Inter-ViOUS et MURAT- n°4 : STEPHANE PRIN (partie 2)
Publié le 19 Janvier 2011
Après une erreur de manip sur la console, j'avais effacé la deuxième partie de "l'inter-ViOUS et MURAT" de Stéphane PRIN... sans m'en rendre compte. La voilà comme neuve.... et dans l'actualité, puisque cette semaine, Jean-Louis est en studio... avec Stéphane? Christophe? ou Aymeric? Il faudra attendre pour savoir... Depuis l'interview, Stéphane a collaboré avec Florent Marchet, la Fiancée, Céline Ollivier...
Pour tout reprendre à zéro, Première partie : là
Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 4 :
STEPHANE PRIN (deuxième partie)
- Lilith, c'est aussi l'arrivée d'Aymeric Letoquard (le livret indique 5 prénoms d'assistant "dont cette perfection d’Aymeric"...)
S. PRIN : Aymeric était stagiaire quelques mois auparavant à Davout, et j'avais apprécié son caractère et sa motivation à l'époque, donc j'avais conseillé les managers de Davout de le garder comme assistant comme Christophe et Jean-Louis avait fait avec moi plusieurs années avant. Il est donc logique qu'il ait suivi le même parcours que moi et m'ait remplacé par la suite aux cotés de Jean-Louis. Le courant passait très bien entre eux deux, c'est donc naturellement que j'ai fait appel à lui à chaque séance à Davout avec Jean-Louis. Il m'a du coup remplacé lorsque je n'ai pas pu faire les séances pour l'album Taormina.
- Vous avez répondu en avance à ma question habituelle du "meilleur album"! Et m'avez posé la question... Lilith est aussi mon favori... même si "le cours ordinaire" me plait beaucoup. Quant au "jours du jaguar", c'est vraiment le titre attendu à tous les concerts, avec des versions toujours différentes et c'est assez extraordinaire. Qu'est-ce que vous pensez de ces concerts? L'avez-vous vu régulièrement?
S. PRIN :Je l'ai vu quelques fois, surtout à l'époque ou je travaillais avec lui, c'est toujours inattendu, ce qui augure du pire comme du meilleur évidemment, mais ça permet de garder une excitation assez intéressante je trouve, et je sais que c'est ce qui l'intéresse le plus, la prise de risque, l'imprévu, l'audace. Et c'est ce qu'attendent les gens de sa part je pense.
- On reprend le fil... avec ce qui reste une parenthèse... enchantée presque... car l'album a beaucoup de fervents: a bird on a poire. Cette fois ci, vous avez un titre de producteur ( même si c'est pas si clair : sur le livret de l'album, vous êtes crédité pour les prises de son et mixage, mais comme co-producteur sur le maxi...).
S. PRIN : Ah? Sur le cd, il me semble être crédité comme co- real aussi pourtant, non??
En tout cas, c'était vraiment le cas. En gros, le projet s'est initié lors des mix de lilith. Pendant que je mixais, Jean-Louis et Fred étaient dans la pièce d'à côté en train de réfléchir déjà sur les morceaux de Fred que Jean-Louis aimait, et sur lesquels il voulait écrire un texte. Jean-Louis a ensuite eu l'idée de faire un album concept autour d'une rencontre entre une américaine et un français, à Paris et a parlé de Jennifer, en parlant d'un album duo.
Pour cela il a voulu se concentrer sur les textes uniquement et laisser carte blanche à Fred pour la musique. Fred m'a donc demandé de l'aider pour la réalisation et on a géré toutes les musiques seuls en studio, pendant que Jean-Louis écrivait chez lui. Il n'est revenu en studio que pour faire les voix avec Jennifer lorsque les musiques étaient totalement réalisées.
Voilà pourquoi, cet album est un peu un ovni dans la discographie de Jean-Louis. Fred a définitivement des influences bien plus pop de JL :.)
- Lors de la tournée qui a suivi, voici ce que disait Jean-Louis Murat sur vous :
Peux-tu parler de l’apport de Stéphane Prin qui enregistre et qui mixe tous tes disques ?
Je le connais depuis super longtemps, il était assistant, on a sympathisé. On est assez amis, je lui fais confiance ; c’est un des gars qui me connaît le mieux, il sait ce que j’aime et ce que j’aime pas. C’est pour ça qu’on va super vite. Comme c’est mon caractère de ne pas aimer rester longtemps en studio, je m’entoure de gens qui travaillent vite, qui me connaissent bien, qui ont du goût et qui ont plein de qualités humaines. C’est le cas de Stéphane. Je trouve que c’est mieux de travailler avec des amis, s’ils sont compétents… et il est très compétent.
S. PRIN : Oui, j'avais lu cet article qui m'avait fait très plaisir à l'époque.
JL n'aime pas énormément de choses, mais je ne vous apprends rien. Il n'aime surtout pas être contrarié en fait, et c'est là que je pense avoir été suffisamment psychologue, capable de faire passer mes idées discrètement, sans trop qu'il s'en rende compte, pour qu'il soit ravi de la tournure des choses au final.
En studio, il n'aime pas la lenteur et le labeur, contrairement à beaucoup d'artistes, il faut qu'il y ait du mouvement, que ça aille vite et que les choses avancent. Le connaissant, je me forçais à travailler particulièrement vite et à prendre des initiatives pour garder l'excitation nécessaire à JL.
