Libération du vendredi 26 mai, vélo et hommages (Elysian Fields and co)

Publié le 8 Juin 2023

Bon, il est quand même temps de publier le numéro de Libération du 26 mai 2023. Je ne l'avais pas lu encore, mais je le trouve plutôt réussi pour un numéro fait naturellement dans l'urgence. Le début est très beau sur les relations avec le journal, et c'est finalement assez émouvant qu'ils lui  consacrent à nouveau cette une et cette place... Et ce sont les seuls à le faire en France... en attendant peut-être les hebdo demain...  Le choix de photo pour la une a fait un peu discuter. On ne peut pas dire que ça ne lui ressemble pas, le côté "dégueulasse" dont on a souvent parlé, mais ça renvoie aussi à une image un peu attendue de ceux qui ont des a priori. J'ai de mon côté trouvé cocasse que la presse qui a tellement râlé quand Murat ne leur transmettait que des autoportraits choisisse finalement l'un d'entre eux... Surtout Libé qui a un stock de photos de JL conséquent.

 

 

 

Pas à la Bourboule assurément. 

(4 enfants... comme l'indique Paris-Match) 

 

2e référence à une collaboration avec PJ Harvey... euh... 

 

 

 

 

 

Dommage de parler d'homophobie: on peut  citer des éléments concrets allant dans un sens inverse : comme le lien avec son prof de collège, la chanson "les gonzesses et les pd"... 

article ci-dessus en ligne: «J’ai un souvenir délicieux de nos rencontres lorsqu’il imaginait ce disque si singulier qu’il voulait parlé-chanté avec les poèmes de madame Deshoulières. Il avait découvert l’œuvre de cette libertine féministe qu’admirait Voltaire totalement par hasard sur un marché je crois. Nous étions vraiment très proches à l’époque. On avait fait connaissance sur la Vengeance d’une femme (1990) que tournait Jacques Doillon avec Béatrice Dalle et où il avait un second rôle. Je garde un bon souvenir de ce tournage. Jacques disait qu’il préférait les actrices aux acteurs, Jean-Louis n’en prenait pas ombrage. Pourtant il était toujours très en colère, et de plus en plus. Il ne se gênait pas pour s’en prendre à beaucoup et à l’ère du temps. C’était un poète, un grand révolté, sans concession, brut mais pas brutal. Il y avait de la douceur en lui. Son alacrité était salutaire. Sa sauvagerie aussi. Il était solitaire. La dernière fois où j’ai joué près de chez lui, à Clermont-Ferrand, je n’ai pas osé le déranger.»

 

vue générale ci-dessous, puis l'article en plus gros: aussi en ligne ici

 

Avec Jean-Louis Murat, Libération aura ouvert beaucoup de guillemets. Parce que le chanteur était particulièrement prolixe : musicalement d’abord, mais aussi en interview. Des rencontres régulières (au moins une vingtaine depuis la fin des années 80) qui donnent lieu à des ping-pongs verbaux parfois étonnants. En tout cas loin des habituels exercices de promotion. Plongée sélective dans les archives.

1988 : Murat a déjà sorti deux albums confidentiels et Bayon signe dans Libération un papier fondateur après avoir entendu Si je devais manquer de toi. Truffé de citations du chanteur, il dépeint Murat en aimable névrosé, qui confie avoir touché le fond et propose des œufs durs («Ils sont un peu mous, ça ne te dérange pas ?») avant de faire la vaisselle. «Ma copine dit : “Si tu fais des chansons quand tu vas mal, en arrêtant d’en faire ça ira peut-être mieux ?” J’ai essayé, la vie est invivable sans.» Et cette angoisse : «J’ai peur de ce que je pourrais devenir : une sorte de chanteur de charme. Crooner français à la manque.»

En 1993, à la sortie de Venus, Murat répondait à Gilles Renault, qui lui soumet sa réputation de «mauvais coucheur» : «Je ne me sens ni musicien, ni chanteur, ni artiste. […] J’espère qu’un jour j’aurais le courage de passer à autre chose.» Pourtant, deux ans plus tard, il est encore là, à la sortie d’un album live, tentant de définir pour Eric Dahan ce que serait la chanson parfaite : «Comme une maison réussie. Tournée au sud, grandes fenêtres. Des fois c’est une masure couverte de genêts, le public le voit et il refuse d’habiter pendant 3 minutes 35 une baraque qui prend l’eau. Moi, avec mes chansons, j’ai pas mal donné dans l’Algeco, avec un toit en tôle ondulée… Ma hantise, ce serait de l’écrire justement la chanson réussie. Parce qu’après c’est fini.»

