Publié le 13 Février 2015

Allez, c'est le retour des ARCHIVES... Voici un grand article qui sert de sources importantes à Sébastien Bataille. Une interview au long cours, passionnante, juste avant le déménagement à Douharesse. Pour la petite histoire, Murat y évoque très rapidement sa soeur...

C'est lisible sur le site des inrocks:

http://www.lesinrocks.com/1991/09/25/musique/mon-ame-de-berger-11223454/

LES INROCKUPTIBLES - n° 31 (1991)

"Mon âme de berger"

Dans une bulle très terre-à-terre habite Murat, ce vénusien parfaitement isolé du spectacle musical. Son cirque de "pauvre gars" à lui, bricolé dans la cohésion, est vital pour les rares instants de clarté qui reposent de la peine du parcours. Otez-lui ses chansons sacrées, rythmées par le pouls, il en crèvera. Mais, pour le moment, en ce jour de plein été, le soleil chauffe tout le pays. Sauf chez lui, évidemment : là-haut, dans un hameau agrippé à la montagne, il fait humide et frais. Le brouillard est tombé sur le puy de Dôme comme pour gommer les aspérités, effacer les cols et remplir les vallées. Un paysage de folie douce.

Interview : Christian Fevret

J'habitais en ville, mais j'ai passé les six derniers mois dans une maison ici, à Pessade. Nous sommes juste au-dessous du col de la Croix Morand, qui est devenu le titre d'une chanson. C'était en fait la "Croix du Mourant" au départ, car un type a été pris dans une tempête de neige là-haut et avait juré d'y dresser une croix s'il s'en sortait. Le col s'est longtemps appelé le col de la Croix du Mourant, puis la contraction s'est faite. J'aimais bien cette histoire.

Dans Le Manteau de pluie, les éléments et les animaux sont plus que jamais présents. Le 'cliché bucolique" ne te fait-il pas peur ?

Si. Pour moi, les animaux ou les éléments naturels sont des intercesseurs avec autre chose. Sinon, évidemment, je serais dans le cliché absolu du chanteur régional. Alors que je n'ai pas d'animaux, j'aime trop les animaux pour en avoir. J'ai conscience d'être sur un terrain miné, car je peux facilement être apprécié de façon tordue, consommable pour les journaux de jeunes filles ou les magazines sur la nature : c'est le rapport pornographique tous azimuts, je suis un peu trop fille de joie. Il n'y a pas à craindre qu'un jour ce soit la fin des haricots pour moi. Ce sera aussi ma vie. Je n'ai pas envie de tomber dans tous les clichés sécurisants. Si je dois aller à la catastrophe, j'irai. Mais ça me plaît de faire tout ce que je fais. Je me sens assez d'énergie pour porter toutes les contradictions.

LA CRINIÈRE POUSSE AU LIONCEAU

Selon toi, il n'y a pas de patrimoine Murat à gérer. N'est-ce pas en contradiction avec le fait de vouloir contrôler le moindre aspect de ta carrière ?

C'est juste une histoire de caractère. Ce n'est pas que j'ai peur que Murat échappe à Bergeaud (son état civil}, mais je n'ai jamais fait confiance à qui que ce soit. C'est un truc assez paysan, ça. La fin du monde paysan, c'est lorsqu'ils ont commencé à faire confiance au Crédit Agricole.

On a l'impression qu'au fil des disques, tu parles moins. Avec ce nouvel album, tu sembles de plus en plus apprécier les silences mais surtout les faux silences, un peu comme on dit : faux plat".

Le premier mois à Pessade, je n'ai enregistré que du silence. Je l'enregistrais de 3 h l'après-midi jusqu'à 6 h, je menais les enceintes dehors et le balançais à un autre moment. Jusqu'au moment où je me rends compte que le silence est une rumeur énorme. En le travaillant au sampler, il devient un cri d'enfant, un râle de mourant, un soupir de femme ou un train qui entre en gare. Ça me travaillait tellement que je l'ai fait sur ma voix. Je la samplais et j'en faisais du vent, des cris, un arbre qui tombe, tout. Tu te rends compte qu'il est vain de te prétendre silencieux et de faire des chansons sur le silence.

Tu aimes le silence et les gens qui savent se taire, mais tu es le premier à être un parleur, un bavardeur.

C'est un phénomène assez naturel, un oiseau avec son chant participe du silence. Parler, c'est mettre de l'ordre dans son propre silence. J'ai donc malgré tout la sensation d'être silencieux. J'ai passé six mois à Pessade pour composer les chansons de l'album : l'essentiel a été fait ici, dans la maison qui se trouve derrière cette auberge. Ce qui me travaillait le plus était de transcrire ça, c'est pourquoi j'étais parti avec Le Manteau de pluie du singe, avec Bashô, avec le haïku ou des choses comme ça, qui sont des poésies du silence. Mais en fait, c'est du pipeau.

L'impression de faux plat tient au rythme, en l'occurrence ce mid-tempo insistant et confortable, qui domine tout l'album.

J'aime bien les chansons qui sont menées sur le ton de la conversation, ou d'un échange amoureux. Dès que le tempo est un peu élevé, les chansons te stressent. Le beat parfait, c'est le battement du cœur. Sorti du battement du cœur, je me sens gêné : j'ai l'impression d'avoir une démarche strictement commerciale lorsque j'accélère le tempo. Je pourrais dire tous les textes de l'album tranquillement, sans chanter. Ce tempo lent se trouve sur beaucoup de ballades de rhythm'n'blues. Tous les gens que j'aime bien, les Otis et les Sam Cooke, travaillaient dans ces eaux-là. C'est le tempo de l'amour. Moi, je ne fais que des chansons d'amour et on ne peut pas parler d'amour sur un rythme de lapin mécanique. Ce que j'aime bien chez Neil Conti (le batteur de Prefab Sprout jouant sur Le Manteau), c'est qu'il a le son de caisse claire du batteur d'Otis Redding, Al Jackson. Dans mon biberon, j'avais cette musique et cette sonorité. Ces trucs de rhythm'n'blues mais aussi Wyatt, Cohen : j'aime ce qui n'a jamais été à la mode. J'en reste aux mots, aux mélodies, aux arrangements qui vont toujours dans le sens des mots et à l'efficacité de la rythmique, sans qu'elle soit omniprésente. Mais pour moi, le grand exemple, c'est Prefab Sprout et Talk Talk. A Pessade, pour le travail sur Le Manteau, je n'avais que leurs disques, je voulais viser entre les deux. Je trouve que les mots français vont très bien sur ce genre de choses.

Fais-tu un complexe vis-à-vis des Anglo-Saxons ?

Dans Johnny Frenchman, sur Passions privées, je dis "Attends que la crinière pousse au lionceau", je parlais pour moi. Cette chanson était au départ une lettre ouverte à Costello, car j'avais lu une interview où il nous traitait de minables. C'était à l'époque des Pale Fountains : d'un seul coup, je sentais quelque chose de neuf, que je pourrais aller dans cette direction. Je voyais les Anglais comme des voyageurs modernes, avec une langue invincible mais je leur disais "Attends que la crinière pousse au lionceau", je sentais qu'il faudrait du temps. Ça peut s'apprendre, il faut avoir des connaissances en art poétique, aimer la grammaire, le vocabulaire, écouter beaucoup de musique, trouver son rythme à soi, ne pas se précipiter. J'avais conscience de partir de très loin. Un peu comme le retard de la renaissance française sur la renaissance italienne.

On pourrait penser qu'en vingt ans, le tour de ce genre musical a été fait. On peut soit baisser les bras, soit penser que le genre musical est acquis et que les territoires sont maintenant personnels, intérieurs. Et c'est encourageant, on peut croire que c'est un progrès de civilisation. Plutôt que de juger si le type est bon explorateur, s'il fait du nouveau, il s'agit de savoir s'il fait du vrai. Ici, on est assez fort pour l'exploration intérieure, pour avancer dans sa forêt vierge. On est plus introverti, on a plus le sens du sacrifice. A part quelques exceptions, des gens comme Lennon, eux ont assez peu le sens de la culpabilité. Dans cette espèce de far-west intérieur, on peut être les champions.

Tu parlais de l'influence rhythm'n'blues, il y en a une autre plus surprenante sur Le Manteau de pluie : celle de la musique brésilienne et de la bossa, notamment sur Le Mendiant à Rio.

Tu entends le coq ? Il vient de chanter. Je voulais le garder sur l'intro de La Croix Morand (Plus tard on entendra le chien dont l'aboiement accompagne la même chanson). En ce qui concerne la bossa, c'est pour moi la musique du chagrin. Un souvenir très précis. Tout gamin, je n'avais pas le droit de regarder les films à 20 h 30. Il y avait Orpheo negro qui passait un soir. Je devais être tout triste, pauvre garçon dans mon lit. J'ai passé tout le film l'oreille collée à la cloison et ce fut un émerveillement. Ce que j'étais se trouvait en phase avec ces harmonies et ce tempo. Ça, je l'ai toujours gardé. Je pense que Le Mendiant à Rio est le truc définitif, que je ne ferai plus de bossa. Car il y a une connotation mièvre dans la bossa, c'est pour ça que je dis à la fin "Tu peux te moquer de moi" . beaucoup de gens n'arrêtent pas de se foutrent de moi parce que je fais de la bossa. On croit qu'il y a là une faiblesse élémentaire. Mais Joao Gilberto, c'est la voix que je préfère. Et les mélodies, les harmonies, c'est Antonio Carlos Jobim. Instinctivement, une chanson sur deux que je fais est une bossa, et je sais que ça vient de l'enfance. Michael Franks déteste l'adaptation de sa chanson sur Le Mendiant à Rio. Je lui ai pourtant envoyé une lettre en lui expliquant qu'il avait fait une chanson sur Jobim en tant que Californien et que moi, en tant que Français, j'avais une façon de voir les choses un peu plus cruelle, avec un sentiment de culpabilité.

Tu étais déjà surpris par des réactions morbides suscitées par tes chansons. Peux-tu encore t'en étonner, lorsque tu commences cet album par quelque chose comme "Vois comme je vis mal" ?

Ca va sûrement amener de l'eau à leur moulin, mais je le ressens comme ça : je trouve que je vis mal, donc je le dis, c'est tout.

Est-il déjà un peu plus difficile d'écrire qu'avant ?

Non, j'ai tout de suite l'impression d'être une source infinie, que ça va couler tout le temps. Certaines chansons du Manteau ont été réglées dans la demi-journée. Je ne peux pas vivre sans faire des chansons. Alors que beaucoup assurent leur train de vie. Manset par exemple, ce n'est plus un besoin vital. Ça doit se tarir. Chez moi, tout ça se tarira et il faudra que j'aie alors le courage d'arrêter.

Ton image souffre de quelques collaborations... douteuses. Mylène Farmer dernièrement, qui t'a demandé de chanter en duo. Es-tu flatté ou gêné ?

Flatté. Je ne trouve rien de méprisable dans son succès. On m'a aussi demandé une chanson pour Johnny. En écoutant la maquette, les gens de son entourage m'ont dit "S'il n'y a pas de grosses guitares rock, pour Johnny ce ne sera pas une chanson". J'ai refusé et j'ai repris ma chanson. Je suis boulimique, ça ne remplit pas ma vie de faire des chansons uniquement pour moi. Et je suis un piètre interprète, mon job est plutôt de les écrire. En studio, le moment pénible est lorsque je dois chanter, je n'y prends pas de plaisir. Pour moi, le vrai chanteur c'est Sinatra, ou Johnny Mathis. Même s'il y a des gens qui chantent faux, sans beaucoup de voix et qui sont des interprètes sensationnels.

On sent d'ailleurs que tu as renoncé à être chanteur, pour n'être plus qu'interprète.

Avant, je poussais toujours la tonalité de chaque chanson au maximum, je braillais pendant trois minutes. Alors que maintenant, j'aime chanter comme à la maison, lorsque je ne fais pas trop de bruit et que je cherche. Chanter comme on parle, un peu comme le fait Cohen.

Sans le succès de Cheyenne autumn, ta trajectoire aurait elle été modifiée ?

Lorsque j'ai fait Cheyenne, j'en avais ras-le-bol, j'avais l'impression que c'était un dernier effort. Si ça n'avait pas marché, je pense que j'aurais fait autre chose. Je voulais partir de France. Quitte à arrêter la musique, il me semble. Avec Cheyenne, je me suis rendu compte que ce n'était pas très bon pour moi de faire des chansons, ça me ramenait toujours à moi. Et comme je me voyais toujours un peu en position d'échec, ce n'était pas sain. Avant, je ne savais plus trop où donner de la tête. Cheyenne était encore un album légèrement bicéphale, je mettais un peu d'eau dans mon vin sur certaines chansons, car je n'arrivais pas à intéresser des gens. Je partais à la pêche. Je faisais vraiment ce que j'avais à faire sur les autres, notamment sur celles composées juste avant l'enregistrement, comme L'Ange déchu, Le Venin ou 89. Ça m'a mis dans une voie qui est vraiment la mienne, et je suis arrivé fin prêt pour Le Manteau de pluie.

Ton succès lui aussi est bicéphale : crédibilité auprès des "spécialisés" et succès plus grand public.

Dans l'absolu, c'est l'idéal, mais c'est extrêmement dangereux. J'attends le retour de bâton. Avec les médias, il y a un côté quasi pornographique. A un moment, je vais être jeté comme un kleenex, dans la mesure où je me suis laissé pénétrer tranquillement par tous, des FM aux journaux spécialisés. A un moment, je vais payer. Mais je n'aurai pas tendance à me protéger, je suis prêt à tout. Non, surtout ne pas être frileux. J'ai le choix, mais je vais à l'accident le cœur léger.

PAUVRE CARRIOLE DÉGLINGUÉE

Un thème revient plus que jamais dans Le Manteau, la perte de goût. A quel moment s'en rend-on compte ?

Comme beaucoup de gens, je suis constamment en train de faire des efforts pour apprécier les choses. Dès que je me laisse aller, je n'apprécie rien. Rien ne me plaît, rien. Faire des efforts, c'est me lever tôt le matin, bouffer... C'est aussi essayer de rendre heureux les gens avec qui on vit, ne pas être un poids. Donc je ne vis pas très naturellement, je fais des efforts pour tout. Ce que je peux dire là est un peu exagéré, mais je me sens sursitaire. Déjà tout petit, j'étais comme ça, je crois. Comme s'il manquait définitivement quelques vrais bonheurs de bébé. Un déficit en bonheurs de bébé (rires)... Le danger est de s'apitoyer sur son sort, car c'est le lot de beaucoup. Simplement, ça ressort davantage chez moi car c'est mon terrain d'action.

Qu'est-ce que "l'âme de berger", dans Le Col de la Croix Morand ?

