une auto- "inter-ViOUS ET MURAT" par Denis Clavaizolle
Publié le 29 Janvier 2015
Ah, on l'a souvent imaginée avec Matthieu cette interview (c'est pour ça que je me permets ce titre "un peu je me la ramène")... mais point de réponse... et voilà ce que je découvre via un tweet: un beau cadeau offert par Denis sur son site! Un long texte parlant de la rencontre avec Jean-Louis Murat et surtout de tout le travail réalisé ensemble, album par album... C'est parfois un peu technique (on connait la passion de Denis pour la technique et les claviers) mais passionnant... et surtout, cela vous permettra de découvrir d'un oeil hilare certains propos de JB HEBEY dans le livre "Coup de tête" : "
Merci Denis!
Nous nous sommes rencontrés en 1986, je faisais partie d’un groupe New Wave Blue Matisse signé chez WEA à l’époque. Nous avons commencé à travailler ensemble, Jean-Louis a pris des rendez-vous dans des labels et a séduit Virgin à l’époque, nous avons ensuite enregistré Cheyenne Autumn dans le sud à Cordes-sur-Ciel, mixé ensuite à Paris, et avons travaillé ensemble 12 ans sur pas mal d’albums (Cheyenn Autumn donc, et puis Le Manteau de Pluie, Venus, Dolores, Mustango, les lives, les inédits…).
, on a expérimenté plein de trucs au niveau des couleurs de sons, des samples, on s’est retrouvé ensuite de temps en temps, notamment pour faire Charles et Léo en 2007 sur des ébauches musicales de Léo Ferré et des textes des Fleurs du mal de Baudelaire. C’était une demande de Matthieu Ferré, le fils de Léo. D’ailleurs, ce disque est toujours vendu avec la nouvelle édition des Fleurs du mal en librairie.
Ensuite, on a partagé la scène en 2010 pour une tournée assez rock, très proche d’une ambiance Neil Young + Crazy Horse, c’était super.
On a eu la chance aussi d’avoir sur les albums de nombreux musiciens / artistes français, anglais ou américains tesl que Elysian Fields, Marc Ribot, Calexico, Neil Conti, Luis Jardim, entre les studios ICP à Bruxelles, ou des studios à Paris ou à New York. Très belles rencontres. Je me souviens qu’à New-York, Mac Ribot nous a dit « Venez à la Knitting Factory ce soir, je joue avec Daniel Johnston, il vient de sortir de l’hôpital psy, on sait pas ce qu’on va jouer mais ça va le faire ». Effectivement, c’était lunaire mais ça l’a fait. On a vu aussi Booker T avec Steve Crooper et Duck dans un club.... la longue suite : http://www.denis-clavaizolle.com/projets-musicaux/jean-louis-murat-albums/
Voici en sus deux articles d'archive:
1999 (désolé je n'ai pas la source... peut-être DOLO)
La vie après Murat
"Je me suis toujours dit que j'aurais un label à 40 ans. J'ai déjà un studio, il me reste trois ans pour développer l'autre activité". Evidemment, dans ces conditions, pas question d'intégrer math sup et math spé comme prévu.
Denis Clavaizolle a choisi l'intermittence, une vie rêvée, partagée entre la création de jingles, le groupe Tokyo en 82, puis Blue Matisse, toujours avec Franck Dumas et Gilles Haenggi. A cette époque, Jean-Louis Murat s'intéresse au musicien, déjà passionné par le studio et la bidouille sonore. Signés chez Virgin en 86, Denis et Jean-Louis Murat enregistrent cinq albums avec le succès que l'on sait.
"Mon travail avec Jean-Louis, c'est aujourd'hui de la pré et postproduction, comme pour "Mustango", le dernier album. Mais ça ne représente que la moitié de mon activité. Quand "Vénus" est sorti, un disque passé un peu à côté, j'ai rencontré Delabel qui cherchait des copistes, et c'est devenu un vrai boulot. J'ai ainsi écrit les partitions de Louise Attaque, Manu Chao, Madredeus, ça permet de faire de l'écriture, de la lecture, de travailler surtout tous les jours…."
Musicien, copiste, ingénieur du son, arrangeur. L'intermittence selon Clavaizolle offre bien des ouvertures même si ce dernier s'avoue un peu à part. Mais il conserve son avis sur la question. "Le danger de ce système, c'est de truander, de cumuler les cachets pour faire des déclarations bidons. Car plus le cachet est gros, plus on touche ! Pour bien faire, il faudrait pouvoir redistribuer de l'argent aux vrais créatifs, tous ceux qui galèrent vraiment."
Parmi ses multiples casquettes, Denis Clavaizolle préfère de loin celle d'ingénieur du son, voire de producteur Après les Jacks, le studio Sophiane (Cournon) et son patron envisagent très sérieusement de cumuler édition et label, une issue qui pourrait bien rendre possible la réputation confirmée de l'ancien matheux. Car Clavaizolle est devenu un nom particulièrement recherché dans les plus grandes maisons de disques et surtout chez les artistes.
Moi je dis bravo Denis et continu de foncer !!!
Bises à tous
- 1999 (inrocks)
Denis sans souci
Depuis Cheyenne autumn, l'homme-orchestre de l'ombre Denis Clavaizolle est le complice de Murat dans toutes ses aventures musicales. Fidèle et modeste, il est l'indispensable alter ego sans ego.
Propos recueillis par Christophe Conte.