Avec Jean-Louis Murat, Libération aura ouvert beaucoup de guillemets. Parce que le chanteur était particulièrement prolixe : musicalement d’abord, mais aussi en interview. Des rencontres régulières (au moins une vingtaine depuis la fin des années 80) qui donnent lieu à des ping-pongs verbaux parfois étonnants. En tout cas loin des habituels exercices de promotion. Plongée sélective dans les archives.

1988 : Murat a déjà sorti deux albums confidentiels et Bayon signe dans Libération un papier fondateur après avoir entendu Si je devais manquer de toi. Truffé de citations du chanteur, il dépeint Murat en aimable névrosé, qui confie avoir touché le fond et propose des œufs durs («Ils sont un peu mous, ça ne te dérange pas ?») avant de faire la vaisselle. «Ma copine dit : “Si tu fais des chansons quand tu vas mal, en arrêtant d’en faire ça ira peut-être mieux ?” J’ai essayé, la vie est invivable sans.» Et cette angoisse : «J’ai peur de ce que je pourrais devenir : une sorte de chanteur de charme. Crooner français à la manque.»

1999, l’Auvergnat revient de New York et Tucson où il est allé pêcher des idées et des musiciens pour son nouvel album Mustango. Il détaille les coulisses de l’enregistrement à Didier Péron : «Les musiciens ne comprenaient pas le français, pour moi c’était extra. Ils voulaient que je leur explique les textes mais je leur disais : “Vous inquiétez pas, c’est n’importe quoi.” “Naked in the crevasse”, “the proud lover of earth”, les mecs se fendaient la gueule !» Et explique sa passion pour l’autoportrait : «Quand je suis parti pour New York, j’ai loué un loft à un artiste japonais et j’ai peint sans arrêt. […] Je suis tombé dans une sorte de dinguerie de l’autoportrait, j’en ai peint 120 ou 130 ! […] J’ai lu quelque part que l’écriture ne fait fonctionner qu’un seul côté du cerveau, la peinture fait fonctionner l’autre. […]. J’ai l’impression d’être devenu bicéphale.»

En retrouvant Bayon, en 2002, le chanteur oscille entre mélancolie et fantaisie. Il chipote sa brandade de morue, traite ses migraines avec une douzaine de Doliprane par jour et l’interview vire à la discussion : «Comment va Murat ? — Ça dépend du temps. S’il fait beau, je vais bien. […] — Le “procédé Murat” s’apparente-t-il au “raisonné dérèglement rimbaldien” ? — Je suis déréglé de nature, un bonbon à la menthe me donne des visions. […] — Ton attitude pendant l’enregistrement ? La vache qui rumine. Zen à ma façon. Ne jamais carburer à plus de 70 %, privilégier le premier jet, faire sans y penser. […] — Si tu avais vécu à une autre époque ? — Préhistoire, ou ménestrel.»

