Freud dans Toboggan: mystère résolu?

Publié le 2 Juillet 2015

Matthieu dans ses oeuvres:  Murat, Bergheaud, Freud, la querelle intérieure,nous, l'inconscient est-il conscient?, glissez sur-moi, glissez sur-moi, intentionnalité de l'auteur ou de l'oeuvre... enfin,  je vous laisse découvrir cela!

- Mais qu'est-ce qu'il dit, le Pierrot?

Tout commença il y a près d'un an, à la fin du concert donné par Jean-Louis Murat et The Delano Orchestra à Uriage, près de Grenoble. À proximité de la scène, quelques inconditionnels discutent avec le chanteur et Alexandre Rochon de sujets divers, passant en toute décontraction de Tarkovski à John Galliano. Murat lance alors, sur un air faussement contrarié, qu'il a placé du Freud dans Toboggan et qu'il regrette que personne ne l'ait remarqué.

Freud dans Toboggan:  mystère résolu?

Freud dans Toboggan ? De retour à la maison, l'information trotte dans la tête de plusieurs d'entre nous. Dans son compte rendu, Pierrot affiche un certain scepticisme quant au sérieux de cette révélation et note avec prudence : "après avoir mis du Freud dans Toboggan (CQFD cela dit)". Florence elle aussi se montre dubitative : "A moins que ce soit une farce ??" D'autres amateurs pousseront beaucoup plus avant leurs investigations, traquant les contrepèteries dans "Voodoo simple" ou bien décryptant "Amour n'est pas querelle" comme un dialogue entre le Ça et le Moi. Pour notre part, comme il nous avait semblé que JLM avait bel et bien évoqué une utilisation de la voix de Freud (et non simplement une allusion à ses idées), nous réécouterons attentivement Toboggan et nous arrêterons à cette voix lointaine, à peine audible sous la trompette d'"Amour n'est pas querelle" (vers 1'50''). Freud lui-même ? Peut-être. Sans certitude, nous nous fendrons alors d'un bref commentaire sur ce blog, avant de nous laisser emporter par d'autres sujets de préoccupation – la sortie de Babel approche...

Puis il y eut ce dimanche 28 juin, où l'étonnant attelage Jean-Louis-Sigmund se rappela soudain à notre bon souvenir. Il est 14h00 et nous découvrons l'une des nouvelles émissions de la grille d'été d'Inter, N'est pas fou qui veut, qui s'intéresse à la psychanalyse. Or, dans ce premier numéro consacré aux Impasses de la vie amoureuse [Dénégation de l'auteur de l'article : que nous écoutons par le plus pur des hasards, notre vie amoureuse n'ayant jamais connu d'impasse...], la chance nous sourit via deux petits signes. C'est d'abord un court extrait de la voix de Freud que l'animatrice, Ophélie Vivier, accompagne du commentaire suivant : "Une archive unique". Unique ? Y aurait-il si peu d'enregistrements de l'inventeur de la psychanalyse ? Bizarrement, nous ne nous étions jamais posé la question jusqu'ici. Quelques minutes plus tard, c'est cette fois une voix beaucoup plus familière qui se fait entendre, suivie par cette description de la présentatrice : "Jean-Louis Murat, 'La maladie d'amour', magnifique texte et sublime orchestration". Une désannonce qui nous va droit au cœur et rétablit dans notre esprit la connexion entre Freud et Murat. C'est décidé, il est temps d'élucider cette énigme – anodine certes, mais tout de même.

Freud dans Toboggan:  mystère résolu?

Ophélie Vivier avait raison de parler d'"archive unique", car aussi étonnant que cela puisse paraître, la voix de Freud n'a été enregistrée qu'une seule fois au cours de sa vie. La scène se passe le 7 décembre 1938, la BBC vient interroger le thérapeute chez lui, à Londres, dans le cadre de son émission Celebrities on Radio. Cette séquence dure un peu plus de deux minutes et sera diffusée à la fin du mois, le 27 décembre. À cette époque, Freud a 82 ans, il a quitté l'Autriche depuis peu et vient de subir une énième opération à cause d'un cancer de la gorge qu'il traîne depuis le début des années 20. Moins d'une année plus tard, ne supportant plus la douleur provoquée par une rechute, il demandera à son médecin de lui prescrire une dose mortelle de morphine.
Pour cette intervention sur la radio britannique, le fondateur de la psychanalyse a préparé un texte en anglais qu'il lit au micro. En voici le contenu original, suivi de sa traduction :

"I started my professional activity as a neurologist trying to bring relief to my neurotic patients. Under the influence of an older friend and by my own efforts, I discovered some important new facts about the unconscious in psychic life, the role of instinctual urges, and so on. Out of these findings grew a new science, psycho-analysis, a part of psychology, and a new method of treatment of the neuroses. I had to pay heavily for this bit of good luck. People did not believe in my facts and thought my theories unsavoury. Resistance was strong and unrelenting. In the end I succeeded in acquiring pupils and building up an International Psycho-analytic Association. But the struggle is not yet over."

