Ah, ça, j'aime un article qui arrive tout fait, c'est parfait après les fêtes pour essayer de se reprendre en main un peu... Moi qui vous avait promis de l'animation à l'occasion des 13 ans du blog! Disons que j'ai juste un peu de retard... Un peu comme M.F. et son compte-rendu de Montluçon... mais OUI! MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS! Donc à bientôt pour pleins de choses "tard que jamais"... Si jamais faut attendre l'automne pour le nouvel album, ceci dit, faut pas se presser non plus... D'autant qu'ils annoncent de la neige...
Enfin, soit, un grand Merci à M.F.! Et on compte sur vous pour les retours pour les concerts de Meymac notamment!
Vague à l' âme sur l’embarcadère.
Murat de nouveau à Montluçon ! Je n'en croyais pas la rumeur. Avait-il croisé Rover lui vantant, après ces trois passages, les qualités du pâté aux pommes de terre et l'accueil extrêmement chaleureux des Bourbonnais ?
Un seul concert ici, en trente ans, les Betty boop avaient forcément changées mais leur enthousiasme était toujours intact et dans les campagnes environnantes, les bandes de fidèles parmi les fidèles seraient immanquablement au rendez-vous.
Enfin, pour une fois, nous n'aurions pas à descendre dans son fief, c'est lui qui venait à nous, pour sûr, c' était une bonne nouvelle.
Bref, il fallait se mobiliser, recruter quelques nouveaux adeptes ; ceux et celles passé.e.s sans le voir, appeler les quinquas acquis à la cause ; téléphone en surchauffe : tu sais quoi ?...
Perso, j'étais toujours sous l’emprise des vapeurs d' iode du concert estival en Charente ... Soit disant que ça lui ne réussissait pas la mer et l'iode au J-L, ses montagnes lui manquaient, tu parles Charles, loin des yeux, loin du cœur... jamais je l'avais vu autant frétillant, détendu, plein d'humour et séduisant avec sa chemise couleur fraises écrasées ! Faut dire que les conditions étaient réunies, un charmant festival de la chanson dans les dunes, chaleur d'été, brise du soir, une cause pour soutenir la recherche contre une maladie… Public conscient de leur chance et touché en plein cœur ; les ingrédients étaient là...
Je l’attendais avec impatience cette future soirée de décembre...le jour J, aucun bémol, les copines et copains au diapason, mais ce soir-là, comment dire... coté ambiance... à Montluçon, ce fut un concert un peu singulier, tendance surréaliste !
Le premier commentaire de J-L pris la forme d'une diatribe contre un journaliste local et son article de l'époque, il y a 30 ans... rancunes tenaces, quand elles nous tiennent... Ensuite, les intermèdes alternaient entre scuds envoyés par ci, par-là, saupoudrés d’humour potache, voire vachard, un brin acerbe suite aux propos, trop complaisants d'une sympathisante dans la salle... laquelle sans le vouloir, nous l’a énervé un peu plus.
En quelque sorte, rien de surprenant, le J-L qu'on affectionne aussi, plus ou moins habile selon l’humeur du jour, « aficionados » des joutes verbales, de l’ironie, des provocations, comme des propos éloignés du politiquement correct. A prendre avec des pincettes ou à ignorer, c'est selon les caractères.
D'aucuns diront qu'il semblait las, pas motivé, il dira lui-même avant de commencer qu'il fallait bien se mettre à jouer ! C'était le dernier concert de cette tournée... il nous l'a bien dit, pas de chance pour vous...flûte alors, Demi-soupir !
Cafardeux, fatigué ? Tout passe, tout lasse, tout casse... Soit.
Cependant, une fois rodé, l’Auvergnat et ses musiciens se lancent, assurent et enchaînent les chansons du dernier album avec raffinement et rythmique hypnotique. Petits détours par le chemin des poneys, rencontre éphémère avec un chat et une princesse of the cool, à Yvetot, la pharmacienne nous indique la route pour Monboudif, près du Ciné Vox, l'endroit préféré de Jean Bizarre afin de contempler l 'arc-en-ciel, puisdirection Taormina, pied au plancher.
Rien à redire. Toujours excellent notre J-L entre douceur introspective et énergie galvanisante.
Devant la scène, ça chaloupait, les quinquas et autre jeunesse en goguette retrouvaient leurs 20 ans. Manquait quand même la cerise sur le gâteau, la chemise couleur fraises écrasées !
Et puis, ce fut l'apothéose...A force de mauvaises ondes, les forces diaboliques s’abattaient sur la fin de la soirée, les mystiques ont même pu croire au châtiment divin. Soudainement, un claquement intempestif se fit entendre, les regards se tournèrent vers les spots, pas de fumée... Le concert continua, malgré un J-L et des musiciens dubitatifs. Les pétarades s’enchaînèrent, le bruit fut localisé, les amplis s’emballaient, la guitare fulminait, coupe, coupe...(Marcel !) fini par lancer J-L.
Console et enceintes endiablées furent éteintes. Cette fois, le fil conducteur s'était définitivement rompu, tout ça ce n’était vraiment pas courant, dépité J-L fit volte-face, lumières !
Une fin curieuse et écourtée, un public interrogatif, dans l’empathie pour l’artiste interloqué à juste titre et cette fois pour rien dans l'affaire...
Une traversée de soirée légèrement kafkaïenne, un peu comme un rendez-vous à part, un peu manqué, parcouru par ce sentiment de vacuité qui nous étreint parfois.
Dis, quand reviendras-tu ?
Peut-être pour le prochain album, histoire d’exorciser les démons et d'ironiser sur les surcharges électriques à Montluçon...
bon, je vous avais promis un mois de décembre un peu plus agité sur le blog, mais finalement, je n'ai pas tenu le rythme... mais en 2023... promis: ça repart! et je vous exprime tous mes voeux...
En 2023, prenez des couleurs!
Si le chemin semble difficile, foncez!
Mais si 2023 peut être une voie bien tracée... Je vous le souhaite!
En 2022 si vous vous êtes bien marais, et bien, continuez!
En 2023, même si la météo annonçait grand beau pour profiter du paysage et qu'en fait, il fait gris.. et bien, dites tant pis.
Bonne année au Jura, et aux autres massifs, et aux gens de la plaine!
En 2023, si vous croyez voir un congre sortir d'un arbre mort, consultez!
Qu'une cascade de tendresse et d'amour tombe sur vous, mais pas trop fort!
En 2023, des belles visites et de belles rencontres... comme le 24 juin par exemple...
En 2023, que votre regard porte loin!
Je vous souhaite que ça aille bien sur tous les plans!
(Photos du 31/12 du plateau d'HAUTEVILLE, Cormaranche en Bugey -marais de vaux au belvédère de planachat, 1234m, cascade du trou de la marmite et de la charabotte en repartant.)
j'ai mis de côté le blog cette semaine, et pas avancé comme je l'aurais pu. On verra si je rédige un compte-rendu de St-Egrève... Ce n'est pas gagné... Mais priorité à l'actu.
1) J'ai récupéré samedi mon exemplaire 208 du disque Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France dont on annonçait la sortie avec quelques détails en juin dernier. Pour résumer, nous concernant, il s'agissait d'un accompagnement musical de Jean-Louis M. d'un enregistrement d'un long poème de Blaise Cendras par Jean-Louis T. Trintignant. 32 minutes.
Je n'en attendais pas grand chose, d'autant qu'il est confirmé que les 2 Jean-Louis ne se sont pas rencontrés, et même que Murat a dû travailler sur une interprétation déjà enregistrée. Quelques notes de violoncelle au démarrage (Murat indique qu'il s'agit d'un musicien de l'opéra mais personne n'a conservé son nom). A 6 minutes, pour quelques dizaines de seconde, on retrouve un peu de synthé(son de flûte traversière) et des oiseaux. On perçoit quelques sons très légers par derrière, avant le retour du violoncelle quelques secondes. Par la suite, c'est lui qu'on entend très régulièrement. Murat indique qu'il s'agit de "respirations et un peu d'ambiance", essentiellement, générateur de tensions, appuyant sur l'interprétation de Trintignant elle aussi très "tendue". Il n'y a rien donc de continu et pas réellement de "morceaux". C'est à rapprocher de son travail pour des musiques de film comme "Pauline et François".
Concernant l'objet, la présentation est austère. Il était annoncé une interview de Jean-Louis Murat mais elle est décevante. Elle clôt le livre et il n'y a que quelques bribes d'un phoner. On y apprend un peu du détail de l'enregistrement (un studio à Paris près de la Bastille), qu'il n'avait pas "senti la profondeur" du poème mais que Trintignant "le transcende avec son voix et son phrasé". Il est ensuite question de choses connues: la révélation sur Verhaeren, le Petit Larousse, son travail sur Béranger et Deshoulières. Par contre, les dessins de Bilal en double page sont très chouettes.
La page Murat:
Bilal qui cause Manset:
L'origine du projet:
Trintignant touchant quand il dit "j'aimerais le connaître"(Jean-Louis Murat):
Le tirage est de 3000 exemplaires ce qui me parait énorme au vu des chiffres réalisés en musique, mais concernant un objet littéraire, je ne sais pas pas. Autre surprise : une soirée parisienne de lancement a eu lieu à la maison de la poésie le 8/12 devant une belle assemblée.
