Saint-Marcellin (isère), entre noix et Vercors, a son petit festival qui porte le nom de "Barbara" (une exposition lui est consacrée). Les têtes raides ont occupé la scène en ouverture, mais moi, ce qui m'intéressait c'était la soirée Maissiat et Cherhal... J'aurais fait ainsi l'ouverture et la fermeture de la saison culturel de la commune (Barbara Carlotti, compte-rendu).
Je m'incruste de bonne heure dans cette fête de village, où tout le monde se fait la bise: un, je n'avais pas encore mon billet (il restera encore quelques places), deux, il y avait un petit concert en fin d'après-midi devant la salle: petit concours entre petits nouveaux, puis une prestation d'une chanteuse entrant en résidence : Chloé Birds (quel boulot côté com: site internet, support, dossier de presse... j'y découvre le nom de Murat... car son bassiste -non-présent- a joué avec lui... Après recherche, c'était sur MURAT LIVE (Patrick Loiseau, homonyme du compositeur et ami de Dave... que l'on trouve lui aussi aux côtés de Murat dans les crédits d'un disque de F. Hardy... voili voili pour être précis)... et j'ai une parenthèse à fermer encore, attention là: ).
Chloé Birds (©surjeanlouismurat.com)
Il n'y a pas grand monde, c'est dommage, tout cela est pourtant bien sympathique. Les Milord, duo blues entre Vienne et Saint-Etienne, emportent le prix et rejouent quelques titres. Je découvre que la personne qui interviewait sur un bord de trottoir Jeanne il y a quelques minutes est le chanteur du groupe. Je suis jaloux: l'inter-ViOUS ET MURAT de 2010 se doit d'être actualisé (il y a eu The end etc, la cover de la maladie d'amour entre autres choses)... peut-être un jour. J'avais même essayé de décrocher auprès d'elle une invit pour ce soir: une Nantaise en dauphiné... elle ne sait surement pas à qui donner ses invit ai-je pensé... avant de découvrir ce soir qu'elle jouerait en fait devant son oncle, des cousins et cousines grenoblois. Elle évoquera cela rapidement durant le concert avant qu'un "Jaja!" ne soit crié du public: "c'est mon cousin!" (cela rajoutera une dimension supplémentaire aux moments des chansons sur son père et sa mère).
Milord ((©surjeanlouismurat.com)
On a droit à un petit laïus de présentation de la responsable du service culturel (le Maire - SE/DVG- ne s'inscrute pas comme l'autre soir pour Barbara Carlotti... faut dire qu'il vient d'être réélu... comme quoi la culture, ça paye)... On remercie la municipalité et les bénévoles... qui nous permettent d'avoir un concert au prix de 20 euros (et Barbara Carlotti, c'était gratuit....). C'est quand même sympatoche.
- Première partie MAISSIAT:
Au cours du concert, il m'est revenu qu'elle avait fait partie de Subway.... groupe féminin un temps soutenu par Murat, mais avant qu'elle ne l'intégre. Bien qu'elle se soit montrée disponible à la sortie , je n'ose l'aborder pour tester sa muracité.
Toujours le chapeau vissé sur la tête, chemise blanche et jean noir sur une silhouette androgyne, minois graçieux, ses lèvres fines ne laissent que peu sortir son énergie rock passer. Elle pourrait se permettre ainsi d'accrocher le public, mais toute en retenue, elle choisit l'élégance... et une voix très sobre et claire, charmante. Piano solo, puis accompagnée de boucles ou d'un clavier ou d'une guitare additionnelle, tout ne me parait pas du même niveau. On aimerait la voir accompagnée d'un vrai groupe. Elle remporte néanmoins un beau succès (elle a vendu son stock de disques) et on se dit qu'on prend date pour l'avenir. Après une tournée sud américaine, la lyonnaise sera des nuits de Fourvière en première partie de Doré (complet).
Pause, plus couramment appelé "entre'acte".
Le rideau a été tiré.
Quelques secondes de départ en fanfare (sur « j’ai faim ») avant que le rideau ne se réouvre. Jeanne, costume blanc 3 pièces, à gauche avec un long piano (partagé avec Maissiat), et le band un peu éloigné à droite: le french cow-boy batteur Eric Pifeteau (conservé de la tournée précédente), l'excellent Laurent Saligault vu ici même avec Barbara Carlotti et Sébastien Hoog ("histoire(s) de J", l'album de Jeanne, lui doit beaucoup) et ses guitares -il en change régulièrement en cours de morceau-.
