THE DELANO ORCHESTRA (discographie commentée)
Publié le 5 Décembre 2013
- allo, Paulo?
- oui, mon pigiste préfé...
- laisse tomber la lèche... et t'arrête tout ce que tu fais, et tu te mets de suite à la mise en ligne de mon texte, j't'ai mis les photos et les liens
- mais...
- écoute, tu t'y mets, sinon je signe à la Montagne ou chez Lebras!
- ok, ok!! Je m'y mets!!
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TE DEUM POUR TDO
Dans sa fameuse étude sociologique consacrée à la population muratienne, le Professeur Lewandoskinovich ne disait rien de ces drôles de spécimens qui apprécient à la fois le chanteur d'Orcival et The Delano Orchestra. Alors que J.L. Murat se produira samedi prochain sur France Inter accompagné par ce groupe, faudrait-il envisager de créer la catégorie des muratiens-delanoïstes ? N'allons pas trop vite en besogne et profitons de cette rencontre inédite pour mieux faire connaissance avec la formation d'Alexandre Rochon, le temps d'un bref survol de sa discographie.
Pour les suiveurs les plus acharnés de la carrière de Jean-Louis Murat, le nom de The Delano Orchestra est loin d'être inconnu. Il est en effet arrivé en quelques occasions au chanteur de faire allusion à cette formation, la décrivant comme un « très bon groupe » lors d'un passage sur France 2 ou évoquant récemment en des termes chaleureux le label Kütu Folk, dont TDO est l'un des fers de lance. Par ailleurs, Alexandre Rochon (anciennement Derek Delano, d'où le nom du groupe) confiait en début d'année à Magic quel lien affectif particulier il avait avec la chanson « Au mont Sans-souci ». La preuve qu'avant les épousailles prévues samedi prochain, Murat et TDO ont pris le temps de s'observer ・ à distance. Un premier flirt a même déjà eu lieu le 7 avril 2010, lors d'un des rares concerts donnés par JLM à la Coopérative de Mai en dehors de Koloko, puisque TDO officiait ce jour-là en première partie du quatuor Murat-Jimenez-Reynaud-Clavaizolle, pour une prestation audacieuse, à défaut d'être toujours enthousiasmante, au cours de laquelle le groupe avait alors joué l'intégralité de son troisième album, neuf morceaux enchaînés pendant trois quarts d'heure, sans le moindre applaudissement de la salle (à la demande du chanteur).
Il faut dire que ces contacts discrets et pudiques entre le patriarche local et l'une des têtes de gondole du folk-rock clermontois trouvent leur explication dans l'existence d'un homme plutôt bien placé pour jouer les entremetteurs : Christophe Pie, ami de Murat depuis près de trente-cinq ans et batteur du Delano Orchestra depuis près de quatre ans.
Avant de découvrir ce qui sortira de la rencontre historique de samedi ・ rappelons que Murat n'a jamais joué avec une formation aussi étoffée, comprenant notamment un violoncelle et une trompette ・ il peut s'avérer intéressant de se plonger avec plus d'attention dans la musique produite par les musiciens qui vont accompagner Murat sur la petite scène de la Coopé. Voici donc une brève rétrospective, effectuée avec une oreille totalement subjective, des cinq albums publiés à ce jour par The Delano Orchestra.
A little girl, a little boy and all the snails they have drawn
Ce premier album sort en 2007, avant d'être réédité sur un label plus important l'année suivante. Le trait marquant des quatorze chansons qu'il contient est sans doute la voix du chanteur. Frêle, fatiguée, comme venue d'outre-tombe, elle traverse les morceaux sans paraître sensible aux sonorités qui l'entourent et à la présence des autres instruments (la voix est en effet utilisée ici de manière assumée comme un instrument parmi d'autres), qu'il s'agisse de la batterie, du piano, de la trompette ou des guitares. Au fil de l'album, cette voix souvent voilée se fera lointaine, parfois quasiment inaudible. À son sujet, on pourrait effectuer un parallèle avec celle de JLM. Certains auditeurs adorent la voix de Murat, estimant que c'est l'une de ses principales qualités. Ceux-là se pâment sur le refrain d'« Emotion » ou roucoulent de plaisir sur celui de « Fouououououououle romaine ». D'autres, à l'inverse, lui reprochent plutôt de chanter comme s'il avait une patate chaude dans la bouche. Les réactions à la voix d'Alexandre Rochon peuvent être du même type : les amateurs la trouveront fragile et touchante, ceux qui n'y sont pas sensibles la condamneront pour son maniérisme. Du coup, à propos des chansons de cet album, les premiers parleront de délicatesse, les seconds de léthargie. Disons, pour tenter de contourner ce clivage, que ce disque révèle un souci évident de raffinement, un goût pour le travail soigné, une volonté d'explorer différents territoires, tout en affirmant avec panache des choix esthétiques très clairs, et avouons aussi que toutes ces belles intentions ne nous semblent pas pleinement réalisées.
