Soyons fou: Ecoutons le Biolay et le Murat d'affilée
Publié le 10 Janvier 2010
Allez, c'est ce que je me suis décidé à faire vendredi soir... et forcement, j'vous invite à partager mes impressions... désolé... ... Vraiment, je pense que ce n'est n'importe quoi cette époque où dès qu'on fait quelque chose, ou qu'on ressent quelque chose, il faut qu'on en parle sur Facebook ou qu'on crée un blog... n'importe quoi... ... en plus, c'est longuet... longuet...
1) Biolay:
Bon, ça commence par la Superbe… Titre long, normalement fort vu les longs violons longs de l’hiver (piqués chez les Smiths…je connais mal les Smiths mais on m’a orienté)… mais qui m’ennuie un peu… sauf le final : les fusées qui partent, le saxo… même si le texte ne me parle pas trop… non mais c’est vrai ça… à l’école, on m’a appris de ne pas répéter les mots comme ça… Oui, ça allitère… mais marre des serpents qui sifflent sur ma tête….
15 août apparait au premier abord moins roboratif… Le titre peut apparaitre un peu répétitif… et puis… « teu » « teuf » prononcés par le chanteur… quelques petites onomatopées, une voix de femme…. J’ai lu qu’il chantait sur cet album, juste un peu sur cette chanson…
3e titre : 3e ambiance, là : reggae à la machines. C’est Padam. Un peu étonnant… là, encore, il s’amuse comme un petit fou à la programmation : les effets sont variés…et c’est loin d’être répétitif malgré le gimmick centrale…
Miss catastrophe : intro d’enfer (2 minutes) … en deux temps… toujours avec de la programmation, mais aussi du saxo… Le premier grand moment du disque… J’adore là encore les petits pastilles, ou fusées électro, les petits bruit de fusils silencieux qui partent… même si l’allitération en s, encore une fois, ne me plait que moyennement.
L’héritage… Ah, une vraie chanson, piano, avec du vrai chant… et le thème qui va bien, qui plait à maman… et qui touche forcement quand on pense à l’enfant… mais bon sang ! mais je rime !! …. Et en plus, les cordes se mettent à pleuvoir… faudrait pas me tirer les larmes… Et encore une invention d’arrangement avec l’utilisation de la theremine :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9r%C3%A9mine
le plus ancien instrument de musique électronique…. Au départ, j’ai pensé à un son de scie musicale !
Allez, séchez les yeux…. Un titre pop…. A la Marc Lavoine un peu énervé… Là encore, le piano derrière est la petite touche du Monsieur Bahlsen de l’arrangement…
Et sur un fondu enchainé de sirène de pompier…. On passe au titre suivant Night shop… Assez Beatles je trouve…. D’ailleurs, ça doit en parler : il évoque un chant de fraises…. Là encore, bel émotion… cordes…. Et là, le Monsieur plus, qu’est-ce qui sort de sa manche ? Une trompette piccolo , et l’on termine sur la sirène qui s’enfuit…
Et c’est déjà reparti… une chanson plus simple pour respirer… avec guitare sèche… percu… simple… et pourtant… là, encore, c’est un petit bijou…
« Sans viser personne » …. Un air assez magnifique…. Il parait que ça parle de politique… c’est ma foi vraie… « il n’y a plus de gauche »… ah, oui, c’est normal que ça m’émeut… Ca me fait penser que j’ai failli le croiser au PS du Rhône, le biolay…
Rupture jazzsystique…. Encore une intro de plus d’une minute…. J’aime pas qu’on me parle de toxicomanie…et je regrette un peu ce thème… après ton héritage, je trouve ça malvenu… même si cette chanson un peu particulière dans l’album permet une belle respiration « asphyxiée ».
