Publié le 30 Novembre 2010

 

 

 

 

                Non, non, vraiment, je ne peux pas vous parler du VOYAGE de NOZ. Ne comptez pas sur moi. Je ne suis pas votre homme.  Vous ne les connaissez pas et je ne les connais que trop bien. Impossible d’en parler. Trop de choses… et je ne sais même plus à quoi ils ressemblent, ou quelle est la voix du chanteur Stéphane Pétrier. Pour moi, c’est  juste une madeleine…   dégusté en classe de terminale en 91 pour la première… au temps de la K7 bleue… et puis, par un croisement sur un banc de fac, l’histoire qui commence vraiment avec un premier concert…

              Le premier d’une interminable série… incalculable série..  poissons rouges, croix qui se dresse, lévitation, Caméron Diaz,  fesses rebondies, La Fouillouse et Chauffailles… enfin, soit, ça serait trop long… non, je ne peux pas vous en parler… Où  sont mes notes ?  Ah, là…

 

               Je ne peux pas vous parler de mon Voyage de NOZ… mais de « Bonne espérance », leur 7e album-studio, et « album-concept », pourquoi pas ?  Enfin, on peut essayer…

 

               C’est vrai que vous ne partez pas de zéro, j’ai souvent fait des clins d’œil au groupe, notamment du fait de la présence de Stéphane Pétrier aux concerts lyonnais de Murat… puis en l’invitant en Inter-ViOUS récemment… mais soit, il est inutile d’avoir son bac + 20 en Hautes-Etudes Nozeenne, comme bibi, dés-agrégé avec les félicitations ahuri comme le Téqu, pour aborder ce disque. Il serait toutefois dommage de vous cacher que le Voyage de NOZ est spécialiste des albums contant des histoires… « opéra », « le signe » « exit part2 »… et  « l’homme le plus heureux du monde » en 2001 qui mettait en scène « Esther appertine  chanteur déchu et sa vie dérêvée…  

                C’est d’ailleurs lui qui ouvre le nouveau double album en un petit clin d’œil (« est-ce l’air d’Aberdeen ?» - oui, Pétrier ne crache pas sur le jeux de mots) mais on n’aura pas la chance par la suite de garder le sourire… même si on nous promet une « happy end » (prologue et épilogue, procédure habituelle chez NOZ).

 

                  Je ne parlerai pas de l’histoire. Juste le pitch : En Ecosse, un drame…  un frère et une sœur aux prises avec le démon… qui n’est pas celui qu’on croit… enfin, pas seulement.  Chacun se fera son idée et ses images. Stéphane Pétrier nous disait qu’il admirait les auteurs pouvant conter et camper une histoire en quelques minutes. Même s’il déroule la sienne sur  21 titres, chaque chanson est un épisode à part, une pierre dans le mur… Le dossier de presse indique : Entre le «Festen» de Vintenberg et les sombres ambiances d’Edgar Poe, les textes de Stéphane Pétrier nous plongent dans une histoire tourmentée et intemporelle où s’entrechoquent secrets de familles, amours incestueuses et sombres vengeances.

 

                   D’un point de vue musical, loin des démonstrations tout azimuts du « signe »,  j’admire l’unité de ce double album, pourtant  le plus acoustique du groupe et qui fait  la part belle aux guitares sèches d’Emmanuel Perrin et d’Erik Clapot (qui a travaillé avec SOREL ).   Pourtant, les ambiances varient (du folk trad. avec « Poe »  aux ambiances rock progressif de Each uisge, en passant par la ballade très « musical » de « rendez-vous dans une autre vie »).  Pourtant, les ruptures sont présentes (avec du passage à l’électrique : les divorçailles). Pourtant,  l’apport de claviers, des cuivres (fiévreuses sur La Tempête), de la guitare 12 cordes et des touches de violon,   apportent des belles enluminures à l’histoire. Pourtant, les chœurs (le secret…) sont très réussies… et personnellement, j’avale sans difficulté, ni aigreurs d’estomac les deux disques de suite… et j’ai même un peu de mal à les quitter depuis vendredi jour de sortie de l’album…  Du bel ouvrage assurément  (une phrase toute faite, une !)…

 

                   Pour une fois, je ne veux pas passer en revue tous les titres, juste vous laissez entrer dans l’univers. Alors que rajouter ?   Parler du chant ?   A part des morceaux  parlés (il est temps, photo de famille), des petites respirations dans l’album,  Stéphane porte l’album à bout des cordes vocales, en avant !, et incarnant ses personnages, de manière expressive mais sans excès  (n’allons pas dire « sobriété » pour ce fan de Queen).

Il faut bien sûr ajouter que tout cela nous réserve des jolis moments d’émotion, notamment le magnifique « happy ending »…  Laurent Cachard, régulièrement évoqué sur ce blog, pourtant pas au départ un fan des NOZ,  est allé jusqu’à écrire (sur FB): ‎"Une nuit sans étoile" est sans doute la plus belle chanson jamais écrite et oui, j'ai le sens de l'hyperbole ».  Ce n’est pas ma chanson préférée… et pourtant, les chœurs… et le violon final… ah….  Merci  pour tant… Merci pour tout… et le VOYAGE.

 

 

http://www.deezer.com/fr/music/le-voyage-de-noz/bonne-esperance-708824#music/le-voyage-de-noz/bonne-esperance-708824

 petrier

ET POUR ACHETER LE DISQUE :

-en numérique : sur les plateformes légales

- par VPC :  http://www.levoyagedenoz.com/Commande-DVD-Albums-Noz.pdf

- un petit week end sur LYon à l'occasion de la fête des LUmières ; chez les disquaires lyonnaires....

 

 

LE LIEN EN PLUS :

 

L'analyse plus détaillée du romancier LAURENT CACHARD sur BONNE ESPERANCE:

http://laurentcachard.hautetfort.com/archive/2010/11/30/bonne-esperance-decodages1.html

 

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 30 Novembre 2010

 

Lionel Jabberwocky alias ombremor vous propose sa reprise de perce-neige :

 

 

 

Une reprise assez fidèle à l'ambiance ambiant de la chanson originale.

 

Beaucoup de belles choses sur sa page youtube ;  insensatez chanté par JLM

http://www.youtube.com/user/ombremor#p/u/2/SPxw8H4mIwY

et le rare enfonce moi dans l'édifice:

http://www.youtube.com/user/ombremor#p/u/33/S7Hjw2RRmLw

 

J'ai noté aussi une reprise de Taxi girl : http://www.youtube.com/user/ombremor#p/u/5/PYfnMgL6hhE

 

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 30 Novembre 2010

 

... J'avais pas envie de le poster quand il est arrivé sur le net...  mais j'ai néanmoins fait un petit mail à son auteur... pour dire qu'il avait en grande partie raison mais quand même... Evoquer l'alhambra en parlant de Gainsbarre... ça me parait  faux...  Il ne m'a pas répondu...   Une photo de Stéphane aux cernes prononcées  est la première qui illustre le compte-rendu, comme un message...

C'est un compte-rendu sur http://www.froggydelight.com/article-9472-Jean_Louis_Murat_Rouge_Madame  site muratien s'il en est.... PAR LAURENT COUDOL :

 

"C'était les premiers frimas d'automne, et il fallait de la volonté pour quitter son canapé et aller jusqu'à l'Alhambra, du côté de République, pour voir Murat ce soir-là. Avant de rentrer dans la salle de concert, les flyers donnés à l'entrée pour vous inciter à aller assister à d'autres spectacles ne concernent pas des chanteurs ou des groupes, comme habituellement, mais un film tourné en Auvergne, preuve que Murat continue à avoir cette étiquette de chanteur du terroir qui lui colle à la peau, même lorsqu'il part enregistrer son dernier disque aux Etats-Unis avec des musiciens du cru.

En première partie Rouge Madame, composé d'une chanteuse et d'un guitariste, propose une pop douce teintée d'accents méditerranéens. Le timbre de voix granuleux de Lembe Lokk est agréable, mais le groupe manque de maturité scénique. Difficile dès lors de se faire une idée sur ces compositions qui semblent prometteuses mais peinent à atteindre les oreilles d'un public qui n’interrompt pas ses conversations.

A l'entracte, on regarde le public. On se dit qu'on prescrirait bien une cure de tranxène à la moitié d'entre eux. Hommes ou femmes, les visages sont fermés et les habits uniformément sombres. Quant à la moyenne d'âge de ce public, elle doit s'établir autour de la quarantaine. Le public de Murat reste fidèle mais ne se renouvelle pas.

Murat entre en scène. Il ressemble à son public, tout de noir vêtu, mal peigné et l'air renfrogné. Le concert commence rapidement, sans temps mort, avec "Ginette Ramade", un titre extrait de son dernier album, Le Cours Ordinaire des Choses.

