Dans la série "JLM se fait de nouveaux amis"... Marianne 2 la suite
Publié le 3 Octobre 2011
«Une chanson pétainiste, les gens vont adorer, mais je ne suis pas là pour ça»
Vous êtes à votre façon « très politiquement incorrect », vous n’hésitez pas à « l’ouvrir » notamment en interview. A contrario, on a l’impression que les artistes hésitent beaucoup aujourd’hui à s’engager, particulièrement sur le plan politique ?
Mais il n’y a pas de politique en France. Quelle est la différence entre les propositions ? Il n’y a rien, c’est zéro. Comment prendre position politiquement ? Voter pour des gens qui ne maîtrisent pas 60% de l’économie française ? Tu vas choisir qui va conduire le véhicule alors que la personne ne va maîtriser ni l’accélérateur ni le frein et qu’il tient à peine le volant ? Il y a de la démagogie, alors tu peux faire de la chanson démagogique. Et cartonner. Chanter « je veux de l’amour, je veux du chais pas quoi, etc » et faire le tube de l’année. Une chanson pétainiste, infecte, les gens vont adorer, mais je ne suis pas là pour ça.
Je n’ai jamais voté et je ne voterai jamais. Je ne vais pas voter pour des Mickey. Je pense que le patron de Google, de Microsoft ou autres sont mille fois plus important.
Dans des chansons comme Vendre les prés, vous avez quand même un discours et une vision politique ?
C’est la victoire des gens des plaines sur ceux de la montagne. C’est une idéologie de la société qui ne veut être surplombée par rien. A leurs yeux, la montagne, c’est fait pour faire du ski ou du trecking, mais certainement pas pour qu’il y ait des paysans et des gens qui y vivent. Donc il faut faire des mégapoles de millions d’habitants où on ne sait pas quoi leur donner à bouffer. C’est une façon horizontale de voir les choses, de mettre tout le monde dans les plaines et dans les villes, d’abandonner l’aspect vertical des choses. Le peuple le plus haut du monde c’était les tibétains et ils se sont faits niq... dans l’indifférence générale. Le seul engagement que j’ai eu d’ailleurs pendant des années c’était avec les Tibétains.
Il n’y a plus personne dans les montagnes et dans les campagnes. Je ne supporte pas le fait citadin et je ne supporte pas les gens des plaines. Pour moi, la plaine c’est la fin du monde.
«Un mec comme José Bové a été dix fois plus néfaste que ce qu’il combattait»
Des politiques tiennent des discours sur la désertification des campagnes, le repeuplement, la relocalisation des productions. Cela pourrait être un écho à votre discours ?
La philosophie du détricotage, je n’y crois pas du tout. Cela ne peux pas tenir lieu d’idéologie. On sait bien que l’histoire ne revient jamais en arrière, même si c’est une belle idée. De beaux concepts foirés ça existe, Attac par exemple. Il y a dix ou douze ans, c’était impeccable. Mais le gros problème c’est que ce sont des abrutis, des crétins qui portent les idées. Un mec comme José Bové a été dix fois plus néfaste que ce qu’il combattait, alors qu’il était idéologiquement sûrement dans le vrai. Les Verts, pareil, mais ce sont des crétins. Je ne pourrais jamais marcher dans les pas de Duflot ou dans ceux de Joly.
C’est très intéressant de voir comment les idéologies sont prises en charge par des nullards, ils te dissuadent. Et ces nullards sont entretenus par les médias. Jamais vous n’allez vous lever pour dire que Duflot est bête comme un petit pois. Duflot, tu ne lui prêterais pas ta Deux Chevaux. Elle ne sait même pas parler. Alors les idées qu’elle amène derrière, elle les discrédite complètement. C’est une catastrophe. Joly et Duflot devraient avoir les ¾ du show business avec elles. Elles n’auront personne, à part Cali peut-être, qui est le plus « bip » de tout le show business de la terre.
On peut ne pas être d’accord avec Cali, mais quand il s’est engagé avec Royal et le PS, il y croyait sincèrement. Et pas sur qu’il y revienne, cela lui a plutôt nui.
Mais il s’est engagé pour vendre des disques. Vous, les journalistes, vous ne comprenez pas la psychologie des artistes. Les artistes, comme disait John Lennon, ils veulent, un, déclarer beaucoup d’impôts, et deux en payer le minimum. C’est ça un artiste, dans la musique : je prends de la caillasse et je paye un minimum d’impôts. Ils s’engagent en se disant que les gens de gauche vont acheter. C’est pour ça que Biolay dit : « Moi je suis DSK, ah non je suis Hollande. » Non mais tu as déjà vu une différence entre DSK, Hollande, machin et machin ?
Leurs positions, c’est du marketing. La musique de Biolay c’est une musique à la con, je ne vois pas en quoi c’est de la musique DSK. Il faut aussi que la musique corresponde à quelque chose. Si tu lis les chroniques de Dylan, tu comprends très très bien. Dylan raconte qu’il avait toute la gauche sous ses fenêtres et que lui allait voter Goldwater, donc à droite. Il montre très bien comment le chanteur engagé se retrouve en porte à faux par rapport à la société et à son temps. Parce que c’est vain, l’engagement en chanson est un cul de sac.
«L’artiste engagé est une méga-pute. Souvent réactionnaire
D’où vient ce décalage entre l’artiste, l’engagement et le public ?
L’artiste engagé est une méga-pute. Souvent réactionnaire. Souvent du « c’était mieux avant ». Biolay, musicalement, fait du Gainsbourg et donc implicitement il dit c’était mieux avant. OK, merci les mecs, merci pour les gens qui font de la musique maintenant.
C’est un discours que vous tenez aussi vous le « c’était mieux avant » ?
Non mais c’est simple. Prends un disque de n’importe quel couillon français actuel, et Dieu sait s’il y en a, et prends n’importe quel disque de n’importe qui en 55, et écoute les deux. Il y a un moment où l’objectivité reprend le dessus.
Qu’est-ce qui trouve grâce à vos yeux aujourd’hui ?
Comme je vis dans la France profonde, je trouve très bien tous les phénomènes associatifs. Tout ces gens, personnes âgées ou jeunes, qui se mélangent, comme cela se passe chez nous en Auvergne. Les réunions annuelles dans les villages, où ils remettent les fours en marche, tout le monde mange, discute, se connaît, se donne des coups de main. C’est fait pour zéro centime, l’argent n’est pas en jeu. Je dirais donc tous les phénomènes associatifs de proximité, d’entraide, d’humanisme. Il n’y a pas d’idées politiques, pas de pognons, ils font juste les choses