Et il y a un peu de promo:
- On entend le thème du violoncelle au début d'émission: Bilal le trouve "sublime" et explique ensuite son travail d'illustration: (je n'ai pas pris le temps de tout écouter. S'il est question de Murat, merci de le signaler!)
- Le Temps, en Suisse, parle de l'actualité autour du poète suisse et cite la sortie.
- Aussi une séquence sur France 5 avec Pierre Lescure dans C à vous sur France 5 : vidéo
- Mention sur télérama.fr : collaboration des deux Jean-Louis dans une "fastueuse édition".
-Enfin, j'étais tombé sur le Grand Atelier de V. Josse qui nous permet d'entendre le travail qu'a poursuivi Trintignant avec la poésie... et un autre musicien.
2) Il a été question de Murat assez longuement (près de 3 minutes) dans "la bande originale" de Nagui sur Inter il y a déjà quelques jours... et non, pour une fois, pas dans une séquence humoristique. Merci à Catherine pour l'info. Rendez-vous à 35'15 du podcast
Le résumé exhaustif est compliqué mais voici : choix musical de François-régis Gaudry, "foule romaine"... et on devine les regards entendus en plateau (rire de Leila Kaddour). "ah, c'est un bonhomme quand même", Gaudry: "J'ai toujours adoré JLM, avec ses excès, ses phrases délirantes, son côté raide" et de rajouter qu'il a été déçu d'une rencontre pour l'Express. Journaliste cuisine, il avait obtenu de la Rédaction d'être malgré tout chargé d'une interview. Journée promo dans un hôtel, on sait que Jean-Louis n'y est souvent pas très bon... "Il ne me regardait pas dans les yeux.. mais ça ne m'empêche pas d'adorer", "je l'ai vu pleins de fois en concert" et de souligner qu'il aime son "côté artisan" qui pouvait aller vers le succès populaire et "a préféré rester dans son coin, sa petite campagne". Et Nagui de faire son laïus aussi : "il a son caractère, il ne s'est pas fait que des amis, il faut composer dans le métier". Kaddour se rappelle: "c'est le seul concert où je me suis fait engueuler quand même, enfin le public parce qu'on ne réagissait pas". "je l'ai vu battre des enfants dans la rue" ajoute Morin. Et Nagui de raconter un souvenir douloureux d'une interview de Murat le concernant, et indique "mais il a raison, il a raison". (Je ne reviens pas sur l'historique entre les deux).
ET puisque c'est vous, je vous ai retrouvé la trace de cette rencontre Murat/ Gaudry... Face à un journaliste qui a pu se dire "vaut mieux que je me contente de parler de patates et de pizzas", Murat n'est pas si mauvais... Et moi, je vais aller tester la "justine"...
Si l’on pense beaucoup, dans ce rapport prosaïque à la nature, presque animiste, divinement changé en poésie, cette solitude chargée, à Jean-Louis Murat, pour la première fois sans doute, et c’était à faire, Dominique A marche sur quelques bouts de terre appartenant à Gérard Manset, ce grand poète et musicien voyageant en solitaire depuis cinquante ans sans jamais se mesurer à personne, ni à la scène ni aux modes, développant un monde musical aussi épique et étendu que la Terre du Milieu de Tolkien ou le Westeros de Game of Thrones, hors du temps et hors de tout, au caractère mythique mais à la résonance bien réelle.
Je pensais peut-être aller le voir mercredi, à l'Isle d'Abeau, mais outre des contraintes personnels, je boycotte intensivement la coupe du monde...comme beaucoup de monde. Ils restent donc de la place. Pas de chance pour lui et les abattoirs de Bourgoin (en association avec le théâtre du Vellein), deux salles qui ont accueilli JLM.
LE LIEN CARLA EN PLUS puisque Murat l'évoque dans l'article de l'express
'Jean-Louis Murat en sort un tous les six mois, Francis Cabrel tous les six ans. Disons que je me situe entre les deux. Pourquoi ?" dans le Nlle Obs (réservé aux abonnés)
Je suis très mauvais élève, pas de compte-rendu de ma part de St-Egrève pour moi (pour l'instant)... mais je vous propose un retour... même deux retours sur Montluçon...
Sommeil sommeil j'ai sommeil v'là Montluçon merde Montluçon quel flip
Nous disait Jean-Louis Murat dans "Coltrane" sur Travaux sur la n89... Est-ce que c'était prémonitoire? Peut-être que Jean-Pierre en tout cas nous donne une piste pour expliquer ce vers dans son compte-rendu...
Merci à Lui.
Concert à "l'Embarcadère", à la fin un peu galère…
Le lieu avait pour nom « L'embarcadère », une salle de spectacles associative dans l'Allier, à Montluçon.
J'avais quitté mes « Monts Humbles » de la Montagne Bourbonnaise ce samedi 3 décembre en fin d'après-midi, roulant sous la pluie et dans les brumes passagères, un vrai temps automnal face nord, pas celui des couleurs mordorées et dorées qui caractérisent cette saison. Mon frère habitant Montluçon, j'aurais un pied à terre me permettant de repartir le lendemain matin. La neige serait peut-être alors encore sur les monts au loin.
J'allais voir Jean-Louis Murat.
De cette tournée « Buck John » 2022, j'avais déjà assisté au concert de Nevers (11 Mars) et à la Coopérative de Mai de Clermont-Ferrand.(12 Avril)
Depuis sa première tournée, j'en avais vu des concerts de Murat, avec toujours quoiqu'il arrive un renouvellement de ses propositions musicales et de ses humeurs.
A Nevers il était malade, et la salle de la Maison de la Culture n'était pas vraiment propice à une transcendance muratienne. J'avais eu un petit coup de blues, avais trouvé le public respectueux et âgé, assis donc, avait admis que mon héros avait vieilli et moi aussi. Heureusement le final de « Taormina » m'avait transporté et contaminé. Du coup, le lendemain j'avais le Covid. Murat peut-être aussi, il annula Limoges le lendemain.
Sur ses terres, à la Coopérative de Mai, le curseur avait été placé beaucoup plus haut ; j'étais juste devant, dans une salle moyennement remplie, mais assistant à un concert sincère et enchainant les titres avec justesse et variations, bien porté par ses complices musiciens, musique et voix au diapason. Les comptes-rendus déjà parus dans « Overblog » m'épargnent un plus vaste descriptif, et pour conclure, seule déception, je m'étais fait piquer la playlist par mon compagnon de concert, j'étais content pour lui, dépité pour moi.
Bon, maintenant cela devient plus complexe dans la narration, il faut bien le dire. Car je suis parti voir ce concert à Montluçon avec une pensée bien ancrée dans mon esprit tortueux. Ce serait peut-être le dernier concert de Murat auquel j'allais assister. Non pas qu'on m'avait décelé récemment une maladie incurable - bien que je n'avais pas l'intention de m'éterniser!-, mais m'effleurait depuis peu la pensée que c'était sa dernière tournée, et que je ne m'en réjouissais pas. Je ne le voyais pas entamer un « Never Ending Tour », comme l'inusable Bob Dylan, et le concert de Montluçon eut tendance, malheureusement, à confirmer mon intuition, et j'espère bien sûr me tromper.
Je ne vais pas au concert pour voir un spectacle sur écran géant. A « l'Embarcadère », je fus aussi aux premières loges, nous étions moins de deux cents. Et je ne suis pas sûr que les autres dates et lieux visités de cette tournée ne dépassent beaucoup ce chiffre. Est-ce suffisant pour équilibrer financièrement, une telle logistique ?
Le concert fut ni bon ni mauvais, c'était un concert de Murat avec ses moments de certitude et de doute, ses envolées et ses errements, des feulements et des susurrements, des musiciens assurant et rassurant, sa voix et sa guitare bien présentes, certains moments de grâce et de désolation, et c'est ce que j'aime chez lui. La playlist (que je me fis encore chiper à la fin, pas vrai ça!) était proche des concerts déjà décrits sur le blog, avec des points culminants sur « Cinevox » « Hello you », « Frankie » en particulier.
Commençant sans tarder - pas de première partie, et c'est peut-être aussi bien -, ponctué de quelques commentaires débonnaires sur le Bourbonnais, quelques propos anti-Macron, des dérives chantonnées autour de « Montluçon » « Ma Lucette », le rappel d'un de seul passage à Montluçon, « il y a soixante ans... », un des concerts les plus mémorables (négativement) de sa carrière, car il se souvenait d'un journaliste qui avait écrit le lendemain dans la Montagne « que JLM ne devrait pas poursuivre dans ce métier... ». J’espère que le journaliste en question n'était pas dans la salle, car il lui adressa quelques propos corsés. Je me suis souvenu de ce concert, c'était il y a 29 ans, début novembre. J'habitais alors en Touraine, mes filles (deux ensemble) venaient de naître, et sur la route, il neigeait. Il y avait un décor d'automne sur scène, dispensable, c'était une tournée acoustique post Cheyenne Autumn.
J'avais aimé (j’ai aimé tous les concerts de Murat). Mon frère et sa femme avaient détesté. Il ne revint d'ailleurs pas le voir avec moi samedi dernier. C'est pour cela que j'aime Murat et que je lui suis fidèle.
