Déjà une archive: Interview dans Rock and Folk et l'influence Talk Talk
Publié le 6 Mars 2019
Bon, désolé, je ne suis pas assidu en ce moment dans cette période de désert affec.... euh... d'actualités. Pour rappel, pour ceux qui ne suivraient pas, ceux qui sont au fond près du radiateur: 1) on sait que la 3e étape de la fusée (travaux / Francese/ ?) est en cours de fabrication 2) Pour patienter, il y a des rééditions en vinyle (avec Vénus et Passions privées bientôt) 3) Murat est programmé au printemps de Bourges... mais c'est la seule date 2019 pour l'instant... mais bien-sûr il suffit de cliquer sur les articles précédents pour savoir tout ça et un peu plus.
Pour affronter cette disette de nouvelles fraîches, j'avais gardé quelques articles de presse non encore partagés (pour vous laisser la chance d'en profiter en kiosque). Alors voici l'interview de Rock and Folk paru en novembre 2018 (n°615 avec Bowie en couv). J'ai fait bien-sûr mon possible pour faire des photos pourries… mais c'est lisible sur PC.
On y retrouve un Murat délié avec quelques petites phrases, se plaignant par exemple d'avoir filé son disque à un pote musicien et que celui-ci ne lui ai fait aucun retour par exemple. [Ah, Jean-Louis, ils ont été nombreux à en parler de ton disque, et récemment Charlélie Couture)
A part ça, une petite info en passant sur "suicidez-vous le peuple est mort" et son aversion pour Mitterrand en 81: son père lui a dit que Mitterrand aurait donné l'ordre de tirer sur les mineurs en grève à St-Etienne. (les infos ici: https://www.forez-info.com/actualite/culture/1798-mineurs-en-greve.html et aussi dans l'humanité)
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PS: J'ai beaucoup alimenté ce blog durant les premières années avec les "en direct des tuyaux ouverts", l'actualité youtubesque souvent constituée des archives de M. Five'R. Je rappelle que mon blog et celui de Didier lui doivent beaucoup (il nous a permis d'accéder aux archives que l'on a exploitées… Didier a tous lu, moi pas). En ce moment, Five distribue quelques archives télé en "privé" dans le groupe facebook "Jean-Louis murat". Vu que c'est privé, je ne peux les partager ici, mais je vous informe. Elles peuvent réjouir les amateurs de playback et du Murat minet (on peut l'apercevoir en costume et pantalon à pince…)… mais il y a a aussi un live de 84 écoutable sur Dailymotion (en fin d'article).
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LE LIEN EN PLUS POUR CAUSER CAUSER
Murat n'a pas toujours été celui qui ne jurait que la production américaine (de Lamar en passant par Dylan, et le blues et la soul). Durant un moment, il évoquait les Pale Fountains, Prefab Sprout (jusqu'à en prendre le batteur Neil Conti). Un grand nom de ce courant musical est décédé ces jours-ci, je veux bien sûr parler de Mark Hollis, de Talk Talk qui avait acquis un statut d' "artiste culte" puisque son retour était une des arlésiennes les plus fameuses de la pop. Murat avait envisagé (avec la maison de disque) de travailler avec leur producteur: Tim Friese-Greene. Ici dans Rock and Folk (1992):
Dans le fameux article de Libération "au pays de Murat" d'oct 91 qui relate la fabrication compliquée de l'album du Manteau:
- Prefab Sprout, écouté en boucle durant l'été par Murat ("Pour nous, auteurs de chansons, Paddy McAloon, c'est l'horloger ...") ; Virgin propose aussi Brian Eno (option atmosphérique). Indisponible, celui-ci répondra par voie de courrier. Murat n'est en tous cas pas si chaud pour Dolby. "Peur de faire chic. De sonner comme un Brian Ferry à la française."
Il pencherait, lui, pour Tim Friese-Greene, qui givre élégamment les disques de Talk Talk ... Et après tout, il ne penche pour personne -- que lui-même.
- Toujours pas question de producteur. Sans doute pour plus tard. Pour le mix final. Friese-Greene, qui traverse l'Afrique à pied, a envoyé une lettre ("Si vous avez fait Cheyenne Autumn tout seul, vous pouvez vous démerder tout seul !").
Murat se remet au travail.
AVRIL. Après hésitation et négociations du côté de Ian Broudie, François Kevorkian, Stephen Hague, c'est finalement Julian Mendelsohn, producteur, entre autres, des Pet Shop Boys, qui apporte sa touche (discrète) à l'album. L'Australien n'en rajoutant pas, les deux hommes s'entendent et passent une dizaine de jours à peaufiner l'ensemble dans les studios ZTT. Au passage, le producteur, plutôt sollicité ces temps-ci du côté "dance", se laisse aller à une opinion sur le travail du frenchy : "En Angleterre, c'est le genre de musique que tout le monde voudrait entendre mais que personne n'achète."
Dans la non moins célèbre (si quand même un peu moins) interview dans les Inrocks de 91 (par C. Fevret), Murat évoque Talk Talk comme une influence majeure du manteau de pluie.
