Franck Darcel et Le rock en France au moment de Clara et des débuts de Jean-Louis Murat
Publié le 16 Mars 2024
Et bein, c'est souvent comme ça, j'avais un truc un stock depuis quelques jours, et voilà que l'actualité arrive pour créer l'occasion de la parution... et ce jour, c'est l'annonce du décès de Franck Darcel, ex-Marquis de Sade, 5 ans après celui du chanteur P. Pascal, là encore une mort survenue beaucoup trop tôt (65 ans pour Darcel).
Ce groupe, même s'il n'a pas eu le grand succès public, a l'étiquette du groupe culte (notamment pour Dominique A.). A priori, aux jeux des 7 familles "pop", c'est bien sûr les cartes "DAHO" qui seraient à utiliser pour les hommages (« Mon cher Frank, mon ami, toi sans qui…..des milliers de souvenirs affluent et les mots ne me viennent pas pour exprimer ce vide. Merci d’avoir été dans ma vie et de l’avoir changée à jamais », témoigne le chanteur avec lequel il a travaillé longtemps), et même les connexions rennaises de Murat ne sont pas évidentes (cf cette anecdote de Didier sur son blog avec le rennais Tonio Marinescu à propos de P. Pascal). A part Virgin, un autre tout petite lien existe avec Jello (Jean Clerc), ex-Starshooter, qui a été régisseur sur une très grande partie de la tournée Mustango. Jello a joué avec F. Darcel et aussi sur la tournée "la notte, la notte" de Daho. Franck a écrit plusieurs livres et été engagé dans le Parti Breton... Être ancré dans un territoire était donc un point commun avec Murat, mais pour JL, il était hors de question de militer et de revendiquer une identité régionale.
Sur Franck : France3 les inrocks
Mon archive en "stock" qui permet de retrouver une chanson de MARQUIS DE SADE, est un film pour le moins underground, La brune et moi, qui permet de partir en safari pour écouter toute une faune de la scène rock en 1980.
Je voulais vous en parler car en le visionnant, on peut imaginer qu'après Astroflash, The Questions, se soit autour de Clara, le premier groupe de Jean-Louis, d’apparaître... En effet, on y retrouve la scène musicale de l'époque et certains qui ont croisé Jean-Louis au moment de Clara: On y voit un membre d'Asphalt Jungle qui était à la Bourboule au festival de 1978 (l'article de Matthieu qui nous raconte l'événement ici), les Edith Nylon (co-affiche avec Clara en 1980, rencontre électrique, on en parlé dans "Clara file le nylon et met à bas Edith", là encore grâce à Matthieu), un membre d'Extraballe dans lequel a joué Olivier Huret (participant du festival de la Bourboule et futur éditeur chez EMI et donc des premiers disques de Murat). Last but not least : une chanson des DOGS... et ce qui m'a un peu surpris, beaucoup de saxophone, instrument que Jean-Louis utilisait aussi à l'époque. Évoquer cette période juste après l'interview de F. DELMOTTE où il était question d'un Jean-Louis, sur fond de clavier variété, chanteur à succès, invité des plateaux télé, est je trouve assez "saisissant".
@guy Forgeois
Sur cette période et Dominique Laboubée des Dogs ( Murat a chanté une de ses compositions : "tomber sous le charme" de Louise Ferron) une citation de Jean-Louis qui indique que je ne me trompe pas en vous proposant ce film :
J’ai branché ma guitare en 76 et j’ai vécu pleinement tout le mouvement musical de cette époque. On jouait dans les festivals (avec Clara, ndlr) et j’ai connu la vraie vie de groupe des années 70 en France. Je me souviens très bien que les Dogs avaient la classe, c’était un modèle. J’étais content de rendre hommage à Dominique Laboubée (avec la chanson Gel et rosée sur Lilith, ndlr) parce que c’est un personnage qui a amené quelque chose de supérieur. Dans la manière de se comporter de Bashung, il a un peu de lui. Il a posé un genre, une espèce de dandysme viril, quelque chose de cochranien. Il avait un sens de la beauté et de l’esthétique qui d’un seul coup donnait une dimension artistique à la chose. J’étais très triste de la fin de tout ça. Plus d'infos ici
Pas de lien direct avec Murat, mais le film se termine sur un titre rare des TAXI GIRL, avec la participation de Pierre Wolfsohn, le batteur qui fera une overdose quelques temps plus tard - hasard: j'ai cité son Papa dans l'article précédent- (PS: En 2013, à la mort de D. DARC, j'avais commis un article "Daniel Darc/Murat, si loin, si proche").
Je vous conseille avant ou pendant le visionnage de consulter l'article de section 26 avec tout le name dropping, le who's who autour du film. Curiosité : la présence du grand acteur Pierre Clementi ( à la filmographie impressionnante : Visconti pour Le guépard, Bunuel pour Belle de jour, Rivette, Bertolucci, Garrel, Molinaro...).
Le film est à voir sur Henri la chaine de la cinémathèque française:
https://www.cinematheque.fr/henri/film/56302-la-brune-et-moi-philippe-puicouyoul-1979/
Sorti en 1981, La Brune et moi s'avance comme la version moderne de La Blonde et moi (The Girl Can't Help It). Dans le film réalisé par Frank Tashlin en 1956, une pin-up peroxydée (Jayne Mansfield) aspire à devenir une vedette de rock. Autour d'elle gravitent les plus grands noms du rock'n'roll : The Platters, Little Richard, Gene Vincent, Eddie Cochran... Vingt ans plus tard, Philippe Puicouyoul reprend cette même idée. Le film est construit comme une compilation sur 33 tours de hits post-punk. Onze groupes se partagent la piste musicale, huit se produisent à l'écran : Ici Paris, Marquis de Sade, Edith Nylon, Les Privés, Go-Go Pigalles, The Questions, Astroflash, les Dogs. La comparaison avec La Blonde et moi, production hollywoodienne Fox, s'arrête là : tourné en 16 mm, La Brune et moi a tout d'un film amateur. Monteur sur les Chroniques du temps présent de Pierre Clémenti, Puicouyoul convainc l'acteur-réalisateur d'endosser le costume étriqué du banquier De Royan. Anouschka, sa partenaire aux cheveux crêpés, est recrutée via une petite annonce circulant dans le milieu punk. Deux pionniers du punk français complètent le générique : Ricky Darling, guitar hero d'Asphalt Jungle, et Pierre-Jean Cayatte, neveu du réalisateur André Cayatte et bassiste de Gazoline. Musiciens et figurants seront engagés directement à la sortie des concerts ou dans la rue. Pour la production, Philippe Puicouyoul peut compter sur le soutien de la société Top Films et sa productrice Léone Jaffin. Les trois semaines du tournage s'avèrent chaotiques. L'équipe filme dans les sous-sols de Beaubourg. Aux caprices de l'actrice principale s'ajoutent des problèmes juridiques. À tout moment, producteurs et labels risquent de faire valoir leurs droits sur les groupes sous contrat et, ainsi, de faire capoter le projet. Profitant d'un flou juridique, la production passe en force. Les morceaux gravés sur disques seront tous réenregistrés. L'exploitation du film est rudimentaire. Méprisé par la critique, La Brune et moi ne restera à l'affiche qu'une semaine, pour un total de 570 entrées ! Petite consolation pour son réalisateur, le film obtiendra le Prix du jury du premier Festival international du film musical du Rex en mars 1981.
David Duez