Eryk e., l'album est sorti.
Publié le 15 Mars 2016
- Voilà l'album d'Eryk e. est sorti hier! Il est donc possible de découvrir l'intégralité de l'album sur les différentes plateformes et acheter l'album "seize" en numérique, dont les 3 chansons écrites par Jean-Louis Murat.
Nous vous donnions l'information de cette nouvelle collaboration de Jean-Louis Murat en exclusivité en février dernier, puis M. nous avait permis d'en savoir plus sur Eryk e. dans une très bel entretien. On ne va pas tout récapituler... alors allez lire les articles, bande de retardataires... d'autant plus que pour ce 3e article, nous vous avons gardé de l'inédit! En effet, nous ne voulions pas éventer le contenu du disque avant que vous ne puissiez l'écouter! Oui, le spoiler, comme on dit maintenant...
Résumé des épisodes précédents:
- "Il y a 3 ans environ que Jean-Louis lui-même, après que je lui ai fait écouter 2 ou 3 trucs à la maison, m'a un jour dit "il faut que tu enregistres un album, et moi je peux t'aider si tu en as envie". [...] Une fois mon livre sorti en septembre 2014, Jean-Louis m'a dit "maintenant tu n'as plus de prétexte!", et alors je me suis pleinement investi dans l'écriture ». En août/septembre 2015, ils se sont retrouvés dans le studio de… Denis Clavaizolle, qui a pris les manettes, fait quelques claviers. Guillaume Bongiraud, Julien Quinet des Delano Orchestra sont venus… A la section rythmique : Stéphane Mikaelian, ranchero, et Clément Peyronnet, multi-instrumentiste et musicien pro, a pris la contrebasse. Une choriste à la voix surprenante intervient également sur quelques titres : Gaëlle Cotte.
- Dans un univers essentiellement piano, qui évoquera Barbara et Sheller, "Un bouquet de mélodies qui ne demandent qu'à être fredonnées, des approches originales dans le traitement de certains sujets, une tessiture vocale feutrée en harmonie avec la production, une seconde voix étonnante qui déterritorialise les morceaux, des contrastes subtils (entre texte et mélodie ou à l'intérieur d'un même texte), l'ombre d'un Murat qui plane avec ses tourments essentiels" (M.)
Voici un petit tour dans l'album:
- Le premier titre écrit par Murat est "Morte saison".
"Que fais-tu mon corps en morte saison ? Que fais tu ma vie en morte saison ?". Bergheaud est adepte du procédé, mais la concision du titre le rend efficace: 1 minute 45.
- "mes nuits" offrent un peu de guitare (signé Murat) mais toujours en second plan, un titre un rien enlevé, où apparait pour la première fois les improvisations de Gaëlle Cotte.
- "Jeune face" est le 2e titre signé Murat qui m'évoque Ferré de "20 ans" et "avec le temps", avec le violoncelle de Guillaume toujours superbe (très belle partie orchestrale pour terminer).
« puis jeune face un jour s’en va »
- "Bleu" est assez symbolique de la "tension" que souhaitait donner Eryk e. En effet, Gaëlle improvise des chants douloureux, assez slaves, au dessus de celle très rapide d'Eryk e., un sentiment d'urgence.
- Et voici "les lieux"... le plus beau texte de Murat... et le plus personnel. Cette ballade parisienne pourrait apparaitre surprenante –pour Murat- (rue des blanc-manteaux, place des abesses) : «Sans toi, tous ces lieux sont à désespérer »... mais il s'agit bien du quartier que Jean-Louis a fréquenté. La preuve (avec cette fameuse rencontre avec Guillaume Depardieu qui appelle Murat "le Polnareff des Abesses"):
Murat évoque beaucoup de choses assez sordides.
Les parties de violoncelle de Guillaume sont superbes. Eryk e. dit en avoir encore "la chair de poule".
- "Ma terre" est d'une grande limpidité, simplicité (qui se termine avec un joli sifflement).. avec l'appui d'une belle trompette. On pense à Le Forestier et une petite fugue...