L'impression de faux plat tient au rythme, en l'occurrence ce mid-tempo insistant et confortable, qui domine tout l'album.
J'aime bien les chansons qui sont menées sur le ton de la conversation, ou d'un échange amoureux. Dès que le tempo est un peu élevé, les chansons te stressent. Le beat parfait, c'est le battement du cœur. Sorti du battement du cœur, je me sens gêné : j'ai l'impression d'avoir une démarche strictement commerciale lorsque j'accélère le tempo. Je pourrais dire tous les textes de l'album tranquillement, sans chanter. Ce tempo lent se trouve sur beaucoup de ballades de rhythm'n'blues. Tous les gens que j'aime bien, les Otis et les Sam Cooke, travaillaient dans ces eaux-là. C'est le tempo de l'amour. Moi, je ne fais que des chansons d'amour et on ne peut pas parler d'amour sur un rythme de lapin mécanique. Ce que j'aime bien chez Neil Conti (le batteur de Prefab Sprout jouant sur Le Manteau), c'est qu'il a le son de caisse claire du batteur d'Otis Redding, Al Jackson. Dans mon biberon, j'avais cette musique et cette sonorité. Ces trucs de rhythm'n'blues mais aussi Wyatt, Cohen : j'aime ce qui n'a jamais été à la mode. J'en reste aux mots, aux mélodies, aux arrangements qui vont toujours dans le sens des mots et à l'efficacité de la rythmique, sans qu'elle soit omniprésente. Mais pour moi, le grand exemple, c'est Prefab Sprout et Talk Talk. A Pessade, pour le travail sur Le Manteau, je n'avais que leurs disques, je voulais viser entre les deux. Je trouve que les mots français vont très bien sur ce genre de choses.
Fais-tu un complexe vis-à-vis des Anglo-Saxons ?
Dans Johnny Frenchman, sur Passions privées, je dis "Attends que la crinière pousse au lionceau", je parlais pour moi. Cette chanson était au départ une lettre ouverte à Costello, car j'avais lu une interview où il nous traitait de minables. C'était à l'époque des Pale Fountains : d'un seul coup, je sentais quelque chose de neuf, que je pourrais aller dans cette direction. Je voyais les Anglais comme des voyageurs modernes, avec une langue invincible mais je leur disais "Attends que la crinière pousse au lionceau", je sentais qu'il faudrait du temps. Ça peut s'apprendre, il faut avoir des connaissances en art poétique, aimer la grammaire, le vocabulaire, écouter beaucoup de musique, trouver son rythme à soi, ne pas se précipiter. J'avais conscience de partir de très loin. Un peu comme le retard de la renaissance française sur la renaissance italienne.
Dans Purjus.net en 1992:
Talk Talk - "Laughing Stock"
Un disque de base, quoi. Y'a tout dedans. Ca m'a beaucoup changé ce disque-là. J'ai envie de faire des trucs comme ça après. j'avais contacté Tim Freezegreen, marc Hollis ça me disais rien, mais Feltam, et Harris le batteur. J'aurais aimé travailler comme ça.
Certains continueront de parler de Talk Talk même pour Mustango:
Dans le Temps (Suisse): Pourtant, malgré ce goût pour les caresses un peu rudes de la musique américaine, les ballades de Murat évoquent plus souvent l'univers éthéré d'artistes tels Talk Talk, Blue Nile ou David Sylvian.
Murat en 2016 dans une playlist pour RTL avait choisi de nous faire écouter : living in another world.
Pour la petite histoire, Murat a peut-être joué du Talk Talk lors d'un concert caritatif (pour la Roumanie): il a joué en effet avec le groupe Steve Mac Queen constitué notamment des copains Alain, Jérôme et Stéphane (les mêmes qui accompagnent Murat dans la vidéo de 84 visionnable ci-dessous). C'est Matthieu qui nous en causait avec des archives inédites:
En la circonstance, ce nom doit nous évoquer autant le célèbre acteur américain que l'album éponyme de Prefab Sprout sorti en 85. En effet, le groupe clermontois, monté en septembre 89, compte notamment à son répertoire, en plus de ses propres compositions, des morceaux de Prince, Simply Red, Talk Talk, Joe Jackson ou, justement, Prefab Sprout [ …] On ne connaît pas la setlist du groupe ce soir-là, mais on peut supposer que Murat préféra jouer des reprises plutôt que ses propres morceaux et qu'il puisa dans le répertoire habituel de Steve McQueen. On sait par exemple qu'il interpréta, les mains enfouies dans les poches de son grand manteau, "It's only love", dans une version plus proche de la reprise des Simply Red que de l'original de Barry White.
http://www.surjeanlouismurat.com/2016/05/article-concerts-caritatifs-en-cours.html
Merci mon Matthieu, et salut Hollis pour nous. Et je vous invite à écouter le live magnifique de Talk Talk à Montreux :
Allez, on termine par Murat en live in Lyon en 84