"J'ai débuté mon activité professionnelle comme neurologue en essayant d'apporter du soulagement à mes patients névrosés. Sous l'influence d'un ami plus âgé et grâce à mes propres efforts, j'ai découvert d'importants faits nouveaux sur l'inconscient dans la vie psychique, le rôle des pulsions sexuelles, etc. De ces trouvailles émergea petit à petit une nouvelle science, la psychanalyse, une partie de la psychologie, et une nouvelle méthode de traitement des névroses. J'ai eu à payer lourdement cette part de réussite. Les gens n'ont pas adhéré à mes conclusions et ont trouvé mes théories suspectes. La résistance a été forte et sans répit. À la fin, j'ai gagné en prenant des élèves et en créant une association internationale de Psychanalyse. Mais la lutte n'est pas encore finie." [Traduction personnelle]

On trouve sur internet certains enregistrements qui s'en tiennent là. Mais il y a un hic pour le muratien que nous sommes, par nature jamais satisfait : les bribes de paroles que nous avons distinguées dans "Amour n'est pas querelle" semblent être dites dans une langue aux accents germaniques (faut-il rappeler que le directeur de ce blog vient de passer six mois en Allemagne ?). Alors quoi ? Fausse piste ?
Non, au contraire. Sur la feuille où il a rédigé son texte, Freud termine par cette phrase : "A short sentence in German". Autrement dit, il a dès le départ prévu de conclure son allocution par quelques mots dans sa langue natale. Et en effet, dans l'enregistrement complet de la BBC, on entend bien Freud parler en allemand. Voici donc le son en question, suivi du texte en v.o., puis en v.f.. Le passage en rouge est celui retenu par JLM dans sa chanson :

"Im Alter von zweiundachtzig Jahren verließ ich infolge der deutschen Invasion mein Heim in Wien und kam nach England, wo ich mein Leben in Freiheit zu enden hoffe."

"À l'âge de quatre-vingt-deux ans, j'ai quitté mon domicile à Vienne suite à l'invasion allemande et je suis venu en Angleterre, où j'espère finir ma vie en liberté." [Trad. perso.].

Freud dans Toboggan:  mystère résolu?

C'est donc confirmé, Freud apparaît bien sur Toboggan. Et après, nous dira-t-on ? Après, chaque auditeur reste libre de remettre en branle la machine à analyser, alimentée par ce nouveau combustible. De notre côté, sans prétendre incarner ici un quelconque Surmoi qui briderait les élans interprétatifs des uns et des autres, nous soulignerons seulement à quel point le choix d'utiliser ce discours d'un Freud en exil élargit les significations possibles du mot "querelle", celles-ci allant désormais du conflit intrapsychique entre soi et soi-même (ici, entre Bergheaud et Murat) jusqu'à la grande querelle mondiale qui contraignit Freud au départ, "Im Alter von zweiundachtzig", et provoqua la mort de quelques millions de personnes. Ce parallèle rejoindrait d'ailleurs certaines déclarations faites par le chanteur, par exemple au défunt magazine de Didier Varrod, Serge : "Les artistes frustrés, ça donne Hitler, Mao, Staline, Pol Pot. En un siècle, quatre artistes frustrés, ça a abouti à 100 millions de morts !" Où l'on voit que pour JLM (avec qui l'on n'est évidemment pas obligé d'être d'accord), il peut parfois n'y avoir qu'un petit pas entre un conflit intérieur non-résolu (en l'occurrence entre principe de plaisir et principe de réalité) et une guerre mondiale. "Ne cherche pas querelle", en effet...

Freud dans Toboggan:  mystère résolu?

