux ARTISTES pour leur investissement ! Deux exemples : Lili Em vient d'être signée sur un label, elle assure sa promo et a trouvé le temps de travailler deux chansons; Milla et Marc Aymon étaient en concert à Genève la veille et en plein enregistrement d'un projet à deux (ça promet !)  dans les montagnes d'un pays où le régime d'intermittence n'existe pas (et on les a fait voyager en twingo avec leurs valises et leurs guitares ! ).  

 

Je reprends mes remerciements tels que je les ai effectués:

Une pensée pour tous ceux qui ne sont pas là mais m’ont écrit des messages touchants, Marie Audigier,   Lionel qui a joué de divers instruments lors des deux éditions précédentes, et quelques autres, Marc qui a tenu à prendre sa place malgré tout pour aider.

Une pensée spéciale à Florence Couté qui aime tant le week-end

Merci à vous d'être venus

Merci à Marie May. Elle m’a scotché l’an dernier en brandissant une banderole de remerciement. Elle nous a donné rendez-vous cette année et elle est  bienfaitrice de cette soirée.

A l’équipe du fotomat : Julien, Kathleen, Sarah (quel travail : 14h-4H du matin!)

Merci à Véronique Jeetoo pour la photo de l’affiche

Aux artistes, et spécialement Antonin 

A Théophane Berthuit

A Carole Epinette

A Frank Loriou qui nous a encore fait un cadeau en nous dévoilant une page de son livre

A Radio Arverne, Radio Campus, Julien Dodon, Véronique Hilaire de Radio france, Clermont Info

A Benjamin T. pour l'installation et le rangement…

A tous ceux qui m'ont adressé un petit ou grand mot de remerciement pour le travail depuis 2009 et sur le week-end (une personne m'a dit avoir tout lu après avoir découvert le blog !), je suis toujours très touché ! Petit coucou à la personne qui a appris grâce au week-end qu'il y avait un blog consacré à Murat (ça, ça permet de relativiser). 

Pour le film vendredi : merci à Séquence SDP, et notamment à Christine,  à Laure Desbruères et Guillaume Depagne, à Pias. 

Et désolé pour ceux que j'oublie.

(notamment les oreilles attentives tout au long du parcours, merci pour les encouragements).

 

 

 

Retour sur le Week-end Murat, yes sir! 2025, 3e édition
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Retour sur le Week-end Murat, yes sir! 2025, 3e édition

 

Quelques petits nuages tout de même :

On n'a pas pu défrayer tous les artistes comme je l'espérais. Même si la salle semblait pleine avec des gens assis, à peine 100 personnes le samedi (une seule personne est venue au dernier moment !), ce n'était pas suffisant, et cher public, vous ne consommez pas assez  (c'est quand même incroyable quand on voit  comment va le monde ? Et je vous rappelle qu'on est censé être des dépressifs invétérés !)  C'est assez désespérant, avec un public fervent qui promet de revenir. S'il en manque finalement, ça ne fait plus le compte (avec un public cible de plus de 50 ans, c'est vrai que...). Et les Clermontois ont été bien absents...  avec certes une concurrence de la Fête de la musique (sans orage, pas de chance).  Et ce n'est pas faute de promo (articles dans La Montagne, les gratuits, mentions dans plusieurs radios dont Fip, France 3, même si j'ai quelques regrets ou rancune de ce côté-là), sans parler des centaines de messages privés et de la pub facebook que j'ai engagée. Au départ, je pensais qu'un tel événement se remplirait tout seul, mais sans la force de frappe de communication d'une institution,  comme la Coopé,  ou d'une structure subventionnée, c'est plus difficile, et d'un autre côté, faire cet événement dans une structure de ce type (où il faut par exemple rémunérer tout le monde) est compliqué. Après la réussite de l'année dernière, j'ai sans doute vu un peu trop haut... mais artistiquement, c'est une réussite, pas de regret !

Dans mes messages, j'ai eu quelques personnes qui m'ont dit "on ne sera pas là, par contre, on sera au virage Murat",  ça n'a pas contribué à ma sérénité dans les préparatifs et a peut-être empêché de glisser un petit billet à des artistes. L'année dernière, la soirée à la Coopé a plutôt aidé à remplir. 

Il y a par contre des gens qui n'aiment Murat que par Murat : ils enterrent une deuxième fois Jean-Louis, et ne rendent pas hommage à son talent d'auteur-compositeur. C'est dit et redit. Il y a toujours une chose à laquelle s'accrocher avec une cover, et si on n'aime pas, cela fait cogiter sur les raisons, il faut aimer se faire bousculer.... 

