INTER-ViOUS... : Voyage de Noz, Karl-Alex steffen, Porco Rosso/ Part.2
Publié le 23 Novembre 2010
LE VOYAGE DE NOZ
KARL-ALEX STEFFEN
PORCO ROSSO DEUXIEME PARTIE
ãstéphane Pétrier. Et ses tee-shirts réputés!!
- Yann (PORCO ROSSO), tu étais sans doute le plus fan des trois donc, même si tu sembles décrocher un peu… Quand l’as-tu découvert ? et quel type de fan es-tu (collectionneur)?
YANN GIRAUD : Pour ce qui est de mon rapport à Murat, ça a commencé avec Mustango que j'ai dû découvrir sur le tard, peu avant la sortie du Moudjik, en fait. J'aimais beaucoup la rencontre avec des artistes nord-américains, le son très organique. Après, je me suis mis à tout acheter, mais en restant dans la discographie officielle et les albums. Je ne collectionne pas les EPs et les 45 tours, même si j'en ai quelques uns - il y a quand même des chansons comme "New Yorker" qui ne sont pas sur les disques et qui sont à se pâmer. Après, il m'est arrivé de prendre la voiture et d'aller le voir jusqu'à trois fois sur la même tournée. Ça, c'était à l'époque de Mockba. Or, justement, ces prestations étaient assez inégales à l'époque et c'est à ce moment là que j'ai commencé à me lasser.
Sur album, récemment, il peut alterner le meilleur (Tristan) comme le pire (l'horrible Charles et Léo que je considère comme un ratage complet) et l'anecdotique (Taormina et Le Cours Ordinaire des Choses que je n'écoute presque jamais). Sur scène, par contre, jusqu'à ce qu'on me prouve qu'il y a un mieux, je n'y retournerai plus. La dernière fois, c'était au Bataclan il y a un an. Le set était bâclé, le son très kitsch, la rythmique était complètement à côté du début à la fin et Murat geignait plus qu'il ne chantait. Or le public avait l'air de trouver ça génial. J'ai appris que dans les backstages, son staff est venu lui dire que c'était son meilleur concert parisien. Je trouve cela pathétique car je l'ai vu sur la tournée de Parfum d'Acacia au Jardin, que je considère comme l'un de ses meilleurs albums - même si c'est un DVD - et à l'époque, c'était à tomber à la renverse tellement c'était bien avec une version du Jaguar intense de plus d'une dizaine de minutes. Comme je sais que JLM est quelqu'un de lucide et de très intelligent, je me doute qu'il doit savoir qu'il ne donne pas le meilleur de lui-même et l'aveuglement des fans ne doit pas changer grand chose à cela. Sinon, je retourne toujours vers les mêmes disques : Le Moudjik, Lilith et dans les plus anciens, Cheyenne Autumn m'apparait toujours comme un album très solide, avec des chansons formidables comme "Le Venin" ou "L'Ange Déchu".
Je pense que j'achèterai toujours ses disques. Même si je ne les attend plus avec la même appréhension, je sais qu'il y aura toujours un ou deux morceaux sortant du lot. Sur le dernier, par exemple, pour moi c'était "Chanter est ma façon d'errer".
Yann
- Et toi François (KARL-ALEX STEFFEN)... Tu sembles le moins fan... As-tu écouté la discographie complète, l'as-tu vu en concert?
FRANCOIS- KAS : J’ai commencé à m’intéresser aux disques de Murat à l’époque de Dolorès ; le disque avait fait pas mal parler de lui à l’époque et je l’avais finalement emprunté en médiathèque. Sans être bouleversé, j’avais apprécié la démarche un peu expérimentale de Murat sur cet album en rupture avec l’image caricaturale que j’en avais jusque là, à savoir un chanteur de variété mélancolique avec un timbre magnifique. Les touches électro me plaisaient bien à un moment où j’écoutais pas mal de groupes dans la lignée de Portishead ou Tricky.
Du coup, quand Mustango est sorti, je l’attendais, d’autant que les membres de Calexico avaient participé à la réalisation du disque. Et là, comme je l’ai dit, ça a été une claque monumentale. Un des meilleurs albums de pop française de tous les temps sans hésitation.