Je suppose que je parlais de la mienne (rires)... Je n'aime pas trop le terme paysan ou agriculteur, je ne connais que le nom de berger. Plutôt que de dire âme de paysan, je dis âme de berger. Là-haut, dans la montagne, il n'y avait que des troupeaux, donc que des bergers.

Le Lien défait est, à la première écoute, la chanson la plus impressionnante de l'album, parce que la plus noire et résignée.

Chaque fois qu'on noue quelque chose, on sait que ça va se dénouer. J'ai fait beaucoup de chansons sur le lien serré, ou sur le nœud serré. On se plaint parce qu'on a l'impression que le nœud est trop serré et puis une fois que le lien est défait, on se sent toujours aussi malheureux.

Tu fais pourtant un effort pour tenir le nœud serré . notamment avec cette volonté farouche d'habiter dans l'Auvergne de tes ancêtres.

Ça, c'est le garde-fou. C'est une volonté de survie, chacun survit avec ses petites choses et moi, j'ai l'enfance. Une espèce de volonté ridicule de vivre ma vie comme j'ai vécu mon enfance. Comme beaucoup de gens, j'essaie de réaliser mes rêves d'enfance. Et souvent, c'est l'enfance elle-même. J'essaye de la retrouver. Tout en sachant, et c'est là que ça devient ridicule, que ça ne sert évidemment à rien. Je crois qu'ailleurs, je m'en sortirais aussi. Ma hantise est de me retrouver avec des valeurs réactionnaires. Ces valeurs de l'Occupation, le retour à la terre, l'agriculture, le monde paysan, être contre le monde industriel, contre les citadins, "On ne peut pas mentir avec la terre". Je sais que je porte tout ça et je m'en méfie. Déjà que je suis assez pour les jacqueries ou ces choses-là.... Je finirai comme je n'ai pas envie de finir. Une espèce d'écolo paysan qui bégaye "Les citadins, c'est de la merde". C'est une pulsion forte chez moi, donc je m'en méfie.

Qu'est-ce qui te fait peur ?

L'exclusion que ça amène. Tu vois bien comment je veux vivre, je n'ai pas envie d'avoir de voisins, d'être emmerdé, d'avoir l'horizon pollué par d'autres. J'ai envie d'avoir toute la vue, de voir perdurer les valeurs paysannes et ça, c'est assez dangereux car tu fais partie du monde, tu ne peux pas essayer obstinément de recréer ton enfance, tu es obligé de vivre au milieu des gens. Je pourrais très bien être citadin, je pourrais m'habituer à n'importe quelle situation. Rendre sa vie multiple, c'est quand même pas mal. Plutôt que d'être un monomaniaque. Je ne veux pas être toujours avec les mêmes rêves. Le monde paysan et la façon dont je voudrais vivre, c'est une douce illusion que je me fais. Ce n'est pas parce que j'aurai cinquante bêtes, trois mouflets, quatre chiens et cinquante hectares que tout ira comme sur des roulettes.

Tu parlais de la peur d'être réac. Plusieurs images illustrent le regret du passé : le paradis perdu, l'ange déchu, le monde disparu.

C'est perdu depuis longtemps. C'est le début de l'album : depuis qu'on a fait vraiment fonctionner notre cervelle, c'est la fin des haricots. Je ne trouve des satisfactions que dans les dernières petites choses qui me restent de l'animal. Etre un humain, je n'y vois que des inconvénients. La curiosité et le savoir m'ont apporté la tare fondamentale, comme à beaucoup de gens : le cynisme. La culture m'a rendu cynique. J'aimerais beaucoup être primaire, ne parler que par grognements et n'avoir que des émotions primaires. Me brûler au feu, me baigner dans l'eau, apprécier l'air, le vent et la chaleur et ne pas chercher midi à 14 h. J'ai l'impression d'être devenu une machine trop sophistiquée qui n'arrête pas de tomber en panne, qui ne peut pas vraiment fonctionner (rires)...

Et qui a trouvé comme seul moyen de s'en sortir le jeu et le cynisme, ces maladies mortelles qui tuent tout. Surtout être cynique, c'est le pire, la tare absolue.

N'est-il pas confortable de se laisser aller à son cynisme tout en le dénonçant ?

C'est difficile de se refaire. Comme dit Cohen, le seul truc est d'essayer d'y voir clair. "Did you ever go clear". Juste d'être propre, ou tenter d'être limpide sur le court terme. L'effort qu'on peut fournir sur une chanson ou sur de petites choses comme ça, c'est un effort pour la clarté dans la simplicité. Un effort de pureté. Ça ne fait pas passer tout le reste, mais après, tu deviens un peu comme moi, boulimique. Je fais des tonnes de chansons. Sur les deux premières années, lorsque j'ai commencé à faire des chansons, j'envoyais des cassettes à mon éditeur. Je n'ai aucune trace de toutes ces chansons. L'autre jour, il a dit à mon éditeur actuel qu'il en avait deux cent cinquante (rires)... Dont je n'ai pas le moindre souvenir. Dès que je suis tranquille, je fais facilement une chanson par jour. Quand je n'ai que ça à faire, c'est un enfer. Si je n'ai pas fait ma chanson dans la journée, je me sens sale. Comme si je n'étais pas allé courir, si je ne m'étais pas lavé ou si je n'étais pas allé aux chiottes. J'ai une chanson là-dessus, un de mes textes préférés, qui s'appelle 'On n'attend que ça' : les trois minutes trente qu'on passe toute sa vie à attendre pour trouver une trajectoire un peu limpide. Un instant de clarté.

Ton cynisme, qu'a-t-il comme cible principale ?

Moi-même et, par conséquence, un peu tout le monde. Je suis quand même extrêmement sévère avec moi et avec mes chansons. Je suis toujours le premier étonné qu'une de mes chansons puisse plaire. Peut être qu'il y a un peu de complaisance là-dedans, mais sincèrement, je trouve que je suis un pauvre gars... Je me fais pitié, quoi. Heureusement que je ne m'appelle pas par mon propre nom, ça m'aide. Souvent, je me dis "Mon pauvre Murat, tu me fais pitié"... Pitié d'avoir peur, peur de vieillir, de vouloir faire le malin en faisant des chansons, de vouloir gagner quatre sous, de vivre différemment, de faire du sport pour m'entretenir, d'avoir mal aux dents, de faire de la sinusite, tout. Etre malade, ça me fait pitié, ça me dégoûte. Je me vois comme un vieil engin pour lequel j'ai un peu de sympathie... Mais je me dis que vraiment...Pauvre carriole pourrave. Et l'esprit pareil, je suis une vieille carriole déglinguée. Ça m'amuse d'autant plus de me voir essayer, en promo, en télé, de passer pour du neuf, alors que je me sens une vieille chose.

C'est donc l'orgueil suprême, c'est qu'on a une très haute opinion de soi.

Bien sûr, ce n'est que ça, une ambition, un orgueil démesurés. Comme à l'école, c'est le "peut mieux faire" qui tue. Avant, c'était les profs ; maintenant, c'est moi. Me voir en truc déglingué fait aussi partie du cynisme, c'est "pour qui tu te prends ?". Car pour penser de moi tout ce que je dis, mais pour qui je me prends ?! J'ai honte d'être uniquement un chanteur de variété, et pourtant je le suis à fond.

PLAISIR ET CHAGRIN SONT COUSINS GERMAINS

Où trouves-tu ton plaisir ?

Il n'y a que dans l'amour que tu peux prendre de la hauteur. Etre avec la fille que j'aime. Il n'y a que dans mon histoire avec Marie que je prends de la hauteur. Bien que ce soit extrêmement compliqué, qu'on ait chacun un caractère de cochon... Moi, je ne me sens vraiment bien que si je peux donner du plaisir à la fille que j'aime. C'est le seul moment où tu ne te poses pas de question, où tu ne te sens pas archi-déglingué. Ce sont des moments à saisir rapidement, parce que tu as toujours l'impression que le plaisir et le chagrin sont cousins germains, que tu prends toujours le plus grand plaisir dans l'antichambre de la mort. Tu es dans le plus grand bonheur, mais tu frôles le plus grand malheur. Parler du chagrin ou du plaisir, c'est un peu la même chose. Le Manteau, ce sont toutes des chansons de sexe, quand même (rires)...

Le même thème revient d'ailleurs systématiquement, sous des métaphores voisines : dans Infidèle, Corridor humide, Gorge profonde, "Les Entrailles vives", même dans Le Col de la Croix Morand.

Oui, quand je dis col de la Croix Morand, c'est vulgaire mais c'est le col de l'utérus, sans problème. Pour Corridor humide, j'étais en studio, j'avais cette nouvelle chanson et je me suis dit que j'allais la faire comme : ça, rapidement... Une fois terminée, je suis revenu en cabine, Marie et quelques copains m'ont dit "Elle est dégueulasse c'te chanson I" J'ai dit "Quoi, qu'est-ce qu'il y a de dégueulasse ?!" Sincèrement, il ne m'était jamais venu à l'esprit que le corridor humide puisse être une métaphore sexuelle. Je le promets, ça m'a vraiment échappé. L'image du corridor humide venait encore de Tarkovski, dans Le Stalker. Je voyais le petit enfant du Stalker passer un corridor, humide comme toujours dans les films de Tarkovski. Ensuite, je me suis rendu compte que lorsque je parle, dans L'Ephémère, de l'humidité chérie des femmes, ça m'échappait, que c'était comme le Corridor humide.

Cette chanson a choqué beaucoup, notamment les filles. En la matière, as tu des barrières ?

Ça ne me plairait pas de choquer une femme avec les paroles d'une chanson. Par contre, il y a des textes que je lis à ma façon, qui me paraissent très violents et vulgaires, alors que personne ne me dit rien, comme L'Infidèle (rires)... Pour moi, la grande intrigue, c'est le plaisir des femmes. J'ai l'impression que la seule fonction à peu près utile de l'homme, ou d'un mec comme moi, c'est de donner du plaisir à la femme, tout en restant totalement étranger à ce plaisir-là. Il me semble retrouver tout le mystère du monde, tout le mystère de nos vies, de la création. Tu es au cœur d'une femme et tu es au cœur du monde. Tu frôles la mort et le chagrin, malgré tout, tu es dans la joie et le plaisir. Mon plaisir, je m'en fous, c'est toujours le plaisir de l'autre qui est fondamental. Je suis à la fois émerveillé et intrigué. Rien de culturel là-dedans. Ça reste strictement animal, mais tu atteins le plus grand moment de spiritualité. Malgré tout, lorsqu'on voit des animaux s'envoyer en l'air, c'est magnifique, parfois beaucoup plus beau que deux grassouillets suants. Les danses d'amour, la fidélité... Conrad Lorenz par exemple, lorsqu'il étudiait ses couples d'oies : c'est à la vie à la mort, toute la vie le même couple sera toujours fidèle.
Si le mâle ou la femelle meurt, l'autre se laisse mourir.

Quand as-tu compris que c'était pour toi une question clé ?

J'ai toujours été fasciné par les filles, les femmes. Même avant que ça puisse être envisagé, sexuellement parlant. Même tout ce qui est féminin dans la nature, carrément (rires)... Tout ce qui est féminin me sidère. Evidemment, une vie ne suffit pas pour comprendre ne serait-ce qu'un peu ce qui se passe. J'y suis souvent allé en scientifique, en essayant de trouver ce qui se passe, ce qui nous échappe.

Les tout premiers sentiments, les tout premiers émois ont-ils été déterminants pour la suite ?

J'étais d'une fidélité absolue, j'ai eu un grand amour pendant très longtemps et il ne s'est jamais rien passé. Depuis tout petit, depuis la maternelle jusqu'à 14-15 ans. Il ne s'est jamais rien passé. Des fois, je me dis que je vis peut-être les autres histoires comme une espèce de dégradation, qu'en amour c'est ce que j'ai vécu de mieux, cet amour chaste. L'amour dans la chasteté, c'est vraiment fort. Quand tu es avec une fille, il y a souvent beaucoup plus à perdre qu'à gagner à s'envoyer en l'air. Et dans l'amour chaste, c'est trouver le plaisir ailleurs. Sinon, il y a une facilité : beaucoup de couples n'ont pas vraiment plaisir à être ensemble, sauf au pieu (rires)... Je me souviens de plaisirs tout cons, comme prendre la main de la fille qu'on aime. J'étais vraiment très romantique, des fleurs, des petits cadeaux, des heures passées à attendre sous une fenêtre, à rêvasser, à ne pas dormir la nuit, à ne pas manger pendant deux-trois jours, à apercevoir l'ombre, un pied, ou une chaussure, ou le cartable posé contre un mur, tout ça. Des choses qui me donnaient énormément de plaisir. Après, comme on va directement au but, il est difficile de régénérer tous ces plaisirs-là. Pour tout ça, je n'ai pas vieilli, je crois qu'on ne change jamais. Ce genre de fièvre, j'espère bien l'avoir jusqu'au dernier jour. C'est à peu près le seul plaisir (rires)... A part le foot et lire L'Equipe, les plaisirs y' en n'a pas à la pelle.

Tu es d'ailleurs passionné au point de te rendre sur place pour suivre les compétitions : la Coupe du monde, le tour de France, les 24 heures du Mans. Est-ce un simple moyen de tromper l'ennui ?

Ce sont des rêves d'enfance. J'ai tellement phantasmé sur tous les trucs de sport sans voir ce que c'était vraiment. C'est une façon d'aller au plus près de sa passion. Mais j'en retire à chaque fois de la déception. J'attends toujours la lune et comme évidemment je ne trouve jamais la lune, je fais toujours la tronche. C'est comme à Naples, lors de la Coupe du monde, au bout de trois jours j'ai dit "On se casse", je ne veux pas briser mes rêves sur ces réalités lourdingues. Le Tour de France, deux jours, ça suffit. C'est à la fois les rêves de l'enfance et un phantasme sur l'héroïsme. Pour moi, tous les sportifs sont des héros. C'est donc aller le plus près possible des héros, toucher le héros. Bernard Hinault, pour moi c'était tout, l'homme le plus génial du monde, et puis le rencontrer, discuter avec lui... Encore que c'est avec lui que j'ai été le moins déçu... Tu te dis "Ah bon, c'est ça..." C'est comme la fille la plus belle au monde, tu la vois le matin et tu te dis "Ah bon, elle pue... Elle pue, elle chie, la plus belle fille du monde,.." (Rires)... Entendre Platini dire "Pardon, où sont les toilettes", ça me dégoûterait (rires)... C'est la déception permanente.

Qu'est-ce qui ne te déçoit pas ?

