Chez Manzoni et encore de la chronique web à foison
Publié le 5 Mai 2016
Pour le futur : Murat ce soir sur Europe 1 chez Taddéi (europe social club à partir de 20 heures)... et en même temps, sur France Culture, "la dispute" après un hommage à Prince, nous permettra d'avoir l'avis d'Hugo Cassavetti et de V. Mortaigne sur l'album.
Pour le passé:
1) CHez Pop and co, avec Rebecca Manzoni, "tous mourrus, sauf Murat"
2) Du côté de la Suisse et de la Gruyère, une chronique sans trou.. mais avec pas totalement affiné.
http://www.bloglagruyere.ch/2016/05/03/jean-louis-murat-des-cafards-et-des-douceurs/
Au dernier morceau, cet éblouissement: mais comment fait-il pour toucher autant avec une telle simplicité? Le cafard, un chef-d’oeuvre, conclut cet étrange Morituri avec une douceur ouatée où Jean-Louis Murat se blottit comme personne. «C’est quoi le cafard? / Difficile à dire / C’est comme un buvard / Qui te boit la joie / Te prépare au pire…» Avant ce coup de maître, l’album a distillé son lot d’envoûtements, de refrains aux faux airs de déjà entendu (Tarn et Garonne). Et des fulgurances, comme ce magnifique Frankie: sur un air jazzy, Murat évoque avec une intelligence rare la déréliction de son pays, ici racontée à travers des épisodes de l’histoire, en 827, en 1163…
Tous mourus aussi aborde, de manière plus frontale, le délitement généralisé, un sujet cher au bougon Auvergnat. Reste alors à se réfugier dans la nature (Le chant du coucou, autre pépite où son sens de la mélodie fait merveille) ou à «chialer dans la cuisine » (La pharmacienne d’Yvetot). Reste, surtout, à se régaler de cette voix de velours en passant sur les chansons un peu boiteuses. Comme ce French Lynx sorti en single ou Interroge la jument, malgré ce texte effrayant d’actualité: «Sur la terrasse / Sous les cimes / A l’heure où le festin se termine / Satan est heureux / Il a régalé ses convives». Des titres peu convaincants, qui rappellent que Murat n’est jamais aussi puissant que quand il se fait rugueux ou dépouillé à l’extrême.
Par Eric Bulliard
3) Hop, on part de l'aéroport de Genève, pour filer au Canada: direction le CANAL AUDITIF
http://lecanalauditif.ca/jean-louis-murat-monituri/
"En voilà un autre qui mérite le plus grand des respects et qui est parfaitement méconnu/ignoré de ce côté-ci de l’Atlantique: Jean-Louis Murat. Avec une litanie d’albums sous le bras, le bonhomme, bon an mal an, propose toujours une création de qualité. Quand on insiste sur l’importance de cristalliser son art dans la durée, Murat est un exemple probant d’une carrière réussie… du moins aux yeux de votre humble scribe. Après un excellent album conçu avec le Delano Orchestra, l’excellent Babel (2014), l’Auvergnat était de retour la semaine dernière avec Monituri; qui signifie «ceux qui vont mourir» en latin.
Enregistré en novembre 2015, ce Monituri a quelque chose de prémonitoire puisque toutes les chansons ont été écrites avant les tristes attentats du 13 novembre dernier qui ont eu lieu en France. Quand on vous dit que les poètes ont souvent une sensibilité se rapprochant de dons prémonitoires… mais, ça fait des lustres, qu’une bonne partie de l’humanité se contrecrisse complètement de la poésie et de ses poètes. Ici bas, on préfère le marketing… ceci dit avec une très bonne dose de mauvaise foi!
Alors, Murat propose à ses adeptes un album de soft rock dépouillé qui fait référence musicalement à ce que peut concevoir l’excellente formation Tindersticks. Un disque tout en délicatesse, tout en nuance, qui remémore, sans le vouloir, les événements bouleversants que la France a vécus en 2015. Les habituels textes oniriques de Murat frappent cette fois-ci l’imaginaire. Ces métaphores/allégories, rédigées en premier lieu comme un journal de bord, passent très bien le test chansonnier. Des mots parfaitement imprégnés de «l’air du temps». Quelques perles?
«Sont-ce bien là, Raisons ma mie, Pour chialer, Dans la cuisine.» – La pharmacienne d’Yvetot
«Sur la terrasse, Sur les cimes, Où tout est bien pesé, On t’assassine, Sur la terrasse, Sur les cimes, N’y a-t-il plus de ciel pour nous foudroyer ces novices?» – Interroge la jument
«La boulange est foutue, Ça ne tient pas, Les braves gens ne viennent plus, On ne sait pas pourquoi, J’irai voir la mer, Voir les Pyrénées, V’là que la boulange est foutue, Mais qu’est-ce qui nous a fait ça?» – Tous mourus
Plus blues et jazz qu’à l’accoutumée, cette mélancolie dépressive poétique assumée est magnifiquement auréolée (comme d’habitude) par la voix langoureuse de Murat. L’auteur interroge subtilement la société dans lequel il vit et son constat n’est pas des plus réjouissants. Et on n’a aucune espèce de gêne à peindre le même tableau social que Murat! Ce qu’on aime de ce Monituri, c’est ce contraste entre cette drôle de sérénité musicale et ces magnifiques textes lucides (mais curieusement sereins) que nous offre l’artiste français.
Voilà une nouvelle parution française qui peut être aisément être associée au Sebolavy de Mickey 3d, mais on a une très nette préférence pour le travail sonore et littéraire de l’Auvergnat. Moins électro-pop et plus surréaliste. Bien entendu, c’est un album intemporel qui plaira sans aucun doute au mélomane avide et connaisseur de chanson française. Une autre réussite à ajouter au compteur déjà bien garni du songwriter.
On termine avec cette citation de Murat lue directement sur le site lesechos.fr: «Quand j’avais quinze ans, j’étais persuadé qu’une guitare électrique pouvait changer le monde. Aujourd’hui, j’entends à longueur de journée des spots publicitaires qui réduisent Ray Charles ou les Rolling Stones à un jingle de 15 secondes. Avant, il y avait de l’espoir, mais aujourd’hui c’est terminé. Je n’ai jamais pensé que je pourrais donner le meilleur de moi-même pour faire la bande-son d’une société de consommation».
Tout est dit!
LE LIEN EN PLUS
Je vous avais déjà parlé du FLEGMATIC, artiste repéré par LA SOUTERRAINE, dont Murat est une des références. Voici son magnifique titre inédit "sous influence" (version "naked")..
Et il vous demande de l'aider à pouvoir sortir ce titre avec MICROCULTURES... participez! Il est encore loin de l'objectif. Il y a urgence.
Et pour finir, encourageons-nous à profiter de la vie et de la nature, et à quitter nos connexions. 3 photos de ma sortie vélo d'hier: (pour quitter l'appareil photo, on verra plus tard).