Sortie de "coups de tête"
Publié le 3 Février 2015
Parler ou ne pas parler d'un livre qu'on n'a pas lu? En faire la promotion? ... On a vu avec Houellebecq ce que ça pouvait donner... Ceci dit avec Houellebecq, le problème reste entier après l'avoir lu... puisqu'il semble qu'on y voit beaucoup de choses différentes. Ça sera peut-être aussi le cas pour le livre "COUPS DE TÊTE".... biographie non-autorisée sur Jean-Louis Murat.
On avait souvent exprimé ici le manque que l'on ressentait de l'absence de livre sur Murat... et j'ai bien sûr accueilli la nouvelle d'une sortie avec joie... Je suis rentré immédiatement en contact avec l'auteur afin de voir si je pouvais lui poser des questions et avoir le livre rapidement. Nous avons convenu que je lui poserai des questions avant lecture, puis après. A ce jour, je ne l'ai pas eu, alors que ceux qui l'ont commandé chez l'éditeur l'ont reçu dès la semaine dernière. Baptiste Vignol l'a reçu également... à la Réunion et a déjà écrit son billet. Sébastien Bataille me dit: "vous le recevrez le 2/02, donc avant la sortie", On est le 3, j'attends, mais le fait est qu'il n'a rien fait pour que je le reçoive rapidement, et puisse en dire quelque chose. EDIT: Reçu ce jour le 4/02
J'ai quand même eu quelques éléments du livre, et ma méfiance s'est accrue, comme elle s'est accrue à la lecture des réponses de Bataille à mes questions.
Alors fallait-il parler du livre? publier cet entretien en l'état?
ICI, c'est un blog non officiel, et même si j'entretiens des rapports très courtois avec la Maison, la ligne éditoriale a toujours été claire: on parle de tout, même des choses qui fâchent : la récupération de l'extrême-droite, l'attaque d'Act Up, ou en retwittant les 140 signes méchants de certains...en se posant bien-sûr la question de ne pas faire de promotion des conneries non plus... Enfin, ce n'est pas toujours facile d'avancer parfaitement droit, mais ce qui m'a toujours rassuré, c'est que Murat lui-même n'a jamais fait l'économie d'un bad buzz. La fameuse peur du succès dont il est question dans le livre? Il est donc difficile de nous reprocher d'évoquer des éléments peu flatteurs! La victime est aussi le premier responsable (Je n'avais pas lu la préface de Dominique A avant d'écrire ces lignes... et nos propos sont proches). Bien sûr, il justifie parfois ce discours médiatique, comme une forme de résistance, une forme de sincérité (à l'envers ou totale), mais le fait est, que dans le grand cirque médiatique dont il participe, le résultat est là.
Ensuite, nous pensons que Jean-Louis Murat est une personne importante, et il n'est pas anormale que l'on s'intéresse à des éléments biographiques, et celui-ci n'en est pas avare non plus, accueillant les journalistes chez lui, laissant Bayon, proche parmi les proches, évoquer sa vésicule, parlant de ses enfants, de sa vie ou livrant un ou deux autoportraits par album ("la chèvre alpestre" pour le dernier en date)... Ce sont des éléments pour aussi appréhender son œuvre, pas indispensables peut-être, mais intéressantes.
Alors, bien sûr qu'on aurait préféré la participation de Jean-Louis au livre (mais à condition qu'il y ait aussi "enquête"). Bataille a semble-t-il tenté d'avoir des témoignages sur le terrain... et c'est une démarche qui ne me parait pas anormale. Il n'a pas eu grand chose et du coup, se rabat sans doute sur des propos dont on peut se poser la question du caractère diffamatoire, de JB HEBEY, sans faire une enquête derrière pour chercher la vérité. Il se contente de retranscrire ainsi une interview téléphonique où il semble donner toujours raison à JB : "votre témoignage apporte des éléments de réponses évidents", "c'est indéniable", "ah, oui, Toboggan sonne comme un recueil de démos", "il ne vend pas de disques" (juste au moment où Babel monte à des scores très très honorables : Bertrand Betsch disait sur mon fb : "Vous ne vous rendez pas compte que vendre 22 000 albums aujourd'hui c'est comme en vendre 220 000 il y a moins de dix ans. C'est juste énorme. Surtout pour quelque chose d'aussi pointue".
Cette façon de faire est d'autant plus dommage qu'il suffisait de s'appuyer sur ce modeste blog pour trouver un témoignage de cette époque, celui de ZACHA. Je l'ai fait réagir aux propos de HEBEY et je vous livrerai son témoignage prochainement (
). Avec les fantômes de Claudes Dejacques et Philippe Constantin, des grands Messieurs, eux.Alors, voilà...