Donc, revenons au concert de « l'Embarcadère ». La fin en fut très particulière, un peu tragique quelque part. Le fait qu'il s'agisse de la dernière date de l'année 2022 en fut-il la cause ? ( mais pas de la tournée, 7 dates sont programmées en 2023, une le 4 Février à Ligniéres, le fief de Florent Marchet, et la dernière date le premier Avril à Annonay)
Déjà une sortie prématuré après une heure et quart de présence bouleversa la routine, pas de « chemin des poneys », pas de « l'heure du berger », un adieu qui ne pouvait en rester là ...retour rapide sur scène, quelques plaisanteries avec les musiciens, mais une certaine désillusion, une fatigue palpable, un léger désabusement entrainant une difficulté à entrer en contact en entrer avec le public, des tentatives mi-figue, mi-raisin, en annonçant le fait qu'il n'était pas un chanteur triste comme on l'affirmait, mais qu' il pouvait écrire des choses drôles comme quelque chose autour des « tomates et leur couleurs » ( ???)....Pour ma part, il n'était pas nécessaire que j'écoute cette version...
La reprise du concert avec « Chacun sa façon » me laissa un peu sur ma faim, ce n'est pas un de mes titres de référence.
Et puis vint la vraie fin, non méritée pour cette dernière date de l'année avant un break mérité avant les fêtes. Déjà, sur l'avant-dernier titre, un claquement intense vint contrarier son jeu de guitare, le faisant même quitter les cordes un instant. Bref problème technique, qui s'amplifia malheureusement sur le final d'un très beau « Taormina »... gâché par plusieurs « explosions » successives, l'énervant et le déroutant dans un premier temps, puis l'inquiétant et le paniquant, l'obligeant à couper ses instruments puis les baffles, cherchant des explications vers la table de mixage, (« qu'est-ce que vous foutez! ») puis debout devant la scène annonçant un peu perdu qu'il fallait « tout couper », et comme un enfant qui veut se faire pardonner , la mine défaite, « c'est pas de notre faute ! » avant de s'éclipser sur un maussade « salut », laissant les musiciens un peu aussi chamboulés.
Le technicien de scène revint vérifier l'extinction des machines, les lumières revinrent, it is the end...
Je me fis devancer pour la capture de la playlist, tournai un peu et sortis sous la pluie...
Je ne pense pas que Jean-Louis revint pour saluer ou s'expliquer.
Je pouvais en rester là. Je ne lui en voulais pas.
J'avais passé un bon moment.
C'était peut-être mon dernier concert de Murat, je ne l'espérais pas, mais cette fin particulière et émouvante, ne me semblait pas vraiment rassurante.
Etre débarqué à « 'l'Embarcadère », cela ne peut finir comme cela, Jean-Louis …
Je découvre avec plaisir ce compte-rendu, qui remet les choses à leur juste place… moi qui suis sortie de ce concert filandreux frustrée et très agacée – et pas par la sortie de scène de Murat qui avait toutes les raisons d’être contrarié.
Oui, Murat était sans doute fatigué samedi soir, après cette longue tournée et dans une phrase d'enregistrement d'album… Fatigue qui pouvait tout de même passer pour une absence d’envie – malgré une arrivée tout sourire de l’ensemble du groupe. Le public était présent et fervent, mais la mise en route a été longuette – il a fallu attendre « Montboudif » pour trouver véritablement le rythme et l’énergie. Murat semblait parfois retarder le moment de se remettre au boulot, étirant à l’excès ses interventions parlées et ses agaceries aux musiciens. Certains propos ironiques ressemblaient même à des aveux : « On est très décontracté, c’est le dernier concert de la tournée… C’est dommage que ça tombe sur vous… », « J’essaie de me débrouiller pour que ce soit notable ce soir… Comme l’autre fois à Montluçon… Je fais vraiment tout pour que ce soit une catastrophe… », « J’écris des chansons chiantes, et en fin de tournée elles me paraissent encore plus chiantes » ou encore, empoignant sa guitare, « Bon on se retrouve dans 4 minutes »
Alors oui, il y a eu, un peu épars, de beaux moments, des vannes rigolotes, et les amis autour de moi, qui n’avaient jamais assisté à un concert de Murat, ou pas depuis très longtemps, étaient heureux de leur soirée. Mais après avoir vécu sur cette tournée plusieurs concerts éblouissants, sans baisse de rythme ou presque, il est toujours agaçant qu’on puisse penser qu’avec Murat, il est normal qu’on ne comprenne rien aux textes (singulièrement marmonnés et malmenés ce soir-là), ou qu’aux pépites succèdent des moments bien faibles. A être si bien traité, on devient exigeant…
L’idée qu’il puisse s’agir d’une forme d’adieu ne m’a jamais traversée. Question de tempérament sans doute, et puis confiance joyeuse dans la vitalité du monsieur. Mais, JP a raison de le souligner, sans doute y avait-il une vraie fatigue, voire une forme de lassitude ce soir-là – dont il semble difficile de tirer des conclusions définitives, avec un personnage aussi insaisissable…
Merci à vous deux!
Vos impressions viennent renforcer mes interrogations du week-end. Oui, la frontière est mince entre un bon concert de Murat et un moyen (même quand la salle est en configuration debout) : des moments d'agacement du chanteur et du public, trop de cris, la voix loin du micro, un manque d'intention... Mais quand c'est très bon, Jean-Louis Murat n'oublie pas de penser aux mots, se connecte un peu plus avec le public, et l'improvisation reste au service du morceau.
Sur Saint-Egrève, j'ai lu un: "Jean-Louis Murat et moi, c'est fini"... alors que mes camarades et moi étions globalement satisfaits... D'autres ont aimé sans trop de réserves, tant à St-Egrève qu'à Montluçon... Tel est la vie des avis... et le blog a été créé pour qu'ils s'y expriment... il y a 13 ans! Et comme vous le savez, ce que j'aime en Murat, c'est les interrogations qu'il me suscite. Pour ce week-end, c'est gagné.
Jean-Louis Murat a encore fait passer un bon week-end à ses spectateurs, du côté de la Belgique à Mouscron (Centre Marius Staquet), et à la Marbrerie de Montreuil, ce qui a permis aux parisiens de bénéficier d'une deuxième date.
Les prochains rendez-vous: Saint-Egrève et Montluçon vendredi et samedi prochain!
Merci à Florence(d) pour le compte - rendu de Montreuil:
Ca a beau être mon sixième concert de cette tournée… La set list a beau être inchangée… Un concert de Jean-Louis Murat, c’est toujours nouveau, c’est toujours réjouissant. Pas aux mêmes endroits, pas de la même façon… mais toujours il nourrit l’enthousiasme et la ferveur.
26 novembre, donc, La Marbrerie à Montreuil. Quelques rangées de chaises devant la scène, l’espace paraît petit mais sera finalement comble, avec des spectateurs massés derrière les chaises, sur plusieurs rangs derrière le comptoir qui surplombe la scène, sur l’espace supérieur qui fait office de balcon. Arrivée tôt, je réserve une place au deuxième rang, mais finalement je resterai au comptoir, hasard d’une jolie rencontre avec Alain Klingler auquel je peux enfin dire mon admiration pour sa magnifique reprise des « Jours du jaguar » sur l’album AuRA aime Murat.
Ce soir, Jean-Louis Murat est en voix, et en joue joliment, tout en sensualité et en émotion dans les premiers morceaux, « La princesse of the cool » qui évidemment s’y prête, un « Ciné Vox » tant de fois entendu qui m’émeut à nouveau, par son phrasé, sa langueur (et malgré un oubli sur le texte), l’inédit « Hello You » dans une version elle aussi extrêmement touchante. C’est tout à fait autre chose qui se dessine qu’à Auxerre par exemple, où le concert avait débuté par un « Jean Bizarre » très enlevé, avec une belle intro à la guitare, un plaisir communicatif du jeu. Ici c’est la voix, le chant qui semblent au premier plan et servent comme jamais les textes.
Fred et Yann attaquent l’intro bien connue de « Marilyn et Marianne »… mais Jean-Louis les arrête tout de suite, pour improviser autre chose, à moitié chantonné. Changement de programme ? Un nouvel inédit ? Mais non c’est bien « Marilyn et Marianne » qu’il a décidé de donner dans une autre version, très intense, très habitée – et d’ailleurs l’ombre de l’assassinat de Samuel Paty plane de façon très explicite, puisqu’il modifie le texte : « sans penser y perdre la tête », « perdre la tête pour Marianne… »
On enchaîne avec du plus léger, et du bien rythmé : un « Montboudif » où la guitare reprend toute sa place, et qui soulève l’enthousiasme de la salle. Puis « La Pharmacienne d’Yvetot », toujours très belle en clavier / voix, mais dont la fin est tout de même un peu expédiée. Murat s’amuse d’ailleurs : « J’ai beaucoup de chansons chiantes »… Il enchaîne avec un « Frankie » extrêmement sobre et retenu, la voix s’élève très peu sur le refrain, reste grave et posée, tandis que le morceau monte progressivement en puissance pour culminer en un des moments les plus intenses du concert.