À l'intérieur de la pochette ・ cousue main, comme toutes celles du label ・ on trouve un dessin composé de points numérotés à relier, semblable à ceux que l'on donne aux enfants pour leur apprendre à dessiner. Celui-ci représente un escargot. On peut en déduire que The Delano Orchestra est un groupe qui a l'intention de prendre son temps et d'avancer à son propre rythme, que ce soit dans sa musique ou dans sa manière de travailler, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Mais l'aspect inaccompli du dessin correspond aussi à cet album, porteur de belles promesses qui restent à tenir. Ce premier opus permet toutefois à TDO de pointer ses antennes hors de sa coquille et c'est le plus important.
♥ Gros plan sur... « Outro » : Un thème qui se répète pendant plusieurs minutes, d'abord à la trompette, puis au piano. Une voix, toujours aussi caverneuse, qui chuchote. Pourquoi mettre en avant ce morceau de clôture (« Outro » est l'inverse d'« Intro ») ? Parce que ce titre deviendra un morceau culte de TDO, souvent joué sur scène, un espace où son crescendo splendide réunissant progressivement tous les instruments du groupe jusqu'à l'apothéose finale, provoque à tous les coups des frissons de plaisir et d'émotion chez les spectateurs. Ici, nous avons donc une version embryonnaire d'un morceau magnifique, comme l'indice d'un groupe encore en gestation, mais dont on attend déjà beaucoup.
Will anyone else leave me ?
Ce deuxième album sort en avril 2009 et voit l'arrivée d'un homme important : Guillaume Bongiraud, le violoncelliste. Sa présence discrète nous apparaît déterminante sur ce disque en apportant aux chansons non seulement le velouté et la sensualité propres à son instrument, mais en les dotant surtout d'une assise. Mieux : le timbre du violoncelle semble décharger le chanteur d'un poids, comme si une seconde voix venait s'associer à la sienne, l'autorisant à se libérer. Et de fait, la voix de Rochon est un peu plus présente, mais aussi plus nuancée, moins monochrome. Elle atteint même par instants des sommets de subtilité, mêlant tout à la fois la plainte élégiaque (frôlant l'extinction) et les soupirs orgasmiques. Autour de ce souffle nettement plus ardent que sur le précédent album, l'orchestre dans sa totalité se montre lui aussi plus fringant : la section rythmique est plus solide, les guitares électriques plus en avant, la trompette abandonne sa retenue lointaine et The Delano Orchestra donne enfin l'impression de réellement exister en tant que groupe. Il y a davantage de nervosité et de tension et c'est tant mieux, l'écueil permanent menaçant TDO étant une certaine mollesse. On n'en trouvera pas de trace ici, sauf sur la fin du disque. Mais dans l'ensemble, celui-ci est plus consistant que le précédent. On se surprend même à fredonner des mélodies et à éprouver l'envie de se trémousser, ce qui semblait inimaginable à l'écoute d' A little girl.
♥ Gros plan sur... « The Escape » : Un morceau de 8'30'' à l'architecture complexe faite d'une succession de séquences très différentes : une série de détonations électriques qui installent une atmosphère oppressante ; un passage guitare (acoustique)-voix (frêle, risquant la brisure) ; une fausse fin à la guitare seule, suivie d'un long ballet où le violoncelle de Bongiraud et la trompette de Quinet s'entremêlent avec une merveilleuse élégance ; le climax du morceau, à 7'05'', quand tous les instruments s'expriment en un ensemble palpitant qui rappelle l'intensité des musiques de Morricone précédant les scènes de duel dans les films de Leone ; enfin, le retour du couple guitare-voix pour une conclusion apaisée. Dans quelques années, quand des contacts plus avancés auront été établis avec les Martiens et que nos nouveaux amis nous demanderont de leur parler du Delano Orchestra, nous pourrons leur suggérer d'écouter « The Escape » qui leur donnera une idée assez juste de la quintessence d'une facette importante de la production de ce groupe. En attendant, nous nous permettons d'en recommander l'écoute à tous les Terriens qui nous liront.
