Patrimoine de Clermont... de France et de Muratie... LA COOPE
Publié le 25 Septembre 2012
Un peu dans le creu dans le vague, découragé par des inter-ViOUS qui ne voient pas le jour, absorbé par la vraie vie et pris par une paresse profonde... je peux compter pour alimenter le blog, sur le capitaine barb'flowery of Clermont, the camarade Matthieu... alias Marceline De Blatin, le Professeur Matthieu LEWANDOVSKINOVICH, Huggy les bons tuyaux, le Michel Chevalet de l'information murato-scientifique... qui au risque de gacher un bloody sunday est parti en reportage... Il va vous raconter tout ça.
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Dans les coulisses de la Coopérative de Mai
(reportage mythomane)
# Samedi 15 septembre, 19h05 – Le coup de téléphone
Salut, je m'appelle Frédéric Plainelle, je suis journaliste – enfin ce qu'il en reste. Je couvre les infos locales, très locales : les fêtes de quartier, les réunions d'associations, les animations sportives, ce genre de conneries. Je bosse sur Clermont-Ferrand, pour divers canards – Le petit Clermontois, Le Puydômois éclairé, Le joyeux Bougnat. De temps en temps, pour mettre du beurre dans les épinards, je fais des piges pour Le blog de Paulo, un site internet sur Jean-Louis Murat, la « vedette » du coin. Ce soir-là, j'étais tranquillement en train de vider des bières dans un bar, tout en matant le match de l'A.S.M., quand mon portable s'est mis à sonner. C'était Paulo, justement.
– Salut, Fred, tu fais quoi demain ?
– Je dessoûle, comme tous les dimanches.
– Non, je veux dire demain après-midi ?
– Je viens de te répondre : je dessoûle.
– Ah... Bon, écoute, essaye de te modérer un peu ce soir, j'ai besoin que tu sois en état de marche demain, à 13 heures.
– Le jour du Seigneur, le repos dominical, ça te parle ?
– Comprends-moi, Fred, Murat n'a pas d'actu en ce moment, je n'ai rien à me mettre sous la dent. Alors il faut que tu me pondes un papier pour le site.
– Et c'est quoi l'événement d'envergure interplanétaire que je suis censé couvrir un dimanche ? Sa Majesté en train de promener ses moutards ?
– Je veux que tu me fasses un reportage sur la Coopérative de Mai. Demain, c'est les Journées du Patrimoine, il y a des visites guidées. C'est une occasion à ne pas rater.
– Putain, Paulo ! Tu veux m'envoyer faire la queue au milieu des ploucs qui vont aux Journées du Patrimoine ? On s'en branle de la Coopé, il habite pas là-bas Murat ?
– Sois pas idiot, il y a joué une bonne dizaine de fois. Et il déclarait encore l'année dernière qu'il était très attaché à la petite salle de la Coopé à cause des concerts pour Clermauvergne, que c'était sa salle préférée en France.
– Ouais, mais depuis il a dû raconter que c'était une salle merdique, avec une acoustique à chier... Tu le connais, le loustic, il change d'avis d'une interview à l'autre !
– Demain, 13 heures, à la Coopé. J'attends ton article dans la semaine. Je t'embrasse.
– Pas moi...
# Dimanche 16 septembre, 11h30 – « Get Up, Stand Up »
Je me lève tôt, disons plus tôt que d'habitude, pour être tôt en ville. Une douche, un coup de tondeuse histoire d'affûter ma barbe de trois jours, façon Gérard Holtz sur le Dakar, un reste de spaghettis froids, un Red Bull pour réveiller tout ça et je file rue Serge Gainsbourg.
# 13h00 – Le parvis
Je débarque devant la Coopé sur ma moto, quelque part entre Dennis Hopper et Gérard Klein. Quelques photos de concerts sont exposées près de l'entrée, des jeunes glandouillent derrière une table en attendant la foule pas encore arrivée, 4 types installent une protection contre le soleil au-dessus d'un stand où sont bradés des bricoles made in Coopé – cd, tasses, t-shirts, bouquins de photos, affiches... Tandis que je me gare, deux nanas en mini-short et débardeur m'abordent :
– Elle est cool ta moto.
– Moi je prépare le tour, vous m'ennuyez.
– Quel tour ?