Et c’est déjà la fin, les musiciens quittent la scène. Ils ne tardent pas à revenir, avec un « Chacun sa façon » toujours aussi efficace, « L’Arc-en-ciel » et un sublime « Taormina », comme en suspension.
Un magnifique concert, tendu, dense, avec un Murat peu disert mais tenant l’émotion jusqu’au bout. Qui incite à y revenir quelques fois encore, puisque la tournée continue, et qu’il sait maintenir intacts la curiosité et le désir de découvrir ses infinies variations…
merci encore Florence!
Retour sur les deux dates en photo sur l'instagram de Christophe:
Le nouvel album de Mylène Farmer fait ressortir le nom de Murat à droite et à gauche... mais quand un ancien dolo fait un article... il va jusqu'à demander à Mylène : " A quand tout un album décliné de cette façon comme Jean-Louis Murat l'a fait pour les textes de Charles Beaudelaire mis en musique par léo Ferré?"
Pour Télérama, "le duo avec Murat demeure un coup de cœur absolu"(réservé aux abonnés également) et le Monde indique que le duo rayon vert est loin des réussites qu'ont été regrets et les mots"... mais Matthieu M., disquaire fnac, et sans doute un peu trop fans de Mylène s'interroge: "Jean-Louis Murat, qui a collaboré avec elle sur le duo Regrets, aurait-il eu la carrière qui est la sienne, lui qui était passé de l’ombre à la lumière grâce à ce succès ?"... Cela l'a certes conduit à être connu d'un plus large public mais il s'est arrangé pour ne pas surfer là dessus.
LE LIEN EN PLUS EN PLUS
Biscuit production a encore frappé... avec le nouveau clip de LOUISE ATTAQUE... qui a pour batteur Nicolas Musset, le batteur de Mustang. Alexis Magand: "« C’est un projet qui m’a beaucoup excité. C’est comme quand j’avais bossé avec Jean-Louis Murat. Ce sont des personnes dont j’aime bien le boulot, qui ont accompagné une partie de ma vie. C’est une vraie chance de collaborer avec ces personnes». Il conclut : «Ce sont des projets marquants. C’est déjà une rencontre humaine. On se dit qu’on va continuer dans ce sens-là». La société de production clermontoise a déjà plein de projets en cours et compte bien proposer par la suite de nouvelles jolies surprises.
Et oui, c'est la période de l'anniversaire du blog (Moi, Pierrot S, 13 ans, pas trop drogué et un rien prostitué- le 3/12) et c'est moi qui vous fait des cadeaux!
Après une première rencontre avec un artiste très attachant ( LA FILLE DE LA COTE), une autre interview un peu spéciale va arriver... et un autre concours... mais pour aujourd'hui, grâce à la commune de Saint-Egrève, et la Vence Scène sa belle salle de spectacle et de cinéma dont le nom vient du ruisseau qui descend de la Chartreuse pour se jeter dans l'Isère et ses eaux si... euh..., passons...
Je vous propose de gagner 2 X deux places pour le concert de Jean-Louis Murat le 2/12/2022... et comme vous le savez, un concert de Jean-Louis Murat, ça se mérite... Mais je ne vais pas vous demander de gravir l'imposant Néron qui domine la ville (c'est réservé aux experts).
Je vous propose donc de répondre à deux questions pour assister à cet événement exceptionnellement exceptionnel... puisque ça sera l'avant-dernier concert de Murat en 2022. Oui, c'est ouf! Plus sérieusement, Jean-Louis Murat est en grande forme et livre des prestations convaincantes même pour les initiés ! Ne le ratez pas!
En plus, je serai là, avec mon billet acheté, moi! J'ai testé sur deux personnes les questions. Apparemment, la première est très facile, la deuxième a nécessité plus de temps... mais c'est néanmoins facile de trouver... Donc rassurez-vous, je n'ai pas convoqué l'esprit de Matthieu pour confectionner les questions, comme aux grandes heures de notre premier concours (j'ai relu une partie des commentaires ce matin ).
PS: Il reste des places à vous procurer sans se triturer les méninges entre 14 et 18 euros. ICI
Les billets iront aux deux personnes les plus rapides pour me répondre via le mail pierrotjlm[at ]hotmail [point]fr Les autres amis qui aiment bien les petits concours, je vous invite à jouer pour la beauté du geste, et toute mon estime, dans les commentaires mais une fois que les places sont attribuées.
1) CHARADE:
"Mon premier "Vous pouvez venir de Tanger de Santiago"
Mon deuxième (1 mot): "dis... En hélicoptère Que je te dépose aux cieux"
Mon tout est une charmante ville où je vais finir si je continue à proposer des jeux pareils. (Veuillez expliquer pourquoi)".
2) "L'an prochain, nous fêterons les 20 ans de la naissance de tout "Lilith". C'est un autre anniversaire tout tout récent, ce mois-ci, qui me le rappelle. Lequel? Bonne recherche!"
(Des indices seront ajoutés lundi prochain 18h30 au cas où)
EDIT 24/11 : Il n'a fallu que 2 heures pour avoir nos gagnants! Félicitations à I. et P.y., deux candidats malheureux au concours du concert de Bourgoin. Content qu'ils en profitent à leur tour. VOUS POUVEZ MAINTENANT REPONDRE POUR LE PLAISIR DANS LA ZONE DE COMMENTAIRE sur les deux questions ou non. Il reste quelques places à vous procurer en billeterie!
See you in Saint-Egrève... et salutations à tout ceux qui seront du côté de Montreuil... de Mouscron, et de Montluçon (en AuRA... mais c'est vraiment trop loin...).
Après Bertrand Louis, en cette fin d'année, encore une nouvelle interview! On a passé à La Question Yann Pons, de La Fille de la Côte (le duo qu'il forme avec sa compagne Cécile).
Désormais expatrié, le natif de Clermont avait annoncé un album «un peu particulier», dont la conception a pris une dizaine d’années, et qui le ramenait en Auvergne… Avec la collaboration habituelle de musiciens du cru (les anciens des The Delano Orchestra dont le regretté Christophe Pie, et des Marshmallow, Olivier Lopez de Garciaphone), et leur participation à Aura aime Murat, c'était donc inévitable que l'on prenne un peu de temps avec Yann.
Comment j'ai fui la campagne avec une fille que j'ai trouvée sur la route (ouf!) est sorti le 25/10/2022 un peu en catimini (sortie numérique) alors que le prochain disque (Bikini maximum) est déjà en cours de mixage et annoncé pour 2023, et devrait faire l'objet d'une promo plus large. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il s'agit d'un album d'outcasts? bootlegs? un side-project? Pas du tout! Hors de question pour cet artiste exigeant de faire ce genre de choses. C’est au contraire un projet maturé, retravaillé sur plusieurs années, avec "la marque" de La Fille de la Côte : «l’unité de lieu» qui peut faire la signature du groupe (après le Brésil, la Normandie, la Riviera, ici Calexico) et le mélange pop/bossa/folk mâtiné ici de western... Mais cette fois, on devine un fond très personnel, c’est presque un message à certains… plus codé que le regard de Pierre Jourde sur son village cantalien certes. Cela n'empêche pas Yann d'être adepte du franc parler sur son parcours et ses rencontres… On y revient assez longuement, en préalable, car je voulais revenir un peu sur son histoire avec Clermont-Ferrand, notamment à ses débuts en tant que Yann Seul (il ne figure pas dans les personnes interrogées dans le livre de P.Foulhoux sur l'histoire du Rock à Clermont).
Voici donc une rencontre avec un artiste tout-à-fait singulier, et pas seulement car il se refuse à faire des concerts… un «j'ai un job à côté» pour reprendre l’expression de Murat mais avec une vraie vocation, une mission : produire "une «centaine de chansons dont je me satisferai. Je ne vois pas d’ambition plus excitante que celle-ci. C’est un sujet qui me mobilise entièrement et me rend totalement déraisonnable".
Bonjour Yann!
- Avant de revenir plus en détail sur votre parcours discographique : quelle est votre formation musicale et qu’est-ce qui vous a amené à devenir auteur-compositeur-interprète?
Y. Pons : J’ai commencé à jouer de la guitare à 19 ans en 93 et j’ai tout de suite acheté un 4 pistes à cassettes pour m’enregistrer. J’avais pris beaucoup de retard en ne faisant pas de musique jusque là parce que je n’y avais pas pensé. Donc j’étais pressé d’apprendre à écrire des chansons comme on peut apprendre le deltaplane ou le judo.
- Étonnant... Est-ce qu’il y a eu un déclic particulier? Et cela veut dire que vous êtes un pur autodidacte ou vous avez pris quand même des cours? Vous étiez de quel milieu? De Clermont?
Y. Pons :Un copain m’a appris deux ou trois accords en 93 et j’ai appris à jouer de la guitare comme ça, comme la plupart des gens qui en jouent.
J’habitais avec ma mère dans un appartement rue Blatin [NDLR: une artère importante donnant sur la place de Jaude. Pensée à Marceline de Blatin...]qui a brûlé il y a 4 ou cinq ans, ce qui a provoqué un gros incendie dans tout l’immeuble. Vous avez peut-être vu ça à l’époque. Pour ma part, j’en suis parti en 1996. Ma mère était secrétaire et bipolaire. Je savais seulement qu’elle était secrétaire.