Mais c’est l’année suivante, à la sortie de Lilith, qu’il se livrera le plus longuement, cuisiné par Antoine de Baecque et Ludovic Perrin. «Le rythme de création augmente-t-il avec les années ? – Je pense beaucoup à mon deuxième cerveau : le ventre. […] Vous savez comment se nomme le nerf qui relie les deux cerveaux ? Le nerf vague. C’est lui, quand l’énergie remonte, qui déclenche le sperme spirituel. Je ne peux pas passer une journée sans me faire deux ou trois giclées de sperme spirituel. J’ai toujours Proust et Montaigne à portée de main. J’ai fait tout Lilith en lisant la Recherche. — La poésie est morte ? — C’est un risque. La puissance poétique est saturée. Je ne pourrais pas écrire une chanson sur Paris aujourd’hui. Ça a été vidé, comme le coucher de soleil, de sa puissance poétique. Depuis la photographie, plus personne ne regarde les couchers de soleil, si ce n’est avec des pensées de carte postale. […] — L’image poétique n’est-elle pas galvaudée ? — Chaque fois que tu demandes un prêt de 4,5 % au Crédit agricole, ils te balancent Imagine. C’est pour ça que je n’ai jamais pu saquer John Lennon. En plus d’avoir fait spliter les Beatles, ce type a fait des chansons qui peuvent servir au Crédit agricole ! Je déteste Imagine. Elle porte le poison du temps, c’est une chanson de Jean Paul II. Je déteste les gens qui imaginent, les gens qui parlent d’un autre monde, qui te font chier avec un autre monde. Le monde est ce qu’il est. Un oiseau qui pisse, c’est un oiseau qui pisse. Alors, si tu veux un autre monde, prends-toi en charge, défonce-toi, fais de la musique, de la poésie mais ne dis pas que c’est la politique qui va faire un autre monde.» Et économiquement, s’inquiète-t-on ? «Je suis ric-rac. Mes disques ne passent pas la barre des 100 000. Autant dire zéro. J’ai gagné deux fois plus d’argent avec ma chanson pour Indochine qu’avec mes deux derniers albums. Très énervant : une chanson écrite en cinq minutes m’a rapporté deux fois plus que trois années de travail.»

Quand sort Toboggan en 2013 («un disque supportable pour les enfants»), nouveau ping-pong avec Bayon : «Ces insanités de dieu (ciel, vaudou…) que tu invoques en litanie, c’est quoi ? Toi ? — Dieu est le mot le plus commode pour parler de l’inconnu et de l’inexplicable, c’est une facilité de langage, comme “zut”, comme “flûte”. — Toboggan, c’est-à-dire ? — Rien, c’est un joli mot algonquin, les deux “o” et les deux “g” me plaisent beaucoup. — On comprend mal le sens des mots que tu psalmodies. On peut parler de poésie lettriste ? — C’est le latin des âmes perdues, mon public comprend très bien ce langage. — Tout ce que tu fais et chantes vibre de peur. Peur de quoi au fond ? — La peur d’y passer, la peur de vivre pour moins que rien.»

Sa dernière interview pour Libé, l’année suivante, commençait à dresser des bilans. A Philippe Brochen qui lui demandait s’il était navré par son «relatif déficit de succès en dépit d’une reconnaissance avérée de la critique et de [ses] pairs», Murat répondait, faussement fataliste : «Le succès, c’est le pire truc qui pourrait m’arriver. Je ne suis pas fait pour lui, même humainement.»

 

 

L'HOMMAGE EN PLUS

Après la version "Jennifer -Matt Low",  à Marseille, voici la version Garciaphone-Jennifer, pendant la tournée des Elysian Fields

 

2 ) J'ai publié cette photo sur les réseaux sociaux,  gens de raison qui en êtes absents, qui ne vivez pas en gastéropode, en gentiane, en Poulidor,  je ne vous oublie pas! La photo du regretté Danyel Massacrier est d'avant 1979 je pense car c'est François Saillard que l'on voit derrière, membre du premier Clara.

J'ai aussi publié cette petite mention du Dauphiné Libéré qui cause du Dauphiné (le critérium) qui est passé au pied de la Croix Morand (1ere étape). Il aurait sans doute été en bord de route... avant le passage du tour cet été, de retour sur le Puy-De-Dôme.

 


 

En passant, vu les réseaux sociaux, à Clermont :

Et Richard Claret a fait son petit autel (on a parlé ici du Phidias la discothèque du Puy De Dôme):

L'HOMMAGE EN PLUS

 

Après la version "Jennifer -Matt Low",  à Marseille, voici la version Garciaphone-Jennifer, pendant la tournée des Elysian Fields.  Et encore une autre vidéo à Monaco...

Ils passent encore au café de la danse!

 

La veille à Monaco:

 

Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Commenter cet article
C
Nous n’avons pas eu de combo « Murat / Jennifer » à Tulle sur la première date de la tournée d’Elysian Fields (faute de temps pour répéter il semblerait), mais ces reprises sont le très bel hommage que lui font ces 4 là. <br /> Merci à eux.
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