Jean-Louis Murat ir-Radiant, Caluire, le 8 octobre 2013
Publié le 9 Octobre 2013
Je n’étais pas mécontent d’aller voir Murat ce mardi soir, malgré une fatigue certaine depuis qu’on m’a repris à courir sur un terrain le dimanche. Une set-liste un peu remaniée, des nouvelles projections vidéo, et l’envie de l’écouter tout simplement, ce que j’ai fait très peu cet été j’avoue… oui, bon, j’avoue là ! J’ai le droit ! Je n’écoute pas que du Murat !
Passage chez mes parents pour se faire ravitailler en produits du jardin, avant de remplir le coffre de l’habitacle d’émotions et de nourritures qui lestent, qui élèvent, qui assouvissent, repaissent… qui donne envie ou force d’aller au lendemain et au suivant en somme.
Le radiant de Caluire est une salle déjà ancienne, municipale, mais elle vient d’être confiée à Victor Bosch, le producteur de Notre-Dame de Paris, qui a perdu la « concession » du Transbo (Murat live) il y a quelques temps. L’homme que l’on croisait hier avec son étonnante fausse perruque de clown (puisque c’est du vrai) tente de faire du radiant le lieu incontournable de la chanson et de la pop (« l’olympia lyonnais »)¸ avec une programmation assez remarquable par sa densité. Le prix des places a fait râler certains, mais au vu de cette dernière (à l’appui de laquelle on ne pourra nier l’engagement de Victor Bosch), et du personnel présent lors des concerts (sécurité, placiers…), on comprend un peu mieux le tarif. Je rappelle que le spectacle de Murat étant vendu à la salle, Murat et le tourneur ne sont pas responsables du prix… A noter qu’on a eu chaud : Le tourneur C’est dans la boite a été mis en liquidation fin août !).
J'avais lu que l'acoustique était moyenne, mais des grands moyens ont été donnés pour l'améliorer. Quant à la terrasse donnant surplombant la vallée de la saône, c'est agréable (moins la bière en gobelet à 3 euros).
Billy, en première partie, qui a sollicité mon amitié sur FB il y a quelques temps, avait indiqué qu’elle commencerait à 20h pétantes et je prends donc place sagement, ce qui n’est pas le cas de nombreux spectateurs. La salle en configuration assise (650 places, il est indiqué qu’elle peut monter à 2424 places, et j’ai du mal à le croire) n’est donc qu’à moitié remplie. Carmen Maria Vega est présente pour soutenir son amie et fera la claque avec vigueur ! Billy a sans aucun doute de la personnalité, avec son intervention orale plein d’humour, et une belle voix, mais je n’ai pas été totalement conquis, sauf deux titres encourageants (sur le thème de l’âge, et la dernière sur le thème de la chasse aux sans-papiers, où le texte est concis et le travail sur la voix (avec sample) très réussi. C’est d’ailleurs son single :
Pendant le changement de scène (rapide, vu la configuration de la tournée !), la salle se remplit. Lyon fait honneur une nouvelle fois à Murat, même les premières notes de Fort Alamo ne suscitent pas d’applaudissement. Belle version, assez rythmée. Murat est assis, mais « ça ne pue pas la chaise »… et d’ailleurs Murat a ressortie la télécaster, ce que je préfère, au son plus clair que la dobro en fer (car le fer, ce n’est pas toujours mieux). Le public est acquis et le montre par une salve de clacs nourrissants. Bonne idée de débuter sur ce tube, même s’il mérite mieux que l’échauffement !