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Je travaille avec Jean-Louis depuis maintenant douze ans. je faisais partie d'un groupe new-wave, Tokyo, rebaptisé ensuite Blue Matisse, et il m'a téléphoné un jour pour me demander de travailler avec lui. Ça s'est passé de la façon la plus simple au monde : on s'est retrouvés très vite à Clermont dans un studio 8-pistes et on a tout de suite commencé à faire des morceaux, sans discuter pendant des heures de ce dont nous avions envie. J'ai tout de suite été séduit par son univers, sa façon d'écrire et son approche un peu hors norme de la musique. Surtout, je l'ai toujours connu très à l'aise, très bien dans sa tête, alors qu'il a pour la majorité des gens cette image de quelqu'un de sombre et torturé. Sur un plan personnel, travailler à ses côtés m'a considérablement ouvert l'esprit, y compris en tant qu'instrumentiste car Jean-Louis est un bien meilleur musicien qu'il veut bien le dire. Nous fonctionnons un peu comme un groupe à nous deux, voire carrément comme un couple. |
Il nous arrive de nous engueuler comme tous les vieux couples, mais nos engueulades n'altèrent jamais la complicité qui nous lie. Notre méthode a toujours été un peu la même. Lui amène les chansons et ensuite nous cherchons ensemble la direction musicale. Il arrive même que nous décidions de plusieurs directions à la fois pour un même titre et que nous nous donnions jusqu'au dernier moment pour décider. Comme nous sommes multi-instrumentistes tous les deux, nous pouvons sans avoir recours à personne produire des maquettes très élaborées. Je suis là en premier lieu pour apporter la maîtrise technique alors que Jean-Louis fourmille d'idées, à raison d'une tous les quarts d'heure environ (rires)... D'ailleurs, il ne m'appartient pas de faire le tri dans ses idées ni de donner en permanence mon avis parce que c'est avant tout son album, c'est lui qui devra ensuite l'assumer seul. Il a le dernier mot et je trouve ça tout à fait logique.
Pour Mustango, nous avons suivi exactement la même méthode, à cette différence près que Jean-Louis est ensuite parti aux Etats-Unis pour enregistrer et que je l'ai rejoint sur place juste une semaine. C'est seulement au retour que nous avons retravaillé les détails à nouveau tous les deux en studio. J'avais pour la première fois un regard un peu extérieur par rapport à l'album et j'ai été épaté par ce que j'ai pu entendre à son retour des Etats-Unis, notamment par la qualité des musiciens avec lesquels il avait choisi de travailler. |
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Quand nous faisions les maquettes de l'album, nous avions en tête que des musiciens viendraient jouer les titres dans les conditions du live, contrairement à Dolorès que nous avons quasiment fait tous les deux seuls. C'était assez important pour nous d'avoir conscience que des musiciens extérieurs joueraient cette fois les chansons, ça a pas mal modifié notre manière d'approcher les atmosphères musicales. Comme nous avons sensiblement les mêmes goûts, ce n'est jamais très difficile de tomber d'accord sur les gens avec lesquels on a envie de collaborer. Je l'ai encouragé par exemple à contacter les gens de Calexico parce que j'aimais beaucoup OP8 ainsi que leurs propres albums. Le fait que ce soit des multi-instrumentistes avec la même approche que la nôtre a beaucoup aidé à mon sens dans la réussite des morceaux qu'ils ont faits ensemble. Sur Dolorès, on avait à faire face à une grosse machinerie un peu contraignante, bien que personnellement ça ne me dérange pas vraiment, alors que celui-ci a été fait dans des conditions beaucoup plus libres, plus sauvages. Moi, je me sens aussi bien dans ce registre que dans l'autre, le côté un peu dépouillé me plaît autant que la complexité technologique, je m'adapte à l'un comme à l'autre et je pense que c'est une des clés de notre relation, cette souplesse.
Chaque album est pour nous une nouvelle histoire qui commence. J'aime bien la façon qu'a Jean-Louis de toujours remettre les compteurs à zéro, de ne jamais faire dans la facilité qui consisterait à enchaîner des disques identiques et à ne creuser qu'une seule idée. Comme je suis quelqu'un d'assez éclectique au niveau de mes goûts musicaux, ces changements incessants me plaisent davantage que si on répétait cent fois les mêmes plans, avec le même type d'orchestrations jouées par les mêmes personnes. Je sais déjà que le prochain sera totalement différent de celui-ci et c'est ça qui est excitant. Si notre travail commun est pas mal basé sur l'échange et sur une permanente partie de ping-pong, Jean-Louis a quand même des idées bien arrêtées. Mon rôle, c'est avant tout de faire qu'elles prennent corps le plus fidèlement possible. Si un jour on a l'impression de s'user mutuellement, je pense qu'on sera assez sincères l'un et l'autre pour se l'avouer et distendre un peu nos liens. Ça durera peut-être encore deux ans ou vingt ans, qui sait, l'important c'est avant tout le présent.
Et encore: http://www.surjeanlouismurat.com/article-interview-clavaizolle-42590941.html
http://www.surjeanlouismurat.com/article-clavaizolle-40527243.html
http://www.surjeanlouismurat.com/article-des-nouvelles-de-d-c-68455243.html
Et le camarade Cachard dans un vibrant hommage: http://laurentcachard.hautetfort.com/archive/2010/10/22/jean-louis-clavaizolle.html