La période qui s’ouvre avec Mustango est à mon avis la meilleure de Murat, avec une série de disques qui alternent entre le très bon (Lilith, Parfum d’acacia au jardin) et le sublime (A bird on a poire, Le Moujik..) à part Mme Deshoulières qui fut pour moi une grosse déception. Pendant ces quelques années, j’attendais chaque disque de Murat avec impatience, espérant chaque fois une prise de risque qui me surprenne et me déstabilise ; à cet égard, la découverte d’A bird on a poire, composé et arrangé par Fred Jimenez fut assez jubilatoire dans la mesure où je ne pensais pas Murat capable d’autant d ‘humour, de légèreté et d’efficacité dans le style pop 60’s.
Durant cette période, sur scène, nous avons un temps repris Foule romaine en rappel de nos concerts. C’est aussi l’époque durant laquelle j’ai récupéré les premiers albums qui sont loin d’être dénués d’intérêt ; j’ai d’ailleurs une affection toute particulière pour Venus avec son côté un peu rêche et dépouillé. Malgré, mon intérêt pour Murat, je n’ai assisté qu’à un seul de ses concerts, en 2005 au Printemps de Bourges sur la tournée Moscou en trio avec Fred Jimenez à la basse si ma mémoire est bonne ; une prestation rugueuse, courte mais intense. Parmi les regrets, ne pas avoir pu assister aux tournées Dolorès et Mustango dont les relectures (sur disques) rendent honneur aux versions originales.
Depuis, la passion s’est effectivement émoussée. Moscou, Taormina et Le cours ordinaire des choses ont leurs bons moments mais sont sans surprise. Charles et Léo m’a laissé une fâcheuse impression à la première écoute et je n’y suis jamais revenu . Je ne connais pas Tristan mais je vais m’empresser de l’écouter sur les conseils de Yann.
ãFrancois-karl-Alex Steffen dans le jardin...
YANN GIRAUD : Marrant, j'y étais au concert du Printemps de Bourges (d'ailleurs, c'était à Saint-Amand-Montrond). C'est le dernier bon concert que j'ai vu de lui, en fait. Un set court et tendu.
- Stéphane (LE VOYAGE DE NOZ) avait peur de se faire gronder parce qu'il adore "a bird on a poire"!! Il aura apprécié la réponse de François! Stéphane, moi, ce qui m'étonne, mais tu l'as évoqué dans une de tes réponses, c'est que tu détestes le blues... comment peux-tu encore supporter le Jean-Louis actuel?
STEPHANE PETRIER : Comme je te l'ai dit, j'ai tendance à tout pardonner à JLM. Cela dit, les albums très blues comme "Taormina" ou "Le cours ordinaire", sont rarement dans ma platine... mais même ceux-là recèlent toujours une perle ou deux ("Gengis"...)
C'est bizarre parce que moi qui suit très besogneux, j'accepte aussi (et peut-être même que j'envie) chez Murat son côté dilettante, l'impression que certains morceaux ou certains textes sont un peu bâclés, son côté "je fais 2 morceaux par jour et je les sors tous sur disque"... Il y a aussi un autre truc qui devrait m'horripiler chez Murat, c'est son répertoire bucolique "La mésange bleue", "L'heure du berger",... qui pourraient ressembler à de mauvais poèmes d'enfants de 12 ans qui auraient trop lu Lamartine... même ça je lui pardonne et je finis par trouver du charme à la chose.
Mais si j'adore en effet "A bird on a poire", c'est justement parce qu'il n'y a pour moi que les bons côtés de Murat dans cet album. Musicalement bien sûr, je me sens plus proche de la brit-pop (même traitée façon easy listening) de Fred Jimenez que du gros blues façon "Comme un incendie", mais je trouve aussi qu'au niveau des mots, Murat est encore plus fort dans cet album.
J'ai l'impression que le fait que Jimenez compose les musiques lui a mis un peu plus la pression sur les textes, l'a forcé a être justement moins "dilettante" et peut-être aussi à moins se regarder le nombril. Les textes sont plus urbains, ont plus d'humour, sans que l'album soit plus "léger" pour autant : "Petite luge", "Gagner l'aéroport" sont pour moi parmi les plus beaux morceaux de Murat.
Par contre, globalement, on a beau dire qu'on l'aime le Jean-Louis, je trouve qu'il en prend quand même plein la gueule depuis le début de cette interview, non ?