Murat a chaussé des lunettes noires, il les porte cette semaine, et c’est la première fois que je le vois ainsi sur scène. Il ne s’en explique pas comme il l’avait fait aux 3 concerts précédents. Ca offre parfois des impressions différentes, je pense à Bashung, puis quand il se fait plus doux à Roy Orbisson. Ainsi, assis, je me dis qu’il se rapproche enfin de ceux qu’il chérit, d’un vieux bluesmen… Mais il a abandonné le costume qu’il portait au printemps, et il a l’air plutôt en forme, et la comparaison s’arrête là…
Murat enchaine très rapidement les titres, souvent jouant les premières notes dans les applaudissements. Vraiment dommage à mon goût. Pas le temps de digérer, et l’impression légère qu’il expédie le moment, impression vite effacée en cours de chansons : Murat nous livre une partie de 6 cordes au poil, et met une belle intensité d’interprétation… même si on n’a pas la chaleur et l’énergie du concert debout, notamment sur Extraordinaire Voodoo (12e chanson), livrée version un peu déplumée (au printemps, la version s’envolait), même si le titre reste excellent.
J’étais impatient de réentendre Mirabeau… Il ne la joue pas cette fois solo, mais dans ce concert un peu speed, Murat crée un vrai temps en suspens, qu’on aimerait encore plus long. Je suis néanmoins un peu perturbé par le son de la percussion, au fouet mais sur autre chose que les toms ou la caisse claire, seul bémol de la prestation de Stéphane Reynaud, salué par Jean-Louis : « t’as l’air en grande forme ». Impatient de découvrir ce titre sur disque : il figurera sur la réédition de TOBOGGAN (sortie le 14/11, les 5 inédits seront bien sûr téléchargeables à part pour ceux qui ne peuvent refaire l’achat de l’album complet). Et à propos de ces inédits, on découvre celui qui n’avait pas été joué auparavant : Loï en -14. Murat qui parle pour la première fois du concert (7e chanson, « bonsoir, je vous ai déjà dit bonsoir ? je ne sais plus ») indique que c’est une encore une chanson sur la guerre de 14… Il cherche ce qu’il pourrait dire de plus, hésite, et puis… débute le titre sur lequel passe des images d’un monument aux morts. La chanson évoque plutôt les « au revoir » au moment du départ à la guerre. Pas totalement convaincu au départ ; sur la fin, je rentre un peu plus dans la chanson. A réentendre.
« L’occasion m’est venue » figure sur la set-liste au pied de Jean-Louis (pour le début de rappel)… mais comme toute cette semaine, Murat ne la joue pas. Elle reste donc totalement à ce jour inédite. Pas comme « MICHIGAN » (17e pour finir), et « l’eau de la rivière » (15e), que Murat a joué tout le printemps, et de nouveau ce soir. Des excellents titres.
Au rayon oldies, - « si je devais manquer de toi » (8e), version douce, avec une signification offerte aux spectateurs par la vidéo : celle d’enfants jouant dans une cour d’école. Les significations des chansons évoluent aussi avec l’âge et les périodes !
- « La Louve »… Après Lindeberg Business au printemps, Murat repioche dans les tous premiers opus. Il explique au public qu’il est preneur du disque. Une version assez down tempo par rapport à ce qu’on a entendu avec Clara en juin au KOLOKO.
- et… le grand moment du set : Ceux de Mycènes (de l’album du « moujik », devant des images de braises. Et le feu est aussi sur scène. C’est énergique et puissant, la guitare en avant… Très bon. Oui, entendre un titre que l’on n’a pas entendu depuis longtemps sur scène, cela fait du bien !