- Ah, oui, toutes mes confuses: dans le livret, il est précisé "enregistré et mixé" mais dans le verso du boitier, vous êtes bien noté comme producteur.
Vous parlez de la vitesse, est-ce que ce n'est pas une source de frustration énorme pour un ingé son ? J'écoutais une interview de Patrice Lazareff qui parlait de 4 mois pour mixer dix titres pour Voulzy.
- Patrice Lazareff dit aussi dans cette interview qu'un bon ingénieur de son est quelqu'un qui n'a pas un son particulier, reconnaissable... Qu'est-ce que vous en pensez? Sinon, est-ce qu'on peut discerner un disque mixé par S.Prin d'un disque de Dupouy ou de Letoquart ?
- On en arrive ensuite à Moscou, et 1829... je pense enregistré en même temps. Je trouve que Moscou manque d'unité, malgré des belles chansons ( notamment la fille du capitaine)... j'ai toujours pensé que Murat baclait le projet pour en finir avec Labels. Etait-ce une fin de cycle (fin avec Labels, fin du sparing partner avec Fred...)? Que pouvez-vous nous dire de cette session?
S. PRIN : Effectivement les 2 disques ont été enregistrés en même temps. Très peu de temps après avoir fini « Bird » je crois, on avait aussi enregistré le DVD pendant la même période, donc je pense qu'un double album de plus à enregistrer à ce moment était un peu indigeste pour tout le monde. Ces albums étaient donc moins agréables à enregistrer, Jean-Louis plus stressé, moins préparé aussi. Mais la promo de Bird ayant été assez bonne, il voulait surement en profiter et ne pas faire redescendre l'attention du public. Je pense que ça a été un mauvais choix. La vitesse et les contraintes pratiques et techniques pour ces disques étaient encore plus grandes que pour les autres albums, donc un confort moindre, et des chansons moins travaillées aussi je trouve. Tout ça a laissé des traces dans les têtes de chacun et la fatigue de l'enchantement des albums commençait à se faire sentir.
- Avec Murat, on imagine toujours que tout changement est lié à une brouille (arrêt de collaboration avec Denis, Fred et vous...) mais un peu plus haut, vous nous avez dit que Murat vous aurait proposé de faire Taormina... Il s'agissait d'une question de planning?
S. PRIN : Tout-à-fait, il m'a appelé quelques mois après Moscou pour enregistrer un autre projet 6 mois plus tard. Outre mon besoin de souffler un peu pour rester motiver sur des projets avec Jean-Louis, mon planning était effectivement plein pendant 6 mois de suite, et Jean-Louis ne voulait absolument pas reculer l'enregistrement, il a donc décidé d'appeler Aymeric pour me remplacer. Fred a par contre joué sur Taormina et je ne sais pas si ils se sont brouillés après ou pas, je crois que Fred avait son projet dont il voulait s'occuper à plein temps, j'y ai d'ailleurs participé et c'était un plaisir. Il rejoue avec lui sur la tournée je crois.
- Est-ce que cette interview vous a permis de dire tout ce que vous vouliez dire sur Jean-Louis Murat? Quelque chose à rajouter ?
S. PRIN : Ma foi, pour quelqu'un qui passe son temps à écouter les autres, je trouve avoir beaucoup parlé ici. Jean-Louis a toujours été un personnage important pour moi, dans ma carrière, mais aussi dans le paysage artistique, par un anti conformisme, parfois contestable, mais essentiel de nos jours. C'est probablement ce qui m'a le plus plu chez lui, le fond avant que la forme. Alors que mon métier concerne la forme, aussi paradoxale que cela puisse paraître !
- Comme je le fais toujours (vous avez déjà répondu à la question du meilleur album) mais quels sont vos 3 titres préférés? et qu'est-ce que vous pensez du dernier album?
S. PRIN : 1/ C'est l'âme qu'on nous arrache
2/ De la coupe aux lèvres
3/ Les jours du jaguar
...du coup vous voyez l'album que je préfère...:-)
Le dernier album me semble assez bien fait, même si je trouve les chansons dans l'ensemble un peu moins bonnes que celle de Lilith, mais suis-je objectif?
- Enfin, quelle est votre actualité? Avez-vous des albums sur le feu ou qui vont sortir?
S. PRIN : Un album de Slam/Rock du groupe DUMDUM est sorti en janvier, je suis assez fier du style de cet album qui est original sur le fond comme sur la forme... A découvrir vite !
J'ai mixé aussi le premier album de Benjamin Paulin, qui sortira chez AZ en septembre, bons textes, style très singulier, un plaisir à faire.
Je me mets aussi de plus en plus à réaliser et composer pour d'autres, la suite logique pour cerner au mieux tout ce qui fait un bon disque.
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INTERVIEW réalisée par mails du 25/02 au 15/04/2010.
Cette interview ne parlait pas de la crise du marché du disque, non, ne cherchez pas.
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MERCI A STEPHANE PRIN et à sa grande disponibilité, pour nous avoir permis d'ouvrir un peu la porte du studio...
Surjeanlouismurat@over-blog.com