Murat à Villeurbanne, festival les Invités, 21 juin 2014
Publié le 22 Juin 2014
©Vincent Raymond de Stimento, le nouveau mag culturel lyonnais.
Lyon est petit pour ceux qui aiment Murat et la bière d'un aussi grand amour, si bien que je tombe dès 18h30 sur notre camarade Matthieu, pris d'un coup de folie: partir aussi loin de sa base clermontoise pour une nuit. Accompagnés de nos verres, nous rejoignions illico nos potos Paulo et Fredo Plainelle pour 4 heures de conf' de rédac' : débriefings diverses des parutions, les offs, les interviews à faire, négociations sur le remboursement des frais de bars... Fredo râle qu'on ne lui file que des marronniers, mais il se calme avec une nouvelle bière.
Matthieu exige qu'on profite de la journée, et nous voilà dans Villeurbanne pour nous faire une idée de la fête de ces "invités de Villeurbanne". Nous tombons sur un concert, un village où il est possible de se restaurer de multiples plats exotiques, proposés par les habitants et les associations culturelles. Puis, un petit spectacle de mime, les gens s'assoient par terre. Bien sympathique...
Nous rejoignons le Square de la Doua, tout près du parc de la Tête d'or, sur le bord du no'man's land du campus (c'est le week end! -même si depuis mon temps, que les moins de 20 ans ne peuvent presque pas connaitre, il s'est largement ouvert sur la ville).
Cadre superbe, boisé. Avec toujours le même principe de restauration. Un espèce de dancing type abri d'auto-tamponneuse est installé au milieu du square... dans lequel une fanfare meuble durant les 3 changements de scène. Il y a de la place, les pique-niques sont nombreux, un peu de chaises et tables en bois... Cela se remplit doucement.
On croise Guillaume Bongiraud, le violoncelliste, qui nous parle de ses quelques projets, notamment avec Morgane Imbeaud.
Le nouveau projet de Cyril Atef occupe la scène... Bon... Ils étaient à Europa Vox la semaine dernière et Matthieu m'avait préparé psychologiquement... C'est curieux. On peut quand même s'interroger sur la programmation de ce soir. Ca part un peu dans tous les sens, et Murat au milieu de ça... Une programmation pour lui un peu plus tôt aurait peut-être mieux convenu de manière à pouvoir laisser la place aux "fêtards" ensuite.
On a droit à un long mot sans grand intérêt des intermittents, la démocratie bafouée, la liberté en danger...
Enfin, soit, nous voilà à une dizaine de mètres de la scène. J'ai l'impression qu'il y a pas mal de gens venus pour Murat, attentifs. Murat, le retour à Villeurbanne (après l'enregistrement de "Murat live" au transbo!)
Et c'est parti... Et c'est un inédit..."qu'est-ce qu'au fond du coeur"... Jean-Louis Murat a sa guitare semi-métallique de sa dernière tournée. Très longue intro vibrante, avec des petites saillies de trompette et le violoncelle, avant que la batterie ne lance le rythme de la chanson. Alexandre Rochon est au "grisgris" dira Murat, son "outil" posé sur un tabouret. C'est plutôt concluant, le refrain est assez entrainant, et la trompette décisive. A 5 minutes, Jean-Louis mollement demande qu'on tape dans les mains "pour soutenir les intermittents". Ca réagit tout aussi mollement. Pas de déconcentration pour autant: il est bien dedans, super voix en variations en multipliant le refrain. On en est déjà 9 minutes, et on a droit à un grand pont musical... avant qu'il y ait une petite séquence down tempo avant un redémarrage final. Plus de 10 minutes pour le premier titre, très très rallongé (le texte est plutôt court)... et j'ai l'impression que Murat a réussi à capter la foule nombreuse.
On part sur une intro plus classique pour Murat ensuite : petit solo de guitare saturée (Murat a pris sa télécaster, et Alexandre sa guitare), et batterie. Quelques notes de piano. C'est Michigan. Version pas endiablée, mais Murat se donne à fond. Le piano joué par Guillaume est très réussi. Murat termine : "nous sommes les auvergnats de Clermont, votre prochaine capital, vous irez chercher votre carte grise à Clermont", et présente les THE DELANO ORCHESTRA, avant de repartir sur la chanson, avec la trompette toujours en avant. 2e chanson: encore 10 minutes! Ce n'est pas la facilité pour capter un public qui est a priori à conquérir... mais là encore, j'ai l'impression que ça marche.
Morceau des The Delano orchestra, "Sea water". Déjà joué à Clermont. Murat est à la guitare, assez discret. Peut-être plus qu'à Clermont. J'ai déjà dit le bien que je pensais de ce titre... qui passe très vite.. au vu des deux titres précédents... si bien qu'on a l'impression qu'elle est écourtée, mais ce n'est qu'une impression.
Rythme plus endiablé ensuite sur une longue intro, avec une belle partie de trompette, mais on est un peu perturbé par un gus derrière nous qui fait son intéressant : "mais tu comprends, moi, je kiffe la musique" ou "le rock an roll vous emmerde"... si bien que ça part un peu en cacaouette sur toute la chanson, et en insultes. Vous lirez ci-dessous le commentaire de Laurent Cachard... Matthieu est plus philosophe et essaye de calmer tout le monde". "Agnus del babe", ça devait être une superbe version... mais là, j'en suis sorti. La perturbation a dû se ressentir sur scène, mais Murat ne le fera pas remarquer. Faut dire qu'il y a des centaines de personnes derrière nous qui profite du concert.
