Eryk E, crityque de son Concert A
Publié le 26 Avril 2016
Concert A comme 1er concert, premier concert véritable, et M. était là, pour son plaisir... Il revient pour nous sur cet événement... et petite surprise, il vous offre la possibilité de gagner le disque "Seize" qu'Eryk a finalement sorti dans une belle édition physique (un beau collector). Une petite question toute simple vous attendra en fin d'article ce soir à 18h00 (26/04).
- De quoi? y'a des retardataires? M'enfin, faut suivre: Eryk E, c'est le dernier artiste avec lequel Jean-Louis Murat a travaillé (en lui offrant 3 textes et sa guitare). Retrouvez son interview ici et une petite chronique sur son disque là.
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C'est au Puy-de-la-Lune, à proximité de la place de l'Étoile, qu'Eryk Einsenberg invitait ce mardi 19 avril à la découverte scénique de son univers musical, sous le nom d'Eryk E. En attendant de pouvoir rêver un jour d'un Olympia pour lui tout seul, il se présentait lors de cette soirée en trio, dans un Caveau de la Michodière petit mais comble, pour ce qui était son premier véritable concert – après un mini-tour de chauffe en février.
À ses côtés, dans ce voyage d'une heure et demie environ, il put compter sur Frédéric Leclair, dit Lézard, qui réussit à nouer à la guitare électrique un intéressant dialogue avec et en contrepoint du clavier, l'ensemble compensant sans trop de difficultés l'absence de section rythmique. Si Lézard est un excellent instrumentiste, dont la réputation dans la région n'est plus à faire, on regrettera pourtant qu'il soit resté un peu en retrait ce soir-là, alors qu'il n'hésitera pas à s'affirmer davantage, quatre jours plus tard, à la Coopérative de Mai, pour le concert de lancement du nouvel album de John Brassett (dans un style musical, il est vrai, fort différent).
À sa décharge, il faut dire qu'il avait pour voisine, au centre de la scène, la chanteuse Gaëlle Cotte, qui capte immédiatement l'attention. Toute de vert vêtue, un fichu dans les cheveux, la jeune femme se fit volontiers joueuse pour solliciter le public, combler les temps morts ou taquiner la vedette. Comme tous les (bons) acteurs, elle brilla aussi par sa qualité d'écoute oscillant légèrement sur sa chaise haute, l'air songeur, un regard bienveillant posé sur le chanteur, lors des escapades en solo de celui-ci. Vocalement, elle démontra de nouveau la richesse de sa palette, en évoluant d'un parler-chanter d'une rare justesse sur "Colloque sentimental" à de puissantes vocalises afro-jazz pour "Maisons closes", d'une jolie voix aiguë lors des refrains de "Notre exercice difficile" à une impressionnante envolée dans le final de "Seize", qui réveilla au passage le gyrophare du limiteur acoustique, plus habitué en ce lieu à flasher saxophonistes et batteurs…
Quant au leader du trio, barbe fraîchement taillée et marinière printanière sur le dos, il assuma son nouveau statut de chanteur-claviériste en passant la soirée assis derrière un Nord Stage 2, réglé en mode piano ou Hammond, selon l'atmosphère recherchée. Avec cet instrument, il parvint à bien occuper l'espace sonore, faisant montre d'une belle agilité, notamment sur une adaptation au swing délicat de "Je voudrais pas crever", dont on comprend qu'elle ait séduit Jean-Louis Murat, lorsque le médecin la lui fit écouter, voici quelques années (Murat, qui sera évidemment remercié au cours de la soirée, pour son "aide précieuse"). En l'entendant s’accompagner ainsi à l'orgue, on se disait par instants qu'il y avait quelque chose de Mengo dans l'art d'Eisenberg... Sa voix était bien en place, toujours aussi plaisante dans les aigus, parfois plus fragile dans les basses surtout en fin de concert, mais sans qu'aucune menace d'aphonie ne plane pour autant.
Deux photos (signées Michael Duque) de la soirée du 12 février 2016 à The Embassy. Découvrez le travail de ce jeune photographe clermontois sur sa page : The Mic Raw's.