Mais au-delà des pistes de lecture multiples offertes à l'auditeur, nous retiendrons aussi les circonstances de cette apparition (à nos oreilles) de Freud. En effet, contrairement par exemple à la voix de Genet en ouverture de la version live de "Polly Jean" (relativement facile à identifier) ou à celle de Tarkovski à la fin de "Cheyenne autumn" (indiquée dans le livret), les trois petits mots prononcés par Freud dans "Amour..." étaient extrêmement difficiles à repérer et à sourcer en l'absence d'indication. Et il est finalement assez amusant de constater que c'est le chanteur lui-même qui dut mettre ses fans sur la piste, en leur reprochant presque de n'avoir pas assez décortiqué et étudié chaque seconde de son disque (un psychanalyste aurait d'ailleurs sans doute à dire sur ce "désir de l'autre" ainsi exprimé). Comme si, dans le long dialogue qu'entretient JLM depuis plusieurs décennies maintenant avec ses fans – un échange fait tout à la fois de proximité et de distance –, il avait subitement ressenti le besoin de tester chez ses fidèles l'attention et la qualité d'écoute. "Eh ben quoi, tu n'as même pas remarqué que j'étais allé(e) chez le coiffeur..." Il paraît que ce genre de coquetteries est utilisé de temps à autre pour relancer le désir dans les vieux couples. Alors, que celui qui s'amuse ainsi à essayer de prendre en défaut la vigilance de ses admirateurs se rassure : il est toujours écouté (très) attentivement et passionnément. Même après plus de trente ans...
"Et sinon, Jean-Louis, il est enregistré ce nouvel album ? Non parce que..."

Même un "noble mousquetaire" peut avoir ses névroses...
Même un "noble mousquetaire" peut avoir ses névroses...

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"Dark Tagnan" par Lénaïc Villain et Wandrille.

Retrouvez d'autres dessins de (super-)héros chez leur psy sur le site : http://herossurcanape.tumblr.com/. Et si vous êtes fans, certains des plus drôles ont été édités par Vraoum, notamment Héros sur canapé de Wandrille, paru en 2014.