Retour brutal à la programmation… Jolie voix de Jeanne…. C’est bien sur le texte le plus évident et qu’on écoute et comprend… J’adore… excellent rythme… et quand on a écrit un post it une fois dans sa vie à quelqu’un, qu’on a été touché par la séparation… c’est forcement touchant… Là encore, le truc bien vu : chanter les parenthèses et les écritures, les ordonnances et les recettes… l’accélération, puis la rupture brutale et inévitable.. Imparable… même si, en lisant la chronique du film « 5*2 » de F. OZON (qui passe sur Arte mercredi 13), je me dis que ce dernier arrive à raconter la même histoire mais avec nettement plus d’originalité.
…. Ca passe vite…. Faut changer le disque…
Tempo rapide… Titre pop et tubesque… mais manquant un peu de charme… Faudrait que j’arrête de penser à Marc Lavoine… A mettre au crédit de Mr plus : le petit joke d’intro et le synthé vibrant
3e grande intro du disque… trop courte presque… Back in the 80’s au son de la basse imparable… Cette fois-ci, ça m’a fait penser à un de mes titres préférés «juste live heaven » de Cure…
et là, j’aime sa voix…Il chante vraiment et la pousse un peu (« mon cœur »… ). Le pont est vraiment une œuvre historique de reconstitution que ne désapprouverait pas le découvreur de Lucie Yves Coppens … Un de mes titres préférés…. Tant pis pour ceux qui connaissent tout par cœur et qui mitraillent les références… Moi, je reconnais juste l’époque…et ça me convient…
Tout ça me tourmente…. Il pleut sur cette chanson… ça clapotte… mais ça ne capotte pas… la voix de Jeanne intervient encore en choriste…. Tout ça m’emporte… tout ça me tourmente… beau.. beau… Guitare à droite contre piano à gauche à la fin…
La bascule sur la techno du titre suivant est un peu brutale… jusqu’au refrain qui est réussi.. même si j’aime moins les couplets… C’est « assez parlé de moi »… Assez tubesque je pense…. Même si ce n’est pas trop mon truc…
Encore un petit reggae… qui passe au ska endiablé sur le couplet… sans enchainement… Pas mon titre préféré… J’ai passé l’âge du pogo faut croire… C’est « Buenos aires »… un sample d’un vieux chanteur… et petit pont intéressant pour franchir l’océan… Il nous fait son Tostaki ou quoi ? …. Passons….
Guitare sèche et pourtant limpide soigne mon oreille… c’est « raté » et c’est réussi. On m’a dit que ça ressemblait à Mustang de Jean-Louis Murat… Mouais, c’est vague… Jaconelli, le vieux complice, joue bien de la guitare.. D’ailleurs, on ne sait pas trop quel part il prend dans la réalisation… Elle ne doit pas être négligeable. J’avais bien aimé son travail sur le « taxi europa » d’Eicher.
Lyon presque ile… Pour un lyonnais comme moi, c’est un peu décevant… et un texte un peu terre à terre et trop explicite à mon gout… Et il nous avait déjà fait le coup du « retour »… et là, il n’y a pas de chorale d’enfant d’enfer pour clore le tout… Là, c’est un quatuor, et une trompette…. Oui, c’est pas mal… Je pense un peu au « rendez-vous » d’Eicher sur son dernier album (écrit par Raphael).
Le titre suivant retourne à une ambiance que j’apprécie… « Mélancolique »…. J’adore…Là, Biolay sort du placard : un flugelhorn…Ca ressemble à un nom de montagne de l’oberland bernois.. mais c’est une trompette… le bugle, c’était son instrument au conservatoire, d’ailleurs, c’est bien lui qui en joue !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bugle
« reviens mon amour »… Encore un titre pop variété… un peu trop facile à mon goût… Pour ça, j’ai la radio… Bon, c’est assez dansant… Un titre idéal pour danser sur la piste du camping des flots boeux avec son grand amour des vacances… Pour le coup, je prends une dose de nostalgie sévère…
Le titre suivant semble sortie d’ « à l’origine »… « jaloux de tout »… très gainsbourien…. Le titre finit quand même par m’emporter sur la fin… enfin, non, ce n’est pas la fin…. Enfin, c’est la fin habituelle d’une chanson… 3 minutes… sauf que là, elle dure 7’35… Et oui, Messieurs les programmateurs radios, faut laisser les gens s’installer dans des chansons ! 7’35, pour moi, c’est la bonne durée d’une bonne chanson !! Sacré final… Ca pourrait finir là-dessus !