Réflexion, perplexité, désabusion. Cette vanne, je suis censé la sortir quand je suis à vélo, pas à moto. Ça ne me réussit décidément pas de me lever avant midi.
– Bon les filles, je suis venu pour le taf. L'escalade, c'est bien joli, mais... J'ai pas le temps.
Là-dessus, je déboutonne ma veste multi-poches, je remonte mes lunettes de soleil sur le front, je sors mon dictaphone et je me mets en mode Albert Londres. C'est parti...
# 13h10 – Le hall
La visite débute dans le grand hall où l'on trouve peintures, sculptures, graffitis d'artistes locaux. Notre guide s'appelle David, c'est l'administrateur de la boutique. Il nous apprend que la salle appartient à la Ville qui en délègue la gestion à une association, Pop' Art, chargée de remplir plusieurs missions. En vrac, produire des concerts (ah bon ?), entre 120 et 140 par an, accompagner des artistes – figures locales ou grosses pointures en résidence (M, Bashung, Christophe...), faire de l'action culturelle auprès des collégiens ou des taulards, entre autres. La Coopé, si l'on en croit David, c'est 2,5 millions de budget annuel, avec 70% d'autofinancement, ce qui constitue une perf. C'est aussi 22 salariés permanents en C.D.I., plus quelques intermittents techniques en renfort. Parmi les 22, il y a Mathilde, qui s'occupe de la billetterie et qui nous fait un topo sur le sujet. Puis le petit train formé par la dizaine de curieux qui ont abrégé le déjeuner familial pour faire l'ouverture de la salle se met en marche.
# 13h20 – La scène
On traverse le local de sécurité décoré d'une affiche dédicacée de De Palmas (j'oserais pas leur dire en face, mais ils ont vraiment des goûts de chiottes les gars de la sécu...), le bureau de la billetterie et au bout d'un petit couloir jaune et rouge, on arrive sur la scène, par l'arrière. 200 m2 de plateau pour une salle de 1500 places. Nicolas, le régisseur, nous présente la technique : le dispositif d'éclairage, de plus en plus informatisé (certains projos peuvent avoir jusqu'à 24 paramètres de réglage...), la régie façade depuis laquelle on s'occupe de la lumière et du son dans la salle, la régie scène d'où est géré le retour des instrus pour les musiciens. Un autre Nicolas, sonorisateur celui-ci, nous explique en détail le fonctionnement de la console qui compte à peu près autant de boutons qu'un visage d'ado acnéique. Son boulot à lui consiste à régler le son l'après-midi, pendant les balances, et à être ultra-attentif le soir, pendant le concert, pour réagir aux demandes des musicos. Nicolas se moque pas mal que les mecs soient cool ou tatillons, il attend surtout qu'ils aient un point de vue. Le plus emmerdant, nous dit-il, c'est quand les types ne savent pas ce qu'ils veulent. Très en verve, Nico nous précise aussi que pour bosser ici, il faut aimer la musique et aimer faire la fête. Mais attention, pas n'importe comment : de bonnes fêtes, avec un bon état d'esprit. Manifestement, il a l'air de savoir de quoi il cause...
# 13h40 – Le taulier
On travers la salle, on en fait le tour par les couloirs supérieurs (900 m3, c'est grand vu d'en haut), le local de ventilation, les escaliers, puis on arrive à un étage aux murs rouges, violets et blancs. Au bout du couloir, après le bureau de l'administration et celui de la communication, on trouve celui du « Grand chef » (c'est écrit sur la porte). Didier Veillault en sort et nous parle de son job de directeur. Sans fausse modestie, il nous dit à quel point il est content de la programmation de fin d'année – « l'une des plus belles de France ». Il évoque également les liens privilégiés que la Coopé a su créer avec certains artistes (M, Dionysos, Shaka Ponk...). Et puis soudain, c'est l'incident. L'un de mes compagnons de visite, qui bosse lui aussi dans l'organisation de concerts, décide de profiter de sa rencontre avec Veillault pour faire une formation accélérée. 25 questions en 10 minutes. Je cherche des yeux un extincteur pour l'assommer, j'en vois pas. Le type connaît par cœur le prix de la location de toutes les salles, Stade de France compris. Un fou ! Veillault, magnanime de patience, répond à toutes ses questions... quand l'autre le laisse parler. Heureusement, David siffle la fin de la récré. Il est l'heure de partir, le convoi redémarre. Tchou-tchou !