Autre élément : le contexte  difficile même si ça a toujours été un peu le cas (merci à Jean-Louis de m'avoir accordé la légitimité avec son soutien sur Aura aime Murat et la première édition à laquelle il allait participer, ça a été décisif).  C'est difficile d'en parler et je ne veux pas le faire après ce beau rendez-vous. Cela a fait deux petits ricochets lors la soirée et cela a aussi pesé dans la préparation. Je ne souhaite être ni dans un clan, ni dans l'autre, Laure Desbruères était là avec Gaspard vendredi (l'année dernière, Marie Audigier),  Yann Bergheaud le samedi. C'est aussi une fierté de pouvoir réunir tout le monde, c'est également vrai pour les  fans qui ont aussi leurs bisbilles. Mais le fait est que c'est pesant. 

Dernière chose, mes activités initiales ont été freinées par l'organisation du week-end, j'aimerais y revenir... En guise de symbole,   vous trouverez une inter-ViOUS ET MURAT particulièrement intéressante ici même cette semaine... en attendant les vidéos du week-end et les 2/3 autres interviews que j'ai encore sous le coude. 

J'étais censé juste être un homme de l'ombre, et les circonstances (le projet Aura aime Murat), la passion et une certaine exigence personnelle (plus celle que l'on doit à Jean-Louis et à la légitimité qu'il m'avait accordée) m'ont emporté bien loin... sans parler de la chance (grâce à Pierre Andrieu d'ailleurs) d'avoir pu rencontrer Julien du Fotomat, le porteur officiel du week-end Murat. Il nous offre un cadre parfait (qui nous permet de finir des soirées à deux heures du matin),  et professionnel (big up pour Théophane Berthuit, du studio Polyphone, dont le son a ravi la quarantaine d'artistes qui ont participé pendant 3 ans)... et avec un beau piano qui a si bien sonné sous les doigts d'Alain Klingler, Bertrand Louis, Erik E., Koum, Antonin Lasseur ou encore Vivien (from London). Apprendre dimanche à 3/4 heures du matin que ce bel instrument va quitter le Fotomat est  un signe pour moi que cette aventure-là est peut-être sur la fin. 

Bien à vous

PS: On me pose beaucoup la question, j'y ai peut-être déjà répondu sur le blog, mais Je ne serai pas à la Bourboule le 14/07, je vais voir Neil Young!

 

 

Marc Aymon, qui parle de son disque enregistré avec Fred Jimenez et Stéphane Reynaud et chante Aragon (vu qu'ils ont coupé l'amplification, on n'aura pas de son console je pense) :

 

 

Encore quelques photos de Christophe Arnal (qui a fait 3 concerts "Douharesse" en une semaine-  Matt a joué  dimanche dernier à Paris et le samedi 21 après midi dans Clermont), et cette semaine:

Jeudi 26 : Café-théâtre Andarta, Die (26)
Vendredi 27 : Le café inventé, Draguignan (83)
Samedi 28 : Stella Alpina, Tende (06)
Retour sur le Week-end Murat, yes sir! 2025, 3e édition
Retour sur le Week-end Murat, yes sir! 2025, 3e édition
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Retour sur le Week-end Murat, yes sir! 2025, 3e édition

aussi:

Milla - Gurten Festival   

17 juillet 2025
17h15
 
LILI EM au Chambon, le 30/07
 
Jérôme Caillon et Alain B. ,  à Larodde le 19/07
Aymar le 2/08 à St Pourcain sur sioule, au mafrani's

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #week-end Murat

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Publié le 14 Juin 2025

Bonjour,

J-6 avant le week-end Murat! 

Et après celle annoncée dans l'article précédent, j' ai encore une autre surprise, une curiosité, un truc totalement inconnu qu'on vient de m'envoyer à destination des participants! Ceci nous permettra de revenir  50 ans en arrière (ou presque)...  Je fouille aussi au fond de mon ordinateur pour dénicher des petites  archives qu' on distillera de droite et de gauche..   un programme qui déborde !

https://www.helloasso.com/associations/banana-split/evenements/week-end-murat-yes-sir-3eme-edition

Côté promo, il reste encore des choses à venir normalement. On devrait notamment me retrouver sur radio campus Clermont entre 18 et 19h ce lundi.

Petite révélation: Milla rode ses reprises sur scène. Hier, à Olten en Suisse allemande : 

+ Clip de sa nouvelle chanson "les renforts"

 

