Frank Loriou, secrets d'instantanés
Publié le 26 Octobre 2014
Retrouvez une interview très intéressante sur le photographe Frank Loriou qui a souvent travaillé avec Murat. Il nous délivre des infos intéressantes sur deux clichés fameux de l'auvergnat:
à lire ici http://htl.li/DdABs
extraits:
Sur la pochette de Toboggan de Jean Louis Murat par exemple, le vélo lui appartient, c’est une route à coté de chez lui, cette photo reflète un moment de vérité : je passais quelques jours chez lui, je l’ai vu sur son vélo.
Certaines sessions avec Jean Louis Murat ont été très belles. Je lui avais apporté mon livre, ça lui a donné envie de rouvrir la maison d’un de ses voisins, une personne très importante pour lui. Il avait racheté cette maison, sans doute dans la volonté de rester « maitre » de cet endroit, de la mémoire de cette personne. Je l’ai vu rouvrir les volets, je l’ai fait asseoir dans la cuisine. Il regardait par la fenêtre, il se passait quelque chose de très très fort. Il me dit « Ça fait 30 ans que je m’assois à cette place, lui à celle-ci, et c’est la première fois que je pose mon regard sur ce qu’il voit par la fenêtre». À la fin du shooting, je lui dis « Il y a un morceau de toi qui m’a particulièrement marqué Accueille-moi paysage », il me répond « C’est étrange, c’est le morceau que j’avais écrit pour ce voisin 2 jours après son décès ». Dans ces moments là, tu as vraiment l’impression de vivre un moment de grâce, de faire quelque chose qui t’échappe complètement.
Retrouvez la photo (pris chez Emile) dont il parle sur l'article en suivant le lien ci-dessus.
L'interview est très bien, et c'est celle dont je rêvais... et qui avait été débutée... Voici donc cette "inter-ViOUS ET MURAT" interrompue à Mustango (4 questions):
1) Pour Murat, j’ai retrouvé votre nom pour la pochette de Mustango, celles du maxi CD Polly Jean, de Muragostang… et la série de photos de 2011… Est-ce que c’est bien exhaustif ?
Si oui, pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette pochette qui me parait bien représentative de votre style… ou bien des « codes » imposés par les maisons de disque ?
Oui j'ai rencontré jean louis il y a bien des années maintenant, pour la pochette du Mustango sur laquelle Virgin France m'avait demandé de travailler.
j'ai effectivement fait la création des maxis qui ont suivi, polly jean, le mont sans soucis, et le sublime live Muragostang, et le live in Dolorès à partir d'une création et de photos de paul ritter. Mais je n'ai jamais photographié murat à l'époque.
Je ne crois pas que cette pochette corresponde à des codes imposés par la maison de disque. au contraire nous sommes allés chercher très loin des pistes graphiques très originales, notamment autour du royaume du mustang, une région fascinante située au nord est du Népal, et qui fut longtemps interdite aux étrangers. Finalement à force d'épure nous nous sommes concentrés sur cet autoportrait de Murat extrêmement simple et brut, comme j'aime. C'est jean-louis qui a trouvé la typo de la pochette, et j'aime particulièrement l'image à l'intérieur où il se roule dans la neige. Et cet album qui est magnifique.
2) Je m'en rends compte que je suis collectionneur de LORIOU (cf photos)... Je suis un peu étonné sur cette référence au Royaume de Mustang... En reste-t-il vraiment
des traces?
Les voies par lesquelles passe la création d'une pochette de disque sont parfois impénétrables ;-)
3) C'est effectivement la typo qui est très particulière sur cet ensemble, à la limite de la lisibilité dans le livret d'ailleurs... Est-ce elle qui fait l'unité de l'ensemble ou y a-t-il
d'autres éléments?
L'équilibre de cette pochette comme de beaucoup d'autres repose sur la rencontre entre des images et des codes typographiques forts, c'est l'alchimie plus ou moins
réussie qui fait l'unité de l'ensemble, ou pas
4) Je parlais de codes (l'artiste en plan rapproché avec le nom à côté) mais tu parles toi plus de "tradition" dans l'interview à pop news.... Cela correspond tout de même
à des impératifs de marketing? (notamment qui expliquerait un peu l'alternance quasi-parfaite chez Murat entre les pochettes où il apparait, et celles "illustratives").
Les choix ne sont pas forcément raisonnés en terme de marketing, surtout chez jean-louis murat qui travaille bien plus à l'instinct et en fonction de son inspiration que sur des critères de commercialisation. La pochette Mustango est réalisée à partir d'un autoportrait, comme d'autres depuis ; certaines ont été réalisées à partir de dessins, de photographies mêlées à du graphisme. je crois que pour chacune l'approche a été très libre et correspond plutôt à une recherche de cohérence avec les sources d'inspirations de JLM au moment de la composition.