Tant que j’étais un enfant, je ne faisais pas la différence entre le deltaplane et la chanson. Il n’était pas question de faire l’un ou l’autre parce que je n’y pensais pas.
- Le deltaplane, une activité à risque... vous dites ça à dessein? Il n’y a donc pas eu un choc artistique ou un événement particulier? (Murat a raconté qu’une nuit, il avait rêvé du groupe Family par exemple, d’autres d’un concert…)
Y. Pons :Pour le deltaplane, je crois que cette comparaison me vient parce que ça ne sert à rien, que c’est dur à maîtriser et ça peut devenir un mode de vie. S’il y a eu un déclic, c’est dans un cinéma à Londres en 97 où j’ai vu Good Will Hunting avec la BO d’Elliott Smith. Et là j’ai eu l’impression de m’entendre, moi. C’est difficile à expliquer. C’est la seule fois de ma vie où j’ai communié sincèrement.
- 10 ans après avoir touché une guitare, vous sortez un album. Que pouvez-vous me dire de cette décennie?
Y. Pons :Pendant ces dix ans j’ai écrit une cinquantaine de chansons mais je n’avais aucun bagage technique et j’avais très peu joué avec d’autres gens mis à part un groupe avec lequel on ne jouait que des reprises de Neil Young (on a fait deux concerts oubliables). Donc je gravais des CD de mes chansons avec des pochettes et tout, puis je les donnais à des amis qui ensuite ne m’en parlaient pas par charité chrétienne.
J’ai vécu deux ans en Angleterre à ce moment là et je me rappelle de l’instant précis, dans un bar à Londres, où j’ai décidé de consacrer ma vie à ça et de devenir bon un jour. Et puis aussi de le faire dans ma langue maternelle.
- Vous êtes prof d’anglais, vous êtes en Angleterre, Elliott Smith est la révélation, tous les folkeux de Clermont chantent en anglais, et vous, vous décidez de chanter en français... A priori, rien d’évident... sauf pour vous?
Y. Pons :Parce que j’ai vécu en Angleterre, je sais que je suis français et ce que ça implique. Je sais que je ne suis pas de culture américaine même si je m’en gave comme beaucoup de monde. Je pense que nous vivons dans le mensonge à ce sujet. Une partie de nous rêve d’être un peu dans la position du colonisé d’un point de vue culturel. Je crois que c’est un piège. Je crois aussi que la gauche conformiste, autrement dit les jeunes et les vieux immatures, sont les premières victimes de ce phénomène. Il suffit de voir comme les élèves d’aujourd’hui mettent de l’anglais partout quand il parlent français (presque autant que l’inverse).
Ce que je trouve étonnant, c’est d’écrire puis de chanter dans une langue étrangère tout en espérant apporter sa personnalité au corpus monstrueux et inégalable qui existe déjà en langue anglaise. Pour résumer, je sais que je suis en division 2 et je ne joue que le maintien.
- Ce qui m’a intéressé dans votre parcours, c’est aussi les gens que vous croisez, et le premier est peut-être Franck Dumas, un des « parrains » de la Scène Clermontoise, avec Denizot d'Arachnée concerts, Murat, Adam... Pouvez-vous nous parler de lui?
Y. Pons :En 2002, j’étais prof d’anglais à Marseille et Franck Dumas m’a appelé. Il avait entendu un de mes CD. Il m’a tout de suite parlé d’Elliott Smith. C’est ce qui m’a convaincu d’enregistrer chez lui. Il m’a poussé à faire des concerts, ce qui peut paraître logique mais je l’ai toujours fait à contre cœur et donc assez mal. J’ai d’abord fait des mauvais concerts avec des musiciens marseillais qui ne collaient pas avec ce que je faisais. Puis je suis revenu vivre à Clermont en 2006 et j’ai fait des mauvais concerts avec des musiciens clermontois qui collaient parfaitement avec mes chansons. Je n’ai jamais eu envie de monter sur scène. Je l’ai fait six ou sept fois dans les deux salles de la coopérative de Mai et je préfère de loin le dentiste.
Mes rapports avec Franck n’étaient pas bons, il me trouvait mauvais sur scène et je le trouvais mauvais en studio. Mais aujourd’hui je sais que j’ai pas fait tout ça pour rien. Ça m’a permis de rencontrer les Marshmallow, les Kissinmass, les mec du Delano Orchestra, Garciaphone… Plein de gens avec lesquels j’allais pouvoir enregistrer par la suite et surtout grâce auxquels je continue à progresser.
- Franck Dumas était votre manager officiel? Vous avez fait des premières parties importantes à la Coopé? (J’ai retrouvé une chronique de concert de Pierre Andrieu plutôt bonne, même si votre réputation de ne pas aimer la scène semble connue).
Y. Pons :Franck Dumas était le propriétaire du label Magnolia chez qui j’ai enregistré un album qui est sorti en 2003. On n’a d’ailleurs jamais signé de contrat lui et moi, il ne me l’a jamais proposé. D’ailleurs ce disque on l’a co-produit, j’en ai payé une bonne partie. Bref, j’étais vraiment un bleu. Je n’étais jamais défrayé pour les concerts. Globalement, je crois que la démarche de Frank n’était pas motivée que par des valeurs comme la sincérité et l’honnêteté qui sont pourtant essentielles quand on veut faire de la musique.
Par ailleurs, Frank avait le chic pour extirper toute notion de plaisir lors des enregistrements dans son studio. Diriger des enregistrements demande des qualités humaines qu’il n’avait clairement pas.
- Pour la petite histoire peut-être, on retrouve sur ce premier disque Sébastien Marc qui est crédité sur Murat en plein air et le titre « a woman on my mind » ainsi que sur le disque d’Alain Bonnefont aux disques du Crépuscule (ainsi que sur un Da Capo, participant d’AuRA aime Murat d’ailleurs). Ce n’est pas un nom que je connaissais à vrai dire.
Y. Pons :Sébastien Marc était l’ingénieur du son du studio de Franck qui s’appelait Factory (référence assumée à Andy Wahrol, la vision en moins). Sébastien était très sympa et faisait son boulot. Je trouvais qu’il mettait trop d’effets sur toutes les pistes et que ça donnait un son un peu « mouillé » sur les morceaux. Ça nuisait au naturel des enregistrements. Mais ça c’est une question de goût. J’ai simplement eu du mal à imposer les miens à l’époque. Mais ça n’a aucune importance parce que je n’étais pas prêt à faire un bon disque.
Je crois que Sébastien a travaillé avec pas mal de groupes depuis, en concerts, notamment à la Coopé.
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NDLR: Sébastien est le fils de BOUDU, l’icône clermontoise de la nuit, avec sa discothèque d'Orcines: le Phidias... cité par Murat dans Belgrade, et qui a fait également l'objet d'une chanson par Yazoo. Jérôme Pietri citait Boudu dansson interview: il chantait avec lui dans le groupe de bal "culte"de la scène 70 (notamment pour Denis Clavaizolle et Alain Bonnefont) : SOS.
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- Ce premier album on peut se le procurer d’occasion, mais il n’est pas disponible en streaming. Est-ce que c’est un album que vous « reniez » ? Il était en tout cas distribué (comme l’album de Rogojine) par un beau label indé Pop Lane qui a fait faillite rapidement ensuite...
Y. Pons :Je crois que Pop Lane savaient qu’ils allaient fermer avant de distribuer les disques de Magnolia (pas tous, mais au moins deux ou trois). Ça nous a permis d’avoir un peu de presse (Inrocks entre autres). Je ne renie pas ce disque mais tout ce que j’ai sorti jusqu’en 2015 relève du brouillon dans mon esprit. Et même une partie de la suite.
Peu de temps après, j’ai appris que Frank vendait son studio et arrêtait le label. J’ai attendu qu’il m’en parle. Il l’a fait plus de six mois plus tard, quand tout était bouclé. Ou plutôt, il ne l’a pas fait et m’a dit qu’il ne bosserait plus avec moi. Que je n’étais pas assez bon sur scène. Tout le monde savait qu’il fermait la boutique mais il n’a pas pu me le dire.
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NDLR : Franck Dumas a un an d'écart avec JL Bergheaud, et ils se sont sans doute croisés au lycée Blaise Pascal, mais lui se lance immédiatement dans la musique (Bateau Ivre dans les années 70, Tokyo transformé en Blue Matisse signé chez Warner dans les années 80, avec Denis Clavaizolle. Problèmes contractuels, il récupère du label une grosse somme d'argent après procès. Il peut se lancer dans le management avec un studio (dont Subway, F.Echegut...). Autour des années 2000, il produit "la manivelle" de Yazoo. Carton! Plus tard, il fonde le magazine Zap qu'il vient de vendre tout récemment à Centre France (la Montagne). Anecdotes muratiennes: on sait que les Rogojine (Pie et Caillon) s'étaient tournés vers lui pour payer le pressage de leur disque… mais également, quand Murat commence à débaucher Denis en 1984, que Franck et Jean-Louis sont à la limite de se « foutre sur la gueule ». Denis à droite sur la pochette... Mais reprenons l'interview...