Now that you are free my beloved love
Cet album (NTYAFMBL pour les intimes) sort en 2010 et affiche d'emblée une particularité à la hauteur de l'audace coutumière du groupe : il est composé de neuf titres enchaînés et enregistrés d'une traite (dans une ancienne boucherie). Ce disque marque aussi l'arrivée au sein du Delano Orchestra d'un nouveau batteur, Christophe Pie succédant à Baptiste Fick (le livre de Patrick Foulhoux, récemment évoqué sur ce blog, nous apprend d'ailleurs que c'est Christophe Adam qui fit entrer le loup Pie dans la bergerie Kütu Folk). À nos oreilles, cet album possède les qualités du second et les faiblesses du premier. Concrètement, quatre chansons se rapprochent plutôt d'A little girl... et quatre de Will anyone... On y entendra donc de l'électricité, de vraies mélodies, des crescendos savamment maîtrisés, un chant plus libéré ・ Rochon se permettant même quelques cris (si, si...) ・ pour un résultat très plaisant, de « Not an ending », qui débute comme un duel Rochon/Pie, jusqu'au morceau final éponyme, synthèse périlleuse mais brillante du disque constituée de bouts de mélodies et de rythmes des huit chansons précédentes. Quelques titres souffrant d'un minimalisme excessif nous semblent moins convaincants.
♥ Gros plan sur... « Modest Life » : On aurait pu choisir le morceau final évoqué à l'instant, mais on préférera finalement s'arrêter sur « Modest Life » qui prouve que TDO est capable de signer un véritable tube pop-rock (il s'agirait véritablement d'un tube si les radios le diffusaient, mais ceci est une autre histoire...). Chant rapide, presque hargneux, allant jusqu'à l'essoufflement, énergie tout en électricité, avec distorsions finales, batterie impeccable. Ce n'est certes pas le titre le plus créatif de TDO, mais tout bêtement une chanson carrée, de 3'35'', à l'efficacité redoutable. Et même pour un groupe classé dans l'indie-rock, cela n'a rien d'indigne.
Eitsoyam
Ce quatrième album dont le titre sonne aussi joliment qu'il est mystérieux nous est arrivé en tout début d'année. Plus de deux ans se sont donc écoulés depuis la sortie de son prédécesseur, permettant au groupe de se produire sur scène et à certains de ses membres de vivre d'autres expériences. Le résultat est plus que convaincant. Sur treize titres, près d'une dizaine donne envie d'appuyer sur la touche REW de son lecteur de disque pour une réécoute immédiate et beaucoup d'entre eux sont dansants. Car Eitsoyam explore un territoire relativement nouveau pour TDO, celui d'une pop légère, léchée et très entraînante. On trouve d'ailleurs sur ce disque une variété de rythmes plus grande (à l'intérieur des morceaux et entre eux) que sert parfaitement le jeu de batterie de Christophe Pie. Et ce n'est qu'à la fin que l'on prend subitement conscience que deux des instruments, le violoncelle et la trompette, qui donnent d'habitude au groupe son cachet et, dans les meilleurs moments, sa flamboyance, se tiennent ici plutôt en retrait. Manquent-ils ? Même pas. Plus discrets, car fondus dans l'orchestre, ils n'en sont pas moins importants, mais ce retrait stratégique permet au Delano Orchestra de ne pas tomber dans l'auto-caricature et d'ajouter de nouvelles couleurs à sa palette.
♥ Gros plan sur... « Light Games » : Plusieurs titres auraient mérité d'être mis en avant, notamment « Wake up » et sa construction très élaborée ・ une chanson par ailleurs idéale pour faire chanter le public lors des concerts. Mais on retiendra ici « Light Games », véritable pop song dans laquelle Rochon chante une mélodie très accrocheuse sans que sa voix perde pour autant le côté plaintif et fragile de ses débuts. Et l'on en vient alors à se poser cette question existentielle : par quel mystère ce qui nous agaçait sur l'album de 2007 nous séduit sur Eitsoyam ? Réponse : en raison de ce côté pop et dansant, précisément. Ici, la fragilité de la voix n'est plus lestée par un repli autarcique étouffant, mais au contraire transcendée par le rythme, sans rien abandonner de la beauté qu'elle dégage ni de l'émotion qu'elle peut susciter. Il faut dire que le chanteur semble épanoui : « How much I felt alive / Ready for a new love ». Cette fois, l'escargot est définitivement sorti de sa coquille, il est parti danser le jerk à la B. Box et on n'est pas prêt de le rattraper...
MVAT MVCT MLWY
Bien que ce dernier disque en date de TDO ait été publié il y a plus de sept mois, les équipes de déchiffreurs de la NSA seraient toujours en train d'essayer de décrypter son titre au moment où l'on écrit ces lignes... Ce projet, d'abord expérimenté sur scène sous le tirtre The Escape, consiste en une transposition sous forme classique d'anciens titres du Delano Orchestra ・ travail effectué par le tandem Rochon-Bongiraud. De la musique instrumentale donc (interprétée principalement par un quatuor à cordes et un piano), de la musique de chambre et de la musique avec une multitude de petits bruits plus ou moins identifiables autour. Un album pour rêvasser et laisser vagabonder son imagination. Ça froisse, ça grince, ça ruisselle, ça piétine et dans cette ambiance féérique, les cordes et le piano se laissent parfois aller à des envolées lyriques. Comme toujours avec TDO, le risque d'un minimalisme mollasson guette, mais outre qu'il faut saluer l'audace du projet, on ne peut qu'être séduit pas la sensualité bucolique de certains morceaux et par cette sensation rare d'une dissonance harmonieuse qui émane de l'ensemble de l'œuvre.