- On parle du livre de Cédric Barré qui dédicacera et chantera au Week-end, dans Magic, revue dans laquelle il écrit: 

https://www.magicrpm.com/le-mag-et-la-plume/

L’idée d’écrire sur Murat est née pendant la période de confinement. Suiveur passionné de la carrière de l’Auvergnat depuis la découverte de Dolorès, je m’étonnais qu’il n’existe (à l’époque) aucun livre retraçant ses trente ans de carrière. Bataille avait bien tenté quelque chose mais le ton était trop polémique pour faire autorité. J’avais entre les mains le In Utero de Palem Candillier publié chez Densité et je trouvais dans le concept de cette collection une forme qui me permettrait d’explorer à la fois la personnalité complexe de Murat et de m’attarder, grâce au “track by track”, sur la richesse de son écriture. Coincé entre Mustango, son grand œuvre, et le colossal Lilith, le débraillé et organique Le Moujik et sa femme, n’avait à sa sortie ni convaincu une presse d’habitude acquise à la cause de l’Auvergnat ni séduit son public fidèle : en comprendre les raisons devenait donc une évidence. Réévalué au fil des années comme un de ses meilleurs albums – un des préférés du poète bougon – il renferme ses chansons les plus emblématiques et les plus efficaces. Disque matriciel au titre déroutant, enregistré en quelques heures avec une équipe jeune, Le Moujik est avant tout une démonstration de force à maturation lente, noyée au début des années 2000 dans le flot des innombrables sorties discographiques de Murat. Ce guide revient sur sa genèse et éclaire en creux le virage esthétique radical pris par cet artiste bien au-dessus de la mêlée, à l’œuvre monumentale inépuisable. 

Cédric Barré

140 pages – 12,90 € – Éditions Densité

                                                                               Une édition très Mustango cette année? 

 

RAPPEL : 

- On se retrouve  à partir de 19 heures, ouverture des portes, en plus de l'entrée, il est demandé une adhésion annuelle à prix libre pour bénéficier de cet espace associatif.   Petites pizzas pour se restaurer.  Au rayon achats possibles: livres, je dois avoir encore des cartes postales mustango... et les photos de Carole Epinette exposées... sans parler du livret de la conférence 2023, et des disques des participants (pour ceux qui en apporteront!) 

Soyez en forme! On se couche tard!

Vendredi : Petit mot de Carole, 3 sets : Matt Low et Yann Clavaizolle, Jérôme Caillon et Erik Arnaud et une heure de live "Murat à Sanary" + surprises

Samedi :    Conférence 19h45/20h,  Grand Tribute (plus de 30 chansons) et toujours des surprises. 

J-6! Infos et encore plus de surprises!

 

LE LIEN EN PLUS 

Extrait d'une interview de Julien Clerc...  https://www.lavenir.net/culture/2025/06/11/julien-clerc-les-auteurs-hesitent-a-me-proposer-des-textes-ACUZIZX3FJGEDAC5ZDAX7JCHJI/

On reconnait les muratiens (charles van dievort) qui arrivent à placer le nom de Jean-Louis... ici, c'était aisé! J'ai laissé la suite sur Mme Charlot... Sur la foi d'un témoignage trouvé sur internet :  Elle n'aurait guère aimé  Jean-Louis et  c'est à elle qu'on devrait l'échec de la collaboration avec Jeanne Moreau!! "Vous n'allez pas chanter ça?" lui aurait-elle dit....  

 

L'Avenir (site web)
Wednesday, June 11, 2025

À l’instar de Jean-Louis Murat que vous avez chanté par le passé, votre voix n’a pas changé. Comment faites-vous pour la préserver ?

“C’est du travail. Je prends deux cours de chant par semaine tous les jours de l’année. Il n’y a pas de repos depuis cinq ou six ans. L’autre jour, je suis allé voir Francis Cabrel et j’ai trouvé ça remarquable. Il chante ses chansons et les aigus sont toujours là. On s’est vu après et sa femme m’a dit que lui aussi chante tous les jours. C’est du travail mais ça devient une façon de vivre. Moi, j’attends mes cours de chant avec impatience.”

Avec 55 ans de carrière, on s’étonne que vous preniez encore des cours…

“Ce n’est pas une question d’apprendre, c’est une question de gymnastique. Si vous arrêtez la gymnastique, vous allez rouiller. Avant de mourir, Madame Charlot (Annette Charlot, célèbre professeur de chant, NdlR) m’avait dit : 'ne perdez jamais vos aigus'. Partie, j’ai cru que je m’en sortirai sans elle grâce à deux cassettes de travail que j’avais gardé. Je me disais que ça allait aller mais au bout d’une ou deux tournées, ce n’était pas du tout le cas. Dieu merci, j’ai trouvé un type absolument génial. Il est tellement fort que je le recommande à mes collègues que j’aime. Il fait travailler Calogero, Maxime Le Forestier et Alain Souchon quand celui-ci veut bien.”

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #week-end Murat

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Publié le 10 Juin 2025

Coucou!

Il vous reste quelques jours pour vous décider à venir (même si ce n'est que pour le samedi soir) et je vous donne une nouvelle motivation:

- Je viens de recevoir un document à destination exclusive du Week-end Murat et de ceux qui feront le déplacement! Nous le distillerons au cours des deux jours. C'est un magnifique cadeau  tout-à-fait inédit qui nous permettra de retrouver la voix de Jean-Louis Murat, en plus du film "live in Sanary" diffusée en fin de soirée du vendredi (on en parle en détail ). Je ne vous en dis pas plus!  Un grand merci au bienfaiteur!