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- En 2003, un blogueur rapporte que vous lui dites : "en Auvergne il y a deux clans : les pros et les anti-Murat, et pour les premiers Murat a un rôle de mécène". Où est-ce que vous vous situez à cette époque?
Y. Pons :Je ne me rappelle pas avoir dit ça. Si je l’ai dit, j’ai fait semblant d’être informé. Je sais que Dumas passait son temps à cracher sur le dos de Murat mais c’est tout ce que je sais d’eux et de leur époque. Il faut dire que Frank passait son temps à cracher sur tous ceux qui avaient un peu de succès.
- Dominique A vient encore de rappeler une nouvelle fois le déclic qu’a été pour lui Cheyenne autumn. A la fois sur l’aspect synthétique, mais aussi sur la « voix murmurée ». Vous pourriez faire partir de cette école-là?
Y. Pons :J’ai commencé à écouter Murat avec Mustango et Le Moujik mais j’ai surtout adoré A Bird on a Poire. Je connaissais un peu Fred Jimenez et ce qu’il faisait sans Murat était beaucoup moins bien à cause de sa voix et des tonalités qu’il choisissait mais c’est un super compositeur. Ce disque est ce qu’on a fait de mieux en France depuis Melody Nelson à mon avis.
- Pour en rester sur Murat, sur AuRA aime Murat, vous choisissez pourtant un titre plus obscur même s’il a été choisi comme single : « Marlène » sur Tristan. Vous ne pouviez pas toucher à A Bird on a Poire?
Y. Pons :A Bird on a Poire était beaucoup trop intimidant. J’aime bien « Marlène », surtout la fin, quand les cuivres arrivent. C’est leur mélodie qui m’a donné envie de chanter le refrain un peu différemment, en les imitant un peu. C’est une chanson qu’on pouvait reprendre à notre façon sans trop se creuser la tête. Je trouve qu’au final, il y a trop de basse sur notre version. C’est dommage. Je l’aime bien sinon. Je ne savais pas qu’elle était peu connue . En écoutant par la suite les premiers Murat, je me suis rendu compte que je préférais sa voix de jeune homme. Plus simple, plus humble sûrement aussi. Ça c’est une source d’inspiration.
NDLR: Pour la petite histoire, Yann a demandé que le mastering du disque prenne en compte ce besoin de réduire les basses, mais ça n'a pas été possible. Personnellement, je ne ressens pas cela... Et vous?
- Dès le premier album, on trouve un duo avec une certaine Cécile. Le troisième album est déjà en duo : Yann seul et Juliette Gamay.... avant la transformation en La fille de la côte. Comment s’est nouée cette relation artistique sur laquelle on reviendra... puisque vous chantez « Madame Gamay » sur le nouvel album?
Y. Pons :Cécile et moi, on vit ensemble depuis 1998. On a décidé de former un duo autour de 2012. Auparavant, on avait fait deux ou trois tentatives. Sur les deux premiers albums de La fille de la côte, dont je compte sortir une version modifiée dans deux ans, c’est sa voix qui sauve la plupart des chansons. A cette époque, je cherchais une nouvelle voix et sur certains morceaux, je suis à côté. Mais quand je mourrai, les gens ne pourront écouter que des versions qui me conviennent. Ça me rend presque impatient.
Sur les deuxième et troisième albums de la période « brouillon » il y a de bonnes chansons, mais des chansons de jeune homme. Un jeune homme moins capable que Murat jeune par exemple. Je compte aussi les refaire le moment venu.
Sur le troisième, À l’anglaise, j’étais à côté de la plaque, j’ai voulu tout faire seul sauf les batteries et je me prenais pour Gainsbourg. C’est raté. Mais c’est là que j’ai rencontré Christophe Pie, qu’on pourra écouter sur une quinzaine de nos chanson dans des versions satisfaisantes quand je serai mort.
- Je pense un peu à Manset avec cette idée de vouloir retoucher sa discographie... Mais de votre côté, il y a semble t-il toute une autre dimension : sur votre site, vous annoncez même vouloir sortir un nombre assez précis de disques. Comment envisagez-vous les choses ?
Y. Pons :Retoucher sa discographie en faisant disparaître des albums des plateformes de streaming et de téléchargement, aujourd’hui c’est possible quand on ne bosse pas avec des intermédiaires (distributeur surtout). Je considère que c’est ce qui va me sauver au bout du compte parce j’ai mis 20 voire 25 ans à régler tous les problèmes qu’ont pu avoir nos chansons entre 2002 et 2018 : textes approximatifs, trop d’instruments, instruments, rythmiques jouées par moi, voix défaillante, mixage fait par moi, mastering inadapté.
Maintenant je sais à qui faire appel et je sais juger mes chansons, je crois. Il me reste entre dix et quinze ans parce qu’après 60 ans, tout le monde compose moins bien, à commencer par les meilleurs. Donc j’aimerais bien arriver à une dizaine d’albums. Une centaine de chansons dont je me satisferai. Je ne vois pas d’ambition plus excitante que celle-ci. Désolé d’être aussi long. C’est un sujet qui me mobilise entièrement et me rend totalement déraisonnable.
- Dans le texte promo du premier album il me semble (on retrouve l’info dans un Télérama), vous aviez indiqué que Cécile avait été votre psy... C’était une vraie info?
Y. Pons :Si j’ai dit ça c’était un mensonge. Pourtant je ne mens pas dans mes interviews.
Elle est devenue psychiatre en 2006. On était ensemble depuis longtemps. Et il est hors de question qu’elle s’occupe de mes névroses en étant rémunérée.
On a enregistré un disque qui sort dans un an qui et s’appelle Rose Morose. Ça se passe à Los Angeles, la capitale des névrosés où je me sens chez moi. Olivier Perez a commencé à le mixer.
- C’est monsieur François Gorin qui rapporte ce qui serait écrit sur la carte promo du disque de l'époque... Je tente une petite devinette : si je vous dis 24/09/2000?
Y. Pons :Oui j’ai pas mal menti sur cette carte promo.
Le 24/09/2000, c’est peut-être Elliott Smith à la Coopé?
- C est bien ça, Ellioth à la Coopérative, événement qu’on dit fondateur pour la Kutu Folk... Label dont vous serez un des derniers "cousus main"... Quelle est votre histoire au sein de cette Histoire? J'ai trouvé l’existence d’un show case place Terrail à la boutique... Ça a été votre dernière prestation live ? [NDLR: en 2020, Yann date d'un concert de 2007 à la Baie des Singes son "adieu à la scène": "ça s'est très bien passé car je savais que c'était le dernier"]
Y. Pons :Oui, moi j’ai vu Elliott Smith la veille je crois, à Paris. Je n’étais pas au concert de Clermont. Je ne savais pas à l’époque que ça avait marqué les esprits là-bas mais justement le fait que nous ayons tous été marqués par ce concert, dans des villes différentes, en dit long sur l’influence inestimable d’Elliott Smith. Un jeune homme qui a beaucoup souffert et qui est devenu un porte parole sans le vouloir. En tout cas c’était le mien. Moi j’étais au premier rang juste devant lui. Je ne l’ai pas lâché du regard pendant deux heures. J’ai vu dans ses yeux qu’il me trouvait étrange, qu’il pensait que j’en faisais trop. Parce que j’en faisais trop.
J’ai reçu un appel d’Alexandre de Kutu vers 2015. Je le connaissais à peine. Il m’a proposé de vendre une partie de nos albums dans son magasin. J’ai dit oui. Ensuite il m’a un peu forcé la main pour jouer devant le magasin. Un moment difficile malgré la trompette de Julien Quinet qui rendait la chose plus digeste. Mais seul, ou presque, avec une guitare, je suis extrêmement inefficace. Dumas était là, qui est venu me dire que mes chansons étaient bien d’un air désolé. On ne m’y reprendra pas. Mais ça valait le coup encore une fois parce que c’est à cette occasion que je me suis rapproché de Matthieu Lopez, puis de Christophe Pie qui avait joué sur mes chansons en 2008 et enfin d’Olivier Perez qui a enregistré et mixé trois disques avec nous depuis (dont deux ne sont pas encore sortis).
Au supermarché place de Jaude :
- Donc, on peut dire que vous n’avez pas été partie prenante de cette histoire... Par contre, Clermont capitale du rock (un truc de journalistes peut-être mais qui s’appuyait sur du concret : les tournées Kutu aux TransMusicales, Cocoon, le travail de la Coopé...), ça vous inspire ou vous inspirait quelque chose?
Y. Pons :Clermont ville du rock, c’était une campagne de marketing de la Coopé en gros, pour une fois de plus se sentir un peu Mancuniens, avec tout un tas de groupes anglophones mis en avant. Ça me fait penser à leur concours pour créer l’hymne de l’ASM (j’avais participé), c’était pour copier ce qui s’était passé à Manchester où les gens ont spontanément adopté une chanson d’Oasis comme hymne de leur club. Mais le problème c’est justement qu’un hymne ou une réputation de ville à la pointe dans tel ou tel domaine, ça ne se décrète pas, ça s’impose tout seul dans l’opinion des gens, spontanément.