La section rythmique, Fred Jiménez à la basse et Stéphane Raynaud à la batterie, est présente et bien solide. Le nom de Murat évoque la terre et l'orage, comme celui de Dominique A évoque les fortes chaleurs et le soleil de plomb de l'été en bord de mer, ou Françoiz Breut le printemps. Murat étire les introductions, la guitare grince, il y a de l'electricité dans l'air.

Entre deux chansons, Murat sussure un merci dans le micro. De belles versions rocks s'enchaînent, "Taïga", "16h Qu'est-ce que tu fais"... Les atmosphères sont tendues. L'inédit "Pauline à Cheval", extrait de la BOF de Pauline et François, est splendide. Le jeu de lumière minimaliste, dans les oranges, les bleus et les blancs crus réserve quelques beaux moments lorsque des blancs vifs derrière les musiciens les transforment en ombres chinoises.

Puis tout d'un coup, alors qu'il entame "Le Train Bleu", première chanson vraiment ancienne de son répertoire, Docteur Murat se transforme en Mister Bergheaud. Jean-Louis Murat est le nom de scène de Jean-Louis Bergheaud. C'est sous son vrai nom, Jean-Louis Bergheaud, que Murat signe ses chansons, mais Bergheaud est aussi l'âme damnée d'un Murat qu'au vu des chansons on se plaît à imaginer sensible, agréable et doux. Lorsque Jean-Louis Bergheaud s'exprime, il se montre généralement plutôt aigri quant à la carrière de Jean-Louis Murat. La haute estime qu'il a de son talent fait qu'il accepte mal d'avoir gagné plus d'argent en écrivant une chanson en cinq minutes sur un coin de table pour Indochine, qu'avec aucun de ses albums. Comme Bergheaud est un être quelque peu immature et qu'il est frustré que Murat n'ait pas de succès véritablement populaire, il le reproche à ceux qu'il a sous la main, c'est-à-dire son public.

Donc après avoir fini le premier couplet du "Train bleu", en appuyant de manière ridicule ses paroles "... le coeur peuplé d'idées noires", histoire de bien montrer que ce single qui était passé en radio ne ressemble plus à ce qu'il fait, le voici qui enchaîne les chansons sans jamais plus s'adresser au public, ni le regarder. Viennent alors des chansons comme "Yes Sir" ou "Quelle encre tire de ma bouche ces invincibles vérités". Même si la qualité musicale est toujours présente, on n'a plus l'interprète habité du début de concert, mais un type qui montre bien qu'il se fiche d'être là, sur scène. Pourtant la version de "Se mettre aux anges", juste avant le rappel, est bouleversante.

Au rappel, le voici qui revient et dit d'un air narquois "Merci, C'est gentil... On le dit bien à Clermont-Ferrand ou à Montauban, on peut le dire ici. Comme ça vous ne pourrez pas dire que j'ai pas dit bonsoir." Vient alors la réponse de certains expatriés du public, fiers d'être nés quelque part, surtout si c'est au milieu de nulle part : "Dunkerque", "La Bourboule"... Attitude étrange que cette fierté d'être né à un endroit lorsque la volonté n'a, semble-t-il, pas grand-chose à voir dans l'acte de naître.

En rappel, le public a droit aux "Voyageurs perdus" à un "Jim" guitareux et nerveux à souhait, puis à "Comme un incendie" que le public attendait avec impatience. En second rappel, après un sarcastique "J'adore Paris, vous êtes tellement formidables. Ça fait envie, on aimerait être parisien", une version puissante, presque façon Sonic Youth, de "L'examen de minuit" tiré de l'album Charles et Léo. Baudelaire with an electric guitar ? Mais on se demande quand même si le public doit prendre pour lui ces vers : "Nous avons, pour plaire à la brute/ Digne vassale des démons/ Insulté ce que nous aimons/ Et flatté ce qui nous rebute".

On peut supputer qu'en se comportant ainsi, Jean-Louis Murat cherche l'échec afin d'en tirer ce qu'on appelle un "bénéfice secondaire", par exemple celui de se donner le statut de victime et pouvoir ainsi se plaindre à qui veut l'entendre de ne pas avoir prévendu assez de billets de cette tournée pour avoir les moyens de faire venir les musiciens américains avec lesquels le dernier album avait été enregistré."

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Moscou de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Les fleurs du mal - Charles et Léo de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Tristan de Jean-Louis Murat
La chronique de l'album Le cours ordinaire des choses de Jean-Louis Murat
Jean-Louis Murat en concert aux Saulnières (28 octobre 2004)
Jean-Louis Murat en concert à La Cigale (17 novembre 2006)
Jean-Louis Murat en concert au Studio Davout (3 septembre 2009)
Jean-Louis Murat en concert au Grand Mix (vendredi 2 avril 2010)

Les photos sont de LAURENT HINI (la série: http://www.tasteofindie.com/concert-3833-Jean-Louis_Murat-Alhambra.html)

 

 

 

-  Un deuxième compte-rendu m'a été signalé par Lionel : merci à Lui

 

http://www.pulsomatic.com/article.php?idart=135

Jean-Louis Murat (Salle Paul Fort, le 16/11/10)

Le cours ordinaire des tournées


En cette pluvieuse soirée de novembre, rendez-vous est pris avec l’irascible mais talentueux Auvergnat, salle Paul Fort, pour un concert de fin de tournée afférent au dernier opus, le brillamment nashvillien Le cours ordinaire des choses.


Pas de première partie, mais une salle comble, acquise à la cause muratienne : le public boit littéralement les paroles du troubadour entouré des habituels Fred Jimenez à la basse et de Stéphane Reynaud à la batterie. On a le plaisir de retrouver le sympathique complice des débuts, Denis Clavaizolle, aux claviers.

Le set fait la part bel à l’album en cours (pas moins de sept titres dont les impeccables Ginette Ramade, Taïga, La mésange bleue ou Falling in love again mais également un des titres les plus anodins, 16 heures…). Parfaitement interprétés par un Murat très en voix, le concert s’enchaîne sans temps mort  mais aussi sans réelle passion ni échange avec le public, pourtant prêt à célébrer son idole. Des « Jean-Louis, on
t’aime ! » fusent ici et là… Murat a su limiter sa propension à tartiner ses morceaux de solos envahissants et ce retour à une certaine sobriété est assez heureux.

Voyageur aguerri de son propre univers, Murat délivre des versions subtilement revisitées de grands titres comme Se mettre aux anges (de Lilith) ou – seule « vieillerie » de la soirée – une superbe interprétation de Le train Bleu (de Dolores) et parvient même à nous faire aimer Taormina, pourtant peu convainquant sur disque. Auteur prolixe et généreux, il nous gratifie même de deux inédits, Yes Sir (assez brouillon) et Quelle encre tire de ma bouche ces invincibles vérités (inspiré).

Sans doute conscient de son manque de chaleur, Murat se lâche un peu à la faveur du premier rappel en déclarant qu’il ne se passe rien de fabuleux dans sa vie, à part une sorte de cours ordinaire des choses : les soucis du boucher, au village, le fils de tel autre artisan qui a encore planté une voiture, ou le fait que, les gamins ayant choppé une gastro, le premier étage de sa maison de Douharesse, à Clermont, « sentait la merde dans tout le premier étage » quand il a quitté son domicile le matin même…

Finalement, le point d’orgue de la soirée est atteint à l’occasion de l’ultime rappel où Murat a délivré une poignante version de L’examen de minuit, issu de son disque d’adaptation des poèmes de Baudelaire par Ferré.

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 26 Novembre 2010

En accord avec l'entourage de Jean-Louis Murat,

 

 je suis triste de vous annoncer que  Stéphane Reynaud, le fidèle batteur de Jean-Louis Murat, vient de perdre sa femme à la suite d'une maladie. 

 

Vous pouvez  adresser  des messages à Stéphane et à ses deux enfants à l'adresse suivante : stereynaud@gmail.com (adresse créée pour cela) ou lui faire part de vos messages en commentaire de cet article.

 

 

 

 

20100404Murat@EntrepotArlonBE1

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu-promo- 2010-aout 2011

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Publié le 24 Novembre 2010

Pas grand chose à vous raconter aux aurores pour l'instant mais je crée l'article afin que ceux qui veuillent laisser des commentaires puissent trouver un endroit pour le faire... si ce n'est que Jean-Louis a été bon. Marie-Christine, Antonin ont trouvé le concert excellent...  Et l'info du jour est qu'il a chanté Jim (merci Marie-Christine)... je pense pour la première fois de la tournée.