Mais non… encore un titre : « 15 septembre »… un titre très biolien, là encore, je pense à « à l’origine »… Encore un très beau titre… du chanté, des interludes parlés…. Des reprises de « sans viser personne ».. « de la superbe »…. C’est un opéra qui se termine…. On salut les musiciens… j’ai toujours aimé ça… et c’est effectivement ce final là qu’il fallait pour un double album… Mais j’ai acheté l’édition limitée… et « les grands ensembles » en bonus track terminent mon disque…. sur une guitare tubesque et dansante… même si j’aime moins les couplets chantonnés…
Et bien… je ne me suis pas ennuyé… bon, j’ai triché : j’ai écris…. Mais c’est quand même du bon… Il est doué… doué… Et les textes n’ont jamais été aussi bons… ça ne veut pas dire que c’est du Manset ou du Murat… mais on commence à entendre des choses qu’on ne trouve pas dans tous les revues, et au coin (et au milieu) des 4 par 3… Ce que j’aime dans Murat, c’est qu’on ne trouve pas de phrases toutes faites et c’est justement ce que je reprochais à Biolay… c’est moins le cas….
Alors, maintenant, je me fais dans la foulée, un « cours ordinaire des choses » afin de comparer…
2) Murat :
Ca frappe ! Là, ça sent la terre, le vrai… et le texte frappe : « inutile de me chercher parmi les morts »…. On retient les mots… C’est le blues… un univers US usé et inusable vs des airs british pop…. J’adore ce titre, avec cette accélération menant à « comme un incendie »… et ce beau solo de guitare…. Tiens : pas vraiment de solo de guitare rock chez Biolay.. ça pourrait manquer….
On ne franchit pas l’océan non plus sur le titre suivant…. On passe le rio grande à la rigueur… Jean-louis Murat donne sa place au texte, lui laisse une chance d’exister… mais utilise l’anglais… alors que Biolay mise à part le nom « night shop » ne cède pas à cette facilité.
Pas d’invention d’arrangement géniale… quoi que… les violons… les chœurs…la guitare de Dugmore… « falling in love”… c’est un titre qu’il m’arrive de sauter.. mais j’ai tord… je ne peux pas me faire confiance…
Et de 3 : Guitare de suspens au début : où va-t-on aller ?… Et ça part sur un air rock un peu facile… C’est sans doute le titre le moins bon… mais les arrangements, comme chez Biolay, sauvent tout… et encore, chez Murat, c’est tout à la main, on n’utilise pas de machines pour rattraper tout ça… on sent la sueur… c’est à l’ancienne.
« chanter est ma façon d’errer »… Je ne sais pas si c’est que j’ai plus cet album dans la tête… mais j’ai vraiment l’impression que les mots sonnent, frappent, ont le droit d’exister. … et il y a une voix, une vraie… et tout ça, c’est de la chanson…et dans chanson, y’a « chant » (je précise!). C’est granuleux, y’a du vrai… « vivre caché dans un cylindre, à l’utérus qui m’a fait »…. C’est Murat… c’est exclusif….
Et que dire de l’intro du titre suivant….piano… et voix…. Boum…. Direct au cœur… « se pavane le cœur… » … Murat va dans les aigues… quel dommage ce « golden lady » qui fait sauter l’esprit, justement ces petits mots faciles que je reproche à Biolay … alors qu’à côté… on trouve le bijou : « placer l’anneau dans l’axe du cerveau »….