 

-  Est-ce que je vous refais un tour des autres raisons essentielles pour venir?

 Les photos exceptionnelles de CAROLE EPINETTE pour la première fois exposées, et la possibilité d'échanger avec la photographe qui a immortalisé les plus grands de la scène rock!

Un concert d'ERIK ARNAUD, avec des chansons inédites. L'icône indé (Magic, Inrocks) devenu professeur des écoles, est si rare que c'est une occasion presque unique de voir celui qui était collègue de label de Jean-Louis.  

Un ranchero sur scène : Jérôme Caillon lui aussi chantera des nouvelles chansons, après ses prestations époustouflantes l'an dernier à la Coopé et au week-end Murat, et Matt LOW et Yann Clavaizolle dans leur show "Douharesse". 

Pas loin de vingt musiciens sur scène  samedi, pour plus de 30 chansons, dont  les chanteuses dont on va attendre parler dans les années à venir: Lili EM, Milla de Suisse, et Koum!

Et Marc AYMON, 25 ans de carrière en Suisse et un peu partout dans le monde, Nicolas Driot (Kandid- 4 albums et des centaines de concert,  les amis fidèles Antonin et les Dory 4...  et tant d'autres talentueux participants:  programme complet 

Et l'année prochaine, à ce stade, "faut pas y compter, en 2026,  apercevoir le WE Murat, Faut pas y compter. Vers le château de Murat I'Arabe On ne va pas le refaire"... 

Et puisque ça ne suffisait pas : j'ai préparé une petite exposition autour de la  "Discographie alternative" de Jean-Louis Murat.  N'y figurera pas la nouvelle compilation de Mylène Farmer, à paraitre en juillet : Regrets figurera sur la version CD et Double CD (et pas sur le vinyle). 

 

 

2) PRESSE: 

 

- Pleine page dans LA MONTAGNE CE JOUR!  L'interview est différente de celle proposée dans ZAP

Merci Julien Dodon (et à Pierre Marquet)

 

-  Un article dans CLERMONT INFOS paru le 10/06, gratuit distribué à 30. 000 exemplaires : 

A lire en intégralité là 

 

LE LIEN EN PLUS

Podcast d'une interview de NICOLAS DRIOT : disponible ici sur RADIO AVERNE  Il annonce son passage au fotomat rapidement en toute fin d'émission. 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #week-end Murat

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Publié le 4 Juin 2025

Yo!

ZAP, le gratuit de Clermont-Ferrand, édité par Centre-France ("la Montagne") met à l'honneur notre invitée spéciale Carole Epinette dans son numéro de juin, une page d'interview et une photo pleine page de Jean-Louis, un des clichés parfaits de Carole représentant Jean-Louis au coeur de son paysage. 

 

On peut voir en ce moment jusqu'à la mi-juin une expo des photos rocks de Carole à Sarlat. 

PS: Je lis dans le magazine,   une page sur le Festival PAMPARINA à THIERS les 4, 5 ET 6 JUILLET PROCHAINS, C'est gratuit et on pourra retrouver les camarades LILI Em, Adèle Coyo et les Dragon Rapide (avec Matthieu Lopez), ou encore Adé. Ça a l'air très chouette.
 

 

2)  Matthieu Lopez, c'est lui que l'on retrouve dans le reportage intitulé "Comment ses proches tentent de perpétuer sa musique", où il est question du Week-end Murat, mais pas seulement (Institut Murat, et Virage Murat). 

Près de deux ans après sa disparition, Jean-Louis Murat continue de vivre dans le cœur de ses admirateurs. En Auvergne, sa terre natale, ses proches et fans tentent de continuer à faire vivre sa musique. Parmi eux, Matt Low, un chanteur auvergnat. Il participera les 20 et 21 juin prochains à un week-end d’hommage consacré à Jean-Louis Murat. Il interprétera ses chansons au Fotomat, à Clermont-Ferrand. Dans sa setlist figure notamment Au Mont Sans-Soucis, une poignante ballade extraite de l’album Mustango. Après la disparition de Murat, Matt Low - qui avait collaboré à plusieurs reprises avec lui - a ressenti le besoin de se replonger dans son univers musical. “ Je suis rentré dans le détail de son écriture. Le fait d’apprendre ses textes, ce n’est pas la même chose que de simplement les écouter. Ça me permet de vraiment entrer dans sa musique, dans ses mots, explique le chanteur. J’ai déjà donné plusieurs concerts autour de son répertoire et c’est toujours très émouvant. Beaucoup de gens pleurent, ils en ont besoin, ça leur fait du bien. Et puis il y en a aussi qui découvrent ses chansons. Dès qu’on sort de Clermont-Ferrand, on se rend compte qu’il n’était pas si connu que ça, en réalité ”

Pour les images qui bougent, c'est ici    Le reportage est signé Richard Beaune, bien-sûr. Son interview de l'an dernier

J'en profite de remercier l'Institut Jean-Louis Murat qui qualifie de "CULTE" le week-end Murat, yes sir!