Du coup, je perds un peu le fil. The Delano orchestra joue-t-il tout de suite derrière leur deuxième titre? C'est "PALOMA" en hommage à la fille d'Alexandre. Joli titre.
Vient ensuite "extraordinaire vaudou". C'est redevenu plus calme, et on peut profiter de ce grand titre "live", démarré lentement, avant l'explosion finale. Pas de réel changement avec le concert de décembre, on retrouve les petits choeurs mais un peu moins en avant et le morceau s'allonge un peu. Bravo à Julien Quinet, le trompettiste... 8 minutes 30.
On a de la chance, il fait beau, temps idéal, Murat en tee-shirt marqué d'un "i'm still alive" (à confirmer), transpire, les cheveux ébouriffés. On ne pourra pas dire qu'il ne s'est pas donné!
Et retentit le riff de "L'eau de la rivière", la batterie moins explosive qu'avec les maillets de Stéphane Reynaud. Petites notes de trompette... ça manque peut-être un peu de fluidité (Murat demande un truc à la régie) et il y a 30 secondes d'intro en trop. Ce titre marchait bien avec la formation "guitare et batterie" de la tournée précédente vu son rythme et son refrain percutant, et son "boum boum" que l'on a envie de chanter, mais avec The Delano Orchestra, c'est bien sûr encore mieux. Le titre est assez court : moins de 6 minutes, mais mériterait presque d'être resséré de manière à capter toute son énergie hydraulique.
Murat introduit le titre suivant : "la musique gratos, c'est comme l'amour sans amour, ce n'est pas toujours rigolo". C'est un inédit... qui pourrait porter le titre "boy" ou "boï" prononcés souvent (est-ce plutôt "les grives" ou "mujade"?). Avec les titres "neige et pluie sur le sancy" et celui avec un peu de patois, joués en Suisse, il se confirme que l'inspiration muratienne est plus que jamais ethnocentrée: là, il est question de la Dordogne, de "monter jusqu'au sommet", avec une interpellation " arrête d'y penser... tu sais bien que..." facilitant une interprétation habitée.
Le gus allumé me casse une dernière fois le tympa droit au tout début de la chanson, mais je rentre bien dans la chanson, même si c'est difficile de capter le texte, avec l'orchestre. La composition est assez classique, avec des parties assez dénudées... mais le gimmick de trompette, un peu funèbre, est parfait, et permet d'adhérer à la litanie. J'ai moins remarqué le travail du violoncelliste ce soir qu'à Clermont (je ne suis pas de son côté, et peut-être du fait du côté moins intime du concert ), mais sur ce dernier titre, toujours associé à la trompette, c'est le grand pied. Près de 13 minutes pour ce dernier titre, grâce à un final enflammé (avec certes une présentation nominative des musiciens).
C'est fini. On espère quelques instants un rappel... d'autant qu'il reste de la place pour un titre. Les prochains sont prévus dans une demi heure... mais les techniciens arrivent et coupent les amplis. ah, c'était court! On a beau s'y attendre en festival, là, il nous manque un titre, déception d'autant plus grande qu' il semble que c'est un inédit encore meilleur qui manquait.
c. julien quinet (fb). Une photo de moi et Matthieu, vos serviteurs. On ne voit que nous.
On ne verra pas Murat ensuite, mais quelques Delano. Ils sont vraiment heureux d'accompagner Jean-Louis, notamment ce soir sur cette belle scène et cette foule (la plus grande pour eux de l'été?), et du travail accompli avec lui sur l'album. La concentration était maximale sur scène, presque plus que lors du live radiophonique de décembre... C'est le tout petit bémol que l'on pourrait trouver : un petit manque d'interaction physique sur scène entre Murat et ses musiciens, mais ce n'est que le deuxième concert de la tournée, et on n'attend pas Murat là-dessus. Il était en tout cas apparemment en pleine forme (malgré l'enchainement des activités: enregistrement, mixage d'un double album et tournée), bien impliqué, maitrisant ses textes, malgré le pupitre à disposition, et du coup, a livré des interprétations impeccables. Messieurs les programmateurs de festival, vous avez raté quelque chose en ne proposant que ces quelques dates à cette formation! En tant pis pour les perturbateurs, je les oublie (mon crédeau, mon confiteor, mon confiture, c'est de toute façon d'accepter tout le monde au sein de la chapelle de La Lady... et Murat a préché en ce sens hier).
28 juin 2014 / Concert Koloko, pour l’association Clermauvergne Humanitaire - Coopérative de mai - Clermont Ferrand (63) - avec Stéphane Reynaud, mais c'est confirmé avec une partie avec Delano.
14 juillet 2014 / Francofolies - La Rochelle (17)
17 juillet 2014 / Festival Voix de la Méditerranée - Lodève (34)
7 août 2014 / Festi’Vaux - Vaux sur Mer (17)
9 août 2014 / Festival au Champs - Chanteix (19)
22 août 2014 / For Noise Festival - Pully-Lausanne (CH)
Et un Européen à Paris à l'automne (sans The Delano Orchestra).
A lire aussi
La chronique de Laurent Cachard. "il ne faut pas souhaiter la mort des gens".
Murat et The Delano : ma chronique du concert de Clermont en décembre (j'ai eu parfois envie de me répéter, bon, oui, je l'ai fait): à lire ici . Le concert est toujours disponible en podcast!
Des images du festival "les invités": http://www.leprogres.fr/rhone/2014/06/20/villeurbanne-le-festival-des-invites-se-pare-de-mille-couleurs