L'instant où je fais les chansons. Un instant très bref et passager. Mais les seuls vrais instants où il n'y a pas de déception, c'est avec la nature et les animaux. Dans le disque, on se rend compte de tout ça : un lever de soleil, un souffle d'air frais, une fourmi, n'importe quoi, c'est l'émerveillement continuel. Avec les humains, c'est la déception continuelle, c'est le mystère insondable de la femme qui nous ruine la vie. Mais la nature ou les animaux, ça c'est extra, tu t'en lasses pas, tu parles... A part la nature, le reste c'est quand même des illusions. Même quand tu es avec la fille que tu aimes, tu peux te dire que c'est un putain de hasard de s'être trouvé là, ça aurait pu être un autre blaireau. Il n'y avait donc pas de quoi phantasmer là-dessus non plus. Quant au plaisir des disques, j'écoute d'abord par curiosité. Si je suis ému par un disque, j'aime bien comprendre pourquoi. Après, je peux vraiment avoir du plaisir. Les films, je n'aime que les vieux. Je trouve que, lorsque les acteurs et le réalisateur sont morts, c'est sensationnel, tu n'as pas d'horribles déceptions. Les actrices pourraient toutes mourir à 30 ans, on pourrait continuer à phantasmer... Gene Tierney, Daho l'a rencontrée, il paraît que c'est une grande déception... Au fait, Jean Rouch, vous ne l'avez pas rencontré ?! Parce qu'il y a des questions géniales à lui poser! Ils nous cassent les couilles avec leur world music et leurs machins, alors que Jean Rouch, lui, est allé très loin : Cocorico monsieur Poulet, c'est dans les cinq meilleurs films du monde, quand même! Sinon, l'actualité culturelle m'intéresse, normalement. Mais je me dis que le meilleur moyen de développer du mauvais goût, c'est de s'intéresser à l'actualité, notamment à l'actualité culturelle, En ce moment tout particulièrement. Les festivals d'été, Avignon, je ne supporte pas, je t'interdirais tout ça (rires)... Des moitiés de ringards qui ont eu des subventions pour amuser un peu les blaireaux qui sont partis en vacances en août, ça m'énerve. N'importe quel crétin qui monte Le Roi Lear mettant le Roi Lear en barboteuse avec une couche-culotte... Bon, faut pas que je me lance car mon côté réac va ressortir.

LE DÉGOÛT CHIC

Je m'ignore complètement, je ne sais absolument pas quel genre de zèbre je suis. Dès que je dis un truc, je pense le contraire. J'ai l'impression que dans mon esprit, l'eau et l'huile, c'est chacun son tour. Mon angoisse, c'est que les gens ne comprennent pas la contradiction. Ce qui implique des difficultés avec mon entourage.

Les chansons sont-elles entièrement honnêtes, contiennent-elles ces contradictions ? Ou y a-t-il là aussi une part de faux, de jeu ?

Le danger, c'est la complaisance, dans le choix des mots, choisir ce qu'il y a de plus joli dans le paysage. Comme je fais beaucoup de chansons, je saisis beaucoup de moments de ma vie intime. Sur la même sensation, j'ai souvent cinq ou six chansons, parmi lesquelles j'en choisis une. C'est comme si je travaillais au fusain, je n'arrête pas de faire des croquis, j'en choisis toujours un au dernier moment. En multipliant les chansons, j'évite sans doute le problème de la sincérité ou de la complaisance.

Eviter la complaisance, c'est aussi n'avoir absolument rien à cacher dans une chanson ?

Je découvre souvent deux ou trois ans après ce qu'il peut y avoir dans la chanson, ou une facette. L'image première qui sort de mes chansons est une image de moi qui me dégoûte.

Tu n'es pas tenté de cacher tout ça ?

Oh non, dans le dernier album, ça pue, quand même. Physiquement, moralement. Mentalité, choix de vie, destin. Destin pas palpitant. Je déteste me voir en photo : d'un seul coup, tu vois que tu ne ressembles à rien, que la vie que tu sens en toi n'existe pas. Que ta vraie vie est incommunicable. Comme si tu restais toujours étranger à toi-même. La chanson est une prothèse, une jambe de bois. Tu vis tes chansons avec l'illusion qu'elles vont t'aider à vivre ou à y voir un peu plus clair, mais en fait, elles t'enfoncent encore plus la tête sous l'eau. Je n'ai pas à m'en plaindre, je ne suis pas heureux mais je n'ai pas le souci de l'être.

Et s'il devait y avoir une seule chose à bannir de tes chansons ?

Je ne vois pas vraiment ce que je cache. Toute ma vie sentimentale, toute ma vie sexuelle, mon passé sont dans les chansons. Il suffit d'avoir la bonne clé pour y entrer. Cette espèce de dégoût chic est dans les chansons. Chic, car je connais beaucoup de gens qui auraient une flopée de raisons d'être dégoûtés de la vie, des gens simples qui galèrent mais qui ne sont pas en train de baver continuellement sur la vie. C'est donc une espèce de luxe que je peux me permettre. Si j'étais, comme ma ligne était tracée, plombier avec quatre mouflets sur les bras, en train de galérer, au chômage, là oui... J'ai parfois honte, lorsque je viens à Paris et que je vois tous ces gens malheureux dans la rue, moi je suis là avec mon petit malheur que je mets en 33t, je vends des disques en faisant des tronches de trois pieds de long sur les photos, je me dis "Arrête un peu ton char, pour qui tu te prends ? Regarde autour de toi", je me sens quand même ridicule. Donc c'est chic.

Enfant, tu étais déjà quelqu'un qui n'avait, apparemment, rien à cacher ?

J'étais très secret. Je suis d'un monde où tout était caché, enfermé dans des malles. Rien n'était au jour, les gens puaient la naphtaline. Le monde de la France profonde, paysan et auvergnat, le monde du secret, car beaucoup de choses ne se font pas. Ma mère me dit encore souvent que je lui fais honte lorsque je dis certaines choses. Je ne disais jamais rien, car lorsque tu racontais quelque chose d'intime, tu faisais honte à tes parents et à ta famille. J'ai voulu me sortir de ce sentiment de honte, tout dire. J'étais l'introverti type, c'est un gros effort de sortir tout ça, mais indispensable. Avant, j'étais une sorte d'individu bouché.

Tu aurais pu ne garder qu'un souvenir détestable de l'enfance. N'as-tu pas été tenté de la rejeter en bloc ?

Ce qui me retient encore à tout l'univers de l'enfance, c'est que j'ai été élevé par mon grand-père. Il était très silencieux, mais en lutte contre ce monde de l'hypocrisie, du mensonge et des silences de la campagne. Au milieu de toute cette famille, c'était un peu un artiste, silencieux, un sage. Qui buvait comme un trou, mais sage. Qui pouffait lorsqu'il y avait des hypocrisies, qui haussait les épaules, prenait sa casquette et sortait. Bien que je me souvienne aussi de moments où il n'était pas aussi clair que ça... Evidemment, il y avait les parents, tout ça, mais mon enfance c'est chez mes grands-parents et le rapport privilégié avec mon grand-père. Très souvent, j'y pense. Le film que j'ai tourné dans la chapelle de Roche-Charles, c'est pour lui.

Comment te considérait-on lorsque tu étais enfant ?

J'étais le bon élève type, mais de la campagne. Un peu bouseux, quoi. Je sortais plus tôt de l'école, pour aider aux foins. Ça m'a mis de suite à part, c'est de là que vient ma haine du citadin. Il n'y avait que l'amour des filles qui m'intéressait, j'étais le sentimental premier de la classe, qui ne parlait pas beaucoup. De l'enfance, je garde en moi une impression. Mais les individus, les objets, les lieux, je vomis tout ça. Il ne faut pas utiliser les souvenirs d'enfance plus que le parfum. Je ne peux pas m'asperger en permanence. Un peu derrière les lobes d'oreilles, pas plus (rires)... J'avais une sœur, mais avec la différence d'âge, nos souvenirs sont différents... Donc dans mon souvenir, je suis tout seul.

Ton seul rapport avec la culture était à l'école ?

Oui. Mais le gros déclic, c'est lorsque j'ai eu un Larousse à un Noël. Je garde d'ailleurs une culture Larousse, mosaïque, paraît-il (rires)... J'en ai gardé le défaut d'acheter des bouquins en permanence ; une maison avec une bibliothèque a toujours représenté pour moi le paradis. Chez nous il n'y en avait pas, j'avais le petit Larousse, la carte du Tour de France et ma grand-mère qui chantait "Mon Dieu que la montagne est belle". C'est très peu, ça fait pauvre, mais c'était pauvre. Il y avait huit vaches laitières... Mais à l'époque, je trouvais ça extra. A part le Larousse, j'ai lu très tard. J'aime les mots, les définitions. Comme beaucoup de gens à la campagne, ma vraie approche d'une certaine culture, très méprisée par les gens des villes, c'est le Jeu des 1000 F. Et puis en seconde, je me suis retrouvé à Clermont-Ferrand, complètement déraciné. Mes grands-parents avaient été obligés d'arrêter l'exploitation parce que ma grand-mère avait failli se tuer. Interne à Clermont-Ferrand, j'ai découvert autre chose. Un peu avant, un prof d'anglais m'avait filé des bouquins de Gide, j'allais souvent faire mes devoirs chez lui. Il me faisait écouter des disques de jazz et je n'en revenais pas. Car je ne connaissais rien à rien. Si je ne l'avais pas rencontré, j'étais foutu. Je n'avais jamais ouvert un bouquin, d'un seul coup lui m'a fait lire Les Caves du Vatican, en me l'expliquant. Je ne connaissais que la musique de fanfare, puisque je jouais dans l'harmonie municipale, et lui me faisait écouter Miles Davis et Charlie Parker. Au bahut, ça a été l'explosion. J'ai donné des quatre fers (rires)... J'étais fourré à la bibliothèque, je n'avais jamais assez de temps à l'étude, je lisais tout... Je suis allé voir le surgé pour lui demander une salle d'études pour moi, car je ne pouvais pas travailler avec tous ces gens autour de moi. Je suis devenu très ami avec un Américain de San Francisco. Je découvrais soudain tout, Dylan mais aussi Marcuse. C'était le branché avec le bouseux. En première, je trouvais qu'on n'avait rien à foutre, je me suis donc inscrit en candidat libre en terminale et j'ai fait les deux années en même temps, ce qui fait que j'ai passé le bac en sortant de première. C'était la boulimie.

En l'occurrence, la culture t'a sauvé. Comment a-t-elle commencé à te pourrir ?

Je me suis spécialisé dans tous les phénomènes culturels du moi. J'ai dû par exemple trop rester sur Gide. Je n'admirais que ceux qui étaient fascinés, intrigués, terrorisés ou désespérés par leur propre mécanique. Je me suis spécialisé dans les ouvrages techniques sur la mécanique humaine, qui me renvoyaient toujours à la mienne. Comme beaucoup d'adolescents, je croyais découvrir du flambant neuf, du brillant, un palais, je me suis retrouvé avec des ruines. C'est là qu'a été la cassure. Le bourdon ne m'a pas lâché à partir de ce moment-là de l'adolescence, tu penses être illimité. Les années passent et tu te rends compte que tu es limité, d'un seul coup l'élan est brisé. Tu te crois supersonique, tu te découvres coucou à hélice. La culture peut pourrir car elle te donne des illusions. Gide, sublimer le moi, se délecter de ses turpitudes. Faut vraiment être de la graine d'aristo, je pense à des gens comme Proust, ou être un enculé de bourge pour supporter ça.

LE COING ET LA POMME SAUVAGE

A quoi ressemble la ferme que tu habiteras dans quelques semaines ?

C'est une ferme auvergnate typique, parmi les dernières construites, vers 1914. Elle se trouve à l 200 mètres, en haut de la vallée d'Orcival, ancienne vallée des Ours. A vol d'oiseau, je suis à 3 ou 4 km de la terre des grand-parents. Je suis un peu effrayé maintenant d'avoir acheté ça. Maintenant que je l'ai, j'aimerais aller habiter ailleurs. C'est encore le vice de fonctionnement, le défaut majeur. Avoir envie de quelque chose, penser que ça comble, alors qu'en fait ça ne comble rien. Si je veux être honnête, il faut que je parte en courant... Parce que là-dedans, je vais en ressasser des trucs, c'est sûr. J'me vois déjà, tu parles, avec mes bottes, avec mon bérêt... Je vais faire un son et lumières de la vie campagnarde, c'est ridicule... C'est donc peut-être plutôt du caprice, cette baraque. La nature, je l'aime lorsqu'elle me manque. Je ne fonctionne vraiment que sur le manque et sur une satisfaction morbide dans le manque. Je n'aime pas trop être rassasié des choses. Habiter dans un appartement à Clermont-Ferrand, mais savoir qu'on peut y aller. Pour tout l'été, pendant cinq mois, j'ai loué un buron dans la montagne. Je n'y suis pas allé une fois. Savoir que je peux y aller me suffit. Le manque me suffit, c'est ce que je dis dans Le Mendiant (rires)...

Le tournage du court métrage à la chapelle de Roche-Charles, c'est un caprice ?

C'est typique de la boulimie. J'avais terminé ce putain d'album. J'avais avec l'enthousiasme une marge d'une dizaine de jours en rentrant du Tour de France, il fallait que je trouve quelque chose à faire. Sinon, Marie m'aurait emmené en vacances. Vu que je déteste ça, je devais me lancer dans quelque chose (rires)... Entre la décision et la dernière image, douze jours : ça me plaît beaucoup, opération commando. Je cherchais une chapelle totalement isolée en Auvergne. Roche-Charles était un endroit tellement retiré que même les Auvergnats ne le connaissent pas. Il n'y a qu'un pèlerinage tous les l 5 août, un paysan nous disait qu'il y a vingt ans ils étaient trois mille, maintenant ils se retrouvent à trente. Il n'existe pas de route, même pas de chemin, on a traîné tout le matériel, dont un groupe électrogène, à travers les champs. En trois jours, on a enregistré six morceaux dont quatre filmés live pour un court métrage.

Chanter dans cette chapelle, n'est-ce pas une manière un peu facile de convoquer de force les éléments dont tu rêvais comme thèmes de tes chansons : ta foi, l'âme, les anges, la grâce ?

Bien sûr, c'est une façon de me faciliter la tâche avec ces chansons-là. Un peu comme tu emmènerais ta copine se faire saper par Saint Laurent. Tu te dis qu'au moins, les sapes seront bien. Pour l'enregistrement, je me suis dit qu'au moins, Roche-Charles sera bien (rires)... Et puis ça fait longtemps que je veux faire une tournée gothique et une tournée romaine, dans des chapelles ou autres. Roche-Charles, c'est poser une première pierre de cette belle idée idiote.

L'âme, les anges, la grâce, la foi : ce sont juste des mots vaporeux ou correspondent-ils à une réalité plus palpable ?