 

C'est la fin d'une tournée, de la période "cours ordinaire des choses"... et c'est vrai que ça pourrait donner un peu le blues, avec la concordance de "la grande offensive du froid"... Heureusement, on a un peu d'espoir : celui de le voir revenir très vite en 2011...

 

En attendant, on va essayer de fêter un peu les 1 an du blog dans quelques jours.

 

 

EDIT :

Bon, j'ai bien fait de créer cet article vide : vous avez été nombreux à le commenter... Donc lisez bien les commentaires!

Notamment de Dolores qui a réalisé un compte-rendu sur son blog : http://the-shaking-sound.over-blog.com/categorie-11523851.html

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu-promo- 2010-aout 2011

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Publié le 23 Novembre 2010

 

 Inter-ViOUS et MURAT-,  Numéro 8 :

 

LE VOYAGE DE NOZ

KARL-ALEX STEFFEN

PORCO ROSSO                                               DEUXIEME PARTIE

 

 

  

petrier.JPG ãstéphane Pétrier. Et ses tee-shirts réputés!!

 

 

- Yann (PORCO ROSSO), tu étais sans doute le plus fan des trois donc, même si tu sembles décrocher un peu…  Quand l’as-tu découvert ? et quel type de fan es-tu  (collectionneur)?

 

YANN  GIRAUD :  Pour ce qui est de mon rapport à Murat, ça a commencé avec Mustango que j'ai dû découvrir sur le tard, peu avant la sortie du Moudjik, en fait. J'aimais beaucoup la rencontre avec des artistes nord-américains, le son très organique. Après, je me suis mis à tout acheter, mais en restant dans la discographie officielle et les albums. Je ne collectionne pas les EPs et les 45 tours, même si j'en ai quelques uns - il y a quand même des chansons comme "New Yorker" qui ne sont pas sur les disques et qui sont à se pâmer. Après, il m'est arrivé de prendre la voiture et d'aller le voir jusqu'à trois fois sur la même tournée. Ça, c'était à l'époque de Mockba. Or, justement, ces prestations étaient assez inégales à l'époque et c'est à ce moment là que j'ai commencé à me lasser.

          

            Sur album, récemment, il peut alterner le meilleur (Tristan) comme le pire (l'horrible Charles et Léo que je considère comme un ratage complet) et l'anecdotique (Taormina et Le Cours Ordinaire des Choses que je n'écoute presque jamais). Sur scène, par contre, jusqu'à ce qu'on me prouve qu'il y a un mieux, je n'y retournerai plus. La dernière fois, c'était au Bataclan il y a un an. Le set était bâclé, le son très kitsch, la rythmique était complètement à côté du début à la fin et Murat geignait plus qu'il ne chantait. Or le public avait l'air de trouver ça génial. J'ai appris que dans les backstages, son staff est venu lui dire que c'était son meilleur concert parisien. Je trouve cela pathétique car je l'ai vu sur la tournée de Parfum d'Acacia au Jardin, que je considère comme l'un de ses meilleurs albums - même si c'est un DVD - et à l'époque, c'était à tomber à la renverse tellement c'était bien avec une version du Jaguar intense de plus d'une dizaine de minutes. Comme je sais que JLM est quelqu'un de lucide et de très intelligent, je me doute qu'il doit savoir qu'il ne donne pas le meilleur de lui-même et l'aveuglement des fans ne doit pas changer grand chose à cela. Sinon, je retourne toujours vers les mêmes disques : Le Moudjik, Lilith et dans les plus anciens, Cheyenne Autumn m'apparait toujours comme un album très solide, avec des chansons formidables comme "Le Venin" ou "L'Ange Déchu".

 

          Je pense que j'achèterai toujours ses disques. Même si je ne les attend plus avec la même appréhension, je sais qu'il y aura toujours un ou deux morceaux sortant du lot. Sur le dernier, par exemple, pour moi c'était "Chanter est ma façon d'errer".

 

 

Yann

 

 

 

 

- Et toi François (KARL-ALEX STEFFEN)... Tu sembles le moins fan... As-tu écouté la discographie complète, l'as-tu vu en concert

 

 

FRANCOIS- KAS :  J’ai commencé à m’intéresser aux disques de Murat à l’époque de Dolorès ; le disque avait fait pas mal parler de lui à l’époque et je l’avais finalement emprunté en médiathèque. Sans être bouleversé, j’avais apprécié la démarche un peu expérimentale de Murat sur cet album en rupture avec l’image caricaturale que j’en avais jusque là, à savoir un chanteur de variété mélancolique avec un timbre magnifique. Les touches électro me plaisaient bien à un moment où j’écoutais pas mal de groupes dans la lignée de Portishead ou Tricky.

 

              Du coup, quand Mustango est sorti, je l’attendais, d’autant que les membres de Calexico avaient participé à la réalisation du disque. Et là, comme je l’ai dit, ça a été une claque monumentale. Un des meilleurs albums de pop française de tous les temps sans hésitation.

 

             La période qui s’ouvre avec Mustango est à mon avis la meilleure de Murat, avec une série de disques qui alternent entre le très bon (Lilith, Parfum d’acacia au jardin) et le sublime (A bird on a poire, Le Moujik..) à part Mme Deshoulières qui fut pour moi une grosse déception. Pendant ces quelques années,  j’attendais chaque disque de Murat avec impatience, espérant chaque fois une prise de risque qui me surprenne et me déstabilise ; à cet égard, la découverte d’A bird on a poire, composé et arrangé par Fred Jimenez fut assez jubilatoire dans la mesure où je ne pensais pas Murat capable d’autant d ‘humour, de légèreté et d’efficacité dans le style pop 60’s.

 

            Durant cette période, sur scène, nous avons un temps repris Foule romaine en rappel de nos concerts. C’est aussi l’époque durant laquelle j’ai récupéré les premiers albums qui sont loin d’être dénués d’intérêt ; j’ai d’ailleurs une affection toute particulière pour Venus avec son côté un peu rêche et dépouillé. Malgré, mon intérêt pour Murat, je n’ai assisté qu’à un seul de ses concerts, en 2005 au Printemps de Bourges sur la tournée Moscou en  trio avec Fred Jimenez à la basse  si ma mémoire est bonne ; une prestation rugueuse, courte mais intense. Parmi les regrets, ne pas avoir pu assister aux tournées Dolorès et Mustango dont les relectures (sur disques) rendent honneur aux versions originales.

 

             Depuis, la passion s’est effectivement émoussée. Moscou, Taormina et Le cours ordinaire des choses ont leurs bons moments mais sont sans surprise. Charles et Léo m’a laissé une fâcheuse impression à la première écoute et je n’y suis jamais revenu . Je ne connais pas Tristan mais je vais m’empresser de l’écouter sur les conseils de Yann.

 

Photo 253 retãFrancois-karl-Alex Steffen dans le jardin...

 

 

 

YANN  GIRAUD :  Marrant, j'y étais au concert du Printemps de Bourges (d'ailleurs, c'était à Saint-Amand-Montrond). C'est le dernier bon concert que j'ai vu de lui, en fait. Un set court et tendu.

 

 

 

- Stéphane (LE VOYAGE DE NOZ) avait peur de se faire gronder parce qu'il adore "a bird on a poire"!! Il aura apprécié la réponse de François!     Stéphane, moi, ce qui m'étonne, mais tu l'as évoqué dans une de tes réponses, c'est que tu détestes le blues... comment peux-tu encore supporter le Jean-Louis actuel? 

 

STEPHANE PETRIER :  Comme je te l'ai dit, j'ai tendance à tout pardonner à JLM. Cela dit, les albums très blues comme "Taormina" ou "Le cours ordinaire", sont rarement dans ma platine... mais même ceux-là recèlent toujours une perle ou deux ("Gengis"...)

C'est bizarre parce que moi qui suit très besogneux, j'accepte aussi (et peut-être même que j'envie) chez Murat son côté dilettante, l'impression que certains morceaux ou certains textes sont un peu bâclés, son côté "je fais 2 morceaux par jour et je les sors tous sur disque"... Il y a aussi un autre truc qui devrait m'horripiler chez Murat, c'est son répertoire bucolique "La mésange bleue",  "L'heure du berger",... qui pourraient ressembler à de mauvais poèmes d'enfants de 12 ans qui auraient trop lu Lamartine... même ça je lui pardonne et je finis par trouver du charme à la chose.

 

           Mais si j'adore en effet "A bird on a poire", c'est justement parce qu'il n'y a pour moi que les bons côtés de Murat dans cet album. Musicalement bien sûr, je me sens plus proche de la brit-pop (même traitée façon easy listening) de Fred Jimenez que du gros blues façon "Comme un incendie", mais je trouve aussi qu'au niveau des mots, Murat est encore plus fort dans cet album.