Le répertoire proposé comportait dix-neuf chansons, de diverses provenances : la quasi-totalité de l'album Seize, des nouveautés, des reprises de classiques, des poèmes mis en musique et même une vraie-fausse reprise dotée d'une nouvelle musique. Fort heureusement pour lui, Eryk E conserve une marge de progression importante, il eût été dommage qu'il atteignît la perfection dès sa première prestation en public. On se dit ainsi que des titres tels que "Le Bouquet" ou "Épanadiplose" sont pour l'instant sous-exploités et que son auteur n'a pas encore mis au point la formule optimale, qui permettrait d'en tirer sur scène tout le suc. Dans un autre registre, son interprétation des "Lieux" fut un peu raide, de sorte que le lyrisme originel de la chanson resta par trop corseté. À l'inverse, "Seize" confirma son potentiel d'excellent morceau de scène et si Gaëlle Cotte ne chercha pas cette fois-ci à faire chanter l'assistance, il est certain que le trio tient là un titre idéal pour fins de set chaleureuses et fraternelles, en contraste avec un texte sombre. Côté découvertes, Eisenberg nous ravit avec deux nouvelles chansons, "Planèze" et "Notre exercice difficile", à l'écriture plus dense que les textes de l'album : en se montrant moins elliptique, en développant davantage son propos (sans pour autant le surcharger), en jouant de métaphores autour du désir amoureux et en n'hésitant pas (fidèle ici à Gainsbourg plus qu'à Brassens) à taquiner les rimes difficiles, Eisenberg livra deux morceaux qui, à première écoute, nous parurent de belles créations, dans une direction inédite pour lui. Il nous séduisit en outre par certaines prises de risque, qu'elles se révèlent à l'arrivée plus ou moins payantes. Son adaptation de "Colloque sentimental" est d'une remarquable pertinence et le dialogue à deux voix qu'il instaura avec sa choriste fut, répétons-le, d'une grande justesse. Dans un autre genre, reprendre "Mon enfance" était pour le moins intrépide et si le chanteur ne chuta pas, il connut le frisson de la glissade, saisi par l'émotion – quelle idée, me direz-vous, d'aller se frotter à un interprète de l'envergure de… Patrick Bruel. On retiendra pourtant avant tout l'audace de la démarche, nettement préférable (dès lors qu'elle ne sacrifie pas l'humilité) à ce qu'aurait donné le confort pépère d'un tour de chant verrouillé de toutes parts.
Interrompons ici l'évocation de ce concert, afin de laisser le plaisir de la découverte aux spectateurs qui iront écouter Eryk E dans les prochains mois. Au final, on retiendra que cette soirée chaleureuse a levé les quelques éventuelles interrogations que l'on pouvait avoir sur la capacité du néo-chanteur à étoffer son répertoire au-delà des titres de son album ou à tenir la distance sur tout un concert. Et comme l'on sait, de source sûre, que l'opération de la hanche à laquelle le Dr Eisenberg devait participer le lendemain dès 8h00 s'est déroulée sans incident majeur, on peut dire que ce baptême scénique sous le nom d'Eryk E fut une réussite. Souhaitons pour le chanteur et ses musiciens qu'elle en appelle beaucoup d'autres…
Quatre informations récentes concernant Eryk E :
1. La première est déjà connue, mais elle a pu échapper à certains : sachez donc que le clip de la chanson "Bleu", réalisé par Élodie Huré, est désormais visible sur le net. Par exemple ICI.
2. Ce concert au Puy-de-la-Lune ayant affiché complet, la salle a décidé de programmer une nouvelle venue d'Eryk E le 11 octobre prochain.
3. Autre bonne nouvelle pour l'artiste, il fait officiellement partie des huit sélectionnés (parmi plus de quatre-vingts candidats) pour les prochaines rencontres Matthieu-Côte, qui auront lieu le 11 novembre, à Sémaphore (Cébazat). Lui qui était présent dans le public lors du dernier passage, pour le moins agité, de Jean-Louis Murat dans cette salle (cf. les comptes rendus de l'époque par Yseult et Fred) aura donc cette fois l'occasion de monter sur la scène. Le blog vous en reparlera certainement en temps et en heure. Découvrez la liste complète des huit artistes retenus pour ce tremplin ICI.
4. La quatrième information est également une bonne nouvelle, mais elle VOUS concerne, chers lecteurs du Blog de Pierrot, puisque Eryk E a gentiment accepté d'offrir un exemplaire dédicacé de son disque à l'un d'entre vous. Pour le gagner, il vous reste à participer à un petit jeu-concours :