 

Pour en finir avec le week-end, je suis allé voir le groupe SHEZLONG dont nous aurons la chanteuse avec nous (accompagnée lors de notre soirée à la guitare  par Pierre Andrieu!)

 

 

4) Full concert du "jean-louis Murat expérience" à Vence. 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #week-end Murat

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Publié le 2 Juin 2025

bonjour!

Au milieu des préparations pour le Week-end Murat, yes sir!, j'ai pu passer une petite heure au téléphone avec Fabrice Nataf, qui a signé Jean-Louis Murat en 1986 chez Virgin. C'est un peu un oublié des biographies de Jean-Louis et il en est un peu surpris! Faute peut-être à l'étiquette Bill Baxter-Daho-Liane Foly (entre autres) qu'il a pu avoir (d'ailleurs, les biographes de Manu Chao l'oublient aussi alors qu'il a signé la Mano - "ils étaient 8, une voix chacun, et Virgin, une voix!"-NDLR: le passage d'un tel groupe alternatif chez une Major était un événement à l'époque-).  En tout cas,  il récuse en s'en amusant tout-à-fait le propos de Jean-Louis Murat sur le fait qu'il l'aurait signé parce que sa petite amie de l'époque aurait apprécié sa musique. Il connaissait "Suicidez-vous le peuple est mort", et a accepté un rendez-vous et l'écoute des maquettes a permis de valider.  Il garde en mémoire une biographie officielle où il était indiqué "signature avec Fabrice Nataf". Cette mention l'avait touchée.  Autre souvenir : Jean-Louis lui disant "si tu ne m'avais pas signé, j'aurais arrêté la musique". Il doute que cela soit vrai mais c'est conforme à certains propos de Murat.

"mais franchement, c'est l'artiste avec lequel j'ai pris le plus de plaisir à travailler. Sa culture, son intelligence. On était parti en vacances en Auvergne, je me rappelle, on était passé chez Denis, et puis chez Jean-Louis. Je me rappelle, il m'avait parlé pendant 2 heures des quotas laitiers! Et il n'y avait que lui pour rendre ça intéressant! C'était passionnant. Pendant ce repas, il y a un type qui est passé, peut-être un député, de droite, un peu prétentieux et Jean-Louis avait eu cette phrase "oui, il est sympa mais je suis sur qu'il n'a jamais vu un film de Bill Wilder en entier". Autre phrase gardée en mémoire:  "ce qui est important ce n'est pas la question,  c'est la réponse".

Petite anecdote sur l'épisode Besson :  Vu qu'il était "le roi" après l'immense succès du Grand Bleu, le réalisateur convoque Gaumont et Virgin (Nataf), et explique son projet, une suite, avec une BO originale signée par des artistes qu'il a choisis... et lui de sortir sa liste:  Madonna ("euh, Madonna, LA Madonna? - oui"), The Cure... tous les plus grands... et le seul français Murat... Et tout le monde a accepté! Sauf Miles Davis, le manager demandait 50 000 dollars pour simplement poser la question à Miles. Besson était prêt à infiltrer un hôtel déguisé en groume pour aller le trouver, mais Fabrice ne l'a pas suivi dans ce projet! Après un essai avec les images avec quelques titres, tout le monde s'est rendu compte que cela ne fonctionnait pas... et Murat a donc récupéré sa musique (dont "le col de la croix morand").

Pas mal comme teaser d'interview, non?  Vous êtes impatients? ...  Bien fait pour vous! Vous n'aviez qu'à tous prendre vos billets pour le week-end Murat, yes sir!  J'aurais eu plus de temps!

 

Fabrice est parti aux éditions EMI, a dirigé d'autres labels, signé Morgane Imbeaud chez Belleville  (juste avant la cession d'activité du label)... mais est toujours resté dans ce milieu, jusqu'à créer sa structure Freedonia (distribution avec Sony). Il y  a travaillé avec Kimberose, Mr Mat, Marie Sarah... et vient de signer Lili EM, une invitée du Week-end Murat!