         J'ai l'impression que le fait que Jimenez compose les musiques lui a mis un peu plus la pression sur les textes, l'a forcé a être justement moins "dilettante" et peut-être aussi à moins se regarder le nombril. Les textes sont plus urbains, ont plus d'humour, sans que l'album soit plus "léger" pour autant : "Petite luge", "Gagner l'aéroport" sont pour moi parmi les plus beaux morceaux de Murat.

 

          Par contre, globalement, on a beau dire qu'on l'aime le Jean-Louis, je trouve qu'il en prend quand même plein la gueule depuis le début de cette interview, non ?

 

YANN  GIRAUD :  C'est normal. On dit bien : qui aime bien châtie bien. De plus, je me rappelle que dans une interview pour Chorus, JLM avait dit quelque chose comme quoi il se faisait une très haute opinion de son public, qu'il était exigeant envers lui et qu'il espérait qu'il l'était également en retour. Dont acte !

 

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- Vous avez donc tous déjà évoqué vos albums préférés, vos meilleurs souvenirs de concert (peut-être pas Stéphane)... mais il me reste deux questions rituelles : c'est de me citer vos trois titres préférés,  et  bien sûr pourquoi ceux-là... La deuxième, Yann y a répondu : existe-t-il un titre de votre répertoire qui vous évoque, ou vous a été inspiré, par Murat?

 

STEPHANE PETRIER :  Puisque j'ai déjà parlé de "Petite luge" et de "Gagner l'aéroport",  je citerais 2 vieux titres de Dolores, "Fort Alamo" et "Perce-neige" et un titre qui était sur un maxi à l'époque du Moujik, ma  préférée entre toutes : "Royal Cadet".

         Royal Cadet, j'ai eu la chance de pouvoir l'entendre en concert au Palais du Facteur Cheval l'année dernière (Pierre était là bien-sûr...)... Je crois que ce morceau pourrait durer une heure, je ne m'en lasserais jamais... Et pourtant, il est construit comme un bon vieil alexandrin, en 2 hémistiches de 6 syllabes, chose qui en général m'ennuie profondément... mais là, ça marche... J'ai l'impression que chaque mot posé est touché par la grâce, que la voix de Murat est en apesanteur, avec une proximité exceptionnelle... Je ne cherche même pas exactement à savoir de quoi il me parle dans cette chanson, je prends tout...

           

          Concernant la deuxième question,  il y a dans notre dernier album une chanson qui s'appelle "Le cap" qui doit certainement quelque chose à Murat. Dans la façon de poser les mots, de jouer avec les silences à  certains moments, dans la simplicité et la répétitivité de la ligne mélodique...

 

- mais j'ai ouï dire que tu citais le prénom LILITH dans une chanson? 

 

STEPHANE PETRIER :  Comment tu sais déjà ça toi ? [ce titre est inédit]

Non, rien à voir avec JLM... ma Lilith à moi est plutôt un clin d'œil au "Lillywhite Lilith" de Peter Gabriel et Genesis sur "The lamb lies down on Broadway"  mais aussi à la Lilith mythologique, à la fois déesse et démone...  genre de personnage à double facette dont j'aime bien hanter mes histoires.

 

- la chanson de Murat évoque bien ce même personnage également.

 

NOZ-8mention.jpg                                                                                "Bonne espérance", le nouveau voyage proposé par Le Voyage de NOZ

 

 

 

FRANCOIS- KAS :  Pour mes trois titres préférés de Murat, sans trop réfléchir je dirais Jim, Foule romaine et Bang Bang ; sans doute pas les meilleurs titres dans l'absolu, mais parmi les plus évidents, des titres qui me procurent un plaisir immédiat et systématique à l'écoute.  J'y trouve certains aspects de la musique de Murat que j'adore comme une certaine évidence mélodique (sans pour autant que la chanson soit rengaine), des paroles mystérieuses qui permettent à l’auditeur de créer sa propre histoire et puis une légèreté qui n’est pas toujours présente chez Murat.

 

          Malgré tout, j'aime également certaines compositions plus sombres et dramatiques comme Petite luge, Gagner l'aéroport, Mustang, Perce Neige ou Au Mont Sans souci ; j'y trouve ici un côté plus mélancolique, plus habité et peut-être plus poétique.

            En tous cas, deux des facettes que je préfère chez lui !

 

YANN  GIRAUD :  Pour ma part, je citerai "Bang Bang", "New Yorker" (la version du live Muragostang) et "Se Mettre aux Anges". Pourquoi ? Et bien parce que c'est beau, langoureux, ambitieux, magnifiquement écrit, superbement interprété. Ce ne sont pas seulement mes trois chansons préférées de Murat, mais trois de mes chansons préférés tous styles musicaux confondus.

 

- J’espère que cette INTER-ViOUS vous a permis de dire tout ce que vous souhaitiez sur Jean-Louis Murat… Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à rajouter quelques propos, mais parlons quand même un peu de votre actualité.  Vous sortez ou avez sortis récemment un album.  Quelle est la suite du programme  (des concerts?)  et comment en faites-vous la promotion?  

 

STEPHANE PETRIER :  Concernant notre promo, comme toujours pour nous, c'est facile en Rhône-Alpes parce qu'on a une certaine notoriété, mais beaucoup plus compliqué au niveau national. 

          

           L'album « bonne espérance » sort le 25 novembre. Dans un premier temps le gros de la promo sera surtout sur la région avec quelques dates et quelques show case, et un KAO à Lyon pour finir au printemps.

          Nous avons également quelques plans de diffusion sur des radios nationales ainsi que plusieurs projets de dates sur Paris au premier trimestre 2011. Sur ce coup-là on est un peu mieux structuré que d'habitude, avec une vraie attachée de presse, mais ça reste encore très empirique... on se débrouille avec des bouts de ficelle, des contacts, quelques personnes qui aiment notre musique et qui ont les leviers pour faire bouger les choses...

Et puis bien sûr il y a internet, mais faut pas se leurrer : le nerfs de la guerre, ça reste les radios... tant que tu n'est pas diffusé largement, c'est plus dur d'avoir des dates, plus dur d'être dans les bacs...

 

YANN  GIRAUD :  Que dire de plus sur Jean-Louis Murat à part que j'attends d'écouter le prochain (début 2011, c'est bien ça ?).


           Pour l'actualité, en ce qui nous concerne, c'est la sortie de note premier album, La Vie Sans Moi. Il est dispo depuis le 11 octobre en format digital et depuis début novembre en vinyle. Nous ne savons pas encore s'il sortira en CD. Nous démarchons encore des distributeurs pour cela. Le disque est donc disponible sur les plates-formes de téléchargement classiques (iTunes, VirginMega, FnacMusic, etc.) mais aussi en 33 tours à nos concerts et pour les parisiens à l'excellente Boutique Fargo (Rue de la Folie Méricourt , dans le 11ème arrondissement). Par ailleurs, on peut le trouver dans les bacs itinérants des Boutiques Sonores, une agence de promotion et de distribution de disque qui vend nos disques à divers concerts et festivals dans toute la France et les met en écoute et en vente dans certains commerces et bars (essentiellement à Paris). Il est également dispo par correspondance à cette adresse : http://bandcamp.porcorosso.com.
           Last but not least, nous sommes en concert à l'Espace B (19ème arrondissement) le 8 décembre et nous jouerons certainement début 2011 aux Trois Baudets (à Pigalle). On aimerait bien sortir un peu de Paris, notamment jouer en banlieue où il y a des salles municipales géniales mais où manheureusement il y a très peu de concerts pop ou rock et bien sûr, nous espérons un peu nous déplacer en province aussi (évidemment, on adorerait faire la Coopérative de Mai à Clermont, par exemple !).


FRANCOIS- KAS :   Je vois que nos actus se ressemblent beaucoup où comment toucher un large public quand on a peu de moyens et pas une grosse équipe derrière soi pour bosser sur la com ou l'image du groupe !

 

          Pour notre part, on prépare la sortie de notre deuxième album "Les traces" . Pour le moment, nos journées sont marquées par de nombreuses prises de contact et de discussions pour trouver les bons partenaires, période éreintante et parfois frustrante mais nécessaire. On se donne le temps car on veut vraiment que ce disque rencontre son public et on croit toujours dans un beau format CD distribué en magasin (désolé !). 

 

         Par ailleurs, on commence déjà à faire ici ou là  quelques émissions ou sessions radio puisque nous avons décidé de proposer en avant première une édition-collector (livre-CD 28 pages disponible exclusivement via le site web du groupe) ; il s'agit d'un un récit musical raconté en 12 morceaux illustrés par les encres de Mathias Mareschal et les photographies de Clémence Cottard. Le travail graphique sera prolongé sur scène (premières dates début 2011)

 

          Enfin, un EP digital sortira en janvier 2011 avec des titres inédits issus des sessions d'enregistrement de l'album.  