Assez souvent, je crois. Ce serait une belle réussite de pouvoir attraper ce genre de virus, si une petite flammèche, quelque chose comme le Saint-Esprit, pouvait me tomber dessus. Donc c'est assez sincère, ce n'est pas une commodité, c'est ancré assez profondément en moi. Mais une foi rurale, campagnarde, primaire. Je crois en Dieu un peu comme je crois en les cerisiers, les fourmis, ou les bêtes à bon Dieu. J'envoie toujours des messages quand j'ai une bête à bon Dieu, pas toi ? (Rires)... En Auvergne, c'est l'intercesseur privilégié entre la terre et le ciel pour les enfants. Ce sont de petites bêtes qui ont une ligne directe avec le ciel, c'est extra. Ça et la marguerite, quand tu enlèves les pétales, un à un.

Ces mots sont-ils aussi un remède efficace contre le goût du désespoir ?

J'ai l'impression d'avoir un désespoir comme une bille d'acier, irréductible. Peut-être qu'une autre supercherie s'y ajoute. le fait de ne pas être heureux mais de ne pas avoir le souci de l'être. C'est une espèce de fatalité biologique. Au sortir de l'adolescence, tu te rends compte que le bonheur est la plus grande des illusions, mais aussi que tu ne peux rien faire contre ta biologie : de vrais défauts de fabrication, héréditaires. Du côté de ma grand-mère paternelle, je suis de toute une lignée de vrais mélancoliques, du soleil noir. De vrais migraineux. Je me demande donc bien par quel miracle je pourrais aller contre ça.
Dans les manifestations physiques, mon grand classique, c'est la migraine, comme beaucoup. Un Français sur trois est migraineux, ils vont quand même pas tous se jeter par la fenêtre. Je suis le patraque, Marie tient parfois la liste des maladies que je peux avoir sur une semaine. Je n'arrête pas de me bourrer de médicaments, j'ai toujours peur d'attraper quelque chose.

L'acquis ou l'héritage du désespoir est une chose. Le goût du désespoir, c'est une autre étape.

Le désespoir n'est pas toujours dégoûtant. Ça laisse souvent un goût amer... Mais toi qui aime aussi la rhubarbe, tu comprends. Ça ne me dérange pas de retourner régulièrement croquer du désespoir, ça fait vivre aussi. Ce n'est pas une chose satanique, qui brûle, destructrice. On ne peut pas être pour l'euthanasie de ce truc ultra-vivant en soi qu'est le désespoir. Mais lorsque sur cette base solide de désespoir, tu accumules les déceptions dans ce qui est marginal, dans les histoires d'amour et le reste... Comme une personne se jetterait à la mer parce que son costume trois-pièces est déchiré, parce que "C'est pas bien". Le drame n'est pas de partir, mais le chagrin d'incompréhension que tu laisses chez les gens qui t'entourent. En soi, se barrer c'est rien, mais il faudrait ne connaître personne, ou alors que les scientifiques donnent vite une pilule de l'oubli. Mais ce n'est pas un échec. Dans la rue, c'est plein de suicidés partout. C'est pire que d'arrêter les frais tout de suite.

As-tu frôlé ce sentiment ?

Oh oui, mais je n'aime pas trop en parler, ça fait con : "Moi, mon p'tit gars, j'peux t'en parler, je sais ce que c'est"... Mais ce n'est vraiment pas pour faire le mariole. Je crains toujours d'en parler, car les gens qui le lisent le comprennent ou l'interprètent très mal. Comme si ton désespoir justifiait de faire des conneries. Il ne faut surtout pas laisser penser ça, une connerie pareille te ruine une interview. J'en ai déjà bouffé avec "Suicidez-vous, le peuple est mort" et "La Gamine", ça m'a quand même échaudé, je dois faire gaffe à ce que je dis.

La folie peut-elle être un refuge ?

Régulièrement, dans la journée, je me rends compte que je sors de moi. Je suis dans une pièce, mais la vision que j'ai de moi, c'est du coin, en haut. Je me suis vu partir cinquante fois : le cœur qui ralentit et d'un seul coup, sortir de moi-même, me retourner, me regarder. Je dois me mettre devant la glace, me regarder, et je ne me reconnais pas. Je suis absent. Peut-être est-ce l'indice d'un léger dérèglement, mais bon, chacun se démerde avec les siens. Ce sont des choses dont je ne parle jamais, mais c'est parfois un vrai problème. Ça procure un gros chagrin, car tu ne te reconnais pas. Tu te vois pire que si c'était la première fois, bien pire. C'est triste car tu reconnais quelques petites choses. J'ai la sensation d'être une ruine, comme si j'avais passé vingt ans loin de ma maison, perdu la tête et qu'en revenant, je reconnaissais vaguement quelque chose, sans savoir quoi.

Tu as dit qu'enchanter ton mal était pour toi une nécessité. Peux-tu prendre un vrai plaisir à dire les choses dures en douceur ? C'est l'impression que donne l'album.

Le plaisir se trouve dans le fait de bien le dire dans la chanson. J'en fais beaucoup, je n'ai pas de plaisir dans celles que je ne garde pas. C'est un plaisir d'artisan qui vient si la chanson est réussie. Le vrai plaisir du Mendiant à Rio, par exemple... C'est idiot, mais ça ne me dérange pas d'être un idiot : je me souviens que je chialais comme une Madeleine dans le train. J'avais beaucoup de mal à estimer si c'était un apitoiement sur moi-même et une vraie douleur, ou si c'était de satisfaction, de joie, de dire "Chapeau, mon gars, pas mal celle-là". C'est toujours dans cette marge indéfinissable. Est-ce qu'on pleure sur soi, de désespoir, ou est-ce des larmes de joie parce que la chanson est réussie ?

Pour l'auditeur, c'est un plaisir très jouissif d'écouter les choses dures dites en douceur.

C'est ce mélange que j'aime aussi. C'est de la rhubarbe et de l'abricot, du coing et de la pomme sauvage. Et ma foi, ça donne d'assez bonnes confitures de mélanger l'amer et le doux.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #vieilleries -archives-disques

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Publié le 12 Février 2015

J'ai commencé à écrire ma critique du livre de Sébastien Bataille aujourd'hui. Ça sera sans doute assez long pour en venir à bout si je veux être exhaustif. Par contre, il n'y aura pas de deuxième interview car je ne sais pas quelles questions lui poser. Le blog lui reste néanmoins ouvert s'il le souhaite, même si pour l'instant, il n'a pas souhaité répondre à mon article sur les éléments à charge du livre.

Je me suis donc posé la question de savoir ce que je devais faire de l'actualité autour de ce livre. Vu que je commente les articles là où ils paraissent pour y faire entendre mon son de cloche, parfois en disant que ce blog a toujours été un lieu d'expression sans censure sur tout ce qui concerne Murat, je me suis donc décidé à relayer.

 

La semaine dernière, c'était gala, voici, chartsinfrance... et autres sites peoples qui s'offraient sur le net un buzz facile.

Seule la chronique de Baptiste Vignol parlait véritablement du livre avec un regard bienveillant (pointant malgré tout une  "erreur grossière").

Ce jour, c'est Michel Kemper qui chronique le livre sur son blog. Cet ancien de Chorus n'aime guère l'homme Murat, le concert à Unieux (42) nous avait déjà fait débattre. Il apprécie donc certains éléments du livre. A vrai dire : l'interview de JB HEBEY seulement (oubliant les propos plus amènes de Sheller ou de Charlélie) censée nous défriser... (je crains que les fans de Murat soient blindés!!).

Peut-être que Michel Kemper a-t-il aussi voulu défendre une biographie non autorisée d'un journaliste de province qui se confronterait au parisianisme et aux grand médias? En effet, la biographie sur LAVILLIERS de Michel Kemper n'a pas fait le bruit qu'elle aurait dû faire... Mais le fait est que son livre à lui s'appuyait sur une vraie enquête, avec des éléments probants et conséquents (le procès que certains éditeurs ont craint n'a pas eu lieu preuve du sérieux de l'entreprise).

 

 

Voici l'article:

http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2015/02/11/murat-la-biographie-dossier-qui-fait-coup-de-boule/

 

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Et pour l'anecdote, Laurent Gerra, fatigué... qui dit que Murat a sorti un bouquin...

http://www.rtl.fr/actu/politique/laurent-gerra-imitant-fabrice-luchini-m-pokora-a-dit-7776555355

 

 

LE LIEN EN PLUS:

 

Un concours pour gagner le livre sur un site culinaire : http://decouverteslecture.blogspot.fr/2015/02/concours-gagnez-le-livre-jean-louis-murat-coups-de-tete.html

Il n'est pas précisé que l'auteur du blog (beaucoup plus lu que le mien) est cité à plusieurs reprises dans le livre sous le nom de Majeur...

 

Moi aussi, je fais de la pub pour mes amis:

 

SOIREE LIVRE UNPLUGGED JEAN-LOUIS MURAT, samedi 21 février, à La Bellevilloise.

Gratuit.  15 reprises de Jean-Louis Murat, un véritable choc, une bombe de soirée!

 

LE 2e LIEN EN PLUS:

Murat absent des Victoires.... Les blogueurs le remarquent, notamment:

http://chansonfrancaise.blogs.sudouest.fr/archive/2015/02/10/victoires-de-la-musique-1032783.html

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 8 Février 2015

(archive)
(archive)

C'était donc le 7 février, un samedi soir, en banlieue... Gaël Rakotondrabe était de retour... mais c'est Murat qui disait être malade. Ça ne s'est pas vu...

Merci à LAETITIA pour le comte-rendu:

Petite salle assez formidable, pas pleine du tout (ah ces parisiens qui se déplacent pas en banlieue...)
Set list éprouvée qui démarre, Jean louis met un petit temps à chauffer la salle mais très vite l'ambiance est chouette... Il remercie à chaque chanson. Et puis soudain c'est le drame, il nous explique qu'il est malade (on a chaud, on a froid, on dort n'importe où...) et nous annonce que c'est la dernière chanson. A peu près vers le Col de Diane... Il s'est fait livrée une boisson sur scène et puis finalement il a continué coûte que coûte.... Il a même fait une blague sur les chansons d'amour, parodiant un que je t'aime très drôle et expliquant que Passions tristes est sa chanson la plus misogyne (que Waterloo je m'en fiche est une contrepèterie, bon, j'ai honte, chuis nulle, je la vois pas, amis muratiens, si vous avez le décodeur...) et qu'en tournée, il parle de ses textes avec les musiciens, il regardait Gael qui visiblement essaye de ne mieux comprendre la plume du poète.
Sous nos acclamations, il a enchaîné en disant qu'on en voulait pour notre argent. "Toujours plus. Mais la révolution commencera avec un toujours moins. Et elle commencera ce soir..." Mais il a continué quand même. Et franchement, il n'aurait pas dit qu'il était malade, je n'aurais pas fait la différence avec d'autres concerts...
Du coup, l'ambiance était chouette, drôle, pas ronchonne, même quand il disait qu'il n'avait pas envie de chanter, qu'il aurait aimé aller se coucher.
Les musiciens étaient formidables. Un concert vraiment d'une grande qualité... Il a demandé aux musiciens de faire "les beegees" pour le rappel... et à la fin de qu'est ce qu'au fond du coeur il a chanté "Je veux aller faire dodo, il faudra revenir".
Pas de dédicace... Gloups ma fille (qui me dit qu'elle est un peu amoureuse de Murat, à 5 ans...) avait fait un joli dessin.
Il a rais
on faudra revenir ;.)

LE LIEN EN PLUS:

Ouest-France annonce le mythos:   Deux soirs de suite pour MURAT

http://www.ouest-france.fr/mythos-rennes-murat-arthur-h-miossec-laffiche-du-festival-3171102

 

Enfin, UNE DATE A PARIS a été ajouté! Je n'en avais pas parlé encore:

13 avril 2015 / Le Palace - Paris (75)

Une très belle salle, plutôt théâtre:

 

 

Concert de Murat à NOISIEL

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 7 Février 2015

Jean-Louis Murat, concert à Strasbourg

Dans une très belle église de Strasbourg, près de l'eau de la rivière, Jean-Louis a donc donné ce vendredi un concert pour ouvrir la quinzaine commerciale "mon amour mon coeur": "Strasbourg Romantique"... une bonne idée pour faire venir les touristes hors période de marché de Noël.

Chris était absent car il avait une petite sauterie de rien du tout aux Etats-Unis... les Grammy (en live ici dans une heure...si ça marche à l'internationale)! Il était remplacé pour le week-end par Matthieu des DELANO mais la surprise via Twitter fut de voir l'absence aussi du clavier! Il était malade, un concert plus qu'un autre particulier donc.

Pas de quoi faire peur à un Murat... mais tout de même... surtout qu'en ouverture, discours d'élus pour inaugurer la quinzaine. Murat a été sympa avec eux.

Set liste BABEL comme précédemment.

Voici quelques images... en attendant les commentaires....

PS "rions un peu" : sur twitter, une dame criait au blasphème parce qu'un gaucho chante dans une église! Elle me certifie qu'il a soutenu Hollande en 2007... Enfin, soit, y'a des gens avec lesquelles il ne vaut mieux pas discuter.

de Minivip (twitter)

de Minivip (twitter)

Jean-Louis Murat, concert à Strasbourg

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 6 Février 2015

Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)

La journée Murat a commencé à l'hôtel que je quittais fort tard. Au check-off, Murat me tapote le ventre : "vous ne rentrez pas en Allemagne?"... "Pas encore, demain". Je les laisse au parking... dans l'attente du "Jackson Richardson des claviers" ;.). Cela n'a pas dû les empêcher d'arriver avant moi : je galère pour sortir de Bruxelles et trouver le ring, puis je choisis de prendre une nationale pour faire un peu de tourisme. Sous la pluie. Sous la pluie.

Et encore dessous. Et finalement tourné et retourné autour de Mons, pour dénicher l'auberge de jeunesse: Mons, ce n'est pas immense, mais tout en sens unique, sur pavés, et le ring, en sens unique également.. et j'ai dû en faire 7/8 fois le tour le temps de trouver la sortie (qui se trouve parfois à gauche, au centre, ou à droite) et prendre la bonne contre-allée... et trouver la rue qui monte vers le Beffroi. Oui, j'ai pas de GPS, bon ça va... Vive l'aventure moderne! Et en plus, même pas de téléphone, je suis un warrior!

Enfin soit, il pleuvait encore quand je suis arrivé. Petite inspection des environs tout de même... Ah, l'hébergement est cette fois assez loin de l'hôtel... faudra marcher 5 minutes! et traverser la Grande Place. On est en Belgique, il y a une grande place. 2°. ll fait bef-froi.

Je rentre à l'auberge finaliser ma bafouille sur la soirée de la veille (le travail avant tout, vous me connaissez)... et m'assurer que je pourrais voir la finale de handball. Yes! (Un montpelliérain se joint à moi. En tant que supporter de Chambéry, je prends sur moi. Unité nationale).