♥ Gros plan sur... « MVCT » : C'est en effet dans le quatrième morceau du disque que l'union du piano et des cordes est sans doute la plus réussie. Un titre qui progresse en douceur, n'opte pas pour la carte (facile) de la joliesse néoclassique, mais parvient à accéder à une vraie beauté. Une légère trompette arrive vers la fin, avant que des bruits de pas indiquent l'éloignement d'on ne sait qui, vers on ne sait où. MVAT : Marcher Vers (d') Autres Territoires ?
La voix et le violoncelle pour les caresses et les mots d'amour murmurés à l'oreille (pas que des chevaux, non, non...). La basse, la batterie et les guitares électriques pour l'excitation, les palpitations, les secousses de la passion vécue comme défi lancé à l'autre ・ sauras-tu supporter autant d'amour? La trompette pour l'exultation et l'élévation vers l'orgasme. Schématiquement, on pourrait décrire The Delano Orchestra ainsi. Ce serait pourtant beaucoup trop simple, on aura en effet compris que ce groupe est capable de surprendre et de décoller les étiquettes ・ nombreuses! ・ dont on cherche à l'affubler. Saura-t-il alors emmener Jean-Louis Murat vers des contrées inexplorées à l'occasion du concert de samedi prochain ? Peut-on rêver que, dans un Clermont glacial, le TDO escorte JLM à la découverte de nouvelle taïgas ? La réponse ne tardera pas. Espérons simplement que le chanteur, admirateur des grands conquérants, se montre à la hauteur de l'événement. Cette fois, il y aura deux millions d'auditeurs.... Et à propos : les muratiens-delanoïstes, combien de divisions ?
Bonus Track : Le concert de Murat et du Delano Orchestra aura donc lieu samedi 7 décembre, à 10h00. Comme indiqué plus haut, il sera diffusé en direct sur France Inter, ce qui donnera la possibilité aux personnes n'ayant pas la chance de pouvoir se rendre à la Coopérative de Mai de l'entendre. Évidemment, un concert radiodiffusé ne vaut pas une prestation en live. Reconnaissons-le, voir les artistes en chair et en os présente tout de même quelques avantages...
M.
N. B :Les très belles photographies de Christophe Pie et de Julien Quinet sont l'œuvre de Thierry Loustauneau, alias Lolito de Palermo, dont on pourra admirer d'autres belles photos de scène sur Flickr : http://www.flickr.com/photos/lolito_de_palermo. La photographie de Guillaume Bongiraud est due à Nicolas Auproux, également auteur de splendides photos de scène : http://nicolasauproux.com/.
LES LIENS EN PLUS:
Celles et ceux qui voudraient non seulement écouter les disques énumérés ci-dessus, mais également tâter leurs emballages cartonnés, peuvent se rendre sur le site du label : http://kutufolk.com/
À noter, pour les amateurs et les curieux, que les deux derniers albums du groupe se trouvent dans un pack de Noël contenant les autres disques du label sortis cette année, ainsi qu'un beau sac en tissu. Tous les renseignement sont disponibles sur les pages Facebook du label : https://www.facebook.com/pages/K%C3%BCtu-Folk-Records/155056833530 et du groupe : https://www.facebook.com/pages/The-Delano-Orchestra/19564979675
Et pour mettre des images sur tous ces sons, l'on pourra visionner quelques clips du groupe (notamment le dernier, « November ») sur vimeo : http://vimeo.com/search?q=The+Delano+ORchestra
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Désolé Matthieu: diverses problèmes techniques sur la mise en ligne, notamment impossibilité d'insérer des liens hypertextes, photos qui ne s'insérent pas... Voilà deux jours que ça plante.
Voici quelques liens sur les archives pour "aller plus loin" et sourcer l'article que Matthieu avait sélectionné pour vous (je ne sais pas tout de ses pratiques, mais au moins il a des saines lectures):
http://www.surjeanlouismurat.com/article-muratiens-ou-qu-est-ce-106222509.html
http://www.surjeanlouismurat.com/article-sa-voice-dans-la-voix-du-nord-117281042.html
http://www.surjeanlouismurat.com/article-planete-musique-mag-interview-et-live-avec-jean-louis-murat-98070792.html
http://www.surjeanlouismurat.com/article-on-aime-encore-jean-louis-murat-a-clermont-114524138.html
Comptes-rendus de concert:
http://www.surjeanlouismurat.com/article-mon-compte-rendu-de-clermont-48331717.html
http://www.surjeanlouismurat.com/article-the-delano-orchestra-et-syd-matters-58982287.html