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Interview réalisée par mails du 3 au 21/11/2010. Merci à Yann, Stéphane et  François.

Attention, cette interview ne contient pas de question sur la crise du marché du disque, mais quand même.

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LE LIEN EN PLUS :

Allez, un peu de vidéos :

 LE VOYAGE DE NOZ :

Un live plus ancien en écoute :

http://www.musicme.com/#/Le-Voyage-De-Noz/albums/Petit-Live-Entre-Amis-3700368498613-02.html

 Notamment l'instrumental : "un 30 avril sur les quais, et on trouvera également l'essai de texte en anglais de S. Pétrier: "opéra" (c'est bien lui qui chante!!),   mais je vous conseille aussi "près du vide" et l'hymne "chaque nuit"...

 

une vidéo de l'ami Tequila... fournisseur officieux de vidéos sur le groupe!
                                                                                   
                                                                                                                                                                          
PORCO ROSSO :

- 10000 lieues à la ronde
Grosse Caisse T.V. Show au Be There
 
 la vie sans moi....
 
KARL-ALEX STEFFEN :
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 20 Novembre 2010

  Inter-ViOUS et MURAT-,  Numéro 8 :

 

LE VOYAGE DE NOZ

KARL-ALEX STEFFEN

PORCO ROSSO

 

 

yann                                                                                                                 ãYann Giraud-surjeanlouismurat

                                                                                        

        Une « inter-ViOUS et Murat » aujourd’hui !  Puissance 3,  car j’ai l’honneur de vous convier à une rencontre avec  3 auteurs-musiciens-interprètes : Yann Giraud de PORCO ROSSO,  combo parisien,  François de KARL-ALEX STEFFEN (KAS) d’Orléans,  et Stéphane Pétrier, du VOYAGE DE NOZ made in Lyon. 

         Pourquoi les réunir ?  Outre leur intérêt pour Murat, mais qui ne s’entend pas forcement, ils ont pour points communs leur démarche « indé » et une certaine ambition musicale et textuelle en français,  en autres choses : Karl-Alex Steffen et Le Voyage de Noz sortent tous les deux un « album-concept »… nous plongeant dans le passé...  Je dois avouer, mais certains doivent finir par le savoir, que je connaissais nettement plus le VOYAGE DE NOZ, que j'ai dû voir en concert une quarantaine de  fois... depuis bientôt 20 ans!   C'est cette histoire qui a fondé mon intuition qu'ils avaient tous les trois des choses à se dire et à partager... Je me permets de dire que je ne  pense pas m'être trompé! 

  

 

- Alors pour commencer, il faudrait faire les présentations, car  il me semble  que vous  ne vous connaissez pas,  est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques lignes (vous, votre groupe, et éventuellement 3 références musicales)?   

 

FRANCOIS- KAS :  Bonjour à tous,

            Pour vous dire tout d'abord que je suis très heureux de participer à cette inter-VIOUS.  Ensuite, j'ai commencé à écouter un peu Porco Rosso et le Voyage de Noz ; dans les deux cas, je découvre et le peu que j'ai entendu m'a donné envie d'y revenir.

          Karl-Alex Steffen est mon principal projet musical. Je suis à l’origine de celui-ci depuis 2002. J’écris les textes ainsi que la majorité des compositions et des arrangements. Au départ, c’était d’ailleurs un projet solo, puis, progressivement, c’est devenu un projet collectif notamment pour nos premières sorties discographiques et scéniques.

         Avec le dernier album « Les Traces », nous sommes allés beaucoup plus loin avec les quatre musiciens qui m’accompagnent (Lila Tamazit, Bertrand Hurault, Pierre Schmitt, Sébastien Janjou) dans la mesure où, pour certains titres, le processus de création a été fondé sur une réappropriation complète par le groupe des univers que j’avais pu proposer en démo. 

Bref, un projet constamment en mouvement, entre individualités et collectif, qui reste marqué par l’univers d’un auteur mais qui s’enrichit chaque jour de la confrontation avec des musiciens venant d’horizons différents.

           Pour les influences, si le jeu est d’en garder trois, je dirais Sonic Youth, Diabologum et Bashung….mais il n’est pas sûr que ma réponse soit la même si l’on me réinterroge à ce propos demain ! 

 

 - Je serais intéressé par des précisions :  Vous êtes originaire de quelle région?  et si comme dirait Murat, vous êtes un "j'ai un job à côté"?...   Je voulais aussi préciser que vous connaissez bien je crois, Erik Arnaud, mon précédent Interviewé...

 

 FRANCOIS- KAS : Pour le moment, nous sommes tous orléanais. Trois d'entre nous "vivent de la musique" et les deux autres ont effectivement un job à côté, dans l'enseignement.

             Pour ce qui est d'Erik Arnaud, c'est un très "vieil ami" puisque nous avons commencé la musique ensemble il y a une vingtaine d'années maintenant ; il nous a aussi apporté son savoir faire en termes d'enregistrement sur nos deux premiers EP "Le Coup du Siècle" (2003) et "Billet Express" (2005) et a effectué le mixage d'une grande majorité des titres sur notre premier album "Le Grand Ecart" paru en 2007. Pour "Les Traces", s'il n'a pas participé directement au projet, il a suivi le projet d'assez prêt et a fait partie des deux ou trois personnes qui ont écouté les titres dans leur différentes versions et dont le ressenti a pu compter au moment de trancher entre plusieurs options. 

 

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ãKarl Alex steffen-surjeanlouismurat

 

 

 YANN  GIRAUD : Un grand plaisir aussi pour ma part de faire cette interview à quatre et de découvrir deux univers exigeants et une écriture en français courageuse. Je suis ouvert à toutes les possibilités, mais souvent je trouve que les groupes français chantant en anglais prennent le risque du manque d'originalité et de la comparaison avec leurs influences. En écoutant K.A.S et le Voyage de Noz, je me rends compte que ce qui est intéressant, c'est justement la collision entre la chanson française et les influences anglo-saxonnes. Il en sort toujours quelque chose d'intéressant et de personnel.

           Pour répondre à la question, Porco Rosso est un groupe de la région parisienne a été créé en 2002 autour de mes compositions. On l'a toujours envisagé comme un groupe, mais le line-up a beaucoup changé depuis les débuts. Seul le bassiste, Stéphane Perez, joue avec moi depuis le début. Le guitariste Xavier Guéant nous a rejoint il y a un an et n'a pas participé à l'album qui vient de sortir (La Vie Sans Moi, 2010). Il fait partie d'autres projets parisiens dont De La Jolie Musique et the Einstein Tremolos Quant à notre batteur, il vient juste de nous rejoindre après le départ du précédent. Il s'appelle Sébastien Pasquet et joue dans une foultitude de projets dont le sien, Tristen, qui vient d'être signé chez Volvox Music. Sébastien est le seul à pratiquer la musique à plein temps. Stéphane, Xavier et moi avons des métiers qui sont assez prenants. Je suis pour ma part enseignant-chercheur, ce qui occupe la majeure partie de mon temps, et il m'arrive de faire aussi des chroniques musicales et des interviews pour un magazine qui s'appelle XRoads. Pour ma part, ça ne me pose aucun problème d'être un "j'ai un job à côté". Contrairement à Murat, je crois en l'amateurisme éclairé. Des pros, il y en a plein qui jouent sur les disques de Michel Sardou ou Calogero. Je ne crois pas que ce soit un gage de qualité. Nos métiers ne sont pas des pis-aller mais nous pratiquons la musique aussi sérieusement que possible quand nous en avons le temps. Depuis 2002, nous avons sorti trois Eps et donc le premier album en octobre 2010, sorti sur French Toast, un label associatif parisien en LP et en téléchargement sur les plate-formes habituelles.
             Si je devais citer trois influences sur la musique que nous faisons, je mentionnerais Sparklehorse, Talk Talk et pour citer un autre français que Murat, je dirais Dominique A dont l'influence est, je pense, plus audible sur le résultat final que celle de JLM.

 

 

STEPHANE PETRIER :   Bonjour à tous. Je suis moi aussi très heureux de participer à cette aventure.   Etant en pleine période de bouclage d'un nouvel album je n'ai pu qu'aller survoler le travail de François et de Yann mais j'en ai assez entendu pour comprendre pourquoi Pierre nous a lâché tous les trois dans l'arène. Il y a incontestablement des liens entre nous tous, une impression de faire partie d'une famille... même si je suis bien incapable de dire laquelle.