# 13h55 – Le catering
Ce nom à la con désigne en fait le lieu où les artistes se retrouvent pour becter. C'est la cantine, quoi. Nous voilà donc dans une salle de 30-40 places, avec des photos de Gainsbourg sur les murs, dont une où on le voit dans son bain. Couleurs vives, atmosphère chaleureuse. Le catering est géré par Six-Trois, une assoce d'insertion. Le service et la cuisine sont donc assuré par des jeunes (ou des moins jeunes) à qui on essaye de redonner le goût du boulot. Anne fait partie de Six-Trois. Elle nous explique que la bouffe, dans une salle de concert, c'est vachement important, que les musiciens, entre eux, se refilent les bonnes adresses et que la Coopé est très réputée pour la qualité de sa cuisine, entièrement préparée sur place. Heu, on peut avoir un aperçu ? Bah non, c'est les Journées du Patrimoine, pas la Semaine du Goût... Globalement, les artistes ne seraient pas trop chiants au niveau des exigences. Anne a bien vu débarquer une fois une star internationale avec ses propres frigos et ses propres cuistots, mais c'est plutôt l'exception qui confirme la règle. La demande la plus space qu'on lui ait faite ? De l'ananas pelé, coupé en carpaccio et reconstitué. Ah ouais, quand même...
# 14h10 – Les loges
Le ventre vide, nous repartons dans un dédale de couloirs aux murs couverts de photos – tiens, j'en aperçois une de JLM, période Le cours ordinaire – qui nous mènent aux loges. Au total, il y en a 4 – plus 2 salles de bain et un bureau de prod. La loge Coopé, la loge Gainsbourg, la loge Bashung et la loge consacrée aux groupes locaux. (Et la loge Murat, bordel, elle est où ? Allez, je parie qu'après sa mort, on rebaptisera la petite Coopé salle Jean-Louis Murat. Ça lui fera une belle jambe...) Dans la loge Bashung, une belle photo du monsieur prise par le fameux studio Harcourt. Arrivé à ce stade de notre balade, il est quand même temps que je vous présente un autre Jean-Louis, celui chargé du nettoyage, qui nous accompagne depuis le début. Très sympa, il apporte des précisions, raconte des anecdotes. Fumeur, il reconnaît pourtant qu'il apprécie la loi interdisant le tabac dans les lieux publics quand il fait le ménage le matin. Concernant les loges, Jean-Louis a quelques souvenirs de dégradations, mais rien de très spectaculaire. De toute façon, il avertit : en cas de problème, les gars auront affaire à lui. On apprend quand même que tel Américain a quasiment fait installer un appartement dans sa loge, que tel leader d'un groupe français serait un poil prétentieux et que tel soutien de François Hollande aurait quitté la Coopé à peine arrivé... pour aller faire un golf à Vichy. Normal. À part ça, rien de sensationnel. Est-ce que les musicos sont moins rock n' roll que la légende le prétend ou est-ce le personnel de la Coopé qui sait se montrer discret ? Chacun se fera son opinion.
# 14h20 – La Pépinière
Après un bref passage par le club (la petite Coopé, 464 places, une scène de 35 m2), on sort pour aller jusqu'à Polydome à la découverte de la Pépinière de Mai. Cette structure a été inaugurée en 2011 et est située dans les locaux de l'ancienne coopérative Michelin. Les escaliers et l'ascenseur sont d'époque. Prudent, je prends les escaliers. Comme son nom l'indique, la Pépinière aide les jeunes pousses à grandir, depuis la simple recherche de dates de concerts jusqu'à celle, plus compliquée, d'un label. François, le patron du lieu, énumère les outils mis à la disposition des artistes pour les aider à se développer : bureau, photocopieur, boîte à lettres, grande salle de réunion... François est très fier d'un nouveau jouet, apparemment bien utile : l'e-mallette, une clé U.S.B. qui contient toutes les infos administratives et juridiques (réactualisées automatiquement) pouvant servir à des musiciens débutants, pas forcément très doués pour la gestion – hé non, tous les chanteurs sortent pas d'une école de commerce comme Goldman... Notre guide-jardinier nous avoue que son plus grand plaisir est de voir les gens s'en aller. Ça a été par exemple le cas de Riot House Production, une boîte de prod audiovisuelle composée exclusivement de musicos, qui est partie s'installer dans des locaux plus vastes dans la banlieue de Clermont. On termine cette visite par un tour dans le bureau de Kütu Folk où l'on trouve des machines à coudre, un outil devenu la mascotte du label – je rappelle que celui-ci a la particularité de fabriquer des albums dont la pochette est cousue. On apprend d'ailleurs que Singer a signé un partenariat avec Kütu. Est-ce que Christophe Pie, quand il ne joue pas derrière St Augustine et The Delano Orchestra, 2 membres du collectif, manie un peu l'aiguille et le dé à coudre ? J'ai oublié de demander...
