Un moment avec Murat par Valérie Lehoux
Publié le 21 Janvier 2019
OOhh... hein?... [mouvement de main pour s'essuyer un filet de bave]... mmm... Qui me réveille de ma longue léthargie?".. hein? Valérie, c'est vous? Vous connaissez mon adresse? Euh, excusez-moi, je suis nu, je vais m'habiller...
- Oui, j'ai bien dormi depuis quelques semaines, et voilà, que Valérie Lehoux, un second rôle récurrent de ce blog poste sur la page surjeanlouismurat, un article publié ce jour sur Télérama.fr, un article touchant tant la relation Murat/Lehoux a été parfois compliquée, l'épisode "Grand seigneur"/Petit dédaigneur étant le point d'orgue, qui valut encore quelques défections à Murat.... mais pas celle de Valérie. Elle évoque l'épisode rapidement dans une nouvelle série de chronique "confidences pour confidences"
A LIRE ICI:
On a failli assister à une répétition de Jean-Louis Murat. On l’a finalement débusqué dans sa loge, où il nous a fait quelques confidences.
Objectif du jour : assister à une balance de Jean-Louis Murat. Pas une séance de pesée. Une répétition, particulière, la dernière avant le grand saut du concert. Celle pendant laquelle un chanteur, ses musiciens et ses techniciens peaufinent leurs ultimes réglages. A vrai dire, les artistes rechignent souvent à nous laisser entrer ; le stress et les soucis techniques peuvent vite pourrir l’ambiance – et en matière de mauvaise humeur, Murat se pose là. Alors pourquoi a-t-il accepté ? Sûrement parce qu’il s’est toujours moqué de donner (ou pas) une bonne image de lui-même.
Il est 16h58, deux minutes avant l’heure dite, au Café de la Danse, à Paris. La porte principale est fermée, il faut passer par le côté. Mais à peine ai-je franchi le seuil que le directeur promo me tombe dessus. « Bonjour Valérie, je suis désolé, la balance vient juste de se terminer... » Quoi ? « Ben oui, on n’a pas eu de problème technique aujourd’hui. Du coup, ça a duré beaucoup moins longtemps que prévu. On peut en profiter pour aller saluer Jean-Louis si tu veux ». Pfff... Je ne verrai donc pas Murat au travail, et je suis venue pour cela. Je ne l’entendrai pas répéter les titres de son dernier album, le très réussi Il Francese. Je ne saurai pas non plus s’il peste contre ses musiciens, ou s’il leur raconte les meilleures blagues du Puy-de-Dôme... La vie de journaliste est aussi faite de rendez-vous manqués.
A droite de la scène, derrière le rideau : les loges. Une première pièce toute en longueur, puis une seconde, aveugle et minuscule. Voilà où se trouve notre homme, verre de vin à la main, toujours aussi accueillant : « Alors, il paraît que t’as aimé mon dernier disque ? Tu n’as donc pas toujours mauvais goût ? » Depuis longtemps, Murat ne me vexe plus. Trop prévisible pour cela. Il me fait même sourire. Lui, au moins, ne joue pas la séduction. Il parle sans filtre. Quitte à dire de grosses conneries. Et aujourd’hui, dans cette loge sans luxe et pas vraiment chauffée, il est d’humeur taquine. « Au fait, puisque tu t’intéresses à la chanson française, tu sais qui est la référence pour moi ? Anne Sylvestre. Mais évidemment, personne dans les médias ne la défend... ».
Ah ben, en voilà une qu'elle est bonne ! S’il y a une artiste dont j’essaye de parler le plus possible, c’est bien Anne Sylvestre. En dix-huit ans ans de service à Télérama, je l’ai citée quarante-six fois – dixit le service doc. Et toc... Mais en quelques mots, Jean-Louis Murat vient aussi de marquer un point : il n’est pas aussi prévisible que je le pensais. Nous venons de nous découvrir un point commun capable de dépasser toutes les chamailleries passées ou à venir.
Aimer Anne Sylvestre, c’est un peu comme un signe de reconnaissance. « Je peux l’écouter tous les jours... C’est intelligent et jamais ringard. Y’a pas longtemps, sur France Inter, j’ai même repris l’une de ses chansons : Un mur pour pleurer ». Pas la plus connue, mais l’une de mes préférées ! Et voilà qu’il se met à fredonner par cœur : « On ne pleure plus, paraît-il, on rigole, c'est plus facile. On n'écoute plus les poètes, les errants. On leur dit : “Taisez-vous Vous n'êtes pas marrants". On est télé, télé... On est si fatigué de penser »…
A bien y réfléchir, Jean-Louis Murat et Anne Sylvestre ont au moins deux points communs : l’amour des beaux textes... et une réserve viscérale face aux médias. Jamais ils ne feront de concession pour se mettre un journaliste dans la poche, quitte à se montrer excessivement bougon. « Quand je vois le nombre de chanteurs qui font des interviews comme on fait du marketing. Ou qui se font passer pour de grands humanistes alors qu’ils ont des comportements de salauds... ». L’Auvergnat a repris son air taciturne. Dans deux minutes, il va s’énerver.
Le directeur promo vient de passer une tête, un peu inquiet, conscient que l’animal peut toujours déraper. « Il a dit du mal de personne ? ». Quand bien même. De ce petit bout d’après-midi passé avec Murat, on retiendra surtout cela : son admiration pour l’une des plus grandes artistes de la chanson, poétique et classique. Ce genre de confidence fleurit souvent en dehors du cadre de l'interview : sans parler directement de lui, un chanteur se met à en dire beaucoup, sans forcément s’en rendre compte. « Un jour, je me suis retrouvé dans le même resto qu’Anne. J’ai failli aller la voir, et puis je n’ai pas osé. Je me suis dit que j’allais la déranger, et qu’elle allait m’envoyer paître. Moi-même, c’est sûrement ce que j’aurais fait ».
LE LIEN MANQUANT
J'ai les doigts endoloris d'avoir écrit, j'ai une crampe à l'index. Alors le lien en plus au prochain épisode
BoN LE LIEN EN PLUS SUR LE FIL
allez, je fais un petit effort en plus, après avoir pensé à l'ancien de télérama Philippe Barbot et la rencontre organisée entre Murat et Wyatt... On en parlait en inter-ViOUS ET MURAT.
Le 11 mai 2019, Rock Bottom en live à Bourgoin-Jallieu!!
http://www.lesabattoirs.fr/artiste/robert-wyatt--s-rock-bottom-present-piniol-the-watts-geoff-leigh/