            Je m'appelle Stéphane Pétrier et je suis le chanteur et - allez je vais l'assumer... - le leader du Voyage de Noz, mon groupe de toujours. L'histoire a commencé en 1985, à Lyon, alors que nous étions tous au lycée... et depuis elle n'a jamais cessé. Nous avons connu dès le début un joli petit succès régional (3000 exemplaires de notre premier CD vendus assez vite en Rhône-Alpes, remplissage de salles assez importantes comme le Transbordeur [où a été enregistré MURAT LIVE]) mais nous n'avons jamais - pour de nombreuses raisons qu'il serait sans doute long d'expliquer maintenant -  franchi le pallier du professionnalisme. Avec du recul, je ne garde pas ou peu de frustration par rapport à ça. Comme le faisait remarquer Yann, je crois moi aussi que l'important est de bien faire les choses, que l'on soit amateur ou professionnel. Quand je compare notre aventure avec celle d'artistes proches qui ont "signé", je me dis que nous avons eu de la chance. La chance de durer, la chance d'évoluer en totale liberté, même si la modestie de nos ventes nous a empêché de vivre de notre passion (aujourd'hui seul notre bassiste est intermittent... en travaillant avec plusieurs groupe évidemment). Nous avons également la chance d'avoir un public assez étonnant qui ne nous a jamais lâché et qui nous permet de vendre 2 ou 3 000 albums à chacune de nos sorties... de quoi continuer à faire les choses correctement, à notre petit rythme d'artisan.  

              Concernant l'horrible question des influences, je vais tricher en citant trois influence anglo-saxonnes : Arcade Fire, Divine Comedy et les Beatles et trois artistes français dont les textes me touchent : Bertrand Cantat, JP Nataf et... allez Raphael (!!!) qui a, je trouve, une vraie liberté et une vraie qualité d'écriture. L'Auvergnat on en parlera après...

 

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 - Et bien , ça a commencé sur les chapeaux de roue...  même pas eu le temps de préparer la suite, moi!  Au niveau des références, vous ne m'avez pas facilité les choses d'ailleurs : je comptais un peu que François et Yann évoquent  Wilco ( un groupe que vous citiez tous les deux comme référence ailleurs )... et Stéphane, de la matière un peu plus "progressive" (Queen,  Wyatt)...  Toutefois,  merci d'avoir souligner  un certain discernement  dans  mon  choix de vous inviter tous les 3... même si ça me fout  encore plus la pression, et la pétoche...

            Alors, évidemment, le point commun  évident entre vous trois,  c'est bien sûr d'écrire des chansons  en français...   Là dessus, Murat n'a jamais varié (même s'il a dit avoir des titres écrits en anglais dans les malles du grenier)... mais sans toujours se revendiquer "rock".  Est-ce que vous, vous tenez à cette étiquette? Et utiliser le français ne vous a.. ou ne vous pose-t-il pas des problèmes d'identité?

 

STEPHANE PETRIER : Bon alors déjà d'emblée j'esquive la question sur l'appellation "rock". Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire et je m'en fout. Qu'on nous catalogue chanson française, pop rock, cold-wave ou trash-reggae, peu me chaut comme dirait l'autre. Je n'ai aucun problème avec la "variété française", j'ai toujours préféré Jacques Brel ou Alain Souchon à des trucs soit-disant rock mais qui m'emmerdent profondément (je pourrais te citer des noms si tu es sage).

 

           Concernant le chant en français, là aussi je ne me suis jamais posé la question. La première fois que j'ai voulu faire une chanson, ça s'est imposé comme une évidence. Je crois que c'est Jean-Louis Aubert qui disait "Je chante en français parce que la nuit, je rêve en français" ; c'est exactement ça. Pour moi, écrire un texte, c'est une façon de me foutre à poil, d'essayer d'être le plus honnête possible. Et j'ai toujours considéré que les artistes français qui chantaient en anglais le faisaient soit par fainéantise, soit par manque de couilles. Pour être juste, je crois qu'il existe une troisième catégorie, plus respectable, ceux pour qui la voix n'est qu'un instrument parmi d'autres, un instrument qui n'est là que pour "sonner" et qui donc se foutent totalement de ce qu'ils peuvent raconter. Dans tous les cas, je trouve ça dommage.

         Dommage bien sûr parce que j'ai l'impression que ces artistes là sont quelque part moins "honnêtes", mais dommage aussi parce que je pense qu'ils passent à côté de quelque chose. Techniquement, c'est beaucoup plus dur de "faire sonner" en français (notamment sur les parties rythmées et violentes) mais en revanche, quand on y arrive, quel bonheur !

          On a la chance d'avoir une langue beaucoup plus riche, beaucoup plus variée au niveau des sonorités que l'anglais et quand ça fonctionne c'est terrible.

           Les rares fois où j'ai utilisé l'anglais, c'était très clairement par défaut, par renonciation, parce que je n'arrivais pas à mettre un texte correct  en français. A l'époque de notre second CD "Le Signe" où nos managers avaient des rêves de grandeur, nous avions commencé à enregistrer une version anglaise de l'album (pour "l'international" comme ils disaient....). Mis à part le fait que j'avais un accent lamentable, ça ne ressemblait à rien... ça manquait d'âme, nous  perdions notre identité, ce serait au contraire me mettre un masque et me trahir.  Idem avec Noir Désir par exemple : Bertrand Cantat réussit parfois à me bouleverser quand il chante en français. En anglais, il ne me touche plus, redevient banal et ressemble à des dizaines de groupes anglo-saxons.   Je fais peut-être un peu trop long non ?

 

- non, non, c'est bien... tant que tu ne racontes pas de blagues, ça va.  Yann?

 

YANN  GIRAUD : Je crois que je partage à peu près tout ce qui a été dit. C'est sûr, je pourrais toujours te citer quelques groupes intéressants chantant en anglais (Pokett ou The Delano Orchestra et quelques potes à moi qui me semblent faire cela avec beaucoup de conviction) mais globalement, je suis d'accord pour dire que le chant en anglais marque souvent un manque de personnalité ou d'affirmation. Or, qu'est-ce qu'être artiste s'il ne s'agit que de se mettre en retrait. L'autre jour, je discutais avec un ami qui est aussi responsable d'un label parisien et il me disait que l'impression qu'il retire de la plupart de ces artistes est qu'ils ne font de la musique que pour exposer leurs goûts. Le mec aime les Strokes alors il fait un truc à la manière des Strokes ... du coup, on se retrouve avec des groupes qui font de la musique qui existe déjà, et souvent en mieux.

           Quand je vois ça, je me dis que je devrais supprimer pas mal de noms qu'on trouve dans la rubrique "influences" sur les sites du genre MySpace, Noomiz, etc. C'est aussi pour cela que je n'ai pas cité Wilco. Ok, c'est l'un de mes trois groupes préférés, mais est-ce que ce que l'on fait est réellement inspiré par eux ? J'en doute car c'est un groupe avec une dynamique de malades. Il y a des gens dans ce groupe qui évoluent parallèlement dans le milieu du free-jazz ou du post-rock un peu barré. Alors, certes, ce serait excitant de pouvoir faire cette musique là avec des paroles en français, mais de plus en plus, je me rends compte que pour que ça fonctionne, c'est la chanson qui doit passer en premier. Si tu as une bonne chanson, tu peux la jouer en acoustique, sur un rythme reggae, ce sera toujours aussi bien. D'ailleurs, dans Porco Rosso, on aime bien réarranger les morceaux sur scène, surtout quand on n'arrive pas à les rejouer !

          Bon, tout cela pour dire que comme pour Stéphane, le choix du français m'est apparu comme une évidence. Je ne pense pas que ça pose un problème quelconque par ailleurs. Peut-être que ça ferme quelques portes dans des salles parisiennes, mais à part cela, les labels et les radios continuent de plébisciter les groupes qui chantent en français. Les salles aussi, il me semble ...et puis, je crois que même des gens qui ne vont pas forcément être fans de ce que l'on fait vont au moins apprécier la démarche.

            Pour ce qui est du rock, je suis aussi comme Stéphane. Le maître mot pour moi, c'est la mélodie. C'est pour cela que la musique tend vers la pop aussi. Après, j'aime la distorsion, l'électricité, la batterie. Alors, oui, c'est rock dans ce sens là, mais sinon, je ne vois pas quelle est la fierté de faire du rock, en quoi il y a un intérêt de s'arroger ce label là. Je déteste tout le discours qui consiste à se demander si quelque chose est rock ou ne l'est pas. Pendant que je tape ces quelques lignes, j'écoute Silver Mt. Zion, c'est du rock, ça ? Honnêtement, je m'en fous un peu.

 

STEPHANE PETRIER : Ca va pas du tout ça les gars ! On est d'accord sur tout !!!  Quand est-ce qu'on se met sur la gueule ?

 

- Ah, non!! ça fera trop rock and roll!! 

