Pseudo histoire... et Histoire vraiex...
Publié le 5 Février 2011
Allez, aujourd'hui, je reçois un peu d'aide de Matthieu de Clermont... Merci à lui de m'avoir donné ce petit texte :
" Je vois que tu t'efforces de compenser la baisse d'actualité de fin d'année. Après la rétro, le classement, j'imagine que tu planches sur un bêtisier ! Allez pour t'aider un peu, je te propose plutôt de revenir aux origines. Non pas 2000 ans en arrière, même si la période s'y prête, mais plus modestement une trentaine d'années en arrière.
Nous sommes à peu près en 1980, Jean-Louis Bergheaud est aux environs de La bourboule, il téléphone, encore tout timide, à sa maison de disques et tombe sur son producteur. Tout le monde connaît leur conversation, elle a été publiée par Weaky Leeks et authentifiée après un gros travail d'enquête du Monde et de La Montagne associés pour l'occasion. Je n'en cite un passage que pour nous rafraîchir la mémoire :
- JLM : Ah oui, une dernière chose... Je voulais vous en parler depuis un moment, j'aurais voulu changer de nom. Parce que Bergheaud, c'est un peu compliqué, les gens disent tantôt Bergeo, tantôt Bergo, c'est pénible. A l'école déjà, je...
- Le producteur : Allez, je suis de bonne humeur, c'est accordé. Tu veux t'appeler comment ? Gérard Manset ou Neil Young ?(rire).
- JLM : Je pensais plutôt à Aimerigot Marchès. C'était un brigand au Moyen-Age et quand j'étais gamin, je cherch...
- Le producteur : Marchais, Marchais, ça fait pas un peu communiste, non ? Et puis y a pas déjà un chanteur qui s'appelle Marchais ? Florian, Florentin ou quelque chose comme ça ?
- JLM : Non, non, moi ce serait Marchès, avec un "s" au bout. Quand j'étais enfant avec mes copains, on...
- Le producteur : Ca marche, petit. Tu sais ce que tu veux, t'es motivé, c'est bien. Va pour Jean-Louis Marchais.
- JLM : Heu, non. Je pensais précisément à Aimerigot Marchès.
- Le producteur : ???
- JLM : C'était un brigand fameux et quand j'étais gosse...
- Le producteur : Dis-moi p'tite merde, tu sais que t'es rien sans moi ? Enrico Marchais, ça va pas la tête ? Tu m'avais dit que tu touchais plus à la Gentiane ! Tu veux pas en vendre de disques ? T'as vraiment envie de devoir écrire pour Indochine pour arrondir tes fins de mois ?
- JLM : Mais Berheaud, les gens ne sauront pas le prononcer, ça risque de m'ennuyer plus qu'autre chose.
- Le producteur : Ecoute bonhomme, je te laisse une minute pour trouver un autre nom, sinon ce sera Bergotte et puis c'est tout !
Jean-Louis, déjà déçu par le système, regarde par la fenêtre et aperçoit un panneau indiquant Murat-le-Quaire. Il se ressaisit :
- JLM : Bon, alors Le Quaire. Je pourrais m'appeler Jean-Louis Le Quaire.
- Le producteur : Le Caire ?!?! Tu veux faire ressortir tes racines égyptiennes ou quoi ? Si tu te prends pour Dalida, va donc te faire produire par Orlando ! Le Caire, pourquoi pas Bab el oued ?!
- JLM : Murat, ce serait mieux alors ?
- Le producteur : Murat, comme le copain à Arditi ? Putain, si tu pouvais faire autant de tunes que lui. Ah ouais, Murat, c'est excellent.
Ainsi naquit Jean-Louis Murat. Que serait-il advenu si JLM s'était appelé Aimerigot Marchès, on ne le sait pas. En revanche, on sait qui était le vrai Aimerigot Marchès. Et c'est donc là que je voulais en venir, mon cher Pierrot. De passage à la bibliothèque du Patrimoine de Clermont ces derniers jours, j'ai cherché quelques informations sur ce brigand. Je t'envoie donc un article extrait du numéro de 1970 de la Revue de haute-Auvergne.
L'article ne nous dit pas grand chose... Un article de Wikipédia évoque pourtant qu'il a été à la solde des anglais! Et ça, on peut dire que ça aurait fait tâche :
Au cours de la guerre de Cent Ans, Marchès fut à la solde des Anglais. A la tête d'une grande compagnie, il sema la terreur durant des années, et occupa notamment le château de La Roche-Vendeix, près de La Bourboule.
Plusieurs histoires locales indiquent sa grande activité en Limousin à Châtelus-le-Marcheix ou La Jonchère-Saint-Maurice. Marchès fut un fidèle du redouté Geoffroy Tête Noire.
Charles VI, excédé par les méfaits de Marchès en Auvergne et Limousin, le fit capturer. Marchès fut exécuté à Paris en juillet 1391.
Par contre, assassiné à PARIS, ça aurait bien collé!
On trouve ci-dessous un résumé complet de l'histoire politique de l'AUVERGNE où Aymerigot est cité :
http://www.auvergne.fr/culture/vie-politique.html
L'encyclopédie LAROUSSE nous en apprend plus à propos de ROCHE VENDEIX, qui a bien sûr nourri l'imagination du petit Jean-Louis Bergheaud...
"En 1387 il s’empare du château de la Roche Vendeix (proche de l’actuelle commune de La Bourboule, Puy de Dôme) et l’aménage en repaire à partir duquel il met en coupe réglée toute la région. Refusant l’offre qui lui est faite de quitter le royaume pour aller combattre en Lombardie, il est alors assiégé par une puissante armée en 1390. Trahi, il est capturé et conduit à Paris pour y être jugé. Il est exécuté le 12 juillet 1391".
http://www.larousse.fr/encyclopedie/article/M%C3%A9rigot_March%C3%A8s/11003739
Enfin, pour les acharnés et autres amateurs d'histoire : voici un livre numérisé contant la fin de MARCHES et les détails de la trahison...
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1892_num_53_1_447688
"on lui trancha la tête et son corps fût coupé en quartiers qui furent exposés aux quatre principales portes de PARIS"!
Un peu de tourisme sur les pas du brigand et du barde? Suivez le guide :
http://www.sancy.com/activites/la-roche-vendeix/detail/6386
http://www.terdav.com/terdav/produit/fiche.asp?codeProduit=FRA469
http://www.labalaguere.com/voyage,sancy_auvergne_raquette_balneo.html
MERCI MATTHIEU!