Le contact s'est fait tout simplement par les réseaux sociaux, Fabrice a écouté les maquettes préparés avec Vivien Bouchet (ex Kaolin)  et il a adoré. La rencontre s'est bien passée, et ils ont décidé de travailler ensemble. C'est le tout début de l'aventure, avec juste un premier single "Mademoiselle", et Fabrice est très satisfait des écoutes spotify... "alors qu'on n'a rien fait, pas de clip". "J'adore cette fille, je trouve qu'elle a un talent fou, et ça m'a fait marrer et aussi très plaisir quand elle m'a dit qu'elle allait faire un hommage à Jean-Louis Murat, d'ailleurs, j'aimerais bien qu'elle fasse une cover, il n'y en a pas eu suffisamment. D'ailleurs, j'avais fait un essai avec Anna Mouglalis sur "le venin", mais ce n'était pas concluant".  Je l'ai interrogé sur le passage un peu obligé à la référence à Murat pour un artiste qui vient d' Auvergne. Pour lui, ce n'est pas le cas, il n'en avait pas été question avec Lili Em (il est vrai que son univers est plus éloigné de Murat que celui d'une Adèle Coyo par exemple, pour la référence à la nature par exemple). En tout cas, l'aventure ne fait que commencer pour Lili, avec un EP à l'automne, avant un album.

Voici maintenant un mot de LILI EM sur Jean-Louis MURAT:

Enfant, Jean - Louis Murat
était d'abord pour moi cette voix, que je trouvais bien sûr mystérieuse, puis plus tard cet homme énigmatique à l'aura pour ainsi dire très magnétique... 
J'ai découvert les mots de "l'éphémère", la chanson "regrets", qu'il chantait avec Mylene Farmer que j'écoutais beaucoup, le "Mont sans souci" évidemment... Sa plume, sa verve en interview...
S'il est un regret pour moi en tant qu'artiste de la région, c'est d'ailleurs de ne l'avoir jamais rencontré. J'aurais vraiment aimé, mais je l'ai vu en concert. Dans mon parcours, j'ai rencontré des personnes qui le connaissaient bien, et aujourd'hui étant signée sur le label Freedonia, je suis honorée de travailler avec Fabrice Nataf, alors je vois comme un petit lien avec lui :)
L'ingénieur du son, Rémy, qui m'accompagne aujourd'hui l'accompagnait aussi sur ses tournées.
Je crois de toute façon que comme pour beaucoup, et notamment pour les artistes,  auteurs, compositeurs, de la région et au delà, il y a ce sentiment particulier, cette aura, cette sensation quand on pense à lui et à son oeuvre. 
J'ai beaucoup entendu parlé de sa façon de travailler, et de l'artisan de la chanson qu'il était. C'est vraiment fascinant.
 
Il y a ses chansons bien sûr, mais aussi l'image que je garde, celle que j'ai toujours eue de lui : la puissance et la douceur de son regard... énigmatique... 
Je suis très heureuse de pouvoir participer à cette nouvelle édition, j'ai assisté à la précédente en tant que public et je me souviens encore de l'émotion qui régnait...
 

 

Courte interview radio de Lili Em sur Logos FM où est recommandé le week-end Murat!

Le premier single "accrocheur":

Quelques brèves:

 

-  Merci à Fip pour la promotion du week-end Murat :  https://www.radiofrance.fr/fip/evenements/clermont-ferrand-week-end-murat-yes-sir-1713353

Et à nos enchanteurs : https://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2025/05/25/jean-louis-murat-marquis/

-  Les inrocks seront partenaires du livre de F. LORIOU : un premier article est paru https://www.lesinrocks.com/musique/un-livre-de-150-photos-sur-jean-louis-murat-a-paraitre-cet-automne-666150-26-05-2025/

On rappelle que la précommande est lancée. Voir l'article précédent du blog.

 

-  Une messe a été donnée à Issoire à l'initiative de deux fans (c'est à dire qu'on paye pour que son nom avec d'autres soit prononcé afin que des prières lui soient adressés).

 

- Notre camarade Laurent Cachard a annoncé qu'il va sortir un livre sur Murat,  un peu sur le modèle de son livre consacré au Voyage de Noz, c'est à dire avec les billets de son blog consacrés à Jean-Louis que l'on a généralement relayé ici, et d'autres textes inédits.   Il vous en dit plus ici.

- Un autre témoignage est semble-t-il en cours d'écriture, venu d'Algérie:  https://blogs.mediapart.fr/zoubida-berrahou/blog/250525/hommage-jean-louis-murat

- On a fait la liste il y a peu des écrivains muratiens... On peut ajouter Armand Gautron auteur de polar en Haute-Marne, qui travaille à côté d'une affiche de Jean-Louis   https://jhm.fr/gautron-cest-trop/

- autres dates:  7/06 : concert Cover band MUSTANG à la librairie « Les livres enchantés » de Chaulnes, virage jean-louis murat 14/07, 30/08 Dépot d'une plaque à Roche-Charles.

 

LE LIEN EN PLUS

On a déjà eu plusieurs billets de Tanguy Pastureau évoquant Jean-Louis Murat (J'avais tenté de le contacter via le mail radiofrance sans succès). Dans un de la semaine dernière, il remercie Mylène Farmer de lui avoir fait découvrir Jean-Louis Murat...