Du suspens mais pas un grand match (ni une grand championnat du monde - la France n'était pas à son meilleur, et aucune autre équipe...) mais on prend quand même. J'étais à Bercy le jour de la finale en 2001, et ce but d'Anquetil de folie... Ah, dans quel état on était.. Enfin soit.

Je vous raconte ma vie (suite).

Passage par la frite. Une grande svp. Pour 3.5 euros. Il m'en sert un demi-kg voir plus. Oups... C'est vraiment "grand"... Il était où le clochard qui faisait la quête? Parti à l'instant... La moitié part donc à la poubelle... alors que je vois que les portes de l'Alhambra se sont déjà ouvertes.

Et au fait, j'oubliais: Il pleut. Donc, il se trouve qu'on est mieux au chaud.

A l'accueil, on nous demande si on est invité par Delta ou je ne sais quoi. Concert "privatisé" par une entreprise locale? Ce qui expliquerait le sold out (bon, la liste des invités de l'entreprise ne semble pas immense, mais on connait le problème notamment aux Nuits de Fourvière)... J'irai interroger le tourneur si je le vois...

Belle surprise cette salle au cœur de la vieille ville. Style ancien cinéma, avec un balcon, une scène cosy, et jauge pas si petite. Je préfère nettement celle-ci au botanique et ce grand espace tout en largeur.

Comme prévu, je m'installe devant... où me rejoint Marc et compagnie, connu hier. Merci à lui pour son accueil. On reconnaitra dans la salle quelques personnes ayant fait les deux dates. C'était un vrai plaisir d'être au milieu des belges et de les entendre discuter et rire. Dépaysant accent. On souligne ensemble la chance qu'ont les fans belges de pouvoir voir Murat plusieurs fois par tournée, avec des déplacements ne dépassant pas 2 heures.

La première partie est assez différente d'hier. Elle est cette fois sans bonnet et sans lunette de soleil. Hier, c'était une "bonne surprise" selon la RTBF (cf article). Il joue en effet très bien et a une belle voix avec un beau timbre et du vibrato, mais réentendre deux jours de suite ces chansons lentes et tristes... Je m'amuse néanmoins d'entendre les wallons autour de moi ironiser sur le niveau plutôt faible en français du chanteur flamand, qui du coup préfère parler anglais. En tout cas, c'est toujours lui qui est programmé avec Murat à LIEGE! Surprenant.

Je crève de soif... Riche idée ces frites... Au moins, je ne suis pas perturbé par ma vessie... même si je regarde avec envie durant tout le concert, les musiciens boire leur bouteille d'eau. (Merci Marc pour le verre. Tu m'a sauvé la soirée). Un verre jaunâtre Danielesque, accompagné d'un red bull, a été posé au pied de Jean-louis (recette adoptée par JP NATAF) mais il ne sera pas vidé.

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Et.... go. (je vais tenter de comparer le concert de ce soir à celui de la veille dont je n'ai pas parlé en détail dans mon compte-rendu express à lire ici).

Pas de très longue intro pour commencer comme hier, Murat part tout de suite sur un couplet alors que l'orchestre monte doucement... mais on a droit à un grand pont ensuite. De suite, les perceptions par rapport à hier sont différentes: on a l'ampli de la guitare devant, le clavier juste à côté... Par contre, pour entendre la voix, ce n'est pas la meilleure place: les baffles de retour scène sont dirigé vers Jean-Louis et celles de la salle bien sur le côté. Les éclairages par derrière sont souvent gênants, et on me disait hier que certains se plaignaient de mal voir Jean-Louis... Marc me disait qu'il valait mieux ça plutôt qu'il porte des lunettes comme sur la tournée Toboggan!

Alors, oui, c'est CHANT SOVIET... et c'est une bonne idée d'ouverture... La chanson n'est pas endiablée, mais effectivement, ça groove. Le morceau reste construit autour des quelques notes de trompettes de l'album, jouées à l'orgue et appuyées par la rythmique. Le passage au refrain est très réussi. Christopher Thomas s'éclate déjà.

Puis "j'ai fréquenté la beauté"... sur un rythme très enlevé, qui empêche Murat de lambiner au chant. Ça se termine encore plus vite sur un joli pont. La version reste néanmoins plus longue que sur le disque... 4 minutes. Je n'ai pas remarqué de différence notable avec la version de Bruxelles (plus courte), cela reste assez fidèle à l'album. Très chouette batterie marquant la fin du refrain (l'orgue remplace certes beaucoup le violoncelle et la trompette des Delano mais je remarque également la nouvelle place de la batterie).

On reste sur un rythme enlevé sur un "blues du cygne". Murat dans une émission récente a demandé de diffuser le titre avec une vitesse plus élevée... Là, on a encore changé de braquet! Intro d'une petite minute avec la gimmick de guitare d'Alexandre joué par Gaël au clavier. Les choeurs (ouhouhouh) sont assurés par Chris qui tape également dans ses mains sur la fin du refrain. Très réussi (c'est un petit rien, mais c'est une respiration dans l'arrangement récurrent guitare, clavier, rythmique, de tout le concert, même si Chris alterne entre contrebasse et basse électrique, et Gaël différents sons de clavier. Tiens, j'y repense: hier, Chris avait fait du tambourin sur un titre, mais pas ce soir ). Chouette séquence musicale au milieu du titre, avec Gaël. C'est tellement joué vite que le morceau ne dépasse guère les 6 minutes, malgré les ponts musicaux. Maitrise totale.

Comme à Bruxelles, le début du concert est parfait.

Comment va se négocier le passage au plus calme?

Çà sera avec la CHEVRE ALPESTRE. Murat débute seule et est rejoint par la contrebasse jouée à l'archet. Le petit pont musical est accompagné par quelques notes de "grand piano". J'aime bien ce titre, une énième chanson autoportrait. Là encore, je trouve cela parfait musicalement, ça coule... D'une coolitude parfaite (le titre est juste rallongé d'une petite minute par rapport à l'album).

"Alors vous allez bien les Montois? et les montoises?" Et Jean-Louis de rigoler sur ce nom...

Et on part sur les RONCES.

Le son du clavier donne un aspect crépusculaire au morceau, comme la basse et la batterie, une belle gravité, on a l'impression de ressentir le temps qui s'écoule, les taillis envahir les champs fertiles. Pas de prolongation inutile encore une fois (à la différence des versions estivales). La vieille, Gaël avait je pense joué un peu différent sur du piano un peu jazz, scherzando mais tempo giusto (euh...) et Jean-Louis, un peu plus crié. A vrai dire, à ce stade, je ne comprends pas ce qui m'a gêné hier, mais j'avais souligné que le début du concert m'avait plu.

30 minutes de concert, déjà pas mal de titres...

Hier, Murat avait fait sa "pause bonjour" là (poussé par le public - "dès que je dis bonjour, ça me sort du concert"-) et je présente les musiciens... pas ce soir. Mais voilà l'orage. Il pleut au Chavanon. Mujabe rib

Le titre avait fini par un peu m'ennuyer par le passé (malgré la claque de la première écoute au Koloko), malgré l'accélération sur le refrain très plaisant... Le retour aux couplets plus calmes et lancinants est difficile. Bon, là, les refrains et les accélérations sont tellement bien que ça passe comme une "saint-Feullien dans la bouche du pellerin" (dicton belge très ancien que je viens d'inventer),surtout quand on se trouve au cœur de l'orchestre, comme je l'étais. Ça pulse... Et le final est une tornade, et Jean-Louis Murat se lâche: Romi, Romi.... Version de 10 minutes ce soir, et je pense qu'on a la plus belle ovation finale par le public depuis le début du concert. Quant à mes impressions de la veille, sur ce titre, encore, elles ne se confirment pas: on ne peut pas soutenir que ça ait été beaucoup moins rock à Bruxelles, peut-être à part sur le final, avec un Jean-Louis plus poussé par le groupe que par la guitare.

Retour au calme: Vallée des merveilles.

Murat presque solo, avec quelques notes de basse de temps en temps... avant que sur le refrain le reste du groupe n'arrive. Pas de doute, le Murat "balladeur" est là. On entend là encore l'importance que prend la rythmique sans violon et trompette. Stéphane assure le tempo et la "tructure"... et c'est peut-être plus rythmé qu'hier...mais un peu moins long.

Jean-Louis siffle quelques notes... et se lance sur "Neige et pluie au Sancy".. à Mons, avec une intro très longue, et presque boogie ou bien?, avec encore, une rythmique implacable alors que Gaël ponctue plus librement la chanson. C'est une version "play it loud". Avec encore, un bon pont musical, où le clavier est extra. Une version qui dure cette fois plus du double que la version album. Là, encore, la version d'hier me semble assez proche dans sa construction et son idée même si la longue intro est assez différente, comme le jeu de guitare.

Petite respiration le temps de régler la guitare "sorry men, sorry...". "comment ça va les garçons? arrive du public - ça va fort"... Et Murat de vanner un peu Stéphane. "il est mûr, il est mûr comme une prune".

La chanson débute ainsi tout doucement et monte progressivement... COL DE DIANE.

La chanson ne me plait pas plus que ça... mais la version est belle: pour l'intro du soir et cette batterie très costaude sur le final! La version est rallongée par rapport à l'album mais point trop. Hier, Jean-Louis sifflotait, et c'était plus down tempo... moins enlevé. Maitre Capello: +1point... oh, ça vaut même +2 points pour MONS.

Et... je vais quand même le redire pour ceux qui ne suivent pas (je n'ai pas les noms mais vous ne perdez rien pour attendre quand même!) : Murat ne joue que du BABEL! Pas de petits morceaux du dernier album, de l'avant-dernier, pas une petite surprise, ni même un inédit, une chanson pour une BO de Masson: non. Rien que BABEL (faut dire que les "outcasts" -potentiels- de la session ont fini sur le double album). Il me semble que c'est la première fois que le set est ainsi (pas le temps de vérifier les archives du Lien défait mais le temps me manque). J'avais dit que la set-liste de la tournée toboggan était un peu redondante, avec du Grand Lièvre, certes excellent, mais déjà bien entendue... Alors, voilà, plus que jamais, Murat rechigne à replonger dans ses disques pour y piocher des surprises... Alors, oui, mieux vaut jouer que BABEL que de livrer un "au-delà" ou un "jim" comme à l'automne. Mais peut-être qu'avec le rodage du groupe, Murat décidera-t-il de rompre un ennui naissant?

Alors, puisque c'est BABEL.... Noyons-nous-y (ah, c'est joli comme tournure)... Et tant qu'à se noyer, faisons-le dans une belle eau minérale auvergnate. C'est "Noyade au Chambon" qui commence par un plongeon musical. Bon sang, faut se tremper la nuque avant!

Rythmique d'enfer... si bien que la version jouée ne dure pas plus longtemps sur l'album. Efficace. Là encore pas de différence notable avec Bruxelles selon moi. C'était très bien hier,et aussi rock, avec un Jean-Louis jouant de la guitare au milieu de la scène.

Et comme je l'ai dit pour Bruxelles, quel plaisir de regarder Chris à la basse, position de garde sur sa basse un pied en avant, qui vit le truc, et cherche à communiquer avec les autres... comme dans un quartet de jazz. Notamment Stéphane, qui parfois trop soucieux du tempo ne lève pas la tête. Parfois, il capte un peu Gaël... et me vient à l'esprit une image, comme dans une série américaine : Chris en Dieu ou Allah, jovial et volubile, et Gaël, en petit diablotin ou Djinn,peut-être du fait de son côté premier de la classe, et ses yeux perçants, et qui discuteraient sans cesse de la division du temps en mode ternaire ou binaire... Pour en revenir sur terre, pas d'erreur de casting... Bien joué, Marie Audigier me semble-t-il.

L'heure est passée, et c'est l'heure de la chanson d'amour. LA chanson d'amour. Hein! Parce que (histoire de faire un clin d'oeil à l'article précédent) le site Pulsomatic (de NANTES!) citait Dominique A en interviewant Jean-Louis (tournée Grand Lièvre) :

"Alors que Murat, à part dire qu’il aime les femmes – et ça, c’est le champion, on l’avait compris, merci ! Il a un peu le même problème que moi, en pire. C’est-à-dire qu’on ne sait vraiment pas de quoi il parle. Mais en permanence. » e
Pfff ! Ben, je ne sais pas, je ne comprends vraiment pas ce qu’il veut dire… Si je prends le dernier album, il y a une chanson qui s’appelle Rémi qui parle de la Résistance, une chanson sur 14/18, j’ai une chanson sur le cyclisme, le champion espagnol… Donc, sur le dernier album, non… Vu qu’on me l’a même fait remarquer, le fait que je n’ai pas de chanson d’amour qui s’adresserait spécialement aux femmes… Donc, ce qu’il dit, ça doit dater de longtemps !

Non, c’est tout récent…
Cette interview est récente ? Alors c’est qu’il n’écoute pas ce que je fais. Notamment les deux ou trois derniers albums, il n’y a quasiment pas de chansons d’amour. On ne peut pas dire que je sois un spécialiste du chant pour les femmes".

(d'ailleurs, sur wikipédia, j'ai ajouté il y a quelques jours: "En 2011, "Grand lièvre" est un peu boudé par certains critiques, mais le journal LE SOIR lui attribue le titre de "personnalité de l'année" pour ce disque. C'est le début d'un nouveau cycle d'écriture pour Murat plus centré sur l'histoire, la mémoire, et la transmission (il dit être soucieux de ce que ses enfants vont entendre), même si l'amour et la sexualité restent présents).

Fermons la parenthèse.


Instant "chanson d'amour", c'est "Tout m'attire". Version très longue par rapport au disque, où Murat sifflote. Pas un énorme coup de coeur... même si le refrain est charmant. Ça ne reste pas une composition exceptionnelle du compositeur de Murat, M. Bergheaud.

A MONS, ça a été la séquence présentation des musiciens... toujours qu'avec les prénoms (ce qui est un peu dommage, c'est habituel, mais je ne l'ai jamais dit je crois). Stéphane prend sa petite vanne, avec Jean-Louis se tournant vers lui et qui se met la main devant le visage, le pouce sur le nez (figure style "tralalalalère je t'ai eu").