- Voilà "Seize":
"Les chansons, ça a été avant la médecine. Après, pendant la médecine, il n'y a pas eu grand-chose, j'ai écrit 2-3 trucs et le dernier texte que j'ai écrit et qui m'a vraiment plu, je l'ai mis dans l'album. Donc ce texte, il date de 87-88, c'est sur une chanson qui s'appelle "16", qui est le titre de l'album et c'est une chanson sur la guerre de 14. Je me souviens, j'étais en train de bosser et puis à un moment donné, je fais un petit break… […] Et j'ai écrit ça, en fait, parce que mon père m'a beaucoup parlé de la guerre de 14, guerre qu'évidemment il n'a pas connu, mais qui l'a beaucoup marqué historiquement et j'aime beaucoup une chanson de Le Forestier qui s'appelle "Les lettres" qui est un échange de lettres entre un homme et une femme, un homme qui est parti à la guerre de 14 et la femme qui est restée à la ferme. C'est une chanson que j'adore et donc entre tout ça, ça m'avait beaucoup marqué, et j'ai eu envie d'écrire quelque chose - enfin c'est venu, d'ailleurs, c'est pas que j'ai eu envie, c'est que c'est venu… Et puis j'ai écrit deux petits couplets de quatre vers et j'ai essayé un peu à ce moment-là et puis dans les années qui ont suivi de les mettre en musique et ce n'est jamais venu. Et je l'ai ressorti dans l'hiver dernier, 2015, quand j'ai écrit les sept chansons, j'ai repris ce texte-là que j'ai désarticulé et que j'ai agencé d'une manière différente, avec la musique qui est dans l'album."
La musique est très réussie, avec un air, bien que martial (tambour, pipeau sur la fin), qui n'en rajoute pas dans la tragédie; au contraire, qui annonce des lendemains meilleurs. Très réussi.
- "Le bouquet" sonne plus dramatique, avec un piano dépouillé... "il en a fallu de peu que je tranche tes jolis mains"... Petit bruitage électro léger qui ne me semblait pas indispensable.
- "Les maisons closes" "qui est un texte que j'ai écrit dans un contexte complètement iconoclaste, puisque ce texte, contrairement au titre et à ce qu'il peut faire penser, ça ne parle pas des bocsons, mais… je l'ai écrit en pensant aux tombes, aux tombes des cimetières, en particulier celles qu'on trouve en Auvergne, qui ressemblent à des petites maisons et les maisons closes pour moi, c'était ça. Et au fur et à mesure de l'écriture de ce texte est venu spontanément le lien qu'il y a entre la vie et la mort, qui est quelque chose qui est assez obsédant en médecine, ce parallèle simultané et permanent entre la vie et la mort, maintenir la vie, l'améliorer et puis la mort qui est là, qui de toute façon nous rattrape. Et "Les maisons closes", c'était tous ces gens qui ont vécu, qui sont dans leurs petites maisons, toutes fermées et qui ont leur histoire, et qui sont là et qui veillent les uns sur les autres, et qui sont tout nus et qui se sont aimés, et qui ne vivent plus…. Ils n'ont de contact avec l'extérieur que peut-être la racine qui peut s'insinuer dans la petite maison, avec la fleur… Pour moi c'était ça et en fait, durant l'écriture, le parallèle immédiat évidemment entre la vie et la mort, le plaisir et la douleur, et les maisons closes vraiment, ce parallèle qui est une simultanéité de la vie de tous les jours, de tout vivant entre la douleur et le plaisir, la vie et la mort et en fait, on est vraiment dans cette dichotomie entre la vie et la mort et cette simultanéité de l'existence vivante et de l'existence à venir… Je l'ai écrit dans un contexte très particulier, puisque j'étais en vacances en Indonésie chez des amis et avec le décalage horaire, j'avais du mal à dormir et j'étais dans cette maison ouverte sur tout, c'était pas très loin de l'océan Indien, donc on entendait le bruit des vagues et je passais une partie de la nuit réveillé, dans cette partie ouverte de la maison, à penser, à bouquiner et puis le texte est venu et il est venu là-bas avec les images des tombes du cimetière d'Egliseneuve d'Entraigues où sont enterrés une partie des gens de ma famille… Et je voyais cette tombe-là et c'était une petite maison close."
- Le dernier titre est "épanadiplose", terme que les spectateurs du film "PROFS" connaissent... mais cela n'a aucun rapport avec l'inspiration d'Eryk e.
