Scoops dans l'interview de la Depêche du 15/11
Publié le 15 Novembre 2011
On y apprend surtout que Murat a écrit pour Patricia Kaas et INDOCHINE encore. On en est au stade des projets ! A noter également une politesse de Murat envers Nicola Sirkis... comme quoi... Autre scoop: il travaille encore sur une BO...
http://www.ladepeche.fr/article/2011/11/15/1215645-quand-murat-fait-campagne-a-la-dynamo.html
chanson
La dernière fois, c'était à Odyssud, salle confortable et paisible pour chanteurs installés. Cette année, Jean-Louis Murat vient en concert à la Dynamo, sorte de petit Bikini généralement axé sur les groupes prometteurs. Dans le métier depuis des décennies, le chanteur auvergnat s'adapte à la crise, ne reniant rien de son exigence, quitte à y laisser des plumes.
C'est dur d'être chanteur aujourd'hui ?
J'ai toujours eu plus besoin de mécènes que de maison de disques ! Mais dans ce contexte délicat, il faut éviter l'amertume, la rancœur et prendre tout cela comme une leçon de vie. Le quasi-insuccès dans lequel se passe ma carrière me forge le caractère. Je suis beaucoup plus fataliste, j'arrive à mieux canaliser mes exaspérations. C'est sans doute cela la maturité.
« Grand lièvre » a été enregistré en quelques jours, « dans les conditions du live ». Et pourtant la palette musicale est très riche…
C'est le travail en amont qui compte. Et je trouve là ce que je cherche depuis pas mal de temps : la simplicité, la spontanéité. C'est l'avantage de la crise : il y a de moins en moins d'argent, on est obligé de travailler rapidement, d'agir comme au tir à l'arc, mettre dans le mille très rapidement.
Vous aimez les contraintes ?
Quand j'enregistre un disque, j'essaye toujours de définir ce que je mets sur la palette. Là j'ai décidé d'utiliser exclusivement une guitare acoustique 12 cordes et d'être accompagné par un trio basse-batterie-clavier. J'aime les paris, la contrainte peut être fructueuse.
Sur le plan des textes, l'humeur est plutôt mélancolique…
C'est très vrai sur ce disque-là. L'écriture des chansons s'est déroulée alors que j'étais dans une dépression carabinée. J'ai fini par passer mes nuits aux urgences avec les suicidés ! Je suis sorti du trou en 44 marches (44 chansons). Chaque jour, grâce à mon travail, j'allais un peu mieux. A la fin, j'ai eu l'impression de sortir et de voir la lumière.
La vie à la campagne est-elle si dure ?
Je vis au diapason des saisons et si ça ne va pas, j'attends le printemps. Vivre au milieu de la nature, dans une ferme isolée, fait partie du processus de survie même si on se prend tout : le froid, le vent, la pluie en pleine figure. J'écris des chansons dans cet univers-là, dans la sous-pente d'une petite bergerie, souvent la nuit. Il y a le ciel au-dessus de moi. Je vois passer des renards, des buses… des lièvres.
Comment vos enfants vivent-ils cela ?
Le matin, on fait le tour de la maison pour découvrir les traces d'animaux. Mes enfants n'ont que 4 et 7 ans, ça leur plaît infiniment de vivre à la campagne et pour le moment j'en profite. Je lutte contre le mythe du progrès épanouissant. La vie sans portable, sans télé, sans ordinateur, ça leur va. Ils préfèrent tellement construire une cabane à côté avec une hache et un couteau. Quand on leur a acheté une WII et une console DS, ils n'ont joué que 10 minutes puis tout est reparti dans les cartons. Entre l'écran et les bois, le choix était vite fait. Pour autant, je ne les tiens pas éloignés de la ville, j'essaye de les shooter à la réalité forte. Quand on part, c'est à Barcelone ou à New York, pas à Clermont.
L'an dernier, vous aviez écrit une chanson pour Françoise Hardy. Vous continuez ?
Oui mais pas pour elle. J'ai travaillé pour Isabelle Boulay et j'ai des projets avec Patricia Kaas, que je connais depuis ses débuts. Et j'ai proposé quelque chose à Indochine. C'est pas compliqué, pendant deux heures, j'imagine être le chanteur d'Indochine ; je vois le public, les refrains qu'il va reprendre. C'est agréable de s'adresser à 200 000 personnes plutôt qu'à 200 ! Et puis, Nicola Sirkis est la personne la plus polie du show-business. Je lui ai envoyé une chanson et il m'a répondu le lendemain. Souvent, on a aucune nouvelle pendant un an.
Et le cinéma ?
Je continue de travailler avec Laeticia Masson pour la musique de ses films. Comme acteur, j'ai pas vraiment envie. C'est un métier de fainéant idéal pour faire un hold-up. Mais il faut attendre des plombes pour dire trois phrases. On s'emmerde tellement, autant être bien payé. J'ai dit non à Michael Haneke, j'ai fait faux bond à Lars Von Trier. Je suis resté en état de nostalgie de côtoyer Kieslowski. J'avais écrit la chanson de « Rouge », j'étais parti à Varsovie. Il voulait travailler avec moi mais il est mort trop tôt. Il disait de moi : « Vous êtes un ange ».
Jean-Louis Murat en concert, jeudi 17 novembre à 20h30 à la Dynamo (rue Amélie), Toulouse. Tarif : 24€. Tél.05 62 73 44 77 (www.bleucitron.net).