Où veut-il en venir, me dîtes-vous? ou vous dîtes-vous à moi? ou en vous? Euh... Oui, je vous fais part de mes réflexions qui ont été nombreuses depuis 2 semaines... pour en arriver à la réponse à ma question ci-dessus... Devais-je publier l'entretien? J'ai décidé positivement. Le fait que ce ne soit pas très intéressant est déjà une information. Sa promotion sur le mode du "sensationnalisme" ne me parait pas à la hauteur du sujet... Et puis, certains sites (pure charts, téléstar relayant les propos les plus "acerbes" de Murat") viennent de faire des articles qui seront lus des centaines de fois plus que celui-ci. La machine est en marche (ça a déjà suscité des réactions du côté des soutiens de Renaud)... Il faut dire que le livre consacre 50 pages aux propos les plus "fracassants" de Murat (on peut en partie les retrouver gratuitement sur ce blog sans doute! ).
J'aimerais retenir la phrase de B. VIGNOL: "ce bouquin qui s'avale en deux heures ne devrait pas trop fâcher le chanteur tant il souligne la majesté d'une Œuvre «dont le nombre de réussites impressionne». Tant pis si c'est une grosse déception, si les "fans hard-core" n'y apprendront rien (110 pages de bio seulement, dont 10 sur Hebey, forcement...) et prendront ce livre comme "objet de collection" (comme le décevant -selon moi- Lesueur sur Manset)...
On reviendra plus longuement sur le livre, son contenu, et aussi sur ce qu'il n'y a pas... Sébastien semble-t-il est prêt à se justifier (il a apporté sur son blog par exemple un élément de réponse à B. Vignol qui a trouvé la première erreur factuel dans le livre, on verra prochainement qu'il s'agit bien d'une erreur) et j'espère qu'il tiendra son engagement de répondre à une deuxième série de questions ("nous", car si à la lecture, des questions vous viennent, vous pouvez me les communiquer).
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Sébastien Bataille est l'auteur de plusieurs livres, dont sur Téléphone, Raphaël, Indochine, et Duran Duran. Les avis des lecteurs sur ces livres (amazon) sont plutôt positifs, bien qu'ils soient parfois difficile de contenter les "fans spécialistes"! Il collabore actuellement à Causeur, et a participé au Dictionnaire du Rock d'Assayas (au côté de l'interviouvé ici : Benoit Laudier)
1) D'où est né ce livre? (un projet ancien? une commande?)
Après mon livre sur Duran Duran, sorti fin 2012 chez Fayard - et approuvé ensuite officiellement par le mythique groupe anglais -, je me suis dit que le seul artiste pour lequel j'aurais encore la force et l'envie de consacrer une biographie serait Jean-Louis Murat (que j'écoute depuis Cheyenne Autumn, époque où j'étais au lycée). L'idée a finalement pris forme l'année dernière, un peu avant la sortie du Nouveau Dictionnaire du Rock (auquel j'ai collaboré). Ce n'est donc pas une commande, ni un projet ancien.
2) ... Vous arrivez même à citer Duran Duran dans le livre... Vos goûts sont éclectiques pour avoir ainsi ce groupe au côté de Jean-Louis, non? Est-ce que vous voyez des éléments qui les rapprochent?
Je n'aime pas les étiquettes et les chapelles en matière de musique. J'écoute les disques avec mes oreilles, pas avec mon cerveau. Kafka écrivait : "Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous", j'attends la même chose d'une chanson, qu'elle soit signée Duran Duran, Jean-Louis Murat ou New Model Army. Un jour, un fan de ce groupe m'a dit : "On ne peut pas à la fois aimer Duran Duran et New Model Army, c'est impossible !". Je suis la preuve vivante que si. Ce genre d'individus se regarde aimer un groupe, un style musical, pour se trouver ou se façonner une identité ostentatoire, on n'est pas dans l'amour de la musique. Quant aux point communs entre Duran Duran et Jean-Louis Murat, hormis la qualité des textes (Simon Le Bon est un poète passionné de littérature), je dirais... leur côté "wild boys" peut-être ?
On va donc poursuivre la présentation en passant par les questions rituelles de l’inter-ViOUS ET MURAT
3) Vous écoutez donc Jean-Louis depuis Cheyenne… Quelle a été ensuite votre histoire avec lui ? (vous vous qualifiez de fan ? à écouter tout ? à collectionner les inédits ? à le voir en concert ? dans votre travail de journaliste (rencontre)?
Après Cheyenne, j’ai toujours suivi avec intérêt l’actualité musicale de Jean-Louis Murat, sans pour autant me considérer comme un fan. Par exemple, je ne me suis penché sur les inédits et faces B que pendant l’écriture du livre. Je l’ai vu 4-5 fois en concert et j’ai pu réaliser une interview de lui par mail à l’époque où j’écrivais pour Bakchich.
4)
- Votre album préféré ?
En ce moment, Tristan
- ah, pourquoi Tristan? Alors même que vous avez été très dure avec Toboggan (enregistré aussi chez lui, seul)...