YANN GIRAUD : C'est normal. On dit bien : qui aime bien châtie bien. De plus, je me rappelle que dans une interview pour Chorus, JLM avait dit quelque chose comme quoi il se faisait une très haute opinion de son public, qu'il était exigeant envers lui et qu'il espérait qu'il l'était également en retour. Dont acte !
ãsurjeanlouismurat
- Vous avez donc tous déjà évoqué vos albums préférés, vos meilleurs souvenirs de concert (peut-être pas Stéphane)... mais il me reste deux questions rituelles : c'est de me citer vos trois titres préférés, et bien sûr pourquoi ceux-là... La deuxième, Yann y a répondu : existe-t-il un titre de votre répertoire qui vous évoque, ou vous a été inspiré, par Murat?
STEPHANE PETRIER : Puisque j'ai déjà parlé de "Petite luge" et de "Gagner l'aéroport", je citerais 2 vieux titres de Dolores, "Fort Alamo" et "Perce-neige" et un titre qui était sur un maxi à l'époque du Moujik, ma préférée entre toutes : "Royal Cadet".
Royal Cadet, j'ai eu la chance de pouvoir l'entendre en concert au Palais du Facteur Cheval l'année dernière (Pierre était là bien-sûr...)... Je crois que ce morceau pourrait durer une heure, je ne m'en lasserais jamais... Et pourtant, il est construit comme un bon vieil alexandrin, en 2 hémistiches de 6 syllabes, chose qui en général m'ennuie profondément... mais là, ça marche... J'ai l'impression que chaque mot posé est touché par la grâce, que la voix de Murat est en apesanteur, avec une proximité exceptionnelle... Je ne cherche même pas exactement à savoir de quoi il me parle dans cette chanson, je prends tout...
Concernant la deuxième question, il y a dans notre dernier album une chanson qui s'appelle "Le cap" qui doit certainement quelque chose à Murat. Dans la façon de poser les mots, de jouer avec les silences à certains moments, dans la simplicité et la répétitivité de la ligne mélodique...
- mais j'ai ouï dire que tu citais le prénom LILITH dans une chanson?
STEPHANE PETRIER : Comment tu sais déjà ça toi ? [ce titre est inédit]
Non, rien à voir avec JLM... ma Lilith à moi est plutôt un clin d'œil au "Lillywhite Lilith" de Peter Gabriel et Genesis sur "The lamb lies down on Broadway" mais aussi à la Lilith mythologique, à la fois déesse et démone... genre de personnage à double facette dont j'aime bien hanter mes histoires.
- la chanson de Murat évoque bien ce même personnage également.
"Bonne espérance", le nouveau voyage proposé par Le Voyage de NOZ
FRANCOIS- KAS : Pour mes trois titres préférés de Murat, sans trop réfléchir je dirais Jim, Foule romaine et Bang Bang ; sans doute pas les meilleurs titres dans l'absolu, mais parmi les plus évidents, des titres qui me procurent un plaisir immédiat et systématique à l'écoute. J'y trouve certains aspects de la musique de Murat que j'adore comme une certaine évidence mélodique (sans pour autant que la chanson soit rengaine), des paroles mystérieuses qui permettent à l’auditeur de créer sa propre histoire et puis une légèreté qui n’est pas toujours présente chez Murat.
Malgré tout, j'aime également certaines compositions plus sombres et dramatiques comme Petite luge, Gagner l'aéroport, Mustang, Perce Neige ou Au Mont Sans souci ; j'y trouve ici un côté plus mélancolique, plus habité et peut-être plus poétique.
En tous cas, deux des facettes que je préfère chez lui !
YANN GIRAUD : Pour ma part, je citerai "Bang Bang", "New Yorker" (la version du live Muragostang) et "Se Mettre aux Anges". Pourquoi ? Et bien parce que c'est beau, langoureux, ambitieux, magnifiquement écrit, superbement interprété. Ce ne sont pas seulement mes trois chansons préférées de Murat, mais trois de mes chansons préférés tous styles musicaux confondus.
- J’espère que cette INTER-ViOUS vous a permis de dire tout ce que vous souhaitiez sur Jean-Louis Murat… Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à rajouter quelques propos, mais parlons quand même un peu de votre actualité. Vous sortez ou avez sortis récemment un album. Quelle est la suite du programme (des concerts?) et comment en faites-vous la promotion?
STEPHANE PETRIER : Concernant notre promo, comme toujours pour nous, c'est facile en Rhône-Alpes parce qu'on a une certaine notoriété, mais beaucoup plus compliqué au niveau national.