 

FRANCOIS- KAS : Comme Yann et Stéphane, nous ne revendiquons pas d'étiquettes particulières. Les questions de certains journalistes portant sur le style du groupe visent plus à construire une représentation de notre musique pour leurs lecteurs :  c’est utile, concis mais aussi très restrictif. « Rock » permet sans doute de souligner le rôle de l’électricité ainsi que l’omniprésence des guitares et des saturations, au risque de gommer tous les autres ingrédients constitutifs de notre univers.
             Pour l’écriture en français, c’est venu assez vite mais les premières chansons composées le furent dans la langue de Shakespeare. Depuis, les titres que je compose sont quasiment tous en français mais je me donne le droit de placer quelques phrases en anglais de temps à autre pour amener des couleurs et des sonorités différentes, pour un passage assez puissant ou crié, puis une partie avec beaucoup de chœurs... Et puis, en France, nous avons tout de même de nombreux chanteurs ou groupes qui ont un rapport très intime à la langue et à la culture anglaise et  qu’on peut à mon avis considérer comme de grands auteurs.

STEPHANE PETRIER : Qu'entends-tu par "chanteurs ou groupes qui ont un rapport très intime à la langue et à la culture anglaise" ? S'il s'agit de gens comme Gainsbourg par exemple, je suis d'accord. Il utilise beaucoup de formules et joue avec les anglicismes mais, je  dirais, à la rigueur pas plus que toi et moi dans la vie de tous les  jours. Il continue à "me parler" en français. En revanche, je ne vois  
pas pour ma part de "grands auteurs" français qui écriraient  totalement en anglais. A qui penses-tu ?

 

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FRANCOIS- KAS :  Lorsque j'ai utilisé l'expression "grands auteurs" français écrivant en anglais,  je ne pensais pas à Gainsbourg mais à des artistes plus confidentiels comme Piers Faccini, Santa Cruz, Laetitia Shériff, Jullian Angel, David Fakenahm (etc.) qui ont soit une approche très poétique de lalangue anglaise soit un remarquable savoir faire pour construire leurs chansons comme de petites nouvelles. Je trouve intéressant de voir comment ces groupes évitent les pièges évoqués par Yann et Séphane et parviennent à se réapproprier des pans entiers de la culture populaire américaine. Ce ne
sont pas les plus connus, ils ne visent sans doute pas un succès planétaire mais leur démarche artistique est à la fois intègre, sincère et passionnante, bien loin d'autres groupes se contentant de cloner les artistes anglo-saxons écoutés à la maison. Et puis, parmi mes groupes favoris, il y a aussi les Married Monk, avec des textes qui là aussi sont parfois très bons même s'ils parlent un peu trop  systématiquement de boisson !

 

- Finalement sur ces deux questions du rock et du français, vous êtes sensiblement sur la même position que Murat. Alors Murat, justement...  Est-il à ranger dans vos influences ? (en matière de : musique, texte, méthode... )     

 

 

YANN  GIRAUD Je ne crois pas que Jean-Louis Murat soit une influence directement identifiable dans notre musique. En revanche, en ce qui concerne la démarche, JLM a eu une influence déterminante. Quand nous avons commencé à faire de la pop sous le nom de Porco Rosso, au début des années 2000, l'idée principale était de se démarquer du rock alternatif qui à l'époque polluait les radios. Bien sûr, nous avons toujours eu beaucoup de respect pour Noir Désir, un groupe totalement déculpabilisant pour le rock français, mais il y a avait tous ces clones à la radio et puis aussi, toute cette soupe punk-ska plus ou moins alter-mondialiste qui, je pense, a bien pourri la scène française. À cause d'eux, tu ne pouvais pas faire du rock en France sans qu'on attende de toi une prise de position politique. Je pourrais citer deux ou trois noms, mais j'imagine qu'on voit de quel genre de formations je veux parler. Et en plus, en contre-attaque, on a eu l'extrême inverse, la nouvelle chanson française qui elle, ne parle que de la queue au supermarché, de la vie banale de tous les jours, les trucs dérisoires. Ai-je besoin qu'on me parle de ma vie de merde ? Je ne crois pas. Donc, la qualité en France se situe quelque part entre ces deux écueils, et là, on trouve un type comme Murat : des textes beaux et poétiques, de la mélodie, un peu d'ambition. Et puis j'aimais le discours qu'il avait en interview, le refus de la facilité et de la médiocrité, l'idée aussi que même si on n'a pas à se référer aux anciens (Brel, Brassens, Ferré), ça reste quand même dans nos gènes, que toute chanson française se fait en référence à la variété, qu'il ne faut pas forcément chercher à lui tourner le dos.        

               Après pour les textes, Murat n'est pas mon influence principale. Je pense plutôt à des gens comme Morrissey, Ray Davies ou Bob Dylan (Blood on the Tracks surtout), mais en français. Les textes de Murat sont plus métaphoriques, attachés à une certaine idée de la poésie française classique (Louise Labé, l'amour courtois, tout ça). Je cherche à raconter des histoires ou à m'inscrire dans une époque, un contexte, même si ce n'est pas forcément à prendre au premier degré, je me sens plus proche de Dominique A en ce sens. Comme ce dernier, la façon dont Murat place sa voix, en revanche, est importante pour moi. Ce n'est pas évident à faire sonner, le français. Peu y arrivent avec fluidité, sans que ça accroche, sans qu'il y ait trop de maniérisme. J'aime ça chez lui aussi.

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FRANCOIS- KAS :  Pour ma part, je n’ai jamais considéré Murat comme une influence majeure. Mes influences sont longtemps restées presque exclusivement anglo-saxonnes et la découverte de Murat fut finalement assez tardive. Par ailleurs, en dépit de mon intérêt pour son œuvre, peu de disques de Murat m’ont touché de manière suffisamment profonde pour influencer mon approche de la musique et de la création.

         Il y a cependant une exception : Mustango. En effet, cet album, comme Remué de Dominique A, Fantaisie militaire de Bashung ou #3 de Diabologum, représente pour moi un des horizons indépassables de la chanson française des années 90-2000. Des textes d’une beauté désarmante, des influences anglo-saxonnes parfaitement assumées et intégrées, des voix et une production chaleureuses et sensuelles, plus que d’une influence, il s’agit là d’une référence ultime à l’aune de laquelle on peut jauger ses propres compositions et enregistrements.

         En outre, ce qui me paraît rapprocher ces quatre albums, c’est, dans leur démarche, la volonté de leurs auteurs de donner une forme nouvelle à la chanson d’ici en étant aussi ambitieux  sur les textes que sur les musiques, en assumant pleinement toute la diversité de leurs influences respectives et en se détachant du côté parfois un peu larmoyant voire nombriliste que peut prendre la chanson française « à texte ».

Pour finir, je suis assez d’accord avec les propos tenus par Yann sur l’habilité qu’à Murat de faire sonner sa voix et sur les qualités poétiques et métaphoriques de ses textes.

 

          Mais,  Yann (la question peut s’adresser à Stéphane également), en dehors des références citées pour tes textes (Morrissey, Ray Davies ou Bob Dylan), es-tu également influencé par certains écrivains ?   "Mourir" aurait pu avoir sa place sur un album de JLM , non ?

 

STEPHANE PETRIER Pour ma part, mon rapport avec Murat est assez ambigu.

            Je l'ai d'abord longtemps détesté... ou plus exactement il m'agaçait... Je n'aimais pas sa façon de faire des textes, notamment sa façon très "XIXème siècle" d'évoquer ses sentiments.

Certaines phrases, par exemple, je crois que c'est dans "Col de la Croix-Morand" comme "j'éprouve un sentiment profond", je trouvais ça insupportable : pour moi un auteur n'a pas le droit de dire ça, il doit le faire comprendre, le suggérer... En revanche, j'étais déjà jaloux de sa voix, de sa classe naturelle et je me disais que si j'étais une fille je serais sûrement tombée amoureuse de ce sale type.

Les choses ont basculé, je ne sais trop pourquoi, avec "Le moujik et sa femme"  qui reste pour moi un de ses meilleurs albums. Là, j'ai commencé à tout lui pardonner et je me suis enfin "laissé aller", j'ai accepté de rentrer dans son univers sans intellectualiser la chose. Aujourd'hui, c'est toujours pareil : j'accepte de Murat des choses (tant au niveau des textes que de la musique) que je trouverais ridicule venant d'un autre. Je crois surtout que j'aime sa liberté, la façon dont il assume le mélange des genres, et bien sûr son talent pour faire sonner la langue française, c'est peut-être en ce sens qu'il est pour moi une influence.