Ce qui est vrai en revanche c’est qu’il y avait beaucoup de bons musiciens à Clermont. Par exemple, j’étais assez copain avec les Marshmallow et trois d’entre eux ont joué sur mes chansons entre 2006 et 2018.
- La rencontre avec Christophe Pie : comment s’est-elle passée? Pouvez-vous nous parler de lui et de son jeu?
Y. Pons :Christophe Pie, je l’ai embauché pour des enregistrements en 2008 et puis il a joué sur tout notre album, Le deuxième soir non plus, en 2018. C’était un mec râleur et attachant, un peu rustre mais on rigolait bien avec lui et puis surtout il jouait bien et avec Matthieu Lopez, ils formaient un super duo. Avec Julien Quinet à la trompette et Guillaume Bongiraud au violoncelle, j’avais une bonne partie du Delano Orchestra sur ce disque.
Christophe à la batterie sur ce titre (et ça ne sera donc pas sa dernière apparition discographique...):
Yann avec les deux Christophe : Pie et Adam (Caveau de la Michodière)
- Pouvez-vous nous parler du talentueux Olivier Perez (Garciaphone) ?
Y. Pons :Olivier est un mec très talentueux qui joue de plein d’instruments, qui joue juste, qui ne fait jamais semblant, qui a appris à mixer en autodidacte et qui est capable d’obtenir de faire sonner de manière inespérée des enregistrements faits avec très peu de moyens.
Mais toutes ces compétences n’existeraient pas s’il n’avait pas les deux qualités majeures pour ceux qui ont l’ambition de faire de la musique : c’est quelqu’un de très humble et de très honnête.
----NDLR: Échange d'amabilités. J'ai interrogé Olivier... "je peux te dire ce qui me vient en premier à l'esprit : c'est un plaisir de travailler avec Yann. On a enregistré deux albums ensemble, que j'ai aussi mixés. C'est quelqu'un d'exigeant sur l'enregistrement et la mise en forme des chansons. Il sait exactement ce qu'il veut et ses indications sont toujours très précises. Et le résultat est que les chansons sont toujours mises en valeur par ses choix d'arrangements et ses idées pour le mixage. Et c'est un excellent songwriter et parolier". ----
- Vous évoquiez le sport... J’en profite pour faire le rapprochement avec Murat : vous avez tous les deux écritsur l’équipe de France 84/88, vous , un titre « lettre à Battiston » dans une compil initiée par Johan Micoud, et Murat sur 88, « Achille in Mexico. » Le fait de faire un hymne au rugby c’était un exercice de style? Ou il y a un vrai goût pour le sport? (C’est vrai que je ne vous attendais pas là dessus... ).
Y. Pons :Écrire sur le sport ne m’intéresse pas vraiment mais c’était des occasions de faire parler de nous. « Lettre à Battiston » ne sonne pas très bien mais nous a quand même rapporté 6000 euros en droits d’auteurs donc pas de regret.
- Ah oui! Une belle somme déjà pour l’époque!
Après La Riviera, la Normandie, le Brésil, votre nouvel album a de nouveau un ancrage... mais quand vous m’en avez parlé la première fois, vous disiez qu’il était différent. Est-ce qu’il est plus personnel?
Y. Pons :Oui il est plus personnel. Au départ c’est un disque fait uniquement avec des chansons qui n’ont jamais été finies au cours des quinze dernières années. Au final, c’est un enchaînement de messages personnels assez frontaux. Ça fait du bien. Le prochain qui sort dans un an se passe en Californie, et fonctionne sur le même principe que les précédents : une destination et plein de petites histoires, d’amour mais pas seulement.
- On peut être surpris que ce soient des chansons écrites au fil des ans, mais c’est bien le signe qu’il y avait une récurrence dans l’inspiration et on a au final un vrai album « concept ». Si les autres albums évoquent les vacances et le voyage, sur celui-ci, c ‘est le départ et même la fuite d'un lieu étouffant et d’une communauté archaïque. C’est ce que vous inspire l’Auvergne ou votre milieu ?
Y. Pons :Les enregistrements ont pris quinze ans mais les textes et souvent même les mélodies ont été refaites ces trois dernières années. J’ai tendance à confondre les Auvergnats que j’ai côtoyés et l’Auvergne. Je sais que c’est pas bien. En l’occurrence, ce disque s’adresse à une vingtaine de personnes au total. Ils se reconnaîtront tous. Les autres n’ont pas de raison de se sentir offensés.
- Pourquoi avoir choisi le terme Calexico pour désigner l’Auvergne?
Y. Pons :Calexico c’est une ville frontière. Une fois passés les barbelés, il faut courir vite. C’est un endroit sec et hostile mais pas très loin de ce qui semble être le paradis.
- Vous vouliez quand même que ça nous fasse penser au groupe ou à l’univers de Mustango ?
Y. Pons :Non.
- Pouvez-vous nous parler de cette chanson un peu pivot « Les sauvages de Calexico »? J’ai l’impression que vous racontez un rêve? Ou un conte? Il y a dans l’album des termes forts, vous êtes presque dévoré, vomi... des bouchers vous enferment... Et malgré tout, vous indiquez que vous pourrez revenir... alors que dans une autre chanson, l’adieu est définitif...
Y. Pons :Effectivement c’est un cauchemar. Mais c’est aussi un peu du vécu. La personne qui parle dit qu’elle reviendra quand elle le voudra. C’est à la fois une réponse à une formule de politesse et, dans son esprit, un sous-entendu très clair.
- A côté de ça, et je dirais quand même avant tout, c’est une belle histoire d’amour... comme l’indique le titre de l’album... Même si « Aloha », le dernier titre, est un peu énigmatique par sa mélancolie et l’expression « pauvre de toi ».
Y. Pons :Oui c’est une belle histoire d’amour. Et d’ailleurs, c’est la mienne. « Aloha », c’est aussi une chanson d’adieu mais toutes les chansons de cet album disent adieu aux mêmes personnes. A ceux qui n’ont rien compris parce qu’ils sont toujours sûrs de comprendre. Et parce que ceux qui s’en vont préfèrent le faire dans la nuit, pendant que la forêt brûle, que tout le monde est bourré et que les sauvages dorment tranquillement. « Pauvre de toi », c’est assez bienveillant étant donné les circonstances.
- Vous sortez l’album en numérique, sans campagne promo, comme si vous vouliez juste faire passer le message à certains destinataires? Ou dans une démarche cathartique ? Ou vous le trouvez trop personnel ?
Y. Pons :Non, rien de tout ça. Ces dernières années, on fabriquait encore des CD dans le but d’obtenir le plus d’articles possible dans la presse ou de passages à la radio via un attaché de presse. Mais on ne peut pas le faire à chaque fois pour des raisons financières. D’autant moins qu’on va sortir un album par an dans les années qui viennent et de toute manière, la promo telle que nous l’avons financée ces dernières années, ne permet pas de nous faire connaître suffisamment pour justifier de telles dépenses. Je préfère donner le plus d’argent possible aux gens très compétents qui nous aident à enregistrer nos disques.
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Interview réalisée par mail du 26/09 au 5/11/2022. Merci à Yann pour la disponibilité, et les photos du 6-3 (issues de ses archives personnelles) (et à Florence D. pour le travail de l'ombre).
Je vous dis aloha! Et à très vite, avec encore un artiste attachant... et "attaché" à Murat.
On a parlé de Guillaume Bongiraud dans cette interview, j'en profite pour parler de son disque/livre commandable sur sur site, avec la participation de Morgane Imbeaud:
"Murmuration” est un livre-album entièrement acoustique. Il a été enregistré comme un voyage, dans huit lieux différents de ma région de naissance, de cœur et de résidence, le Puy-De-Dôme. Munis de microphones et d’appareils photo, nous avons, Morgane Imbeaud et moi, croisé la route de huit lieux chers à mon cœur, des lieux empreints à la fois de nature sauvage et d’humanité.De retour avec la matière sonore et visuelle, Daphnée Autissier, à partir des photographies, laissera son crayon imaginer et s’entremêler avec les images. A la manière du patrimoine qui s’inscrit dans la continuité du paysage, du son du violoncelle qui vagabonde sur le chant de la nature".
Allez, un petit partage de photos pour passer le temps mais on se retrouve demain avec une interview inédite! Pour ce dimanche, Promenade au milieu des chasseurs sous un ciel un peu voilé, un gros chien à clochette m'a accompagné un petit moment... J'ai fini par prendre peur et changé d'objectif... et pas seulement sur mon appareil photo (oh! oh! je suis drôle). Au retour, un coucher de soleil au bord du Rhône m'a forcé à faire une pause... pour des nombreuses poses (tordant i am)... pleines de couleurs. Vue on the boarder: Ain, Isère et Savoie.
Ces 3 premières photos datent de la semaine dernière...
1) Le BIEN PUBLIC nous propose un retour en photo sur le concert de jeudi soir. Un minitexte accompagne:
À chaque fois c'est la même chose. On se dit qu'il est passé de mode, dépassé par les rappeurs et les chanteuses à petite voix. Mais on retourne voir Jean-Louis Murat. L'Auvergnat a fait halte jeudi soir au club de La Vapeur. Pendant un concert où il a souri de la pénurie de moutarde, moqué les bières régionales, il a surtout chanté l'amour comme un ruisseau ardent qui irrigue toute une vie. La prochaine fois ce sera pareil. On hésitera encore un peu. On se sentira passé de mode. Et on ira écouter Jean-Louis Murat.