J'aime le charme intemporel qui s'en dégage, de la première à la dernière seconde. C'est peut-être l'album le plus cohérent, le plus harmonieux de Murat. J'étais pourtant passé à côté à sa sortie, trouvant le single - "Tel est pris" - bien faiblard (et le clip trop "M6"). Et un jour, un miracle s'est produit. J'étais en voiture sous une pluie battante, tard le soir (il faisait nuit), avec l'autoradio allumé sur France Inter (le miracle n'est pas que j'écoutais France Inter). La station a diffusé au milieu du programme une chanson de Murat qui collait parfaitement au climat extérieur oppressant. Je ne la connaissais pas mais elle m'a complètement hypnotisé sur le coup : elle était géniale ! J'espérais que l'animateur annonce le titre à la fin. Et effectivement, il l'a dit : "Marlène" ! Forcément, j'ai acheté l'album dans la foulée, et je l'ai adoré.
- 3 chansons ? et pourquoi ?
« Qu’est-ce que ça veut dire », parce que, pour reprendre le titre du livre de Neal Cassady, c’est un truc très beau qui contient tout.
« Aimer », parce qu’il a l’air particulièrement sincère dessus.
« Baby Carni Bird », son « I Am the Walrus » à lui.
- On pourrait sans doute en trouver quelques autres… encore plus énigmatiques ! A propos de cette chanson, il a dit : « Mon seul problème est d'arrêter le flot d'images ».
Gardez-vous en mémoire un concert particulier ? un souvenir ? une anecdote ?
Oui, je garde un souvenir très particulier de deux concerts, j’en parle dans le livre (je préfère donc laisser la surprise aux lecteurs de la biographie).
- Et puisque vous êtes aussi auteur de chanson, est-ce qu’il y a une chanson que vous avez écrite qui vous évoque Murat ou qu’il vous a inspiré directement ?
Non, du tout. Pour ceux que ça intéresse, voici deux liens YouTube de chansons de mon ancien groupe Toi L’Héroïne : "Jeune veut pas", réalisée par Jean-Jacques Nyssen (compositeur de Clarika) et "Tu n'y penses pas vraiment", en duo avec Sylvie Hoarau (du groupe Brigitte).
5) Revenons-en au livre. Vous reproduisez dans le livre l’interview de 2009… et il n’y a donc pas eu d’entretien avec lui pour le livre. Est-ce que vous avez cherché au départ à avoir son accord ou au moins à l’interroger ? C’est sans doute assez frustrant de n’avoir pas pu le faire… même si c’est via des témoignages qu’on peut aller au-delà du « discours officiel » assez maitrisé (par exemple, sur la traversée du désert…) ?
Là, avec cette nouvelle question, on touche au point sensible du livre. Je ne peux pas répondre à cette question, les tenants et les aboutissants de ce que vous soulevez figurent bien évidemment dans le livre. Je peux dire une chose : j'ai contacté le maximum de personnes centrales dans la vie et l'oeuvre de Jean-Louis Murat, après l'avoir contacté lui et son entourage professionnel. Le résultat est là, surprenant, incroyable, déroutant, condensé dans plus de 200 pages. Sur la traversée du désert que vous évoquez, je promets en effet des révélations, qui ne plairont pas à tout le monde.
On ne s'étonnera pas, à la lecture du livre, qu'il n'y a jamais eu de biographie de Jean-Louis Murat avant.
6) Avec cette dernière phrase, vous voulez dire qu'il n'était pas possible d'écrire une biographie de Murat sans se fâcher avec lui? ou du moins le contredire?
En effet, et c'est un euphémisme de le dire, même si les intentions de départ étaient très éloignées de ce genre de considérations. Mais je précise tout de suite que ce n'est pas un livre à charge contre Murat (ni une hagiographie d'ailleurs).
7) A propos des témoignages, vous avez dévoilé quelques noms sur votre blog et en 4e de couverture, mais pourriez-vous nous dire quelles sont les 2 ou 3 personnes qui ont refusé que vous auriez vraiment aimé interroger? Je pensais peut-être à Bayon même s'il est peut-être trop proche de JLM...
Non, je n'ai aucun regret, le livre devait finalement exister comme ça et c'est très bien ainsi, j'en suis très heureux. Les gens qui l'ont lu dans le milieu me disent tous qu'il est "absolument incroyable" . Il faut croire que c'est une expérience de lecture. Avec un sujet comme Murat, il ne pouvait finalement pas en être autrement.
8) SIC...
Dernière question sur les sources, certaines ont-elles voulues rester anonymes?
- Du tout, mais j'ai veillé à préserver l'anonymat de certaines personnes.
Interview réalisée par mails du 20 au 27 janvier.
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"Contre-enquête" sur le livre: http://www.surjeanlouismurat.com/2015/02/sortie-de-coup-de-tete.html