L'album « bonne espérance » sort le 25 novembre. Dans un premier temps le gros de la promo sera surtout sur la région avec quelques dates et quelques show case, et un KAO à Lyon pour finir au printemps.
Nous avons également quelques plans de diffusion sur des radios nationales ainsi que plusieurs projets de dates sur Paris au premier trimestre 2011. Sur ce coup-là on est un peu mieux structuré que d'habitude, avec une vraie attachée de presse, mais ça reste encore très empirique... on se débrouille avec des bouts de ficelle, des contacts, quelques personnes qui aiment notre musique et qui ont les leviers pour faire bouger les choses...
Et puis bien sûr il y a internet, mais faut pas se leurrer : le nerfs de la guerre, ça reste les radios... tant que tu n'est pas diffusé largement, c'est plus dur d'avoir des dates, plus dur d'être dans les bacs...
YANN GIRAUD : Que dire de plus sur Jean-Louis Murat à part que j'attends d'écouter le prochain (début 2011, c'est bien ça ?).
Pour l'actualité, en ce qui nous concerne, c'est la sortie de note premier album, La Vie Sans Moi. Il est dispo depuis le 11 octobre en format digital et depuis début novembre en vinyle. Nous ne savons pas encore s'il sortira en CD. Nous démarchons encore des distributeurs pour cela. Le disque est donc disponible sur les plates-formes de téléchargement classiques (iTunes, VirginMega, FnacMusic, etc.) mais aussi en 33 tours à nos concerts et pour les parisiens à l'excellente Boutique Fargo (Rue de la Folie Méricourt , dans le 11ème arrondissement). Par ailleurs, on peut le trouver dans les bacs itinérants des Boutiques Sonores, une agence de promotion et de distribution de disque qui vend nos disques à divers concerts et festivals dans toute la France et les met en écoute et en vente dans certains commerces et bars (essentiellement à Paris). Il est également dispo par correspondance à cette adresse : http://bandcamp.porcorosso.com.
Last but not least, nous sommes en concert à l'Espace B (19ème arrondissement) le 8 décembre et nous jouerons certainement début 2011 aux Trois Baudets (à Pigalle). On aimerait bien sortir un peu de Paris, notamment jouer en banlieue où il y a des salles municipales géniales mais où manheureusement il y a très peu de concerts pop ou rock et bien sûr, nous espérons un peu nous déplacer en province aussi (évidemment, on adorerait faire la Coopérative de Mai à Clermont, par exemple !).
FRANCOIS- KAS : Je vois que nos actus se ressemblent beaucoup où comment toucher un large public quand on a peu de moyens et pas une grosse équipe derrière soi pour bosser sur la com ou l'image du groupe !
Pour notre part, on prépare la sortie de notre deuxième album "Les traces" . Pour le moment, nos journées sont marquées par de nombreuses prises de contact et de discussions pour trouver les bons partenaires, période éreintante et parfois frustrante mais nécessaire. On se donne le temps car on veut vraiment que ce disque rencontre son public et on croit toujours dans un beau format CD distribué en magasin (désolé !).
Par ailleurs, on commence déjà à faire ici ou là quelques émissions ou sessions radio puisque nous avons décidé de proposer en avant première une édition-collector (livre-CD 28 pages disponible exclusivement via le site web du groupe) ; il s'agit d'un un récit musical raconté en 12 morceaux illustrés par les encres de Mathias Mareschal et les photographies de Clémence Cottard. Le travail graphique sera prolongé sur scène (premières dates début 2011)
Enfin, un EP digital sortira en janvier 2011 avec des titres inédits issus des sessions d'enregistrement de l'album.
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Interview réalisée par mails du 3 au 21/11/2010. Merci à Yann, Stéphane et François.
Attention, cette interview ne contient pas de question sur la crise du marché du disque, mais quand même.
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LE LIEN EN PLUS :
Allez, un peu de vidéos :
LE VOYAGE DE NOZ :
http://www.musicme.com/#/Le-Voyage-De-Noz/albums/Petit-Live-Entre-Amis-3700368498613-02.html
Notamment l'instrumental : "un 30 avril sur les quais, et on trouvera également l'essai de texte en anglais de S. Pétrier: "opéra" (c'est bien lui qui chante!!), mais je vous conseille aussi "près du vide" et l'hymne "chaque nuit"...