           Pour répondre à la question des personnes qui m'ont réellement influencé au niveau de l'écriture, je citerais moi aussi Morissey, pour sa capacité à oser se mettre à nu, mais aussi beaucoup de choses dans la variété française des années 70 notamment (Souchon, Aznavour, même Delpech ou les tout premiers albums de Balavoine) où on avait un vrai talent pour raconter une vraie histoire en
quelques minutes, planter un décor... J'adore ça. Je trouve qu'un garçon comme Renan Luce aujourd'hui réussit par moment à retrouver cette grâce. L'écriture beaucoup plus intellectuelle de Bashung me fascine également mais me touche peut-être moins (sauf l'exception sublime qu'est "Fantaisie militaire" album touché par la grâce où j'ai enfin l'impression que le bonhomme tombe le
masque et me parle de ses souffrances sans que le vernis de la virtuosité le protège).
          J'ai du mal à savoir si les écrivains que j'aime (Bret Easton Ellis, John Fante, Vargas Llosa) m'influencent. Il y a plutôt parfois un flash, un film, un livre, une BD qui va un jour m'inspirer une chanson, mais je ne crois pas que cela ait une emprise directe sur mon style.



 

YANN  GIRAUD Pour ma part aussi, c'est toujours difficile de savoir si je suis influencé par d'autres formes d'art que la musique. J'aime beaucoup d'écrivains (Houellebecq, Jim Harrison, Dan Fante, Russel Banks ...), mais est-ce que ça m'influence sur la forme ? J'en doute. Je dirais que ce sont les sujets qui m'influencent, les ambiances aussi, mais pas l'écriture elle-même. Idem pour un certain cinéma qui me touche et peut me suggérer des images. Je pourrais aussi citer certains champs philosophiques. Au début, je voulais citer une phrase de Deleuze et Guattari dans notre disque, puis les membres de mon groupe m'en ont dissuadé. Ils ont bien fait, je crois ... Dans "Mourir", en effet, il y
a une référence explicite à Murat quand j'emploie le terme "cariatide",
[utilisé dans « aimer »]  mais pour le reste, je ne sais pas.

            C'est marrant, les albums que cite François. On revient toujours à la même poignée d'artistes, c'est un peu déprimant, non ? Sur ce que dit Stéphane aussi sur les années 70, je suis assez d'accord, mais chez moi, ça concerne plus la musique que les textes. Quand j'entends des trucs comme les premiers Véronique Samson, je me dis qu'il y a un super son au niveau de la rythmique, ça groove à mort, et il me semble qu'on a perdu la clé. Récemment, j'ai cru entendre un peu de ça chez M. Même si ça ne me touche pas à titre personnel, je lui reconnais d'avoir un peu réhabilité ce son là et je trouve bien aussi que ça s'adresse à un public assez large.

           Je constate que depuis quelques temps, du point de vue des textes, je suis de moins en moins en phase avec le style de Murat et de plus en plus avec celui d'Étienne Daho. J'ai longtemps ignoré ce dernier et me rend compte qu'en fait, c'est beaucoup plus difficile de se mettre à nu avec des textes simples que de se cacher derrière des postures. Sur le dernier album d'Étienne, il évoque des choses crues et bouleversantes sur sa rupture amoureuse et sa relation avec son père. C'est quand même vraiment courageux d'écrire (et plus encore de chanter) : "tu veux savoir pourquoi aujourd’hui je ne t’aime plus, pourquoi depuis un moment, je ne te désire plus et tu pleures en secret toutes les larmes
de ton corps, comme si j’étais mort". C'est peut-être moins élégant, moins littéraire, mais arriver à cette épure, c'est du gros travail et je crois qu'on ne s'en rend pas assez compte.

 

-  J’ai toujours gardé en mémoire la leçon de Gilles Vigneault sur la beauté des phrases construites avec des mots simples à une ou deux syllabes…  et ta citation Yann m’a fait penser à cela. Mais soit, moi, ce que j’aime dans l’écriture de Murat, c’est qu’il n’y a aucune expression toute faite (ce que je reprochais à Biolay…),  même si on peut aussi parler de « facilité »  quand on va dans l’abstraction et l’abscond.            (concernant Deleuze : je crois qu’Abdel Malik t’a grillé ! J’l’ai entendu parler d’une chanson évoquant les 3 D : Deleuze, Derrida et Debray…). 

 

 

 

SAM 2866

La pochette osée de l'album "L'homme le plus heureux du monde" du Voyage de NOZ... Ca va bien avec Murat, non?

 

 

LE LIEN EN PLUS :  

 

Voila de quoi faire connaissance avec ces "jeunes groupes":  

 

http://www.karl-alex-steffen.com/

http://www.myspace.com/karlalexsteffen

Photo-108-comp.jpgle bel objet en édition limitée que voilà...

 

http://www.porco-rosso.com

 http://www.noomiz.com/porcorosso
 http://www.grosse-caisse.com/musique/porcorosso

Pour eux, aussi, choix du bel objet : EP disponible en  vinyl uniquement...  

 

th_CoverPorcorosso.jpg 

 

 

http://www.levoyagedenoz.com/

http://www.deezer.com/fr/music/le-voyage-de-noz

http://www.bonne-esperance-the-story.fr/   (teasing du nouvel album à sortir le 27/11)

v_bonne-esperance.jpg

 

 

 

A SUIVRE!!!!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 19 Novembre 2010

 

 

Allez, une autre série de photos de Denys!

 

  P1020360 une des "images" de cette tournée...  chiche? simple? de bureau?

 

P1020367  Coupé de près, le Chablaisien... Où l'on voit qu'il a changé de batterie depuis le début de la tournée...  Une batterie moins rock?  Je ne sais pas?

 

 

P1020369  Oui, il fait un peu gros là dessus....

 

P1020370 Une perm à Nantes... mais pas rasé de près lui.

 

P1020373 Belle photo DENYS!!

 

P1020375

P1020377

 

 

Et encore mercy DENYS!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu-promo- 2010-aout 2011

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Publié le 19 Novembre 2010

 

A Nantes, il y a eu Demy pour toujours... et l'autre soir, il y avait Denys... qui n'a pas fait les choses à moitié...

 

Voici ses belles photos  et une vidéo. Un grand merci à lui de m'avoir contacté et transmis tout ça!

 

Désolé, Denys m'a indiqué qu'il n'avait pas la solution technique :  c'était soit une bonne qualité d'image, soit la vidéo droite!
P1020349.JPG
P1020352.JPG
P1020354.JPG

 P1020357.JPG

 

  encore des photos ce soir!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu-promo- 2010-aout 2011

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Publié le 17 Novembre 2010

 

Concert classique hier soir à NANTES...   Comptes-rendus dispo sur le forum et la Dolo... 

 

VOICI un petit article qui nous compte une belle  anecdote!

 

 

 http://www.presseocean.fr/actu/filinfo_detail_-Vu-a-Nantes-Jean-Louis-Murat-sans-faille-%5BVIDEO%5D_-1589800--BKN_actu.Htm

 

Vu à Nantes : Jean-Louis Murat sans faille

"Bon, c’était pas le concert du siècle de Murat, ce mardi soir à Nantes. Dans une salle (Paul-Fort) pleine à craquer, soit 500 spectateurs, le chanteur aux cheveux longs et à la dégaine « cool-campagne » a pioché dans son impressionnant répertoire. De « Chanter est ma façon d’errer » à « Pauline à cheval », il a assuré le set sans faille. Sans faille et sans émotion palpable, c’est peut-être ça qui pêchait au fil d’une brochette de morceaux distillés comme on enfile des perles, un soir de spleen. Il manquait ce petit truc indicible qui fait la différence. La voix est toujours là, le son aussi, cet univers à lui qu’il a su bâtir au cours d’une vie d’artiste. Au rayon causette (brève), il a indiqué qu’il y avait de la neige en Auvergne et  que sa fille avait une gastro. Au chapitre «  Murat l’impulsif », selon la direction de la Bouche d’Air, le chanteur a piqué un coup de sang en apercevant un homme battre une femme sur le trottoir en arrivant à Nantes. Du coup, il est descendu de sa voiture pour calmer l’histoire. Du Murat pur jus.

 

On allait oublier de citer la reprise magistrale de « L’examen de minuit » de Léo Ferré (tiré de l’album Charles et Léo), dont nous tirons cet extrait : « Nous avons blasphémé Jésus/ Des Dieux le plus incontestable/ Comme un parasite à la table/ De quelque monstrueux Crésus/ Nous avons, pour plaire à la brute/ Digne vassale des démons/ Insulté ce que nous aimons/Et flatté ce qui nous rebute ». Une perle arrivée un petit peu tard, c’était la dernière chanson mais c’était bon quand même.

 

Stéphane Pajot"

On trouve un photo sur leur site... et une vidéo:

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #actu-promo- 2010-aout 2011

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