Festival les Belles Journées, Jour 1 (première partie): Grand Blanc
Publié le 10 Septembre 2016
Le Festival les Belles Journées à Bourgoin-Jallieu vit donc sa 2e édition ce week-end. La ville a l'ambition d'implanter ce rendez-vous durablement et ne choisit pas la facilité en l'axant sur "la musique indé française"... et l'affluence était une nouvelle fois décevante. Pour ce samedi, avec la météo favorable (il avait plu l'an dernier), on peut tout de même espérer un meilleur score... d'autant plus que la Grande Sophie (au programme ce jour) lorgne vers un public plus large.
Ce vendredi, Laurent Toquet avait contacté une programmation qui m'est apparue plus rock que l'an dernier (Robi, autour de lucie, 49 Swimming pools, Aline)...
- A 18h30, les Lyonnais d'UBIKAR, qui sortent de la couveuse des Abattoirs - qu'ils ont remercié chaleureusement- ont joué devant une maigre assistance, mais se sont fait plaisir. Le trio livre un rock instrumental, marqué par la techno, presque parfois dub.
"Trio de rock électro originaire de Lyon, Ubikar propose un son à la fois organique et électronique. Leurs influences puisent autant dans le rock que dans la bass music. Un projet hybride donc, donnant lieu à plusieurs collaborations donc Ben Sharpa sur le dernier album « altitude.Zero » sorti en mars 2016.
Ubikar est engagé. Engagé à saisir la peine et à la ramener au sol. Puis marcher dessus d’un pas pesé. L’altitude se mesure au point zero. De là naît la lumière. Du bruit des pas qui foulent le sol. Du sol qui gronde".
Guitariste qui rejoint parfois son clavier, comme le bassiste. Sur quelques titres, un sample de voix intervient, ci-dessous... sur un seul titre, deux phrases criées:
Ce n'est pas trop mon truc...
- Deuxième groupe: Mensch, toujours des lyonnais... en l’occurrence des lyonnaises. Un duo guitare/basse avec boite à rythme, qui livre un rock puissant et eighties. "le duo mélange rock, kraut, pop, afrobeat et new wave et crée le son de Mensch… quelque part entre Lcd Soundsystem et Blondie… let’s dance and die !" . Du post punk quoi, Cure première période. Dire que c'est dansant un peu exagéré à mon avis, à moins d'être enfermé dans une cave bien sombre du côté de la Croix Rousse... mais il y a une belle énergie, malgré un côté un peu froid tant dans la musique que la présentation (certes, on ne peut pas faire du joy division en faisant tourner les serviettes). En tout cas, La presse a salué leur disque et j'ai apprécié le petit voyage dans le temps.
Grand Blanc apprécie (si, si... ça ne se voit pas sur cette photo, mais je vous l'assure).
- Grand Blanc semble avoir attiré quelques personnes. Les Inrocks les adorent... et je suis troublé par leur jeunesse... leur jeunesse qui les fait contester une éventuelle étiquette rock, et qui a assimilé et apprécié la techno et le rap. Sous des allures d'ado et les cheveux oxygénés, une musique simple, ils cachent des années de conservatoire ou des hautes études littéraires... Et qui plus est, ils ne sont pas si jeunes: autour de 25 ans! Ils connaissent même Jean-Louis Murat:
Est-ce que c'est ce décor qui vous inspire des idées noires, comme dans votre single sombre Samedi la nuit ?
Non, pas forcément. Notre chanson Samedi la nuit ne raconte pas seulement la débauche mais aussi le paradoxe de la jeunesse, qui éprouve une grande pulsion de vie en voulant se défouler et en même temps une grande pulsion de mort en prenant plaisir à se mettre en danger. Mais nous aurions pu avoir ces idées ailleurs. Jean-Louis Murat, qui vit depuis trente-cinq ans dans un village en Auvergne, a par exemple un problème avec la mort. Ce n'est donc pas un bout de gazon qui protège de la mélancolie. Ce qui est difficile dans une tentative artistique, c'est de trouver les moyens de l'exprimer. On peut la transmettre de manière très pure ou abstraite avec de la poésie. Mais il faut être un orfèvre. Comme nous n'avons pas vraiment ce talent et que ce n'est pas notre culture, nous préférons le faire avec ce que nous ramassons au passage, dans la ville et les environs.
Dans un texte descriptif pour introduire le groupe, vous mentionnez Alain Bashung. Vous inspire-t-il beaucoup pour vos écrits?
Je suis passé par plein de phases pour l'écriture, depuis mes 15 ans. Au départ je pastichais Beaudelaire puis j'ai parodié La Rue Kétanou. Ensuite je suis allé en prépa littéraire et j'ai mis beaucoup de temps à oublier qu'on n'a pas forcément besoin de traditions pour écrire. Les autres membres du groupe m'ont beaucoup aidé à perdre ces réflexes. Bashung quant à lui représente pour nous une période faste de la variété française. Nous ne souhaitons pas l'imiter mais nous aimerions que le climat de cette époque revienne. Nous avons d'ailleurs l'impression qu'il est un peu de retour avec des groupes comme Moodoïd, La Femme, Blind Digital Citizen, Granville… Ce sont des groupes que nous aimons bien, ils font une musique très instrumentale avec des textes marquants. Chacun à sa manière, ils font de la pop, dans un style énervé, tout en chantant en français. Nous avons donc des points communs. interview le Figaro
Propos repris ensuite:
Vous aviez dit quelque chose de très intéressant au sujet de Jean-Louis Murat dans une interview : « Ça fait 35 ans qu’il vit dans son village d’Auvergne, il a un problème avec la mort. Ce n’est donc pas un bout de gazon qui protège de la mélancolie. » Qu’est-ce que vous entendez par-là ?
Benoît : Je l’ai découvert il n’y a pas si longtemps, du coup j’ai lu des trucs sur lui. Je suis notamment tombé sur un blog qui parlait du rapport qu’avait Murat avec la mort. C’est quand même un thème assez présent. Il y a de la violence, il y a de la mort chez Murat et pourtant…
Vincent [il coupe] : Je crois que ce qu’on a voulu dire c’est que Jean-Louis Murat parle autant de mort que nous alors qu’il vit à la campagne. Ce n’est pas parce qu’il y a des usines autour de nous qu’on parle plus de la mort. C’est juste que ça travaille un peu tout le monde. Interview sur Buggin
Dans une 3e interview, Murat est même cité comme un souhait ou un rêve de collaboration... après Christophe, Christine and the Queen:
Benoît : Non mais Christophe, Murat, en tout cas dans le côté texte, ça peut être pas mal. Les premiers morceaux de Murat, je les ai réécoutés récemment, ça faisait longtemps, j’avais oublié qu’il avait eu une période avec des prod’ élitistes, trop bizarres avec des saxos complètement foireux… (rires) Interview addict Culture
le Grand blanc:
J'oublie de lâcher mon appareil photo durant le set et j'ai du coup l'impression d'avoir été survolé par la prestation, de ne retenir que l'énergie et l'électricité. Dommage car c'était le seul groupe du soir à chanter en français (un titre pour Mensch, et un titre pour Dominique Sonic).
On termine demain avec le reste du programme de la soirée: Rover et Dominique Sonic.
Et pour les autres, on se voit ce soir: avec Armand Mélies, la Grande Sophie, Broken Back... En attendant, je vais me coucher... parce qu'être en festival, avec une petite angine, ce n'est pas top...