"J'ai peint un petit peu à un moment donné, mais de façon tout à fait modeste. Par contre j'ai un ami, dont j'adore littéralement la peinture, qui est clermontois, qui bosse beaucoup, il s'appelle Claude Legrand, qui fait des belles expos, dont j'ai peut-être une trentaine de toiles ou dessins chez moi, j'aime beaucoup ce qu'il fait… […] En fait, à côté de mon piano, y a 3-4 tableaux de lui, y en a un qui montre une maison dans la forêt, que j'avais directement en vision quand je suis venu au piano, et j'ai écrit en regardant ce tableau… avec l'idée de rentrer dans le tableau… […] Un violoncelliste qui s'appelle Yo-Yo Ma a publié des DVD où il joue les suites de Bach. J'en ai 3 sur les 6 et notamment celui où ils ont intégré son image dans des reconstructions 3D d'eaux-fortes du Moyen-Age, où on le voit dans une espèce de prison absolument fantasmagorique. Il est au bord d'une sorte de précipice, avec des colonnes effondrées, ça date du Moyen-Age, à la fois c'est très romantique, c'est très bizarre, et ils ont réussi par des technologies numériques à l’intégrer là-dedans, mais surtout à transformer l'eau-forte en vision 3D, donc la caméra se balade au milieu de ça et il est vraiment au sein du tableau, au sein du dessin et c'est fantastique". http://www.claudelegrand.fr/ Le fameux tableau d'Eryk e. figurait sur le site, mais a été retiré depuis.
Eryk e. est un "job à côté", selon l'expression de Murat, et quel job... si prenant, ce qui rend les aventures artistiques encore plus compliquées... mais c'est ancré en lui, et maintenant qu'il est lancé, il ne s'arrêtera pas, toujours avec le soutien de Murat. Et on ne peut que l'encourager à notre tour car pour un premier album, malgré les influences évidentes, il y a un vrai parti pris, un univers, peut-être un peu suranné... mais qui justement fait du bien, au milieu des univers électro toc et bling bling.
Eryk e. sera en concert au caveau de la Michodière à Clermont le 19/04. après une première prestation en première partie de Babx et Cascadeur en février.
Rappel: L'interview d'Eryk e.
http://www.surjeanlouismurat.com/2016/02/eryk-e-nouveau-coup-de-coeur-coup-de-pouce-de-murat.html
site officiel : https://www.facebook.com/Eryke-661722910636414/
LE LIEN EN PLUS
Et voilà qu'on a des nouvelles de FRED JIMENEZ! Le bassiste et compositeur d'"a bird on a poire" n'était plus apparu aux côtés de Johnny Vacances pour le dernier album. On sait peut-être pourquoi: il lance une campagne de crowfounding pour sortir un disque... avec un petit mot très gentil de son camarade Bertrand Burgalat sur le site de tricatel.
"Il y a près de 20 ans, Fred Jimenez envoyait une démo au 52 rue Richer, siège de Tricatel à l’époque. Une pop parfaite dans la ligne du Love is All de Roger Glover. Lorsqu’il fallut trouver des accompagnateurs à Michel « pop idol » Houellebecq, Thomas Jamois s’en souvint et suggéra de faire appel à lui. Il débarqua avec sa Squier Japon et ce fut un enchantement : un son parfait, (au médiator il étouffe les cordes avec la paume de sa main, sans recourir à une éponge comme moi…), une attaque impeccable, l’énergie, l’intelligence, la bonne humeur, bref un parfait Dragon.
Il s’agit de textes alchimiques, écrits en alexandrins, mis en musique et interprétés par Fred.
Je me rends du coup sur le site http://www.kisskissbankbank.com/alchy-me et je m'interloque, c'est une blague? il s'agit de mettre en musique des textes d'un certain Patrick Burensteinas, alchimiste, qui parle de reptilien sur radio "ici et maintenant", le créateur de «La Trame» : une technique thérapeutique vibratoire qui transpose les trois phases du Grand Œuvre sur l’homme, pour déloger la souffrance à tous les niveaux"... entre autres choses (l'explication de la comptine "la souris verte" vaut son pesant de cacaouettes)... Alors, là, je dis bravo la Suisse... mais rapatriez votre argent en France, ce n'est plus sûr. (je dis ça même si mon chanteur préféré Manset a peut-être des penchants pour les rose-croix)