Longue intro bien menée... pour les FRELONS. Je n'ai absolument pas pensé ce soir-là à Mons aux "hi hi hi" qui m'agacent parfois ... Peut-être du fait du tempo rapide (la version est là encore plus courte que celle du disque!). C'est direct et percutant. Quant à Bruxelles... bon, disons, que c'est à croire que j'avais décroché, voire un peu plus, que j'avais atterri sur la lune, et trouvé un Bed E.T. breakfast pour y dormir... J'étais plus dans le concert. Je m'étais retrouvé sur le côté, près de la sortie, ça rentrait et sortait... Grâce à Martial, je me dis quand même que la version MONS était plus aboutie, mais je ne peux pas vous dire pourquoi... Le fait est que Marc, je crois, a confirmé que l'ensemble de la soirée avait été plus engagé, et rock. Et on a quelques fois tapé dans nos mains, chanté sur le final. L'impression ressentie en fond de salle était bien moindre.

Voilà LONG JOHN. Un moment plus calme. Murat sifflote encore. Hier, je dormais. Là, je baille un peu. J'échange 1 Long John contre 25% d'un Pont Mirabeau, 0.2% d'un "examen d'un minuit"?

Allez, ça repart sur quelques accords de guitare impleccables (entre implacables et impeccables). Taintain tain... tain-tain tin... C'est "tendre violette"... oui, ça balance... je t'aime, un peu... non, c'est pas de la marguerite, c'est de la violette... Là, encore, peu de "floritures", pas d'interflora, direct. ... ET maintenant que vous me le dites, ou pas... Voilà une différence... Hier, c'était PASSIONS TRISTES qui a été joué... "je ne veux pas"... Et là, encore, ce n'est pas "à l'avantage" de mon ressenti : à Bruxelles, Jean-Louis nous avait livré une excellente prestation, avec une intro très rock... peut-être un chant un peu nonchalant par moment. Une des chansons "complexes" et excellentes de Babel.

Et à Mons, on y a eu droit à notre "PASSIONS TRISTES" aussi (donc un titre de plus)... et ça déchirait aussi... Dernier titre...

A 1h33 du début du concert, ils sont revenus sur scène... Intro lente...le clavier sonnant comme une harpe... ouh ouh ouh... On chante un peu mais c'est un peu timide... "QU'EST-CE QUE C'est? "... 1ere accélération courte... puis couplet lent... Je crois que c'est sur ce titre que Jean-Louis Murat jouant l'intro sur l'envie du moment indique aux musiciens : "on reste là-dessus"... Ce soir, ça sera donc livré ainsi... Et sur le coup, j'étais persuadé que la version de MONS était nettement meilleur qu'hier... On a chanté, Murat s'est mis à chanter "merci,merci merci" pour conclure le concert comme aux plus belles heures vécues à LA CIGALE. Et nous voilà à 1h45 de show, une durée plutôt généreuse. Très bon final même si ce n'est pas à la hauteur d'un jour du jaguar, ni même d'un extraordinaire voodoo.

Hier, Murat avait chanté deux vers "de la direction du Crest" a capella... pour finalement (peut-être à cause des cris de chien venant du public?) partir sur "qu'est-ce que ça veut dire"... avec un démarrage un peu long avant que le groupe ne le rejoigne... Le reste du morceau était nettement moins endiablé malgré une belle partie de guitare... plus foutraque et sans fièvre, même si le final est chouette... " de vos coeurs, là-bas"...

Très nettement, je dois dire que mes impressions données précédemment sur BRUXELLES me paraissent peu fondées... Peut-être qu'il fallait que je dépasse ma déception de cette set-liste, à moins qu'un petit degré d'implication moindre, des légers flottements, cette salle, m'aient gêné. Le fait est que je n'ai pas reçu le concert dans sa globalité de la même façon sur le moment...

Mais sur MONS, et lui donner quand même l'avantage, je n'ai pas retrouvé où se trouvait un des excellents moments : une petite "fight", "une battle" entre Murat à la fender, et Gaël qui faisait sortir de son clavier un son de guitare... peut-être sur "neige et pluie au Sancy", avec un plaisir visible de Jean-Louis. J'ai félicité Gaël à la fin du concert, qui me disait qu'il n'avait pas "osé" je crois la veille utiliser ce son. Je n'ai pas retrouvé le moment précis non plus où Jean-Louis avait fait une accolade à Chris, signe d'une petite alchimie supplémentaire.... Enfin, soit, à Mons, c'était un jour de plus, un jour en mieux... à en oublier que c'était un dimanche soir.

La soirée se termine par la même séance de dédicace que la veille, peut-être un peu moins chaleureuse, du fait d'un gros molosse se tenant derrière?, mais Murat reste accessible. Il me demande depuis quand je m'occupe de lui, et me conseille de changer. Je ne sais quoi répondre et me contente d'un "pas tout de suite"... J'intercepte le tourneur et l'interroge sur cette liste d'invités, et il élude un peu... mais il me dit qu'il y aura d'autres dates à l'automne! Never ending tour.

Dehors, il ne pleut plus. Mais c'est presque de la neige. Je retourne chercher mon appareil photo à l'auberge pour immortaliser plus encore cette nuit.

Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février) Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)
Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)
Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)
Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)

Leur Lady:

Et contre toute attente, n'en déplaise aux fans de Renaud, il faisait beau le lendemain sur Mons, un micro climat généré par je ne sais quelles bonnes ondes, alors que des voitures circulaient avec quelques centimètres de neige fraîche sur le toit... et que moi-même, je rencontrais des petites tempêtes en rentrant dans mes contrées d'outre-rhin à peine une heure après.

Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)
Jean-Louis Murat: DéMONStration  (Mons, 1er février)

Bon, ce fut donc un compte-rendu habituel pour un séjour un peu particulier puisque c'est la première fois que je voyais Murat en dehors de Rhône-Alpes (Auvergne!), et dans une capitale. Sur ce point, aucune raison de dévaloriser la province... et même si le public belge est sympa, peut-être un peu plus bruyant, là encore, pas de différence notable. J'avais dans l'idée de concurrencer Fred Plainelle dans le compte-rendu, mais l'idée n'est pas venue... esprit un peu accaparé par l'actualité. J'ai terminé d'écrire le plus gros à 3 heures du matin cette nuit... à l'aide d'une Saint-Feuillien triple blonde ramenée du plat périple..

Belgique à bientôt. On se revoit à LIEGE.

PS: Don't forget la soirée MURAT le 21 février. GRATUIT. LA BELLEVILLOISE. Une quinzaine de titres à écouter de Murat interprétés par des artistes de grand talent dont Marjolaine PIEMONT avant qu'elle ne se sorte son album enregistré par Edith FAMBUENA et bien sûr le grand BERTRAND LOUIS.

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 5 Février 2015

par F. LORIOU, "ami commun"
par F. LORIOU, "ami commun"

Beaucoup de fans de Murat à la lecture des articles d'hier sur le livre de Sébastien Bataille se demandaient ce qu'était venu faire DOMINIQUE A dans ce livre qui n'est apparu médiatiquement dans la presse people, sur le mode "buzz facile"?

J'ai donc réussi à contacter Dominique Ané qui m'a répondu avec sa gentillesse bien connue (certains l'ont côtoyé dans les concerts de Murat je crois).

Il a pris très grand soin de la rédaction du message quand je lui ai dis que je souhaitais le publier.

"Ecoutez, non, je vais vous décevoir, je ne regrette pas ma participation au fameux livre, ne serait-ce que parce que ça m'a permis de faire le point, de me libérer en quelque sorte vis à vis de mon rapport un peu compliqué à Murat. Après avoir écrit cette préface, je me suis senti soulagé. C'est bizarre, mais c'est ainsi. L'impression d'avoir dit les choses comme je les pensais, de payer mon dû artistique sans m'agenouiller vis à vis de quelqu'un qui me chie régulièrement dans les bottes par médias interposés.

Je comprends que la place sans doute un peu exagérée consacrée à JB Hebey soit source de polémique, surtout sans contrepoids, mais en dehors de ça, je trouve le livre bien écrit (ce qui, en matière de biographie musicale, n'est pas si fréquent), et pas spécialement partial. Je trouve que le cheminement personnel et artistique du bonhomme est bien retracé, et que le tour d'horizon de sa discographie est valorisant pour celle-ci, avec la part de subjectivité assumée (c'est bien le moins, vous me direz).

Après, à titre personnel, je peux être gêné que l'éditeur ait fait figurer sans me le demander mon nom sur la couverture, surtout si les gens ne devaient retenir que le côté "à charge" du bouquin : mais cet aspect ne me semble pas prédominant. Murat est excessif, ce livre s'en fait l'écho, et il est un peu logique qu'un livre qui le concerne suscite des réactions du même ordre. Je tiens à préciser que je n'avais pas lu le livre avant d'écrire la préface, de façon à la rédiger de façon la plus juste possible, indépendamment du contenu.

Voilà, Pierre, ma position sur la "question".

Bonne continuation à vous, et bonne soirée, ou journée,

Dominique"

Ecoutez, Dominique A, vous ne me décevez pas, même si préfacer un livre que l'on n'a pas lu me semble un risque important, surtout en se retrouvant avec le nom en couverture.

Votre préface est très bien, et j'ai indiqué ici comme nos propos étaient proches. Et en plus, vous y êtes très aimables de prendre votre part dans la supposée "animosité" entre vous.

Elle ajoute un épisode au feuilleton de vos déclarations sur Murat que j'ai parfois "mise en scène ou en avant" avec amusement, et toujours grand intérêt. J'approuve votre choix de revendiquer vos influences et vos estimes... et s'il y a un regret, c'est peut-être que vous n'ayez pas plus parlé de l'art de Murat dans votre texte.

Voici quelques extraits de votre propos:

" Je devais d'avoir trouvé ma voie, et ma voix, à Cheyenne Autumn; cet album m'avait parlé comme peu d'autres en français auparavant, et il m'avait glissé :" arrête de hurler"

"le nombre de réussites impressionne....S'en tenir à Cheyenn. A Vénus. A Dolorès. A Lilith. A Babel. Et à toutes les perles essaimées"... et de parler de quelques "inédits".

"et je replonge [...]. La beauté de ses chansons le permet".

préface. "Jean-Louis Murat, coups de tête", éditions carpentier, 5/02/2015

Nouvel album de Dominique A, 16 mars. merci au site officiel pour intermédiation: http://www.commentcertainsvivent.com/

NB:

Pensez à la soirée que je co-organise : SOIRE LIVRE UNPLUGGED MURAT à la Bellevilloise, samedi 21 Février. 15 titres live à écouter, les commentaires d'Olivier NUC, et j'espère de belles VIP, dont les nombreux fans!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 3 Février 2015

Sébastien Bataille qui me disait n'avoir rien de prévu niveau promo a quand même négocié avec PURE CHARTS l'exclusivité de son interview de JB HEBEY, le premier "producteur-éditeur" de Murat en 1981.... Cela a dû se faire à la dernière minute. Et il n'est question que de ça avec des titres racoleurs autour de vieilles déclarations de Murat... Dominique A regrettera-t-il de s'être associé à ce ramdam?   EDIT: Voir dans l'article suivant sa réponse en exclusivité

 

Vu qu'il y a un début de buzz autour de cette histoire, je fais tout de suite cet article, afin que ceux qui souhaitent via google avoir des compléments d'informations les trouvent.

 

1) Concernant HEBEY, dont une retranscription d'interview téléphonique de près de 10 pages figure dans le livre, on avait peu d'informations. Mais pourquoi doit-on prendre ses déclarations avec recul? (Bataille ne fait lui aucune enquête journalistique pour mettre en perspective ce portrait peu flatteur humainement dressé par Hebey). 

MICHEL ZACHA nous avait déjà éclairé et je lui ai demandé de réagir. Il ne fait pas partie du "cercle rouge" des amis de Murat, selon l'expression de Sébastien Bataille, donc pas d'intérêt dans l'histoire.

Voici donc ce qu'il nous disait en mars 2012 (il est curieux que Bataille ne l'évoque pas, puisque ça se trouvait facilement sur google (1ere ou 2e page):

 

Concernant Murat, un flot de questions: je n'avais pas tilté sur ce label "sumo"... un label mais qui ne faisait ni production, ni distribution? donc à peu près, rien?

ZAC: C'était justement le label qu'avait créé J.B. Hebey pour coincer Murat (contrat de cinq ans, édition et tout le bazar... sans aucune structure conséquente). En effet, il avait été l'un des premiers à avoir entre les mains le 45 tours "Suicidez-vous le peuple est mort ". Murat à l'époque ne connaissait rien au showbizz et mettra plusieurs années à s'en débarrasser.


- Constantin n'a pas joué de rôle à ce moment là ? Où bien était-il le supérieur de Dejacques?

ZAC: Dejacques qui était un free-lance arrivant en fin d'une longue carrière, et déjà malade, avait accepté la sécurité d'un poste de directeur de la production française salarié chez EMI. Constantin, lui, gérait les éditions. Ils faisaient partie de ces quelques rares personnes infiltrées dans les structures rigides du "métier" de la variété qui avaient de l'oreille, un véritable amour pour les créateurs et défendant véritablement les artistes sur le long terme.

Des alliés et des amis: En 1976 Le Directeur Artistique était Michel Poulain (Michel Bonnet Directeur général) qui, intelligemment, nous laissaient faire. EMI avait du blé à l'époque, car l'argent gagné avec les Beatles... ou Tino Rossi restait dans le secteur du disque et servait à produire de nouveaux talents et pas à engraisser des trust mondiaux. C'est justement grâce à ce système qu'on pu exister chez Pathé de gens aussi différents que Manset et Yves Duteil. l'intégralité de l'interview de ce grand personnage de la musique, ami de Desproges, Choron, Kent, Higelin.... :

http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-n-11-michel-zacha-101277868.html

 

 

Voici ce qu'il m'a écrit après la lecture des propos d'HEBEY, avec une anecdote sur Julien Clerc (ils ont joué HAIR ensemble).... :

"Décidément Jean-Bernard Hebey est un... !! Son interview pue. Ce mec n'a jamais rien compris au rock'n roll. C'est le show bizz dans toute son horreur, celui que j'ai fui toute ma vie, celui qui a tué mon ami Constantin. Ses critères de "réussite" sont d'une bêtise insondable. Du fric, un "arrangeur", des requins de studio payés à la séance, avec quart d'heure syndical et tout le toutim. Puisque Hebey parle de Julien Clerc, je me souviens d'une conversation, à la table du resto où allaient dîner les ingé-sons et les musiciens quand ils travaillaient aux studios d'EMI, Pont de Sèvre. Julien était en train d'enregistrer et son arrangeur, le célèbre Jean-Claude Petit a eu cette aparté qui résume tout: Si seulement Julien ne jouait pas du piano dans ses chansons… Beuurrk ! disais-je.

Un monde de "Professionnel" dont le seul but est de se faire le plus de fric possible en pressant le citron, pardon les "artistes". J'n'ai pas trop envie d'en rajouter.