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F
Oui Matthieu je suis d'accord avec toi ma voix place du 1er mai était évaporée (comme la princesse) presque autant que ce malheureux Sigmund lorsqu'il articule péniblement um zweiundachtig jahre...j'adore ce lien magnifique qui a fait que ds ta pensée et par ma voie (voix?) des ondes hertziennes tu as fait le rapprochement entre Jlm et Sigmund à cet instant là...très joli clin d'oeil.<br /> bon maintenant que c'est dit , sous la pression du lourd reproche qui m'est fait d'avoir déserté la place du 1er mai à 23h30 (et pas la place Gaillard à 10h06) je dirai que oui, je n'étais pas là et mes nombreux admirateurs s'en tordent encore les mains de désespoir... mais il paraît que vous n'avez rien raté car selon certains, je chante faux ( ce que je ne crois absolument pas, que des jaloux !!...) <br /> Alors non, Matthieu je n'attendais pas Jean Louis a la sortie de sa loge pour lui faire tatouer un autographe sur mon avant-bras ...non, non, non ! Je prenais un pot avec des amis Clermontois de longue date, pas vus depuis fort longtemps. Mais comme je te l'avais dit ("je vous rejoins !" NDLR ) j'ai ensuite tenté de vous rejoindre effectivement en longeant les allées éclairées du parc où je n'ai rencontré que des rastas à bonnets avec des radios nasillardes...peu fière, je ne me suis pas attardée...j'ai tenté d'appeler quelqu'un du groupe (elle se reconnaîtra) mais sans succès. Je ne savais pas que vous faisiez dans l'ombre, un spectacle son et lumière (enfin plutôt "son" d'après les images de Pierrot...) auprès duquel un concert au palais du facteur Cheval aurait eu piètre allure. Dépitée, pensant que vous étiez peut être partis vous coucher, j'ai regagné mon hôtel à pieds.<br /> Voilà, c'est aussi simple que cela.<br /> Mais promis, l'année prochaine je ne me dédierai point et je vous chanterai du Claude François (Alexandrie c'est pas lui ??)<br /> bien à toi Matthieu.<br /> <br /> à Cédric = c'était de l'humour la réflexion sur l'astrologie;
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C
Mais je l'avais bien compris ainsi, d'ailleurs j'ai beaucoup ri ! ;-)<br /> j'aurai dû mettre un smiley ...
F
Je suis époustouflée par cet article qui révèle un sens de l'investigation impressionnant de Matthieu. ( NDLR : tu dois avoir Mercure en scorpion Matthieu ( hi hi hi )).<br /> Je suis soulagée d'apprendre que Jean Louis ne s'est pas payé notre tête à Uriage en parlant de Freud ! (évidemment on pensait tous que c'était une phrase ou un concept qu'il avait glissé, pas la voix du Monsieur !) et que quelqu'un d'opiniâtre a su s'atteler au problème et trouver la réponse !<br /> je ne suis malgré tout pas d'accord avec les analyses de Muse (grande freudienne) ni avec Matthieu.<br /> Je pense tout simplement qu'il ne faut pas y chercher une signification particulière. C'est juste un clin d’œil à mon avis, une illustration sonore.<br /> d'autre part , j'ai l'intime conviction qu' il n'y a pas de contrepèterie dans "Waterloo je m'en fiche" et que vous pouvez reposer vos méninges (je vous en fiche mon billet !)<br /> Merci pour ton excellent billet Matthieu
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C
La fille qui déclare qu'il ne faut pas trop réfléchir, patati patata, mais qui glisse au passage une réflexion d'astrologie...
M
Merci pour ces compliments, Flo. La voix de Freud était en tous cas plus audible que celle d'une certaine Florence par une belle nuit de juin, place du 1er Mai... ladite Florence s'étant subitement volatilisée !<br /> <br /> Si j'en juge par nos échanges, qui restent civilisés en dépit de quelques divergences d'interprétations, la communauté muratienne tolère mieux le pluralisme que la corporation psychanalytique. Tant mieux !<br /> Bise à toi, Flo.
M
Je vois peut être aussi une allusion à Freud dans Extraordimaire voodoo.
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F
J'y vois plutôt un délire sous influence ( drogue, alcool )
R
Le point de vue de Matthieu se défend également.....c'est exact...il pousse à la réflexion...peut être n'est ce pas si anecdotique après tout...c'est troublant ....il faut se méfier des conclusions hâtives......l'arbre cache souvent la forêt...
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R
Pas mal Cédric :D
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R
L'eau des waters.....trop drôle....aurait- il de l'humour ce Mr Jean Louis Bergheaud ;) ? je l'avais lu quelque part ...ainsi que le monologue dans Ginette Ramade....excellent Muse comme à l'accoutumée....on l'entend à peine ce Sigmund....de toute façon le texte se rapportait à cette analyse....n'est ce pas ? la dualité, c'est l'un des premiers concepts de la psychanalytique chez Freud non!.....trop facile....:) ....
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M