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT, #week-end Murat

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Publié le 23 Mai 2025

En ce jour du 23 mai - ça n'a jamais été notre truc les anniversaires-,   Bertrand Louis vient de dévoiler sa chanson/haïku "JLM", très courte. J'aime à penser que sa participation en tant que  tête d'affiche au week-end Murat 2024 n'a fait que renforcer le lien qui l'unit à Jean-Louis. Voici ce qu il nous dit: 

 

J’ai…comment dire…j’ai été sidéré par la disparition de Jean-Louis Murat. On ne m’avait jamais dit que nous ne sommes pas immortels. Cela a été si soudain que j’en suis resté bouche-bée, ou plutôt cœur-bé.
Et puis, il y a six mois m’est venu ça d’une seule traite…je ne sais pas ce que c’est ; un peu court pour une chanson et un peu long pour un Haïku. Cela reprend l’harmonie d’un titre de mon premier album (Les coulisses de la comédie) que certains trouvaient assez « muratien ».

Vous pouvez relire 3 interviews sur le blog:

Interview de 2013     

de 2015 et enfin de 2022

Il vient de sortir "Stéréotype(s)" chez EPM

 

C'est l'occasion de revenir sur toutes les chansons (enfin celles dont je me rappelle) qui sont consacrées à Jean-Louis Murat. Commençons par le plus ancien:

 

Fred Signac, qui chante toujours, il était en concert cette semaine à Vierzon, chantait "En attendant Bergheaud" dès 2001. La chanson figure sur  "DESTINATION FRANCE ROCK" une compilation chez Warner de 2001  avec Rock and Folk (c'est Manoeuvre qui signe en partie le livret).

+d'infos en 2011

 

 

C'était en 2013, Dany des Rues, bien connu des gens de l'est (Metz, Nancy) chantait "à la Jean-Louis Murat". + d'infos d'époque là

En 2017, les Dory4 chantaient "La complainte du Bougnat" (sur l'album Tribute to life)

- Alain Klingler nous dévoilait sa chanson " Larbin de personne" lors du premier Week-end Murat, écrite avant sa mort.  Elle est encore inédite sur disque.  Interview à relire sur son album 38 470... On aura je pense l'occasion de reparler avec lui prochainement à propos d'un livre.

Deux autres titres  écrites après sa mort :

Charcot nous dévoilait en ouverture du week-end Murat l'an dernier son "rien ne va", tâche difficile et son émotion était forte, et Matt Low un peu plus tard nous chantait son "Dis le le"...  On le retrouvera le 20 juin lui qui tourne dans toute la France avec son projet "Douharesse", et j'en profite pour vous annoncer qu'il sera accompagné comme l'an dernier par Yann Clavaizolle!

J'ai galéré pour retrouver, mais la recherche a fini par être fructueuse. Bora Boris, chantait "les disques de Murat" en 2021: 

Pour finir, le plus récent : par Sauveterre   (avec quelques notes qui ramènent The Cure à la Bourboule, après la chanson de Walter et Lavergne "Robert Smith à la Bourboule")

LA CHANSON EN PLUS 

Son nom est cité dans cette chanson de Stupeflip, une ode à Mylène

On termine encore par Bertrand Louis  l'an dernier :

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 14 Mai 2025

Faut-il que je présente Frank Loriou ? 

Il a travaillé avec Jean-Louis Murat depuis Mustango (9 pochettes comme celle de Polly Jean, Muragostang) puis à nouveau à partir de Grand LièvreIl a également collaboré avec  - liste loin d'être exhaustive - Yann Tiersen, Manu  Chao (clandestino), Olivia Ruiz, Thomas Fersen, Arthur H, JP Nataf, Luke, Miossec, Holden, Juliette, Louis Bertignac, Brigitte Fontaine, et aussi avec le magazine Rock and Folk, tout en poursuivant un travail photographique plus personnel (le livre ​​​​Tout est calme en 2009).  Une belle chronique vient d'être consacrée à son travail avec Dominique A, à écouter ici.

On a bien sûr régulièrement parlé de lui ici au fil des promos, mais aussi de ses expositions (où il choisit toujours de faire figurer Jean-Louis Murat), d'interviews, de la promotion de Robi dont il était coproducteur du disque et qui participa à Toboggan,  ou de rencontres (il était à la Maison de la poésie en décembre, et on a exposé des tirages originaux lors des deux précédentes éditions  du Week-end Murat, yes sir!). Encore récemment, je l'ai invité à parler de Carole Epinette, notre invitée  (le 20 et 21 juin 2025 à Clermont). Je garde un souvenir amusé de notre première rencontre à la soirée "Murat- Livre Unplugged" de 2015 au cours de laquelle j'eus l'honneur de me faire tirer le portrait subrepticement à l'aide d'un petit appareil de poche ! Souvenir amusé et... avec le recul, émouvant car je m'aperçois que son regard était déjà attentif et sensible à notre petite communauté et au lien unissant ceux qui aiment Jean-Louis Murat (ce dont parlait Grégoire Bouillier à la maison de la poésie).