# 14h35 – Retour sur le parvis
Fin de la visite, je fais le point : le personnel est très accueillant, le directeur est ravi de sa programmation, les artistes ne font pas de caprices, la bouffe est excellente et tout le monde aime faire la fête... Autrement dit, tout est parfait. Pour un peu, on se croirait chez Drucker, dont l'émission doit passer en ce moment-même. Mon papier pour Paulo risque de ressembler à un publireportage. Mais bon, on est dimanche, il fait beau, c'est les Journées du Patrimoine et tous les gens que j'ai croisés avaient l'air sincèrement passionné par leur métier. Je ne suis donc pas d'humeur à jouer les muckrackers. J'écrirai La face cachée de la Coopé une autre fois...
# Bonus Track
Je suis peut-être mythomane, mais je n'en reste pas moins un journaliste intègre. On pourra vérifier toutes ces infos et même faire une visite virtuelle de la Coopé, pour mettre des images sur ce reportage, à cette adresse : www.lacoope.org. C'est aussi là qu'on pourra trouver le détail de la programmation, qui fait effectivement envie. À noter que sera organisé vers le 1er décembre un grand concert gratuit pour lancer la sortie d'un album de chansons de Noël enregistrées par une flopée de groupes du cru. Un beau cadeau pour les fêtes. Mais ce sera sans le Père Noël Murat qui a renoncé au projet pour des raisons d'emploi du temps (entre autres). Il faudra donc, sauf surprise, attendre 2013 pour revoir le nom de JLM sur une pochette de disque.
Frédéric PLAINELLE pour Le blog de Paulo.
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PAULO, rédacteur en chef du Muraily'Planet:
- Et mon coco, va falloir retailler ça en 5000 caractères... pour qu'on puisse glisser ça entre deux vrais infos... Ca sent le remplissage! Et aucune info sur sur notre supermuran... quoique... Tu annonces quand même une mauvaise nouvelle: l'album de NOEL promis l'année dernière ne se fera pas sous la direction de JLM... Et ce n'est pas parce que, selon mes sources à moi, Murat se désintéressait du projet... Il était même emballé par les titres prévus... Ca nous aurait permis de dire qu'il n'est pas complétement égocentrique comme son discours à Paris le laisse voir... et qu'il est capable d'aimer des artistes français... même ceux qui chantent en english. Dommage.
A part ça, j''t'avais dit: "tache de trouver du croustillant... au minimum du people!"... alors faudra me réécrire tout ça en parlant des souhaits de Morrissey par exemple... Même la Montagne avait eu des infos, mon coco! dans son numéro spécial sur les 10 ans de la coopé... Et puis quoi.. François... c'est Audigier... connu comme le loup blanc sur le net...FB.. et bien sûr, presque un membre de la famille quoi... Va falloir que tu connectes, mon poilu si tu veux être à la pointe de l'actu!!
Et puis la prochaine fois, faudra demander de visiter l'étage de la petite coopé... histoire de vérifier l'état à la suite du dernier Koloko... Je parie que ça sent encore le Salers.
PS : excellente, ta vanne sur "je prépare le tour"... mais tu nous prends pour un fanzine crypto-muratien? On vise le grand public. Alors, fais nous plutôt une blague sur VGE, l'ASM ou BIB...
2e PS : Evite de me mettre en scène... Est-ce que moi je parle de moi? hein?
3e PS : Merci d'éviter de parler de François Hollande. Je sais que tu penses que c'est parce que je suis marié avec Geneviève Fioraso... mais pas du tout. c'est juste que notre actionnaire principale doit récuper un marché public.
NB: j'attends tes corrections pour la conf de rédac de lundi, 8 heures. Alors, tu mets une croix sur les bières, ok.