A ce niveau, Rhia, c'est de l'humour de corps de garde. C'est un peu comme "le gras de la pine" qu'il nous a servi dans une autre chanson de l'album. C'est du même niveau...JLM tourne-t-il au Berlodiot en prenant de l'âge? (cf les sketchs de feu Patrick Raynal). Par moment, JLM me fait penser au garde champêtre de village qui faisait les annonces publiques autrefois mais aussi très souvent des blagues foireuses dans les mariages, la chopine à la main...C'est folklorique, rigolo sur le moment, mais un peu lassant lorsque ça tourne au systématisme!
L
Bravo les passionnés... <br /> Encore deux colles : Il a dit à Noisiel que Waterloo je m'en fiche est une contre-pétrie....<br /> J'ai pas trouvé... <br /> J'en profite aussi pour vous demander qui parle dans Le cours ordinaire des choses<br /> (Ginette Ramade il me semble (?) : "you gave the color of my eyes... you gave me DNA...you gave my the sound of my voice... etc) Ptêtre que vous avez déjà résolu la question sans que je le sache !!!
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F
contrepéterie : je crois qu'il n'y en a pas Laetitia...
C
Watreloo je m'en fiche = tirer les vaches, je m'en fout ! <br /> ... ça marche aussi<br /> <br /> ah ah c'est rigolo les contrepetries :-D y en a qui sont tirées par les cheveux quand même, et parfois même sur l'album de la comtesse ...
C
Waterloo je m'en fiche =<br /> <br /> va tire lèche, je m'en fout !<br /> <br /> ;-)
P
j'avais pas vu la réponse de Muse...
P
je crois qu'il a piqué ça à la télé il me semble... prédicateur? enfin, c'était pas qq chose de connu.
M
C'est l'eau des wcs qu'il faut peut-être comprendre.<br /> Et concernant la voix enregistrée sur Ginette Ramade, c'est une femme pasteur évangélique américaine dont la voix et la harangue emphatique avaient séduit JLM. Il l'avait dit lui-même au moment de la sortie de l'album.
M
Hello! Même si j'apprécie énormément la quête de Matthieu, je trouve dommage que ça se réduise à une voix de fin de vie qui finalement est redondante avec la chanson. Alors qu'il aurait été beaucoup plus intéressant de parler réellement psychanalyse. Le conflit intérieur, la dualité de JLM, ce n'est pas nouveau et la chanson "Amour n'est pas querelle" ne révolutionne rien en la matière. JLM nous a finalement appâtés pour un pet de lièvre. Tout ça pour ça...de l'anecdotique façon collage vocal. Un peu comme ces personnes qui, pour faire branchées, vont coller sur leur voiture un petit logo d'Ibiza ou d'une soirée mondaine à St Trop pour faire croire qu'ils en étaient alors qu'ils l'ont récupéré sur un comptoir de bar ou qu'il leur a été donné par le cousin du frère du copain qui est videur de boîte de nuit.<br /> Ce qui fait un peu pathétique de la part de JLM quand même!
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M
Matthieu, je crois qu'il ne faut pas que tu pousses la réflexion aussi loin.<br /> Pas seulement parce qu'il fait chaud, mais parce que ce serait pour le coup, entrer dans le jeu de dupes de JLM.<br /> Tu vois, c'est un peu comme les toiles et tourtes "Fertilités" de Gérard Gasiorowski. Certains critiques se plaisent à y déceler la substantifique moelle alors que l'artiste a toujours exposé des oeuvres bâclées en se moquant du monde et profitant du système de l'art contemporain où tout peut être exposé et vendu, y compris sa propre déjection sur toile ou en sculpture. C'est le principe de repousser les limites du foutage de gueule, de l'abus. Et c'est une démarche très commune aux artistes de ce qui relève justement depuis l'urinoir de Duchamp, de l'art contemporain. Et qui constitue un énorme abus collectif, qui se poursuit toujours à l'heure actuelle, reposant sur le snobisme, la bêtise et la spéculation bien sûr.<br /> L'abus étant complet quand les critiques vont chercher de l'intelligence là où il n'y en a pas.<br /> Sur la chanson de JLM dont il est question, le collage vocal n'a pas vocation à intelligence. Juste indiquer à quoi la chanson se réfère, pour celles et ceux qui y auraient vu un dialogue amoureux et n'auraient pas compris le principe de dualité intérieure de JLM. L'indication de JLM à Uriage allait dans ce sens, je pense. Amour n'est pas querelle ayant été analysé par certains fans plus comme une chanson d'amour alors que c'est juste une chanson du malaise intérieur qui fait écho à M Maudit, au désarmement intérieur et à tant d'autres chansons...<br /> <br /> N'oublie pas que JLM est sensible aux inflexions des voix. C'est d'ailleurs pour ça qu'il pratique le collage vocal depuis ses débuts et assez systématiquement dans ses albums (voix de grand-mère auvergnate parlant patois, sa propre voix déformée, celle des enfants, celle de la prédicatrice américaine, etc). C'est un ornement musical mais il ne faut je crois, pas y voir autre chose. Parce que JLM ne va jamais au-delà. <br /> Si j'ai écrit pet de lièvre, c'était en référence à l'album justement. Sinon, j'aurais utilisé le plus classique pet de lapin. ;-))<br /> <br /> Bon week-end, attention aux coups de chaleur.
M