 

Il m'a fait l'amitié d'échanger sur la sortie du livre il y a quelques semaines et l'honneur de me laisser vous l'annoncer aujourd'hui en avant-première, ce qui est avant tout pour lui une façon d'offrir  la primeur de la nouvelle aux "fans". Ainsi, il m'a indiqué qu'il avait envie avec ce livre de "partager son trésor d'images" , rendre public l'ensemble des clichés pris avec Jean-Louis  (certains inédits mais aussi "les variantes" de ceux qui ont été diffusés. C'est ainsi que le livre en contient 150 !).  Au-delà du cadeau pour nous,  il s'agit aussi pour lui de  faire vivre la mémoire de Jean-Louis Murat, le maintenir dans l'actualité, et que "les gens l'écoutent", la promo donnant lieu sans doute à des événements.   A noter que le livre est publié par le BOULON, la maison d'édition qui a déjà sorti ceux d'Antoine Couder et de Pierre Andrieu (le livre de Frank en reprend le même format - 21×21 cm - afin qu'ils puissent se rejoindre dans nos bibliothèques, d'autant que  la couverture de celui d'Andrieu était déjà une photo signée Loriou).

Frank, lui, a choisi la photo prise dans la maison d'EMILE, le voisin. Un très beau moment qu'il a immortalisé ("de grâce" selon ses mots de 2014), avec un Jean-Louis plus fragile qu'en cow-boy à chapeau de paille, aux prises avec ses fantômes (il s'est assis pour la première fois à la place attitrée d'Emile). Ses mains, plus celles d'un paysan que d'un pianiste, me renvoient à celles - les mêmes - photographiées par Jean-Lou Sieff en 86/87

Vous pourrez vous procurer cette photo pour un coût réduit par rapport aux prix habituels de tirages, en choisissant l'option DELUXE  :  le livre + tirage d'art, numérotés et signés,  vous sont proposés en précommande à partir de la semaine prochaine (le 21 mai) sur le site du Boulon (120 euros).  Le livre seul sera lui à 38 euros et n'est pas concerné par cette précommande. Sortie le 9/10/2025.

Il sera possible d’avoir une dédicace personnalisée pour ceux qui le souhaitent, "notamment pour les participants du week-end Murat" m'indique Frank (Nous organiserons cela le 20 et 21 juin à Clermont).

 

Le livre n'est pas exclusivement photographique, Frank a pris la plume pour la première fois pour nous raconter en détail leur collaboration et les moments vécus à Orcival. J'ai lu les premières pages qui nous réservent déjà anecdotes amusantes et petites révélations, c'est donc très prometteur. On avait eu quelques bribes via des interviews, notamment en 2014.  

La préface est également alléchante : celle du philosophe et écrivain Charles Pépin, bien connu des auditeurs de France Inter mais bien au delà (ses livres sont traduits dans 30 pays).  Je ne l'avais pas identifié comme muratien, mais Alex Baupain avait repris "Si je devais manquer de toi"  dans son émission "Sous le soleil de Platon"  (en août 2023) et il avait également partagé sur son facebook la soirée de la Maison de la poésie. Il ne connaissait pas personnellement Murat, mais j'ai envie de tisser un lien : Jean-Louis, autodidacte de la philosophie, lecteur de Nietzsche, Günther Anders, chérissait Michel Onfray, non pas en iconoclaste penseur, mais pour son rôle de passeur et de professeur (université populaire), et Charles Pépin est un des grands "vulgarisateurs" actuels (sur Inter mais aussi via des conférences dans les cinémas Mk2).

Voici le texte promo de... PHOTORAMA, puisqu'il s'agit du titre choisi.

 

 

 

A suivre donc !  Rendez-vous le 21 mai sur le site du Boulon pour la précommande de l'édition DELUXE: https://leboulon.net/murat-photorama/

  le boulon LA maison d'édition radicalement rock    

 
 
 
 
 
 NB:
La date de sortie du livre de Frank ne lui permet pas de nous le présenter au Week-end Murat, mais en plus de Carole Epinette pour la photo (il est possible de lui réserver des tirages je le rappelle. info ici), cette année, au rayon livres, nous compterons pour les dédicaces sur Cédric Barré avec Le moujik et sa femme (édition densité) et Patrick Ducher et Florence Couté et leur Entre Prince et Spring. Pierre Andrieu sera également présent samedi.
 
Frank Loriou a travaillé récemment  pour la pochette de Nicolas Driot, qui sera un des participants du week-end! Cartographie du Coeur vient de sortir et est disponible partout. Release party le 16/05 dans la belle salle du fotomat à Clermont!

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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