Et voilà Chérie… Une voix encore, profonde.. Une composition magnifique !! Ah, bon, c’est décidé !!Je vais à la coopé !! j’vais pas attendre l’automne pour entendre ça ! D’autant que je vois Biolay le 26 mars, je pourrais comparer !
On passe en douceur au titre suivant… Oui, il y a le temps « métronomique » qui passe sur « 16 heures… »….mais ça pulse…come on, come on… tout cela sonne vrai… et quel solo….
Ginette Ramade… Décidemment, on est dans un univers qui nous amène ailleurs… si loin, si proche…. Tiens, Murat utilise un sample… bon, une voix piquée quelque part, même pas trafiquée… On ne sait pas grand-chose de Ginette… mais l’esprit peut vagabonder…
L’intro suivant m’intéresse moins… les premiers temps aussi… mais on n’utilise pas d’artifices, et on laisse l’oreille faire son nid dans le duvet de guitare… « alors, on retourne en forêt »… Biolay, lui, ne peut pas sortir de la ville… alors que la vraie vie, celle dont on vient, est ailleurs… (oui, j’aime Manset !)…. C’est peut-être le titre sur lequel je trouve la slide guitare trop présente.. alors que les ronds de guitare et le piano pouvaient me permettre de m’installer dans le truc….
Et bien, là encore, ça passe vite…. C’est la 8… Murat ose le folk-klorique, la parodie assumée… Dès que Murat n’est pas dans l’émotion ou la séduction, certains lui rapproche, il me semble… Pourtant, sur ce titre-là, il me semble qu’il démontre une capacité d’arrangeur tout à fait remarquable… mais j’ai trop parlé du cow boy…
« que fait cette tige d’or dans mon glacier ? »…. Petite crescendo… « rumine… buisson de lilas…. » ….Murat écrase Biolay sur les textes… K.O. … mais c’est de la chanson… et dans chanson, il y’a des sons… Continuons… “la la la la » : c’est du sans ogm, sans électro… et pourtant…. Ça remplace très bien un bugle ou un mélotron ou un theremine…
La suite continue sans chichi… un air absolu qui accroche… J’aime les chansons qui donnent envie de croire… et « taiga » est de celle-là…
Ah.. déjà… M. Murat, c’est trop court !! Pourquoi ne pas avoir gardé au minimum le « sniper » ? …. M.Biolay lui nous a fait un double ! et a écrit pas loin de 60 titres pour ce disque ! On parle de vous, mais l’impossible Monsieur BB pond plus vite que vous…
3) BILAN :
Alors… alors… difficile de se prononcer… d’autant plus que c’est si différent.. Anglais et actuel….Américain et intemporel et daté à la fois de l’autre… Urbanité trentenaire post-adolescente, generation x ?, contre la mise en musique d’un univers plus vaste ( nowhere land, hauts-plateaux) ? seculier et quotidien contre du sacré, de "l'élevé"... Il faut quand même se rendre à l’évidence : l’un chante, l’autre joue. L’un chante des mots que personne n’a entendue, l’autre jouent des phrases de cinéma. Je pensais avant ce soir puisqu’il faut faire des classements, c’est obligatoire, c’est comme ça, glisser Biolay en premier.. mais je me rends compte que le foisonnement des arrangements ne fait pas tout. Bon, on n'est pas obligé de les opposer bien sûr, surtout qu'ils s'apprécient, mais vu que Biolay semble devoir reporter le titre de meilleur album de l'année 2009 (académie charles cros, Victoire: assuré?), je voulais vraiment enchainer l'écoute des deux disques pour comparer mes émotions.
Allez, suite du combat : sur scène !! En espérant que Murat sera assez fidèle à l’album… même s’il rallonge les morceaux pour mon plus grand plaisir… et que Biolay nous fasse autre chose que pour son petit show pour Magic, qui ne m’a pas convaincu:
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