Il fait trop chaud pour réfléchir, trop chaud pour... Ah, quel temps !<br /> <br /> Salut Muse ! Comme tu t'en doutes, je suis en désaccord avec toi sur plusieurs points. J'essaye de ne pas faire trop long, je ne voudrais pas te piquer ton record du plus long commentaire sur ce blog - je crois que c'est toi qui le détiens.Quelques petites choses rapidement, donc.<br /> <br /> D'abord, cette présence "anecdotique" (comme tu l'écris) de Freud n'apporte évidemment pas le dernier mot à toutes les lectures possibles (qu'elles soient psychologisantes ou non) de cette chanson ou de cet album. De ce point de vue, c'est effectivement un petit détail, mais pour ma part, je ne le juge pas si "pathétique" que toi.<br /> <br /> Je trouve intriguant et amusant que JLM soit allé chercher ces trois mots de Freud pour les placer sous la trompette de cette chanson. Comme je l'écris à la fin, cette référence est nettement moins repérable (et ainsi, moins éclairante) que d'autres utilisées par le passé et on pourrait donc se dire qu'elle est inutile. Or, JLM a tout de même pris la peine de l'employer et, plus encore, de revenir dessus à la fin du concert à Uriage. Au final, ça finit par faire un gros détail.<br /> <br /> Après, que faire de celui-ci ? On peut évidemment prendre la présence de Freud comme simple symbole de la psychanalyse et donc invitation à user de cette discipline pour interpréter la chanson. Eventuellement. Mais dans ce cas, ce serait une suggestion superflue, car, comme tu l'écris, de nombreuses chansons de Murat peuvent être soumises à ce filtre et cela fait d'ailleurs longtemps que toi en particulier tu te livres à des lectures de ce type (parfois très inspirées) sur le forum ou dans les commentaires.<br /> <br /> En ce qui me concerne, ce qui me frappe ici (comme j'ai commencé à l'écrire là-haut), c'est la quantité de conflits qui traversent le propos de Freud dans cette intervention. Conflit entre lui et les adversaires plus ou moins radicaux de la nouvelle thérapeutique qu'il a mise en place ; conflit entre l'analyste et l'analysant, le mot "résistance" employé ici pouvant faire écho à celle du patient qui refuse (dans un premier temps au moins) l'interprétation de ses fantasmes que lui propose son analyste (on se situerait là sur un terrain assez voisin de "Qu'entends-tu de moi...") ; conflit mondial, je l'ai signalé ; mais encore, conflit entre un homme atteint d'un cancer (persistant) de la gorge et sa maladie (vu le contexte et le fait qu'on ait affaire à un enregistrement sonore, il est difficile d'écarter cet élément). Toutes ces formes de conflits ajoutées à celles présentes initalement dans le texte (entre soi et soi -même et, bien sûr, entre deux partenaires dans un couple) finissent par former un tableau cohérent et troublant. Et l'on peut être plus ou moins sensible à cet aspect.<br /> <br /> Voilà, je m'arrête ici, car il fait décidément très chaud. Pour conclure, je redis que l'idée qui a inspiré cette vraie-fause "quête" n'était surtout pas de prétendre apporter LA clef ultime de cette chanson, mais de proposer un élément de réflexion/compréhension supplémentaire. Qu'on peut effectivement juger, comme toi, aussi dérisoire qu'un "pet de lièvre". Mais n'oublions pas qu'il s'agirait alors d'un pet de GRAND lièvre !<br /> Allez, bon week-end à tou(te)s !
L
Merci Muse !
R
C'était bien dans "Amour n'est pas querelle"si Mr Jean Louis Murat a voulu subrepticement faire entendre la voix de Freud dans ce titre...ce n'est quand meme pas un hasard...elle est donc freudienne cette chanson...pas évident de percevoir la voix de Freud aussi...comme dans un certain opus "Grand lièvre"...concernant le discours du soldat qui s'adresse à son lieutenant quand il découvre l'horreur des camps de concentration lors de la délivrance...j'ai fait quelques recherches mais impossible de retrouver l'enregistrement...
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R
Bises Matthieu...j'attends également avec impatience le commentaire de Muse....toujours très instructif...
P
aurait-il mis du Freud maintenant alors qu'il voue une reconnaissance éternelle à ONFRAY?
M
Pour l'interprétation freudienne, Rhiannon, j'attends l'arrivée (qui ne saurait tarder) de Muse !<br /> Concernant les voix glissées ici ou là dans les chansons, l'étonnant dans "Amour" est effectivement que la voix de Freud est à peine perceptible et qu'elle n'apporte pas énormément à la chanson si on l'entend sans pouvoir l'identifier. On se situe donc dans le clin d’œil très, très, très discret... mais suffisamment important tout de même pour que son auteur juge utile de nous mettre sur la voie. <br /> Bises à toi, Rhia.
D
Remarquable étude ... BRAVO !
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P
et oh, ça va, hein!! ;.)
M
Merci Didier, c'est très gentil.
P
Si c'est pas de l’enquête ça Monsieur ! Et quelle persévérance... c'est plus Pierrot qu'il va falloir t'appeler mais Colombo !!! :)
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M
Ne sois pas dans le déni, Pierrot. Patman t'adresse des compliments, accepte-les... Bravo Pierrot !
P
Ce n'est pas moi! C'est Matthieu!