C’est le bémol de la soirée pour un assidu pour moi : difficile de créer des surprises avec « Ginette Ramade » (pourtant très jolie), « le champion espagnol » (pourtant réussie), et même « sans pitié pour le cheval » (pourtant… expédié en 3 minutes), bien entendue et réentendue depuis deux ou trois ans. Dommage car Murat fait l’économie de quelques titres de Toboggan, par rapport au printemps (dont les deux singles Over and over et le chat noir, c’est significatif – de ce que vous voulez), et de Belle, des titres dont je n’étais très friands. « Il neige » (6 min) fait l’objet d’une belle intro de près de deux minutes. Quant à Agnus del Babe, je n’ai pas accroché. Reste « j’ai tué parce que je m’ennuyais » et le doux « amour n’est pas querelle », qui est quand même une sacrée chanson d’amour :
Aimer c'est être aimé
Amour n'est pas querelle
Renforce-moi le cœur
De couleurs immortelles
Si tout est vanité
De ta flamme éternelle
Dresse ma vanité
Garde-moi le premier
Si jeune d'aventure
Au grand gouffre marin
Quelle mère en ma vieillesse
Tout à l'écart me tient
Que j'eusse aimé l'automne
L'automne ou bien l'hiver
Quelque part où que j'aille
Partout la chose amère
Ultime frustration : Caillou, autre titre qui aurait pu être joué, et pour lequel on est resté sur les galets ! Ca m’aurait bien plu de réentendre ça.
Je crois que j’ai fait le tour du show.
On retrouve quelques vidéos du printemps, mais certaines nouvelles sont très belles : sur Mirabeau, débutant par un ciel bleu, du coin droit se lève des arbres aux feuilles bien vertes, avant que l’on parte pour une balade en forêt le nez en l’air ; des belles cerises non cueillis sur je ne sais plus quel titre, et aussi, de belles feuilles d’automne, avec l’ombre de profil de Murat s’affichant sur le bord gauche des écrans. On a appris que Murat se serait bien passé de ces projections (d’où les lunettes ?), mais le spectacle ayant été acheté avec par les salles, il doit faire avec. Ça aurait été dommage de s’en passer au profit de 3 spots et de 4 ampoules, surtout si Jean-Louis reste assis !
J’ai été surpris de voir que le concert avait quand même duré une heure quarante… Malgré ce rythme étonnant entre deux chansons et l’absence de titres très étirés ou morceaux fleuve, et le peu d'interventions orales de Jean-Louis (une vanne syndicale sur l'OL...). Apparemment, je ne me suis pas ennuyé, et le public non plus car à la fin du rappel, les applaudissements se poursuivent un peu alors que les lumières s’allument. Reste néanmoins qu’on n’a pas eu l’ambiance et la fièvre d’un concert debout, même si l’intensité de l’interprétation et la précision de la guitare étaient là.
Je n’évoque jamais les contenus des chansons puisque je m’adresse bien sûr aux connaisseurs du Monsieur… mais quand même… Un concert de Murat, et surtout celui-ci, c’est aussi un voyage : de la grèce antique à la guerre de 14, du crime au chant d’amour pour ses enfants, au rivage des contrées de Jim Harrison aux évocations plus auvergnates d’il neige et des « salopes les plus osées ». Le progrès évoquait un Murat dans le plus simple appareil… guitare, batterie… mais et la voix ?, et les mots ?… C’est peut-être surtout eux qui font la véritable petite musique de Jean-Louis.
Mon destin est de batailles
aux confins des vallées
pour l'amour d'une garce
à la source des pleurs
aux confins des vallées
pour l'amour d'une garce
à la source des pleurs
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J'ai cessé de naître
Sur le grand lit de mer
Où tu m'aimais
Je démolis mes nerfs
A chanter l'amour passé
Besogne des commencements
Mon cœur est resté dedans
Des trépassés j'ai le tourment
Tranchant d'épée
Choix de morts
La guerre engage le corps
Au diable au diable
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Je me demandais si j’aurais envie de repartir vendredi pour 3h de route… et bien, je ne me le demande plus !
PS : Murat expliquait à la séance de dédicaces qu’il avait une entorse au pouce ; et c’est donc un peu compliqué pour jouer de la guitare ! Cela explique la ressortie de la telecaster plus facile à jouer, et peut-être le choix du tabouret…
NB: too much le titre... mais je ne résiste à aucun jeux de mots.
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Avec le concert de Murat à Lyon, on a la promesse d'un article du romancier lyonnais LAURENT CACHARD. Le voilà, écrit dans la nuit: