Deux dames piano à Fourvière : Cherhal et Sanson, 4 juillet
Publié le 6 Juillet 2015
A Blandine.
J'arrive transpirant au théâtre parce que trainer son vélo montée du gourguillon, ce n'était pas une idée parfaite pour mon coeur. Par contre, profiter de la nuit au retour et des reflets de lune sur une saône placide, c'était parfait pour finir la soirée pleine d'étoiles.
Sérieux en main, je refuse le coussin qu'on me propose, décidé à rester debout en fosse... ohhhhhh...... Grrr......Mince!!!!! Des sièges sont disposés devant... Ah, por que miséria!! Me voila renvoyé dans les cordes... Étant seul, je trouve une place correcte autour de la 10e travée, mais voilà trouvé la raison traditionnelle de s'énerver contre ces Nuits de Fourvière, et son carré d'invités... et ses quelques places qui restent vides tout le long du set de Jeanne Cherhal... Sans parler du bruit de fond durant une partie du set : je jette un regard noir de mon oeil tout juste humide d'émotions, à un gars derrière qui discute... ah, vraiment dommage de ne pas être debout devant...
Je ne regrettais pas de ne pas avoir pris de coussin par contre : les gradins de pierre sont brulants et rejettent leur chaleur... Les dames n'osent pas se lever pour ne pas montrer leur derrière trempée par le plastique (le plastique ce n'est pas toujours fantastique pour le derrière). Malgré la canicule, un petit vent souffle et permet ne pas souffrir de la chaleur.
Rapidement, après 20 heures : Jeanne Cherhal... accompagné par un orchestre corde et cuivres du conservatoire de Lyon.
Tenue crème en tissu léger, talons, comme à St-Marcellin (je vous racontais la soirée là)... Costume idéal pour "j'ai faim" qui entame le set. On retrouve les 3 excellents : le grand Saligault à la basse, Hoog à la guitare et Piveteau à la batterie. Ils sont cantonnés côte à côte un peu à l'arrière sur une estrade étroite, ce qui est un peu dommage. L'orchestre est devant eux sur le côté droit... et fait merveille sur ce premier titre.
Sorte de roulement de tambour et de violons, puis quelques notes de piano... avant que Jeanne se lance véritablement dans la longue intro du morceau (2 minutes)... Tempo costaud de Piveteau. Vous avez un court extrait du morceau dans la vidéo en bas de l'article.
L'échappée, qui débute au son lourd de la guitare, avant de retrouver la légèreté du piano, et son sautillant tempo. On retrouve les orchestrations du disque et de la tournée : ce n'est pas parce qu'il y a un orchestre qu'on est dans un set acoustique ou down tempo: on reste dans le rock (et certains dans le public s'en plaindront, c'était trop fort entend-on... Je crie en réponse: "pas assez!"). Sur la partie finale du morceau, les violons font néanmoins merveille
Jeanne explique ensuite son bonheur de revenir à Fourvière 10 ans après, et qui plus est avec un orchestre, et encore plus, en première partie de sa chanteuse préférée. Triple bonheur résumera-t-elle le lendemain sur son fb.
Ensuite, Noxolo, chantée à califourchon sur le siège... Ce n'est pas forcement une chanson qui m'avait marquée et touchée plus que cela auparavant, mais hier... Faille spatio-temporelle: j'ai glissé un court instant en 2008, le conservatoire de Lyon était déjà là et accompagnait le chanteur de "Brandt Rhapsodie", et quelqu'un venait de mourir, et cette personne aurait tant aimé, et pleuré, révoltée, sur cette chanson... Grosse injection d'émotions. Le morceau se termine magnifiquement sur une longue post-face avec l'orchestre qui n'était pas intervenu pour l'instant sur le titre, puis avec quelques larmes de piano.
"5 ou 6 années" nous fait abandonner les "histoires de J" un court instant. Ce petit single balladeur de 2010 est bien agréable... d'autant qu'elle est rythmée par une batterie puissante.
Comme à St-Marcellin, petit mot humoristique pour annoncer "quand c'est non, c'est non"... et bien sûr, c'est bien envoyé... et encore plus quand la chanson reprend de plus belle, dans un sprint fantastique...
Voilà la magnifique composition " L'oreille coupée"... où la voix de Jeanne fait merveille, avec toutes ses variations, une chanson très sansonnienne. Solo de guitare tueur pour rajouter encore une dimension au titre pour finir... ouah ouah ouah... Jeanne cite "le guitare héro"... C'est là que des bonnes dames se plaignent que c'est trop fort... Pfuu...
Jeanne devant la scène, debout monte à cru son "Cheval de feu". Pas de temps mort... Long pont musical... suivi d'un long silence très beau que Jeanne rompt... pour un moment plus doux, et torride. Ah, il est beau ce cheval, comme celui d'Erik Arnaud ou l'attelage en pair de Manset.
On reste dans le torride, chanson de circonstance:
Canicule!! Encore un single (2006 album l'eau). Il s'imposait ce soir. Pour le coup, la batterie l'emporte un peu trop, même si des petits notes de piano joué à l'envers sont rigolotes. Le titre permet surtout à Jeanne d'aller se changer... en laissant le groupe se déchainer, et notamment Piveteau qui lui aussi livre un solo d'enfer de plusieurs minutes. Les oreilles des jeunes violonistes se remettront-ils? Je vous laisse découvrir un extrait dans ma vidéo et les quelques pas de danse de Jeanne dans sa robe dorée, moins bien garnie qu'à St-Marcellin... C'est la même mise en scène que sur la tournée, avec les mêmes propos qui suivent :"c'est du cardio"..
Voilà "le moment cabaret" avec "Les nuits d une demoiselle 2.0" qui remporte un bon succès. Pour moi, il manque une chute un peu plus "puissante" au texte.
On repasse au sérieux et au grand moment avec "le tissu". Jeanne commence seule au piano... On est déjà un peu chiffon sur deux-quatres couplets mais quand les cordes arrivent, délicates, nous voilà fripés, déchirés. Frisson.
Petite présentation des musiciens et remerciement...
Viens ensuite une chanson que je ne connais pas.. c'est 1984. Le titre était offert en bonus sur i-tunes. Apparemment, je l'avais entendue à St-Marcellin... mais elle ne m'a pas marquée. La composition est un peu complexe, et rock, on a encore droit à un beau morceau de bravoure, avec un très long pont musical rock... Sur mon petit enregistrement mp3 tout pourri qui me sert à faire mes comptes-rendus, je perçois à peine la voix de Jeanne (comme sur Canicule). Je crois que ça m'a bien plu au bout du compte.
On termine plus en douceur...avec Finistère. Et ce joli refrain, et encore un passage musical magnifique et puissant... pour repartir sur un couplet en douceur avant un dernier crescendo tout orchestre dehors... C'est une vraie déception,je pense pour tout le monde, de comprendre rapidement qu'il n'y aura pas de rappel, Jeanne s'est très vite éclipsée, ... Ca applaudit très longuement alors que des techniciens sont déjà sur scène pour le changement de plateau... Dure loi des premières parties...
Même si j'ai retrouvé les ingrédients de la soirée de St-Marcellin, revivre un concert comme ça, ça se fait bien deux fois...et bien sûr, même s'il n'était pas omniprésent, l'orchestre du conservatoire magnifiait le tout. Emballé... ce n'est pas pesé... puis qu'il restait encore le plus gros de la soirée... mais j'avais déjà pris une bonne dose.
----------------------------------
Je ne ferai pas aussi long pour commenter le concert de Véronique Sanson. Tout le monde la connait! Gros son (Pontieux à la batterie et un percussionniste déménageur), gros show, production Coullier et programme en papier glacé... mais certainement pas sans coeur. Je m'attendais à une succession de tubes mais dans "ces années américaines", Sanson livre aussi quelques chansons plus rares dans un set de deux heures.
Je cède par moment à la tentation de penser que ce n'est pas avec les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe en voyant Basile Leroux se déplacer difficilement, ou le bassiste portier... mais sans doute, parce que je suis un vieux jeune con... Et puis, j'écoute Basile qui nous sort des sons parfois étonnants de sa guitare, souvent tout en finesse, ou livrant un solo aérien à la Gilmour. Voyez un peu le show de cet orchestre dans mon bout de vidéo... Mais le fait est que je retiens surtout ce qui a succédé à cette tempête, ce rappel majestueux avec Véronique en solo: ma révérence, amoureuse, et Baia... et jouée plutôt dans la soirée: "chanson sur ma drôle de vie"... que je chantais au téléphone dans les années 2000 à une correspondante...
Et si je te pose des questions
Qu'est-ce que tu diras
Et si je te réponds
Qu'est-ce que tu diras
Si on parle d'amour
Qu'est-ce que tu diras
Enfin, voilà, une immense soirée faite de grandes chansons autour desquelles des souvenirs sont attachés... Et Véro semble en parfaite forme, la voix n'a rien perdue. Sa joie est communicative, même si les chansons témoignages et douloureuses se succèdent.
Comme disait Bergheaud, en 76, les syllabes sont "traités comme des notes, ce qui enrichit la langue française d'une souplesse que beaucoup croyait impossible.. elle a développé tout ce qui ne peut pas s'apprendre :le feeling, alors qu'en s'épurant sa voix devenait plus sauvage et sensuelle". La tournée continue sur juillet et cet automne!
Et bien sûr, beau duo avec Jeanne (ci-dessous). Le fait est que j'ai eu du mal à quitter le théâtre...
L'article du progrès:
http://www.leprogres.fr/sortir/2015/07/05/un-concert-exclusivement-feminin
Voici quelques extraits (pas forcement les meilleurs moments), en qualité très moyenne, filmés avec mon téléphone, notamment la bataille de coussins (livrée très tôt, bien avant la fin du concert) sur une séquence musicale digne d'un e-street band ("paranoia")...