Une interview dans MIDI LIBRE et un bel hommage à Hubert Mounier!
Publié le 9 Novembre 2019
C’est un nouveau cycle créatif que vous avez démarré avec “Travaux sur la N89” en 2017, poursuivi depuis avec “Il Francese” ?
“N89” est un effort de concentration qui permet à “Il Francese” d’advenir ensuite ?
Ça, c’est vrai ! De façon assez prétentieuse, j’avais espéré remettre en question la forme de ce que je faisais en tant qu’individu et, à travers ça, interroger le collectif, ce qui nous arrive, ce merdier dans lequel nous sommes, et qui a empiré. Voilà, Nationale 89 était ma réponse de chanteur au bordel ambiant… mais ça a été un fiasco complet (rires) !
D’où “Il Francese” ?
“Il Francese” ne poursuit pas moins votre réflexion sur le fond et la forme. Par une autre voie…
Il est fastoche, celui-là. Il y a des chansons comme il faut dedans, avec des refrains, des gimmicks, tout ce que les gens aiment, non ? En ces temps de l’inculture… Il me semble que je sais aussi écrire de la chanson populaire de 3’30’’ alors de temps en temps, je le fais. Quoi qu’il en soit, j’aime les ruptures de ton, ne pas laisser les choses s’installer, changer avant d’ennuyer.
On a lu qu’il devait s’agir d’une trilogie mais “Innamorato” (3/4 live, 1/4 studio) sorti au printemps n’en est pas le 3e volet ?
Non, pas du tout, c’est autre chose. D’ailleurs, sur la tournée qu’on fait en ce moment (Fred Jimenez à la basse et Stéphane Raynaud à la batterie), je pense que je vais aussi enregistrer un concert car je nous trouve plus qu’excellents. Du reste, celui dans Innamorato, à Décines en 2018, était un genre de fiasco : devant 100 personnes qui s’en foutent et repartent en disant bof. On l’a capté à l’ancienne, un micro dans la salle, sans traficotage, un peu en réaction : il y en a marre, on se défonce le cul pour faire de la musique vivante, intéressante, chaque soir différente, et vous êtes là, affalés comme des otaries, dans votre non-goût ? J’en ai un peu ras le bol de me retrouver devant toujours le même petit nombre de gens qui réclament les tubes ! On est au XXIe siècle, OK, les artistes galèrent mais il faudrait aussi que le public se secoue ! C’est comme ceux qui passent leur temps à geindre sur la presse : si vous ne l’achetez plus, si vous ne la lisez plus, si vous ne la défendez pas, il vaut quoi, votre jugement ?
“Innamorato” est un super disque, live et pop, très 70’s dans l’esprit…
C’est ma manière de défendre ma façon de faire des concerts : jamais deux fois le même. C’est vraiment sur la scène que je suis au mieux… Mais bon, je suis toujours à faire l’artiste devant la même peuplade décimée, entre 100, 200 personnes, c’est pénible…. Je me demande ce qui me pousse à y retourner, à part le plaisir d’être avec des musiciens… C’est difficile de faire l’artiste en France, on n’est vraiment pas un pays pour la musique pop, mais un peuple avarié pour la variété… Mais je ne sais même pas ce que c’est, la variété, moi ! Pour être franc avec vous, plus j’avance, moins je comprends. Je suis dans le cirage complet. C’est peu satisfaisant, et un peu douloureux…
Jean-Paul Dubois, le prix Goncourt, a cette phrase : "Je ne vaux pas grand-chose et je ne crois en rien, et pourtant tous les matins je me lève."
Oui. Rien n’est important, j’écris des chansons, c’est tout. Face à toute cette absurdité… Si on me disait demain que je ne pouvais plus écrire des chansons et faire des disques, je crois que je disparaîtrais purement et simplement, comme dans un film de science-fiction. Je n’ai jamais eu autant cette sensation de l’inutilité, de l’absurdité des choses, et partant, de la nécessité absolue, et carrément vitale pour moi, de continuer à faire mon truc.
On finit donc par une bonne note: faire son truc... mais je le trouve donc un peu dure avec son public, d'autant qu'il joue la tournée actuelle dans des théâtres, face à un public assis... et il ne vient jamais le chercher, on le sait. C'est un refus de faire du "théâtre", de la démagogie, on le sait aussi, mais...peut-être doit-il nous parler un peu plus suite?
Ensuite, ceux qui le lâchent, ou font "bof bof", ce n'est pas forcement son public de fans, ou des curieux, c'est aussi des vrais amateurs de musiques, ou des musiciens. Ces derniers temps, c'est d'eux dont j'ai des retours parfois négatifs j'ai l'impression. Sur le dernier concert à Valence, encore... Je ne suis pas d'accord avec eux à chaque fois mais je les entends. Quant aux "curieux" et aux "abonnés" des théâtres, ou ceux qui ne connaîtraient" que les tubes, sur les deux premières dates, on a eu des retours positifs. Le fait est que, il le rappelle, C’est ma manière de défendre ma façon de faire des concerts : jamais deux fois le même. Et cela nécessite sans doute une bonne dose de courage, d'implication... A part ça, on connait le refrain sur les "100 à 200 spectateurs"... C'est toujours 500 au moins. J'étais devant NOUVELLE VAGUE, avec 50 personnes à Bourgoin la dernière fois, pareil avec Barbara Carlotti il y a quelques années...
2) J'étais au concert organisé par des musiciens lyonnais fédérés notamment par MATHIS dont je vous ai parlé quelques fois (connu par une reprise de JIM), pour rendre hommage à HUBERT MOUNIER. C'était à l'occasion de la sortie d'un disque tribute "PLACE HUBERT MOUNIER"
Le concert gratuit a affiché complet dans la grande salle, et ce fut vraiment un excellent moment, notamment pour constater la place qu'occupe désormais Hubert dans le coeur de nombreux lyonnais, et autres (j'ai croisé un haut savoyard). KENT, CARMEN MARIA VEGA, présents sur disque, étaient absents, comme JOE BEL, à la voix magnifique, mais les autres artistes ont assurés, dont les VOYAGE DE NOZ, qui ont apporté une touche de rock, AUREN (qui a fait son dernier disque avec Calexico)...
J'écoute depuis le disque et j'ai toutes ces chansons dans la tête depuis en permanence, dans la nuit et au réveil. Je redécouvre les grandes chansons de L'affaire Luis TRIO et certaines d'HUBERT MOUNIER. JE VOUS LE CONSEILLE DONC!
On peut l'acheter ici:
Et il arrive très vite sur les plateformes.