On retrouve les titres du dernier album délivrés très fidèlement. Jeanne soulignera qu’elle est très heureuse de le défendre sur scène avec les mêmes 3 musiciens qui ont enregistré l’album avec elle. En tout cas, oui, ça tourne rond, et on retrouve le groove samsonien tel qu’il est présent sur disque. Un bon son de piano, et d’excellentes guitares de Hoog en premier plan, notamment sur « l’échappée ».
Les titres s’enchainent avec Jeanne Cherhal au piano, avec quelques petits mots de temps en temps. Et on se demande si elle va se lever… même si elle virevolte presque sur sa chaise, se met debout, ou prend des pauses gilbertBecaudienne en équilibre sur le bord du siège.
Ca continue avec élan avec « bingo » (cosigné avec JPNataf), puis Noxolo, ballade triste, mais le morceau s’étire joliment.
Premier retour en arrière avec « 5 ou 6 années », bien jolie dans cette orchestration plus «piano ».
Jeanne parle parfois entre les chansons. Salutations à Massiat (elles ont déjà joué ensemble à Bourges, et Maissiat a également chanté avec l’ami JP Nataf…), évocation de la finale de champion’s league en train de se dérouler… et là, petit mot plein d’humour pour annoncer « quand c’est non, c’est non » et… l’ humour se poursuit dans l’introduction de la chanson… qui se termine dans un joli moment pour remplacer la partie des Françoise présente sur le disque.
(dans les coulisses, page officielle de Jeanne Cherhal)
On continue encore avec « histoire(s) de J. », avec « l’oreille coupée », là encore, introduite par un discours qui tente de nous faire croire que Jeanne n’est pas parfaite. C’est un des morceaux très samsonien, avec de belles envolées… où l'interprête utilise une bonne partie de ses capacités vocales. Le morceau est un peu rallongé sur la fin avec un long solo de guitare. Excellent.
… Et finalement, voilà la chanteuse debout devant nous… Et oui, pas de piano sur « cheval de feu»… C’est le morceau le plus osé… et c’est justement avec celui-là que Jeanne ose se présenter pour la première fois de la soirée devant nous. C’est presque gonflé (sans jeux de mots)… mais j’en vois le symbole d'une profession de foi délivrée dans cet album (déjà annoncé par la tournée précédente) : se mettre à nu, et dresser le portrait d’une femme épanouie, même si le doute et les craintes, les angoisses premières, se présentent encore. Joli pont musical rock là encore, avant que la chanson ne redevienne douce.
Après, deux petits tubes:
"voilà", le texte se prête au amusement ... et Jeanne tente de faire chanter le public un peu timide. Excellent.
Puis on part sur un très énergique "canicule" (album "l'eau"), où le public applaudit avec force. Belle version... avec quelques petites notes de piano rigolotes. Jeanne disparait mais la chanson se poursuit dans une partie musicale endiablée et fortissimo très très rock... Top... Cela dure plusieurs minutes...
Le temps d'un changement d'un robe... et Jeanne arrive néanmoins un peu essouflée... dans une robe courte brillante et près du corps, alors que les musiciens eux quittent la scène.
"non, mais c'est physique, cardio quoi... elle n'est pas toute jeune"...Et continue sur l'humour en nous disant: "comme vous l'avez remarqué"... les rires l'interrompent... mais se renforcent quand elle poursuit : "[comme vous l'avez remarqué], j'ai donné congé à mes jeunes (musiciens)"... Le moment le plus drôle de la soirée (vous ne comprenez pas, tant pis).