On voit la belle proximité avec le chanteur dans cette salle équipée d'une scène très basse et le public debout... et des jolies lumières... Pas un mot sur Raoul Vignal en première partie qui est un maître folkeux.
Mathias m'avait transmis la feuille de la set-liste. Immuable. Donc pas de surprise. Merci à Mathias pour les photos:
On était une nouvelle fois sur une affluence un peu réduite... Effectivement, on peut se poser la question de "la mode"... Même l'annonce du futur enregistrement dans l'article précédent ne me fait remonter presque aucune réaction...
2) Je vous annonçais en juin avec quelques détails l'arrivée en gare de La "Prose du transsibérien" dont Jean-Louis Murat a composé la musique. On connaît précisément l'heure d'arrivée : 2 décembre.
Cet enregistrement inédit du poème de Blaise Cendrars est le dernier projet de Jean-Louis Trintignant.
La Prose du Transsibérien rêve à un mélange et à une communication entre tous les arts. L’interprétation du regretté Jean-Louis Trintignant (1930-2022) est considérée par les spécialistes de Blaise Cendrars comme la meilleure jamais réalisée. L’acteur donne à entendre, par le jeu des modulations de sa voix la traversée d’un voyage éternel. La voix intemporelle de Jean-Louis Trintignant devient ici musique. On embarque à bord du train à travers la Russie en sa compagnie et celle d’Enki Bilal : les mots du poète, la voix de l’acteur et les couleurs du peintre communiquent et se répondent, la peinture et la musique sont enfin à nouveau du voyage.
Livre-disque d’art avec CD & Vinyle.
Édition de luxe limitée et numérotée, avec livret quadri intérieur 36 pages, incluant textes, dessins et peintures. Texte intégral du poème, préface par Claude Leroy, entretiens inédits avec Jean-Louis Trintignant, Enki Bilal, Jean-Louis Murat. Œuvres originales d’Enki Bilal.
Premier volume de la collection livres-disques d’art BOOKSON des Disques du Maquis, qui pour objectif de réunir toutes les formes d’art, littéraires, visuelles et sonores.
Le visuel est un peu décevant pour un objet d'art... mais on espère des belles illustrations de Bilal et on nous promet des propos inédits de Jean-Louis. Ca coute quand même 60 euros...
LE LIEN EN PLUS BIBLIOGRAPHIE
J'avais quelques minutes dans la bibliothèque de Grenoble hier... je me suis rendu au rayon musique... Juste eu le temps de trouver ça :
Livre "La Musique: 1970'-1980'-1990'-2000'" Relié du 18 décembre 2011 306 pages.
On le trouve d'occasion pour un prix correcte. le célèbre article de Bayon est le seul sur Murat qui figure dans le livre mais un index permet de retrouver quelques autres citations (articles sur Bob Dylan) et dans celui-ci:
1) Je m'attendais à ce qu'on découvre des infos sur une sortie de disque puisque on aime bien avoir des nouvelles fraîches chaque année... mais c'est "juste" le futur enregistrement que l'on a appris sur les réseaux sociaux hier... à partir de mi-novembre. Il faudra donc attendre quelques mois pour écouter.
[Edit: ah, les messages ont été supprimés ensuite... il ne faut pas spoiler cet événement mondial]
L'enregistrement doit donc se faire chez Denis et il semble que Jean-Louis a décidé de la jouer comme "un parfum d'acacia au jardin"...
Denis et son disque d'or du manteau de pluie...
2) Un autre petit retour sur OIGNIES nous arrive de la part du site Ca c'est Culte qu'on avait déjà croisé. Des photos sont visibles sur le site.
On y croise un classique du live report d'un bon concert: "mon accompagnatrice, qui découvrait l’univers Muratien me confit à quel point sa prestation lui a plu."
Pourtant les trois premiers morceaux peinent à me convaincre (Jean Bizarre, La princesse of the cool et Ciné vox) le rythme est lent et les titres très longs. Fort heureusement, la suite s’améliore franchement. On retrouve le Jean-Louis Murat des compositions plus rock dès la chanson suivante (Ma babe). C’est ce que j’apprécie le plus chez ce chanteur : ce mélange de rock assez simple et de poésie aux textes plus ou moins compréhensibles (dans la lignée d’un Thiéfaine par moments) comme pour La pharmacienne d’Yvetot.
Devant moi, mon voisin semble apprécier et dodeline de la tête en rythme. On a presque envie de se lever de son siège pour se trémousser. Il faut dire que la station assise, tant du public que du chanteur n’est pas très propice, mais ce n’est pas très gênant. Très complice avec le public et taquin avec ses musiciens, le courant passe bien avec les spectateurs (mieux qu’avec son ampli qui « souffre d’une lente agonie »).
Il y aura tout de même quelques moments plus calmes (La pharmacienne d’Yvetot, L’arc-en-ciel) durant lesquels il est seulement accompagné de son pianiste. Très rapidement, la cadence s’accélère à nouveau (Frankie).
Malgré les applaudissements nourris, il n’y aura pas de rappel, on devra se contenter d’un Taormina épique. En retournant sur le parking mon accompagnatrice, qui découvrait l’univers Muratien (je ne sais pas comment on dit) me confit à quel point sa prestation lui a plu.
3) Désolé, j'ai raté pour vous un petit concours pour gagner deux places pour ce soir à la VAPEUR à DIJON... Un petit texte original l'accompagnait.. avec les approximations de rigueur (disco dans les années 90?)
Le sulfureux Jean-Louis Murat sera à Dijon, à la Vapeur, le 27 octobre. L’auvergnat de 70 ans est encore au top de sa forme et prêt à en découdre. De ses premiers albums, dans les années 80, jusqu’à « La vraie vie de Buck John », le dernier en date sorti en 2021, la musique de Jean-Louis Murat a bien suivi son époque : dans un premier temps plutôt rock-folk, elle adopte un caractère dance et disco dans les années 90. En 2021, avec son dernier album, il caresse l’électro-pop. Mais ce qui reste, ce sont des textes infusés d’amour et de passion. Un gros lover ce Jean-Louis Murat.Mais surtout, faut le dire, Jean-Louis Murat, c’est des gigas punchlines du genre : « Ça me plaît qu’on ne m’aime pas » (Le Point, 2011), et des trucs plus crus du genre « Souchon, c’est la chanson démagogique » (L’OBS, 2014), ou quand il balance aux Inrockuptibles que PNL est « du niveau du Club Dorothée ». Avec Jean-Louis, tout le monde en prend pour son grade, donc jeudi, sortez couverts.
Commente et tente de gagner 2 places pour son concert le 27 octobre à La Vapeur à Dijon ! Texte : Paul Dufour / Photo : DR
PS: c'est bien con... mais j'étais à DIJON... hier... C'est ballot. Le pire, c'est que j'ai vécu avec cette déco pendant 3 jours...
Je découvre un texte qui accompagne une session confinement de FREDERIC BOBIN de ce titre:
Eté 99. Première vraie histoire d’amour. Mononucléose. Tout l’été, alité. Un album m’aidera à supporter ces longues vacances passées au lit : les « Impromptus » de Schubert (par Alfred Brendel), pièces pour piano découvertes grâce au film « Trop belle pour toi » de Bertrand Blier. (Et Jean-Louis Murat dans tout ça, me direz-vous ?) Fin août, je ressors enfin de ma chambre et lors de ma première sortie, j’achète « Mustango », le tout nouvel album de Jean-Louis Murat (Ah quand même !). Je ne connaissais pas grand-chose de cet artiste – un clip avec Mylène Farmer et quelques chansons par-ci par-là… – mais j’avais lu de bonnes critiques de l’album, bien aimé le titre et la pochette… bref, je l’achète un peu par hasard… Lorsque je mets le CD dans la platine, j’entends l’intro basse-batterie du premier morceau… Quel groove ! Je tombe instantanément sous le charme de l’album… le son, la voix, les mélodies, la poésie éthérée de Murat… Une atmosphère à la Neil Young et des chansons qui évoquent le rock britannique (PJ Harvey dans la chanson « Polly Jean ») autant que la contre-culture américaine (Jim Harrison dans « Jim » ou Calexico dans « Viva Calexico »). Le duo de Tucson joue d’ailleurs sur l’album et on y entend aussi les très beaux chœurs de Jennifer Charles du groupe Elisyan Fields. Bref, cet album parle au fan de folk-rock que je suis aussi et réveille en moi mon amour de la musique des grands espaces. Même si « Mustango » reste mon album préféré de JLM, je vous invite aussi à (ré)écouter ses deux albums suivants, « Le moujik et sa femme » et « Lilith ». La chanson que je chante ce soir, « Au mont sans-souci », n’est pas la plus représentative de l’album « Mustango »… Mais j’ai une tendresse particulière pour cette ballade au piano qui évoque à la fois les enfants ou ados convalescents et un premier amour… deux choses qui étrangement faisaient écho à mon été 99.
Il passera sans doute près de chez vous rapidement car il a un calendrier de concerts proprement hallucinant.