La seule VÉRITÉ puisque moi, j'y étais, c'est que, pendant toute la durée de l'enregistrement des fameux 6 titres (Murat - Sévices amoureux - Cassis mouillé - Les hanches de daim - Les militaires - Le cuivre) au studio de Flexanville en 1982 avec Vincent Chambraud, et pendant les mixages au studio 2 d'EMI avec Claude Wagner, je n'ai JAMAIS VU Jean Bernard Hebey. Point barre.

Qui était mon directeur artistique avant de diriger l'artistique d'EMI ?: Claude Dejacques.

Qui était mon éditeur chez Pathé Marconi, avant de devenir mon ami et complice pendant des années ? Philippe Constantin. Et c'est donc Claude Dejacques et Philippe Constantin qui ont tout fait pour que Bergheaud se débarrasse de Hebey et de SUMO (même le nom du label est révélateur).

Qui était allé enregistrer en 1973 son deuxième album dans un nouveau studio complètement inconnu à l'époque, "The Manor" que venait d'ouvrir un autre inconnu: Richard Branson ?

Ma pomme !

Qui est-ce qui a créé, rue de Belleville, "Clouseau Music" en 1978, financé par… Richard Branson, dans le but de créer la première tête de pont "Virgin" à Paris: Philippe Constantin.

Ce n'est donc pas par hasard que Murat, avec son caractère de cochon et la réputation qui le précédait a été reçu et signé par Virgin, qui lui a laissé TOUTE SA LIBERTÉ ARTISTIQUE et ce, pendant des années et sans parler "fric"

La boucle est bouclée non ? et Hebey ferait bien lui aussi de la boucler. :-)

Le seul jugement impartial que porte Mr SUMO sur un de ses confrères, c'est quand il parle de ce faux ... de Philippe Manoeuvre ! Il faut dire que Jean Bernard Hebey est un connaisseur en la matière".

 

voilà... voilà...

Sur cette période, voici enfin le témoignage de Claude Dejacques, directeur artistique de Barbara, Gainsbourg et tant d'autres, dans son livre "Piégée, la chanson?"... Je vous en parlais en janvier 2012. Ce propos infirme en partie les dire de HEBEY sur la relation avec PATHE (page 43-44). Pour Dejacques, les "timorés", c'est les financiers de la Maison de disques... Rien à voir avec le soit-disant mauvais caractère de Murat, même si Dejacques pointe un léger manque de reconnaissance.

 

 

 

Jean-Bernard HEBEY et Jean-Louis MURAT, et BETTINA RHEIMS
Jean-Bernard HEBEY et Jean-Louis MURAT, et BETTINA RHEIMS

C'est Dejacques de PATHE/EMI qui s'est battu pour faire et sortir "Passions privées"....

Dans le livre, il cite encore Murat en fin de livre quand il fait la longue liste des artistes dont il a vu les contrats résiliés par ses supérieurs.

Plus d'infos sur ce grand Monsieur méconnu: http://www.surjeanlouismurat.com/article-dejacques-et-zacha-producteurs-de-murat-en-81-82-part-2-77790374.html

Et bien sûr, ces informations se trouvaient sur le net.

 

 

2) Dans le livre, il est affirmé que Murat aurait menti en déclarant qu'il s'était fait photographié par Bettina RHEIMS.

Dans libé, Murat disait effectivement à Bayon: «Jamais personne n'a réussi ! J'ai fait Mondino, Bettina Rheims, je vais faire Jeanloup Sieff. A chaque fois, c'est des catastrophes. Depuis que je suis petit, je ne me reconnais pas, personne ne me reconnaît.»

Avec Baptiste Vignol, nous étions sceptiques puisque le site MUSIKAFRANCE indiquait bien BETTINA RHEIMS comme auteur de la pochette de PASSIONS PRIVEES (et ça toujours dans les toutes premières pages de google). Bataille a ainsi produit sur son blog un courrier du site officiel de la photographe disant qu'il n'existait pas de portrait de MURAT par Bettina Rheims... sauf qu'il ne fallait pas leur parler de "portrait".

A mon tour, je les ai interrogé.. Voici la réponse:

 

"Concernant votre question, je vous confirme que Bettina a bien photographié Jean-Louis Murat vers 1984… et que cette séance a été utilisée pour la pochette du disque 'Passions privées'.

 

bien à vous,

Vanessa Mourot"

 

 

Sans commentaire. Pour le moment.

 

J'ai un compte-rendu d'un super bon concert à faire...

 

EDIT/  15 jours après cet article, Bataille a  demandé à "Bettina Rheims" de faire un communiqué officiel pour s'excuser du fait qu'ils auraient fait donner un mauvais élément à M. Bataille.Certes.... mais c'est un peu facile, et c'est surtout ne pas accepter de prendre sa part de responsabilité... En posant la bonne question (fruit d'une recherche google nécessitant une minute), J'AI EU LA BONNE REPONSE.  

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres

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Publié le 3 Février 2015

Parler ou ne pas parler d'un livre qu'on n'a pas lu? En faire la promotion? ... On a vu avec Houellebecq ce que ça pouvait donner... Ceci dit avec Houellebecq, le problème reste entier après l'avoir lu... puisqu'il semble qu'on y voit beaucoup de choses différentes. Ça sera peut-être aussi le cas pour le livre "COUPS DE TÊTE".... biographie non-autorisée sur Jean-Louis Murat.

On avait souvent exprimé ici le manque que l'on ressentait de l'absence de livre sur Murat... et j'ai bien sûr accueilli la nouvelle d'une sortie avec joie... Je suis rentré immédiatement en contact avec l'auteur afin de voir si je pouvais lui poser des questions et avoir le livre rapidement. Nous avons convenu que je lui poserai des questions avant lecture, puis après. A ce jour, je ne l'ai pas eu, alors que ceux qui l'ont commandé chez l'éditeur l'ont reçu dès la semaine dernière. Baptiste Vignol l'a reçu également... à la Réunion et a déjà écrit son billet. Sébastien Bataille me dit: "vous le recevrez le 2/02, donc avant la sortie", On est le 3, j'attends, mais le fait est qu'il n'a rien fait pour que je le reçoive rapidement, et puisse en dire quelque chose.  EDIT: Reçu ce jour le 4/02

J'ai quand même eu quelques éléments du livre, et ma méfiance s'est accrue, comme elle s'est accrue à la lecture des réponses de Bataille à mes questions.

Alors fallait-il parler du livre? publier cet entretien en l'état?

ICI, c'est un blog non officiel, et même si j'entretiens des rapports très courtois avec la Maison, la ligne éditoriale a toujours été claire: on parle de tout, même des choses qui fâchent : la récupération de l'extrême-droite, l'attaque d'Act Up, ou en retwittant les 140 signes méchants de certains...en se posant bien-sûr la question de ne pas faire de promotion des conneries non plus... Enfin, ce n'est pas toujours facile d'avancer parfaitement droit, mais ce qui m'a toujours rassuré, c'est que Murat lui-même n'a jamais fait l'économie d'un bad buzz. La fameuse peur du succès dont il est question dans le livre? Il est donc difficile de nous reprocher d'évoquer des éléments peu flatteurs! La victime est aussi le premier responsable (Je n'avais pas lu la préface de Dominique A avant d'écrire ces lignes... et nos propos sont proches). Bien sûr, il justifie parfois ce discours médiatique, comme une forme de résistance, une forme de sincérité (à l'envers ou totale), mais le fait est, que dans le grand cirque médiatique dont il participe, le résultat est là.

Ensuite, nous pensons que Jean-Louis Murat est une personne importante, et il n'est pas anormale que l'on s'intéresse à des éléments biographiques, et celui-ci n'en est pas avare non plus, accueillant les journalistes chez lui, laissant Bayon, proche parmi les proches, évoquer sa vésicule, parlant de ses enfants, de sa vie ou livrant un ou deux autoportraits par album ("la chèvre alpestre" pour le dernier en date)... Ce sont des éléments pour aussi appréhender son œuvre, pas indispensables peut-être, mais intéressantes.

Alors, bien sûr qu'on aurait préféré la participation de Jean-Louis au livre (mais à condition qu'il y ait aussi "enquête"). Bataille a semble-t-il tenté d'avoir des témoignages sur le terrain... et c'est une démarche qui ne me parait pas anormale. Il n'a pas eu grand chose et du coup, se rabat sans doute sur des propos dont on peut se poser la question du caractère diffamatoire,   de JB HEBEY,  sans faire une enquête derrière pour chercher la vérité. Il se contente de retranscrire ainsi une interview téléphonique où il semble donner toujours raison à JB : "votre témoignage apporte des éléments de réponses évidents", "c'est indéniable", "ah, oui, Toboggan sonne comme un recueil de démos", "il ne vend pas de disques" (juste au moment où Babel monte à des scores très très honorables : Bertrand Betsch disait sur mon fb : "Vous ne vous rendez pas compte que vendre 22 000 albums aujourd'hui c'est comme en vendre 220 000 il y a moins de dix ans. C'est juste énorme. Surtout pour quelque chose d'aussi pointue".

Cette façon de faire est d'autant plus dommage qu'il suffisait de s'appuyer sur ce modeste blog pour trouver un témoignage de cette époque, celui de ZACHA. Je l'ai fait réagir aux propos de HEBEY et je vous livrerai son témoignage prochainement ( A LIRE ICI).  Avec les fantômes de Claudes Dejacques et Philippe Constantin, des grands Messieurs, eux. 

 Alors, voilà...

Où veut-il en venir, me dîtes-vous? ou vous dîtes-vous à moi? ou en vous? Euh... Oui, je vous fais part de mes réflexions qui ont été nombreuses depuis 2 semaines... pour en arriver à la réponse à ma question ci-dessus... Devais-je publier l'entretien? J'ai décidé positivement. Le fait que ce ne soit pas très intéressant est déjà une information. Sa promotion sur le mode du "sensationnalisme" ne me parait pas à la hauteur du sujet... Et puis, certains sites (pure charts, téléstar relayant les propos les plus "acerbes" de Murat") viennent de faire des articles qui seront lus des centaines de fois plus que celui-ci. La machine est en marche (ça a déjà suscité des réactions du côté des soutiens de Renaud)... Il faut dire que le livre consacre 50 pages aux propos les plus "fracassants" de Murat (on peut en partie les retrouver gratuitement sur ce blog sans doute! ).

J'aimerais retenir la phrase de B. VIGNOL: "ce bouquin qui s'avale en deux heures ne devrait pas trop fâcher le chanteur tant il souligne la majesté d'une Œuvre «dont le nombre de réussites impressionne». Tant pis si c'est une grosse déception, si les "fans hard-core" n'y apprendront rien (110 pages de bio seulement, dont 10 sur Hebey, forcement...) et prendront ce livre comme "objet de collection" (comme le décevant -selon moi- Lesueur sur Manset)...

On reviendra plus longuement sur le livre, son contenu, et aussi sur ce qu'il n'y a pas... Sébastien semble-t-il est prêt à se justifier (il a apporté sur son blog par exemple un élément de réponse à B. Vignol qui a trouvé la première erreur factuel dans le livre, on verra prochainement qu'il s'agit bien d'une erreur) et j'espère qu'il tiendra son engagement de répondre à une deuxième série de questions ("nous", car si à la lecture, des questions vous viennent, vous pouvez me les communiquer).

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Sébastien Bataille est l'auteur de plusieurs livres, dont sur Téléphone, Raphaël, Indochine, et Duran Duran. Les avis des lecteurs sur ces livres (amazon) sont plutôt positifs, bien qu'ils soient parfois difficile de contenter les "fans spécialistes"! Il collabore actuellement à Causeur, et a participé au Dictionnaire du Rock d'Assayas (au côté de l'interviouvé ici : Benoit Laudier)

 

1) D'où est né ce livre? (un projet ancien? une commande?)

Après mon livre sur Duran Duran, sorti fin 2012 chez Fayard - et approuvé ensuite officiellement par le mythique groupe anglais -, je me suis dit que le seul artiste pour lequel j'aurais encore la force et l'envie de consacrer une biographie serait Jean-Louis Murat (que j'écoute depuis Cheyenne Autumn, époque où j'étais au lycée). L'idée a finalement pris forme l'année dernière, un peu avant la sortie du Nouveau Dictionnaire du Rock (auquel j'ai collaboré). Ce n'est donc pas une commande, ni un projet ancien.

2) ... Vous arrivez même à citer Duran Duran dans le livre... Vos goûts sont éclectiques pour avoir ainsi ce groupe au côté de Jean-Louis, non? Est-ce que vous voyez des éléments qui les rapprochent?

Je n'aime pas les étiquettes et les chapelles en matière de musique. J'écoute les disques avec mes oreilles, pas avec mon cerveau. Kafka écrivait : "Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous", j'attends la même chose d'une chanson, qu'elle soit signée Duran Duran, Jean-Louis Murat ou New Model Army. Un jour, un fan de ce groupe m'a dit : "On ne peut pas à la fois aimer Duran Duran et New Model Army, c'est impossible !". Je suis la preuve vivante que si. Ce genre d'individus se regarde aimer un groupe, un style musical, pour se trouver ou se façonner une identité ostentatoire, on n'est pas dans l'amour de la musique. Quant aux point communs entre Duran Duran et Jean-Louis Murat, hormis la qualité des textes (Simon Le Bon est un poète passionné de littérature), je dirais... leur côté "wild boys" peut-être ?

On va donc poursuivre la présentation en passant par les questions rituelles de l’inter-ViOUS ET MURAT

3) Vous écoutez donc Jean-Louis depuis Cheyenne… Quelle a été ensuite votre histoire avec lui ? (vous vous qualifiez de fan ? à écouter tout ? à collectionner les inédits ? à le voir en concert ? dans votre travail de journaliste (rencontre)?

Après Cheyenne, j’ai toujours suivi avec intérêt l’actualité musicale de Jean-Louis Murat, sans pour autant me considérer comme un fan. Par exemple, je ne me suis penché sur les inédits et faces B que pendant l’écriture du livre. Je l’ai vu 4-5 fois en concert et j’ai pu réaliser une interview de lui par mail à l’époque où j’écrivais pour Bakchich.

4)

- Votre album préféré ?

En ce moment, Tristan

- ah, pourquoi Tristan? Alors même que vous avez été très dure avec Toboggan (enregistré aussi chez lui, seul)...

J'aime le charme intemporel qui s'en dégage, de la première à la dernière seconde. C'est peut-être l'album le plus cohérent, le plus harmonieux de Murat. J'étais pourtant passé à côté à sa sortie, trouvant le single - "Tel est pris" - bien faiblard (et le clip trop "M6"). Et un jour, un miracle s'est produit. J'étais en voiture sous une pluie battante, tard le soir (il faisait nuit), avec l'autoradio allumé sur France Inter (le miracle n'est pas que j'écoutais France Inter). La station a diffusé au milieu du programme une chanson de Murat qui collait parfaitement au climat extérieur oppressant. Je ne la connaissais pas mais elle m'a complètement hypnotisé sur le coup : elle était géniale ! J'espérais que l'animateur annonce le titre à la fin. Et effectivement, il l'a dit : "Marlène" ! Forcément, j'ai acheté l'album dans la foulée, et je l'ai adoré.