"Je vous propose un petit moment cabaret, intime, de rapprochement"... "Bon, en même temps, je me mets à votre place, si jamais une gonzesse d'une drôle de forme me disait, on va faire un moment un peu cabaret, bobino, je me dirais qu'est-ce que c'est que ça...". Elle reprend : "un instant que j'ai voulu plein de sobriété... d'où ma tenue"... Vraiment très drôle... Elle commence quelques notes... puis reboit encore... Et c'est parti pour "les nuits d'une demoiselle 2.0"... qui ne suscite pas une très grande hilarité ce soir-là (au contraire de cette captation à la cigale). Cette chanson est une adaptation de Colette Renard (Patrick Cohen en a parlé à 7h43 là ). La chanson originale avait été chantée par Jeanne et Marchet, Leulliot en 2013.. (spectacle "histoire d'amour").
"Vous êtes coquinou à st-Marcellin"
Petit laïus : le parquet de la scène qui lui fait penser à sa grand-mère, la famille présente, Jeanne a décidé de nous chanter une vieillerie qui ne figure pas sur la set liste : c'est "ça sent le sapin". On n'aura donc pas droit à un inédit prévu "chanter pour rien" (que l'on pourra écouter là)... et c'est plutôt une chance. Très jolie ballade.
Et vient ensuite "le tissu"... toujours en solo. Le plus grand silence se fait... pour écouter cette grande chanson.
Et on continue encore dans l'émotion avec "je t'attends" (retour à "histoire(s) de J"), même si ce qui pouvait serrer au plus profond à l'écoute de l'album s'est un peu attenué... et il faut bien sûr s'en féliciter (vous ne comprenez pas, tant pis-bis). Magnifique interprétation néanmoins.
Le groupe revient, et on nous les présente, ainsi que les techniciens.
Et c'est "qui me vengera" (charade)... intro d'enfer (où Jeanne danse), puis piano solo... et ça repart de plus belle... On est loin de la version du disque... et c'est encore plus rock que lors de la tournée précédente... Ca tourne d'enfer... et c'est trop court!
On enchaine rapidement avec "Finistère"... tout le nouvel album sera donc joué... à mon plus grand plaisir... avec un solo de guitare très réussi. Très belle chanson.
Puis, c'est "petite fleur"... qui parle de son papa...Joli moment.
Jeanne annonce la fin, remercie tout le monde, Maissiat, le diapason, le public... et chante "1984", inédit (offert sur i-tunes avec l'album). Elle rate d'ailleurs le départ, ce qui nous vaut une petite prolongation de l'intro. Le morceau m'apparait un peu compliqué mais il nous donne droit à une chouette partie musicale finale, endiablée et enfiévrée (là encore Sébastien Hoog s'en donne à coeur joie). Piano, guitare... ce n'est pas "school" de Supertramp... mais presque... et tout cela se termine sur un bel enchainement en fondu sur "Je suis liquide" et sa rythmique impeccable. Ca termine fort le concert...
Standing ovation...longs applaudissements...
En rappel, "Femme debout", avec le groupe. On passe des cris à la prière en un instant.
Après encore quelques saluts, Jeanne reste sur scène seule...et c'est un rappel particulier auquel on a droit... "festival Barbara" oblige... Ca sera bien sûr "NANTES", "ma chanson préférée au monde"... et c'est beau. (on pourra retrouver Jeanne marcher dans Nantes dans une petite série (où elle chante a capela un petit morceau de la chanson).
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Et bien, voilà... voilà... voilà.... Une excellente soirée... oui. La classe internationale. Je suis ravi d'avoir enfin découvert cette grande artiste sur scène. Le concert s'appuie sur un album au musique excellente, un groupe parfait, juste agrémenté de quelques tubes, deux/trois surprises. Pas de temps morts, c'est vivant, vibrant, drôle. une heure quarante qu'on ne voit pas passer.
Jeanne cherhal enceinte bataclan
- chronique du printemps de Bourges dans le MONDE par V. MORTAIGNE (avec un titre acoustique).
- Concert au bataclan le 3/06, et en juin et juillet...
https://www.facebook.com/jeannecherhal?sk=app_123966167614127
http://www.infoconcert.com/artiste/jeanne-cherhal-15480/concerts.html
- 90 minutes de concert pour vous faire votre idée... bon, à quoi ça sert d'avoir écrit tout ça, vous n'avez qu'à visionner...
http://culturebox.francetvinfo.fr/live/musique/chanson-francaise/jeanne-cherhal-a-la-salle-paul-fort-152041
RAPPEL: inter-ViOUS ET MURAT de JEANNE CHERHAL, à lire: là