- 3 chansons ? et pourquoi ?

« Qu’est-ce que ça veut dire », parce que, pour reprendre le titre du livre de Neal Cassady, c’est un truc très beau qui contient tout.

« Aimer », parce qu’il a l’air particulièrement sincère dessus.

« Baby Carni Bird », son « I Am the Walrus » à lui.

- On pourrait sans doute en trouver quelques autres… encore plus énigmatiques ! A propos de cette chanson, il a dit : « Mon seul problème est d'arrêter le flot d'images ».

Gardez-vous en mémoire un concert particulier ? un souvenir ? une anecdote ?

Oui, je garde un souvenir très particulier de deux concerts, j’en parle dans le livre (je préfère donc laisser la surprise aux lecteurs de la biographie).

- Et puisque vous êtes aussi auteur de chanson, est-ce qu’il y a une chanson que vous avez écrite qui vous évoque Murat ou qu’il vous a inspiré directement ?

Non, du tout. Pour ceux que ça intéresse, voici deux liens YouTube de chansons de mon ancien groupe Toi L’Héroïne : "Jeune veut pas", réalisée par Jean-Jacques Nyssen (compositeur de Clarika) et "Tu n'y penses pas vraiment", en duo avec Sylvie Hoarau (du groupe Brigitte).

5) Revenons-en au livre. Vous reproduisez dans le livre l’interview de 2009… et il n’y a donc pas eu d’entretien avec lui pour le livre. Est-ce que vous avez cherché au départ à avoir son accord ou au moins à l’interroger ? C’est sans doute assez frustrant de n’avoir pas pu le faire… même si c’est via des témoignages qu’on peut aller au-delà du « discours officiel » assez maitrisé (par exemple, sur la traversée du désert…) ?

Là, avec cette nouvelle question, on touche au point sensible du livre. Je ne peux pas répondre à cette question, les tenants et les aboutissants de ce que vous soulevez figurent bien évidemment dans le livre. Je peux dire une chose : j'ai contacté le maximum de personnes centrales dans la vie et l'oeuvre de Jean-Louis Murat, après l'avoir contacté lui et son entourage professionnel. Le résultat est là, surprenant, incroyable, déroutant, condensé dans plus de 200 pages. Sur la traversée du désert que vous évoquez, je promets en effet des révélations, qui ne plairont pas à tout le monde.

On ne s'étonnera pas, à la lecture du livre, qu'il n'y a jamais eu de biographie de Jean-Louis Murat avant.



6) Avec cette dernière phrase, vous voulez dire qu'il n'était pas possible d'écrire une biographie de Murat sans se fâcher avec lui? ou du moins le contredire?

En effet, et c'est un euphémisme de le dire, même si les intentions de départ étaient très éloignées de ce genre de considérations. Mais je précise tout de suite que ce n'est pas un livre à charge contre Murat (ni une hagiographie d'ailleurs).



7) A propos des témoignages, vous avez dévoilé quelques noms sur votre blog et en 4e de couverture, mais pourriez-vous nous dire quelles sont les 2 ou 3 personnes qui ont refusé que vous auriez vraiment aimé interroger? Je pensais peut-être à Bayon même s'il est peut-être trop proche de JLM...


Non, je n'ai aucun regret, le livre devait finalement exister comme ça et c'est très bien ainsi, j'en suis très heureux. Les gens qui l'ont lu dans le milieu me disent tous qu'il est "absolument incroyable" . Il faut croire que c'est une expérience de lecture. Avec un sujet comme Murat, il ne pouvait finalement pas en être autrement.



8) SIC...

Dernière question sur les sources, certaines ont-elles voulues rester anonymes?

- Du tout, mais j'ai veillé à préserver l'anonymat de certaines personnes.

 

Interview réalisée par mails du 20 au 27 janvier.

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"Contre-enquête" sur le livre:  http://www.surjeanlouismurat.com/2015/02/sortie-de-coup-de-tete.html

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #divers- liens-autres

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Publié le 2 Février 2015

C'n'était pas dans le Soir...
C'n'était pas dans le Soir...

At home... Zu hause... Et bien, malgré le temps, c'était un week-end sympathique, avec un

grand pied hier soir... Je vous raconte ça bientôt. En attendant, de l'ordre et de la discipline!

Edit: Mon compte-rendu à moi http://www.surjeanlouismurat.com/2015/01/inter-vious-et-murat-n-17-bertrand-louis-soiree-murat-du-21-fevrier.html

LES INFOS DU CONCERT DE SAMEDI!

- RTBF:

- http://www.rtbf.be/culture/musique/detail_jean-louis-murat-au-botanique-bruxelles-babel?id=8893451

La bonne humeur façon Jean-Louis

Après une attente un peu longue, voilà qu’arrive le quatuor du soir : batteur, claviériste et (contre) bassiste ne tarderont pas à dévoiler tout leur savoir-faire pour entourer un Murat visiblement bien disposé. C’est, en effet la question qui revient à chacun de ses concerts : dans quel état d’esprit allons nous retrouver l’artiste ? On se souvient notamment d’un concert à l’Ancienne Belgique où il s’était visiblement disputé avec ses musiciens et les avait congédiés, assurant seul le spectacle pendant plus d’une heure !

Rien de tout cela ici. Certes, il a fallu que le public réclame pour qu’il finisse par dire " Bonsoir " après plusieurs morceaux, prétextant que saluer la foule le déconcentrait. Mais tout le monde s’en est amusé. Et Jean-Louis, qui de profil ressemble à s’y méprendre à François Cluzet, a pu continuer à dérouler délicatement son dernier album.

Car tel est bien le principe de sa nouvelle tournée : puiser uniquement parmi les 20 titres de " BABEL " en leur insufflant le blues et le groove nécessaire. Outre des nouvelles chansons très réussies, ce sont, en effet, les musiciens qui furent les étoiles de la soirée. Plus lente ou plus saccadée, la rythmique est à chaque fois impeccable. Notre voisine de gauche et a pris un plaisir évident, prouvant que l’on peut passer deux heures à se trémousser allègrement sur du Murat !

Frustrations et temps morts en mode mineur

Aussi joli soit l’album, ce concept est tout de même un peu frustrant pour tous ceux qui, comme nous, auraient aimé retrouver quelques titres plus anciens, (" L’au-delà " nous a manqué, pour n’en citer qu’un !). Mais le voir empoigner sa gratte, dans un style qui mêle subtilement flegme et énergie, fait presque oublier l’absence des cuivres, pourtant très présents sur ce disque.

Un concert avec quelques moments creux mais musicalement très réussi, qui nous a fait "fréquenter la beauté ". Tout cela donne envie de se replonger dans sa discographie très fournie (un disque par an en moyenne !) Pas rancuniers, nous le ferons sans lui !

François Colinet

- LA LIBRE BELGIQUE:

- http://www.lalibre.be/culture/musique/murat-mais-pas-au-dela-54ce3ec935700d7522532ba0

Avec « Babel », son 15e album studio sorti en octobre 2014, Jean-Louis Murat est encore arrivé à étonner. « Babel », ce n'est rien moins qu'un double CD (20 chansons) où le chanteur et musicien français a convié le Delano Orchestra - des musiciens folk rock originaires d'Auvergne comme lui - à rehausser de cordes (violoncelle et banjo), cuivres (trompette) et vents (flûte) sa propre rythmique (guitare, basse, batterie).

Samedi, au Botanique de Bruxelles, dans une Orangerie affichant sold-out, le public sait que le Delano Orchestra ne sera pas de la fête. Difficile, pour des raisons budgétaires, de trimballer toute une clique de musiciens.

Murat débarque donc flanqué de trois acolytes. Deux nouvelles recrues – le solide Chris à la basse et le jeune Gaël aux claviers. Rescapé des mutations, le fidèle Stéphane Reynaud est à la batterie. Durant deux généreuses heures de concert, Murat ne puisera que dans son double dernier opus. Il y a de la matière, certes !, mais retravaillés sans cordes, cuivres et vents, les morceaux ne possèdent pas la même envergure. Sur « Babel », Murat célèbre sa région et ses habitants. Le titre de l'album renvoie d'ailleurs davantage à Saint-Babel, dans le Puy-de-Dôme, qu'au récit biblique. Mais les lieux peuvent n'être aussi que prétextes à sonder les profondeurs de l'âme. Ainsi de « Neige et pluie au Sancy », « Col de Diane », « Noyade au Chambon », développés en milieu de set. On aime la magnificence de la plume de Murat. Et la sensualité de sa voix est idoine pour ce genre de récit.

Quand le chanteur dont on sait les humeurs versatiles décide de s'arrêter quelque peu pour parler au public, cela donne : « La Belgique, c'est la meilleure partie de la France, après l'Auvergne bien sûr. Appelez-moi le fils de Vercingétorix ». Il arrive aussi que ce soit de la salle que provienne l'une ou l'autre diatribe. Ce soir-là ce fut un provocateur « C'est quoi, ce blues de merde! ». Murat fut-il piqué au vif? Toujours est-il que le morceau qui s'ensuivit, « Vallée des merveilles », se révéla de la plus belle consistance.

Même bruts de décoffrage, certains titres savent vivre de façon autonome. « Frelons d'Asie » et sa batterie tout en souplesse, « J'ai fréquenté la beauté » et son orgue vintage (une constance, car présent sur pas mal d'autres chansons).

Cela n'empêche, porté par un « Babel » d'une riche et subtile tapisserie sonore, l'homme aurait pu s'aventurer quelque peu hors de sa zone de confort.

Marie-Anne Georges (pourtant très fan)

Deux live report de Bruxelles par la RTBF et LA LIBRE BELGIQUE

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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Publié le 1 Février 2015

MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)

Mais comment voulez-vous que je fasse mon job de chroniqueur culturel indépendant si en plus de me faire inviter, l'artiste me tape sur l'épaule à la fin du concert, "et mais comment tu vas? t'es plus à Lyon?"... -hein?euh...

Bon, bein, cette fois, pour le reporter incognito, c'est définitivement râpé... Ça l'était certainement déjà depuis un petit moment, mais je ne cherchais pas à le démontrer.

"et comment t'as trouvé?".... Oh...."bien, bien"... fait le Pierrot qui se débine....

La vérité, c'est que j'ai un peu décroché en milieu de concert!! Peut-être autant du fait d'éléments extérieurs (la prostate, et être coincé près de la sortie ensuite) que de la prestation.

Et pourtant, j'étais bien emballé au départ: la banane de Christopher Thomas à la basse et contrebasse fait plaisir à voir et à entendre. Il fait sourire et rire Stéphane Reynaud, qui reste malgré tout concentré. Chris fait aussi parfois quelques choeurs, du tambourin sur un titre. La classe américaine, et comme me le dira Stéphane "il comprend la musique de Jean-Louis"... et il n'en rajoute pas non plus... (le très intérimaire C. Minck lui en rajoutait pas mal, des notes).

Quant à Gaël Rakotondrabe, tout jeune, mais un CV déjà impressionnant, il remplace à lui tout seul le Delano Orchestra.... ou du moins, l'orchestration avec violoncelle et trompette de Babel... et c'est très convainquant. Toujours avec des sonorités plutôt synthé/orgue que piano je pense. On reste donc finalement sur une orchestration pas si différente des tournées précédentes avec Slim (plus axé orgue) et surtout Denis. Cela ne tourne donc pas au style "jazz/piano bar"... sauf que Murat choisit plutôt de nous livrer un "récital Babel" qu'un concert rock. Pas d'intro-impro (sauf au 1er titre, et c'était chouette), peu de solo. Même le final ne donne pas lieu au traditionnel "lâcher de chevaux"... Pas de jaguar, de taormina, de Vaudou... alors que le titre choisi pouvait bien-sûr s'y prêter (certains titres sont pourtant joués un peu rythmés -col de Diane je crois-.

Un compte-rendu précédent parlait d'une guitare épiphone... Il arborait hier son habituel fender.

Le groupe tourne déjà donc très bien, même s'ils pensent qu'ils ne sont pas encore totalement rôdé..

Alors, mon relâchement? N'en tirez aucune conclusion:

JL S sur fb me dit: "très beau concert, interprétations de Babel mettant en valeur la beauté des textes. Concert tout en douceur et plein de sensibilité et en prime notre JLM d'humeur généreuse. Bon concert à Mons".

Donc, oui, un Jean-Louis bien présent. La voix est belle, le pupitre est là, mais je n'ai pas eu l'impression qu'il lisait. Une réflexion d'un spectateur réclamant des "compos, pas ce blues là..." le laisse froid... "un français" dit-il... flattant le public belge dans le sens de la frite. Peut-être que finalement, j'ai définitivement un problème avec les chansons de Babel... Bon, ce soir, je m'approche de la scène... et je m'arrime au chanteur. J'ai envie d'être aussi conquis que l'ami Charles:

La nouvelle formation donne un punch incroyable sur certains titres de Babel. La basse étonnante et jazzy de Chris fait merveille tandis que les claviers impertinents de Gaël rappellent indéniablement les années 70. Parfois les Doors, mais le plus souvent, j'avais le sentiment que Stevie Wonder se cachait quelque part. Magique! Quant aux Frelons d'Asie, ce titre est une pure merveille sur disque comme sur scène. Bref, une soirée très longtemps intéressante et agréable.

Et que dire du Murat à la séance dédicace? Pas de "champeron brune" derrière lui... et lui se prêtant au séance de photos... et bisous... Je l'ai moi-même mitraillé pour le compte de deux amies belges... en lui disant "après Mondino, Rheims, Pierrot!"... Le e-phone a terminé dans la soutien gorge de la fan par crainte du vol... Ah, il va y avoir des jalouses...

Et vu que j'ai foiré mon compte-rendu, en voilà un autre: avec photos (mais où était le public chaud? Je l'ai pas vu).

https://branchesculture.wordpress.com/2015/02/01/jean-louis-murat-babel-concert-botanique-bruxelles/

EDIT: VOICI LA SUITE DE MON VOYAGE EN BELGIQUE à lire ici. Et je dois vous dire que je m'en veux d'être passé un peu à côté à Bruxelles, puisqu'il n'y avait pas de quoi.

le bota:

MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)

et pour compléter ce compte-rendu vite fait, quelques photos de mon parcours à la recherche du kebab ouvert:

MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)

J'étais fatigué: j'avais quand même traversé 4 pays pour voir Murat: l'Allemagne, la Hollande, la Belgique et la Turquie!!!

MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)
MURAT AU BOTA  (bilan intermédiaire)

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actus Babel (de oct 2014...)

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